SEANCE DU 31 OCTOBRE 2000
« Les médicaments ayant pour but la contraception d'urgence, et non
susceptibles de présenter un danger pour la santé dans les conditions normales
d'emploi, ne sont pas soumis à prescription obligatoire.
« Ils peuvent être prescrits et délivrés aux mineures désirant garder le
secret. Ils peuvent être administrés tant aux mineures qu'aux majeures par les
infirmières en milieu scolaire. »
Par amendement n° 1 rectifié, M. Neuwirth, au nom de la commission, propose de
rédiger comme suit cet article :
« L'article L. 5134-1 du code de la santé publique est complété par trois
alinéas ainsi rédigés :
« Les médicaments ayant pour but la contraception d'urgence et non
susceptibles de présenter un danger pour la santé dans les conditions normales
d'emploi ne sont pas soumis à prescription obligatoire.
« Afin de prévenir une interruption volontaire de grossesse, ils peuvent être
prescrits ou délivrés aux mineures désirant garder le secret. Leur délivrance
aux mineures s'effectue à titre gratuit dans des conditions fixées par voie
réglementaire.
« Dans les établissements d'enseignement du second degré, si un médecin ou un
centre de planification ou d'éducation familiale n'est pas immédiatement
accessible, les infirmières peuvent, à titre exceptionnel et en application
d'un protocole national déterminé par décret, dans les cas d'urgence et de
détresse caractérisée, administrer aux élèves mineures et majeures une
contraception d'urgence. Elle informent ensuite de leur décision le médecin
scolaire, s'assurent de l'accompagnement psychologique de l'élève et veillent à
la mise en oeuvre d'un suivi médical. »
Cet amendement est affecté de cinq sous-amendements.
Le sous-amendement n° 4, présenté par M. Chérioux, vise à supprimer le premier
alinéa du texte proposé par l'amendement n° 1 pour compléter l'article L.
5134-1 du code de la santé publique.
Le sous-amendement n° 7 rectifié, déposé par Mme Terrade, M. Fischer et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, tend, après les mots : « à
titre gratuit », à rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du deuxième
alinéa du texte proposé par l'amendement n° 1 pour compléter l'article L.
5134-1 du code de la santé publique : « dans les pharmacies selon des
conditions définies par décret. »
Le sous-amendement n° 6, présenté par Mmes Campion et Dieulangard, M. Lagauche
et les membres du groupe socialiste et apparentés, a pour objet de rédiger
comme suit le dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 1 pour
complérer l'article L. 5134-1 du code de la santé publique :
« Ils peuvent être administrés tant aux mineures qu'aux majeures par les
infirmières en milieu scolaire. »
Le sous-amendement n° 8 rectifié, déposé par Mme Terrade, M. Fischer et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, vise, dans la première
phrase du dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 1 pour compléter
l'article L. 5134-1 du code de la santé publique, après les mots : « second
degré », à insérer les mots : « et dans les centres de vacances agréés
bénéficiant de la présence d'une infirmière ».
Enfin, le sous-amendement n° 5, présenté par M. Chérioux, tend, dans la
première phrase du dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 1 pour
compléter l'article L. 5134-1 du code de la santé publique, après les mots : «
si un médecin ou un centre de planification ou d'éducation familiale n'est pas
immédiatement accessible », à insérer les mots : « et si les parents de l'élève
mineure ne s'y sont pas opposés par une déclaration renouvelée chaque année
».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 1
rectifié.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Mes chers collègues, cet amendement reprend sans modification
le premier alinéa du texte qui a été adopté par l'Assemblée nationale et selon
lequel « les médicaments ayant pour but la contraception d'urgence et non
susceptibles de présenter un danger pour la santé dans les conditions normales
d'emploi ne sont pas soumis à prescription obligatoire ».
Cette rédaction est en effet satisfaisante dans la mesure où elle implique
a contrario
que la prescription médicale est maintenue sous la
responsabilité du ministre chargé de la santé pour les contraceptifs d'urgence
susceptibles de présenter un danger pour la santé.
S'agissant du deuxième alinéa, nous proposons une nouvelle rédaction de la
première phrase, relative à l'autorisation de prescrire et de délivrer ces
contraceptifs d'urgence aux « mineures désirant garder le secret ». Il
convient, en effet, de préciser que cette dérogation au principe du
consentement parental ne peut se justifier que par un impératif essentiel :
préserver les mineures d'une grossesse non désirée et, donc, d'une interruption
volontaire de grossesse.
J'en viens maintenant à un point sur lequel Mme Ségolène Royal a émis des
objections.
Afin que la question du coût de ce contraceptif d'urgence ne soit pas un
obstacle pour certaines jeunes filles issues de milieux défavorisés, la
commission a décidé de compléter le deuxième alinéa de son amendement par une
disposition prévoyant que la délivrance en pharmacie de ces contraceptifs aux
mineures s'effectue à titre gratuit dans des conditions fixées par voie
réglementaire.
Cette mesure facilitera l'accès des mineures à la contraception d'urgence, en
particulier pendant les vacances scolaires. En effet, durant cette période, où
voulez-vous qu'aillent les mineures pour se procurer cette contraception, sinon
dans une pharmacie ? Madame le ministre délégué à la famille et à l'enfance, la
gratuité nous paraît s'imposer d'évidence pour que ces jeunes filles ne
recourent pas, ensuite, à une IVG, laquelle pourrait être tardive.
Votre opposition à la gratuité m'étonne d'autant plus que l'IVG, elle, est
remboursée. Ainsi, on rembourserait l'IVG, mais non le médicament qui
permettrait de l'éviter. Ce serait un peu « fort de café » !
L'amendement n° 1 rectifié consacre un alinéa spécifique à la possibilité
offerte aux infirmières scolaires d'administrer aux élèves une contraception
d'urgence. La commission a voulu, d'une part, rappeler les principes qui
doivent guider les infirmières dans leur action, d'autre part, définir de
manière plus précise la procédure d'administration du NorLevo aux élèves.
L'amendement reprend ainsi, fidèlement d'ailleurs, certaines parties de votre
propre circulaire du 29 décembre 1999, madame le ministre.
Cette procédure doit être réservée aux cas d'urgence - on le comprend
puisqu'il faut intervenir dans un délai de soixante-douze heures - et aux cas
de détresse caractérisée. L'administration d'une contraception d'urgence aux
élèves ne peut être, bien entendu, qu'exceptionnelle.
C'est pourquoi la commission souhaite rappeler que la contraception d'urgence
ne saurait en aucun cas être un substitut à une contraception régulière et
responsable, et que son usage ne saurait être banalisé.
L'administration d'une pilule contraceptive d'urgence doit, de surcroît, se
dérouler conformément au protocole national déterminé par décret. Ce protocole
devra, naturellement, tenir compte de la responsabilité éducative des
parents.
S'agissant de la procédure proprement dite, l'amendement précise que
l'infirmière scolaire confrontée à une demande de NorLevo doit s'efforcer, en
premier lieu, d'orienter l'élève vers un médecin ou un centre de planification
ou d'éducation familiale, ce qui sera quelquefois difficile compte tenu du
délai de soixante-douze heures.
Si un médecin ou un centre de planification familiale n'est pas immédiatement
accessible, l'infirmière scolaire peut alors, compte tenu de l'urgence et si
elle estime qu'il s'agit d'une situation de détresse caractérisée, administrer
à l'élève majeure ou mineure cette contraception d'urgence.
L'amendement inscrit également dans la loi le nécessaire suivi des élèves à
qui on administre le NorLevo. C'est pourquoi l'infirmière scolaire doit
informer
a posteriori
le médecin scolaire des décisions qu'elle a
prises, mais, surtout, elle doit s'assurer de l'accompagnement psychologique de
l'élève, veiller à la mise en oeuvre d'un suivi médical par un médecin, qu'il
soit généraliste ou spécialiste, ou par un centre de planification
familiale.
La rédaction de l'amendement que propose la commission se veut donc plus
complète, plus précise et, dirai-je, plus sanitaire que celle qui a été adoptée
à l'Assemblée nationale.
C'est l'objet des modifications et, surtout, des précisions que la commission
des affaires sociales souhaite apporter.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux, pour défendre le sous-amendement n° 4.
M. Jean Chérioux.
Je serai bref, car j'ai déjà eu l'occasion d'expliquer le pourquoi de ce
sous-amendement.
Je crains, je l'ai dit, un phénomène de banalisation. Aussi, je demande que
soit maintenue l'obligation de prescription par un médecin, et ce faisant je ne
me place pas du tout dans la même perspective que la commission.
Celle-ci envisage l'administration en urgence du NorLevo à une jeune fille en
situation de détresse. Or, pour ma part, ce n'est pas une banalisation dans ces
seuls cas mais une banalisation générale que je crains. On va se trouver
confronté à un nouveau système de prévention de la grossesse ! On évitera
l'IVG, c'est vrai, mais il sera quand même beaucoup plus facile, je le répète,
à une femme de recourir à cette pilule-là plutôt que de continuer à subir les
contraintes liées à la pilule classique.
(Mme Odette Terrade et M. Roland
Muzeau protestent.)
C'est un fait ! Et ce phénomène de banalisation, je le répète, n'est pas une
vue de l'esprit.
M. Philippe Marini.
Non !
M. Jean Chérioux.
Mme Royal l'a reconnu elle-même en parlant de la gratuité.
Mme Ségolène Royal,
ministre délégué.
Ne déformez pas mes propos !
M. Jean Chérioux.
C'est inscrit dans le compte rendu des débats ! C'est vrai non seulement eu
égard à la gratuité mais aussi eu égard à la simplification que ce nouveau mode
de contraception procure aux femmes.
M. Philippe Marini.
Très bien !
M. le président.
La parole est à Mme Terrade, pour défendre le sous-amendement n° 7
rectifié.
Mme Odette Terrade.
Notre sous-amendement a pour objet de permettre l'accès à la contraception
d'urgence aux mineures disposant de faibles ressources.
Il est pour nous très important de lever tout obstacle d'ordre financier dans
la diffusion de la contraception d'urgence.
Les chiffres prouvent en effet que le recours à l'IVG augmente fortement
lorsque les jeunes filles sont issues de milieux défavorisés. Le taux est
multiplié par cinq entre élèves de l'enseignement professionnel et élèves de
l'enseignement général.
Le but essentiel de la proposition de loi est de faire baisser le nombre
d'IVG, expérience toujours traumatisante, surtout lorsqu'elle intervient au
début de la vie sexuelle d'une jeune fille.
Par conséquent, tout doit être mis en oeuvre pour éviter d'arriver à cette
extrémité et l'accès à la contraception d'urgence doit être facilitée.
Mes chers collègues, je suis persuadée que vous prendrez cette réalité en
compte et émettrez un avis positif sur ce sous-amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Dieulangard, pour défendre le sous-amendement n° 6.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Avec, je l'espère, un grand nombre de sénateurs ici présents, nous partageons
la volonté de faciliter, tout en l'encadrant au mieux l'administration de la
pilule du lendemain par les infirmières scolaires.
C'est dans cette optique qu'il nous est apparu plus pertinent et mieux adapté
de privilégier une formulation moins « encombrée » de conditions que celle qui
a été adoptée par la commission des affaires sociales pour le dernier alinéa de
l'article L.5134-1 du code de la santé publique.
Ainsi, insérer dans la loi des conditions qui devront figurer dans le futur
protocole national auquel devront aussi se conformer les infirmières scolaires
ne nous paraît pas opportun pour deux raisons.
Tout d'abord, la loi intégrera ainsi des dispositions qui ont de toute
évidence leur place dans un texte réglementaire et on peut donc s'interroger
sur la nécessité de les formaliser sous forme législative.
De plus, l'amendement n° 1 rectifié procède à une accumulation de conditions :
la pilule sera délivrée à titre exceptionnel, dans les situations « d'urgence
et de détresse caractérisée », dans les cas où aucun médecin ne serait
disponible et aucun centre de planification ou d'éducation familiale
accessible.
Nous craignons que cette énumération ne soit interprétée comme une marque de
suspicion à l'égard des infirmières scolaires, même si, vous connaissant,
monsieur le rapporteur, je n'imagine pas que cela puisse être votre sentiment.
Nous savons que le caractère exceptionnel de la délivrance du NorLevo a été
respecté et que la majorité des lycéennes ont été orientées vers les centres de
planification familiale.
Par ailleurs, mes chers collègues, deux risques majeurs sont à craindre.
Il y a d'abord un risque de dépassement des délais : nous sommes ici dans le
cadre d'une contraception d'urgence qui perd progressivement son efficacité
dans les soixante-douze heures qui suivent le rapport sexuel.
Il y a aussi le risque d'une interprétation dévoyée de cet alinéa qui pourrait
être « instrumentalisé » par des associations, que nous connaissons tous, qui
refusent systématiquement, parfois violemment, tout acquis en matière de
contraception ou d'accès à l'IVG, qui multiplient les recours contentieux pour
remettre en cause ce droit essentiel pour les femmes, car il fonde et détermine
leur liberté de disposer de leur corps et d'avoir des enfants quand elles le
souhaitent et le décident.
Ces associations ne manqueront pas, nous devons en être conscients, de
contester fréquemment la légitimité de l'intervention de l'infirmière scolaire
au prétexte que telle ou telle condition ne serait pas, à leurs yeux, remplie.
La recherche d'un centre de planification s'arrête-t-elle aux limites de la
ville, de l'agglomération ou du département ? On les imagine fixant un cadre
géographique le plus large possible !
Nous vous demandons donc d'adopter notre sous-amendement afin d'éviter que
certains obstacles ne se dressent contre ce que nous voulons avec autant de
détermination que vous, monsieur le rapporteur : donner aux infirmières la
possiblité d'administrer la contraception d'urgence afin d'éviter des
grossesses non désirées ou des avortements traumatisants.
Nous réaffirmons notre volonté de faire en sorte que cette contraception ne se
substitue pas à une contraception plus régulière et classique.
Souhaitons que notre débat contribue à l'ouverture d'un dialogue entre les
jeunes filles et les interlocuteurs capables de leur apporter une information
indispensable en la matière.
M. le président.
La parole est à M. Muzeau, pour défendre le sous-amendement n° 8 rectifié.
M. Roland Muzeau.
Ce sous-amendement a pour objet d'étendre la mise en oeuvre des dispositions
de l'amendement n° 1 rectifié aux infirmières présentes dans les centres de
vacances et de loisirs.
Une telle mesure aura un effet limité dans ces centres compte tenu de la
faible présence des infirmières parmi les assistants sanitaires, qui sont en
très grande majorité simplement titulaires de l'attestation de formation aux
premiers secours, formation dont on sait qu'elle ne dure que deux jours.
En tout état de cause, il paraît nécessaire, pour des raisons de santé
publique, de limiter une telle possibilité aux seuls infirmiers.
Une solution complémentaire consistera dans le recours aux pharmacies de
ville, autorisées par la proposition de loi à conseiller les jeunes et à vendre
librement ces contraceptifs. Il appartiendra aux directeurs de centre, sous la
responsabilité desquels sont placés les mineures, de les informer de cette
possibilité et de les autoriser à y avoir recours.
Avec ce sous-amendement, il s'agit d'assurer une continuité logique entre la
période extrascolaire et la période scolaire, et je vous remercie, madame la
ministre, d'avoir évoqué dans votre propos introductif cette question.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux, pour défendre le sous-amendement n° 5.
M. Jean Chérioux.
Il s'agit là encore d'un problème que j'ai déjà abordé dans mon exposé
liminaire.
A l'évidence, le rôle des familles est complètement oublié dans le système qui
est mis en place.
Je sais bien que l'on vise des situations de détresse et que ce n'est pas le
moment où il sera le plus facile à l'infirmière, ou à la personne qui sera
reconnue compétente, de prendre contact avec la famille. Dans ces cas-là, il
est, hélas ! souvent trop tard. Pour autant, il ne faut pas que les familles
qui s'occupent de leurs enfants et qui entendent exercer leur responsabilité
puissent se voir appliquer un texte de ce genre.
Je sais bien que, dans nombre de cas, ces situations de détresse sont dues au
fait que les familles ne s'occupent pas de leurs enfants et que les jeunes
filles sont abandonnées à elles-mêmes. C'est pourquoi je ne propose pas que
l'autorisation soit demandée aux parents chaque année. A l'évidence, cela irait
beaucoup trop loin et ne permettrait pas de faire face aux situations de
détresse dont vous parlez.
En revanche, on n'a pas le droit de refuser à une famille la possibilité de
dire qu'elle ne veut pas que ce texte s'applique à ses enfants parce qu'elle a
une certaine conception de la responsabilité et qu'elle entend exercer
celle-ci.
C'est la raison pour laquelle je vous demande d'adopter ce sous-amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ces cinq sous-amendements ?
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Le sous-amendement n° 4 vise à rétablir l'obligation d'une
prescription médicale pour la délivrance des contraceptifs d'urgence qui ne
présentent pas de danger pour la santé.
Le texte de l'amendement de la commission signifie
a contrario
, je le
rappelle, que la prescription médicale est maintenue, sous la responsabilité du
ministre chargé de la santé, pour les contraceptifs d'urgence susceptibles de
présenter un danger pour la santé.
En fait, cette disposition fait entrer les contraceptifs d'urgence dans le
droit commun du médicament : ceux qui ne sont pas dangereux pourront - ce n'est
qu'une possibilité, et c'est en tout état de cause une décision du ministre
lui-même - être mis en vente libre ; ceux qui seraient susceptibles de
présenter un danger pour la santé resteront soumis à prescription médicale.
Notre collègue Jean Chérioux soulève cependant un vrai problème : il y a là à
l'évidence, et nous en sommes tous conscients, un risque de banalisation et
même de substitution à une contraception régulière. Ce risque me semble
toutefois limité et je vois à cela deux raisons - il s'agit de mon point de vue
et de celui de la commission.
D'une part, la contraception d'urgence n'est pas efficace à 100 %, loin de là.
Une jeune fille ou une femme qui déciderait de recourir de manière très
régulière à la contraception d'urgence comme moyen de contraception prendrait
un risque très élevé ; je l'ai dit, la contraception d'urgence est en quelque
sorte une bouée de sauvetage utilisée au dernier moment pour éviter d'avoir
recours plus tard à l'IVG.
D'autre part, les contraceptifs d'urgence ne sont pas délivrés en pharmacie
aussi facilement que l'aspirine ou le paracétamol, qui, au demeurant, peuvent
eux aussi se révéler extrêmement dangereux en cas d'emploi « normal ».
En commission, j'ai pu montrer les fiches qui ont été envoyées par l'ordre
national des pharmaciens à toutes les officines. Le pharmacien doit interroger
la jeune femme et accompagner la délivrance des contraceptifs des conseils
appropriés. Il doit notamment lui rappeler qu'une prise répétée de NorLevo peut
avoir des conséquences dommageables et lui conseiller d'adopter une
contraception régulière.
A cet égard, je veux rappeler que tout médicament est susceptible de présenter
un danger pour la santé si l'on n'en respecte pas les conditions d'emploi.
Voilà les raisons pour lesquelles le risque de banalisation me semble limité.
On prend ce médicament parce qu'on se trouve dans une situation de détresse et
qu'il faut tout tenter avant de recourir à une IVG. C'est pourquoi il me semble
souhaitable d'adopter les dispositions proposées. Mais il nous faudra être
particulièrement vigilants sur ce point et revenir sur les dispositions qui
nous sont proposées aujourd'hui si une dérive inquiétante est constatée. Ce
sera l'objet de l'un des amendements que nous examinerons ultérieurement.
C'est pourquoi je me félicite que certains de nos collègues aient déposé des
amendements tendant à un bilan de l'application de la présente loi dès sa
deuxième année d'application, c'est-à-dire avec le recul nécessaire. Si ce
risque de banalisation se confirmait, il faudrait alors probablement revoir la
loi.
L'alinéa que le sous-amendement n° 4 vise à supprimer me semble donc utile
dans la mesure où il favorisera un accès plus rapide à la contraception
d'urgence dans des situations où les intéressées sont vraiment tenues par des
limites de temps. Il s'agit en effet d'une bouée de sauvetage !
Je demanderai donc à mon collègue et ami JeanChérioux de bien vouloir retirer
son sous-amendement ; s'il n'en allait pas ainsi, j'émettrai alors un avis
défavorable, ce qui m'ennuierait beaucoup.
J'en viens au sous-amendement n° 7 rectifié, qui est presque en conformité
avec les propositions de la commission. Il vise à prévoir que la délivrance des
médicaments ayant pour but la contraception d'urgence s'effectue à titre
gratuit « dans les pharmacies selon des conditions définies par décret ».
Avant de donner l'avis de la commission, j'aimerais connaître l'avis du
Gouvernement sur ce sous-amendement, qui tend à préciser l'amendement n° 1
rectifié.
M. le président.
Madame le secrétaire d'Etat, quel est donc l'avis du Gouvernement sur
l'amendement n° 7 rectifié ?
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président,...
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Le sous-amendement n° 7 rectifié tend à insérer les mots : «
dans les pharmacies selon des conditions définies par décret ».
Si je suis d'accord sur le sens de ce sous-amendement, je considère cependant
que les termes : « dans les pharmacies » sont superfétatoires, après l'emploi
du mot : « délivrance ». En effet, la délivrance ne se fait jamais qu'en
pharmacie, de la même façon que la prescription ne peut être faite que par un
médecin. Ce sont les termes habituellement utilisés, et je crois donc, madame
Terrade, que vous pouvez rejoindre la commission.
(Mme Terrade fait un signe
d'assentiment.)
M. le président.
Monsieur le rapporteur, vous avez souhaité entendre l'avis du Gouvernement. Je
demande donc à Mme le secrétaire d'Etat de poursuivre son propos.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Le sous-amendement est-il retiré ? S'il l'est,
j'argumenterai tout à l'heure !
M. le président.
Madame Terrade, le sous-amendement n° 7 rectifié est-il retiré ?
Mme Odette Terrade.
La gratuité n'est pas retirée, mais...
M. Philippe Marini.
Nous voudrions comprendre ce qui se passe !
M. le président.
Si le sous-amendement n° 7 rectifié n'est pas retiré, Mme le secrétaire d'Etat
va répondre !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage absolument votre souci de
faciliter l'accès gratuit des mineures à la contraception d'urgence.
Simplement, généraliser la gratuité dans les pharmacies pour les mineures
impliquerait, outre les différentes mesures qui ont été proposées pour
organiser la distribution gratuite de la pilule du lendemain dans les
établissements scolaires et la vente libre dans les pharmacies, des difficultés
de coordination, de bonne pratique, dans des officines qui ne sont pas tenues
par des fonctionnaires ou par des professionnels vis-à-vis desquels les
pouvoirs publics peuvent exercer une action et auxquels ils peuvent confier des
missions. Il s'agit, en effet, de professionnels libéraux.
En résumé, nous sommes favorables à la gratuité de la pilule du lendemain,
mais nous souhaitons que sa délivrance aux adolescentes soit sujette à un
accompagnement. Nous l'avons répété à plusieurs reprises, y compris sur les
travées de cet hémicycle : il est indispensable que l'éducation à la sexualité,
à la responsabilité sexuelle se fasse au contact d'adultes de proximité. Si les
familles ne peuvent accomplir cette éducation, il faut que cette mission soit
dévolue à des professionnels qui bénéficient de toute la confiance tant des
parents que des pouvoirs publics.
Je ne pense pas que nous soyons en mesure d'exiger des pharmaciens une telle
disponibilité à un accompagnement au moment de la délivrance d'une pilule du
lendemain à titre gratuit à une mineure qui viendrait la demander.
(Murmures
sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Philippe Marini.
Ce n'est pas leur métier ! C'est le métier des médecins, ce n'est pas celui
des pharmaciens !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Ce n'est pas, en effet, le métier des pharmaciens !
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Philippe Marini.
C'était utile de le préciser !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Donc, il faut que le recours au NorLevo soit
l'occasion d'une éducation à la santé et à la responsabilité sexuelle. Il faut
qu'il soit l'occasion d'un dialogue avec la jeune fille, l'invitant notamment à
recourir à une contraception classique. A cet égard, quel accompagnement
peut-il y avoir en pharmacie ?
(Exclamations sur certaines travées de
l'Union centriste.)
M. Philippe Marini.
Ce n'est le métier ni des infirmières ni des pharmaciens !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Nous allons voir en fonction de votre volonté. Nous
avons beaucoup de réponses à apporter aux questions que soulève votre souci
d'élargissement de la gratuité, y compris dans les pharmacies, pour que les
jeunes filles puissent avoir accès, en dehors des périodes et des heures
scolaires, à une contraception d'urgence. Mais, avant de nous prononcer sans
hésitation sur cette gratuité totale aux comptoirs des pharmacies, nous devons
apporter des réponses à un certain nombre de questions.
M. le président.
Quel est, en définitive, l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 7
rectifié ?
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Il y a une confusion ! Le sous-amendement n° 7 rectifié vise
à insérer les mots : « dans les pharmacies selon des conditions définies par
décret », alors que la commission a adopté la formule suivante : « dans des
conditions fixées par voie réglementaire ». Par conséquent, la seule nuance sur
laquelle nous débattons pour l'instant tient au décret ou à la voie
réglementaire, et à l'adjonction du mot « pharmacies », la commission employant
pour sa part le mot « délivrance », ce qui sous-entend l'implication des
pharmacies.
Nous n'évoquons pas encore la gratuité ! En effet, cette dernière est visée
par l'amendement n° 1 rectifié de la commission, et non par le sous-amendement
n° 7 rectifié.
M. le président.
Mais quel est donc l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 7
rectifié ?
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
J'en viens au sous-amendement n° 6, qui vise à revenir très exactement au
texte adopté par l'Assemblée nationale, moins complet que celui de la
commission.
La commission a jugé, pour sa part, qu'il était souhaitable de préciser dans
la loi les éléments qui devront figurer dans le décret porteur du protocole
national. La loi a vocation à encadrer le protocole national, mais ne s'y
substitue pas. Je dis cela à l'attention de nos collègues : c'est bien le
protocole national, qui est un texte réglementaire, que, concrètement,
l'infirmière scolaire devra appliquer, et là intervient le chef d'établissement
dans l'organisation du service.
Mme Dieulangard a soulevé à cette occasion un vrai problème, comme l'avait
fait tout à l'heure l'un de nos collègues : celui de la responsabilité des
infirmières scolaires. J'aimerais que Mme le secrétaire d'Etat nous éclaire sur
cette question délicate.
Dans quelle mesure la responsabilité d'une infirmière pourrait-elle être
engagée, notamment par les parents, du fait de l'administration ou du refus de
l'administration du NorLevo à une élève ? Je précise à cet égard que, par
rapport au texte adopté par l'Assemblée nationale, l'amendement de la
commission ne modifie en rien le régime propre à cette responsabilité.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
C'est à un exercice un peu compliqué que vous nous
demandez de nous livrer, monsieur le rapporteur !
Je vous le répète : la mission des infirmières scolaires est fixée par un
règlement. Dans le cas présent, l'administration d'un certain nombre de
médicaments est régie par un protocole national visé par le ministre de
l'éducation nationale et celui de la santé, sous contrôle de nos services, donc
de la direction générale de la santé. Lorsque Ségolène Royal a proposé de
revoir la liste des médicaments qui peuvent être disponibles dans les
infirmeries scolaires, tous ces médicaments ont alors été évalués et visés par
la direction générale de la santé en fonction d'un avis de l'AFSSAPS, l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé, au regard de la
non-dangerosité pour la santé de ces médicaments. Il apparaît, en vertu des
expertises réalisées par l'Agence du médicament, que le NorLevo est un
médicament sans danger aucun pour la santé. C'est en vertu de cet avis de
l'AFSSAPS que le NorLevo a pu être inscrit, au même titre que d'autres
médicaments sans danger pour la santé, dans la liste des médicaments qui sont
disponibles dans les infirmeries scolaires.
Il n'y a donc pas de responsabilité individuelle ou directe des infirmières.
Il s'agit de l'administration qui est prévue par le protocole élaboré par des
médecins et qui est imposée dans les missions des infirmières scolaires.
M. Jean Chérioux.
Et le sang contaminé ? Vous ne vous souvenez pas du sang contaminé ?
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Cela n'a aucun rapport !
M. Jean Chérioux.
Et comment !
M. le président.
Quel est, en définitive, l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 6
?
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Voilà qui prouve combien il était nécessaire de compléter le
texte de l'Assemblée nationale et d'y insérer la mention du protocole national.
C'est la raison pour laquelle - madame Dieulangard, je pense que vous l'aurez
compris - la commission émet un avis favorable sur le sous-amendement n° 6.
Le sous-amendement n° 8 rectifié tend à autoriser la délivrance des
contraceptifs d'urgence dans les centres de vacances agréés lorsque ces
derniers bénéficient de la présence d'une infirmière. J'observe qu'il s'insère
plutôt mal dans le dispositif prévu par l'amendement n° 1 rectifié de la
commission. Il semble difficile de l'adopter en l'état.
C'est pourquoi la commission a émis un avis de sagesse prudente sur ce
sous-amendement...
M. Philippe Marini.
Sagesse prudente ?...
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
... et souhaiterait, là encore, recueillir l'avis du
Gouvernement pour savoir si nous nous orientons vers une énumération, toujours
limitative, des établissements où pourrait être remis le NorLevo.
Le sous-amendement n° 5, présenté par M. Chérioux, tend à donner la faculté
aux parents de s'opposer à une éventuelle administration à leur enfant mineur
d'une contraception d'urgence par les infirmières scolaires.
Nous sommes nombreux, dans cette assemblée, à partager le souci de notre
collègue Jean Chérioux d'éviter que des parents ne soient absents de cette
procédure.
Le protocole national devra, c'est évident, tenir compte de la responsabilité
éducative des parents. Ainsi, dans le protocole de décembre 1999, l'infirmière
devait s'efforcer d'entrer en contact avec l'un des parents de l'élève mineure
aux fins d'informer celui-ci des différentes possibilités qui se présentaient.
Ce n'était « que si l'élève refuse catégoriquement que la famille soit associée
à sa démarche » que l'infirmière scolaire prenait rendez-vous en urgence auprès
d'un centre de planification familiale, s'il en existait, ou qu'elle délivrait
elle-même le NorLevo compte tenu de l'impératif des délais.
Le sous-amendement n° 5 offre la possibilité aux parents de s'opposer, par une
déclaration annuelle, à ce que l'on réponde à la demande de l'enfant mineure de
bénéficier d'une contraception d'urgence.
Je considère pour ma part - nous en avons parlé ce matin - que, dans les cas
d'urgence et de détresse caractérisées, le souci de prévenir une interruption
volontaire de grossesse doit prévaloir sur l'exigence du consentement parental
immédiat.
M. Roland Courteau.
Très bien !
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
J'ajoute que, très concrètement, la jeune fille pour laquelle
l'infirmière se verrait interdire l'administration d'une contraception
d'urgence n'aurait qu'à se rendre à la pharmacie la plus proche, qui lui
délivrerait alors ce contraceptif.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Bien sûr !
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre collègue M.
Chérioux, qui est cohérent avec lui-même, nous avait demandé, dans un précédent
amendement, d'interdire cette vente libre.
M. Philippe Marini.
Il avait raison ! C'est logique !
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Oui, il y a une logique, et je viens de le dire !
Dans ces conditions, j'inviterai notre collègue Jean Chérioux à retirer son
sous-amendement ; sinon, je serai obligé d'y donner un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 1 rectifié et sur les
sous-amendements n°s 4, 7 rectifié, 6, 8 rectifié et 5 ?
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Le sous-amendement n° 4 va dans un sens opposé à ce
que souhaitent le Gouvernement et l'Assemblée nationale,...
M. Philippe Marini.
Heureusement !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
... à savoir faciliter l'accès à la contraception
d'urgence.
Je le répète, nous avons la chance, aujourd'hui, de disposer d'un produit
contraceptif hormonal qui ne comporte pas de danger pour la santé et qui peut,
l'AFSSAPS l'a confirmé, être délivré sans prescription médicale. Dans la mesure
où la contraception d'urgence est d'autant plus efficace qu'elle est prise
rapidement après un rapport sexuel non protégé, cet accès sans prescription est
un atout essentiel.
M. le rapporteur lui-même a essayé, en 1967, d'introduire dans la loi qui
porte son nom un accès aux contraceptifs sans prescription médicale. Or, à
l'époque, le dosage des médicaments était tel que ce n'était pas possible.
Aujourd'hui, profitons donc des progrès de la médecine ! Faisons-en profiter
l'ensemble des jeunes filles de notre pays !
Dans ces conditions, j'en suis désolée, je suis défavorable au sous-amendement
n° 4.
M. Jean Chérioux.
Ne soyez pas désolée, madame le secrétaire d'Etat !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je me suis déjà expliquée sur le sous-amendement n° 7
rectifié, et j'y reviendrai dans un instant en me prononçant sur l'amendement
n° 1 rectifié.
En ce qui concerne le sous-amendement n° 6, j'ai eu l'occasion de répondre à
la demande de M. le rapporteur s'agissant de la responsabilité des infirmières
dans la mission qui leur est confiée à travers le protocole de soins infirmiers
en milieu scolaire.
Personnellement, je considère que le texte voté par l'Assemblée nationale
précise les choses. Il y est en effet indiqué que ces médicaments « peuvent
être administrés tant aux mineures qu'aux majeures ». Or nous savons que la
scolarité se prolonge quelquefois aujourd'hui au-delà de la majorité. Il serait
donc injuste qu'une élève majeure ne puisse pas bénéficier de la même attention
que sa camarade mineure, alors même que l'une et l'autre s'adresseraient à
l'infirmière scolaire.
Je souhaite donc le retour au texte de l'Assemblée nationale, objet du
sous-amendement n° 6, auquel je donne donc mon accord.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Notre texte fait référence lui aussi aux « mineures et
majeures ».
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Le sous-amendement n° 8 rectifié vise à intégrer les
centres de vacances agréés dans la liste des lieux de distribution de la pilule
du lendemain.
Après Ségolène Royal, je vous répète que le souhait du Gouvernement est de
voir les structures qui travaillent avec des adolescents participer à leur
réflexion sur les questions de la sexualité, contribuant ainsi à l'élévation de
leur niveau de responsabilité dans ce domaine et à la lutte contre les
grossesses non désirées.
L'expérience des pays nordiques, où les questions de sexualité sont très
ouvertement abordées avec les enfants, les jeunes et les adolescents, le montre
bien, car se sont ces pays qui connaissent le taux le plus faible d'IVG des
mineures.
Les responsables de centres de vacances pour adolescents ont bien évidemment
un rôle à jouer dans ce domaine. Le Gouvernement s'engage, à cet égard, à
travailler avec les mouvements d'éducation populaire, avec les organisateurs de
centres de vacances pour adolescents, sur les questions de la prévention des
grossesses non désirées, de l'éducation à la santé et à la responsabilité
sexuelle sur l'administration possible du NorLevo. Or cette prévention passe
avant tout par le développement de l'éducation de proximité.
Quelques rares centres de vacances disposent des services d'une infirmière.
Celle-ci devra pouvoir, après une formation identique à celle qui sera proposée
aux infirmières scolaires, répondre à la détresse d'une jeune fille nécessitant
une contraception d'urgence et engager avec elle le dialogue sur ces
questions.
Pour les autres centres de vacances, qui ne disposent pas d'une infirmière, un
rapprochement avec les centres de planning familial ou avec d'autres centres de
vacances situés à proximité devrait permettre de mutualiser les compétences et
de résoudre les problèmes rencontrés.
Le Gouvernement est donc favorable au sous-amendement n° 8 rectifié.
Quant au sous-amendement n° 5, dont l'objet est de permettre aux parents
d'élèves de s'opposer, éventuellement, à ce que leur fille puisse bénéficier de
l'attention de l'infirmière scolaire, il est en contradiction avec l'esprit de
la proposition de loi. Précisément, les mineures qui ne se sentent pas en
confiance et qui ne se sentent pas autorisées à s'ouvrir de leurs problèmes
dans leur famille doivent pouvoir trouver un appui et un soutien auprès de
l'infirmière scolaire ! Nous ne pouvons donc pas soumettre cette attention de
l'infirmière scolaire à la déclaration préalable des parents.
Le Gouvernement est donc opposé à ce sous-amendement.
J'en viens à l'amendement n° 1 rectifié, présenté par M. Neuwirth, au nom de
la commission.
Au nom du Gouvernement, je tiens à remercier la commission des affaires
sociales, et tout particulièrement son rapporteur, du soutien qu'ils ont
apporté aux actions que nous menons en la matière, afin de faciliter l'accès à
la contraception d'urgence.
Le premier alinéa de l'amendement n° 1 rectifié, qui reprend les termes du
texte adopté par l'Assemblée nationale, recueille bien évidemment l'accord
total du Gouvernement.
Au début du deuxième alinéa, l'ajout de l'expression : « afin de prévenir une
interruption volontaire de grossesse » nous paraît inutile. La contraception
d'urgence, comme toute méthode de contraception, a pour effet d'éviter les
grossesses non désirées et, par conséquent, les interruptions volontaires de
grossesse qui pourraient en résulter. Cet ajout est donc un peu redondant.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
La deuxième phrase du deuxième alinéa évoque la
possibilité d'administrer, à titre gratuit, des contraceptifs d'urgence aux
mineures.
C'est un sujet qui nous a déjà réunis à plusieurs reprises au cours de ce
débat : le Gouvernement partage votre souci de faciliter l'accès gratuit des
mineures à la contraception d'urgence.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Très bien !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Au demeurant, la gratuité des contraceptifs d'urgence
est d'ores et déjà effective, comme celle des autres contraceptifs, dans les
centres de planification familiale pour les mineures désirant garder le
secret.
Par ailleurs, grâce à la présente proposition de loi, les contraceptifs
d'urgence pourront être administrés gratuitement dans les établissements
scolaires.
Enfin, le Tétragynon peut, dès aujourd'hui, être obtenu dans les
établissements hospitaliers, notamment dans les services d'urgence. Le NorLevo
pourra également y être disponible dès que le laboratoire en aura fait la
demande. Il suffira alors d'une circulaire ministérielle pour préciser aux
établissements hospitaliers qu'ils pourront le délivrer gratuitement.
Généraliser la gratuité pour les mineures impliquerait, si je vous suis bien,
monsieur le rapporteur, d'organiser en outre la distribution gratuite de la
pilule du lendemain en pharmacie,...
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
En dehors des périodes scolaires !
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
... entraînant des difficultés de coordination des
pratiques dans les officines tenues par des praticiens libéraux, ainsi que je
l'ai expliqué tout à l'heure.
J'entends bien que vous nous encouragez à préciser, au moyen d'un règlement,
les modalités de mise à disposition gratuite dans les pharmacies de cette
pilule en dehors des périodes scolaires, avec des mesures d'accompagnement.
Le Gouvernement est favorable à la gratuité de la pilule du lendemain et il
souhaite que sa délivrance aux adolescentes se fasse avec un accompagnement. Il
nous faudra donc préciser comment cet accompagnement peut être réalisé dans les
pharmacies. Le recours au NorLevo doit être l'occasion d'un dialogue avec la
jeune fille, l'invitant notamment à recourir à une contraception classique.
Quel accompagnement les pharmacies pourront-elles opérer ? Il va nous falloir
répondre à cette question. S'il devenait plus facile, pour les mineures,
d'accéder à la contraception d'urgence plutôt qu'à la contraception classique,
serait-ce aussi pédagogique que nous le souhaitons ? Il nous faut répondre à
ces questions avant de nous prononcer sans hésitation sur la gratuité.
Quant aux différentes précisions contenues dans le troisième alinéa de
l'amendement n° 1 rectifié, elles sont d'ores et déjà prévues dans le protocole
national sur l'organisation des soins et des urgences dans les écoles et les
établissements publics locaux d'enseignement. Il n'apparaît donc pas nécessaire
d'apporter toutes ces précisions dans la loi, revenir au texte initial semble
suffisant.
Cependant, compte tenu du travail important qui a été accompli par la
commission des affaires sociales pour améliorer ce texte - qui, je le sais,
monsieur le rapporteur, vous tient beaucoup à coeur - et compte tenu du souhait
du Gouvernement d'entraîner le maximum d'adhésion sur la proposition de loi
adoptée par l'Assemblée nationale, je m'en remets à la sagesse du Sénat sur
l'amendement n° 1 rectifié.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Merci, madame le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 4.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Malgré les sollicitations dont j'ai été l'objet, je maintiens ce
sous-amendement, monsieur le président, car je pense qu'une prescription
médicale est nécessaire.
Je sais bien que M. le rapporteur nous affirme que les pharmaciens peuvent
remplir ce rôle. Pour ma part, je n'ai rien contre les pharmaciens, loin de là
- je respecte beaucoup leur action - mais je sais qu'ils travaillent souvent
dans des conditions qui ne leur permettent pas de jouer ce rôle.
De plus, à entendre tout à l'heure Mme le secrétaire d'Etat, le moins que l'on
puisse dire, c'est qu'elle n'a pas été très favorable, s'agissant du rôle des
pharmaciens, à la gratuité !
(Mme le secrétaire d'Etat fait un geste de dénégation.)
Je ne vois pas pourquoi les pharmaciens joueraient mieux un rôle de
prescription ! Par conséquent, je maintiens mon sous-amendement.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Nous devons prendre position sur un sujet extrêmement important pour nos
jeunes, et pas seulement en raison du texte même que l'on nous propose, mais en
raison, surtout, du signal qu'il constitue.
Voulons-nous donner un signal supplémentaire en faveur de la banalisation de
la contraception ? Voulons-nous donner un signal supplémentaire en faveur de la
banalisation de l'acte sexuel ?
Mme Odette Terrade.
Oh !
M. Philippe Marini.
Je pose tout simplement la question, car elle est à la base des réponses que
nous sommes appelés à donner ce soir.
(Exclamations sur les travées socialistes.)
Il en est peut-être à qui cela ne plaît pas, mais je crois que chacun siège
ici pour exprimer ses convictions. Si mes convictions ne sont pas les vôtres,
si vous ne les partagez pas, ayez du moins la bonté de les écouter, car je puis
vous assurer qu'elles sont sincères et fortement ancrées !
M. Serge Lagauche.
Cela ne nous étonne pas !
M. Philippe Marini.
Je pense que j'exerce ici le droit de tout parlementaire à exprimer ses
convictions et, parmi elles, celles qui sont, je le répète, les mieux ancrées
dans ce qu'il peut y avoir de plus profond en soi.
J'exprimerai donc, comme Jean Chérioux tout à l'heure, ma préoccupation : la
vie mérite d'être protégée à tous les stades et notre société évolue sans cesse
vers plus d'individualisme, vers une libération croissante des comportements
individuels, quelles qu'en soient les conséquences. Or je crois que, au travers
de la disposition supplémentaire que l'on nous propose d'adopter, en elle-même
peut-être discutable ou d'ampleur limitée, nous sommes devant une étape
supplémentaire dans cette évolution à laquelle, pour ma part, je ne peux pas
souscrire.
M. Jean Chérioux a raison de bien poser les deux limites qui sont
essentielles.
La première, c'est la responsabilité du médecin, c'est la prescription
médicale. On ne fera croire à personne que l'infirmier peut se substituer au
médecin ! On ne fera croire à personne que le pharmacien d'officine peut se
substituer au médecin ! On ne fera croire à personne que l'animateur de colonie
de vacances peut se substituer au médecin !
(Murmures sur les travées socialistes.)
Il y a là un verrou qui, au regard de ce que je crois profondément, est
important. C'est le sens de l'amendement de M. Chérioux.
La seconde limite, c'est la relation avec la famille : l'enfant scolarisé fait
partie de sa famille, famille qui doit l'assumer, qui doit dialoguer avec lui,
qui doit prendre ses responsabilités.
Mes chers collègues, par-delà toute idéologie, toute opinion politique, si
nous voulons voir sans cesse, dans notre société, plus de comportements
individualistes, voir sans cesse la famille s'éclater en de multiples cellules,
en de multiples initiatives, au point de ne plus pouvoir mériter le nom même de
famille, il faut effectivement franchir ce pas supplémentaire que constitue le
vote de la proposition de loi adoptée à l'Assemblée nationale et qui, telle
qu'amendée par la commission des affaires sociales - j'ai le regret de le dire
au rapporteur, pour qui j'ai un infini respect - va même encore un peu plus
loin.
Pour ma part, je ne peux pas faire ce pas supplémentaire, ni
a fortiori
le pas plus grand de la commission des affaires sociales, et c'est pourquoi,
naturellement, par conviction, je voterai le sous-amendement de notre ami et
collègue Jean Chérioux.
(M. Emmanuel Hamel applaudit.)
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Il est tout à fait normal que chacun d'entre nous puisse
exprimer ici ses convictions. Nous nous sommes battus pour la liberté, pour la
démocratie, et c'est cela la démocratie.
Je répondrai plusieurs choses à mon excellent collègue Philippe Marini.
D'abord, il a dit une phrase fondamentale : « La vie mérite d'être protégée. »
Oui, c'est vrai. Mais, protégée, elle l'est par la vérité, pas par l'ignorance
!
Mme Claire-Lise Campion.
Absolument !
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Qu'est-ce qui caractérise ces malheureuses filles qui se
trouvent dans des situations désespérées. Elles sont, ou elles étaient dans
l'ignorance. Voilà pourquoi je partage son point de vue.
Pour ce qui est de la famille aussi, j'y suis, moi aussi, très attaché, pour
nombre de raisons personnelles que certains ici connaissent. Mais si le
dialogue confiant existait dans la famille, l'adolescente se serait confiée
soit à sa mère, soit à sa soeur, soit à toute autre personne de sa famille !
C'est là tout le problème.
Je l'ai dit tout à l'heure les parents actuels n'ont pas été informés par
leurs propres parents et c'est là un inconvénient majeur.
Mme Odette Terrade.
Bien sûr !
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Ils font preuve de maladresse, une espèce de pudeur les
retient. Ils hésitent à informer leurs enfants à un moment crucial. Je pense
aux petites filles - je cite souvent cet exemple - qui ont leurs premières
règles. Quelle belle occasion pour une maman de dire : « Tu vois, maintenant,
tu es comme moi, tu peux avoir un enfant, il faut donc que tu saches comment se
transmet la vie » ! C'est là un moment important, un moment de vérité.
Enfin - et je m'arrêterai là - M. Marini a ajouté qu'une infirmière ne
remplaçait pas un médecin. Si ! On l'a vu souvent. C'est pourquoi on a établi
les protocoles pour le traitement de la douleur. Quand les médecins, les
internes ne sont pas là, les infirmières peuvent apporter des soins, toutes
sortes de soins, pour pallier leur absence. Je tenais à le dire parce que les
infirmières remplissent une véritable mission et beaucoup le font avec une
grande conscience.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées
socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que
sur certaines travées de l'Union centriste. - M. Yann Gaillard applaudit
également.)
Mme Dinah Derycke.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Je fais tout à fait miens les propos que vient de tenir M. le rapporteur et je
voterai donc dans le même sens que lui.
Monsieur Marini, l'acte sexuel n'est pas quelque chose de honteux, et il ne
s'agit pas d'inciter nos jeunes à la débauche.
M. Philippe Marini.
Je n'ai jamais dit cela. Mais l'acte sexuel suppose l'amour.
Mme Dinah Derycke.
Cela ne suppose pas automatiquement la conception de l'amour que vous avez.
Roméo et Juliette avaient seize ans ; ils n'ont pas vécu parce que leurs
familles, manifestement, n'ont pas su exercer leurs responsabilités. Mais,
s'ils avaient vécu, personne ne saura jamais s'ils auraient vécu jusqu'à un
grand âge la main dans la main, les yeux dans les yeux, avec toujours le même
amour.
Deux adolescents qui sont attirés l'un vers l'autre et qui font l'amour ne
feront pas pour autant leur vie ensemble, comme l'on dit, ne fonderont pas
nécessairement une famille ensemble ; mais cela peut être beau et cela peut
être très enrichissant - et pas seulement physiquement - pour l'un comme pour
l'autre.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 4, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 7 rectifié, pour lequel la commission
s'en remet à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 6, repoussé par la commission et
accepté par le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 8 rectifié.
M. Claude Huriet.
Je demande la parole contre le sous-amendement.
M. le président.
La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet.
Je ne vois pas dans quelles conditions, si le sous-amendement était adopté, il
pourrait s'appliquer, conformément, d'ailleurs, à l'ensemble du texte sur
lequel nous allons nous prononcer dans un instant.
En effet, dans l'article unique tel qu'amendé par la commission des affaires
sociales, il est prévu que les infirmières en milieu scolaire « informent de
leur décision le médecin scolaire, s'assurent de l'accompagnement psychologique
de l'élève et veillent à la mise en oeuvre d'un suivi médical ».
Je ne vois pas, à l'évidence, comment un infirmier ou une infirmière, qui n'a
pas nécessairement été formé pour exercer cette responsabilité, tout de même
très particulière, pourrait remplir les conditions, sur lesquelles nous
n'aurons aucune peine à nous mettre d'accord, concernant le soutien
psychologique et le suivi.
C'est la raison pour laquelle je voterai contre ce sous-amendement.
M. Roland Muzeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Muzeau.
M. Roland Muzeau.
Monsieur Huriet, la vente libre dans les pharmacies, après consultation
éclairée du pharmacien, conduit à la même démonstration que celle que vous
venez de faire. La présence d'une infirmière dans les centres de vacances
apporte un certain nombre de protections, comparables à celles qu'offriront les
pharmaciens qui auront pris le temps de discuter avec les jeunes venus les
voir. L'objection que vous avez émise n'est donc pas fondée.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 8 rectifié, accepté par le Gouvernement
et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 5, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 1 rectifié.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Monsieur le président, le groupe socialiste demande qu'il soit procédé à un
vote par division sur cet amendement n° 1 rectifié.
M. le président.
La division étant de droit, je mettrai successivement aux voix la première
partie constituée des deux premiers alinéas, puis la deuxième et la troisième,
constituées respectivement du troisième et du quatrième alinéa de l'amendement
n° 1 rectifié.
Je vais mettre aux voix la première partie.
Mme Claire-Lise Campion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Campion.
Mme Claire-Lise Campion.
Puisqu'il nous est donné de procéder par division au vote de l'amendement de
notre collègue M. Neuwirth, je veux m'exprimer, au nom de mon groupe, sur le
premier alinéa proposé pour l'article L. 5134-1 du code de la santé publique,
qui concerne la suppression de la prescription obligatoire pour le NorLevo.
Tout d'abord, je souhaite clarifier l'objet de notre discussion d'aujourd'hui
afin d'éviter tout amalgame ou erreur : il s'agit non pas de la contraception
en général, mais de la contraception d'urgence.
Ensuite, il n'est question que de la contraception d'urgence non susceptible
de présenter un danger pour la santé, si bien qu'à ce jour seul le NorLevo
entre dans cette catégorie.
Par ailleurs, je tiens à rappeler que l'accès libre pour toutes les femmes au
NorLevo sans prescription médicale s'applique d'ores et déjà, depuis que le
Gouvernement a autorisé par arrêté la vente libre en pharmacie du NorLevo.
Soulignons, à cet égard, que les recours devant le Conseil d'Etat et la
décision qu'il a rendue ne concernaient que l'administration par les
infirmières scolaires.
En effet, le Conseil d'Etat, qui n'avait pas été sollicité sur l'arrêté de
Bernard Kouchner, ne s'est donc pas prononcé sur la légalité de cette
mesure.
Mais il est évident que, si tel devait être le cas, la décision du Conseil
d'Etat serait alors identique à celle que nous ne connaissons que trop bien.
Si nous légiférons sur ce point et si le groupe socialiste de l'Assemblée
nationale a inscrit cette disposition dans sa proposition de loi, c'est afin
d'assurer une validation législative à un arrêté sur lequel pèse une épée de
Damoclès.
Le groupe socialiste du Sénat, dans sa volonté de garantir l'accès libre de
toutes les femmes à la contraception d'urgence et, surtout, de faire en sorte
que cette liberté ne puisse plus être remise en cause, ne peut qu'être
favorable à une telle disposition. C'est pourquoi nous voterons la première
partie de l'amendement.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Je voterai contre cette première partie, fidèle en cela à l'esprit du
sous-amendement que j'avais proposé.
Je rappelle, une fois de plus, que ce texte ne vise pas seulement les
situations d'urgence ou les détresses caractérisées, qu'il permet aussi
l'utilisation d'un médicament d'urgence par des personnes qui ne sont pas
nécessairement en difficulté, et qu'il y a donc un risque de banalisation pour
ces dernières, comme l'ont dit de nombreux collègues dans cette assemblée.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix la première partie de l'amendement n° 1 rectifié.
(Ce texte est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix, modifiée par le sous-amendement n° 7 rectifié, la
deuxième partie de l'amendement n° 1 rectifié.
M. Claude Huriet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet.
Je suis prêt à voter cette deuxième partie. J'aimerais toutefois obtenir une
explication.
En effet, il est fait mention à la fois de la volonté de garder le secret et,
dans la deuxième phrase, de la gratuité de la délivrance. Peut-on m'assurer
que, dans les textes réglementaires, on saura concilier le secret et le
remboursement ?
Quelles que soient les conditions dans lesquelles on pourra accéder
gratuitement à la pilule du lendemain, il faudra bien justifier vis-à-vis des
organismes en charge du remboursement, et je ne suis pas certain qu'il sera
facile de concilier le respect de la volonté de secret et de confidentialité
avec les possibilités d'accès à un remboursement au second degré.
M. le président.
Je note que la délivrance aux mineures s'effectue à titre gratuit, dans les
pharmacies, dans les conditions fixées par voie réglementaire.
Mme Dinah Derycke.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Nous voterons cette deuxième partie. Elle entre tout à fait dans le cadre de
l'action du Gouvernement, qui avait lancé une politique on ne peut plus
innovante en matière de contraception.
La proposition de loi dont nous discutons aujourd'hui, et qui a été déposée à
l'Assemblée nationale, avait pour objet essentiel de valider ces mesures.
Prévoir que les mineures pourront se voir délivrer gratuitement le NorLevo
dans les pharmacies ne peut que compléter le dispositif que nous voulons mettre
en place et s'inscrit parfaitement dans notre logique, qui est de faciliter le
plus possible l'accès à la contraception d'urgence pour éviter le pire.
Bien que je sois tout à fait consciente des difficultés pratiques - on vient
de les évoquer - qui découleront de l'inscription dans la loi d'une telle
mesure, je n'en reste pas moins persuadée qu'elle est nécessaire et qu'elle
répond à deux problèmes fondamentaux.
Si nous voulons protéger et préserver nos adolescentes de grossesses non
désirées et si nous voulons donner à toutes les femmes, notamment les plus
jeunes, les plus fragiles, les plus défavorisées, les plus démunies, le libre
accès à une contraception d'urgence, sans contre-indication médicale, il nous
appartient à toutes et à tous de concentrer nos efforts pour améliorer cette
proposition de loi de façon satisfaisante.
Je rappelle que certaines adolescentes ne sont plus dans les circuits
scolaires, qu'elles ne sont pas pour autant apprenties, qu'elles ne travaillent
pas, et qu'elles n'ont aucun revenu.
J'ajoute que, quelquefois, ces jeunes filles n'ont même pas seize ans. Quelle
que soit la loi sur l'obligation scolaire, dans notre pays, plusieurs milliers
d'adolescentes ont quitté l'école à treize, voire à douze ans.
Il faut leur permettre d'avoir effectivement accès à une contraception
d'urgence quand elles sont exposées au risque de grossesse, donc de recours à
une IVG. Il est tout à fait nécessaire d'assurer la gratuité pour toutes les
mineures.
Comme les centres de planification dans les hôpitaux, les urgences et les
permanences d'accès aux soins sont malheureusement trop peu nombreux, je ne
vois pas comment nous pourrions réellement parvenir à un accès à la
contraception d'urgence pour toutes en dehors de la pharmacie. De plus, la
gratuité me semble s'imposer pour les plus démunies d'entre elles.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais redire qu'il reste des difficultés, que
des questions techniques doivent être réglées pour réaliser l'amélioration que
prévoit le texte proposé par la commission : garantir le secret aux mineures
qui iront chercher la contraception d'urgence dans une officine pharmaceutique,
pour l'instant, nous ne savons pas faire !
Il nous faut trouver des solutions pour faire respecter l'anonymat, pour faire
respecter ce secret. Comme nous le savons, c'est réalisable dans les
infirmeries scolaires, où les jeunes filles peuvent rencontrer un adulte de
référence qui est lié par une mission de service public ; ce n'est pas le cas
dans une officine de pharmacie.
Mais nous allons travailler pour résoudre ce problème et nous trouverons une
solution.
Il nous faut aussi évaluer le coût de l'opération et trouver le financement de
sorte que la gratuité soit effective.
J'ajoute - M. le rapporteur nous y encourage d'ailleurs -, que le décret
d'application devra très précisément prévoir les périodes de mise à disposition
gratuite du NorLevo dans les pharmacies, sachant que les périodes de vacances
sont différentes selon les académies !
Monsieur le rapporteur, le Gouvernement est sensible à votre souci d'améliorer
le texte afin de garantir le meilleur accès possible des jeunes filles mineures
à une contraception d'urgence gratuite, sans oublier l'accompagnement, auquel
nous tenons, pour conduire à l'esprit de responsabilité et garantir le passage
à une contraception ordinaire.
Le Gouvernement s'en remet donc à la sagesse de la Haute Assemblée. Le temps
de la navette ne sera pas de trop pour parvenir à résoudre ces difficultés.
M. Gérard Dériot.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dériot.
M. Gérard Dériot.
En tant que pharmacien, je veux surtout remettre les choses à leur place, car
bon nombre de nos collègues, et vous-même, madame la secrétaire d'Etat, semblez
ne pas très bien savoir comment fonctionnent les officines.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Mais si !
M. Gérard Dériot.
Quand vous le voudrez, je vous invite à vous rendre dans n'importe quelle
officine, la mienne par exemple. Vous verrez ainsi que nous passons notre
journée à conseiller nos clients et pas simplement à délivrer des médicaments
et à encaisser l'argent correspondant.
Quant à la mission de service public, je suis persuadé que nous l'assurons.
Il est rare - c'est peut-être une spécificité de notre pays - qu'une
profession libérale remplisse aussi pleinement une mission de service public.
Et je vous rappelle que la répartition des officines sur l'ensemble du
territoire est mieux assurée que celle de certains services publics proprement
dits.
En outre, des gardes sont assurées, c'est-à-dire qu'un pharmacien est toujours
de permanence.
Par ailleurs, en réponse à mon collègue Claude Huriet, je rappelle que le
secret professionnel est pleinement respecté.
Enfin, connaissez-vous une autre profession pour laquelle on exige, selon son
chiffre d'affaires, la présence de deux, trois, voire quatre diplômés en
pharmacie ? Une telle exigence n'est même pas imposée à un médecin, qui, lui,
peut faire ce qu'il veut, même si sa clientèle est importante.
A cela s'ajoute la capacité des pharmaciens ! Je rappelle à cet égard que,
pour être pharmacien d'officine, il faut bac + six, contre bac + 7 pour un
médecin, ce qui revient presque au même. Quant aux études, si les domaines sont
un peu différents, leur qualité est équivalente, et le spécialiste du
médicament, c'est bien le pharmacien.
Vous disiez tout à l'heure, madame le secrétaire d'Etat, que cette tâche ne
relève pas de leurs fonctions. Je répète que, toute la journée, nous
conseillons, nous expliquons.
Le président du conseil de l'ordre a donné son accord, parce qu'il a bien
compris et qu'il connaît bien la profession. Je suis d'ailleurs persuadé que
tous mes confrères sont prêts à s'investir pleinement pour renseigner,
conseiller et orienter, forts de leur formation et de toutes les capacités
professionnelles qu'ils ont acquises depuis l'obtention de leur diplôme.
Madame le secrétaire d'Etat, vous n'avez aucune crainte à avoir à cet égard.
Permettez-moi d'ajouter que vous aurez les pharmaciens à vos côtés, qu'ils
accepteront de travailler avec vous presque comme des... « complices ».
En ce qui concerne le remboursement, j'ai pu, en tant que président de conseil
général, observer comment se déroulaient les vaccinations antitétaniques, par
exemple. Eh bien ! les gens allaient tout simplement chercher le vaccin et les
pharmaciens remplissaient un bon qu'ils envoyaient au conseil général. La
confidentialité était donc totalement respectée.
Enfin, comme vous le savez, les officines ne sont pas aménagées n'importe
comment, elles ont forcément une pièce à part pour recevoir les clients, pour
pouvoir les renseigner et les conseiller en toute confidentialité.
Vous aurez sans doute quelques aménagements techniques à effectuer, madame le
secrétaire d'Etat, mais ce sera très simple.
C'est pourquoi, nous voterons cet amendement.
(Applaudissements sur les
travées de l'Union centriste.)
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat.
Je vous remercie, monsieur le sénateur, d'avoir
apporté toutes ces précisions sur les missions et les fonctions des
pharmaciens.
Loin de moi l'idée de contester leur engagement professionnel. Mes
explications et ma prudence provenaient du fait que le Gouvernement n'a pas
encore procédé à la concertation nécessaire avec l'ordre des pharmaciens pour
mettre en oeuvre ces dispositions. Sachez que les pharmaciens sont des
professionnels de santé qui ont toute notre reconnaissance.
Par ailleurs, des études montrent que le pharmacien est identifié par l'usager
des services de santé comme un praticien très accessible, à qui il est facile
de demander des informations sur les prescriptions.
Enfin, je ne doute pas que les pharmaciens, puisque le président du conseil de
l'ordre a déjà donné son avis, adhéreront majoritairement à ce nouveau
dispositif.
Il nous faut cependant un peu de temps pour l'organiser, car il n'est pas dans
les habitudes de mon ministère de procéder par injonction ; nous procédons
plutôt par le dialogue et la concertation, pour garantir la meilleure mise en
oeuvre d'un dispositif de cette nature.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Lucien Neuwirth,
rapporteur.
Je veux d'abord vous remercier, mon cher collègue pharmacien,
pour les précisions que vous avez apportées.
J'ajoute, madame le secrétaire d'Etat, que si vous n'avez pas eu de
concertation avec les pharmaciens, ce n'est pas mon cas : tout s'est fort bien
passé et la conclusion a été la lettre du président Jean Parrot.
Madame le secrétaire d'Etat, vous nous dites : « Donnez-nous le temps de nous
organiser, nous procéderons par voie réglementaire. » Mais il y a le feu ! Des
milliers de gamines risquent une IVG. Cela suffit ! A un moment donné, il faut
agir !
Je crois que vous pouvez, que vous devez mettre vos services au travail sur ce
sujet.
Je sais que vous n'avez malheureusement qu'un secrétariat d'Etat et de petits
moyens. Je le déplore d'ailleurs, je préférerais que vous soyez à la tête d'un
ministère à part entière, avec de nombreux services vous permettant d'aller
plus vite.
(Mme le secrétaire d'Etat sourit.)
Voilà ce que je voulais préciser en ce qui concerne la voie réglementaire.
S'agissant maintenant du coût de la gratuité, il ne faut pas exagérer : l'IVG
est remboursée, 6 000 à 10 000 IVG par an. Evaluez en regard le prix de 6 000
boîtes de NorLevo ! Je sais que davantage de boîtes seront distribuées, parce
que les besoins seront plus grands ; mais sur un budget de la sécurité sociale
de 693 milliards de francs, je crois que l'on doit pouvoir dégager l'argent
nécessaire pour assurer la gratuité du NorLevo, d'abord pour les mineures en
difficulté ; là sont les besoins les plus pressants, car, croyez-moi, il y a
beaucoup de mineures en difficulté.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifiée, la deuxième partie de l'amendement n° 1
rectifié.
(Ce texte est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix la troisième partie de l'amendement n° 1 rectifié.
(Ce texte a adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'ensemble de l'amendement n° 1 rectifié, pour
lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article unique est ainsi rédigé.
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