SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2000
M. le président.
La parole est M. Hoeffel, auteur de la question n° 875, adressée à M. le
ministre des affaires étrangères.
M. Daniel Hoeffel.
Monsieur le ministre, ma question concerne l'avenir et la situation de
l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau, dossier que vous connaissez et que
votre collègue ministre des affaires étrangères suit avec une particulière
attention.
Trois arguments me paraissent militer en faveur du maintien de cette présence
culturelle française à Fribourg-en-Brisgau.
Premier argument, la coopération sur les plans culturel et éducatif est
appelée dans l'avenir à être l'un des fondements de la coopération
franco-allemande. Or, c'est cette coopération-là qui vient étayer la
coopération politique.
Deuxième argument, la coopération transfrontalière entre régions voisines me
paraît être aujourd'hui, et sans doute le sera-t-elle davantage encore demain,
la base d'une coopération forte entre nos deux pays. Tout ce qui peut donc être
fait pour créer et étoffer les liens tant culturels que linguistiques va dans
la bonne direction.
Troisième argument, les autorités allemandes étant très impliquées dans la
plupart des instituts français tel celui de Fribourg-en-Brisgau, elles méritent
un certain nombre d'égards, et je souhaite que ce soit en étroite concertation
avec ces partenaires que les actions puissent être entreprises.
M. le ministre des affaires étrangères a répondu à ce sujet que la réforme,
une fois finalisée en concertation avec nos partenaires allemands, sera mise en
oeuvre de façon pragmatique et progressive en collaboration avec les autorités
locales.
Conscient de la nécessité pour les instituts français - en Allemagne et
ailleurs - de s'adapter et de se moderniser pour tenir compte de l'évolution du
cadre dans lequel ils se situent, je souligne toutefois que la valeur
symbolique d'un institut français tel que celui de Fribourg-en-Brisgau reste en
tout état de cause très forte. Voilà pourquoi, monsieur le ministre, je
souhaite que, en concertation avec nos partenaires allemands, le maintien de
l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau puisse être envisagé.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Monsieur le sénateur, je vous prie de recevoir
les excuses de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, qui défend
en ce moment même le budget de son ministère à l'Assemblée nationale.
La France, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, entretient en
Allemagne le plus important de nos réseaux culturels à l'étranger. Pour fixer
les idées, dans ce pays très proche et ami, sont localisés 13 % du total des
établissements culturels autonomes du ministère des affaires étrangères, soit
vingt-quatre implantations, ce qui fait beaucoup.
Aujourd'hui, dans un contexte évidemment très profondément modifié, et en
bien, du fait des multiples liens qui se sont créés entre nos deux sociétés et,
plus largement, de l'intégration européenne, il incombe au ministère des
affaires étrangères de moderniser le réseau culturel non seulement en Allemagne
mais dans toute l'Europe.
Ce réseau doit s'adapter aux nouvelles formes d'échanges qui structurent et
traversent l'Europe dans les domaines culturel et éducatif, en tenant tout
particulièrement compte du développement des industries culturelles, dont
certaines sont heureusement conjointes, et des nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
Il faut aussi tenir compte - cela s'applique au cas de Fribourg-en-Brisgau -
de la coopération transfrontalière, qui est aujourd'hui l'un des principes
moteurs de nos relations européennes, ainsi que de l'implication des
partenaires de la société civile dans la gestion de ces relations, conformément
aux recommandations formulées lors du sommet franco-allemand de Potsdam.
Cette exigence d'adaptation s'impose également aux autorités allemandes, qui
travaillent actuellement à modifier leur propre dispositif diplomatique,
consulaire et culturel à l'étranger, toujours dans un souci de modernisation et
d'efficacité.
La réforme que le ministère des affaires étrangères envisage pour le réseau
culturel français en Allemagne n'a pas nécessairement à se traduire par des
fermetures pures et simples mais, au contraire, dans nombre de cas, peut se
manifester par le maintien d'une présence française assurée par des attachés de
coopération culturelle chargés de la mise en oeuvre des projets bilatéraux et,
parfois, multilatéraux, ce qui serait un progrès, et chargés également de
mettre en relation directe les professionnels de la culture de nos deux pays,
notamment dans le domaine artistique.
La dimension universitaire de notre action devrait également être renforcée
puisque, heureusement, les jeunes de la génération qui suit les nôtres sont
très familiarisés avec les études à l'étranger, raison pour laquelle le public
à accueillir et à soutenir s'est accru.
Si, donc, un plan de restructuration a fait l'objet de premières études,
aucune décision concernant le réseau culturel en Allemagne n'a encore été
arrêtée et, lorsque la réflexion en cours sera achevée et que ce plan de
restructuration sera, sans doute après des modifications, validé, nos
partenaires allemands seront approchés suffisamment à l'avance pour que l'on
puisse procéder à une réforme en concertation avec les autorités locales
allemandes et en confortant des liens solides avec elles.
Je vous remercie, monsieur le sénateur, de l'intérêt que vous manifestez pour
cette coopération culturelle qui demeure, aujourd'hui autant qu'hier,
absolument nécessaire pour la construction européenne telle que nous la
voyons.
Les propositions que le Président de la République a faites à Berlin, les 26
et 27 juin derniers, lors de sa visite d'Etat, avec, par exemple, la création
de l'académie franco-allemande du cinéma, témoignent de l'importance que notre
pays attache au resserrement de ses relations culturelles avec l'Allemagne.
M. Daniel Hoeffel.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel.
En vous remerciant, monsieur le ministre, de votre réponse, je me permets
d'insister sur deux points particuliers. D'une part, il ne saurait y avoir de
coopération politique confiante entre nos deux pays sans que cette coopération
se renforce sur les plans culturel et éducatif. C'est une exigence de notre
temps.
D'autre part, vous l'avez vous-même précisé, il est absolument nécessaire que
l'avenir de notre réseau culturel français en Allemagne puisse être assuré au
moyen d'une concertation étroite et forte avec nos partenaires. C'est, je
crois, la condition d'une adaptation et d'une modernisation réussies de la
présence culturelle française en Allemagne.
REDÉPLOIEMENT DES FORCES DE POLICE
ET DE GENDARMERIE DANS LES YVELINES