SEANCE DU 11 DECEMBRE 2000
M. le président.
Par amendement n° II-26, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont,
Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat,Rispat, Neuwirth,
Darcos, Fournier, Ginésy, de Broissia, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme
Olin proposent d'insérer, après l'article 48
undecies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 234
nonies
du code général des impôts est abrogé à
compter du 1er janvier 2002.
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat sont compensées par la création de
taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code
général des impôts. »
La parole est à M. Cazalet.
M. Auguste Cazalet.
Cet amendement tend à supprimer la taxe additionnelle au droit de bail
acquittée par les propriétaires.
Cette proposition permettrait de remédier à la vacance de nombreux logements
privés, alors que le nombre de logements sociaux construits - 20 000 à 30 000
cette année - n'a jamais été aussi bas et que l'offre ne suffit plus pour
satisfaire la demande.
Cet amendement s'inscrit donc dans une logique d'amélioration du statut fiscal
des propriétaires et de stimulation de l'offre de logements du parc privé à la
location.
La suppression de cette taxe additionnelle en 2002 permet de ne pas peser sur
l'équilibre budgétaire de 2001.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit à nouveau d'un amendement de principe qui a
tout à fait sa place en deuxième partie, d'autant qu'il reprend des positions
déjà maintes fois exprimées par la majorité sénatoriale.
Je rappelle que la commission des finances avait adopté, l'année dernière, un
dispositif de diminution progressive de la taxe additionnelle au droit de bail
jusqu'à sa disparition en deux ans, tirant ainsi les conséquences de la
suppression du droit de bail.
Nous ne pouvons donc qu'être favorables à la suppression de cette taxe au 1er
janvier 2002, ce qui nous permet de rappeler au passage la valse-hésitation à
laquelle nous avions assisté précédemment avec la réforme du droit de bail,
conçue de manière exagérément complexe et qui avait donné lieu à toute une
polémique publique dont on se souvient encore.
Pour ces différentes raisons de principe, la commission ne peut qu'être
favorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Avis défavorable, monsieur le président, ainsi que je
l'ai indiqué lors de l'examen de la première partie.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-26, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° II-54, MM. Adnot, Darniche, Donnay, Durand-Chastel, Foy,
Seillier et Türk proposent d'insérer, après l'article 48
undecies,
un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 273
septies
A du code général des impôts est complété
par un alinéa ainsi rédigé :
« Il en est de même pour les engins 4 × 4 classés "camionnette" acquis par les
entreprises employant des salariés afin de conduire ceux-ci sur leur lieu de
travail et qui comportent, outre les sièges conducteur et passager avant, deux
strapontins ou bien une petite banquette escamotable. »
« II. - Les pertes de recettes sont compensées à due concurrence par un
relèvement des droits sur les tabacs prévus aux articles 575 et 575 A du code
général des impôts et par une augmentation du tarif du droit de consommation
sur les alcools visés à l'article 403 du code général des impôts. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-57 rectifié est présenté parM. Pelchat et les membres du
groupe des Républicains et Indépendants, ainsi que par MM. Mouly, Joly, Oudin,
Legendre, Donnay et Herment.
L'amendement n° II-75 rectifié est déposé par MM. Picheral et Collomb.
L'amendement n° II-83 est présenté parMM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet,
Chaumont, Gaillard, Joyandet, Tregouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat,
Neuwirth, Ginésy, Darcos, Fournier, Leclerc, de Broissia, Marest, Schosteck,
Lanier et Mme Olin.
Tous trois tendent à insérer, après l'article 48
undecies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le 2° de l'article 278
bis
du code général des impôts est complété
par les mots : ", et sous réserve que les dispositions suivantes ne soient pas
jugées contraires au principe d'égalité devant les charges publiques par le
Conseil constitutionnel". »
La parole est à M. Trucy, pour présenter l'amendement n° II-57 rectifié.
M. François Trucy.
Dans ses décisions 85-187 de 1985 et de 99-410 de 1999, le Conseil
constitutionnel a affirmé la faculté d'examiner la conformité à la Constitution
d'une disposition déjà promulguée, dès lors qu'un nouvel amendement modifie ou
complète la loi antérieure.
Alors que, depuis de nombreuses années, le Parlement soulève le problème des
discriminations fiscales dans le secteur alimentaire - tout le monde comprend à
quoi il est fait ici allusion -, le traitement de cette question est
systématiquement repoussé.
Dès lors, le présent amendement tend à permettre l'examen de la
constitutionnalité des dispositions prévues par l'article 278
bis
du
code général des impôts, en subordonnant leur application à leur conformité au
principe d'égalité devant les charges publiques.
M. le président.
L'amendement n° II-75 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Cazalet, pour défendre l'amendement n° II-83.
M. Auguste Cazalet.
Dans ses décisions 85-187 de 1985 et 99-410 de 1999, le Conseil
constitutionnel a affirmé la faculté d'examiner la conformité à la Constitution
d'une disposition déjà promulguée, dès lors qu'un nouvel amendement modifie ou
complète la loi antérieure.
Alors que, depuis de nombreuses années, le Parlement soulève le problème des
discriminations fiscales dans le secteur alimentaire, le traitement de cette
question est systématiquement repoussé.
Dès lors, le présent amendement tend à permettre l'examen de la
constitutionnalité des dispositions prévues par l'article 278
bis
du
code général des impôts, en subordonnant leur application à leur conformité au
principe d'égalité devant les charges publiques.
On ne saurait s'opposer à son adoption, sauf à souhaiter que le Conseil
constitutionnel ne puisse disposer des moyens de se prononcer sur la conformité
de ces dispositions aux principes généraux du droit, c'est-à-dire à entraver le
contrôle de constitutionnalité d'une disposition controversée.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s II-57
rectifié et II-83 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Comme l'a indiqué notre excellent collègue M. Auguste
Cazalet, on ne peut s'opposer à cet amendement, parce qu'on ne peut être
hostile au principe d'égalité devant les charges publiques. Le fait que ce
principe soit inscrit une nouvelle fois dans le droit positif ne saurait
heurter personne !
Au demeurant, la diversité des groupes auxquels appartiennent les auteurs des
amendements en discussion, dont faisait partie notre collègue M. Picheral,
montre bien que cette préoccupation est très largement et très légitimement
partagée sur toutes les travées du Sénat.
C'est en rappelant cette analyse que j'invite le Sénat à adopter ces
amendements.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable aux amendements n°
II-57 rectifié et n° II-83, comme il a eu l'occasion de le rappeler lors de
l'examen de la première partie, après un long débat nourri par la lecture d'un
rapport de votre collègue M. Badré intitulé
Comment baisser les taux de la
TVA ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Vous êtes défavorable à l'égalité devant les charges
publiques ?
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s II-57 rectifié et
II-83.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole contre les amendements.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Dans cette assemblée de savants, je dois dire humblement que je ne comprends
rien à cet amendement.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est un très bon amendement !
M. Michel Charasse.
Mes chers collègues, ou bien la loi est contraire au principe d'égalité, ou
bien elle ne l'est pas ; mais, pour le savoir - dans l'hypothèse où l'on ne
fait pas attention, et cela nous arrive quelquefois - il faut saisir le Conseil
constitutionnel.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Voilà !
M. Michel Charasse.
Or, ou bien il est saisi, ou bien il ne l'est pas.
S'il est saisi, il apprécie ; et, s'il n'est pas saisi, une fois que la loi
est promulguée, il ne peut plus se ressaisir de la loi promulguée, sauf, comme
l'a dit l'un des orateurs tout à l'heure, dans l'hypothèse où, à l'occasion de
la modification de l'article incriminé du code général des impôts, il serait
amené à se prononcer sur le texte déjà promulgué.
Quoi qu'il en soit, je ne vois pas très bien ce qu'ajoute l'amendement ici : «
... sous réserve que les dispositions suivantes ne soient pas jugées contraires
au principe d'égalité devant les charges publiques par le Conseil
constitutionnel ».
C'est une évidence ! Le principe d'égalité figure dans la Constitution, en son
article 3, ainsi que dans la Déclaration des droits de l'homme de 1789.
De plus, monsieur le président, cette disposition me semble constituer une
injonction adressée au Conseil constitutionnel. Or, on n'adresse pas
d'injonction au Conseil constitutionnel : on le saisit, on appelle son
attention en lui demandant de bien vouloir examiner la conformité d'un texte à
la Constitution.
Je me demande même si le Conseil constitutionnel ne pourrait pas lui-même, par
un raisonnement subtil, la juger contraire à la Constitution
(Sourires)
,
puisqu'on ne peut ni lui adresser ce genre d'injonction ni l'inviter à faire ce
qu'il n'a pas le droit de faire.
Chaque année, nous avons des discussions sur le contenu de l'article 278
bis
du code général des impôts, c'est-à-dire sur les produits
bénéficiant d'une TVA réduite à 5,5 % et sur ceux qui n'en bénéficient pas.
Nous n'allons pas régler la question ce soir ! Des milliards de francs sont en
jeu.
En tout cas, on ne le fera pas par le biais de cette disposition.
J'ajoute que chaque produit est un cas particulier et que le principe
d'égalité ne s'applique pas forcément entre tous les produits alimentaires, car
les nouilles, ce n'est pas du riz, le riz, ce n'est pas du pain, le pain, ce
n'est pas de la viande, etc.
Par conséquent, avec mes amis, nous allons voter contre ces deux amendements,
parce que ces dispositions ne sont pas normatives, qu'elles n'ont pas à figurer
dans une loi de finances et que le Conseil constitutionnel n'a pas besoin qu'on
lui dicte ce qu'il a à faire ou non, d'autant que, si la loi ne lui est pas
soumise et si ce texte était voté, de toute façon, il ne pourrait pas s'en
saisir après.
A cette heure tardive, si l'on ne veut pas se coucher trop tard, mieux vaut
s'en tenir à l'essentiel !
(Sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous sommes dans le domaine du débat virtuel, mais
nous essayons de faire une avancée conceptuelle sur la proposition de M.
Pelchat, présentée avec éloquence par M. Trucy.
Quel est l'état du droit ? Nous avons voté, en première partie, des
amendements qui conduisent à appliquer le taux réduit à tous les produits
alimentaires à l'exception du caviar. La seule rupture d'égalité s'opère donc,
à l'instant où nous parlons - mais c'est très provisoire ! - en défaveur du
caviar.
M. Michel Charasse.
Et du chocolat !
(Sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Attendez, mon cher collègue ! Je vais en venir au
chocolat, car le vrai sujet, nous le savons bien, ce sont les discriminations
entre produits chocolatés.
Vous vous souvenez des échantillons que nous avons reçus. Tous ne sont pas
taxés de la même façon. Ils ont pourtant le même goût, ce qui tout de même
assez paradoxal, il faut bien en convenir.
Le Sénat va donc voter la loi de finances comme il voudrait qu'elle soit.
Mais, naturellement, celle-ci va repartir à l'Assemblée nationale, qui va faire
son travail et qui va certainement en revenir à une autre version. Donc, nous
allons retrouver...
M. Michel Charasse.
On va se retrouver chocolat !
(Nouveaux sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Attendez, attendez ! Nous allons très
vraisemblablement retrouver, dans le texte qui sera promulgué, les taux de TVA
qui existaient jusqu'ici, avec en quelque sorte les mêmes discriminations.
Or si nous n'ajoutons, dans l'une ou l'autre assemblée, aucun membre de
phrase, si nous n'apportons aucun changement au droit positif, il n'y aura
aucune base pour saisir le Conseil constitutionnel.
D'où la démarche de notre collègue Michel Pelchat : il insère un membre de
phrase qui, s'il devait rester jusqu'à la promulgation da la loi, permettrait
au contrôle de constitutionnalité de s'exercer.
Je ne sais pas si la forme est parfaite, mais le procédé est intéressant.
C'est donc, en fait, pour permettre au Conseil constitutionnel d'aborder - ce
qu'il n'a jamais fait jusqu'ici - la question de la dissociation des taux de
TVA sur une même matière alimentaire, en l'occurrence le chocolat, c'est-à-dire
au contrôle de constitutionnalité de s'exercer - après tout, ce n'est peut-être
pas complètement superfétatoire ! - que nos collègues ont eu cette idée
innovante et qu'ils nous proposent cette avancée conceptuelle.
Je crois que personne n'a lieu d'être choqué par le principe de l'égalité
devant les charges publiques. Personne n'a davantage lieu d'être choqué que le
Conseil constitutionnel puisse éventuellement élargir son approche à un article
qui, sinon, ne pourrait pas être déféré devant lui.
Telles sont les raisons pour lesquelles la commission persiste à préconiser
l'adoption de cet amendement.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Malgré ses efforts méritoires, M. le rapporteur général,...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je fais ce que je peux !
M. Michel Charasse.
... dont les propos étaient empreints d'humour, ne nous a pas du tout
convaincus, d'autant que l'Assemblée nationale ne gardera certainement pas
cette disposition, si elle est votée ici.
J'ajoute que je ne vois pas par rapport à quel principe d'égalité le chocolat
pourrait être jugé. Si encore il y avait des produits chocolatés taxés à 5,5 %
et d'autres à 19,60 %, je comprendrais ! Mais tel n'est pas le cas ! Le bloc de
chocolat, si je puis dire, qu'il soit blanc, noir, au lait ou à tout ce qu'on
voudra est taxé à 19,60 % !
Par conséquent, le Conseil constitutionnel, si cette disposition était
adoptée, ne pourrait que constater que, par rapport à lui-même, le chocolat est
dans une situation de stricte égalité.
Donc, encore une fois, ce n'est pas la peine de perdre son temps avec ce genre
de chose et, en tout cas, mon groupe ne votera pas les amendements.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Les producteurs apprécieront !
M. Michel Charasse.
Ils en ont vu d'autres !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s II-57 rectifié et II-83.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° II-91,Mmes Pourtaud et Bergé-Lavigne, MM. Saunier, Lagauche
et Weber proposent d'insérer, après l'article 48
undecies,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« A. - A compter du 1er janvier 2002, le 6° de l'article 278
bis
du
code général des impôts est ainsi rédigé :
« 6° Livres et supports de contenu interactif, y compris leur location. »
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du A sont compensées à due
concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Par cet amendement, nous proposons d'appliquer le taux réduit de TVA aux
CD-ROM. C'est la quatrième année que nous déposons cet amendement, et l'on nous
oppose, chaque fois, la directive européenne de 1992, qui fixe, dans l'annexe
H, la liste des produits pouvant bénéficier d'un taux réduit de TVA.
Je répéterai donc que la plupart des oeuvres de l'esprit bénéficient en Europe
du taux réduit, qu'il s'agisse du livre, du cinéma ou de la presse. Le CD-ROM,
tout comme le disque, subit donc une « discrimination fiscale ».
Vous le savez comme moi, mes chers collègues, l'inflation du copiage sur les
supports numériques vierges, accessibles à bas prix, entre 5 et 10 francs,
menace toute l'industrie des éditeurs de contenus.
Il n'est pas inutile de rappeler les chiffres : fin 2000, plus de 200 millions
de CD-ROM auront été vendus en France, contre 10 millions la première année, en
1997, 36 millions en 1998 et près de 100 millions l'année dernière.
La baisse de la TVA sur les CD-ROM, que les industriels s'engagent à
répercuter dans leur prix, combinée à d'autres mesures comme la taxation des
supports vierges, réduirait certainement l'intérêt de la contrefaçon.
Il s'agit aussi de démocratiser l'accès aux nouvelles technologies. Dans le
cadre du troisième comité interministériel pour la société de l'information, le
Gouvernement s'est engagé à multiplier les mesures volontaristes pour réduire
le « fossé numérique ». Le prix élevé des CD-ROM, aujourd'hui entre 200 et 300
francs, constitue incontestablement un frein à la consommation.
C'est, enfin, le soutien à l'industrie française des contenus multimédias que
nous proposons. Le CD-ROM est, au même titre que les sites français, l'un des
vecteurs de la francophonie. La baisse de la TVA permettrait une relance
générale de la consommation au bénéfice d'un secteur qui, par ailleurs, a un
fort potentiel de créations d'emplois.
Pour toutes ces raisons, je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir
voter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il est défavorable, dans l'état actuel du droit
communautaire, monsieur le président.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cette proposition est très intéressante. Le
Gouvernement avait d'ailleurs saisi la Commission, au mois de juillet 1998,
pour tenter d'obtenir une dérogation, l'état actuel du droit ne permettant pas
d'appliquer le taux réduit sur ce type de produit. Cet obstacle, pour
l'instant, est réel et sérieux. Il l'est d'autant plus que nous sommes en
période d'expérimentation jusqu'en 2002. Par conséquent, il est peu probable
que des inflexions notables soient apportées au dispositif que nous
connaissons.
Je rappelle que, lors de l'examen des articles de la première partie, j'ai,
sur la suggestion de Michel Charasse, donné mon accord à une démarche qui
consisterait à tenter de mettre à plat la directive de 1992 pour identifier les
quelques incohérences qu'elle pourrait comporter ou que le temps à pu faire
apparaître depuis cette date. Cela permettrait également d'envisager le cas des
innovations, tels les CD-ROM qui, par définition, n'étaient pas prises en
compte dans la directive de 1992.
Au bénéfice de ces explications, je demande aux auteurs de cet amendement de
bien vouloir le retirer.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, madame Pourtaud ?
Mme Danièle Pourtaud.
Je vais accéder à la demande de Mme le secrétaire d'Etat, non sans lui avoir
dit que, si nous faisons preuve d'une telle obstination dans le dépôt de cet
amendement, c'est parce que nous pensons que, dans les négociations
européennes, il n'est pas inutile que le Gouvernement ait le soutien des
parlementaires français. Notre objectif, c'est de permettre au Gouvernement
d'avancer dans la solution de cette question, sachant qu'il y va de l'avenir de
l'industrie des contenus français sur le multimédia.
M. le président.
L'amendement n° II-91 est retiré.
Par amendement n° II-92, Mmes Pourtaud et Bergé-Lavigne, MM. Saunier, Lagauche
et Weber proposent d'insérer, après l'article 48
undecies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« A. - A compter du 1er janvier 2002, l'article 278
bis
du code général
des impôts est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« ...° Les supports de musique enregistrée, y compris leur location.
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont
compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux
droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Avec la même obstination que précédemment, nous demandons que soit appliqué le
taux réduit de TVA aux supports de musiques enregistrées, autrement dit les
disques. C'est, en effet, également la quatrième année que nous déposons cet
amendement.
Je rappelle que, à la différence des autres « oeuvres de l'esprit » que j'ai
énumérées tout à l'heure, comme le livre, le cinéma, les spectacles, le disque
ne bénéficie toujours pas du taux réduit.
Si je me permets d'insister, c'est parce que le disque, nous le savons, est
essentiellement consommé ou acheté par les jeunes et qu'il nous semble
important de démocratiser l'accès à cette forme de culture que peut être la
musique pour les jeunes.
Je rappelle que le passage du taux de 33,33 % à 18,6 % en 1988 a largement
relancé la vente des disques en France, la progression ayant été de 35 %
l'année suivante.
Le syndicat national des éditeurs de phonogrammes vient de réaliser une
projection à partir de la proposition que nous faisons. Il a ainsi été démontré
qu'à partir d'une baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 %, sur une période de trois
ans, l'augmentation des ventes ramènerait la perte fiscale à seulement 1,6
milliard de francs, c'est-à-dire 533 millions de francs par an, soit, vous le
savez, mes chers collègues, un peu moins que le budget de fonctionnement annuel
de l'Opéra de Paris.
Enfin, le passage au taux réduit de TVA serait peut-être une solution efficace
pour lutter contre la piraterie et l'inflation des copies privées sur les
supports numériques vierges, copies privées qui sont excellentes avec la norme
de compression MP 3.
Le marché français des CD vierges enregistrables a doublé de volume de 1999 à
2000. Ce sont, je le répète, environ 200 millions de CD-ROM qui seront vendus
avant la fin de cette année. Il est certain que le coût élevé du disque, en
raison de la TVA, est en quelque sorte une incitation pour les jeunes
consommateurs à procéder à des copies privées, en quelque sorte à pirater.
Enfin, là encore, madame la secrétaire d'Etat, il n'est pas inutile que, dans
les négociations internationales, le Gouvernement soit soutenu par le Parlement
dans sa démarche.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Défavorable, dans l'état actuel du droit
communautaire.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
La situation juridique est la même que pour
l'amendement précédent : il y a peu d'espoir que les choses évoluent d'ici à
2002. L'avis du Gouvernement est donc identique.
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement n° II-92 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-92 est retiré.
Article additionnel avant l'article 48 duodecies