SEANCE DU 28 MARS 2001
M. le président.
« Art. 3
bis.
- L'article L. 2212-3 du même code est ainsi rédigé :
«
Art. L. 2212-3
. - Le médecin sollicité par une femme en vue de
l'interruption de sa grossesse doit, dès la première visite, informer celle-ci
des méthodes médicales et chirurgicales d'interruption de grossesse et des
risques et des effets secondaires potentiels.
« Il doit lui remettre un dossier-guide, mis à jour au moins une fois par an,
comportant notamment le rappel des dispositions des articles L. 2212-1 et L.
2212-2, la liste et les adresses des organismes mentionnés à l'article L.
2212-4 et des établissements où sont effectuées des interruptions volontaires
de la grossesse.
« Les directions départementales des affaires sanitaires et sociales assurent
la réalisation et la diffusion des dossiers-guides destinés aux médecins. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 4, M. Francis Giraud, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
Par amendement n° 60, M. Carle propose de rédiger ainsi le texte présenté par
l'article 3
bis
pour l'article L. 2212-3 du code de la santé publique
:
«
Art. L. 2212-3
. - Le médecin sollicité par une femme en vue de
l'interruption de sa grossesse doit, dès la première visite :
« 1° Informer celle-ci des risques médicaux qu'elle encourt pour elle-même et
pour ses maternités futures, et de la gravité biologique de l'intervention
qu'elle sollicite ;
« 2° Expliquer et commenter les éléments du dossier-guide qu'il lui remet, qui
est mis à jour au moins une fois par an, et qui comporte notamment :
«
a)
Le rappel des dispositions de l'article L. 2211-1 ainsi que des
dispositions de l'article L. 2212-1 qui limite l'interruption de la grossesse
au cas où la femme enceinte se trouve placée par son état dans une situation de
détresse ;
«
b)
L'énumération des droits, aides et avantages garantis par la loi
aux familles, aux mères, célibataires ou non, et à leurs enfants, ainsi que des
possibilités offertes par l'adoption d'un enfant à naître ;
«
c)
Le rappel, lorsqu'il s'agit d'une mineure non émancipée désirant
garder son enfant, qu'elle bénéficie des aides existantes pour les femmes
enceintes en difficulté et les mères isolées, dans des conditions définies par
décret ;
«
d)
La liste et les adresses des organismes mentionnés à l'article L.
2212-4, des lieux d'accueil et d'hébergement ainsi que des associations et
organismes d'accompagnement des femmes enceintes en difficulté afin de les
aider à mener leur grossesse à terme puis après la naissance de l'enfant ;
«
e)
La liste et les adresses des établissements où sont effectuées des
interruptions volontaires de la grossesse ;
«
f)
Les méthodes de contraception qu'elle peut utiliser et les moyens
d'y recourir ;
« 3° Lui remettre le répertoire départemental des aides économiques, des lieux
d'accueil et d'hébergement, des associations et organismes dédiés à
l'accompagnement des femmes enceintes en difficulté.
« Dans chaque département, il est créé à l'initiative du service d'aide
sociale du conseil général, un répertoire départemental des aides économiques,
des lieux d'accueil et d'hébergement, des associations et organismes dédiés à
l'accompagnement des grossesses difficiles. Il doit être disponbile dans tous
les établissements dans lesquels sont pratiqués les interruptions volontaires
de grossesse, dans les centres de consultation ou de conseil familial et dans
les centres de planification ou d'éducation familiale.
« Un arrêté précise dans quelles conditions les directions départementales des
affaires sanitaires et sociales assurent la réalisation et la diffusion des
dossiers-guides destinés à être remis et expliqués aux femmes par les médecins.
»
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 4.
M. Francis Giraud,
rapporteur.
L'article 3
bis
vise à supprimer, dans le contenu du
dossier-guide qui doit être remis à la femme lors de la première consultation
médicale pré-IVG, l'énumération des droits et des avantages garantis par la loi
aux familles, aux mères et à leurs enfants ainsi que les possibilités offertes
par l'adoption d'un enfant et la liste des organismes susceptibles de lui
apporter une aide morale ou matérielle.
La commission estime, pour sa part, que les éléments du dossier-guide que
l'Assemblée nationale a souhaité supprimer peuvent s'avérer extrêmement utiles
pour certaines femmes, notamment pour celles qui sont encore indécises.
Contrairement à ce que semble croire l'Assemblée nationale, ces éléments ont
pour vocation non pas de dissuader la femme de recourir à l'IVG, mais
simplement de s'assurer qu'elle prend sa décision en toute connaissance de
cause et en disposant de l'information la plus complète possible.
Pour ces raisons, la commission propose de revenir au texte de la loi de 1975,
qui constituait une position équilibrée, et donc de supprimer l'article 3
bis
.
M. le président.
La parole est à M. Carle, pour défendre l'amendement n° 60.
M. Jean-Claude Carle.
Cet amendement vise à améliorer l'information de la femme enceinte pour
qu'elle puisse faire un choix libre et éclairé.
Le médecin doit expliquer et commenter le dossier-guide qui est remis à la
femme. Toutes les femmes n'ont pas nécessairement la capacité de lire ou de
comprendre le contenu de ce dossier-guide. C'est pourquoi il convient de les
accompagner.
Il faut, enfin, insérer dans le dossier-guide une information sur les méthodes
de contraception que la femme pourra utiliser par la suite, le but étant
d'éviter qu'une femme qui a déjà eu recours à l'avortement ne se retrouve dans
la même situation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 60 ?
M. Francis Giraud,
rapporteur.
La commission préfère s'en tenir à sa proposition, afin de
garder les éléments du dossier-guide tels que la loi Veil les avait prévus.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 4 et 60 ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Par cohérence avec ce que j'ai dit précédemment, le
Gouvernement soutient l'article 3
bis.
Il ne peut donc accepter ni la
suppression de cet article, ni sa réécriture.
M. Hilaire Flandre.
Vous êtes prisonnière de votre majorité !
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
Madame le secrétaire d'Etat, vous avez parlé
de cohérence avec ce que vous avez dit tout à l'heure. Si j'ai bien compris, le
dossier-guide serait complété par un document qui apportera des renseignements
sur les aides dont la femme enceinte peut bénéficier. Pourquoi supprimer ces
renseignements du dossier-guide pour les remettre aussitôt dans un document
complémentaire ?
M. Hilaire Flandre.
C'est pour faire plaisir aux députés !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Je répondrai d'un mot.
M. Hilaire Flandre.
Il n'y a pas de réponse !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement voté par l'Assemblée nationale vise à
dissocier le dossier-guide, qui concerne les droits entourant l'IVG, et le
complément apporté dans un autre document, visant des droits propres.
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
On reprend ce qui est supprimé !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
C'est tout de même une approche que nous avons
soutenue, et je m'en suis d'ailleurs expliquée tout à l'heure.
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
Nous voulions vous entendre le dire !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit donc non pas d'apporter moins de
renseignements, mais de clarifier et de simplifier le dossier-guide tel qu'il
se présente actuellement, et d'apporter un autre document en complément.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 4.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Si j'ai bien compris la position de Mme le secrétaire d'Etat, elle souhaite
faire figurer dans un document complémentaire les éléments qui ont été
supprimés à l'article 3
bis.
Il y aurait donc un décalage dans le temps
entre le moment où l'on remettrait le dossier-guide et celui où l'on donnerait
ce document complémentaire.
(Mme le secrétaire d'Etat fait un signe de
dénégation.)
Alors, je n'ai pas compris !
Je ne vois pas pourquoi on refuserait de fournir des éléments d'information
essentiels, notamment ceux auxquels a fait allusion tout à l'heure M. le
rapporteur. Ils constituent le moyen, pour la collectivité, de montrer sa
sollicitude à l'égard de la personne en difficulté et ce qu'elle peut lui
apporter pour essayer, dans le domaine qui est le sien, de répondre à son souci
et d'éviter peut-être qu'elle ne soit angoissée, prise de panique et contrainte
à faire un choix qu'elle regretterait par la suite. Refuser cela - je l'ai dit
à la tribune lors de la discussion générale - c'est de la non-assistance à
personne en danger !
(Protestations sur les travées socialistes et sur
celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
La collectivité a des moyens pour essayer, précisément, de répondre aux
problèmes des femmes en difficulté. Si l'on ne porte pas à la connaissance de
l'intéressée l'existence de ces moyens, on laisse la femme dans sa triste et
pénible situation.
(Exclamations sur les travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
Mme Claire-Lise Campion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Campion.
Mme Claire-Lise Campion.
Nous nous opposons à la suppression de cet article 3
bis.
M. Hilaire Flandre.
Bien sûr !
Mme Claire-Lise Campion.
L'amélioration apportée et votée par l'Assemblée nationale a un double
objectif.
Il s'agit, d'une part, de permettre que la femme obtienne, lors de l'entretien
préalable, une information objective, claire, impartiale...
M. Hilaire Flandre.
Vous ne manquez pas de culot !
Mme Claire-Lise Campion.
... ne devant susciter aucune pression à but dissuasif de quelque ordre que ce
soit.
Il s'agit, d'autre part, comme l'a dit Mme le secrétaire d'Etat, de la volonté
de vider le dossier-guide de tout élément susceptible de culpabiliser la
femme,...
M. Hilaire Flandre.
Tu parles !
Mme Claire-Lise Campion.
... ce document ne devant contenir que des informations relatives à l'IVG, au
cadre législatif, aux établissements et organismes habilités à accompagner et à
aider les femmes, si elles en ressentent la nécessité.
N'oublions pas que tant l'entretien préalable que le dossier-guide ont été
instaurés en 1975 afin de dissuader la femme d'avorter...
M. Hilaire Flandre.
C'est complètement ridicule !
Mme Claire-Lise Campion.
... « en vue notamment de lui permettre de garder l'enfant ».
M. Jean-Louis Lorrain.
C'est faux !
Mme Claire-Lise Campion.
Il serait regrettable d'opérer un retour en arrière qui, une fois de plus,
déjugerait les femmes.
(Applaudissements sur les travées
socialistes.)
M. Claude Huriet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet.
Je n'ai pas bien compris, dans la deuxième réponse de Mme le secrétaire
d'Etat, comment on pouvait satisfaire au désir de simplifier un document en
formulant des propositions dans deux documents distincts. Sur ce point, j'avoue
que votre réponse, madame le secrétaire d'Etat, manque quelque peu de
clarté.
Je souhaite également vous signaler, chers collègues, vous qui, voilà quelque
temps, vous êtes prévalus d'avoir voté, en 1975, la loi Veil, que vous êtes peu
à peu amenés à la remettre profondément en cause. Si nous suivions vos
propositions, les fondements mêmes de la loi Veil seraient insidieusement
détruits,...
M. Raymond Courrière.
Améliorés !
M. Claude Huriet.
... notamment au travers du refus de faire désormais référence aux situations
de détresse. C'est pourtant l'un des éléments essentiels qui avait déterminé
une majorité à voter la loi de 1975. Vous supprimez cette référence à l'état de
détresse des femmes, vous supprimez des mesures importantes et positives qui
constituent non pas une sorte de menace de sanction, mais une information
proposée aux femmes.
M. Raymond Courrière.
Vous revenez en arrière !
M. Claude Huriet.
Je voudrais que vous vous exprimiez clairement sur le fait de savoir si, en
privilégiant l'intérêt de la femme et son droit à l'avortement, vous ne faites
pas totalement l'impasse sur l'enfant à naître. Autrement dit, au travers du
refus d'inscrire dans le document des éléments d'information, aussi neutres que
possible, vous remettez en cause la possibilité de donner à la femme des
éclaircissements sur les possibilités qu'elle a de garder l'enfant, si elle le
souhaite, et non pas de se sentir contrainte à l'interruption volontaire de
grossesse pour des raisons sociales ou matérielles.
(Exclamations sur les travées socialistes.)
C'est l'objet même du
document d'information que vous remettez en cause,...
M. Raymond Courrière.
C'est son enfant !
M. Claude Huriet.
... comme vous remettez en cause, bien sûr - et nous en parlerons tout à
l'heure - le caractère obligatoire de l'entretien préalable.
Vous supprimiez la référence à l'état de détresse, vous contestez le contenu
du livret d'information, aussi objectif soit-il, et vous supprimez aussi le
caractère obligatoire de l'entretien préalable. Mes chers collègues, vous qui
avez voté, en 1975, la loi Veil, vous serez incapables, à l'issue du débat, de
reconnaître le texte sur lequel vous vous étiez alors prononcés.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. Raymond Courrière.
Il faut tout de même un peu l'améliorer !
M. Hilaire Flandre.
Drôle d'amélioration !
M. Claude Huriet.
Il fallait y penser, depuis vingt-cinq ans.
M. Patrick Lassourd.
Qu'avez-vous amélioré ?
M. Guy Fischer.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Cette discussion, qui intervient après la suppression de l'article 2, montre
bien que nous sommes au coeur d'un débat qui, malheureusement, nous divise.
Il semblerait, et Claude Huriet vient d'y faire allusion, que la loi Veil,
adoptée en 1975, soit désormais irréversible et que l'on ne puisse pas admettre
que des modifications de comportement et de modes de pensée soient intervenues
dans le quart de siècle qui vient de s'écouler,...
Mme Hélène Luc.
Exactement !
M. Guy Fischer.
... modifications qui justifient le débat que nous avons aujourd'hui.
Nous nous opposons d'une manière très claire à la suppression de l'article 3
bis.
En effet, s'agissant des 320 000 femmes qui, chaque année, décident
de recourir à l'interruption volontaire de grossesse, nous sommes convaincus
que, la plupart du temps, leur décision est déjà irrévocable.
Mme Hélène Luc.
Absolument, et vous le savez bien !
M. Guy Fischer.
La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quel type d'information vous
voulez donner. S'agit-il de culpabiliser la femme ?
M. Jean Chérioux.
Il s'agit de l'aider, pas de la culpabiliser !
M. Guy Fischer.
Nous devons dépasser cela ! Au travers de l'information - je vais vous faire
un procès d'intention - vous voulez, d'une manière ou d'une autre, faire
pression sur la femme pour la dissuader d'avorter...
M. Jean Chérioux.
Et vous, vous voulez la pousser à avorter ! Vous trouvez que c'est mieux ?
M. Patrick Lassourd.
Il faut leur permettre d'exercer leur libre arbitre !
M. Guy Fischer.
On ne peut pas, aujourd'hui, contraindre les femmes qui connaisssent des
difficultés à poursuivre leur grossesse. Cela risque de les conduire à
abandonner leur enfant. Pour notre part, nous prenons nos responsabilités et
nous voterons cet article 3
bis. (Applaudissements sur les travées du groupe
communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes.)
M. Hilaire Flandre.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre.
Je crois que personne, dans cet hémicycle, ne peut considérer l'interruption
de grossesse, fût-elle volontaire, comme étant un progrès. C'est le constat
d'un échec de l'éducation sexuelle et de la contraception.
(M. Raymond
Courrière s'exclame.)
M. Hilaire Flandre.
C'est un drame, surtout pour les femmes qui doivent le vivre.
Mme Nicole Borvo.
Vous ne pouvez pas le savoir, vous n'êtes pas une femme !
M. Hilaire Flandre.
Bien sûr, je ne suis pas une femme !
M. Raymond Courrière.
Alors, ne jugez pas à leur place !
M. Hilaire Flandre.
Cela étant dit, on ne peut passer sous silence la situation de détresse dans
laquelle se trouvent un certain nombre de femmes. La loi Veil a représenté un
moyen de mettre fin à cette détresse.
Aujourd'hui, on nous suggère de prolonger le délai légal de l'IVG et de
limiter l'information aux femmes aux seuls aspects spécifiques de
l'intervention. Il ne leur sera pas donné communication de l'ensemble des
éléments qui leur permettraient de prendre leur décision en toute connaissance
de cause.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Qu'est-ce qui vous permet de dire cela ?
M. Hilaire Flandre.
C'est tout simplement le contenu de vos amendements, madame !
On se range en effet - et cela va faire plaisir à certains de nos collègues -
en deux camps : ceux qui considèrent que la vie commence dès la conception et
ceux qui estiment que, tant que l'enfant n'est pas né, il est tout simplement
un objet.
(Protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
Je n'avais pas l'intention d'intervenir dans ce débat, mais dans une société
où l'on se soucie plus de la vie des oiseaux, de la disparition d'un certain
nombre de mammifères, des animaux en détresse, que de la vie des enfants, on
commet un crime contre son propre avenir.
(Exclamations sur les travées
socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et
citoyen.)
Mme Nicole Borvo.
Comment pouvez-vous dire cela !
M. Hilaire Flandre.
J'ajouterai que si la loi, telle que vous la voulez, avait existé à l'époque
où vous-mêmes avez été conçus, certains d'entre vous ne seraient peut-être même
pas là pour discuter.
(Rires et exclamations sur les mêmes travées.)
Mme Nicole Borvo.
Vous non plus !
Mme Hélène Luc.
Je peux vous dire que, par rapport à 1975, il n'y a pas beaucoup de progrès
dans cette assemblée !
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
On revient toujours à la loi Veil. Vous l'avez dit vous-mêmes, la loi Veil a
été votée dans un cadre de majorité conservatrice, ou de droite, si vous
préférez. Vous avez eu un apport de voix parce qu'à gauche on a pensé qu'il
fallait progresser. Sans cet appui, cette loi n'aurait pas été adoptée.
Aujourd'hui, la majorité à l'Assemblée nationale est de gauche et,
effectivement, cela vous contrarie. Mais la liberté de la femme doit progresser
!
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
Ce qui vous contrarie, c'est que la majorité
du Sénat ne soit pas de gauche !
M. Patrick Lassourd.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Le débat à cet instant me paraît assez curieux car, à mon sens, il ne
correspond pas du tout à ce que nous avons dit hier soir. Pardonnez-moi de le
répéter, mais hier, dans la discussion générale, nous avons assisté à des
interventions très mesurées, où chacun s'est exprimé en conscience. Il me
souvient que nous avons beaucoup parlé de la souffrance des femmes, même s'il
ne faut pas exagérer, car il y a sans doute des situations où cela ne se passe
pas trop mal. Nous avons également beaucoup parlé de l'information et de
l'exercice du libre arbitre.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Effectivement !
M. Patrick Lassourd.
Le libre arbitre ne peut s'exercer qu'avec une information complète des gens.
Comment voulez-vous qu'une femme qui se trouve dans une situation difficile -
je pense notamment à l'adolescente dont la famille, culturellement, ne peut pas
accepter la situation, et qui est sans doute un peu déprimée - puisse exercer
son libre arbitre si nous ne participons pas à l'information dont elle a besoin
pour l'exercer ?
Je ne comprends pas cette opposition systématique sur un point qui me paraît
fondamental. C'est la première observation que je voulais faire.
J'en viens à la seconde observation, puisque l'on évoque, à ce point de notre
débat, des principes généraux. Monsieur le ministre, hier, dans mon
intervention, j'ai évoqué la nécessité de créer un statut juridique de
l'embryon. Les lois relatives à la bioéthique vont devoir être révisées,
notamment en raison des problèmes que pose actuellement le clonage. Il faudra
probablement légiférer « à froid », avant l'examen des lois sur la bioéthique,
sur la création d'un statut juridique de l'embryon. En effet, tout le monde
parle du droit des femmes à donner ou non la vie, mais personne ne défend
actuellement l'embryon, son droit de naître et d'exister. J'aimerais bien,
monsieur le ministre - vous ne vous êtes pas exprimé sur ce point hier - vous
entendre sur ce sujet.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 3
bis
est supprimé et l'amendement n° 60 n'a
plus d'objet.
Article 4