SEANCE DU 4 AVRIL 2001
M. le président.
Par amendement n° 232, M. Poniatowski et les membres du groupe des
Républicains et Indépendants proposent de compléter le premier alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 4 du code forestier par une phrase
ainsi rédigée : « Elles portent sur la politique de mise en valeur économique,
écologique et sociale des forêts ainsi que sur le développement du secteur
économique qui en exploite et transforme les produits. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski.
Cet amendement tend simplement à reprendre la définition de l'objet des
orientations régionales forestières.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François,
rapporteur.
Il s'agit d'une précision inutile, puisque l'article L. 4
prévoit que les orientations régionales forestières traduisent les principes
définis à l'article L. 1er, qui détaille tous les objectifs de la politique
forestière. Cette mesure alourdirait le texte.
En conséquence, et dans le même esprit de simplification que M. Raffarin, je
demande à M. Poniatowski de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Même avis !
M. le président.
Monsieur Poniatowski, l'amendement est-il maintenu ?
M. Ladislas Poniatowski.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 232 est retiré.
Par amendement n° 231 rectifié, M. Poniatowski et les membres du groupe des
Républicains et Indépendants proposent de compléter le premier alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 4 du code forestier par une phrase
ainsi rédigée : « Sont consultés pour avis les représentants des départements
et un représentant des communes forestières. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski.
La définition des orientations régionales forestières ne peut faire l'impasse
ni sur l'avis des représentants des départements et des communes concernées ni
sur celui des organisations représentatives des usagers de la forêt puisque
chacun d'eux sera conduit à connaître, d'une manière ou d'une autre, les
conséquences de ces choix.
Comme il s'agit là de simples avis, ceux-ci n'interfèrent en rien avec les
objectifs ou les orientations régionales. En revanche, ils constituent un plus
dans le cadre d'une procédure de concertation et de cohésion. Demandons l'avis
avant plutôt que d'imposer après !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Avant de répondre à M.
Poniatowski, je souhaite interroger M. Raffarin, dont je profite abusivement de
la présence : lorsqu'on prévoit de consulter l'échelon régional ne prévoit-on
pas, de fait, que cet échelon régional consultera les départements et les
communes concernés ?
(Sourires.)
Plusieurs sénateurs des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.
Non !
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Ce n'est pas M. Raffarin qui a
répondu !
(Sourires.)
Je ne veux pas alourdir le texte avec cette consultation, à la fois pour la
première raison que j'évoquais au travers de ma question à M. Raffarin et parce
que l'approche de la politique forestière est régionale. C'est pourquoi nous
avons prévu cette consultation à l'échelon régional. Multiplier les
consultations c'est alourdir les démarches. Mais je reconnais la pertinence de
ce que disait M. Poniatowski.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 231 rectifié.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je tiens à remercier M. le ministre de sa sollicitude pour les régions. J'y
suis très sensible, car nous n'y sommes guère habitués. Je souligne donc ce
geste important.
Je crois vraiment que région et département sont complémentaires. Autant la
dimension régionale est importante quand il s'agit de contractualisation et de
programmation, autant le département a toute sa place quand il s'agit de
gestion de proximité et de maîtrise d'ouvrage.
Je pense donc que, dans l'avenir, il faudra mieux répartir les rôles
respectifs des uns et des autres.
M. Yann Gaillard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard.
Je ne peux que faire mienne l'argumentation de M. Poniatowski, s'agissant non
pas des départements - je laisse ce point à M. Raffarin ! - mais des communes
forestières.
M. Ladislas Poniatowski.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski.
Monsieur le ministre, nous avons évoqué tout à l'heure la question des massifs
forestiers au regard de l'ensemble de la forêt. Le fait de raisonner par
massifs forestiers est logique, puisque c'est ainsi que se présente la
situation sur le terrain. Ces massifs forestiers ont très souvent une dimension
départementale, voire simplement intercommunale, et je pense donc qu'il était
important de faire référence aux collectivités territoriales dans le texte.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets au voix l'amendement n° 231 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 12, M. François, au nom de la commission des affaires
économiques, propose de compléter,
in fine
, le deuxième alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 4 à insérer dans le code forestier
par la phrase suivante : « Ces directives et ces schémas sont consultables par
le public. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François,
rapporteur.
L'article L. 4 du code forestier décrit l'architecture
régionale qui prévaut pour l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique
régionale. Il vous est proposé, mes chers collègues, de prévoir que ces
documents d'orientation pourront être consultés par le public. L'Assemblée
nationale, dans un souci de plus grande transparence, a adopté, sur proposition
du Gouvernement, une disposition similaire, mais en l'insérant au dernier
alinéa de l'article L. 6, alors que celui-ci traite exclusivement des documents
de gestion, qu'il s'agisse de documents d'aménagement pour les forêts relevant
du régime forestier ou des plans simples de gestion pour les forêts privées.
En outre, l'Assemblée nationale a également prévu d'autoriser la consultation
des documents d'aménagement des forêts relevant du régime forestier, qu'il
s'agisse des forêts domaniales ou de celles qui appartiennent aux
collectivités. Or il s'agit de documents de gestion comportant un certain
nombre d'informations d'ordre privé, et ce même s'il s'agit de forêts relevant
du régime forestier.
Il semble plus raisonnable, en tout état de cause, de prévoir tout en faisant
nôtre bien entendu le souci de transparence et d'information du public de nos
collègues députés, de prévoir la consultation des seuls documents d'orientation
définis au deuxième alinéa de l'article L. 4 du code forestier. C'est une
question de prudence.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Je pourrais être favorable à
l'amendement déposé par M. le rapporteur si j'étais sûr qu'il ne préparait pas
l'adoption de l'amendement n° 16, lequel prévoit le retrait de la liste des
documents consultables par le public des documents d'aménagement des forêts
relevant de l'article L. 111 du code forestier.
En effet, c'est la conjonction de ces deux amendements qui ne me convient pas,
et je suis par conséquent contraint de préconiser le rejet de l'amendement n°
12. Mais je crois que M. le rapporteur comprend très bien ce que je veux dire !
(M. le rapporteur sourit.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 177 rectifié, MM. Pintat, César, Cazalet, Althapé, Darcos,
Doublet, de Richemont et Valade proposent de compléter le texte présenté par
l'article 1er pour l'article L. 4 du code forestier par un alinéa ainsi rédigé
:
« La composition de la commission régionale de la forêt et des produits
forestiers doit tenir compte de la représentation de la surface des forêts
privées dans la région et prévoir au minimum un nombre de sièges équivalent
entre les représentants des propriétaires forestiers privés et ceux de la
filière de transformation du bois. »
La parole est à M. Pintat.
M. Xavier Pintat.
Cet amendement vise la composition des commissions régionales de la forêt et
des produits forestiers, qui sera déterminée par décret.
Les propriétaires forestiers s'y trouveront très nettement minoritaires, or
cette situation est anormale, s'agissant d'une commission régionale, d'abord
parce que la forêt privée peut représenter de 60 % à 80 % de la surface totale,
ensuite parce que l'affirmation de la multifonctionnalité de la forêt
entraînera, pour les propriétaires privés, toute une série d'obligations
nouvelles.
M. Hilaire Flandre.
Eh oui !
M. Xavier Pintat.
En conséquence, je propose que la composition des commissions régionales
tienne compte de la surface des forêts privées et que, au minimum, un nombre de
sièges équivalent soit accordé aux représentants des propriétaires forestiers
privés et à ceux de la filière de transformation des bois.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François,
rapporteur.
Je souhaiterais connaître l'avis du Gouvernement, monsieur le
président, mais en tout état de cause la commission s'en remet à la sagesse du
Sénat sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Cet amendement vise à garantir
le contrôle de la majorité des sièges des commissions régionales de la forêt et
des produits forestiers par les représentants des propriétaires forestiers
privés.
MM. Xavier Pintat, Gérard César et Hilaire Flandre.
On ne demande pas la majorité, on demande la parité !
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Cela ne change rien à mon
raisonnement.
(Sourires.)
Ces commissions sont une enceinte de concertation de la filière et aucun
partenaire impliqué dans la mise en oeuvre de la politique forestière n'en est
a priori
écarté. Elles ne sont pas amenées à donner des avis conformes à
l'administration, et les préfets ont d'ailleurs toujours montré leur souci de
respecter les analyses des propriétaires forestiers, en particulier privés.
Par conséquent, je trouve assez surprenant, au fond, que les propriétaires
forestiers privés revendiquent la parité, contre tous les autres partenaires,
si j'ose dire, en oubliant ces autres propriétaires que sont, par exemple, les
communes forestières et l'Etat.
Cela étant, je n'écarte pas l'hypothèse de réviser par décret la composition
et les modalités de travail de ces commissions régionales pour introduire, par
exemple, un fonctionnement par collèges, mais je crois que cela ne relève pas
de la loi et je suis donc opposé à la précision législative faisant l'objet de
cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 177 rectifié.
M. Yann Gaillard.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard.
Je suis très séduit par l'argumentation de M. le ministre : il ne faut en
effet pas alourdir la loi, et la question soulevée pourra très bien être réglée
par décret.
M. Gérard César.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
C'est non pas parce que je suis cosignataire de l'amendement que je le
défends, mais parce que je trouve tout à fait justes les arguments de M.
Pintat, compte tenu de la spécificité de la forêt d'Aquitaine. Il s'agit en
effet du plus grand massif forestier de France, qui s'étend sur les
départements des Landes et de la Gironde, et je trouve normal que les
propriétaires forestiers privés siègent à parité - il ne s'agit pas de leur
accorder la majorité, monsieur le ministre - au sein de la commission régionale
de la forêt et des produits forestiers. C'est le décret qui devra prévoir, dans
les régions, un nombre relativement important de sièges pour les représentants
des propriétaires forestiers privés, nombre qui pourrait permettre d'atteindre
la parité.
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Je souhaite vraiment répondre à
M. César. Je connais, moi aussi, la spécificité du massif d'Aquitaine, mais
nous préparons une loi pour l'ensemble de la nation, et non pas une « loi
Aquitaine » ! Il convient donc d'agir par la voie réglementaire plutôt que par
la voie législative.
M. Gérard César.
J'ai bien parlé de décret, monsieur le ministre !
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Par conséquent, vous retirez
l'amendement ?
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 177 rectifié, repoussé par le Gouvernement et
pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 4 du code
forestier.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 5 DU CODE FORESTIER