SEANCE DU 5 AVRIL 2001
M. le président.
La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade.
Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur, mais c'est bien
volontiers que je la pose à Mme la ministre de la jeunesse et des sports.
Ma question est simple : comment peut-on vouloir lutter contre la violence à
l'école et dans la rue si on laisse se développer la violence dans les stades,
notamment lors des matchs de football, et plus particulièrement au Parc des
Princes ?
Outre les nuisances causées aux riverains, outre les conséquences pour les
contribuables, certains comportements dénaturent l'image du sport dans notre
pays et sont un très mauvais exemple pour les jeunes.
Il ne fait aucun doute que la législation existante pour tenter de lutter
contre cette violence n'est pas suffisante.
D'une part, la loi d'orientation et de programmation relative à la sécurité du
21 janvier 1995 ne traite pas de la responsabilité pécuniaire des organisateurs
de rencontres sportives. L'article 23 de cette loi met seulement à la charge de
l'organisateur les dépenses relatives à la mise en place par la police ou la
gendarmerie nationale de moyens excédant les obligations normales de la
puissance publique en matière de maintien de l'ordre.
Il est incompréhensible que l'on ne puisse pas engager la responsabilité des
clubs, qui sont des sociétés privées et qui ont la personnalité morale, pour
des actes commis sur la voie publique par des casseurs à l'issue de matchs de
football qu'ils ont organisés.
D'autre part, la loi du 6 mars 1998 relative à l'organisation et à la
promotion des activités sportives, que vous avez défendue, madame la ministre,
permet seulement au juge pénal d'interdire l'accès des enceintes sportives à
titre de peine complémentaire de certaines sanctions pénales. L'interdiction ne
vise donc, et c'est naturel, que les personnes déjà condamnées.
Dans ce contexte, je vous demande, madame la ministre, quelles sont les
intentions du Gouvernement pour renforcer des dispositions pénales et
pécuniaires manifestement insuffisantes et quelle est la nature et l'étendue
des mesures préventives prises par le Gouvernement pour éviter les débordements
qui s'annoncent pour les prochains matchs.
(Applaudissements sur les travées
du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet,
ministre de la jeunesse et des sports.
Monsieur le sénateur, cette
violence qui, après avoir régné dans des cités et dans des écoles, pénètre
aujourd'hui dans les stades, m'inquiète autant que vous.
Après qu'ils ont vu à la télévision une telle violence se déchaîner dans les
gradins ou même sur le terrain, il est difficile d'expliquer à des cadets ou à
des minimes qu'ils doivent respecter les arbitres et les joueurs de l'équipe
adverse lors de matchs amateurs.
Vous l'avez dit, nous disposons d'un arsenal législatif. Nous pouvons, certes,
toujours travailler à son renforcement, mais, avec la loi de mars 1998 qui
avait été lancée par Mme Alliot-Marie et que j'ai renforcée, si les clubs
portent plainte, nous disposons de mesures législatives pour faire en sorte que
ces individus que je n'ose pas qualifier de supporters, qui utilisent le sport
pour faire passer des messages de haine, de xénophobie et de violence, soient
exclus définitivement des enceintes sportives.
Nous devons également alerter l'opinion et les dirigeants des clubs. C'est
pourquoi nous allons lancer de vastes campagnes.
La première s'adressera au milieu professionnel, notamment lors d'une grande
émission télévisée qui traite du football pendant le week-end. De très nombreux
footballeurs professionnels vont s'impliquer.
La deuxième s'adressera plus particulièrement aux sportifs amateurs. A cet
égard, avec M. Daniel Vaillant, nous allons généraliser le dispositif que nous
avons d'abord mis en place dans le département de la Seine-Saint-Denis et qui
nous a permis de faire baisser de 42 % les actes de violence.
En étroite coopération, un officier de police référent et les milieux sportifs
déterminent les matchs à risques et y affectent les forces nécessaires à une
bonne prévention.
Dorénavant, vingt-six départements bénéficieront de ce dispositif et nous
avons mis en place une commission nationale de suivi et d'évaluation, qui nous
permettra, si nécessaire, d'améliorer la loi afin que nous puissions lutter
plus efficacement contre la violence.
Au mois de juin, nous allons par ailleurs, avec la SNCF et la RATP, qui
souffrent elles-mêmes du développement de la violence, lancer une très grande
campagne de prévention en direction des jeunes, des éducateurs et des
dirigeants.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe
communiste, républicain et citoyen et sur certaines travées du RDSE.)
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