SEANCE DU 2 MAI 2001
M. le président.
« Art. 41. - I. - Les articles L. 335-5 et L. 335-6 du code de l'éducation
sont ainsi rédigés :
«
Art. L. 335-5
. - I. - Les diplômes ou les titres à finalité
professionnelle sont acquis par les voies scolaire et universitaire, par
l'apprentissage, par la formation professionnelle continue ou, en tout ou en
partie, par la validation des acquis de l'expérience.
« La validation des acquis produit les mêmes effets que les autres modes de
contrôle des connaissances et aptitudes.
« Peuvent être prises en compte, au titre de la validation, l'ensemble des
compétences professionnelles acquises, pendant une durée d'au moins trois ans,
dans l'exercice d'une activité, rémunérée ou bénévole, en rapport direct avec
le contenu du diplôme ou du titre.
« Le jury peut attribuer la totalité du diplôme ou du titre. A défaut, il se
prononce sur l'étendue de la validation et, en cas de validation partielle, sur
la nature des connaissances et aptitudes devant faire l'objet d'un contrôle
complémentaire.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application des
dispositions des troisième et quatrième alinéas précédents, et notamment les
règles selon lesquelles le jury est constitué et qui concourent à une
représentation équilibrée entre les femmes et les hommes. Il peut fixer les
contrôles complémentaires prévus au quatrième alinéa. Il détermine également
les conditions dans lesquelles il peut être dérogé aux dispositions du premier
alinéa, pour des raisons tenant à la nature des diplômes ou titres en cause ou
aux conditions d'exercice des professions auxquelles ils permettent
d'accéder.
« II. - Le jury d'un diplôme ou d'un titre à finalité professionnelle délivré
au nom de l'Etat peut dispenser un candidat désirant l'acquérir des titres ou
diplômes requis pour le préparer, en fonction de la prise en compte des acquis
de l'expérience professionnelle.
«
Art. L. 335-6
. - I. - Les diplômes et titres à finalité
professionnelle délivrés au nom de l'Etat sont créés par décret et organisés
par arrêté des ministres compétents, sans préjudice des dispositions des
articles L. 331-1, L. 335-14, L. 613-1 et L. 641-4 du présent code et L. 811-2
et L. 813-2 du code rural.
« II. - Il est créé un répertoire national des certifications
professionnelles. Les diplômes et les titres à finalité professionnelle y sont
classés par domaine d'activité et par niveau.
« Ceux qui sont délivrés au nom de l'Etat et créés après avis d'instances
consultatives associant les organisations représentatives d'employeurs et de
salariés sont enregistrés de droit dans ce répertoire.
« Les autres diplômes et titres délivrés au nom de l'Etat, les diplômes et
titres délivrés par d'autres personnes morales ainsi que les qualifications
figurant sur une liste établie par la commission paritaire nationale de
l'emploi d'une branche professionnelle peuvent y être enregistrés, après avis
de la Commission nationale de la certification professionnelle.
« La Commission nationale de la certification professionnelle, placée auprès
du Premier ministre, établit et actualise le répertoire national des
certifications professionnelles. Elle veille au renouvellement et à
l'adaptation des diplômes et titres à l'évolution des qualifications et de
l'organisation du travail.
« Elle émet des recommandations à l'attention des institutions délivrant des
diplômes, des titres à finalité professionnelle ou des qualifications figurant
sur une liste établie par la commission paritaire nationale de l'emploi d'une
branche professionnelle ; en vue d'assurer l'information des particuliers et
des entreprises, elle leur signale notamment les éventuelles correspondances
totales ou partielles entre les certifications enregistrées dans le répertoire
national, ainsi qu'entre ces dernières et d'autres certifications, notamment
européennes.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'enregistrement des
diplômes et titres dans le répertoire national ainsi que la composition et les
attributions de la commission. »
« II. - Les titres ou diplômes inscrits sur la liste d'homologation prévue par
la réglementation en vigueur à la date de promulgation de la présente loi sont
enregistrés de droit dans le répertoire national des certifications
professionnelles prévu à l'article L. 335-6 du code de l'éducation pour leur
durée restante de validité au titre de ladite réglementation. »
Par amendement n° 134, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, dans le premier alinéa du I du texte présenté par le I de
cet article pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, de remplacer les
mots : « sont acquis » par les mots : « sont obtenus ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 134, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 263, Mme Dieulangard, MM. Cazeau, Chabroux, Mme Printz et
les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le premier
alinéa du I du texte présenté par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-5
du code de l'éducation, après les mots : « des acquis », d'insérer les mots : «
professionnels et ».
Cet amendement est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 135, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose :
A. - Dans le troisième alinéa du I du texte présenté par le I de l'article 41
pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, de supprimer les mots : « ,
pendant une durée d'au moins trois ans, ».
B. - De compléter le même alinéa par deux phrases ainsi rédigées : « La durée
minimale d'activité requise est déterminée, pour chaque diplôme ou titre à
finalité professionnelle, par l'autorité qui le délivre. Elle ne peut être
inférieure à trois ans. »
Par amendement n° 193, M. Legendre, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le troisième alinéa du I du texte présenté par le I
de l'article 41 pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, de remplacer
les mots : « trois ans » par les mots : « cinq ans ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 135.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement vise à préciser la durée d'activité minimale
ouvrant droit à validation.
Il reprend la condition de durée minimale d'activité de trois ans prévue dans
le projet de loi, contre cinq ans actuellement, mais autorise toutefois
l'autorité délivrant le diplôme ou le titre à moduler cette durée pour prendre
en compte les spécificités du titre envisagé. On imagine mal, en effet, que
certains titres très techniques puissent être validés après trois années
d'expérience professionnelle alors que la durée de la formation initiale est de
cinq ans !
Si le projet de loi doit donc être très explicite sur ce point pour ne pas
entretenir de faux espoirs, il est cependant difficile, pour des raisons tenant
à la nature des diplômes, de préciser dans la loi que la durée d'activité
requise pour bénéficier d'une validation est au moins égale à la durée de
préparation du diplôme en formation initiale. Cet amendement renvoie par
conséquent à la responsabilité des autorités délivrant le diplôme, mais la
motivation qui le sous-tend est claire : il s'agit tout à la fois d'adapter les
dispositions du projet de loi à la réalité et de garantir la qualité de la
validation.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n°
193.
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
La commission des affaires culturelles considère
que la durée minimale de trois ans retenue par le Gouvernement pour la
validation des acquis de l'expérience est trop courte et qu'elle risque d'avoir
pour conséquence - même si ce n'est évidemment pas l'objectif recherché - de
favoriser la sortie précoce des lycéens professionnels en cours d'études du
dispositif de formation initiale.
Alors que l'enseignement professionnel, qui conduit ces élèves au CAP, au BEP,
au baccalauréat professionnel, souffre aujourd'hui d'une certaine désaffection
et que se multiplient les sorties du système éducatif à l'occasion des stages
obligatoires en entreprise - qui constituent la particularité de ces diplômes -
du fait de la pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs, il ne faudrait
pas qu'un dispositif trop souple de validation de l'expérience incite encore
davantage de jeunes à quitter précocement le système scolaire.
Il pourrait en effet être tentant pour un jeune d'acquérir un diplôme
équivalent à celui qui est obtenu dans le cadre de la formation en alternance
sous statut scolaire en lycée professionnel ou sous contrat de travail en
apprentissage, en se contentant de valider une courte expérience de trois ans
en entreprise, qui ne saurait lui apporter le minimum de culture générale et
une formation professionnelle diversifiée comme celle qui est dispensée lors
des stages.
Je rappellerai en outre que la durée de l'expérience professionnelle
susceptible d'être validée dans le système de 1992, qui était de cinq ans,
avait même été jugée trop courte par certains - je pense aux représentants des
chambres de métier.
D'autres estiment que la durée de l'expérience ne devrait pas être inférieure
à la période nécessaire pour obtenir un diplôme en formation initiale. Dans ce
cas, quel point de départ retenir ? Combien d'années faut-il pour obtenir un
baccalauréat professionnel ou un BTS ? Il me paraît dangereux d'aligner la
durée de l'expérience susceptible d'être validée sur celle du nombre d'années
nécessaires pour obtenir un diplôme en formation initiale. De nombreux élèves
risquent de faire le choix de la facilité en abandonnant le lycée en cours
d'études tout en étant assurés d'obtenir le même diplôme avec de moindres
efforts.
On ne fera croire à personne que les acquis sont les mêmes pour un jeune qui
passe trois ans en entreprise que pour celui qui passe trois ans en
apprentissage ou en lycée professionnel.
Je crois qu'un écart doit être maintenu entre la durée de l'expérience requise
et la durée des études initiales nécessaires pour obtenir un diplôme. A cet
égard, une différence de deux ans paraît raisonnable.
La commission des affaires culturelles estime ainsi qu'une durée minimale de
cinq ans pour une expérience susceptible d'être validée et permettant d'obtenir
un titre ou un diplôme est plus lisible qu'une durée d'activité qui serait
modulée par l'autorité délivrant ce titre ou ce diplôme. Elle n'inciterait pas
les jeunes à quitter précocement le système scolaire. Elle ne pénaliserait en
rien les salariés qui peuvent justifier souvent de longues années d'expérience
professionnelle.
Enfin, une durée d'expérience suffisamment longue apparaît nécessaire du fait
que les activités autres que professionnelles, c'est-à-dire personnelles,
bénévoles et associatives, qui seront nécessairement plus délicates à
décompter, sont susceptibles d'être validées.
Mes chers collègues, il m'a été donné, voilà vingt ans, alors que l'exerçais
des fonctions ministérielles, de présenter la première loi relative à la
formation en alternance : c'est bien parce que je voulais que soit pris en
compte l'expérience, qui est tout à fait nécessaire pour entrer dans la vie
professionnelle dans de bonnes conditions. Cependant, s'il est nécessaire
d'avoir une première expérience professionelle pour obtenir une qualification
attestée, on ne peut pas réduire la formation à la seule expérience
professionnelle acquise ; il y faut un complément de formation, qui permettra
ensuite les reprises de formation tout au long de la vie, car telle est bien la
conception moderne en cette matière.
Voilà pourquoi je me permets d'insister sur l'importance de cet amendement. La
validation des acquis est une bonne idée, à laquelle je souscris totalement et
sans réticence, mais il ne faut pas qu'une bonne idée, par comparaison avec
d'autres systèmes, incite éventuellement certaines personnes à entrer dans la
vie professionnelle sans avoir acquis la formation de base nécessaire qui
permettra la reconversion et l'évolution tout au long de la vie.
(M.
Gouteyron applaudit.)
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 135 et 193 ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Si j'ai été jusqu'à présent brève et synthétique dans
mes propos, nous en arrivons maintenant à un point extrêmement important qui
m'amènera à prendre plus longuement la parole. Je prie par avance le Sénat de
bien vouloir m'en excuser.
Les aspects novateurs de la validation des acquis de l'expérience comportent
en effet l'instauraiton d'un délai de trois ans, alors que, dans une première
étape correspondant à la loi de 1992, la validation des acquis professionnels
exigeait une expérience de cinq années.
Ce délai de trois ans représente un minimum, et je vous demande à cet égard,
mesdames, messieurs les sénateurs, de bien vouloir vous reporter au texte du
projet de loi : il faut justifier d'au moins trois ans d'expérience. Cela
semble indispensable pour beaucoup de femmes et d'hommes qui ne s'adressent pas
forcément à l'éducation nationale, mais se tournent aussi par exemple vers les
ministères de l'emploi et de la solidarité, de la jeunesse et des sports ou de
l'agriculture et de la forêt, lesquels ont fortement insisté pour que le délai
de cinq ans soit ramené à trois ans.
Au long de deux années de discussion et de quarante-sept réunions
interministérielles, j'ai, bien sûr, écouté l'expression des préoccupations
tout à fait légitimes de l'éducation nationale concernant particulièrement les
diplômes de l'enseignement supérieur. C'est pour cette raison que nous avons
décidé que les jurys indépendants qui délivreraient, par validation des acquis,
des diplômes de l'enseignement supérieur, comporteraient majoritairement des
universitaires. Et il faut faire confiance à ces jurys indépendants où
siégeront, je le répète, une majorité d'universitaires pour apprécier si les
compétences, les qualifications, les savoirs, les savoir-faire du candidat
méritent directement l'attribution du diplôme ou s'ils nécessitent un
complément de formation. Telle est la logique de la validation des acquis de
l'expérience.
Si j'évoque en l'instant des dispositions qui figurent à l'article 42, c'est
pour montrer que nous avons eu la préoccupation légitime de prévoir des mesures
contraignantes de façon que chacun puisse avoir confiance dans la loi.
Je ne peux pas émettre un avis défavorable sur ces amendements car cela
pourrait laisser penser que je ne suis pas d'accord, par exemple, pour que ce
soit l'autorité qui délivre le diplôme qui détermine la durée de l'activité
requise. Le Gouvernement, quant à lui, souhaite inclure cette disposition dans
un décret : il pense en effet qu'elle relève de ce niveau.
Mais, madame, messieurs les sénateurs, considérez l'article 42 et toutes les
garanties qui y sont inscrites et convenez que la durée de trois ans, qui est
un minimum, constitue une garantie suffisante.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 193 ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
La commission a eu une longue discussion sur cet amendement.
Elle comprend les préoccupations qui le sous-tendent. Il est sûr qu'un
abaissement de cinq ans à trois ans de la durée minimale d'activité requise
pour accéder à la validation ne doit surtout pas déboucher sur l'obtention de
diplômes au rabais. Je crois que nous sommes tous d'accord sur ce point.
Pour autant, je crains que le maintien d'une durée de cinq ans n'apporte
qu'une solution partielle.
D'abord, l'expérience de dispositifs mis en place en 1992 montre qu'une durée
de cinq ans ne permet pas d'assurer un réel développement de la validation.
Ainsi, en près de dix ans, environ 7 000 diplômes seulement ont été obtenus par
validation.
Ensuite, une durée de cinq ans est tout aussi arbitraire qu'une durée de trois
ans. Elle ne permet pas de prendre en compte la diversité des situations, qu'il
s'agisse d'un diplôme d'enseignement professionnel ou d'un DESS - diplôme
d'études supérieures spécialisées d'université. Je pense également aux
personnes ayant travaillé à temps partiel.
Enfin et surtout, je rappelle que la validation est prononcée par des jurys
indépendants, composés de pédagogues et de professionnels compétents, que l'on
imagine mal vouloir brader les diplômes.
Telles sont les raisons pour lesquelles la commission des affaires sociales a
préféré une solution plus adaptée afin de prendre en considération la
spécificité de chaque diplôme. Elle prévoit, je l'ai dit, de laisser aux
autorités délivrant le diplôme le soin de moduler la durée requise. En tout
état de cause, cette durée ne doit pas pouvoir être inférieure ni à trois ans
ni à la durée d'études requise en formation initiale pour obtenir le
diplôme.
C'est pourquoi la commission demande à M. Legendre de bien vouloir retirer son
amendement.
M. Jean-Luc Mélenchon,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Luc Mélenchon,
ministre délégué.
Je tiens à donner mon avis sur l'amendement n° 193
présenté, au nom de la commission des affaires culturelles, par M. Legendre,
dont nous savons tous combien il connaît le dossier concerné.
Je dirai d'abord que je souscris parfaitement à la préoccupation qu'il a
exprimée, Mme Péry tout autant que moi. Que ce soit bien clair !
En particulier, monsieur le sénateur, vous avez évoqué une certaine tendance,
qui n'est le fait, fort heureusement, que de quelques éléments seulement
puisque, en règle générale, les branches patronales sont trop soucieuses du
niveau de qualification de leurs salariés pour se livrer habituellement aux
débordements auxquels on peut assister. Toutefois, il est certains que, au
cours de l'année qui vient de s'écouler, 15 000 jeunes ont quitté leur
formation qualifiante professionnelle pour aller à l'emploi.
Il est arrivé, au moins dans un département que je ne nommerai pas en cet
instant, qu'une branche patronale s'insurge contre les propos du recteur, qui
protestait contre ce que l'on appelle dans le vocabulaire de l'éducation
nationale « l'évaporation » des élèves - il en était parti 1 500 dans ce seul
département - au motif que l'éducation nationale n'avait rien à dire sur ce
sujet dans la mesure où il s'agissait de jeunes ayant dépassé l'âge de
l'obligation scolaire et, par conséquent, maîtres de leur destin. Elle
contestait en outre que ce fût un gâchis puisque la formation continue et la
validation des acquis professionnels pouvaient prendre le relais.
De tels propos irresponsables doivent être pris pour ce qu'ils sont et montrés
du doigt, ainsi que nous l'avons fait, nous comme vous, madame Bocandé,
monsieur Legendre.
Nous sommes bien d'accord sur le fond. Pour ma part, ayant en charge, du fait
de ma fonction ministérielle, les jeunes en formation professionnelle, j'estime
en conscience que la réponse de Mme Péry nous donne satisfaction.
Je tiens d'ailleurs, mesdames, messieurs les sénateurs, à attirer votre
attention sur le point suivant. Le délai de trois ans ouvre un droit, mais un
droit à validation et non un droit à enregistrement. Ce sont les jurys qui se
prononceront sur la validation, et l'on sait que, dans le domaine de la
formation et de l'enseignement professionnel, l'expertise des compétences est
extrêmement précise. On ne fera croire à personne que tel ou tel professionnel
n'a pas les qualifications requises. La composition même des jurys garantit le
sérieux de cette procédure qui, au demeurant, vous avez raison de le souligner,
n'est pas la procédure ordinaire de qualification dans ce pays. La procédure
ordinaire, c'est celle des formations qualifiantes en milieu scolaire, par
l'apprentissage, puis dans le supérieur.
Ainsi, il me semble que les réponses de Mme Péry nous apportent non seulement
des apaisements, mais des garanties tout en nous permettant d'adresser un
signal fort : après trois ans d'expérience professionnelle, il sera possible
d'accéder à un droit. Il ne s'agit pas, je le répète, d'un droit
d'enregistrement, il s'agit d'un droit de validation. Permettez-moi d'insister
sur ce point : la validation n'est pas un processus, c'est un acte. Il n'y a
pas une formation pour validation, il y a une délibération de validation. C'est
pourquoi tout ajout laissant penser qu'il y aurait une procédure conduisant de
la formation à la validation serait totalement absurde. Il faut exclure cette
idée. Sinon nous introduirons dans le texte une confusion que vous voulez
éviter.
M. le président.
L'amendement n° 193 est-il maintenu, monsieur le rapporteur pour avis ?
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
Ce débat, important, est empreint de part et
d'autre, j'en suis convaincu, de la meilleure bonne foi.
J'avoue cependant être un peu surpris, monsieur le ministre. Vous venez
d'évoquer, exemples à l'appui, les tendances inquiétantes qui se manifestent
déjà. Vous savez comme moi que très vite, quand plusieurs moyens d'accéder à la
formation professionnelle peuvent être comparés, la mauvaise monnaie ou la
moins bonne a tendance à chasser la meilleure. Ma crainte, je le répète, c'est
que, malgré les assurances que vous nous donnez, malgré le rôle des jurys que
vous avez évoqué, les personnes concernées voient avant tout la possibilité
d'obtenir tout de suite un contrat de travail à durée indéterminée. Qu'y a-t-il
de mieux et de plus rassurant actuellement qu'un contrat à durée indéterminée ?
Un salaire supplémentaire, surtout dans les familles modestes, auxquelles va ma
principale préoccupation, c'est important ! Et, lorsqu'on saura qu'en bout de
course, après quelques années, peut-être le même nombre d'années que si on
était resté au lycée ou allé en apprentissage, on pourra obtenir une
attestation de qualification professionnelle, en ces temps de manque de
main-d'oeuvre alors que les entreprises seront demandeurs, on se dira :
pourquoi ne pas accepter d'entrer dans cette voie ?
Je crains donc, malgré tous les arguments que vous nous avez présentés - et je
ne remets aucunement en cause vos intentions - que vous ne créiez une
incitation à la formation dans l'entreprise, autrement dit sur le tas. Cette
voie n'est pas déshonorante, mais elle est tout de même étroite. Elle n'est pas
de nature à favoriser ensuite la poursuite d'une vie professionnelle et à faire
face à une reconversion éventuelle en cas de changement d'entreprise ou de
changement de branche.
Voilà pourquoi je ne peux pas, au regard de ces considérations, retirer cet
amendement et voilà pourquoi je crois de mon devoir de mettre en garde, encore
aujourd'hui, contre le risque de vouloir bien faire tout en entraînant un
certain nombre de jeunes parmi les plus vulnérables, ceux qui sont issus des
milieux les moins favorisés, à arrêter trop vite la formation, qui est
nécessaire pour toute la vie.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 135.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
L'argumentation que vient de développer Jacques Legendre me paraît tout à fait
pertinente.
Lorsque, comme moi, on se préoccupe de l'avenir de nos jeunes, on doit se
poser la question suivante : qu'est-ce qui leur offrira les meilleures
garanties ? Est-ce la formation en entreprise avec une validation au bout de
trois ans d'expérience professionnelle ou est-ce le passage par un système de
formation initiale - formation initiale qui peut éventuellement prendre la
forme d'une formation en alternance, et donc être partiellement assurée au sein
de l'entreprise - débouchant sur une carrière professionnelle ? J'incline à
penser que la solution préconisee par Jacques Legendre est, à cet égard, la
meilleure.
Quel est le système qui offrira le plus de chances à nos jeunes de réussir une
carrière professionnelle ?
Nous savons qu'un jeune qui entre aujourd'hui dans la vie active risque fort
d'occuper des emplois différents dans le cours de sa vie professionnelle.
Autrement dit, ce n'est pas parce qu'il aura acquis un certificat professionnel
par la validation de son expérience dans le métier qu'il exerce à tel moment
qu'il exercera ce métier pendant toute sa vie. Et que vaudra ce certificat
lorsqu'il voudra exercer un autre métier, en particulier si c'est dans une
autre entreprise ? Il devra acquérir une autre formation dans cet autre métier,
la faire valider, etc. Un véritable parcours du combattant !
Monsieur le ministre, il est essentiel que le jury veille à ce que le jeune
ait acquis non seulement l'expérience professionnelle nécessaire pour exercer
le métier qu'il a choisi dans l'entreprise, mais également un niveau de
formation initiale lui permettant de se préparer, demain, à un autre métier. Si
l'on nous assure que l'analyse qui sera faite de la qualification de ce jeune
prendra en compte à la fois son expérience professionnelle et sa capacité à
exercer demain un autre métier, grâce à un niveau de formation initiale
suffisant, peut-être nos inquiétudes seront-elles apaisées.
A défaut, je pense que l'amendement n° 193 offre une plus grande sécurité.
C'est la raison pour laquelle, sauf à être éclairé plus amplement, je serais
enclin à suivre la position de M. Legendre, plutôt que celle de Mme Bocandé, ce
dont le membre de la commission des affaires sociales que je suis la prie de
l'excuser. Mais je crois que l'avenir des jeunes nous commande d'être prudents.
(MM. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles,
et Jean Chérioux applaudissent.)
M. Gérard Cornu.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu.
On est là vraiment au coeur du sujet. Chacun a conscience qu'il faut
absolument éviter de dévaloriser les diplômes de formation initiale. De ce
point de vue, si l'amendement n° 135 de Mme Bocandé, qui prévoit un minimum de
trois ans d'expérience professionnelle, me satisfait, je suis quand même
beaucoup plus rassuré par l'amendement n° 193 de M. Legendre, qui prévoit un
minimum de cinq ans.
N'oublions pas que, pour obtenir certains diplômes à l'issue d'une formation
initiale, il faut parfois suivre un cursus de quatre ou cinq ans, voire plus,
et cela sans rémunération. Dès lors, un minimum de cinq ans me paraît
indispensable. Peut-être même faudrait-il prévoir davantage.
En tout cas, il est essentiel de ne pas dévaloriser les diplômes de formation
initiale, et c'est pourquoi je me rallierai à l'amendement de M. Legendre.
Vous avez évoqué, madame le secrétaire d'Etat, le problème du jury. Je
présenterai tout à l'heure un sous-amendement à ce sujet. Pour ma part, je ne
crois pas à la validation par un jury. Je préfère que la validation passe par
un examen sanctionnant des connaissances techniques, comme c'est déjà
actuellement le cas.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole et à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Je regrette la façon dont le débat se déroule en séance
publique. En commission, après un long débat, je me suis efforcée de proposer
une solution de compromis entre « trois ans » et « cinq ans ». J'ai fait valoir
que, quelle que soit la durée, dès lors qu'elle serait fixée de manière rigide,
elle serait arbitraire. Dans certains cas, trois ans seraient suffisants tandis
que dans d'autres cinq ans pourraient être trop justes.
C'est pourquoi la commission des affaires sociales a proposé une solution en
quelque sorte modulée, en faisant confiance aux autorités qui vont délivrer ces
diplômes, étant entendu que ces autorités n'auront aucun intérêt à ce que les
diplômes ainsi obtenus soient bradés. C'est une solution de sagesse.
J'ai fait tout à l'heure allusion à un article paru dans un hebdomadaire qui
rappelait les conséquences de la loi actuelle. La validation des acquis
professionnels existe déjà, en effet, depuis quelque temps. Or, selon cet
hebdomadaire, seulement 4 700 salariés en ont profité en 1999, alors que 570
000 diplômes à finalité professionnelle ont été délivrés par l'éducation
nationale. Ces simples chiffres montrent que le risque qui pourrait peser sur
ces diplômes est tout de même extrêmement faible. Au demeurant, il doit être
inexistant.
La force de ce texte est effectivement d'offrir une nouvelle chance à des
personnes qui, pour différentes raisons, n'ont pas pu obtenir de qualification
diplômante initiale. On a indiqué tout à l'heure que, selon un sondage, 88 %
des personnes interrogées ont trouvé le dispositif intéressant. Cela doit nous
faire réfléchir.
Il est vrai que, compte tenu de la grande diversité des diplômes, trois ans
peuvent paraître courts dans certains cas. C'est pourquoi la commission des
affaires sociales a proposé un système faisant réellement confiance aux
autorités pour que ces diplômes ne soient surtout pas des diplômes au rabais.
Par la modulation qu'il prévoit, notre système permet d'ailleurs d'envisager
éventuellement une durée supérieure à cinq ans.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme. le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Ne perdons pas de vue, dans ce débat d'ailleurs très
intéressant, que la validation des acquis existe : ce droit date de 1992. Il ne
s'agit pas ici de revenir sur ce droit, sur cette deuxième chance que constitue
la validation des acquis de la vie d'adulte. Pour toutes celles et tous ceux
qui ont un niveau d'études inférieur au niveau 5 ou égal au CAP - soit 40 % de
la population active - c'est un droit très important.
La question est de savoir si nous sommes d'accord pour ouvrir ce droit après
un minimum de trois années d'expérience. Pour certains métiers, pour certains
diplômes, ce sera possible. En tout cas, c'est ce qu'ont décidé les ministères
de l'agriculture, de la jeunesse et des sports et de l'emploi. J'ai dit tout à
l'heure que, pour certains diplômes, qui ne peuvent être obtenus qu'après de
longues années d'études, des garanties supplémentaires seront nécessaires. Mme
la rapporteure a rappelé quelle option elle avait retenue.
Je vous demande avec insistance de recentrer le débat sur la véritable
question qui se pose à nous : ouvrons-nous ce droit après trois années
d'expérience professionnelle en faisant confiance à l'autorité qui délivre ce
diplôme, à l'indépendance du jury, sachant que, pour tous les diplômes,
certifications et titres qui ne relèvent pas de l'enseignement supérieur, il y
aura dans les jurys une parité d'enseignants et de professionnels et que, pour
ceux qui relèvent de l'enseignement supérieur, il y aura une majorité
d'universitaires ?
Nous avons beaucoup travaillé pour que les garanties soient inscrites dans la
loi, de façon que les diplômes obtenus grâce aux acquis de sa vie d'adulte
soient des diplômes de même rang, qu'ils soient considérés de la même manière
dans la vie sociale que ceux qui ont été obtenus à l'issue d'une formation
initiale.
Encore une fois, il n'est pas possible de condamner ceux qui ont, par leur
travail, par leur progression personnelle et professionnelle, acquis un haut
niveau, alors qu'ils n'ont pas eu la chance ou l'opportunité de poursuivre des
études à un autre moment de leur vie.
M. Adrien Gouteyron,
président de la commission des affaires culturelles.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des affaires culturelles.
M. Adrien Gouteyron,
président de la commission des affaires culturelles.
Madame le secrétaire
d'Etat, ce n'est pas tant votre argumentation qui me conduit à intervenir - on
peut la suivre ou ne pas la suivre, mais elle s'appuie sur une conviction qui
n'est pas contestable - que sur ce qui pouvaient laisser entendre vos propos.
Vous avez en effet paru considérer qu'il y avait, d'un côté, ceux qui veulent
donner une chance supplémentaire et, de l'autre, ceux qui ne le veulent pas.
Or, vous en conviendrez, aucun des intervenants dans ce débat n'est hostile au
principe de la validation. Certains veulent simplement mettre en garde contre
un certain nombre d'effets pervers.
Le premier concerne la formation initiale. A cet égard, monsieur le ministre,
vous ne m'avez pas convaincu. Comme vous l'avez souligné vous-même, 15 000
élèves quittent l'enseignement professionnel sans être allés au terme de la
formation dans laquelle ils s'étaient engagés. Pourquoi renoncent-ils ainsi ?
Sans doute parce qu'ils estiment pouvoir s'épanouir à l'extérieur des
établissements scolaires et aussi, peut-être, parce qu'ils sont sensibles à
l'attrait d'une rémunération immédiate, qui constitue quand même un avantage
considérable.
Monsieur le ministre, votre propos était quelque peu paradoxal : vous avez
bien insisté sur ces sorties prématurées mais vous avez fait une sorte d'acte
de foi, ce qui est étonnant de votre part, en nous assurant que, selon vous, la
modification qu'il est proposé d'introduire dans notre législation
n'aggraverait pas cette situation. Nous craignons, nous, une amplification du
phénomène.
Nous craignons également - deuxième effet pervers - que le dispositif ne se
retourne contre ceux qui en bénéficieront. Ce risque est grave. On l'a dit et
répété : au cours d'une carrière professionnelle, on changera - on change déjà
! - plusieurs fois de métier. Est-on sûr que la validation de trois années
d'expérience professionnelle permettra à ceux qui en auront bénéficié d'avoir
les mêmes chances pour l'avenir de leur carrière que ceux qui auront une
formation initiale solide ?
Mais il est un troisième effet pervers. Madame le secrétaire d'Etat, vous avez
insisté sur le soin que mettront les jurys à ne délivrer le titre que si le
jeune justifie des compétences requises. Nous n'en doutons pas. Mais ne
craignez-vous pas, précisément, que l'on n'induise ces jeunes en erreur, que
l'on ne sème chez eux l'illusion ? En effet, de deux choses l'une : ou bien les
jurys seront stricts, et il y a quelque risque pour qu'il y ait beaucoup
d'appelés et peu d'élus, ou bien ils seront plus laxistes - ce qui est loin
d'être exclu - et les jeunes qui bénéficieront de la validation ne verront pas
leur titre investi de la même valeur.
Je termine en disant un mot de l'amendement proposé par Mme Bocandé, au nom de
la commission des affaires sociales. Il est évident que, si j'avais à choisir
entre le texte du Gouvernement et celui de ladite commission, j'opterais pour
ce dernier. Mais j'espère ne pas avoir à faire ce choix parce que je crois que
le texte de la commission des affaires culturelles apporte plus de
garanties.
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Certes, ce débat est
intéressant, mais je me demande si l'on ne perd pas de vue la finalité, qui est
de donner des garanties aux personnes demandant une validation de leurs acquis
professionnels.
Comment savoir s'il vaut mieux retenir trois ou cinq ans ? M. le président de
la commission des affaires culturelles pensait qu'une période de cinq ans
donnait plus de chance au cas où surviendrait ultérieurement une modification
de l'orientation professionnelle.
Je n'en suis pas sûr car, au bout d'un certain temps, le fait que le diplôme
ait été acquis en trois ou cinq ans ne changera peut-être rien à sa valeur.
Nous ne le savons pas. Il peut y avoir une évolution extrêmement rapide. On dit
maintenant qu'il faudra réapprendre son métier tous les dix ans. Dans quelques
années, ce sera peut-être tous les de cinq ans.
Il nous faut donc prévoir un dispositif extrêmement souple et quasi continu.
Pourquoi ces diplômes ne seraient-ils pas délivrés sous la forme d'unités de
valeurs, par exemple, qui, cumulées, permettraient, en trois, quatre, cinq ans
ou plus, de se rapprocher de la qualification requise pour tel ou tel métier
?
A mon sens, il faudrait instituer le dispositif le plus souple possible et
tenant compte du fait que la rapidité de l'apprentissage diffère en fonction
des qualifications recherchées.
En prévoyant un minimum de trois ans assorti de garanties, la commission des
affaires sociales se donne les moyens de faire face à ces problèmes sans entrer
dans le débat des trois ou cinq ans. Il faut savoir faire dans le simple et
l'évolutif.
M. Jean-Luc Mélenchon,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Luc Mélenchon,
ministre délégué.
Nos débats ayant valeur interprétative, il me paraît
important de conclure dans la loyauté intellectuelle qui est la nôtre depuis le
début de cette discussion.
Me référant aux propos de M. Adrien Gouteyron qui, lui-même, s'appuyait sur
une série d'interventions convergentes, je vais m'efforcer de résumer nos
points d'accord.
Premièrement, nous sommes tous d'accord pour dire que la voie de la
qualification professionnelle performante appelée par les ministres de ce
gouvernement « la voie de la professionnalisation durable » - expression qui
figure dorénavant dans les textes internationaux -, c'est celle que vous avez
décrite, mesdames, messieurs les sénateurs : une bonne formation initiale du
plus haut niveau possible qui garantisse la capacité de chaque travailleur à
s'adapter à l'évolution de son poste de travail.
Deuxièmement, j'aborde le thème de la durée minimale d'activité. Comme cela
vient d'être dit fort sagement, il ne s'agit pas d'un droit d'enregistrement.
Le droit à la validation des acquis de l'expérience se réfère, en tout cas pour
ce qui concerne les diplômes professionnels, à des référentiels, que nous
défendons, mesdames, messieurs les sénateurs, bec et ongles, car ces
référentiels sont la garantie de la qualification professionnelle.
Ou bien, par sa pratique professionnelle, on a acquis le contenu de ces
référentiels et, alors, on a le diplôme ou le titre qui le garantit ; ou on ne
l'a pas acquis, et on n'a pas le diplôme.
Ce n'est pas un acte de foi, c'est un constat tiré de l'expérience. Je ne vois
pas un professionnel - qu'il soit issu du milieu patronal ou enseignant - qui
accepterait, par je ne sais quelle faiblesse, d'accorder un diplôme
professionnel à quelqu'un qui n'en aurait pas les capacités. Je n'y crois pas !
Bien sûr, monsieur Gouteyron, notre bonne foi à tous et nos bonnes intentions
peuvent être déjouées. Mais je ne vois pas que le dispositif proposé le
permette.
En revanche, il est de notre intérêt à tous de bien mettre en garde les
apprentis sorciers qui se répandent, ici ou là, en invitations que je juge
irresponsables et de bien leur faire comprendre qu'ils ne doivent pas dire aux
jeunes des choses qui ne sont pas.
Ou bien on a acquis une qualification professionnelle ou bien on ne l'a pas
acquise. Et le meilleur moyen de l'acquérir est de l'apprendre là où elle
s'apprend et dans les formes qui sont prévues pour cela. Il n'y a pas d'autre
voie ! Les autres sont plus hasardeuses, infiniment plus hasardeuses pour
eux.
Il faut le dire et j'espère que nous aurons l'occasion, les uns et les autres,
chacun dans nos responsabilités, de le rappeler sans cesse à ceux qui se font,
de manière absolument illusoire, l'idée que le validation des acquis
professionnels viendrait remplacer la formation continue parce qu'elle coûte
moins cher, laquelle formation continue viendrait remplacer la formation
initiale parce qu'elle coûte trop cher.
C'est une vue de l'esprit. Ce n'est pas possible dans une économie moderne et
avancée où, tout au contraire, les niveaux de qualification professionnelle ne
cessent de monter.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 135, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 193 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 194, M. Legendre, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le troisième alinéa du I du texte présenté par le I
de l'article 41 pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, après le mot :
« activité », d'insérer les mots : « professionnelle ou personnelle ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
Il s'agit, dans la droite ligne du débat précédent,
de distinguer plus clairement les activités professionnelles rémunérées et les
activités personnelles exercées à titre bénévole et susceptibles de faire
l'objet d'une validation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
La préoccupation exprimée dans cet amendement est satisfaite
par la nouvelle rédaction de notre amendement n° 136. Je demande donc à M.
Legendre de bien vouloir le retirer.
M. le président.
Votre amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur pour avis ?
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
Autant j'avais le devoir de défendre l'amendement
précédent, autant, madame le rapporteur, je n'ai aucun problème pour retirer
l'amendement n° 194.
M. le président.
L'amendement n° 194 est retiré.
Par amendement n° 136, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, dans le troisième alinéa du I du texte présenté par le
paragraphe I de l'article 41 pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, de
remplacer le mot : « rémunérée » par les mots : « salariée, non salariée ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de précision.
Il importe en effet de prendre en compte les conjoints d'agriculteurs,
d'artisans et de commerçants. Or la rédaction actuelle de l'article 41 est
imparfaite puisqu'elle ne vise que « l'exercice d'une activité rémunérée ou
bénévole », termes qui ne recouvrent pas forcément la situation des conjoints
collaborateurs ou des conjoints associés.
Cet amendement vise à lever cette ambiguïté afin d'éclairer l'interprétation
de la loi. Les conjoints constituent, à l'évidence, l'une des principales
cibles de la nouvelle procédure de validation.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 136, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 137, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, après le troisième alinéa du I du texte présenté par le I de
l'article 41 pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, d'insérer un
alinéa ainsi rédigé :
« La validation est effectuée par un jury dont la composition garantit une
présence significative de représentants qualifiés des professions concernées.
»
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement vise à préciser la composition des jurys de
validation.
Dans sa rédaction actuelle, le projet de loi la renvoie au décret
d'application, alors qu'en 1992, les principes généraux de la composition du
jury étaient inscrits dans la loi. Cette logique doit être retenue par le
présent texte.
Cet amendement a donc un double objet : d'abord, il comble un oubli du projet
de loi en précisant que la validation est nécessairement effectuée par un jury
; ensuite, il détermine les principes généraux de composition du jury.
S'agissant de valider l'expérience professionnelle pour des titres à finalité
professionnelle, il est en effet essentiel que les professionnels soient
largement associés à ces jurys.
Bien sûr, il s'agit pour eux, non pas de se substituer aux pédagogues qui
doivent conserver une place essentielle dans les jurys, mais simplement de
s'assurer que la représentation des professionnels n'est pas réduite à la
portion congrue.
Il appartiendra ensuite aux décrets d'application de mieux préciser la place
des professionnels, laquelle variera, bien entendu, selon la nature du titre
visé.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Il a toujours été dans notre intention d'inclure les
professionnels dans les jurys. Cependant, nous pensions que la composition des
jurys relevait davantage du décret d'application.
Pour autant, je ne suis pas hostile à inscrire cette précision dans la loi. Je
suis donc favorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 137, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 138, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer après le quatrième alinéa du I du texte présenté
par le I de l'article 41 par l'article L. 335-5 du code de l'éducation, un
alinéa ainsi rédigé :
« Le jury se prononce au vu du dossier constitué par le candidat et à l'issue
d'un entretien avec ce dernier. Il apprécie, le cas échéant, les compétences
professionnelles du candidat en situation de travail réelle ou reconstituée.
»
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Il est important de rappeler qu'en 1992 les grands principes
régissant les modalités de validation étaient inscrits dans la loi.
Dans la mesure où, pour les titres à finalité professionnelle, la validation
doit être de nature professionnelle, une simple validation sur dossier paraît
inadaptée. Elle serait, de surcroît, très rebutante pour les candidats les
moins familiarisés avec les procédures écrites c'est d'ailleurs déjà le cas. Il
est donc nécessaire de limiter le poids souvent excessif de l'écrit dans la
procédure de validation.
Par cet amendement, nous prévoyons un entretien obligatoire à l'issue duquel
le jury appréciera, le cas échéant, les compétences professionnelles du
candidat en situation de travail réelle ou reconstituée. Nous nous inspirons
des expérimentations actuellement menées par l'ANPE et l'AFPA, sous l'égide du
secrétariat d'Etat à la formation professionnelle.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Comme précédemment, nous pensions que cette mesure
relevait du domaine réglementaire. Mais, puisqu'elle va dans le droit-fil de
notre projet, nous acceptons de l'inscrire dans la loi proprement dite.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 138, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 139, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de remplacer les deux premières phrases du dernier alinéa du
I du texte présenté par le I de l'article 41 pour l'article L. 355-5 du code de
l'éducation par une phrase ainsi rédigée :
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du présent
article ».
La parole est à Mme Bocandé, le rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement est un amendement de coordination.
Il vise, d'abord, à simplifier la rédaction de cet alinéa en prenant en compte
les modifications apportées par les amendements précédents.
Il tend, ensuite, à supprimer l'ajout de l'Assemblée nationale précisant que
les jurys sont composés de manière à contribuer à l'équilibre de la
représentation des femmes et des hommes.
Les députés ont, en effet, souhaité étendre à ces jurys de validation les
dispositions prévues par la proposition de loi relative à l'égalité
professionnelle entre les femmes et les hommes pour les jurys de la fonction
publique.
Ce souci témoigne toutefois d'une confusion des perspectives et d'une
assimilation hâtive : un jury de validation n'est pas un jury de la fonction
publique. En outre, on imagine sans peine les difficultés pour composer un jury
paritaire pour la validation d'un CAP de chaudronnier ou de maçon, ou d'un
titre de tulliste en voilette et dentelle, par exemple !
(Sourires.)
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Voilà un beau titre
!
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Je reconnais que Mme Bocandé est tout à fait cohérente
avec les propos qu'elle a tenus lors de notre récent débat sur l'égalité
professionnelle.
Pourtant, je ne soutiendrai pas cet amendement.
Mme Gisèle Printz.
Nous non plus !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Je suis en effet très attachée à l'expression : «
représentation équilibrée entre les femmes et les hommes ». Cet équilibre
varie, cela va de soi, selon la nature des branches et des métiers.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 139, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 292, MM. Joyandet, Cornu et Murat proposent, dans le II du
texte présenté par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-5 du code de
l'éducation, après les mots : « délivré au nom de l'Etat », d'insérer les mots
: « ou par des établissements publics ayant une mission de formation ».
La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu.
Cet amendement vise à apporter une précision.
En effet, la variété des titres homologués est un atout parce qu'elle traduit
la diversité des besoins des entreprises et des attentes des territoires. Le
fait que près de 40 % des dossiers d'homologation concernent de nouvelles
formations témoigne de la créativité qui doit être mise en oeuvre au service de
l'emploi et qu'une structure nationale excluant
a priori
tout ce qui
sera jugé comme faisant double emploi avec des diplômes nationaux ne pourra en
aucun cas préserver.
Il est donc difficile de comprendre que, à partir de l'intention initiale du
Gouvernement de proposer une meilleure lisibilité de l'offre de formation, tout
dispositif local adapté aux besoins des entreprises et des stagiaires,
débouchant sur l'emploi, soit, de fait, exclu de tout mode de reconnaissance
par la suppression de la commission technique de l'homologation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Elle émet un avis favorable, car cet amendement permet
d'étendre les possibilités de dispense pour la préparation d'un titre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Ce qui importe, ce n'est pas seulement la délivrance
d'un diplôme ou d'un titre par l'Etat, c'est aussi, je l'ai dit dans mon
introduction, la concertation entre l'Etat et les partenaires sociaux. Le
Gouvernement ne peut donc accepter cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 292, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 140, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, à la fin du II du texte présenté par le I de l'article 41
pour l'article L. 335-5 du code de l'éducation, de remplacer les mots : « , en
fonction de la prise en compte des acquis de l'expérience professionnelle » par
une phrase ainsi rédigée : « Cette dispense doit se fonder sur les compétences
professsionnelles acquises par le candidat. ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de précision rédactionnelle.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 140, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 141 rectifié, Mme Bocandé, au nom de la commission des
affaires sociales, propose, dans le I du texte présenté par le I de l'article
41 pour l'article L. 335-6 du code de l'éducation, après les mots : « arrêté
des ministres compétents », d'insérer les mots : « après avis d'instances
consultatives associant les organisations représentatives d'employeurs et de
salariés quand elles existent ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement prévoit que les titres et diplômes à finalité
professionnelle délivrés au nom de l'Etat ne peuvent être créés qu'après avis
d'instances consultatives associant les partenaires sociaux.
Certes, beaucoup sont aujourd'hui créés après avis de commissions
consultatives professionnelles. C'est le cas des titres et diplômes délivrés
par le ministère de l'éducation nationale, par le ministère de l'emploi et de
la solidarité, ainsi que par le ministère de l'agriculture et de la pêche. Ce
n'est cependant pas encore le cas pour tous les ministères.
Or cet avis est particulièrement utile, car il permet d'assurer l'adéquation
entre le titre créé et les besoins du marché du travail. Il est donc
souhaitable que tous les titres et diplômes créés au nom de l'Etat soient
examinés par les partenaires sociaux.
Cette disposition était dans le projet de loi initial mais l'Assemblée
nationale l'a supprimée par voie d'amendement en première lecture, sur
l'initiative du Gouvernement. La commission juge utile de la rétablir tout en
prenant en compte les spécificités propres à certains ministères, par exemple
le ministère de la défense.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
Nous retrouvons la logique dont je viens de parler. Pour être inscrits de droit
au répertoire national, les diplômes, les titres et les autres certifications
professionnelles doivent être au préalable soumis à l'avis des partenaires
sociaux des instances consultatives.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 141 rectifié, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 421, le Gouvernement propose, dans le I du texte présenté
par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-6 du code de l'éducation, de
remplacer la référence : « et L. 641-4 » par les références : « L. 641-4 et L.
641-5 ».
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'apporter une précision pour les diplômes
supérieurs des chambres consulaires visés par le ministère de l'éducation
nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 421, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 142, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de remplacer les deuxième et troisième alinéas du II du texte
présenté par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-6 du code de
l'éducation par un alinéa ainsi rédigé :
« Les diplômes et titres à finalité professionnelle, ainsi que les
qualifications figurant sur une liste établie par la commission paritaire
nationale de l'emploi d'une branche professionnelle, peuvent y être
enregistrés, à la demande des organismes les ayant créés et après avis de la
Commission nationale de la certification professionnelle. »
Par amendement n° 420, le Gouvernement propose, dans le troisième alinéa du II
du texte présenté par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-6 du code de
l'éducation, après les mots : « Les autres diplômes et titres délivrés au nom
de l'Etat, les titres et diplômes délivrés par d'autres personnes morales ainsi
que les », de remplacer le mot : « qualifications » par les mots : «
certificats de qualification ».
Par amendement n° 195, M. Legendre, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, à la fin du troisième alinéa du II du texte présenté par
le I de l'article 41 pour l'article L. 335-6 du code de l'éducation, de
supprimer les mots : « , après avis de la commission nationale de la
certification professionnelle ».
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 142.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement vise à unifier la procédure d'enregistrement
des diplômes et des titres dans le répertoire national de la certification
professionnelle.
Le projet de loi prévoit en effet une procédure duale d'enregistrement : elle
est de droit pour les diplômes et titres délivrés au nom de l'Etat après avis
d'instances consultatives paritaires ; elle est soumise à l'avis de la
Commission nationale de la certification professionnelle pour tous les autres
titres. Cette procédure n'est pas satisfaisante. La Commission nationale de la
certification professionnelle devrait en effet pouvoir se prononcer sur
l'ensemble des titres si l'on souhaite réellement que celle-ci devienne
l'organisme pilote de la certification.
Aussi cet amendement vise-t-il à étendre l'avis de cette commission à
l'ensemble des titres pour leur enregistrement au répertoire.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat, pour défendre l'amendement n°
420.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'un amendement de précision sémantique.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n°
195.
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a pour objet de dispenser de la
procédure d'enregistrement au répertoire national des certifications
professionnelles les qualifications figurant déjà sur une liste établie par la
commission paritaire nationale de l'emploi d'une branche professionnelle.
Le fait de les soumettre à un avis de la nouvelle commission nationale
n'aurait pour conséquence que de retarder leur homologation et porterait
atteinte au principe du paritarisme et à l'effort d'innovation des partenaires
sociaux. Je rappelle que le paritarisme est une tradition de la formation
professionnelle. L'expérience montre que ces certificats de qualification
paritaires relevant du domaine interprofessionnel ont fait la preuve de leur
efficacité et de leur utilité, comme en témoigne l'exemple de la métallurgie,
et qu'une homologation supplémentaire n'ajouterait rien à leur sérieux et à
leur crédibilité, à laquelle nous sommes bien sûr attachés.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 420 et 195 ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
L'amendement n° 420 est incompatible avec l'amendement n° 142
de la commission des affaires sociales. Quant à l'amendement n° 195, il
entraînerait un enregistrement automatique de toutes les certifications au
répertoire national. Il est préférable de maintenir l'avis de la commission
nationale dans laquelle seront très largement représentés les partenaires
sociaux et les professionnels, mais aussi d'unifier la procédure pour soumettre
toutes les certifications aux mêmes modalités d'enregistrement.
C'est la logique retenue par la commission des affaires sociales aux
amendements n°s 142 et 143 qui permet de conforter la place des partenaires
sociaux. Elle répond donc en grande partie, même si c'est par le biais d'une
solution différente, aux préoccupations de la commission des affaires
culturelles. Aussi, je suggère à M. Legendre de retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 142 et 195 ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Le gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux
amendements.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, l'amendement n° 195 est-il maintenu ?
M. Jacques Legendre,
rapporteur pour avis.
Je mentirais si je disais que Mme Bocandé m'a
totalement convaincu, parce qu'il s'agit quand même là d'une remise en cause,
d'une certaine manière, du paritarisme, qui est de tradition en cette matière.
Mais enfin, puisqu'une forte représentation des partenaires sociaux est prévue
par l'amendement n° 142 au sein de la commission nationale, je retire mon
amendement.
M. le président.
L'amendement n° 195 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 142.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Nous sommes contre cet amendement. En effet, il répond à une demande très
forte des organismes consulaires, qui souhaitent voir disparaître la différence
existant entre l'inscription de droit et l'inscription sollicitée au répertoire
des qualifications. Cela risquerait en fait de créer une confusion entre les
diplômes et titres et les qualifications de branche.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 142, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 420 n'a plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 143, Mme Bocandé, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après le troisième alinéa du II du texte présenté
par le I de l'article 41 pour l'article L. 335-6 du code de l'éducation, un
alinéa ainsi rédigé :
« Cette commission comprend notamment les représentants des ministères
délivrant au nom de l'Etat des diplômes et des titres à finalité
professionnelle, des représentants, en nombre égal, des organisations
représentatives des employeurs et des salariés, des représentants d'organismes
intéressés à la formation professionnelle et à la promotion sociale ainsi que
des personnalités qualifiées.»
Par amendement n° 264 rectifié, Mme Dieulangard, MM. Cazeau et Chabroux, Mme
Printz et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer,
après le troisième alinéa du II du texte présenté par le I de l'article 41 pour
l'article L. 335-6 du code de l'éducation, un alinéa ainsi rédigé :
« La Commission nationale de la certification professionnelle est présidée par
un représentant de l'Etat et est composée à parité de représentants de l'Etat
et des partenaires sociaux. »
La parole est à Mme Bocandé, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 143.
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
Cet amendement vise à définir les principes généraux de la
composition de la future commission nationale de la certification
professionnelle. Le projet de loi renvoie en totalité sa composition au décret.
Or il serait souhaitable que la loi en fixe les principes directeurs, afin
d'assurer une large représentation des professionnels, qui sont les plus à même
d'identifier les besoins en certification du marché du travail.
On rappellera pour mémoire que le rapport rendu en 1996 par M. Michel de
Virville suggérait la création d'une telle commission, qui devrait être « une
structure tripartite regroupant les représentants des employeurs, des salariés
et des formateurs ». Le présent amendement s'en inspire, tout comme il
s'inspire de la composition actuelle de la commission technique
d'homologation.
M. le président.
La parole est à M. Chabroux, pour défendre l'amendement n° 264 rectifié.
M. Gilbert Chabroux.
Cet amendement vise à indiquer que la Commission nationale de la certification
professionnelle est présidée par un représentant de l'Etat et est composée à
parité de représentants de l'Etat et des partenaires sociaux.
Le rôle de cette commission est en effet fondamental, puisqu'il lui revient la
charge d'établir et d'actualiser le répertoire des certifications. Afin de
donner à ce dispositif de manière indiscutable toute l'autorité sur la valeur
des titres et diplômes qui seront collationnés, nous proposons qu'elle soit
présidée par un représentant de l'Etat et que les partenaires sociaux y soient
représentés à égalité avec les représentants des différents ministères
concernés. Je considère que les ministères qui possèdent un savoir-faire en
matière de validation des acquis - je pense notamment au ministère de
l'éducation nationale ainsi qu'à votre propre ministère, madame le secrétaire
d'Etat - devraient s'y impliquer de manière suffisamment forte.
Par ailleurs, nous ne souhaitons pas que cette commission soit aussi ouverte
que le préconise Mme le rapporteur, qui y introduit des représentants
d'organismes intéressés à la formation professionnelle ; sans doute s'agit-il
des organismes consulaires et des personnalités qualifiées. Si nous y ajoutons
les conséquences de l'adverbe « notamment », nous constatons que la commission
risque de devenir un lieu sympathique mais avec une représentation pléthorique.
Cela risque de nuire à la qualité des débats et, surtout, de conduire à un
lobbying un peu anarchique en faveur de l'introduction de telle ou telle
certification. Nous proposons d'en rester à une facture plus classique dans la
mesure où il s'agit d'un organisme de décision.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 264 rectifié ?
Mme Annick Bocandé,
rapporteur.
L'amendement n° 264 rectifié est incompatible avec
l'amendement n° 143 de la commission qui prévoit une composition différente et
plus large, certes, de la commission nationale de la certification
professionnelle. En outre, il n'est pas évident que la présidence doive revenir
de droit à un représentant de l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 143 et 264 rectifié
?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Ma réponse comportera une partie commune à ces deux
amendements, puis un ajout concernant le seul amendement n° 264 rectifié,
sachant que je ne soutiens ni l'un ni l'autre.
Avant l'examen par l'Assemblée nationale, le Conseil d'Etat avait considéré
que la composition de la commission nationale relevait du domaine
réglementaire. Je respecterai donc cet avis. Cependant, je peux d'ores et déjà
indiquer que j'ai l'intention de proposer une représentation équilibrée, d'une
part, des pouvoirs publics et, d'autre part, des professions. Les projets de
texte d'application reprennent d'ailleurs quasiment à l'identique la
composition de l'actuelle commission technique d'homologation, à laquelle
participent les représentants de l'Etat, les partenaires sociaux et les
représentants des chambres consulaires.
Enfin, s'agissant de l'amendement n° 264 rectifié, je souhaite rappeler que
cette nouvelle commission sera directement placée auprès de M. le Premier
ministre et que la présidence de celle-ci devrait, selon moi, être confiée à
une personnalité qu'il désignera.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 143.
M. Charles Descours.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours.
Mme le secrétaire d'Etat a dit qu'elle respecterait la décision du Conseil
d'Etat. Je l'en félicite. En effet, le Gouvernement ne donne pas toujours le
bon exemple à cet égard et ce n'est pas la première fois que, à l'occasion de
l'examen d'un texte qui émane du Gouvernement, une disposition relevant du
domaine réglementaire est soumise à notre approbation. Je crois qu'il est
effectivement important, comme le demande la commission des affaires sociales,
que tous les partenaires soient représentés.
Aussi, je soutiendrai l'amendement présenté par la commission, nonobstant
l'avis du Conseil d'Etat.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 143, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 264 rectifié n'a plus d'objet. Personne ne
demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 41, modifié.
(L'article 41 est adopté.)
Article additionnel après l'article 41