SEANCE DU 26 JUIN 2001
MODERNISATION SOCIALE
Suite de la discussion d'un projet de loi
en deuxième lecture
M. le président.
Nous reprenons la discussion en deuxième lecture du projet de loi, adopté avec
modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, de modernisation
sociale.
Je rappelle que la discussion générale a été close.
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Monsieur le président,
mesdames, messieurs les sénateurs, avant de répondre aux orateurs qui sont
intervenus dans la discussion générale, dont les propos m'ont été rapportés par
Paulette Guinchard-Kunstler, je souhaite m'exprimer brièvement sur la réserve
des articles relatifs aux licenciements économiques et vous faire part de la
position du Gouvernement qui, d'ailleurs, a été exprimée tout à l'heure par la
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement prend acte de la demande de réserve de la commission des
affaires sociales. Il n'approuve pas la motivation qui la sous-tend, car il lui
semble qu'elle augure mal de l'accueil qui sera réservé aux dispositions votées
par l'Assemblée nationale, lesquelles sont pourtant attendues par de nombreux
salariés.
Cependant, le Gouvernement ne souhaite pas imposer au Sénat d'achever l'examen
de l'ensemble de ce projet de loi avant la fin de la présente session. Il en a
informé la présidence de votre assemblée ainsi que celle de la commission des
affaires sociales dès que la position de celle-ci a été connue.
Il a préféré procéder de cette façon afin de garantir les meilleures
conditions de débat possibles sur ce sujet délicat et important.
MM. Jean Chérioux et Paul Girod.
Très bien !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
C'était déjà la motivation du
Gouvernement lors des précédentes lectures, ici même comme à l'Assemblée
nationale. J'espère qu'il lui en sera donné acte.
En tout état de cause, le débat ne reprendra donc sur cette question qu'en
octobre prochain, lors de la première séance de la nouvelle session. Cela ne
retardera en rien l'adoption finale de ce texte, qui interviendra, comme prévu,
à la fin du mois de novembre prochain.
Je réponds maintenant à ceux qui sont intervenus dans la discussion générale,
en commençant par le volet sanitaire et social.
Monsieur Huriet, je suis heureuse que vous vous apprêtiez à voter conformes
certaines dispositions modifiées ou proposées par l'Assemblée nationale, comme
je me réjouis que le volet sanitaire du titre Ier recueille un large
assentiment de votre assemblée.
S'agissant du chapitre II, relatif à la protection sociale, vous avez bien
voulu souligner que, sur de nombreux articles, l'Assemblée nationale et le
Sénat avaient trouvé un accord ou étaient proches de l'avoir trouvé. C'est le
cas, notamment, de l'article 8, relatif à l'assurance maladie de nos
compatriotes expatriés, à qui nous offrons une amélioration très importante de
leurs droits sociaux. C'est une très bonne mesure.
L'article 8
bis,
s'il est adopté conforme par le Sénat, réglera le
problème ancien du cumul des pensions des fonctionnaires ayant servi à
l'étranger.
Je citerai encore l'article 10
quaterdecies,
qui apportera aux
conjoints des professionnels libéraux la reconnaissance de leur participation à
la vie de l'entreprise libérale et surtout la possibilité de se constituer des
droits personnels à la retraite.
Voilà pour les points d'accord !
Mais il y a aussi des divergences, que je ne vais pas toutes reprendre. Je
soulignerai simplement que je regrette que le Sénat persiste dans son refus
d'abroger la loi Thomas. Les enjeux à long terme de notre système de retraite
me paraissent de beaucoup supérieurs aux considérations idéologiques qui
sous-tendent la démarche de la majorité sénatoriale sur ce point.
Je retiens cependant qu'au total la Haute Assemblée a préféré faire montre de
sagesse législative plutôt que d'esprit partisan.
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Merci !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Je remercie M. Maman de
l'appréciation positive qu'il a portée sur la qualité des travaux que nous
avons menés sur ce texte. Sur le fond du sujet qu'il a évoqué, le Gouvernement
sera malheureusement conduit à s'opposer une nouvelle fois à son amendement
pour ne pas remettre en cause le principe de non-cumul des pensions de retraite
et pour ne pas créer d'inégalité de traitement en faveur des fonctionnaires en
poste à l'étranger.
M. Muzeau a évoqué la mise en place de la réduction du temps de travail dans
la fonction publique hospitalière. C'est un sujet important. J'ai lancé les
négociations au début de cette année.
M. Mureau a attiré notre attention sur la nécessité de reconnaître la
spécificité de l'organisation du travail des personnels appartenant à cette
fonction publique. Nous allons aboutir très prochainement, selon le calendrier
que j'avais fixé en lançant les négociations, à l'élaboration d'un cadrage
national qui aura été négocié avec les syndicats représentant les personnels et
qui prend en compte les spécificités qu'il a soulignées et qui ont d'ailleurs
amené le Gouvernement à annoncer dès l'origine que la réduction du temps de
travail dans la fonction publique hospitalière se ferait avec des créations
d'emplois.
Mais il est vrai aussi que la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail à l'hôpital doit se faire en améliorant l'organisation du travail.
C'est la raison pour laquelle j'ai demandé que chaque établissement réalise un
diagnostic de son organisation. Ce n'est que dans ces conditions, d'ailleurs,
que la réduction de la durée du travail sera une réelle avancée pour les
personnels.
Les services des urgences, spécialement en région d'Ile-de-France, ont exprimé
leur mécontentement. Ils réclament une meilleure reconnaissance de leur
fonction et une amélioration de leurs conditions de travail, car le travail
dans ces services est très lourd et soumis à des rythmes d'activité variés.
Vous savez qu'au regard de cette situation le Gouvernement a déjà pris
plusieurs mesures. En 1999, le protocole sur les personnels médicaux des
urgences a entériné un plan de trois ans portant sur les années 1999, 2000 et
2001 qui prévoit la création de postes de médecin. A ce jour, deux cent trente
postes de praticien hospitalier et deux cent trente postes d'assistant ont été
créés.
Par ailleurs, les protocoles des 13 et 14 mars 2000 ont prévu une enveloppe de
300 millions de francs pour l'amélioration du fonctionnement des urgences. Ces
300 millions de francs ont permis, entre autres, et en fonction des sites, de
créer 150 emplois supplémentaires de médecins et 300 emplois en équivalent
temps plein de personnels non médicaux.
En outre, des groupes de travail sur les urgences se sont constitués pour
définir des plans d'action destinés à améliorer le fonctionnement de ces
services et pour mieux répondre aux attentes des usagers et des personnels, par
exemple sur la question très importante du nombre de sites d'accueil en aval
des urgences.
Comme vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement agit et travaille
avec les partenaires hospitaliers pour faire en sorte que ce service public
assure au mieux ses missions.
Pour ce qui concerne les techniciens de laboratoire et les conducteurs
ambulanciers, je répondrai, si vous le voulez bien, lors de la discussion des
articles, puisque plusieurs amendements ont été déposés sur ce sujet, émanant
d'ailleurs de diverses travées de cet hémicycle.
Enfin, je puis vous dire, monsieur Muzeau, que le projet de loi de
modernisation du système de santé, qui contient des dispositions très
importantes sur les droits des malades - dispositions très attendues, nous le
savons, tant par les associations que par nos concitoyens - qui comprend
également des dispositions sur l'aléa thérapeutique, sera présenté dans les
toutes prochaines semaines et discuté au Parlement à la rentrée prochaine.
Je tiens toutefois à vous signaler que le Gouvernement n'a pas attendu le vote
de ce projet de loi pour prendre des dispositions sur le dépistage de
l'hépatite C. Vous avez sans doute remarqué qu'une grande campagne vient d'être
lancée par mon ministère sur ce thème.
J'en viens maintenant à la partie « emploi » de ce projet de loi de
modernisation sociale, qui n'est pas, comme l'a dit M. Huriet, un « crocodile
législatif. »
(Sourires.)
La démonstration a été faite, au fur et à mesure des débats,
qu'il était un vrai projet de modernisation sociale, qu'il avait son utilité et
son intérêt et qu'il comportait des mesures il est vrai touchant à des domaines
variés mais extrêmement importantes.
S'agissant des licenciements économiques, il est assez paradoxal que le Sénat
souligne l'imprécision du texte issu des travaux de l'Assemblée nationale pour,
finalement, ne pas vouloir en débattre afin de les lever ! J'aurais préféré
apporter les précisions nécessaires devant le Sénat.
Je veux également rappeler que les partenaires sociaux ont été reçus par
moi-même, puis par mes collaborateurs, avant cette deuxième lecture du projet
de loi de modernisation sociale. Il était difficile de les consulter pendant le
cours même des débats !
Nous serons probablement d'accord pour considérer que le texte issu des
travaux de l'Assemblée nationale a été amélioré en matière de prévention des
licenciements économiques.
Comme on l'a rappelé, la définition du licenciement économique a été aménagée,
afin que ces licenciements n'interviennent que lorsque toutes les mesures pour
les éviter ont été prises.
A cet égard, je partage l'opinion de M. Muzeau et de Mme Dieulangard : il
convient que la loi définisse les conditions dans lesquelles les entreprises
peuvent procéder à ce type de licenciements, afin d'éviter que les salariés ne
soient les seules variables d'ajustement.
En ce qui concerne la démocratie sociale, je veux rassurer M. Muzeau, qui a
souhaité que des suites concrètes soient données aux annonces que j'ai faites
sur ce chantier à la fois aux partenaires sociaux, au début du mois de mai, et
à l'Assemblée nationale, lors du débat sur le projet de loi de modernisation
sociale.
J'ai en effet indiqué que je souhaitais, au-delà de l'examen de ce texte, que
nous puissions avoir une réflexion plus approfondie sur les droits des salariés
à l'intérieur de l'entreprise, et notamment sur la possibilité pour eux d'être
représentés dans les organes dirigeants afin de peser sur les décisions, car
c'est bien là la difficulté !
Le Premier ministre a reçu les partenaires sociaux la semaine dernière.
L'ensemble de ces questions ont été évoquées, en particulier les perspectives
de grands chantiers qui seraient ouverts avec eux, dont celui, à leur demande,
de la démocratie sociale.
Très prochainement, le Premier ministre indiquera la suite qu'il entend
réserver aux propositions qui lui ont été faites par les partenaires sociaux.
En tout cas, je rappelle d'ores et déjà que nous avons engagé une réflexion sur
la sécurité sociale et l'assurance maladie lors de ce que l'on a appelé le «
Grenelle de la santé », au mois de janvier dernier, réflexion qui a donné lieu
à la création d'une mission de sages. Son rapport, qui doit m'être remis en
tout début de semaine prochaine, qui comportera notamment des propositions sur
le fonctionnement de notre système d'assurance maladie et sur la clarification
des responsabilités de l'Etat et des partenaires sociaux, sera examiné le 12
juillet prochain.
Nous associerons d'ailleurs à cette réunion non seulement les professionnels
de santé qui, par l'intermédiaire de leurs représentants, étaient déjà partie
prenante, mais aussi les représentants des confédérations syndicales et des
organisations professionnelles qui ont, de leur côté, réfléchi à ce sujet et
qui doivent pouvoir s'exprimer sur le rapport que j'ai demandé.
Il est clair que la question de l'avenir de la sécurité sociale peut
naturellement déborder ce cadre, mais, là encore, le Premier ministre fera
connaître très prochainement les thèmes qu'il proposera aux partenaires sociaux
de retenir et les modalités de réouverture de ces chantiers.
En ce qui concerne le harcèlement moral, j'enregistre avec satisfaction les
progrès réalisés au cours des débats. Je suis d'accord avec M. le rapporteur,
Mme Dieulangard, MM. Muzeau et Chabroux sur ce point.
Le texte est désormais très complet, trop peut-être, puisqu'il prévoit
effectivement, à ce jour, deux sanctions pénales, ce qui peut paraître quelque
peu excessif. C'est pourquoi le Gouvernement va déposer un amendement visant à
ne garder qu'une sanction pénale, alignée sur celle qui frappe le harcèlement
sexuel.
J'ajoute que le Gouvernement va déposer deux autres amendements d'ajustement
du texte relatifs au harcèlement moral dans la fonction publique.
Je suis personnellement très satisfaite du résultat de cette discussion, même
si un désaccord persiste, à ce stade, avec la majorité du Sénat sur la sanction
pénale.
Sur la formation professionnelle, je partage l'opinion de plusieurs
intervenants, notamment celle de Mme la rapporteur, en ce qui concerne les
convergences auxquelles les assemblées sont parvenues - nous les avions déjà
constatées lors de la première lecture - sur l'essentiel des dispositions
relatives au financement de l'apprentissage.
La discussion doit effectivement se poursuivre sur la validation des acquis
professionnels. Mme Nicole Péry reviendra dans le détail sur les points qui
sont encore en début lors de la discussion des articles.
Sur les emplois-jeunes, je ne vous étonnerai pas en vous indiquant que je me
sens plus en phase avec les propositions de M. Chabroux qu'avec celles de M. le
rapporteur à propos du plan du Gouvernement.
M. Alain Gournac
rapporteur de la commission des affaires sociales.
Je ne suis pas étonné,
en effet !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
En effet, le Gouvernement a
deux objectifs : d'abord, s'assurer que chaque jeune qui sort du programme a un
débouché professionnel ; ensuite, garantir le maintien des activités qui ne
sont pas encore totalement autofinancées - car beaucoup le sont déjà, par les
associations notamment - et permettre ainsi aux Français de continuer à
bénéficier de ces nouveaux services qui ont fait la preuve de leur utilité au
point qu'ils sont devenus indispensables.
Monsieur le rapporteur, ce programme est un succès et mon intention, et celle
du Gouvernement, est de trouver les solutions adaptées aux employeurs comme aux
jeunes qui permettent que ceux-ci aient, à terme, un emploi durable.
Compte tenu de la diversité des situations et des activités concernées, nous
devons définir dans chaque cas les moyens nécessaires - mais vous avez constaté
vous-même les efforts inscrits au titre de ce programme - pour permettre
d'abord un effort de formation.
M. Alain Gournac
rapporteur.
... qui manquait !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Absolument ! C'était un point
sur lequel nous n'étions pas suffisamment performants.
Cet effort de formation doit permettre aux jeunes d'accéder dans de meilleures
conditions aux concours des fonctions publiques d'Etat, territoriale et
hospitalière. Ce matin même, je signais avec l'association de formation des
personnels hospitaliers un accord portant sur la formation de ces 6 000
emplois-jeunes de la fonction publique hospitalière pour assurer des débouchés
à celles et ceux qui veulent continuer dans cette voie. Nous consentirons le
même effort pour l'éducation nationale, pour la police, pour la fonction
publique territoriale.
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Le CNFPT !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
C'est vrai qu'il y a également
un effort de formation à faire au bénéfice des jeunes qui souhaiteront
s'orienter dans le secteur privé. En effet, le quart de ceux qui ont bénéficié
du dispositif en sont déjà sortis et, parmi eux, un très grand nombre ont
trouvé des débouchés sur le marché du travail, il est vrai devenu plus
porteur.
Enfin, nous apporterons des aides aux collectivités territoriales mais aussi
aux associations qui voudront pérenniser ces emplois. Un certain nombre d'entre
elles les ont d'ailleurs déjà financés et nous continuerons à les aider pour
qu'il puisse en être encore ainsi. De même, nous financerons, sur la base de
conventions triennales, les associations qui ne peuvent pas espérer trouver des
financements sur le marché parce qu'elles remplissent des fonctions qui, en
vérité, relèvent quasiment du service public.
Telle est la teneur de ce plan de grande ampleur qui a été mis au point par le
Gouvernement et qui vise à assurer un débouché professionnel à tout jeune qui
aura bénéficié d'un emploi-jeune.
En outre, la validation des acquis professionnels nous fournit un outil
supplémentaire, notamment avec les « troisièmes concours » que nous allons
créer dans les fonctions publiques. C'est là un débouché important.
Je fais également remarquer que l'allocation personnalisée d'autonomie nous
permettra de solvabiliser des centaines de milliers d'emplois supplémentaires
par rapport à ce qu'autorise aujourd'hui la prestation spécifique dépendance.
Des personnes qui voudront rester chez elles feront appel à des services d'aide
à domicile vers lesquels je souhaite que, dans chaque département, on puisse
orienter au moins une partie des emplois-jeunes, qui ont pris le goût de
s'occuper d'autres personnes. Ils sont nombreux, et je ne vois que des
avantages à ce qu'existe ce lien entre les générations, à ce que des jeunes
s'occupent de personnes plus âgées : il y a là matière à enrichissement
réciproque.
Pour avoir effectué des déplacements sur le terrain précisément consacrés à
cette question des emplois-jeunes, je sais à quel point les jeunes sont
enthousiastes. Marie-Georges Buffet, qui est aussi concernée, puisque le
ministère de la jeunesse et des sports a été à l'origine de la création de très
nombreux emplois-jeunes, a d'ailleurs fait exactement le même constat : les
jeunes sont motivés ; ils veulent s'en sortir et ne pas être des assistés ; ils
ont, en conséquence, décidé de faire les efforts nécessaires pour soit financer
leur propre emploi, soit passer les concours des trois fonctions publiques,
soit se porter candidats sur le marché du travail.
Parce que nous avons réussi, avec ce programme, à donner confiance aux jeunes
et à leur montrer que nous avions confiance en eux, aujourd'hui, l'attitude qui
est la leur prouve qu'ils nous le rendent bien.
M. Gérard Braun.
On verra !
Mme Elisabeth Guigou,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Sur la précarité, M. Muzeau et
Mme Dieulangard ont eu raison de souligner l'importance des dispositions qui
figurent dans ce texte pour s'opposer au recours abusif au travail précaire.
J'examinerai avec attention la proposition de M. Muzeau sur la définition du
surcroît d'activité, qui est effectivement l'un des motifs du recours au CDD et
à l'intérim, mais, pour l'instant, je suis plutôt tentée de penser que les
textes actuels, enrichis par le présent projet de loi, permettront de prévenir
efficacement le recours abusif au travail précaire.
Je rappelle en particulier trois dispositions essentielles qui figurent
désormais dans le texte : d'abord, un mode de calcul du délai de carence qui
évitera les contournements de la loi que décrivait Mme Dieulangard - un contrat
de cinq jours, le délai de carence du week-end, puis on recommence, et cela
indéfiniment ; ensuite, l'instauration de sanctions pénales pour faire
respecter le principe d'égalité entre salariés précaires et travailleurs sous
contrat à durée déterminée ; enfin, la création d'un droit d'alerte reconnu au
comité d'entreprise, qui permet à ce dernier de solliciter l'inspecteur du
travail pour qu'il impose à l'employeur, si nécessaire, un plan de résorption
de la précarité.
J'ajoute que j'ai l'intention de demander aux services déconcentrés du
ministère et à l'inspection du travail de conduire des actions de contrôle
renforcées, dès l'entrée en vigueur du présent texte, pour faire cesser les
situations critiquables qui perdurent dans certaines entreprises et pour
contraindre ces dernières à embaucher sous contrat à durée indéterminée les
travailleurs précaires qui pourraient être affectés à des tâches durables.
Telles sont les quelques remarques que je tenais à formuler en conclusion de
la discussion générale et avant que nous abordions la discussion des
articles.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur les travées du
groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir
de la deuxième lecture au Sénat des projets de loi, la discussion des articles
est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas
encore adopté un texte identique.
Articles additionnels après l'article 2