SEANCE DU 11 OCTOBRE 2001


QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Devenir de l'usine Mélox de Bagnols-sur-Cèze

1144. - 11 octobre 2001. - M. Simon Sutour attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le devenir de l'usine Mélox, filiale de la Cogema, implantée près de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard rhodanien. Un projet de décret concernant l'autorisation d'extension de production de l'usine Mélox du site nucléaire de Marcoule est actuellement en attente de signature. L'autorité de sécurité nucléaire a relevé que l'usine de fabrication de combustible au plutonium (Mélox) de Cadarache ne répond plus aux normes de sécurité en matière sismique. La Cogema a donc, dans un souci évident de sécurité, demandé la fermeture de l'usine de production de combustible Mélox en s'engageant à un transfert rapide de la production sur l'usine Mélox de Marcoule. Ce regroupement des capacités de production est conditionné à la révision du décret de production de Mélox limité actuellement à 115 tonnes de combustibles afin de le porter à 195 tonnes et de prendre le relais des usines de Cadarache mais aussi de celles de Dessel en Belgique, plus anciennes et dont la mise aux normes pourrait s'avérer antiéconomique. La signature de ce décret est aujourd'hui nécessaire pour que l'usine Mélox puisse à la fois honorer ses engagements commerciaux en matière de livraison de combustible, mais également pour résoudre au plus vite et dans les meilleures conditions la situation des personnels concernés du site de Cadarache. Par ailleurs, il apparaît qu'au-delà des aspects commerciaux et sociaux, l'utilisation optimale de la capacité de production constitue, selon le secrétaire d'Etat à l'industrie, « un moyen de réacheminer vers les pays clients le plutonium issu du retraitement du combustible usé dans les meilleures conditions ». Aussi, face à l'urgence économique et sociale, il lui demande de lui préciser ses intentions concernant la demande de signature du décret évoqué précédemment.

Conditions de recrutement des agents des structures publiques
de coopération intercommunale

1145. - 11 octobre 2001. - M. Michel Teston appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les problèmes liés à l'évolution des structures publiques de coopération intercommunale et aux conditions d'embauche de leurs agents. En effet, au cours des dernières années, de nombreux établissements publics ont vu le jour pour structurer des projets de développement local à l'échelle de nouveaux territoires. Ainsi, de la forme souvent associative, ces organismes ont été amenés à se structurer sous la forme d'établissement public de coopération intercommunale, et notamment de syndicats intercommunaux. Cette évolution est souhaitable et elle a été d'ailleurs favorisée par la loi n° 99-856 du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale. Cependant, ce changement de nature juridique a des conséquences très importantes en matière de recrutement de personnels. En effet, la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 impose aux collectivités territoriales de recruter leurs agents selon un cadre statutaire très précis, qui fait l'objet d'un contrôle de légalité très strict par les autorités préfectorales. Or, les structures intercommunales étant très souvent issues de structures associatives, leurs personnels ne remplissent pas les conditions prévues par la loi. Des professionnels expérimentés, souvent eux-mêmes à l'origine de l'aboutissement des projets, se retrouvent par conséquent exclus de toute possibilité de pérennisation de leur emploi, au motif qu'ils ne sont pas des agents de la fonction publique territoriale. Par ailleurs, il est pour le moins paradoxal de priver les EPCI concernés de ces personnels et de leur expérience. Il lui rappelle que le rapport Schwartz recommande de mettre en oeuvre une évolution nécessaire des modes de recrutement des agents de la fonction publique territoriale, notamment pour prendre en compte l'évolution des métiers et des spécialités professionnelles. Par ailleurs, la loi n° 2001-2 du 3 janvier 2001, dans son article 9, a également prévu un certain nombre de dispositions, mais elles ne permettent pas de résoudre toutes les difficultés rencontrées par les élus locaux, en particulier dans les structures nées avant cette date. De nombreuses institutions de développement local telles que les parc naturels régionaux ou les contrats globaux de développement se heurtant actuellement à de telles difficultés juridiques, il lui demande de bien vouloir lui préciser : d'une part, quel est exactement le cadre juridique applicable dans ce dossier ; et, d'autre part, quelles sont les mesures qu'il entend prendre pour remédier aux difficultés citées.

Politique de dépistage du cancer colorectal

1146. - 11 octobre 2001. - M. Jean-François Picheral appelle l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur les conséquences du cancer colorectal et la situation en France de sa prise en charge. Les cliniciens, comme les chercheurs, portent un intérêt croissant au cancer colorectal. Ceci tient non seulement à la fréquence et à la gravité de ce cancer, mais aussi aux progrès obtenus récemment dans les domaines de la recherche fondamentale et épidémiologique, permettant ainsi d'envisager une évolution à court terme, favorable du traitement d'une telle pathologie. A l'heure actuelle, deuxième cause de mortalité par cancer tous sexes confondus, le cancer colorectal, par sa fréquence élevée, doit faire l'objet d'un dépistage efficace. Son pronostic s'est certes amélioré au cours des vingt dernières années, les deux facteurs déterminants étant la baisse de la mortalité opératoire et, pour une part plus faible, un diagnostic plus précoce. Il semble donc que ce soit sur ce dernier point que les efforts doivent désormais se porter. A la différence d'autres cancers, celui touchant le côlon et le rectum est habituellement précédé pendant de nombreuses années d'une tumeur bénigne, l'adénome. Ces lésions bénignes précancéreuses aisément identifiables permettent donc d'envisager une stratégie de préventions primaire et secondaire rapides. Par ailleurs, ces traitements efficaces au stade initial offrent des conditions parfaites à son dépistage sur la population à risque. Recommandé par l'Organisation mondiale de la santé, l'hémoccult, seul test à avoir été pour l'heure largement évalué sur des échantillons de population, est un test de dépistage, s'adressant aux personnes de cinquante à soixante-quatorze ans. Test caractérisé non seulement par la facilité de sa réalisation, son coût peu élevé, mais aussi par l'absence de risque pour les personnes dépistées, son efficacité semble ne plus faire de doute dons les milieux médicaux. De nombreux tests de recherche d'un saignement occulte dans les selles sont par ailleurs à l'étude. Bien évidemment, les cancers colorectaux, comme les autres cancers, nécessitent en outre une prise en charge pluridisciplinaire, seul moyen de garantir ainsi un traitement adapté. Aussi, la mise en place progressive de réseaux de soins, qui seule pourra permettre d'atteindre cet objectif, se devra-t-elle d'inclure des unités de concertation pluridisciplinaire. L'implication active, et donc une formulation adaptée, des médecins traitants mais aussi des médecins du travail apparaît donc désormais comme une nécessité. Devant ce constat encourageant, seule une politique de dépistage de masse paraît pouvoir faire évoluer ce grave problème que représente le cancer colorectal. Devant la pertinence des données médicales actuelles, il lui demande donc de lui indiquer quelles dispositions seront envisagées dans un bref délai, afin de donner une pleine efficacité à un programme de dépistage dont la validité scientifique a été, depuis longtemps, largement observée.

Reconnaissance du Morvan comme massif de montagne

1147. - 11 octobre 2001. - M. René-Pierre Signé souhaiterait attirer l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur la possibilité de la reconnaissance des communes de montagne du Morvan comme massif aux termes de l'article 5 de la loi montagne n° 85-30 du 9 janvier 1985. La politique nationale de la montagne est loin d'avoir épuisé ses vertus malgré les efforts continus du Gouvernement. La nécessaire prise en compte de la spécifité et des difficultés de la montagne demeure tout à fait d'actualité. Dans cette perspective, la politique du massif constitue de plus en plus le bon cadre de définition et de mise en oeuvre de la politique de la montagne dans lequel les dispositifs contractuels doivent s'inscrire. La question se pose alors de savoir pourquoi le Morvan ne pourrait-il pas bénéficier du classement « Massif ». Il ne s'agit pas de bénéficier uniquement d'une étiquette mais bel et bien des avantages en termes de politiques que constituerait cette reconnaissance. La politique de massif s'appuie en effet sur les schémas interrégionaux de développement et d'aménagement prévus par la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire. Cette reconnaissance permettrait d'assurer le renforcement d'une logique de développement durable. Il s'agit ici de ne pas considérer l'avenir de ces communes comme celui de zones à handicap mais comme celui de zones encore en manque de développement. La difficulté n'est pas de mettre à disposition des outils adaptés, même innovants, mais de faire émerger des projets dans ces zones. Il lui demande donc tout simplement s'il ne serait pas possible de saisir l'occasion du passage au Sénat en janvier prochain du projet de loi sur la démocratie de proximité et de son article 12 bis pour assurer la reconnaissance des communes de montagne du Morvan comme massif.

Situation des enseignants SEGPA-EREA

1148. - 11 octobre 2001. - Mme Hélène Luc appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation préoccupante des enseignants des SEGPA/EREA (Section d'enseignement général et professionnel adapté/Ecole régionale d'enseignement adapté.) En effet, depuis de longs mois ces personnels spécialisés se mobilisent pour alerter les pouvoirs publics sur la dégradation de leurs conditions de travail. Alors que la mission de ces personnels nécessite d'indispensables moyens, tant matériels qu'humains, elle lui demande d'apporter une réponse aux revendications de ces enseignants - notamment en ce qui concerne la revalorisation de la fonction d'enseignant spécialisé, et l'obtention des 18 heures devant élèves. Par ailleurs, elle lui demande de créer les conditions pour qu'un débat sur le devenir des SEGPA/EREA s'engage dans les meilleurs délais.

Restitution à l'Afrique du Sud des restes de Sara Baartman

1149. - 11 octobre 2001. - M. Nicolas About attire l'attention Mme le ministre de la culture et de la communication sur la nécessaire restitution par la France des restes de Sara Baartman, dite « Vénus Hottentote », actuellement détenus par le musée de l'Homme, à Paris. Il lui rappelle le destin pathétique de cette femme. Originaire de l'ethnie sud-africaine Khoikhoi, elle fut convaincue un jour par un Anglais de quitter son pays natal, pour rejoindre l'Europe, au début du xixe siècle. A son arrivée à Londres, le rêve se transforma rapidement en cauchemar : elle fut exhibée comme une bête de foire, puis servit d'objet sexuel lors de soirées privées, avant de sombrer finalement dans la prostitution. Elle termina sa courte existence à Paris, où elle devint un objet de curiosité scientifique. Son corps fut disséqué, son cerveau et ses organes plongés dans le formol et son squelette exposé au musée de l'Homme, tel un vulgaire trophée ramené d'Afrique. Il est stupéfiant de penser que cette sordide exhibition a duré en France jusqu'en 1974. Aujourd'hui, les restes de cette femme doivent sommeiller quelque part, dans une remise du musée. Longtemps présentée en Europe comme un exemple de l'infériorité africaine, Sara Baartman est devenue, dans son pays, le symbole de l'exploitation et de l'humiliation vécues par les ethnies sud-africaines pendant la douloureuse période de la colonisation. Depuis plusieurs années, le gouvernement sud-africain réclame à la France la restitution des restes de cette femme, afin qu'elle puisse recevoir les honneurs de son peuple et reposer en paix, dans une sépulture décente. Le retour de la « Vénus hottentote » en Afrique du Sud serait vécu comme le symbole de la dignité retrouvée d'un peuple. C'est pourquoi, il lui demande quand elle compte mettre fin aux tergiversations de la France sur cette légitime restitution.