SEANCE DU 16 OCTOBRE 2001
M. le président.
La parole est à M. Francis Giraud, auteur de la question n° 1116, adressée à
M. le ministre délégué à la santé.
M. Francis Giraud.
Monsieur le président, auteur de l'ultime question inscrite à l'ordre du jour,
permettez-moi de vous présenter les dernières, mais très sincères,
félicitations de la matinée pour votre élection à la vice-présidence.
M. le président.
Merci, mon cher collègue.
M. Francis Giraud.
Monsieur le secrétaire d'Etat, toutes les enquêtes indiquent que l'on assiste
à une forte recrudescence des maladies sexuellement transmissibles, les MST.
Parmi elles, l'herpès est celle qui progresse le plus rapidement. L'herpès
touche aujourd'hui près de 10 millions de personnes en France, parmi lesquelles
plus de 2 millions sont atteintes d'un herpès génital, soit une augmentation de
plus de 50 % en dix ans.
L'on connaît aujourd'hui deux virus responsables de l'herpès : l'herpès
simplex virus 2, qui est responsable d'herpès génital ; l'herpès simplex virus
1, qui est responsable de l'herpès orofacial, souvent appelé « bouton de fièvre
», mais peut également être à l'origine de lésions de la sphère génitale, comme
c'est le cas aux Etats-Unis.
Il importe donc de ne pas opérer une dissociation entre ces deux virus, qui
partagent trois caractéristiques, à savoir une structure commune de type ADN,
des mécanismes de multiplication identiques et, surtout, une persistance
indéfinie dans l'organisme.
Un autre phénomène commun aux deux virus de l'herpès est la contagion. Toute
personne infectée peut excréter du virus, même sans symptôme.
Si, aujourd'hui, certains traitements peuvent réduire l'intensité des
symptômes, aucun ne peut cependant éradiquer le virus de l'organisme ni
empêcher complètement la réactivation virale, donc les récidives.
Les conséquences de l'herpès sont importantes.
Les deux virus provoquent, comme nous le savons, des blessures physiques
douloureuses, des ulcérations, des blessures psychologiques, qui peuvent avoir
des répercussions sur la vie personnelle, la vie de couple et la vie
familiale.
Il est encore établi que l'infection par herpès favorise l'infection par
d'autres maladies sexuellement transmissibles, dont le sida.
Enfin, qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre virus, l'herpès néonatal constitue
une pathologie extrêmement grave. Il y a risque de mortalité dans 50 % des cas
et, chez les enfants survivants, risque de séquelles neurologiques.
L'herpès demeure une maladie mal connue. Elle est ignorée du grand public.
Dans sa forme génitale, parce que touchant à l'intimité, l'herpès est une
maladie que l'on cache, qui demeure un mal secret, une maladie taboue.
Enfin, l'herpès est une maladie encore mal identifiée par les médecins.
Monsieur le secrétaire d'Etat, à l'heure actuelle, en dehors des efforts
méritoires déployés par l'association Herpès, aucune information efficace sur
les moyens de prévenir la transmission de l'herpès n'est encore disponible.
Un groupe de travail qui avait pour mission de dresser l'état des lieux des
maladies sexuellement transmissibles dans notre pays a été mis en place à la
direction générale de la santé au début de 1999. Ce groupe a remis son rapport
à la fin de l'année 1999 ; or, presque deux ans plus tard, ses conclusions
n'ont pas encore été rendues publiques.
Je vous demande donc, monsieur le secrétaire d'Etat, quand seront publiées les
conclusions du groupe de travail et quelles suites le Gouvernement entend leur
donner, qu'il s'agisse de la prévention de ces maladies en général et de
l'herpès en particulier ou de leur prise en charge.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët,
secrétaire d'Etat à l'économie solidaire.
Monsieur le sénateur, je vous
prie d'excuser M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé, absent ce
matin. Il m'a transmis les éléments de réponse suivants, en considérant que
vous aviez décrit avec précision la situation, après un examen manifestement
attentif du dossier.
L'herpès, en particulier l'herpès génital, est une infection virale qu'il
importe de prendre en compte, d'une part, dans le cadre de la prévention de
l'herpès néonatal et, d'autre part, en tant que cofacteur éventuel de la
transmission de l'infection par VIH.
Pour ce faire, le groupe de travail sur les maladies sexuellement
transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, section
prophylaxie des maladies transmissibles, a été saisi de nouveau.
L'objectif qui lui a été fixé est de formuler des avis concernant la
prévention, la prophylaxie, le dépistage, le diagnostic et les traitements des
maladies sexuellement transmissibles, dont l'herpès simplex 2.
Ces avis seront proposés pour validation au Conseil supérieur d'hygiène
publique de France à la fin de l'année 2001. Les avis serviront notamment de
base à l'élaboration d'une politique de lutte contre les maladies sexuellement
transmissibles.
M. Francis Giraud
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Francis Giraud.
M. Francis Giraud
Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat, mais
j'attends en effet la publication de ces avis, parce que, permettez-moi de le
souligner, deux ans pour rendre public un avis qui a été formulé à la fin de
1999, c'est peut-être un peu long !
J'espère en tout cas que des conclusions pourront en être tirées et surtout
que des actions seront engagées par les pouvoirs publics en vue d'une
prévention efficace.
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