SEANCE DU 14 DECEMBRE 2001
M. le président.
« Art. 50
quater
. - Après l'article L. 122-48 du code du travail, sont
insérés cinq articles L. 122-49 à L. 122-53 ainsi rédigés :
«
Art. L. 122-49.
- Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés
de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des
conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa
dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir
professionnel.
« Aucun salarié ne peut être santionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure
discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de
formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification,
de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat pour
avoir subi ou refusé de subir, les agissements définis à l'alinéa précédent ou
pour avoir témoigné de tels agissements ou les avoir relatés.
« Toute rupture du contrat de travail qui en résulterait, toute disposition ou
tout acte contraire est nul de plein droit.
«
Art. L. 122-50 et L. 122-51. - Non modifiés.
«
Art. L. 122-52. -
En cas de litige relatif à l'application des
articles L. 122-46 et L. 122-49, le salarié concerné présente des éléments de
fait laissant supposer l'existence d'un harcèlement. Au vu de ces éléments, il
incombe à la partie défenderesse de prouver que ses agissements ne sont pas
constitutifs d'un tel harcèlement et que sa décision est justifiée par des
éléments objectifs étrangers à tout harcèlement. Le juge forme sa conviction
après avoir ordonné, en cas de besoin, toutes les mesures d'instruction qu'il
estime utiles.
«
Art. L. 122-53.
- Les organisations syndicales représentatives dans
l'entreprise peuvent exercer en justice, dans les conditions prévues par
l'article L. 122-52, toutes actions qui naissent de l'article L. 122-46 et de
l'article L. 122-49 en faveur d'un salarié de l'entreprise, sous réserve
qu'elles justifient d'un accord écrit de l'intéressé. L'intéressé peut toujours
intervenir à l'instance engagée par le syndicat et y mettre fin à tout moment.
»
« II et III. -
Non modifiés ;
« IV. - Dans l'article L. 152-1-1 du même code, les mots : "de l'article L.
123-1" sont remplacés par les mots : "des articles L. 122-46, L. 122-49 et L.
123-1".
« V. - Dans l'article L. 152-1-2 du même code, les mots : "de l'article L.
123-1" sont remplacés par les mots : "des articles L. 122-46, L. 122-49 et L.
123-1".
« VI. - Dans l'article L. 742-8 du même code, les mots : "de l'article L.
122-46 et du dernier alinéa de l'article L. 123-1" sont remplacés par les mots
: "des articles L. 122-46, L. 122-49 et L. 122-53".
« VII. - Le dernier alinéa de l'article L. 771-2 du même code est ainsi rédigé
: "- les articles L. 122-46, L. 122-49 et L. 122-53".
« VIII. - Dans l'article L. 772-2 du même code, les mots : "de l'article L.
122-46 et du dernier alinéa de l'article L. 123-1, des articles", sont
remplacés par les mots : "des articles L. 122-46, L. 122-49, L. 122-53". »
Sur l'article, la parole est à M. Chabroux.
M. Gilbert Chabroux.
Afin de ne pas alourdir le débat, j'indique dès à présent que nous nous
opposons aux amendements de la commission portant sur le chapitreIII
bis
relatif à la lutte contre le harcèlement moral au travail.
Le harcèlement moral au travail fait l'objet d'un consensus de principe entre
la majorité et l'opposition. Cet accord n'est plus de mise lorsque l'on examine
point par point les conditions de la répression de ce comportement. Je suis
donc amené à redire que les faits sont extrêmement difficiles à établir, parce
qu'ils présentent, le plus souvent, comme dans le cas de la discrimination, un
caractère dissimulé.
Il est donc excessif de demander à la victime présumée d'établir des faits.
Elle ne peut que présenter au juge des éléments qui, de son point de vue, par
définition subjectif, sont constitutifs d'un harcèlement. Il convient aussi de
laisser au juge l'entière liberté de forger son opinion.
Nous sommes également opposés aux amendements de la commission relatifs à la
charge de la preuve, particulièrement dans le cas où un subordonné est victime
de harcèlement de la part d'un supérieur hiérarchique ou de son employeur. Les
amendements de la commission ne nous paraissent pas tenir compte de la réalité
de la vie dans les entreprises.
M. le président.
L'amendement n° 86, présenté par M. Gournac, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 50
quater
pour l'article L. 122-49 du code du travail, supprimer les mots :
"à ses droits et". »
La parole est à M. Gournac, rapporteur.
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Il s'agit de revenir à la définition du harcèlement moral qui
avait été donnée par le Sénat en deuxième lecture.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 86, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 87, présenté par M. Gournac, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par le I de l'article 50
quater
pour l'article L. 122-52 du code du travail :
«
Art. L. 122-52.
- En cas de litige relatif à l'application des
articles L. 122-46 et L. 122-49, le salarié concerné établit des faits qui
permettent de présumer l'existence d'un harcèlement. Au vu de ces éléments, il
incombe à la partie défenderesse de prouver que ses agissements ne relèvent pas
du harcèlement. Le juge forme sa conviction après avoir ordonné, en cas de
besoin, toutes les mesures d'instruction qu'il estime utiles. »
La parole est à M. Gournac, rapporteur.
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Cet amendement vise à revenir au texte adopté par le Sénat en
deuxième lecture en ce qui concerne l'aménagement de la charge de la preuve.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 87, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 88, présenté par M. Gournac, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Supprimer les IV et V de l'article 50
quater
. »
La parole est à M. Gournac, rapporteur.
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination, tendant à
supprimer des dispositions redondantes introduites en nouvelle lecture à
l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 89, présenté par M. Gournac, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Supprimer les VI, VII et VIII de l'article 50
quater.
»
La parole est à M. Gournac, rapporteur.
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Il s'agit là encore de supprimer des dispositions redondantes
introduites par l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 89, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis enfin saisi de deux amendements présentés par le Gouvernement.
L'amendement n° 117 est ainsi libellé :
« Compléter l'article 50
quater
par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Dans le dernier alinéa de l'article L. 773-2 du même code, les mots :
"et L. 122-46 ; chapitre III : dernier alinéa de l'article L. 123-1 ;" sont
remplacés par : "articles L. 122-46, L. 122-49 et L. 122-53". »
L'amendement n° 121 est ainsi libellé :
« Compléter l'article 50
quater
par un paragraphe ainsi rédigé :
« IX. - A. - A la fin du premier alinéa de l'article 2-6 du code de procédure
pénale, les mots : "et par l'article L. 123-1 du code du travail" sont
remplacés par les mots : "et par les articles L. 123-1 et L. 122-46 du code du
travail".
« B. - Dans le second alinéa de l'article 2-6 du code de procédure pénale, les
mots : "du dernier alinéa de l'article L. 123-1 du code du travail" sont
remplacés par les mots : "de l'article L. 122-46 du code du travail". »
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
En ce qui concerne l'amendement n° 117, le
Gouvernement entend rétablir, conformément à ce que prévoyait un amendement
adopté par le Sénat en première lecture, la protection contre le harcèlement
moral des assistantes maternelles.
Quant à l'amendement n° 121, si le Gouvernement l'a déposé tardivement, c'est
parce que j'ai été moi-même alertée très tard. Ce n'est pas un amendement de
fond : il vise à corriger une erreur matérielle rompant le lien entre le code
du travail et le code de procédure pénale, qui permet depuis 1985 aux
associations d'ester en justice.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 117 ?
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Cet amendement vise le dernier alinéa de l'article L. 773-2
du code du travail, alors qu'il s'agit en fait du deuxième alinéa. Une
rectification est donc nécessaire, madame le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Madame le secrétaire d'Etat, êtes-vous d'accord pour rectifier votre
amendement dans le sens indiqué par la commission ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
N'ayant pas eu le temps d'examiner cette suggestion,
je n'y accède pas, monsieur le président.
M. le président.
Quel est donc l'avis de la commission ?
M. Alain Gournac,
rapporteur.
Dans ces conditions, la commission émet un avis défavorable
sur l'amendement n° 117.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 117, repoussé par la commission.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 121 ?
M. Alain Gournac,
rapporteur.
La commission est défavorable à cet amendement. Le Sénat
s'était opposé à une initiative identique lors de la première lecture. Nous
avons déjà traité ce sujet, que nous connaissons très bien, qu'il s'agisse du
harcèlement moral ou du harcèlement sexuel. Il n'y a là rien de nouveau.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 121, repoussé par la commission.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 50
quater,
modifié.
(L'article 50
quater
est adopté.)
Article 50 quinquies A