SEANCE DU 6 FEVRIER 2002
M. le président.
L'amendement n° 261, présenté par M. Fauchon, au nom de la commission des
lois, est ainsi libellé :
« Au début du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 58 pour l'article
L. 1142-10 du code de la santé publique, remplacer le mot : "Elle" par les mots
: "La commission nationale des accidents médicaux". »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 261, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 262, présenté par M. Fauchon, au nom de la commission des
lois, est ainsi libellé :
« Dans le deuxième alinéa du texte proposé par l'article 58 pour l'article L.
1142-10 du code de la santé publique, après les mots : "chaque année", insérer
les mots : "avant le 15 octobre". »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Nous proposons que le rapport sur l'activité des
commissions régionales, qui est fort opportunément prévu - et qui permettra de
savoir ce qui s'y passe ou ce qui ne s'y passe pas, nous verrons bien..., mais
il est bon qu'on le sache
(Sourires)
- nous proposons, dis-je, que ce
rapport soit déposé avant le 15 octobre de chaque année. En effet, c'est le
moment où l'on discute du budget de la sécurité sociale et, comme c'est cette
dernière qui assurera le financement d'une grande partie de l'aléa
thérapeutique, on peut penser que ce rapport sera alors examiné de manière
attentive !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Le Gouvernement sera heureux de savoir si, comme il le
croit, le système fonctionne, et il est donc favorable à cet amendement.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Très bien !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 262, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 263, présenté par M. Fauchon, au nom de la commission des
lois, est ainsi libellé :
« Compléter le deuxième alinéa du texte proposé par l'article 58 pour
l'article L. 1142-10 du code de la santé publique par une phrase ainsi rédigée
:
« Ce rapport dresse la liste de l'ensemble des avis rendus par les commissions
régionales et mentionne le nom des établissements concernés lorsque l'avis n'a
pas fait l'objet de contestation. »
La parole est M. le rapporteur pour avis.
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Il nous semble important que le rapport que nous
venons d'instaurer comporte des informations utilisables. On peut,
naturellement, préférer les rapports obscurs, mais nous avons tendance, pour
notre part, à préférer des rapports clairs qui fournissent des informations
utilisables.
C'est pourquoi nous suggérons que ce rapport dresse la liste de l'ensemble des
avis rendus par les commissions régionales et mentionne le nom des
établissements concernés lorsque l'avis n'a pas fait l'objet de contestation.
Il nous paraît intéressant, en effet, de savoir quels sont les établissements
qui font apparaître fréquemment des aléas thérapeutiques : savoir que, dans tel
hôpital, il y a vingt cas dans l'année et que, dans tel autre, il n'y en a que
deux, c'est une information qui présente quand même un certain intérêt.
La démocratie ne fonctionne correctement que dans la transparence. C'est une
vérité première, et une évidence qui n'a sans doute pas besoin d'être
développée, pas plus dans ce domaine que dans aucun autre. Au demeurant, nous
ne demandons pas qu'en cas de contestation les points contestés figurent dans
le rapport ! Seuls les points non contestés doivent y figurer, ce qui permettra
quand même d'identifier la fréquence des accidents selon les établissements.
Nous sommes pour un système de responsabilité, et la responsabilité suppose à
tout le moins une certaine clarté. Or, à notre avis, ce rapport peut y
contribuer.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
La commission est très réservée sur cet amendement. Elle en
comprend les motivations, mais elle craint que le souci de transparence ne
soit, en l'occurrence, source de confusion. Est-il efficace de jeter en pâture
à l'opinion publique le nom des établissements ou se seraient produits des
accidents médicaux ?
N'en déduisez pas, mes chers collègues, que notre souci soit de protéger les
établissements ! Simplement, je pose la question : sommes-nous tous, les uns et
les autres, capables de traduire l'information qui nous est donnée ? La
communication nécessite des précautions, ce qui ne signifie pas obligatoirement
que l'information doive être opaque. Ainsi, comment peut-on comparer l'activité
d'un CHU où l'on traite des pathologies lourdes et celle d'un petit hôpital
général ? Je ne comprends pas bien la nécessité de cette mention nominative
!
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Moi, je suis pour la transparence, et je pense que nous
devons connaître à la fois les avantages et les inconvénients des différents
établissements hospitaliers. Mais nous sommes allés très loin dans ce sens,
puisque nous avons décidé, sinon de rendre publiques, du moins de rendre
accessibles les données du programme de médicalisation des systèmes
d'information hospitaliers, le PMSI.
Il n'empêche que, pour le moment, nous n'avons pas réussi à distinguer les
établissements qui assurent des interventions délicates de ceux qui reçoivent
des patients dont la maladie n'a pas le même niveau de gravité.
Adepte de la transparence, je sais cependant que, si l'on fait figurer les
établissements de santé nominativement dans ce rapport, il faut aussi, pour
être objectif, fournir en même temps toutes les données pour tous les
établissements, en les mettant en parallèle avec les données du PMSI.
De toute façon, comme le disait M. About, toutes ces informations figurent
régulièrement dans la presse, et de mauvaise manière.
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Voilà !
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Ainsi, dans les listes qui classent les cliniques ou
les hôpitaux par ordre de mérite - et que nous avons aidé la presse à établir,
plaçant l'Assistance publique-hôpitaux de Paris quelque peu en difficulté - ce
n'est jamais le souci d'équilibre qui l'emporte.
Dans ces conditions, dans la mesure où il est difficile de ne pas donner ces
renseignements au public, qui en dispose de toute façon, je m'en remets à la
sagesse du Sénat.
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Lorrain, rapporteur.
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
Nous avons tous, les uns et les autres, souffert ou au
contraire été fiers lorsque, dans certains hebdomadaires, nous constations que
notre ville était plus ou moins bien classée en fonction de la qualité de son
environnement ou de son cadre de vie.
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Bien sûr !
M. Jean-Louis Lorrain,
rapporteur.
Mais les éléments d'évaluation de ces enquêtes ne sont pas
totalement satisfaisants.
Je peux témoigner de ce qui se passe en matière d'éducation, où les
établissements sont classés en fonction des réussites scolaires : j'ai eu
l'occasion de travailler avec le ministère de l'éducation nationale sur ce
sujet, et je sais que le Gouvernement a essayé de mettre en place d'autres
méthodes d'évaluation afin que les appréciations portées n'établissent plus un
classement, mais permettent de suivre l'évaluation de tel établissement dans la
durée.
Il faut savoir accéder à l'information et tout un effort d'explication est
nécessaire. Donner en pâture, de façon souvent très restrictive et instantanée,
certains établissements ne me paraît pas une bonne méthode. Voilà pourquoi je
considère qu'il serait bon de recouper ces informations avec celles du PMSI,
mais vous savez bien que la lecture de ce dernier n'est pas à la portée de tout
le monde !
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Pierre Fauchon,
rapporteur pour avis.
Si je partage le point de vue de M. le ministre, je
m'interroge. En effet, que serait ce rapport s'il ne faisait pas état des lieux
où les incidents se produisent ? S'agira-t-il simplement de donner un chiffre
global, de savoir qu'il y a eu en France tant d'accidents de telle ou telle
catégorie, qui ont coûté tant ? Entre nous, cela n'a aucun intérêt, c'est du
refus d'information, c'est l'opacité !
Bien entendu, monsieur le ministre, il est évident que les auteurs du rapport
ne se contenteront pas de donner des chiffres par établissement, ils fourniront
des explications. Il leur appartiendra, ainsi qu'aux membres de la commission
nationale, d'apporter les précisions que vous souhaitez, et ce objectivement,
en indiquant, notamment, que tel établissement applique tel genre de
thérapeutique. C'est donc un rapport explicatif qui comportera un commentaire.
Tout cela est cohérent.
De toute façon, comme cela a été dit tout à l'heure, vous trouverez dans la
presse les précisions qui ne seront pas dans le rapport ! Elle en publie
régulièrement -
Le Figaro magazine
, en particulier -, et ce sans
sécurité, car vous ne les contrôlez pas ! Un article, même écrit par un
journaliste consciencieux, reste quand même - on peut l'espérer - moins fiable
que le rapport d'un organisme national créé pour élaborer un tel rapport !
Véritablement, si le Parlement souhaite être informé, il faut donner
l'information. Imaginez un instant ce que serait un rapport de la Cour des
comptes dans lequel ne serait mentionné aucun établissement. Vous crieriez au
gaspillage ! C'est inconcevable !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 263, repoussé par la commission et pour
lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 1142-10 du code
de la santé publique.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 1142-11 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE