SEANCE DU 3 OCTOBRE 2002
M. le président.
La parole est à M. de Raincourt.
(Applaudissements sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Henri de Raincourt.
Monsieur le président, comme vous-même, je ne peux résister au plaisir de
saluer dans cet hémicycle, outre M. le Premier ministre, vingt-quatre de ses
ministres.
(Applaudissements sur les mêmes travées. - Exclamations sur les
travées socialistes.)
C'est une pratique républicaine et parlementaire qui
me paraît extrêmement positive.
(M. René-Pierre Signé s'exclame.)
Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
Monsieur le ministre, douze ans après la guerre du Golfe, la question de
l'Irak se pose toujours avec une extrême gravité. Elle est revenue sur le
devant de la scène diplomatique et elle préoccupe les opinions publiques
française et internationale, qui s'émeuvent des risques d'un conflit.
Nous suivons très attentivement vos déclarations, tout comme celles de M. le
Premier ministre et de M. le Président de la République.
Nous savons aussi que, la semaine prochaine, un débat spécifique sera organisé
à l'Assemblée nationale et au Sénat. Dans cette attente, et compte tenu de
l'enjeu, je voudrais vous poser les questions suivantes.
M. René-Pierre Signé.
Une seule question ! Plus vite !
M. Henri de Raincourt.
Si, à votre avis, l'Irak n'est pas un sujet méritant un peu de respect et
d'attention, assumez vos responsabilités !
(Bravo ! et applaudissements sur
les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
M. René-Pierre Signé.
Pas de leçon ! On vous écoute !
M. Henri de Raincourt.
En premier lieu, quels sont, aujourd'hui, les objectifs poursuivis par la
diplomatie française et quelle est l'action de cette dernière sur le plan tant
international qu'européen ?
En deuxième lieu, quel est l'état du débat aux Nations unies ? L'approche
anglo-américaine visant à permettre le recours automatique à la force a-t-elle
une chance, ou un risque, de l'emporter ?
En troisième lieu, comment la France se préoccupet-elle du sort peu enviable
de la population irakienne ?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Dominique de Villepin,
ministre des affaires étrangères.
Monsieur le sénateur, l'enjeu irakien,
aujourd'hui, est un enjeu essentiel, et c'est pourquoi la France veut défendre
une approche globale.
Vous avez eu raison de mentionner la situation humanitaire du peuple irakien :
c'est en raison de cette dernière que nous avons plaidé en faveur d'un
allégement de l'embargo et pour l'adoption des dispositions « pétrole contre
biens humanitaires ». Mais il faut aussi préserver l'unité de l'Irak et nous
assurer de la sécurité régionale.
Au cours des derniers jours, des progrès ont été enregistrés dans les
négociations, à Vienne, entre les inspecteurs, MM. Blix et El-Baradei, et la
partie irakienne.
Nous progressons en particulier dans la définition des arrangements pratiques
qui peuvent permettre à ces inspections de s'y dérouler.
Il faut parallèlement que les mêmes progrès puissent avoir lieu au Conseil de
sécurité des Nations unies.
Nous voulons défendre au Conseil de sécurité une approche en deux temps,
justement parce que nous récusons une action unilatérale et préventive et que,
selon nous, le recours à la force ne peut être qu'un dernier recours.
Dans cet esprit, il appartient donc au Conseil de sécurité d'adopter les
arrangements pratiques si nécessaires sur la base de la résolution 1 284.
Puis, et dans un deuxième temps seulement, si l'Irak n'obtempère pas, il
reviendra à la communauté internationale, au Conseil de sécurité, de prendre
toutes leurs responsabilités.
Nous voulons suivre trois principes.
Nous voulons défendre l'unité de la communauté internationale et l'unité du
Conseil de sécurité, ce qui conditionne la légitimité de l'action
internationale.
Nous voulons aussi défendre le principe de responsabilité : à chaque étape,
pragmatiquement, avec réalisme, il faut décider des mesures à prendre en
donnant toutes leurs chances aux inspecteurs, dont je tiens à souligner la
qualité, le professionnalisme et le multinationalisme.
Enfin, nous voulons de la justice : cette dernière doit s'appliquer partout
sur la scène internationale et doit être équivalente sur tous les dossiers ; à
cet égard, je pense, bien sûr, au Proche-Orient.
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
INONDATIONS