SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2002
M. le président.
La parole est à Mme Nelly Olin.
(Applaudissements sur les travées du
RPR.)
Mme Nelly Olin.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales.
Depuis plusieurs années déjà, l'intégrisme islamique tente de s'implanter dans
nos banlieues, et il y réussit.
La méthode est toujours la même : des associations s'installent dans les
quartiers avec des moyens financiers considérables dont on ne connaît pas la
provenance, même si on la devine.
Ces mêmes associations se servent de la faiblesse de jeunes qui ont perdu tout
repère et de leur esprit de révolte. Elles les conditionnent en leur faisant
croire qu'il existe de bons et de mauvais musulmans.
Il n'est pas rare de trouver des cassettes vidéo présentant des camps
d'entraînement, situés naguère en Afghanistan, aujourd'hui au Pakistan.
Il n'est pas rare de rencontrer des enfants déscolarisés sans aucune raison
apparente. Leur nombre croît d'ailleurs d'année en année.
Il n'est pas rare de croiser des jeunes filles, parfois nées en France, issues
de familles musulmanes modérées, qui portent le tchador, ce qui n'a plus rien à
voir avec le port d'un simple foulard.
La situation est très grave. Monsieur le ministre, de quels moyens
disposons-nous pour lutter contre ce fléau qui, si l'on n'agit pas, va
s'étendre de plus en plus ? Que pouvons-nous faire pour que les musulmans de
France ne soient plus ni des victimes ni des accusés, mais puissent simplement
vivre en paix dans notre pays, dans la laïcité, qui est le fondement même de
notre République ?
(Applaudissements sur les travées du RPR, des
Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
Vous avez évoqué, madame Olin, la question de la place de la
communauté musulmane et de l'islam, qui est, je le rappelle, la deuxième
religion de France. En effet, notre pays compte quelque 4 millions de
musulmans, 1,1 million de protestants et 700 000 juifs.
Il s'agit d'une question essentielle, à propos de laquelle l'angélisme n'est
pas de mise. Nous devons faire preuve d'une fermeté absolue à l'encontre, par
exemple, d'imams qui ne parlent pas un mot de français et qui viennent
dispenser des théories qui sont à l'opposé des valeurs de la République.
M. Alain Gournac.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Nous devons refuser l'entrée de tels imams sur le territoire
national : c'est un élément de la sécurité de notre pays.
M. Alain Gournac.
Tout à fait !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Par ailleurs, aucun amalgame n'est tolérable. Il faut marquer
une différence, comme vous l'avez très bien fait, madame Olin, entre
l'orthodoxie et l'intégrisme. La pratique orthodoxe d'une religion, quelle
qu'elle soit, n'est pas en soi contraire aux idéaux de la République ; c'est la
pratique intégriste qui est condamnable.
Quelle est la solution ? Promouvoir un islam de France et non pas un islam en
France. Comment ? En dialoguant avec la communauté musulmane.
Cependant, comment peut-on dialoguer avec la communauté musulmane, puisqu'elle
n'est pas organisée à l'échelon national ? Même sur la question de l'entrée
dans la période du ramadan, il n'a pas été possible de dégager une position
commune. Bien d'autres, avant moi, qu'ils aient appartenu à des gouvernements
de gauche ou à des gouvernements de droite, ont essayé d'engager ce dialogue ;
il faut continuer.
Quelles sont les conditions de ce dialogue ?
Tout d'abord, nous ne devons accepter aucune influence étrangère. La situation
est déjà assez compliquée comme cela, étant donné la multiplicité des courants
existant au sein de la communauté musulmane, pour que des pays étrangers,
fussent-ils amis de la France, ne s'ingèrent pas dans cette affaire.
Ensuite, une élection ne garantirait pas la présence de femmes dans la
représentation de la communauté musulmane. Or les femmes sont des exemples
d'intégration, pour un certain nombre de raisons qu'il n'y a pas lieu de
développer ici. Je voudrais souligner que le Gouvernement ne transigera pas sur
ce point.
Enfin, toutes les tendances doivent être représentées, et non pas seulement
les plus modérés des musulmans. Sinon, on prendrait le risque de voir se
développer un islam des caves, un islam souterrain.
Voilà ce que nous essayons de faire. Pour la République, j'espère que nous
réussirons.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
TRAFIC D'ÊTRES HUMAINS À LA VEILLE
DE L'ÉLARGISSEMENT DE L'UNION EUROPÉENNE