M. le président. L'amendement n° 483, présenté par M. Favier, Mmes Assassi, Cukierman et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
Après l’article 12
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Avec le concours de la commission nationale du débat public, une consultation des habitants d’une région peut être organisée sur des projets stratégiques identifiés et désignés par l’exécutif du conseil régional.
Les communes concernées par ces projets accueillent cette consultation.
La parole est à M. Christian Favier.
M. Christian Favier. Par cohérence avec les votes précédents, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L’amendement n° 483 est retiré.
Section 3
Logement en Île-de-France
Article 13
(Non modifié)
I. – Au chapitre II du titre préliminaire du livre III du code de la construction et de l’habitation, la section 4 est remplacée par les dispositions suivantes :
« Section 4
« Schéma régional de l’habitat et de l’hébergement en Île–de–France
« Art. L. 302-13. – I. – Afin de traduire les orientations du schéma directeur de la région d’Île–de–France dans les domaines de l’urbanisme et du logement, et sur la base d’un diagnostic du logement et de l’habitat, le conseil régional élabore un schéma régional de l’habitat et de l’hébergement, dans le délai de dix-huit mois après son renouvellement. Ce schéma fixe les objectifs globaux et, dans le respect des compétences conférées à Grand Paris Métropole, leurs déclinaisons territoriales en matière de construction et de rénovation de logements, de construction et d’amélioration des structures d’hébergement, de développement équilibré du parc de logements sociaux, de rénovation thermique des logements, d’actions en faveur des populations défavorisées, de rénovation urbaine, de requalification des quartiers anciens dégradés et de lutte contre l’habitat indigne.
« Il prévoit des critères, indicateurs et modalités permettant de suivre l’application de ses dispositions et leurs incidences.
« II. – Les programmes locaux de l’habitat, les contrats de développement territorial, les schémas de cohérence territoriale et, en l’absence de schéma de cohérence territoriale, les plans locaux d’urbanisme, les cartes communales ou les documents en tenant lieu prennent en compte le schéma régional de l’habitat et de l’hébergement lors de leur élaboration ou de leur révision.
« Art. L. 302-14. – I. – Dans un délai de trois mois à compter de la transmission de la délibération du conseil régional engageant la procédure d’élaboration du schéma régional de l’habitat et de l’hébergement, le représentant de l’État dans la région porte à sa connaissance toutes les informations utiles ainsi que les objectifs à prendre en compte en matière de diversité de l’habitat, de répartition équilibrée des différents types de logements, de renouvellement du parc immobilier et d’accroissement du nombre de logements et de places d’hébergement.
« Le projet de schéma arrêté par le conseil régional est soumis pour avis au comité régional de l’habitat, aux départements, à la Grand Paris Métropole, aux établissements publics compétents en matière de programme local de l’habitat ainsi qu’aux communes n’appartenant pas à de tels établissements publics, qui disposent d’un délai de trois mois, à compter de la notification, pour faire connaître leur avis.
« Au vu de ces avis, le conseil régional délibère sur un nouveau projet de schéma. Il le transmet au représentant de l’État dans la région qui dispose d’un délai de deux mois pour faire connaître son avis.
« Le projet de schéma, amendé le cas échéant pour tenir compte des demandes de modifications du représentant de l’État dans la région, est approuvé par délibération du conseil régional.
« II. – Le schéma peut être révisé selon les modalités prévues pour son élaboration au I du présent article.
« Art. L. 302-15. – Le représentant de l’État dans la région établit chaque année un bilan de la programmation des aides au logement dans la région d’Île–de–France. Sur la base de ce bilan, l’État, la région d’Île–de–France, les départements, Grand Paris Métropole et les établissements publics compétents en matière de programme local de l’habitat coordonnent leurs interventions pour favoriser la mise en œuvre du schéma régional de l’habitat et de l’hébergement. »
II. – Les objectifs des contrats de développement territorial dont l’élaboration a été engagée avant l’entrée en vigueur de la présente loi tiennent compte des objectifs annuels de production de nouveaux logements dans les périmètres comprenant un ou plusieurs territoires soumis à l’obligation de réaliser un programme local de l’habitat, fixés par le préfet de région en application de l’article L. 302-13 du code de la construction et de l’habitation dans sa version antérieure à la présente loi.
M. le président. Je suis saisi de quatre amendements identiques.
L'amendement n° 26 rectifié quinquies est présenté par MM. Karoutchi, Hyest, G. Larcher, Marseille, Charon et Pozzo di Borgo, Mme Duchêne, M. Gournac, Mmes Debré et Primas, MM. P. Dominati, Houel et Dassault et Mmes Mélot et Jouanno.
L'amendement n° 232 rectifié bis est présenté par MM. Dallier, Cambon, Lefèvre, Paul, Milon, del Picchia, Doligé et Laménie.
L'amendement n° 657 rectifié est présenté par MM. Capo-Canellas, Dubois, Guerriau et Roche et Mme Morin-Desailly.
L'amendement n° 689 est présenté par Mme Lipietz, MM. Dantec, Placé et les membres du groupe écologiste.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Supprimer cet article.
Ces amendements ont déjà été défendus.
Quel est l’avis de la commission ?
M. René Vandierendonck, rapporteur. Avis favorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 26 rectifié quinquies, 232 rectifié bis, 657 rectifié et 689.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 13 est supprimé, et les amendements nos 4, 484 rectifié, 485, 693, 6, 486, 695 et 5 n’ont plus d’objet.
Toutefois, pour la bonne information du Sénat, je rappelle les termes de ces amendements.
L'amendement n° 4, présenté par M. Dilain, au nom de la commission des affaires économiques, était ainsi libellé :
Alinéa 4, première phrase
Après le mot :
Afin
insérer les mots :
d’atteindre l’objectif fixé à l’article 1er de la loi n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris et
L'amendement n° 484 rectifié, présenté par M. Favier, Mmes Assassi, Cukierman et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, était ainsi libellé :
Après l'alinéa 7
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Pour l'élaboration de ce schéma, le conseil régional recueille les propositions du Comité régional de l'habitat, des conseils généraux, du Grand Paris Métropole, des établissements publics de coopération intercommunale compétents en matière de programme local de l'habitat, des communes n'appartenant pas à de tels établissements publics, du Conseil économique, social et environnemental régional et des chambres consulaires.
L'amendement n° 485, présenté par M. Favier, Mmes Assassi, Cukierman et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, était ainsi libellé :
Alinéa 4, seconde phrase
Remplacer les mots :
Grand Paris métropole
par les mots :
chaque intervenant
L'amendement n° 693, présenté par Mme Lipietz, MM. Dantec, Placé et les membres du groupe écologiste, était ainsi libellé :
I. - Alinéa 6
1° Au début de l’alinéa
Insérer les mots :
Le plan métropolitain de l’habitat,
2° Remplacer les mots :
prennent en compte
par les mots :
sont compatibles avec
II. - Alinéa 10
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Il le transmet au représentant de l’État dans la région pour approbation par décret en Conseil d’État.
L'amendement n° 6, présenté par M. Dilain, au nom de la commission des affaires économiques, était ainsi libellé :
Alinéa 9
Remplacer les mots :
délibère sur un nouveau projet de schéma. Il le transmet
par les mots :
délibère. Il transmet un projet de schéma, amendé le cas échéant pour tenir compte des avis recueillis,
L'amendement n° 486, présenté par M. Favier, Mmes Assassi, Cukierman et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, était ainsi libellé :
Alinéa 12, seconde phrase
Après les mots :
local de l’habitat
insérer les mots :
ainsi que les communes n’appartenant pas à de tels établissements publics
L'amendement n° 695, présenté par Mme Lipietz, MM. Dantec, Placé et les membres du groupe écologiste, était ainsi libellé :
Après l'alinéa 12
Insérer quatre alinéas ainsi rédigés :
« Art. L. 302-16. – Afin de favoriser la construction de logements, le conseil régional Île-de-France peut recevoir de l’État délégation exclusive pour l’attribution des aides à la pierre dans les conditions prévues à l’article L. 301-5-1.
« Cette délégation est régie par une convention conclue pour une durée de six ans renouvelable. Elle peut être dénoncée par le représentant de l’État dans la région, au terme d’un délai de trois ans, lorsque les résultats de son exécution sont insuffisants au regard des objectifs définis par la convention.
« La compétence déléguée en application du présent article est exercée au nom et pour le compte de l’État.
« Le conseil régional peut confier la mise en œuvre de tout ou partie de cette délégation à des collectivités territoriales et des établissements publics de coopération intercommunale dans le cadre de conventions d’objectifs sur lesquelles le représentant de l'État dans la région est consulté pour avis. »
L'amendement n° 5, présenté par M. Dilain, au nom de la commission des affaires économiques, était ainsi libellé :
Alinéa 13
Remplacer le mot :
version
par le mot :
rédaction
Article additionnel après l'article 13
M. le président. L'amendement n° 7 rectifié, présenté par M. Dilain, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :
Après l’article 13
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Le code de l’urbanisme est ainsi modifié :
1° Après le premier alinéa de l’article L. 321-1, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La région d’Île-de-France compte un seul établissement public foncier de l’État. » ;
2° Au quatrième alinéa de l’article L. 143-3, les mots : « au troisième ou au quatrième alinéa de » sont remplacés par le mot : « à » ;
II. – Dans un délai de dix-huit mois à compter de la promulgation de la présente loi, l’établissement public foncier de l’État de la région d’Île-de-France dont le périmètre est le plus large est substitué aux autres établissements publics fonciers de l’État de la région dans leurs droits et obligations.
La parole est à M. Claude Dilain, rapporteur pour avis.
M. Claude Dilain, rapporteur pour avis. L’article 45 du projet de loi prévoyait la création d’un seul établissement public foncier, ou EPF, de l’État par région. Cet article a été supprimé par la commission des lois, et il n’est évidemment pas question pour moi de le réintroduire dans le texte.
En revanche, par cet amendement, la commission des affaires économiques propose d’instituer un seul EPF de l’État pour la région Île-de-France. C’est pourquoi il s’agit d’un article additionnel après les articles consacrés au Grand Paris Métropole.
Il existe actuellement quatre EPF de l’État, dont un qui se dit « régional » mais qui n’est en réalité compétent que pour l’est de la région Île-de-France. Nous proposons qu’il n’y en ait qu’un seul, et ce pour les deux raisons suivantes.
Premièrement, nous nous sommes accordés sur un point – peut-être le seul au cours du débat qui a précédé –, à savoir le caractère régional de la politique du logement, même si celle-ci repose sur feu le plan métropolitain. Par conséquent, le bras armé foncier du logement en Île-de-France doit être un seul EPF.
Deuxièmement, il y a un enjeu de solidarité et de cohérence entre les départements. Il n’est pas souhaitable qu’il existe des EPF dans des zones comme les Hauts-de-Seine et que l’on se désintéresse du reste du département.
Pour ces deux raisons, je propose de réintroduire, après l’article 13, cet amendement qui tend à ne maintenir qu’un seul établissement public. Cette mesure sera suivie par une fusion et ne nuira pas à la proximité. D’ailleurs, il existe déjà un établissement public foncier d’État dans deux régions, dans lesquelles le problème de la proximité ne se pose pas, car la création d’une agence a suffi à le résoudre.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. René Vandierendonck, rapporteur. Mme Debré a souligné tout à l’heure, et à juste titre, l’importance des problèmes fonciers. Le présent amendement vise à introduire une mesure concrète en faveur de la construction et de l’habitat en Île-de-France.
Mme Isabelle Debré. Je parlais des réserves foncières. Ne détournez pas mes propos !
M. René Vandierendonck, rapporteur. La commission émet donc un avis favorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, ministre. Les auteurs de cet amendement ont eu une très bonne idée, parce que l’une des grandes difficultés des communes et des intercommunalités consiste, effectivement, à constituer des réserves foncières, en rachetant, par exemple, des friches commerciales, industrielles ou d’habitat pour en faire des zones à réhabiliter. Ces opérations sont lourdes.
Un établissement public foncier de l’État présente un grand avantage : il permet d’assurer la trésorerie d’une opération entre la prise de décision et la réalisation. La proposition de la commission des affaires économiques est une très bonne nouvelle pour certaines zones où les maires et les intercommunalités nous ont signalé des difficultés, notamment la nécessité de gérer la trésorerie pendant cinq ans à sept ans.
Le Gouvernement émet donc un avis favorable.
M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour explication de vote.
M. Roger Karoutchi. Je suis tout d’abord sensible au fait que, dans l’objet de son amendement, le rapporteur écrive « dès lors qu’il existe une politique de logement et de l’aménagement dans la région Île-de-France », etc. C’est déjà un beau signe par rapport au vote que nous avons émis tout à l’heure sur la métropole.
Malgré tout, j’ai du mal à comprendre – peut-être est-ce parce que le débat a avancé trop rapidement, avec la centaine d’amendements devenus sans objet. De quoi s’agit-il exactement ? À ce jour, la région Île-de-France dispose de ce que nous appelons concrètement l’établissement public foncier régional, ou EPFR, dont elle a demandé la création et qui couvre cinq départements ; mais trois autres départements – les Hauts-de-Seine, le Val-d’Oise et les Yvelines – ont demandé à créer leur propre établissement public foncier.
Sincèrement, si ces trois établissements sont visés par l’amendement, la méthode employée me semble assez violente. Le Sénat considérerait ainsi que trois conseils généraux qui ont délibéré pour demander la création d’un établissement public foncier de l’État dans leur département, et qui l’ont obtenue, peuvent voir leur demande annulée et leurs établissements contraints de fusionner avec l’EPFR.
Je l’ai dit tout à l’heure, je suis favorable à ce que la région se voie confier, à terme, la compétence en matière de logement. À ce moment-là seulement, nous verrons s’il est logique de n’avoir qu’un seul EPFR. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.) Vous faites les choses à l’envers ! Donnez la compétence en matière de logement à la région et, ensuite, créez un EPFR !
Les départements visés par cet amendement mènent des politiques en la matière, permettez-moi de vous le rappeler.
Monsieur Dilain, vous devriez regarder de très près les résultats de l’EPFR et de ceux des trois établissements publics fonciers départementaux. En réalité, les établissements publics fonciers départementaux ont de très bons résultats ; quant à ceux de l’EPFR, je ne me permettrai pas de les qualifier, je dirai seulement qu’ils sont plus mesurés ! Ils ne le sont pas par manque de moyens, d'ailleurs, parce que la région investit beaucoup, mais parce que la situation est plus compliquée.
Le jour où la région exercera la compétence en matière de logement, cette fusion obéira à une logique. Pour le moment, je trouve très curieux, pardonnez-moi de vous le dire, chers collègues, qu’une majorité du Sénat, quelle qu’elle soit, décide de dire à trois conseils généraux : vous avez demandé et obtenu la création d’un établissement public foncier départemental, mais on le supprime au profit d’un seul établissement public foncier régional !
C’est extrêmement violent, et je continue à dire que nous marchons sur la tête. On dit aux élus locaux qu’ils ont raison de présenter des demandes ; s’ils sont majoritaires dans leur commune, on leur impose telle mesure ; s’ils sont majoritaires dans leur département, on leur en impose une autre. Pourquoi ? Qu’ont-ils fait ?
Les établissements publics fonciers départementaux ont-ils échoué ? Si oui, très bien ! Mais ils n’ont pas échoué et, dans les trois cas, ils réussissent même. Expliquez-nous donc pourquoi on n’en tient pas compte. Parce qu’ils ne répondent pas à votre vision, vous les dissolvez ? C’est extrêmement grave !
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Marylise Lebranchu, ministre. Il m’a semblé que la position défendue par les membres de la commission des affaires économiques était la bonne. C’est pourquoi je ne comprends pas complètement vos arguments, monsieur Karoutchi.
Les auteurs de l’amendement pensent la région Île-de-France comme un tout en termes de localisation de l’habitat. À partir de ce moment, quand on défend cette vision d’un schéma régional de l’habitat – même si celui-ci a été rejeté tout à l’heure –, il est normal que la région joue un rôle de décision.
Par exemple, si la région veut racheter des friches pour mener une opération, elle peut décider que ce type d’opération doit être mené en priorité à côté des gares. Il est normal que la région, dans ce cas, joue un rôle dans la définition des priorités. C’est la raison pour laquelle je ne comprends pas bien votre argument, puisque vous disiez tout à l’heure qu’il fallait que la région établisse une cohérence entre les transports et la localisation de l’habitat. Avec cet établissement public foncier régional, elle va justement pouvoir travailler à établir cette cohérence.
En revanche, puisque le logement est un tout, il faut aussi envisager l’aide à la pierre, l’hébergement, l’hébergement d’urgence, éventuellement la mise en œuvre du droit au logement opposable, ou DALO. Revient-il aux régions de gérer ces aspects très opérationnels ? La compétence logement constitue un tout, mais, aujourd’hui, le préfet conserve le droit de réquisition et la possibilité d’opposer le DALO à une opération, quelle qu’en soit la nature, et à la demande d’un citoyen.
Je ne pense pas que la région ait envie d’être l’échelon opérationnel du logement. En revanche, elle doit être l’échelon de l’aménagement, qui décide de la localisation et de la nature de l’habitat et, pour l’Île-de-France, du rapprochement entre les lieux de travail des citoyens de et leur lieu de résidence. L’EPFR le lui permettra.
Or vous nous demandez de remettre cette possibilité de discuter de la localisation et des priorités des opérations au niveau des départements.
M. Roger Karoutchi. Leurs établissements existent !
Mme Marylise Lebranchu, ministre. Oui, ils existent !
Il m’a semblé que votre position était la suivante : la région doit établir un schéma régional de la localisation de l’habitat, en particulier en fonction des transports, et elle doit être le lieu de discussion de l’adéquation entre les zones d’habitat et le transport. Par conséquent, vous ne souhaitiez plus confier cette mission d’aménageur aux départements et vous demandiez à ce que cette tâche soit dévolue à la région.
Toutefois, pour que la région ait cette vision d’aménageur, pour qu’elle assure la compatibilité entre les zones d’habitat et les zones de transport, encore faut-il qu’elle puisse, avec son établissement public foncier régional de l’État, qui est le seul habilité à percevoir des taxes, envisager cet ensemble. C’est là que je ne parviens plus à suivre votre raisonnement !
M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi.
M. Roger Karoutchi. Madame la ministre, nous ne nous comprenons pas. Aujourd’hui, l’EPFR de la région Île-de-France a passé des conventions avec les trois établissements publics départementaux qui existent. Ces conventions permettent, par une action concertée entre la région et les départements, d’engager un certain nombre d’actions dans chacun des trois départements. Pour le reste, là où il n’y a pas de convention, l’EPFR agit seul, par définition. Toutefois, l’EPFR ne dispose pas, pour le moment, de moyens considérables, parce que les moyens de la région ne sont pas extensibles.
Tout en nous expliquant que l’on crée un établissement unique, en réalité on s’apprête à réduire la capacité d’intervention de l’EPFR, puisque, par définition, les trois départements avec lesquels il a signé des conventions engagent eux-mêmes des moyens importants.
Si vous dissolvez les établissements qui ont signé ces conventions, je ne comprends même pas l’intérêt de cette opération, à terme.
Vous défendez une conception du logement plus globale, mais les dispositions du projet de loi relatives à la métropole, qui lui conféraient entre autres la compétence dans le domaine du logement, ont été rejetées – pour le moment, en tout cas ! –, et vous allez insérer un article qui supprimerait les établissements publics fonciers départementaux. Excusez-moi d’insister, mais cette méthode me paraît assez incohérente !
M. le président. La parole est à M. Philippe Kaltenbach, pour explication de vote.
M. Philippe Kaltenbach. Il est nécessaire de faire un peu d’histoire et de rappeler les raisons qui ont amené l’Île-de-France à adopter cette organisation un peu particulière, avec, d’une part, un établissement public foncier régional qui intervient sur cinq départements – la Seine-et-Marne, Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et l’Essonne –, et, d’autre part, trois départements – le Val-d’Oise, les Hauts-de-Seine et les Yvelines – que le gouvernement de l’époque avait autorisé à avoir leur propre établissement foncier départemental. Bien sûr, les considérations politiques n’ont en rien pesé dans ce choix, tout le monde l’aura compris ! (Sourires.)
La raison en est bien simple : ces établissements publics fonciers prélèvent une taxe spéciale d’équipement sur les ménages, afin d’alimenter un fonds qui sert à acheter les terrains et à financer des opérations de construction de logement, mais qui permet aussi d’intervenir dans l’aménagement, l’activité économique ou commerciale.
Étant élu des Hauts-de-Seine, je me souviens très bien des débats de l’époque, sur le thème : « On ne va pas prélever une taxe dans les Hauts-de-Seine pour financer les projets d’aménagements en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et dans les Yvelines ». (Protestations sur les travées de l’UMP.)
Je ne caricature même pas ces arguments, c’est comme cela que s’exprime l’UMP des Hauts-de-Seine, vous le savez très bien monsieur Karoutchi ! L’argument était le suivant : gardons la taxe prélevée dans les Hauts-de-Seine pour le département des Hauts-de-Seine, grâce à l’établissement public foncier départemental. C’est ainsi que l’opération a été présentée et expliquée dans la presse, à l’époque.
Tout à l’heure, vous vous présentiez comme un ardent défenseur du président Huchon dans le domaine de l’aménagement… (Sourires.)
M. Roger Karoutchi. N’exagérons rien !
M. Philippe Kaltenbach. Je peux vous assurer que la demande d’un établissement public foncier régional compétent pour les huit départements et prélevant la taxe sur les contribuables de l’ensemble des huit départements est exprimée depuis longtemps par Jean-Paul Huchon et la majorité régionale, parce que – cela a été bien expliqué – l’aménagement de l’Île-de-France doit se faire de manière cohérente et que l’existence d’un seul établissement public foncier semble relever du bon sens.
Ensuite, une péréquation financière doit aussi intervenir, puisque le principe d’un établissement public foncier est le suivant : une taxe est prélevée pour acheter des terrains en vue d’opérations d’aménagement et, ensuite, les terrains sont revendus. Le système fonctionne en circuit fermé, les départements ou la région n’apportent que très peu de fonds propres, uniquement pour « amorcer la pompe ». Ensuite, l’établissement public foncier finance ses achats par ses ventes.
En l’occurrence, il s’agit d’une demande ancienne du président de la région, afin de développer une politique cohérente au niveau régional. Depuis le début de ce débat, nous pouvons constater que le logement représente aujourd’hui un enjeu majeur en Île-de-France et qu’il faudrait introduire une forme de cohérence, donner une impulsion et assurer une péréquation à l’échelle régionale.
Se limiter à un assemblage de politiques menées au niveau départemental ne serait pas efficace en matière de logement : donnons donc à l’établissement public foncier régional les moyens d’intervenir sur l’ensemble du territoire régional.
L’adoption de cet amendement permettra au moins d’avancer sur la question de la politique de l’habitat, de la maîtrise du foncier et de la production de logements. J’apporte donc mon entier soutien à l’amendement déposé par notre collègue Claude Dilain et la commission des affaires économiques.
M. le président. La parole est à M. Christian Favier, pour explication de vote.