Mme Nelly Tocqueville. Le présent amendement vise à intégrer la notion d’urgence climatique dans l’éducation à l’environnement et au développement durable.
La mobilisation internationale des lycéens au sein du mouvement Youth for Climate démontre une véritable attente des élèves et une volonté d’action immédiate et concrète en matière de transition écologique.
De plus, le rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, rendu public le 6 mai 2019, estime que l’humanité doit changer profondément sa manière d’exploiter la nature. Ce rapport, qui recense la disparition imminente de plus d’un million d’espèces animales et végétales, prouve à quel point il est nécessaire d’éduquer et de sensibiliser les citoyens de demain à la défense des écosystèmes.
La notion d’« urgence d’agir » est donc essentielle pour réinventer profondément notre manière d’exploiter la nature et n’a de sens que si l’on prépare les générations futures à ces changements politiques, sociaux, économiques et technologiques majeurs.
Vous l’avez dit, monsieur le ministre : les jeunes sont créatifs. Mais cela ne suffira pas : nous savons combien il est vrai que les comportements ne changeront que si notre système éducatif inscrit dans ces programmes les comportements nouveaux qu’il faudra adopter. Les jeunes ainsi formés seront les meilleurs vecteurs pour nous permettre d’atteindre cette capacité à « contourner », dirais-je, les conséquences de l’urgence climatique.
M. le président. L’amendement n° 452 rectifié bis, présenté par MM. Roux, Artano, A. Bertrand et Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Castelli, Collin et Corbisez, Mme Costes, MM. Dantec, Gabouty, Gold, Guérini et Labbé, Mme Laborde et MM. Léonhardt, Menonville, Requier et Vall, est ainsi libellé :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le premier alinéa de l’article L. 312–19 du code de l’éducation est complété par une phrase ainsi rédigée : « Elle les sensibilise à la nécessité d’une consommation d’énergie et d’eau responsables ainsi qu’à la préservation des espèces vivantes. »
La parole est à M. Jean-Yves Roux.
M. Jean-Yves Roux. Ronan Dantec et moi-même terminons un rapport parlementaire sur l’adaptation au changement climatique à l’horizon 2050. Ce rapport sera présenté, demain matin, au vote de la délégation sénatoriale à la prospective.
Sans en dévoiler les principaux enseignements, je soulignerai simplement que nous devons sans nul doute, dès maintenant et pour les générations futures, opérer un changement culturel qui nous permette de tenir compte des effets du changement climatique dans notre pays.
Or ce changement culturel passe aussi par l’école. C’est ce qui s’est passé pour le tri sélectif.
Nous proposons donc de préciser les programmes environnementaux qui pourraient être enseignés, avec une attention toute particulière à la ressource en eau et à sa consommation sobre, problématiques qui seront toujours plus essentielles pour certains territoires.
Nous proposons également de compléter l’esprit de ces programmes scolaires par une sensibilisation à l’utilisation responsable de l’énergie, mais aussi à la préservation de l’environnement.
M. le président. L’amendement n° 471 rectifié ter, présenté par MM. Labbé, Vall, Artano et Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Castelli, Collin, Corbisez et Dantec, Mme N. Delattre et MM. Guérini, Léonhardt et Roux, est ainsi libellé :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le deuxième alinéa de l’article L. 312–19 du code de l’éducation est complété par une phrase ainsi rédigée : « Elle comporte un volet consacré à la biodiversité et à l’alimentation, qui se traduit par la création de jardins botaniques et potagers dans les écoles élémentaires. »
L’amendement n° 472 rectifié ter, présenté par MM. Labbé, Vall, Arnell, Artano, Cabanel, Castelli, Corbisez et Dantec, Mme N. Delattre et MM. Guérini et Roux, est ainsi libellé :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le deuxième alinéa de l’article L. 312–19 du code de l’éducation est complété par une phrase ainsi rédigée : « Elle comporte un volet consacré à la biodiversité et à l’alimentation, qui peut se traduire par la création de jardins botaniques et potagers dans les écoles élémentaires. »
Monsieur Labbé, pouvons-nous considérer que votre défense des sous-amendements nos 501 et 502 vaut présentation de ces amendements ?
M. Joël Labbé. Oui, monsieur le président.
M. le président. L’amendement n° 351 rectifié bis, présenté par Mmes Rossignol, Blondin, Monier et Lepage, M. Antiste, Mme S. Robert, M. Assouline, Mme Ghali, MM. Lozach, Magner, Manable, Kanner, Bérit-Débat, Durain, Féraud et Fichet, Mmes Harribey et G. Jourda, M. Marie, Mme Meunier, M. Montaugé, Mme Taillé-Polian, M. Tourenne, Mme Van Heghe, MM. Courteau et Daunis, Mme Préville, MM. Temal, Tissot et les membres du groupe socialiste et républicain, est ainsi libellé :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le deuxième alinéa de l’article L. 312-19 du code de l’éducation est complété par une phrase ainsi rédigée : « Elle comporte également une sensibilisation à la santé environnementale et aux risques sanitaires et environnementaux que peuvent présenter les agents chimiques auxquels les individus sont exposés. »
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. L’objet de cet amendement est de parfaire l’éducation à l’environnement et au développement durable. Éveiller les enfants aux enjeux environnementaux, c’est aussi leur montrer les impacts sur la santé des êtres humains. Ainsi, il apparaît nécessaire que cet enseignement visant à éveiller les plus jeunes aux enjeux environnementaux les renseigne sur les enjeux de santé environnementale.
En informant les élèves des risques que peuvent présenter les agents chimiques auxquels nous sommes confrontés quotidiennement dans un système de consommation de masse – je pense aux cosmétiques, aux produits d’hygiène, de nettoyage et de bricolage, aux nouvelles technologies, aux aliments transformés, ainsi qu’à l’emballage des aliments, aux vêtements, ou encore aux matériaux utilisés dans les habitations –, nous décourageons des comportements nocifs pour la santé et nous encourageons des comportements permettant de mieux protéger l’environnement
Ces comportements ne peuvent être adoptés que si les élèves ont conscience des enjeux qu’ils représentent et que s’ils sont suffisamment informés des agents chimiques auxquels ils sont exposés en permanence.
Afin de pouvoir se protéger des agents chimiques auxquels nous sommes quotidiennement exposés sans forcément en être conscients, il est nécessaire de pratiquer des attitudes préventives sans lesquelles nulle personne ne peut se prémunir des risques auxquels elle est exposée, souvent de façon contrainte et inconsciente.
M. le président. Les quatre amendements suivants sont identiques.
L’amendement n° 113 rectifié bis est présenté par MM. Dantec, Arnell, Artano et Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Castelli, Collin et Corbisez, Mme Costes, MM. Gabouty, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Labbé, Mme Laborde et MM. Léonhardt, Roux, Vall et Gontard.
L’amendement n° 243 rectifié bis est présenté par MM. Bignon et Malhuret, Mme Mélot et MM. Capus, Chasseing, Decool, Fouché, Guerriau, Lagourgue, Laufoaulu, A. Marc et Wattebled.
L’amendement n° 410 rectifié bis est présenté par Mme Préville, MM. Antiste et Jomier, Mme Taillé-Polian, MM. Houllegatte, Lurel, Devinaz, Temal et J. Bigot, Mmes Jasmin et Conconne, MM. Duran et Kerrouche, Mmes Lepage et Conway-Mouret et MM. Daudigny, Montaugé et Tissot.
L’amendement n° 467 rectifié bis est présenté par M. Marchand et Mme Cartron.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Après le deuxième alinéa de l’article L. 312-19 du code de l’éducation, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Elle comporte une sensibilisation à la préservation de la biodiversité et aux effets du changement climatique. »
La parole est à M. Ronan Dantec, pour présenter l’amendement n° 113 rectifié bis.
M. Ronan Dantec. De nombreuses interventions ont permis de rappeler à quel point la sensibilisation au développement durable et à l’ensemble des enjeux liés à la biodiversité et au climat est nécessaire au sein du socle des enseignements destinés à former les citoyens de demain, mais aussi à apporter aux élèves des éléments de compréhension des grands enjeux du monde.
L’amendement n° 353 rectifié bis, présenté par M. Longeot, tend à opérer la synthèse de ces démarches, sans oublier les sous-amendements défendus par mon collègue Joël Labbé.
Je veux en tout cas profiter de cette discussion pour interpeller M. le ministre au sujet du collège. Concernant l’enseignement primaire, nous avons tous fait l’expérience, récemment ou non, de gamins très sensibilisés, qui traquent les erreurs des adultes entre poubelle ordinaire et recyclage, mais cela se perd souvent au collège, qui est pourtant un lieu clé et un moment d’apprentissage de la citoyenneté.
Aujourd’hui, le dispositif de l’éducation nationale prévoit, dans les collèges, des référents sur un certain nombre de questions. Onze heures, si je ne me trompe, leur sont réservées. Il peut y avoir des référents sur le développement durable, mais c’est laissé à l’appréciation de chaque établissement. Ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, qu’au vu de l’enjeu du développement durable, que chaque collège rencontre, contrairement à d’autres enjeux, il faudrait considérer que ce référent est nécessaire dans tous les établissements, quitte à ajouter une douzième heure à cette fin ? Ce serait envoyer un signal extrêmement clair aux établissements.
M. le président. La parole est à M. Jérôme Bignon, pour présenter l’amendement n° 243 rectifié bis.
M. Jérôme Bignon. Je dirai deux mots à l’appui des excellentes explications que vient d’apporter notre collègue Ronan Dantec au sujet de son amendement identique à celui qui a été déposé par notre groupe des Indépendants.
En éduquant les enfants, on éduque aussi les parents. Ces derniers n’ont pas toujours eu la chance d’être éduqués à la biodiversité. Les meilleurs ambassadeurs de l’environnement, en France et dans le monde, sont les enfants envers leurs parents : « Éteignez la lumière, leur disent-ils, ne faites pas couler l’eau de la douche, ne jetez pas ceci ou cela dans la mauvaise poubelle ! » Les enfants sont formidables ! Les sensibiliser, c’est sensibiliser leurs parents en même temps.
Sur ce sujet, monsieur le ministre, il est un exemple formidable : les aires marines éducatives. Sur une petite île des Marquises, voisine d’Hiva Oa, en Polynésie française, des élèves se plaignaient à leur instituteur de la saleté de la plage. Eh bien, sur leur demande, une idée lui est venue : nettoyer cette plage, tous ensemble. C’est ainsi que ces enfants ont créé une aire marine éducative.
En France métropolitaine, on compte 70 aires marines éducatives. La deuxième et la troisième ont été créées en baie de Somme, l’une au Crotoy, l’autre à Saint-Valéry-sur-Somme. Elles marchent à fond !
Sensibiliser les enfants sur ces sujets, c’est en faire des ambassadeurs, et les meilleurs qui soient, de la transition énergétique, et cela ne coûte pas si cher ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour présenter l’amendement n° 410 rectifié bis.
Mme Angèle Préville. L’effondrement massif de la biodiversité sur Terre est une réalité, malheureusement de plus en plus visible pour chacun d’entre nous. Moins d’oiseaux, moins d’insectes, moins de vers de terre. Les effets du changement climatique s’imposent à nous : inondations, fonte des glaciers, sécheresses.
Or la biodiversité, c’est la vie, tout simplement. C’est un vaste tissu d’interactions constantes entre les espèces, nous compris. Sans le maintien de la biodiversité, nous pourrions être confrontés à une crise alimentaire mondiale.
Dans notre malheur, nous avons une chance inouïe : la nature possède une capacité de résilience extraordinaire, proprement incroyable, pour peu qu’on évite d’intervenir.
Par ailleurs, je tiens à attirer votre attention, mes chers collègues, sur le fait que la France métropolitaine – j’insiste sur cette précision – possède la plus grande biodiversité d’Europe. Nulle part ailleurs, ni en Europe ni dans le monde, on ne peut observer, en parcourant un même département, autant de paysages variés et d’espèces endémiques. La France compte 5 000 espèces différentes de plantes, alors qu’il en existe moins de 3 000 en Grande-Bretagne et autour de 2 000 en Pologne. Sur les 114 espèces de libellules dénombrées en Europe, 100 sont présentes en France.
Ce sont nos terroirs, nés de notre histoire géologique et de la fragmentation des terres lors des précédentes glaciations, qui ont créé les foyers d’endémisme à l’origine de notre fabuleuse biodiversité.
Je voulais ouvrir une petite fenêtre sur ce vaste sujet. Tout cela est-il connu, tout cela est-il enseigné ? Je ne le pense pas, alors que c’est une richesse. Il est de notre responsabilité que soit enseignée, dorénavant, cette spécificité française, afin que nos enfants connaissent les enjeux de la réalité de tous les mécanismes des écosystèmes. Les enfants, qui sont notre avenir, doivent maîtriser ces sujets afin de devenir des citoyens éclairés et mieux à même de faire des choix.
M. le président. La parole est à Mme Françoise Cartron, pour présenter l’amendement n° 467 rectifié bis.
Mme Françoise Cartron. Cet amendement procède du même esprit que tous les amendements précédents : nous souhaitons faire figurer dans les programmes la sensibilisation à la préservation de la biodiversité et au changement climatique.
Je défends cet amendement tout particulièrement du fait d’un contexte local. Monsieur le ministre, vous vous souvenez sans doute de votre visite au lycée Camille-Jullian de Bordeaux à l’occasion de la tenue, dans cet établissement, d’un grand débat. Vous vous rappelez la synthèse faite par ses élèves de terminale, qui vous ont demandé plus d’enseignements, plus de moments de réflexion consacrés aux problématiques du changement climatique et de la biodiversité.
Cet amendement vise en quelque sorte à faire écho à ce que nous ont dit ces lycéens et à leur témoigner de ce que nous les avons bien entendus.
M. le président. L’amendement n° 330 rectifié bis, présenté par Mme Bonnefoy, M. Duran, Mmes Monier, Blondin et Lepage, M. Antiste, Mme S. Robert, M. Assouline, Mme Ghali, MM. Lozach, Magner, Manable, Kanner, Bérit-Débat, Durain, Féraud et Fichet, Mme G. Jourda, M. Marie, Mme Meunier, M. Montaugé, Mme Taillé-Polian, M. Tourenne, Mme Van Heghe, MM. Kerrouche, Courteau et Daunis, Mme Préville, MM. Temal, Tissot et les membres du groupe socialiste et républicain, est ainsi libellé :
Après l’article 1er bis F
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le code de l’éducation est ainsi modifié :
1° L’article L. 312-17-3 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Cette sensibilisation peut se traduire par la création de jardins de la biodiversité et de l’alimentation dans les écoles élémentaires. » ;
2° L’article L. 312-19 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Elle comporte également un volet consacré à la biodiversité et à l’alimentation, notamment par la création de jardins de la biodiversité et de l’alimentation dans les écoles élémentaires. »
La parole est à Mme Nicole Bonnefoy.
Mme Nicole Bonnefoy. « C’est dès la maternelle qu’il faut commencer à enseigner l’écologie. » Ce sont les mots de Gilles Boeuf, président du conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité, qui insiste sur la nécessité de sensibiliser dès le plus jeune âge à la biodiversité. Il a tenu ces propos lors de son audition, le 13 mars dernier, par notre commission de l’aménagement du territoire et du développement durable.
Cet amendement vise à reprendre une proposition émise dans le rapport d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé et l’environnement du 10 octobre 2012, dont j’étais l’auteur.
Il vise à encourager la création de jardins de la biodiversité et de l’alimentation dans les écoles élémentaires, afin de sensibiliser nos enfants dès le plus jeune âge, de manière spécifique et concrète, sur les problématiques environnementales et alimentaires. Ce dispositif serait intégré au cursus éducatif des élèves du primaire, à hauteur de quelques heures ; cela leur permettrait d’être mieux sensibilisés à ces sujets encore trop méconnus, en dépit de leur importance.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Max Brisson, rapporteur. Beaucoup de choses ont été parfaitement exprimées sur des questions essentielles ; je serai donc rapide.
Je m’arrêterai sur l’amendement n° 353 rectifié bis, dont le premier cosignataire est le président Maurey et qui a été présenté par Jean-François Longeot ; la commission et son rapporteur s’en réjouissent. Cet amendement vise à effectuer une réécriture des dispositions du code de l’éducation relatives à l’environnement et au développement durable afin de les adapter, fort bien, aux nouveaux enjeux. La commission a donc émis un avis favorable, et même très favorable, sur cet amendement.
Je ne dirai pas tout à fait la même chose des sous-amendements nos 502 et 501, présentés par Joël Labbé. Vous souhaitez, mon cher collègue, permettre la création de jardins botaniques et potagers dans les écoles, mais cela est déjà possible, cela existe même souvent, cela est mis en œuvre dans bien des écoles. Rien aujourd’hui ne l’empêche. La commission a donc émis un avis défavorable sur ces deux sous-amendements, tout simplement parce qu’ils sont satisfaits dans les faits.
Par cohérence avec son souhait de voir adopté l’amendement n° 353 rectifié bis, la commission est défavorable aux amendements nos 319 rectifié bis, 452 rectifié bis, 471 rectifié ter, 472 rectifié ter, 351 rectifié bis, qui sont incompatibles avec le texte qu’elle vous propose de voter.
Quant aux amendements identiques nos 113 rectifié bis, 243 rectifié bis, 410 rectifié bis et 467 rectifié bis, ils sont satisfaits par l’amendement du président Maurey, présenté par notre collègue Jean-François Longeot.
Enfin, l’amendement n° 330 rectifié bis de Mme Bonnefoy, comme les sous-amendements de notre collègue Joël Labbé, vise à permettre la création de jardins dans les écoles. J’y suis défavorable pour les mêmes raisons : l’amendement est satisfait dans les faits.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, nous évoquons de nouveau un sujet extrêmement important. Notre précédent débat a porté sur la transition numérique, celui-ci concerne la transition écologique, soit les deux grandes transitions de notre époque. Il va de soi, comme cela ressort de toutes vos interventions, que le système éducatif ne peut pas rester imperméable à ces grands enjeux.
Sur ce sujet, nous ne partons pas de zéro. Le code de l’éducation, comme l’ont rappelé plusieurs d’entre vous, comporte déjà un certain nombre de mesures. Il s’agit aujourd’hui de l’actualiser afin de nous situer aux avant-postes pour mettre en œuvre ce qu’il est indispensable de faire.
Mme la sénatrice Cartron l’a rappelé, des concertations ont été engagées il y a plusieurs semaines avec les élèves sur ces enjeux. Les lycéens ont participé à la fameuse mobilisation internationale du 15 mars dernier. Pour notre part, nous avons organisé des débats, dont les conclusions ont été rapportées le 5 avril dernier lors de la réunion du Conseil national de la vie lycéenne. Les propositions de tous les lycéens de France que nous avons réunis nous ont ainsi été remontées. Elles sont, je tiens à le dire, extrêmement riches et vont loin. J’ai commencé à les évoquer hier ici même. Toutes ne sont pas de nature législative, heureusement. Elles sont souvent d’ordre pratique. Il s’agit de mesures que les lycéens, et même les collégiens et les écoliers, peuvent mettre en œuvre dans leur environnement immédiat. Elles feront directement l’objet de politiques publiques et donneront lieu à un nouveau cadre d’action.
Ce dynamisme peut aussi se traduire par une impulsion législative. Comme M. le rapporteur, je suis favorable à l’amendement n° 353 rectifié bis du président Maurey, car il permet une véritable actualisation du code de l’éducation, s’agissant notamment de deux enjeux dont il a d’ailleurs été fortement question ces dernières semaines, à savoir le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. Sur ces sujets, nos programmes, mais aussi nos actions ont évolué.
La rédaction proposée me semble à la fois très complète, puisqu’elle aborde les thèmes environnementaux, et suffisamment générale, en ce qu’elle permet d’englober un certain nombre de propositions.
Je suis en revanche défavorable aux deux sous-amendements nos 501 et 502, non parce que je suis contre les jardins botaniques – je suis un grand partisan de ces jardins, comme je le souligne dès que j’en visite un –, mais parce que, comme M. le rapporteur, je ne pense pas qu’il faille les imposer de cette façon-là. En tout état de cause, ce sont des projets qui doivent être très fortement encouragés, car ils ont une forte valeur éducative et sont très positifs. Nous mènerons d’ailleurs des actions en ce sens avec les collectivités locales prochainement.
Enfin, je demande le retrait de l’ensemble des autres amendements.
M. le président. La parole est à M. Maurice Antiste, pour explication de vote.
M. Maurice Antiste. Je soutiens tous les amendements visant à préserver la biodiversité, notamment ceux de mes deux collègues.
Le milieu ultramarin est très fragile et extrêmement sensible au moindre changement climatique. Il est donc très important pour nous que l’éducation à l’environnement se fasse dès le plus jeune âge.
M. le président. La parole est à M. Jérôme Bignon, pour explication de vote.
M. Jérôme Bignon. Je retire l’amendement n° 243 rectifié bis, monsieur le président.
M. le président. L’amendement n° 243 rectifié bis est retiré.
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour explication de vote.
Mme Marie-Pierre Monier. Permettez-moi de rebondir sur ce qu’a dit notre collègue Joël Labbé.
Avoir été membre de la mission d’information sénatoriale sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales aura été un grand moment dans ma vie de sénatrice. Dans ce cadre, nous avons rencontré des producteurs, des cueilleurs, des transformateurs tout à fait passionnés. Nous avons auditionné 60 acteurs, organisé 23 trois tables rondes et 2 déplacements.
Pour information, 70 % des plantes que nous consommons sont importées. C’est dire si la production par nos agriculteurs de plantes aromatiques et médicinales est un enjeu national, sachant en outre que les femmes y prennent une large part. C’est souvent en transformant de petites surfaces exploitables que les agriculteurs parviennent à vivre de leur production.
M. Labbé a parlé d’un rapport, Mme Bonnefoy en a évoqué un autre, sur les pesticides. C’est dire si le Sénat s’est saisi de ces sujets, sur lesquels il a travaillé de façon approfondie et sur lesquels il a émis des recommandations. Dans notre rapport sur l’herboristerie, nous avions justement recommandé de favoriser les jardins botaniques.
Je ne peux donc que vous appeler à voter l’ensemble de ces amendements, en particulier celui-là, ne serait-ce que pour reconnaître le travail et l’analyse que nous avons réalisés, tous bords politiques confondus. Je rappelle en effet que ce rapport a été adopté à l’unanimité. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. La parole est à M. Christian Manable, pour explication de vote.
M. Christian Manable. Monsieur le président, s’il s’agit bien d’une explication de vote sur l’ensemble des amendements précédents, je souhaite revenir un petit peu en arrière, sur l’article 1er bis F. J’avais en effet levé la main pour demander la parole, mais vous ne m’avez pas vu…
M. le président. Je vous avais vu, mon cher collègue, mais soyons précis : dès lors qu’un amendement est retiré par son auteur, le débat est clos. Vous ne pouviez plus vous exprimer, même si vous aviez levé la main ! C’est la conséquence de la simple application du règlement, n’y voyez là rien de personnel.
M. Christian Manable. Nous réglerons cela à la buvette, monsieur le président ! (Rires.)
Je reviens au sujet. J’ai été professeur d’histoire-géographie pendant trente-cinq ans et j’ai été heureux d’enseigner. Ces disciplines sont fondamentales pour la formation des jeunes, qui sont des citoyens en construction.
J’irai dans le sens de notre collègue Jean-Pierre Grand, qui souhaite la pérennisation du concours national de la Résistance et de la Déportation. À cet égard, j’ai été rassuré par les propos de M. le ministre, qui tient à ce concours, dont la création remonte à 1961. Il est absolument indispensable, de même que l’enseignement de l’histoire des deux guerres mondiales, à une époque où la xénophobie et le racisme polluent malheureusement notre société et nous rappellent des pages noires de notre histoire.
Je souhaite toutefois que nous allions au-delà de ce concours et de cet enseignement et que nous nous tournions vers des lieux de mémoire parfois ignorés des enseignants. Je pense aux centres de mémoire et d’interprétation de la Déportation et de la Résistance. Dans les Hauts-de-France, quatre des cinq départements de la région disposent de tels centres. Seule la Somme n’en a pas, en raison de réticences des collectivités territoriales, bien que l’État apporte aujourd’hui son soutien inconditionnel et soit prêt à investir, comme l’ont indiqué les deux secrétaires d’État qui se sont succédé lors des précédentes mandatures.
M. le président. Mon cher collègue, vous avez dépassé votre temps de parole de vingt-sept secondes, qui plus est pour évoquer un sujet éloigné de l’objet des amendements en discussion. Je suis d’une grande tolérance eu égard au sujet, mais je vous invite maintenant à conclure !