M. le président. Les autres dispositions de la proposition de loi ne font pas l’objet de la nouvelle lecture.
Vote sur l’ensemble
M. le président. Personne ne demande la parole ?…
Je mets aux voix, dans le texte de la commission, modifié, l’ensemble de la proposition de loi.
(La proposition de loi est adoptée.)
M. le président. Nous passons à la discussion du texte élaboré par la commission mixte paritaire sur la proposition de loi organique relative à la nomination du directeur général de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
Je rappelle que, en application de l’article 42, alinéa 12, du règlement, aucun amendement n’est recevable, sauf accord du Gouvernement ; en outre, le Sénat étant appelé à se prononcer avant l’Assemblée nationale, il statue d’abord sur les éventuels amendements, puis, par un seul vote, sur l’ensemble du texte.
Je donne lecture du texte élaboré par la commission mixte paritaire :
proposition de loi organique relative à la nomination du directeur général de l’agence nationale de la cohésion des territoires
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M. le président. Sur le texte élaboré par la commission mixte paritaire, je ne suis saisi d’aucun amendement.
Personne ne demande la parole pour explication de vote sur l’ensemble du texte ?…
Conformément à l’article 42, alinéa 12, du règlement, je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi organique dans la rédaction résultant du texte élaboré par la commission mixte paritaire.
En application de l’article 59 du règlement, le scrutin public ordinaire est de droit.
Il va y être procédé dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J’invite Mmes et MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.
(Il est procédé au dépouillement du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 152 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Pour l’adoption | 341 |
Le Sénat a adopté.
5
Communication relative à une commission mixte paritaire
M. le président. J’informe le Sénat que la commission mixte paritaire chargée d’élaborer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé est parvenue à l’adoption d’un texte commun.
Mes chers collègues, l’ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à treize heures vingt-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de Mme Hélène Conway-Mouret.)
PRÉSIDENCE DE Mme Hélène Conway-Mouret
vice-présidente
Mme la présidente. La séance est reprise.
6
Questions d’actualité au gouvernement
Mme la présidente. Monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’ordre du jour appelle les réponses à des questions d’actualité au Gouvernement.
Je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser M. le président du Sénat, retenu par un déplacement dans les Hauts-de-France.
Je vous rappelle que la séance est retransmise en direct sur Public Sénat, sur le site internet du Sénat et sur Facebook.
Au nom du bureau du Sénat, j’appelle chacun d’entre vous, mes chers collègues, à observer au cours de nos échanges l’une des valeurs essentielles du Sénat : le respect, qu’il s’agisse du respect des uns et des autres ou de celui du temps de parole.
crise dans le golfe
Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Marie Bockel, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste.)
M. Jean-Marie Bockel. En mai, puis le 13 juin dernier, des attaques ont eu lieu dans le détroit d’Ormuz, en mer d’Oman, symbolisant la montée des périls dans la région du Golfe depuis plusieurs mois. Nous avons tous à l’esprit les images de navires en flammes diffusées sur nos écrans.
Sur fond de remise en cause du traité sur le nucléaire, les tensions s’exacerbent entre Washington et Téhéran, mais aussi entre leurs alliés respectifs. Déjà, on parle de risque de guerre. Les hostilités peuvent se déclencher à la moindre étincelle, presque par accident.
L’attitude de la France est scrutée, du fait de sa capacité à parler avec tous les acteurs de la région et de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Quelles nouvelles initiatives peut-elle prendre pour éviter le déclenchement d’un conflit dont les conséquences seraient tragiques ?
J’ajoute que notre implication dans les enjeux du Golfe ne saurait se limiter à notre seul engagement diplomatique. Ainsi, la France a conclu, avec raison, des accords stratégiques avec plusieurs pays de la région, dont l’Arabie saoudite. De facto, ces accords, notamment ceux qui portent sur les ventes d’armes, nous inscrivent dans le conflit au Yémen : une « sale guerre », comme le dit M. Le Drian.
Nécessaires à la survie de notre industrie de défense, nos ventes d’armes respectent, selon vos dires, le traité sur le commerce des armes, notamment ses articles 6 et 7. J’ai à l’esprit la vigilance de plusieurs ministres sur les livraisons d’armes. Elles n’en font pas moins débat.
À l’heure où se tient le salon du Bourget, qui fait notre fierté, y compris en matière d’armement, quelle est notre action en faveur du cessez-le-feu et de la sortie de ce conflit effroyable ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste et sur des travées du groupe Les Républicains.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre chargé des relations avec le Parlement.
M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Bockel, en ce qui concerne le premier volet de votre question, préserver l’accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015 est dans l’intérêt de la sécurité de la France, de l’Europe et du monde. Cette conviction a guidé notre action tout au long de ces derniers mois, en dépit du retrait américain, intervenu voilà plus d’un an.
Nous avons récemment assisté à une montée des tensions et des provocations dans les eaux du golfe Persique et au-delà. Les derniers incidents impliquant des pétroliers en mer d’Oman contribuent à alimenter des tensions déjà fortes ; toute la lumière doit être faite sur ces événements. Il importe d’éviter une escalade non maîtrisée et de privilégier le dialogue pour réduire les tensions.
La priorité est que l’Iran reste partie à l’accord sur le nucléaire ; c’est d’ailleurs ce que le Président de la République a rappelé au président des États-Unis lors des célébrations du 75e anniversaire du Débarquement. Tous les efforts du Gouvernement vont dans ce sens.
Dans cette perspective, l’Iran doit respecter ses obligations et l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, continuer de le vérifier. L’Iran doit pouvoir bénéficier de l’accord de Vienne, comme celui-ci le prévoit. Toutes les parties doivent rechercher la voie d’une désescalade par des gestes discrets et modestes ; le Gouvernement travaille en ce sens.
Pour ce qui concerne le second volet de votre question, le peuple yéménite subit effectivement une terrible crise humanitaire dans ce conflit qui n’a que trop duré. Les pourparlers qui se sont tenus en décembre en Suède, sous l’égide des Nations unies, ont permis, pour la première fois depuis des années, d’ouvrir une perspective de paix. Leurs résultats ont été endossés par le Conseil de sécurité. Une mission d’observation des Nations unies a été déployée sur le terrain dans la ville côtière d’Hodeïda. Les parties observent dans cette ville et alentour une trêve, qui est relativement bien respectée. La médiation des États-Unis au travers de l’action de l’envoyé spécial du secrétaire général, Martin Griffiths, cherche à obtenir un accord global rassemblant toutes les parties yéménites.
La France s’emploie à faire aboutir ces efforts de paix, auprès tant du gouvernement yéménite que des Houthis des pays arabes comme de l’Iran. Dans cette crise, nous parlons à tous les acteurs sans exclusive et sans naïveté ; compte tenu de nos responsabilités internationales, nous y sommes particulièrement vigilants. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)
Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Marie Bockel, pour la réplique.
M. Jean-Marie Bockel. On ne peut bien sûr qu’acquiescer à vos propos, monsieur le ministre, mais nous avons le sentiment, que ce soit au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ou ici au Sénat, où mon collègue Jean-Noël Guérini et moi-même avons reçu hier, avec le président Larcher, l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris, que la situation est extrêmement dangereuse. Il faut en effet agir ! (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste. – M. Jean-Noël Guérini applaudit également.)
dégâts dans la drôme
Mme la présidente. La parole est à M. Bernard Buis, pour le groupe La République En Marche.
M. Bernard Buis. Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
Monsieur le ministre, samedi 15 juin s’est abattue sur le nord de la Drôme une tempête de grêle, de vent et de pluie d’une violence jamais connue jusqu’alors sur notre territoire. En l’espace de quelques minutes, un secteur allant du nord Drôme-Ardèche jusqu’à la Savoie, en passant par l’Isère, a été dévasté : vignes, abricotiers, noyers, serres, toitures, voitures, écoles, bâtiments publics, monuments historiques, rien n’a été épargné. Une personne a même perdu la vie en Haute-Savoie, et le bilan aurait pu être bien plus lourd. Au vu de l’état de l’école primaire et maternelle de Châtillon-Saint-Jean, on comprend que le pire aurait pu survenir si ce phénomène s’était produit un jour scolaire. Vous avez vous-même pu le constater dimanche et lundi derniers.
Je salue celles et ceux dont la mobilisation et l’engagement ont permis de limiter les conséquences de cette catastrophe : sapeurs-pompiers, policiers, gendarmes, personnel municipal, dont le courage et le professionnalisme ont permis une prise en charge très rapide des situations les plus graves.
Monsieur le ministre, je vous remercie d’avoir relayé directement auprès des services de secours le message de reconnaissance du Président de la République et d’être venu immédiatement au chevet de celles et de ceux qui ont tout perdu (Exclamations ironiques sur des travées du groupe Les Républicains.), de ceux que vous défendez sans relâche : les agriculteurs qui, impuissants face à un tel phénomène, ont vu des mois et des années de travail ruinés. Sachez que mon collègue Didier Rambaud, sénateur de l’Isère, qui s’associe à cette question, les élus drômois et ceux des départements sinistrés y ont été très sensibles.
Aujourd’hui, le temps est venu de panser les plaies, ce que vous avez commencé à faire en rassurant sur les procédures qui vont être mises en place. (Nouvelles exclamations ironiques sur les mêmes travées.) Reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, mise en œuvre du dispositif relatif aux calamités agricoles, exonération ou allégement de certaines charges à la suite des pertes d’exploitation, chômage des personnels agricoles : agriculteurs, particuliers et maires doivent être accompagnés dans leurs démarches.
MM. Gérard Longuet et François Grosdidier. La question !
M. Bernard Buis. Les services de l’État ont d’ores et déjà activé leurs équipes pour répondre aux questionnements. (Un brouhaha sur les travées du groupe Les Républicains couvre la voix de l’orateur.)
M. Marc-Philippe Daubresse. Il fait la question et la réponse à la fois !
Mme la présidente. Il faut conclure, mon cher collègue !
M. Bernard Buis. Une question est évidemment sur toutes les lèvres : l’état de catastrophe naturelle va-t-il être reconnu pour ces communes, et, si oui, quand ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Michèle Vullien applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
M. Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Monsieur le sénateur, permettez-moi, au nom du Gouvernement et sous l’autorité du Premier ministre, d’adresser un message de soutien et d’empathie à toutes les victimes de cet épisode dramatique.
Certes, l’agriculture a été durement touchée, mais les habitations l’ont également été. Un village n’aura plus d’école pendant un long moment. La solidarité rurale a joué, et les élèves sont emmenés en bus le matin dans d’autres écoles de la région.
Comme vous l’avez dit, ont été touchées l’Ardèche, la Drôme, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie. La Haute-Garonne et la Normandie ont ensuite été frappées par d’autres épisodes climatiques. Aujourd’hui, de tels aléas sont de plus en plus fréquents.
Nous avons essayé de répondre le plus promptement possible à la situation, en relation avec les élus. Je tiens à cet égard à remercier le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la présidente du département, la maire de Romans-sur-Isère, qui a vu une grande partie du territoire de sa commune dévastée.
Nous entendons, après avoir dressé un état des lieux le plus simple et le plus clair possible, aider les agriculteurs à se relever et les habitants des communes touchées à se reconstruire. Ce travail se fera évidemment en lien avec les sociétés d’assurances. Dans un village, 80 % des toits ont été éventrés.
Je salue à mon tour les sapeurs-pompiers et tous les membres des services de sécurité et des services publics qui ont travaillé tout le week-end, y compris la nuit de samedi à dimanche, pour essayer de réparer les dégâts et venir en aide à nos concitoyens. Nous pouvons être fiers d’eux.
Concernant l’agriculture, quand le bilan que j’ai évoqué aura été établi, nous recourrons aux moyens habituels –déclenchement des procédures relatives aux calamités agricoles, dégrèvement d’impôt foncier, report de cotisations sociales – pour que les agriculteurs puissent se relever de cette situation. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. – MM. Bernard Lalande et Pierre Louault applaudissent également.)
indemnisation des calamités agricoles
Mme la présidente. La parole est à M. Yvon Collin, pour le groupe du Rassemblement démocratique et social européen.
M. Yvon Collin. Le week-end dernier, cela vient d’être rappelé, la région Auvergne-Rhône-Alpes a été frappée par de violentes intempéries. Cette nuit, dans ma région, c’est la ville de Toulouse qui était en proie à des vents et des orages d’une force rare. Ces événements ont occasionné des dizaines de millions d’euros de dégâts et, une fois de plus, les agriculteurs se retrouvent en première ligne, parmi les plus sinistrés.
Sur les territoires que j’ai mentionnés, les récoltes de noix, de cerises, d’abricots et de pêches sont compromises, quand elles ne sont pas anéanties purement et simplement. La viticulture, très sensible à une météo brutale, a elle aussi été durement touchée.
Comme l’a rappelé le dernier rapport du GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, une tendance générale à l’accroissement de la fréquence des pluies extrêmes se dessine, avec une augmentation de leur intensité et une extension des zones affectées, notamment vers le Sud-Est ou les Pyrénées. Dans ces conditions, l’avenir s’annonce encore bien sombre pour de nombreux agriculteurs, qui voient régulièrement l’investissement de toute une année ruiné en quelques minutes.
Monsieur le ministre, vous avez rapidement annoncé la déclaration de l’état de catastrophe naturelle et la mise en œuvre du dispositif des calamités agricoles pour les départements fortement touchés. Cela permettra de déclencher les indemnisations au titre des assurances. Toutefois, nous connaissons tous les limites du système d’indemnisation actuel : il laisse notamment de côté les exploitants qui n’ont pas une assise financière suffisante pour s’assurer contre la grêle. Par ailleurs, les dispositifs de protection, les filets sont trop coûteux et pas toujours efficaces.
Au-delà des aides à court terme de l’État, ne faudrait-il pas surtout bâtir un système assurantiel qui tienne structurellement compte de ces évolutions climatiques ?
M. Jean-Paul Émorine. Très bien !
M. Yvon Collin. Quelle est votre vision à long terme du modèle économique de l’assurance récolte ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
M. Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Monsieur le sénateur Collin, vous m’interpellez, à la suite de Mme Laborde, sur les aléas climatiques qui ont touché votre région.
De tels épisodes climatiques seront de plus en plus fréquents à l’avenir : quand ce n’est pas la grêle, c’est la sécheresse ; quand ce n’est la sécheresse, ce sont les inondations… J’ai une pensée pour nos amis Audois, qui ont vécu une tragédie et ont eu à déplorer plusieurs morts. Le bilan des événements de ces derniers jours, s’il reste dramatique, est heureusement moins lourd.
Le ministre de l’intérieur annoncera demain les communes qui feront l’objet d’un classement en état de catastrophe naturelle. Elles seront au nombre de vingt à vingt-cinq.
Qu’allons-nous faire maintenant ? Je vous le dis très tranquillement, monsieur le sénateur, nous ne pouvons pas continuer comme nous le faisons depuis dix ans, en nous bornant à exonérer de cotisations sociales ou d’impôt foncier, à déclarer l’état de catastrophe naturelle (MM. Yvon Collin, André Gattolin et Raymond Valls approuvent.) : ce n’est plus à la hauteur de la situation ! (MM. Yvon Collin et Jean-Paul Émorine applaudissent.)
Les revenus des agriculteurs ne sont pas assez élevés pour leur permettre de surmonter de tels épisodes. C’est pourquoi j’ai proposé aux organisations professionnelles agricoles et aux chambres d’agriculture, ainsi qu’à Groupama, à la Mutualité sociale agricole, au Crédit Agricole et à l’ensemble du secteur bancaire, de travailler à l’instauration d’une véritable assurance récolte.
Aujourd’hui, soit les agriculteurs n’ont pas les moyens de s’assurer, soit les risques ne sont pas assurables. Les vergers, par exemple, ne peuvent pas être assurés contre la grêle. Il est temps d’arrêter de se voiler la face, de se mettre toutes et tous autour d’une table, professionnels de l’agriculture, représentants du secteur bancaire et parlementaires, pour instituer, vraisemblablement via un texte de loi, une assurance récolte obligatoire ou, en tout cas, généralisée, afin de répondre à la détresse des agriculteurs. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
recueil des signatures pour le référendum sur aéroports de paris
Mme la présidente. La parole est à M. Pierre Laurent, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
M. Pierre Laurent. Depuis tout juste une semaine, la procédure de collecte des soutiens citoyens à l’organisation d’un référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris est lancée. C’est une première, une expérience démocratique inédite, portant sur un enjeu d’intérêt national : il s’agit de savoir si la plus grande plateforme aéroportuaire de France, l’une des toutes premières au monde, restera publique ou sera livrée aux actionnaires, comme les autoroutes l’ont été.
Or, du côté du Gouvernement, depuis une semaine, c’est le silence radio : une ouverture du site internet le 13 juin en catimini ; aucune allusion dans les deux déclarations de politique générale ; aucun compte rendu public de la rencontre organisée entre le ministre de l’intérieur et les parlementaires issus de toutes les familles politiques à l’initiative de cette démarche.
Je comprends que vous ayez du mal à digérer l’affaire, mais il va falloir vous y faire : si le site officiel ne comporte pour le moment aucun compteur, une association spécialiste du numérique en a créé un, qui relevait déjà ce matin 235 832 signatures.
M. Fabien Gay. Eh oui !
M. Pierre Laurent. Pourtant, au ministère, des annonces nous ont été faites, qui méritent d’être connues de tous : outre les personnes déjà inscrites sur les listes électorales, les nouveaux inscrits pourront participer ; plusieurs citoyens peuvent enregistrer leur signature à partir d’une même adresse IP ; toutes les communes peuvent devenir point d’accueil des signatures si elles se portent volontaires.
Trois questions restent en suspens, monsieur le ministre : comment comptez-vous élargir la communication au grand public et allez-vous organiser une grande campagne d’information civique ? (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Quand et à quel rythme le comité de suivi que vous avez accepté de mettre en place lors de la réunion avec les parlementaires pourra-t-il se réunir ? Quels moyens de communication mettrez-vous à la disposition des maires pour favoriser l’implication des élus locaux et des citoyens ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l’intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l’intérieur. Monsieur le sénateur Laurent, comme je l’ai indiqué aux représentants des parlementaires qui ont signé la proposition de loi, il faut évidemment faire en sorte que l’outil qui permettra de recueillir les soutiens à la tenue d’un référendum – 4 717 396 signatures sont nécessaires – soit le plus opérationnel possible.
Si nous avons connu quelques bugs au début, en particulier la nuit, il suffisait de réactualiser la page pour pouvoir apporter son soutien à cette initiative. Les bugs sont maintenant très peu nombreux.
Il n’y a aucune volonté de complexifier les choses, mais, dès lors que cette démarche est encadrée d’un point de vue légal, par des textes remontant à 2014, il est nécessaire que l’on puisse non seulement vérifier l’identité des signataires, mais également prévenir une dénaturation du processus par l’intervention de robots.
Par ailleurs, afin de simplifier la démarche, nous avons mis en place, depuis la rencontre avec les représentants des parlementaires, des tutoriels, des liens entre le site du ministère de l’intérieur et celui du Conseil constitutionnel, pour faciliter l’accès à la plateforme. Je vous confirme que nous ferons tout pour corriger dans les meilleurs délais les difficultés qui pourraient nous être signalées.
Vous m’avez ensuite interrogé sur la mise en place d’une communication officielle. La loi ne le permet pas, tout comme elle n’autorise pas le financement des partis politiques qui participeraient à cette campagne. Sur ce sujet, il faut le plus de liberté possible. C’est la raison pour laquelle j’ai indiqué que nous ferions en sorte que tous les maires qui solliciteront un « agrément » puissent l’obtenir et soient accompagnés ; j’ai envoyé un télégramme en ce sens à tous les préfets.
Sachez, monsieur le sénateur, que le ministère de l’intérieur, qui travaille sous le contrôle du Conseil constitutionnel, n’a qu’un objectif : faire en sorte que l’outil permette que cet exercice démocratique se déroule de la meilleure façon. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)
référendum d’initiative partagée pour aéroports de paris
Mme la présidente. La parole est à M. Patrick Kanner, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. Patrick Kanner. Monsieur le Premier ministre, 235 000 citoyens environ ont apporté, au cours des trois derniers jours, leur soutien à la tenue d’un référendum sur la privatisation éventuelle d’Aéroports de Paris. Alors que le processus de collecte doit durer neuf mois, nous en sommes déjà à 5 % du total de signatures requis, que beaucoup, y compris le Président de la République, estiment difficile à atteindre. Au vu de ces chiffres, il ne fait pas de doute que les Français confirment leur envie de participer à la vie politique de notre pays et aux décisions, bien au-delà de la seule question de la privatisation d’ADP.
Cependant, monsieur le Premier ministre, depuis une semaine, nous sommes interpellés par de nombreux citoyens qui ne parviennent pas à signer sur la plateforme du ministère. Il existe une barrière technique à la signature, qui peut être facilement levée.
Il y a une semaine, nous avons rencontré, avec d’autres présidents de groupe – je salue la présidente Assassi –, le ministre de l’intérieur. À cette occasion, nous avons posé vingt et une questions et reçu quelques éléments de réponse verbale ; nous attendons toujours des réponses écrites.
Envisagez-vous une refonte globale de la plateforme, qui n’est absolument pas ergonomique par comparaison avec le site du grand débat ? Le comité de suivi va-t-il se mettre en place, et si oui quand ? Quand et selon quel rythme y aura-t-il une communication sur le nombre de signatures recueillies ? Les internautes ont prouvé la faisabilité technique d’un décompte au fil de l’eau.
Monsieur le Premier ministre, le référendum d’initiative partagée est de valeur constitutionnelle. Il incombe au Gouvernement de le mettre en œuvre dans les meilleures conditions possible. Ce n’est pas le cas pour l’instant. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur des travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
Mme la présidente. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le président Kanner, vous m’interrogez sur la procédure engagée en application de l’article 11 de la Constitution, relative au référendum d’initiative partagée. Elle consiste à recueillir les signatures de ceux de nos concitoyens qui souhaiteraient faire en sorte que la proposition de loi préparée par des parlementaires issus de tous les bancs des deux assemblées puisse être discutée au Parlement, à défaut de quoi – et seulement à défaut de quoi – être soumise à référendum.
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, qui vient de répondre à une question du sénateur Laurent portant sur le même sujet, a reçu les présidents de groupe et les représentants des parlementaires ayant signé cette proposition de loi. Il leur a donné à cette occasion un certain nombre d’éléments de réponse, dont vous connaissez parfaitement la teneur. Des réponses écrites aux questions écrites que vous avez formulées vous seront transmises très prochainement.
Je vous indique, monsieur le président Kanner – mais peut-être le savez-vous déjà –, que le président du Conseil constitutionnel communiquera sur le sujet au début du mois de juillet. Comme vous le savez, en la matière, le Conseil constitutionnel est l’autorité de contrôle et il détermine l’ensemble des décisions que nous sommes susceptibles de prendre. Vous comprendrez que, par respect pour le Conseil constitutionnel, je ne réponde pas à des questions qu’il voudrait évoquer et qu’il lui incombe le plus souvent de trancher. Vous me demandez donc de répondre à des questions auxquelles il ne m’appartient pas toujours d’apporter des réponses.
Comme l’a indiqué le ministre de l’intérieur, l’article 11 de la Constitution prévoit une procédure, qui a d’ailleurs été précisée par des textes d’application. Nous entendons la respecter scrupuleusement et faire en sorte que le recueil des signatures s’opère loyalement, légalement, car il s’agit d’un droit constitutionnel. Le Gouvernement, non plus que personne d’autre d’ailleurs, ne saurait barguigner avec ce droit ou tromper nos concitoyens.
Nous allons donc mettre en œuvre de façon scrupuleuse, honnête, ouverte, conforme aux indications du Conseil constitutionnel, la procédure de collecte des signatures, par voie numérique, grâce à des plateformes, mais aussi physique : les signatures pourront être recueillies sur papier dans toutes les mairies qui souhaiteront organiser une telle collecte, et pas simplement, comme le prévoyait, me semble-t-il, le texte initial, dans les mairies des communes les plus peuplées. Nous allons ouvrir cette possibilité, que vous n’avez pas mentionnée mais qui ne vous a probablement pas échappé.
Je suis très serein quant à la capacité de nos concitoyens de s’exprimer clairement. Nous pouvons, semaine après semaine, estimer – n’étant pas technicien, je ne saurais vous préciser comment – le nombre de nos concitoyens s’étant prononcés. Il appartiendra au Conseil constitutionnel de dire s’il veut une méthode de calcul en continu ou progressive. Pour notre part, nous appliquerons scrupuleusement les orientations qu’il donnera, sur ce sujet comme sur tous les autres ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur quelques travées du groupe Union Centriste. –M. Jérôme Bignon applaudit également.)