Mme le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Annie Le Houerou. Le titre de cette mission, « Solidarité, insertion et égalité des chances », porte de belles valeurs d’espoir. Le budget proposé nous fait déchanter : vivre dans la pauvreté, c’est vivre des frustrations quotidiennes. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)

Mme Cathy Apourceau-Poly. Madame la présidente, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, monsieur le secrétaire d’État, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, tout d’abord, je voudrais rendre hommage aux bénévoles des associations humanitaires, qui, au quotidien, distribuent des repas et cherchent des solutions d’hébergement à la place de l’État, qui a abandonné ces nouveaux pauvres apparus ces derniers mois.

Les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » semblent faire abstraction complète des conséquences sociales et économiques de la pandémie de covid-19. La crise sanitaire a plongé dans la précarité et la pauvreté des millions de personnes, du jour au lendemain, et fortement accentué les inégalités sociales. Les dépenses de RSA sont en hausse de 10 % et les demandes de 20 %. Mon collègue Pascal Savoldelli vous faisait remarquer à quel point ces dépenses avaient explosé ces derniers mois, mettant nos départements à genoux.

Les banques alimentaires, sur le terrain samedi encore, constatent une hausse de la demande de l’ordre de 20 % à 25 %. Selon le Secours populaire, 1,3 million de personnes supplémentaires sollicitent les aides alimentaires. L’Insee vient d’annoncer que 634 000 jeunes étaient inscrits à Pôle emploi à la fin de septembre 2020. C’est 10 % de plus qu’en 2019.

À cela s’ajoute l’exclusion de 300 000 foyers de la prime d’activité, à cause de la prise en charge du chômage partiel par l’État.

C’est la double peine pour ces salariés, qui perdent 15 % de salaire net par mois, ce qui risque de les faire basculer vers la pauvreté.

Face à cette situation, le budget de la mission ne répond pas à la demande des associations d’augmenter de 10 % le RSA. D’un côté, vous refusez une mesure chiffrée à 1,2 milliard d’euros à destination des plus précaires, mais, de l’autre, vous aidez les plus riches à hauteur de 28 milliards d’euros avec la suppression de l’ISF et de la taxe d’habitation.

Votre politique de classe n’a pas de limite quand vous décidez de raboter l’aide alimentaire de 8 millions d’euros.

Face à l’urgence sociale, le Premier ministre a annoncé, le 26 novembre, des mesures pour les travailleurs précaires et les jeunes qui sont dérisoires et en décalage avec la réalité du vécu de celles et ceux qui ont perdu leur emploi. Vous êtes coincés dans un discours culpabilisant des personnes sans emploi, alors que la pandémie entraîne le licenciement de milliers de salariés, aujourd’hui dans les grandes entreprises, et, demain, chez les petits commerçants.

L’augmentation des crédits du programme 137 relatif à l’égalité femmes-hommes ne doit pas cacher l’augmentation des violences faites aux femmes. Je rappelle d’ailleurs que, dans le rapport d’information sur le financement de la lutte contre les violences faites aux femmes, mon collègue Éric Bocquet préconisait d’intégrer les crédits destinés à l’hébergement des femmes victimes de violence au sein du programme 137 plutôt que de les laisser au sein de la mission « Cohésion des territoires », pour plus de lisibilité et d’efficacité.

Vous avez apporté une première réponse aux 185 maires, mais nous serons vigilants pour nous assurer que, de la parole donnée, nous passions aux actes sur le terrain.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances ». (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

Mme le président. La parole est à M. Philippe Mouiller. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Mouiller. Madame la présidente, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, monsieur le secrétaire d’État, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, s’il y a un domaine où l’effort de la Nation ne doit pas faiblir, c’est bien celui de la solidarité, et cela est d’autant plus vrai en cette période difficile.

Avec la crise sanitaire, économique et sociale, chacun a pu mesurer combien nos filets de protection sociale sont précieux, qu’il s’agisse de notre système de soins, du chômage partiel, ou de la continuité des droits sociaux.

Cependant, la situation est vouée à s’aggraver, avec l’inactivité provoquée par la crise, et la montée inévitable du chômage. Nous sommes en train d’assister au basculement d’un grand nombre de personnes dans la précarité, et à un creusement des inégalités sociales.

En cette fin 2020, le nombre de personnes venant dans les centres de ravitaillement alimentaire a augmenté de près 40 %. Il s’agit souvent de publics nouveaux, qui n’étaient jusqu’ici pas connus des acteurs des politiques sociales.

Les demandes de RSA, versé aux personnes de plus de 25 ans qui ne peuvent prétendre aux allocations chômage, sont en augmentation dans tous les départements. Ici, également, il s’agit majoritairement de nouveaux profils : travailleurs saisonniers, indépendants, commerçants, artisans.

D’ici à la fin de l’année, le RSA concernera bien plus que les 1,9 million de bénéficiaires enregistrés à la fin de 2019. Selon l’Assemblée des départements de France, le reste à charge pour les départements était de 4,6 milliards d’euros en 2019 ; il devrait augmenter à 5,6 milliards cette année.

Dans ce contexte, la stabilité des crédits de la mission laisse perplexe, car on a le sentiment d’une simple reconduction du budget 2020, ce qui ne correspond pas à la situation actuelle et, surtout, à venir.

Les crédits de la mission sont surtout concentrés sur l’allocation aux adultes handicapés et la prime d’activité.

Concernant la prime d’activité, je note une baisse des crédits correspondant à l’impact négatif de la crise sanitaire sur l’emploi. La hausse du chômage devrait en effet faire sortir environ 300 000 foyers du dispositif sur l’ensemble de l’année 2021. Il convient de remarquer que ces ménages sont affectés par un effet de seuil important, provoqué par la double perte du salaire et de la prime d’activité. On voit donc les limites du dispositif.

Concernant l’AAH, une stabilisation des dépenses est constatée.

Toutefois, il devient urgent de clarifier la définition de cette allocation et des revenus du foyer fiscal à prendre en compte pour déterminer son montant. En effet, soit nous estimons que l’AAH est un revenu de remplacement spécifique pour les personnes éloignées de l’emploi en raison de leur handicap, soit l’AAH est considérée comme une allocation qui opère une forme de compensation liée à la spécificité du handicap.

Sur toutes les travées de cet hémicycle, nous sommes nombreux à être sollicités par des personnes concernées et il est urgent de clore ce débat, notamment à la veille de la loi sur l’autonomie.

Étant particulièrement attentif aux solutions permettant l’autonomie des personnes en situation de handicap, je me réjouis que ce budget mette l’accent sur l’accès et le retour à l’emploi. Le plan de relance consacre une enveloppe de 100 millions d’euros à l’aide à l’embauche. Les crédits dédiés à l’emploi accompagné sont également en progression de 50 %.

Le Gouvernement semble beaucoup compter sur cette mesure, qui permet de bénéficier d’un suivi médico-social et d’un appui du service public de l’emploi tout au long du parcours professionnel. Il est également prévu un accompagnement de l’employeur.

Je souhaiterais évoquer un dernier point, en m’appuyant sur l’amendement présenté par le rapporteur Jean Sol, que je souhaite voir adopté.

Il vise à rétablir la participation de l’État à la prise en charge des mineurs non accompagnés, qui subit une baisse de 42 millions d’euros. Il s’agit une nouvelle fois d’une compétence des départements, qui sont chargés de mettre à l’abri ces mineurs et d’évaluer leur situation, ce qui représente un enjeu financier majeur.

L’État justifie cette évolution budgétaire par la sous-consommation de crédits observée en 2019. Néanmoins, si ce constat est juste, il apparaît que le nombre de jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) continue d’augmenter. Et, surtout, l’État a révisé les conditions et modalités de sa participation, ce qui est source de tensions avec les départements. Il convient de régler cette situation rapidement. Je pense qu’il est important que l’État montre un engagement fort et durable aux côtés des départements sur cette question socialement sensible.

Pour conclure, hormis ces réserves, notre groupe constate l’évolution positive des crédits de la mission et sera donc favorable à leur adoption, dans un souci de protection des populations les plus fragiles. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

Mme le président. La parole est à M. Antoine Lefèvre.

M. Antoine Lefèvre. Madame la présidente, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, monsieur le secrétaire d’État, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, d’autres orateurs l’ont dit ici avant moi : la crise sanitaire a dramatiquement mis en lumière la diversité des formes de précarité au sein de la population française. Pis encore, elle en a créé de nouvelles et a jeté dans la pauvreté des catégories sociales qui s’en étaient tenues éloignées jusqu’alors.

TPE ou PME contraintes de mettre la clé sous la porte, jeunes travailleurs en insertion sur le marché du travail se retrouvant confrontés au ralentissement, voire au gel des embauches, étudiants : autant de victimes collatérales du ralentissement économique dû à l’épidémie de covid-19.

La jeunesse a indéniablement été la plus fragilisée. Les cas de détresse les plus extrêmes font état d’étudiants contraints de sauter des repas afin de tenir leur budget mensuel, réduit à peau de chagrin. Je tiens aussi à saluer ici l’action des missions locales pour l’emploi, qui ont agi en grande partie pour remédier à ces situations dramatiques.

La mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », examinée aujourd’hui, est l’occasion pour le Parlement d’apporter des solutions concluantes et durables à l’ensemble de la population confrontée à un quotidien particulièrement difficile : de l’isolement social aux discriminations, en passant par l’impossibilité de s’intégrer par l’emploi ou la socialisation. Enfin, il y a les victimes de violences conjugales ou domestiques, drame d’autant plus terrible qu’il est en recrudescence.

Les 26 milliards d’euros sollicités pour cette mission semblent ainsi sous-évalués par rapport à la réalité des besoins actuels. Là où une progression substantielle sur l’ensemble des programmes était attendue, on observe ici et là des remèdes, qui, s’ils dénotent une intention louable, ne vont pas au bout de leur logique et demeurent des solutions de court terme.

Dans une très large mesure, le plan de relance économique fait en réalité la part belle aux volets « travail-emploi », et aux citoyens les moins en difficulté d’un point de vue professionnel et économique, en laissant sur le bas-côté toute la frange la plus vulnérable et la plus fragile des publics visés.

Sur la question de l’accueil des mineurs non accompagnés, l’État manifeste depuis quelques années une volonté tenace d’en céder à terme le financement aux départements. Le PLF 2021 indique en effet une baisse de 42 millions d’euros du programme 304, « Inclusion sociale et protection des personnes », laissant ainsi, de fait, les collectivités au pied du mur et dans l’obligation d’assumer en très grande partie le coût du dispositif.

Dans l’Aisne, ce sont 264 mineurs non accompagnés qui sont pris en charge au cours de l’année 2020, pour un coût de 15 800 euros par mineur par année, soit un peu plus de 7 millions d’euros annuellement consacrés à ce pan de l’action sociale départementale.

Cependant, cette donnée varie largement d’un département à l’autre, l’Assemblée des départements de France ayant avancé, dans un document daté de juin 2018, le chiffre nettement plus important de 50 000 euros par mineur par an.

Il faut rappeler la révision effectuée par un décret du 27 juin 2019, qui réduit la participation de l’État de 1 250 euros à 500 euros, à laquelle s’ajoute une contribution au titre de la mise à l’abri du jeune de 90 euros journaliers pendant quatorze jours, puis 20 euros pendant neuf jours supplémentaires.

Une disposition additionnelle prévoit de minorer de 400 euros la participation pour les départements qui n’auraient pas signé la convention d’appui à l’évaluation de la minorité, c’est-à-dire, en l’espèce, plus de 30 départements, qui se retrouveraient avec une dotation réduite à 100 euros par mineur.

Face à ce retrait progressif, certains départements se retrouvent complètement dépassés par des arrivées qui excèdent largement les capacités d’accueil et les moyens financiers et matériels à leur disposition : saturation des foyers, surpopulation, insécurité, auxquelles ils ne peuvent faire face sans l’augmentation proportionnelle des effectifs.

Si les chiffres les plus récents attestent d’une tendance baissière du nombre de mineurs non accompagnés accueillis sur le territoire, le moment n’est pas à l’assèchement subit et drastique des financements, mais devrait plutôt permettre de déployer un dispositif d’accueil digne de ce nom et d’appuyer davantage les départements.

Enfin, et à bien des égards, les clés de répartition des mineurs non accompagnés créent des disparités entre les départements : les 8 437 mineurs confiés par décision judiciaire échoient à l’heure actuelle majoritairement à des départements déjà très peuplés, là où des départements plus ruraux restent largement moins ciblés.

Sur le modèle de la péréquation fiscale, une péréquation de la répartition des mineurs sur la base de critères de richesse des départements pourrait répondre plus justement à l’exigence d’équité, et alléger les départements les plus saturés.

En somme, nous devrions particulièrement nous attacher à ce que les programmes de la mission « Solidarité » s’articulent de façon intelligente avec les budgets des territoires et la mission sociale dans laquelle l’État est engagé auprès de ses citoyens les plus fragiles. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme le président. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Adrien Taquet, secrétaire dÉtat auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de lenfance et des familles. Madame la présidente, messieurs les rapporteurs spéciaux, monsieur le rapporteur pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » se veut la transcription des engagements présidentiels en matière d’inclusion, de protection des personnes vulnérables et de lutte contre les inégalités. Cette mission doit être à la hauteur des attentes de nos concitoyens, qui sont particulièrement fortes, évidemment, en cette période de crise sanitaire, sociale et économique.

S’agissant du programme 304, qui concerne l’inclusion sociale et la protection des personnes, le Gouvernement a deux priorités.

Tout d’abord, il s’agit d’amplifier la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, présentée par le Président de la République en 2018, grâce à 252,6 millions d’euros de crédits consacrés à sa mise en œuvre.

Les réformes essentielles, lancées en 2019 dans le cadre de la stratégie, ont d’ores et déjà été amplifiées en 2020 et continuent de faire leurs preuves, en soutenant le quotidien des plus fragiles. Ainsi, l’Insee, dans son analyse de novembre 2020, note un recul de la pauvreté monétaire en 2019, notamment grâce à la revalorisation de la prime d’activité. C’est un résultat encourageant, bien qu’il ait été, par la suite, évidemment percuté par les conséquences de la crise économique.

Le déploiement de la stratégie passe en particulier par un mode d’action publique novateur, celui de la contractualisation avec les départements, qui sont évidemment les chefs de file de l’action sociale.

Les territoires – vous avez été un certain nombre à le rappeler – ont un rôle essentiel dans la prévention de la pauvreté. Comme ils l’ont prouvé au cours de ces derniers mois, ils savent aller au plus près des citoyens pour prévenir les situations de précarité ou d’exclusion. Ils sont aussi les plus à même d’expérimenter des dispositifs innovants.

La contractualisation porte, vous le savez, principalement sur des mesures d’accompagnement social, telles que l’insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA, la prévention des sorties sèches de l’aide sociale à l’enfance, évoquée par le sénateur Iacovelli, ou encore les maraudes mixtes autour de l’hébergement des familles à la rue.

Cette contractualisation progresse, puisqu’elle concerne désormais les conseils départementaux dans leur quasi-totalité, à l’exception de deux d’entre eux : les Hauts-de-Seine et les Yvelines.

Par ailleurs, la contractualisation avec les conseils régionaux et les métropoles reste réduite, mais elle se développe. Les crédits qui lui sont consacrés poursuivent donc leur montée en charge, avec 200 millions d’euros en 2021, contre 175 millions en 2020 et 135 millions en 2019.

En outre, dans le cadre de la stratégie, l’État, qu’il soit central ou déconcentré, pilote des mesures qui ont pour visée principale de réduire les inégalités dès l’enfance, en garantissant à tous les enfants un accès au droit et en prévenant les situations de privation matérielle. Par exemple, les dispositifs de repas « un euro » dans les territoires ruraux défavorisés, ainsi que les petits déjeuners gratuits dans les écoles des quartiers prioritaires, seront élargis.

Le second objectif visé par le Gouvernement, et financé dans le cadre du programme 304, est la revalorisation de la prime d’activité. Cette dernière a été, comme vous le savez, revalorisée de 90 euros au niveau du SMIC depuis le 1er janvier 2019, dans le cadre des mesures d’urgence économique et sociale. Ce sont ainsi 1,25 million de foyers supplémentaires qui sont entrés dans le dispositif grâce à la réforme.

Le programme 304 finance aussi pour partie l’aide alimentaire.

Je voudrais revenir ici sur la prétendue baisse de 8 millions d’euros évoquée lors des débats à la chambre basse et par Mme Apourceau-Poly dans son propos. Il ne s’agit en réalité que de la baisse de nos provisions pour défaut de remboursement par l’Union européenne. Le budget national de l’aide alimentaire reste évidemment stable.

Comme le notent les rapporteurs spéciaux Arnaud Bazin et Éric Bocquet dans leur rapport, rendu au nom de la commission des finances, et dont je salue ici le travail : « Cette baisse de crédits porte intégralement sur la prise en charge par FranceAgriMer des dépenses financées sur appel de fonds, mais finalement déclarées non éligibles au FEAD, et tiendrait donc seulement à une diminution du taux d’inéligibilité des dépenses présentées par l’opérateur » à l’Union européenne.

Derrière ces termes très techniques, je vous réaffirme la stabilité de ce programme, contrairement à ce qui a été dit.

De plus, il faut noter que le budget consacré à l’aide alimentaire est indirectement soutenu par une mesure de 100 millions d’euros de France Relance, évoquée par M. le rapporteur général, et consacrée aux associations de lutte contre la pauvreté, qui ont déjà bénéficié, par ailleurs, de deux plans exceptionnels de soutien à l’aide alimentaire de 94 millions au titre du PLFR 3.

S’agissant enfin du programme 137, qui concerne la lutte contre les violences faites aux femmes, vous le savez, cette grande cause constitue une priorité du quinquennat, qui a fait l’objet de trois lois depuis le début du quinquennat. Je salue à cet égard la présence de Mme la ministre déléguée Elisabeth Moreno.

Avec les mesures du Grenelle contre les violences conjugales, le Gouvernement amplifiera en 2021 ses efforts en mobilisant des crédits supplémentaires sur trois axes principaux : le déploiement d’une plateforme d’écoute téléphonique continue pour les femmes victimes de violences ; l’accroissement du soutien financier aux associations accompagnant les femmes victimes de violences ; enfin, le financement de nouveaux centres de suivi et de prise en charge des auteurs de violences conjugales.

Mesdames, messieurs les sénateurs, les objectifs qui guident l’action du Gouvernement sont de mieux protéger les victimes et de lutter contre la récidive. Les crédits du programme connaissent ainsi une hausse marquée par rapport à 2020, pour atteindre 41,5 millions d’euros.

Enfin, s’agissant du programme 124, « Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales », il permettra aux agences régionales de santé de bénéficier en 2021 de 500 agents supplémentaires afin de renforcer les services chargés du pilotage des politiques sanitaires et médico-sociales au plus près des acteurs locaux de la santé.

Je reviendrai, à l’occasion des débats autour de vos amendements, sur des propos qui ont été tenus au sujet des mineurs non accompagnés, car je ne partage pas l’analyse qui a été faite par certains d’entre vous.

Mme le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État.

Mme Sophie Cluzel, secrétaire dÉtat auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées. Madame la présidente, mesdames, monsieur le président de la commission, messieurs les rapporteurs spéciaux, mesdames, messieurs les sénateurs, depuis le début de l’année 2020, le Gouvernement est pleinement mobilisé auprès des personnes en situation de handicap. Il le sera aussi l’an prochain, comme en témoigne la hausse globale de 2,2 % des crédits du programme 157. Ce programme, qui finance les actions engagées en faveur de personnes handicapées ou en perte d’autonomie, sera doté de 12,8 milliards d’euros en 2021.

Son budget sera cette année orienté vers deux axes principaux : le financement de l’allocation aux adultes handicapés et l’accompagnement des travailleurs handicapés dans les établissements et services d’aide par le travail (ÉSAT) comme en milieu ordinaire.

En premier lieu, je souhaite évoquer le financement de l’AAH, qui représente le poste budgétaire le plus important du programme 157, avec 11 milliards d’euros de crédits.

Vous connaissez l’engagement du Président de la République en faveur de cette allocation. Versée à plus de 1 million de foyers, elle fait pleinement partie des mesures de lutte contre la pauvreté que subissent les personnes du fait de leur handicap.

Cette année encore, nous augmentons ces crédits de plus de 200 millions d’euros afin que chaque personne éligible puisse bénéficier de ce droit.

Depuis le début du quinquennat, 2 milliards d’euros d’investissements ont été déployés en faveur de sa revalorisation.

Le montant de l’AAH à taux plein a été porté à 860 euros en novembre 2018, pour atteindre 903 euros en avril 2020 ; cette revalorisation a marqué un engagement sans précédent en faveur du pouvoir d’achat des personnes en situation de handicap.

En deuxième lieu, ce budget témoigne également d’une grande mobilisation en faveur de l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés dans les ÉSAT et en milieu ordinaire.

Vous savez en effet que tout travailleur handicapé en ÉSAT perçoit en contrepartie de l’activité qu’il exerce une rémunération garantie. Une partie de cette rémunération est à la charge de l’ÉSAT ; s’y ajoute une aide au poste financée par l’État au titre de la garantie de rémunération des travailleurs handicapés.

Afin de sécuriser le revenu de ces travailleurs dans le contexte de la crise sanitaire, le Gouvernement a mis en place un dispositif de soutien au profit des ÉSAT, en prenant en charge la part de rémunération qui incombe d’ordinaire à ceux-ci, de manière à garantir la rémunération de 120 000 employés de ces établissements et services, mais aussi à pallier leurs pertes d’activité commerciale. La dépense encourue pour cette mesure s’est élevée, pour une durée de huit mois, à 160 millions d’euros.

Au total, le programme 157 consacre 1,406 milliard d’euros au financement de l’aide au poste. Notre objectif est de permettre d’apporter un soutien tant aux personnes handicapées qu’à leurs employeurs, de façon souple et adaptée à leurs besoins.

Au-delà de ce dispositif, je souhaite réaffirmer l’engagement du Gouvernement en faveur de l’emploi durable des personnes en situation de handicap.

En 2021, les crédits dédiés à l’emploi accompagné augmentent de 5 millions d’euros, après avoir été doublés l’année dernière. Ils sont complétés par une enveloppe de 15 millions d’euros issue du plan de relance ; elle vise à apporter une aide à l’embauche des personnes en situation de handicap. Ce dispositif fonctionne : 60 % des personnes accompagnées ont un emploi durable.

Comme je l’ai rappelé, le Gouvernement est mobilisé aux côtés des personnes en situation de handicap. Cette période difficile a nécessité des adaptations quotidiennes, mais elle a aussi permis des avancées significatives.

En témoigne la poursuite du financement, à hauteur de 2,25 millions d’euros, des projets mis en œuvre pendant la crise sanitaire afin de lutter contre la maltraitance et d’apporter un soutien aux aidants en lien avec les territoires.

Je pense aussi à l’accélération de la mise en œuvre de la plateforme téléphonique « 0800 360 360 », qui répond aux appels au secours que nous recevons en matière d’accès aux soins et offre des solutions de répit pour rompre l’isolement. Son déploiement, annoncé lors de la Conférence nationale du handicap, a été accéléré. Je veux remercier ici celles et ceux qui œuvrent chaque jour, partout en France, afin de simplifier et d’améliorer la vie des personnes en situation de handicap durant cette crise sanitaire.

Enfin, outre ces projets portés au plus près des besoins des personnes, nous encourageons également le partenariat lancé le 20 mars dernier entre l’État et la Croix-Rouge : 250 000 euros sont prévus pour la poursuite de ce partenariat en 2021.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs : l’engagement du Gouvernement sera plein et entier en 2021 pour simplifier et améliorer la vie des personnes, lutter contre la pauvreté, encourager l’insertion professionnelle et accompagner les personnes et leurs aidants, de manière, tout simplement, à accompagner tout le monde dans ce programme 157 ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Article additionnel après l'article 65 - Amendement n° II-914
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2021
Article 68 (nouveau)

Mme le président. Nous allons procéder à l’examen des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », figurant à l’état B.

ÉTAT B

(En euros)

Mission / Programme

Autorisations dengagement

Crédits de paiement

Solidarité, insertion et égalité des chances

26 122 284 638

26 119 098 837

Inclusion sociale et protection des personnes

12 384 909 594

12 384 909 594

Dont titre 2

1 947 603

1 947 603

Handicap et dépendance

12 538 464 888

12 533 564 888

Égalité entre les femmes et les hommes

48 695 581

41 495 581

Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales

1 150 214 575

1 159 128 774

Dont titre 2

388 921 982

388 921 982