M. Rachid Temal. À fond ! (Sourires sur les travées du groupe SER.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Notre deuxième défi consiste à bâtir ensemble la société du plein emploi.
« C’est une conviction qui m’anime profondément, une conviction nourrie par mon parcours, par les deux années où j’ai été ministre du travail et par les échanges que j’ai eus avec vous et avec nos concitoyens.
« Nous devons changer notre rapport au travail. (M. Fabien Gay rit.) Et le cœur de ce changement, c’est le plein emploi ! Ce n’est pas une illusion ni un objectif inatteignable. Aujourd’hui, le plein emploi est à notre portée. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe CRCE.) Et le travail reste pour moi un levier majeur d’émancipation.
« Lors du précédent quinquennat, nous avons déjà parcouru la moitié du chemin vers le plein emploi : nous avons le taux de chômage le plus bas depuis quinze ans ; le taux de chômage des jeunes est le plus faible depuis quarante ans ; la proportion de Français qui ont un travail n’a jamais été aussi élevée depuis qu’on la mesure.
« C’est le résultat des réformes de fond que nous avons menées pendant cinq ans : nous avons déverrouillé l’apprentissage, avec plus de 700 000 apprentis en 2021 ; nous avons rendu le travail toujours plus incitatif, avec la réforme de l’assurance chômage ; nous avons amélioré et intensifié la formation des demandeurs d’emploi, en investissant 15 milliards d’euros dans la formation professionnelle ; nous accompagnons mieux les jeunes, grâce au plan “1 jeune, 1 solution” et au contrat d’engagement jeune.
« C’est grâce à ce bilan que nous pouvons désormais viser le plein emploi. J’ai la conviction profonde que notre pays doit et peut sortir du cercle vicieux du chômage de masse.
« Aujourd’hui, la situation de l’emploi a changé dans notre pays. De nombreuses entreprises, dans toutes les filières, dans tous les métiers et dans tous les territoires cherchent à recruter.
« Cette situation a des vertus. Elle impose aux employeurs d’améliorer les conditions de travail, de questionner leur mode de management et d’œuvrer à l’attractivité de leurs métiers. Avec le plein emploi, les travailleurs retrouvent le pouvoir de négocier.
« Pour atteindre le plein emploi, nous devons aussi ramener vers l’emploi celles et ceux qui sont les plus éloignés du marché du travail.
« Je pense bien sûr aux jeunes que nous continuerons à accompagner, mais aussi aux bénéficiaires du RSA. Ce que nous voulons, c’est leur permettre de retrouver un travail.
« Comme le disait Michel Rocard, »…
Mme Cathy Apourceau-Poly. Tiens !
Mme Laurence Rossignol. S’il cite François Mitterrand, je l’applaudis ! (Rires sur les travées des groupes SER et CRCE.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Revenons à l’esprit du RMI et du RSA. Verser une allocation ne suffit pas. Ce que nous voulons, c’est que chacun s’en sorte et retrouve sa dignité grâce au travail. Ce que nous proposons, ce n’est ni plus ni moins qu’une mesure de justice sociale et d’équilibre entre droits et devoirs.
« Nous atteindrons aussi le plein emploi en accompagnant mieux les chômeurs.
« Aujourd’hui, notre organisation est trop complexe. Son efficacité en pâtit. Nous ne pouvons plus continuer à avoir, d’un côté, l’État qui accompagne les demandeurs d’emploi et, de l’autre, les régions qui s’occupent de leur formation et les départements qui se chargent de l’insertion des bénéficiaires du RSA.
« C’est la raison pour laquelle nous voulons transformer Pôle emploi en France Travail. » (Exclamations ironiques sur les travées des groupes Les Républicains, SER et CRCE.)
M. Jérôme Bascher. C’est bien trouvé !
Mme Éliane Assassi. Cela va tout changer !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous devons joindre nos forces, travailler ensemble pour être plus efficaces dans l’accompagnement des chômeurs. C’est de cette manière que chaque Français trouvera sa place sur le marché du travail et que nous répondrons aux besoins de recrutement des entreprises.
« Le plein emploi, c’est aussi relever le défi de la découverte des métiers, de l’orientation et de la formation.
« Cela commence dès l’enseignement secondaire. Avec les collectivités, nous ferons en sorte que chaque élève puisse découvrir et connaître des métiers, notamment ceux de l’artisanat, de l’industrie, du tourisme, ainsi que les métiers d’art.
« Nous ferons bénéficier le lycée professionnel du succès de l’apprentissage.
« Nous devrons, dans le supérieur, permettre aux étudiants de choisir une voie et de s’y lancer en fonction du métier qu’ils veulent exercer.
« Grâce à la formation tout au long de la vie, nous voulons qu’ils puissent se sentir libres d’en changer et de saisir de nouvelles opportunités. Grâce à cela, ces prochaines années, nous pourrons former un million de jeunes dans les métiers d’avenir, dont la moitié dans le numérique.
« Enfin, c’est grâce au plein d’emploi que nous créerons de la richesse et que nous pourrons financer notre modèle social.
« Vous le savez, nous avons toujours dit les choses clairement aux Françaises et aux Français.
« Notre modèle social est un paradoxe : il est à la fois l’un des plus généreux et l’un de ceux dans lesquels l’on travaille le moins longtemps. »
Mme Cathy Apourceau-Poly. On y vient !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Notre système de retraite est une exception, puisque l’on part plus tard chez la totalité de nos voisins européens. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.)
« Aussi, je le dis aujourd’hui : pour la prospérité de notre pays et la pérennité de notre système par répartition, pour permettre de nouveaux progrès sociaux, pour qu’aucun retraité avec une carrière complète n’ait une pension inférieure à 1 100 euros par mois, pour sortir de situations où le même métier ne garantit pas la même retraite, nous devrons progressivement travailler un peu plus longtemps.
« Notre pays a besoin d’une réforme de son système de retraite. Celle-ci ne sera pas uniforme et devra prendre en compte les carrières longues et la pénibilité. Elle devra veiller au maintien dans l’emploi des seniors.
« Le Gouvernement la mènera dans la concertation avec les partenaires sociaux, en associant les parlementaires le plus en amont possible. Elle n’est pas ficelée. Elle ne sera pas à prendre ou à laisser, mais elle est indispensable.
« J’ajoute que je ne peux pas, que nous ne pouvons pas nous résoudre à la pénibilité de certains métiers. Par l’innovation, par la technologie, par l’évolution des carrières, nous pouvons, nous devons améliorer les conditions de travail et faire en sorte que nos compatriotes ne finissent plus leurs carrières en étant brisés.
« Oui, le travail est une valeur essentielle : le travail, c’est la clé de l’émancipation, la création de richesses, la liberté d’entreprendre, le partage de la valeur, des ressources complémentaires pour notre modèle social, une ambition plus grande en faveur de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Nous avons tous à y gagner !
« Mesdames, messieurs les sénateurs, bâtir ensemble, c’est apporter des réponses radicales à l’urgence écologique.
« Devant un tel défi, il n’est plus question d’opposer les radicaux aux partisans d’une écologie des petits pas. Tous, nous avons conscience des enjeux et des risques. Tous, nous devons faire bloc.
« Je prends donc à mon compte ce mot de “radicalité”. Nous engagerons des transformations radicales dans notre manière de produire, de nous loger, de nous déplacer, de consommer. Toutefois, je l’affirme : je ne crois pas un instant que cette révolution climatique passe par la décroissance. »
Mme Cécile Cukierman. Personne n’a dit cela !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Au contraire ! La révolution écologique que nous voulons mener, ce sont des innovations, des filières nouvelles, des emplois d’avenir. C’est un modèle social préservé, car, sans activité, nous ne pourrions plus le financer.
« Au cours des cinq dernières années, nous avons accéléré la baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais nous devons faire plus. Sous l’impulsion de la France, l’Europe s’est fixé l’objectif d’être neutre en carbone en 2050 et de réduire les émissions de 55 % d’ici à 2030. Ces objectifs, nous devons les atteindre. Ensemble, nous gagnerons la bataille du climat.
« Pour y parvenir, tout le Gouvernement est mobilisé. Chaque ministre aura une feuille de route “climat et biodiversité”. Nous allons définir ensemble un plan d’action, un plan de bataille. Dès le mois de septembre prochain, nous lancerons une vaste concertation en vue d’une loi d’orientation énergie-climat. »
Mme Sophie Primas. Encore !
M. Guy Benarroche. Il y en a déjà une de lancée !
M. Roger Karoutchi. Je vais faire un colloque dans mon immeuble ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Filière par filière, territoire par territoire, nous définirons des objectifs de réduction d’émissions, des étapes et des moyens appropriés.
« La transition écologique est l’affaire de tous. Les dirigeants des grandes entreprises doivent montrer l’exemple, et leur rémunération dépendra de l’atteinte par leur société des objectifs environnementaux.
« Nous avancerons avec les élus locaux. Ils ont en charge l’aménagement du territoire, les transports, l’habitat et les déchets. Nous avons besoin d’eux, et c’est le sens même de la création d’un ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ils seront également des sources d’inspiration, d’initiatives et d’idées. Bien souvent, dans leurs territoires, ils ont montré le chemin.
« Mesdames, messieurs les sénateurs, nous voulons être la première grande nation écologique à sortir des énergies fossiles. »
M. Jean-François Husson. Il y a du travail…
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est la garantie de notre souveraineté énergétique ; c’est la préservation du pouvoir d’achat ; ce sont des filières industrielles nouvelles et des emplois créés. En effet, je le répète, notre écologie est une écologie de progrès.
« Je sais que cette transition peut parfois susciter des craintes, notamment des salariés des secteurs en mutation. Mais nous ne laisserons personne sur le bord de la route. »
Mme Cathy Apourceau-Poly. Ah ça !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous avons retenu les leçons du textile et de l’acier. Chaque transition ira de pair avec un accompagnement pour la formation et la reconversion. (Marques d’ironie sur les travées du groupe CRCE.)
« Pour sortir du carbone, nous nous doterons d’un mix énergétique équilibré autour des énergies renouvelables et du nucléaire. Nous accélérerons le déploiement des énergies renouvelables. Nous investirons dans le nucléaire (Mme Sophie Primas s’exclame.), avec la construction de nouveaux réacteurs et des innovations pour le nucléaire du futur. La transition énergétique passe par le nucléaire. »
M. Loïc Hervé. Très bien !
M. Jean-François Husson. Que de temps perdu !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je sais que c’est une conviction largement partagée sur ces bancs. C’est une énergie décarbonée, souveraine et compétitive.
« Réussir la transition énergétique, c’est pouvoir la piloter. Je disais, il y a quelques instants, que l’urgence climatique imposait des décisions fortes, radicales.
« Nous devons avoir la pleine maîtrise de notre production d’électricité et de sa performance. Nous devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la guerre et aux défis colossaux à venir. Nous devons prendre des décisions que, sur ces bancs mêmes, d’autres ont prises avant nous, dans une période de l’Histoire où le pays devait aussi gagner la bataille de l’énergie et de la production.
« C’est pourquoi je vous confirme aujourd’hui l’intention de l’État de détenir 100 % du capital d’EDF. »
M. Fabien Gay. Pour quoi faire ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique.
« Réussir la transition énergétique, c’est ensuite consommer moins. »
M. Guy Benarroche. Attention à la décroissance ! (Sourires sur les travées du groupe GEST.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Si notre pays est moins dépendant du gaz russe que nos voisins, nous ne pouvons pas croire, ou faire croire, que les décisions unilatérales de la Russie nous épargneraient. Si la Russie venait à couper ses exportations de gaz, nous serions touchés, nous aussi.
« Dès maintenant, nous devons donc envisager tous les scénarios concrets, même les plus difficiles, et partager leurs conséquences avec les acteurs et les Français. Nous pouvons tenir, mais chacun devra agir.
« Plus largement, nous devons éviter toutes les consommations inutiles, notamment dans le domaine du logement. Nous amplifierons donc le succès de MaPrimeRenov’, pour rénover 700 000 logements par an.
« Nous voulons permettre à chacun d’avoir accès à des transports propres. Cela vaut partout, en ville comme dans la ruralité.
« Le ferroviaire est et restera la colonne vertébrale d’une mobilité propre. Nous continuerons les investissements de ces dernières années dans les transports du quotidien et dans les petites lignes. Je tiens ici à rendre hommage à l’action de Jean Castex, infatigable voix des territoires, qui s’est engagé personnellement pour le ferroviaire. »
M. Martin Lévrier. C’est vrai !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Partout, d’autres solutions que l’usage individuel de la voiture thermique devront être construites. Partout, nous devrons continuer à soutenir les mobilités propres et actives.
« Nous souhaitons permettre aux Français d’avoir accès à une voiture à zéro émission. Pour y parvenir, nous prolongerons les aides à la conversion et nous mettrons en place un système de location de longue durée à moins de 100 euros par mois. C’est un projet écologique. C’est aussi une ambition industrielle, car nous construirons ces voitures électriques en France.
« Au-delà des transports, partout, nous allons décarboner. C’est vrai notamment dans l’industrie, en nous appuyant sur les 50 milliards d’euros d’investissements du plan France 2030. La moitié au moins sera consacrée à ces enjeux. Cela vaut aussi pour l’agriculture, en continuant à transformer notre modèle agricole. »
M. Jean-François Husson. Et surtout en le préservant…
M. Bruno Le Maire, ministre. « Protéger l’environnement, c’est enfin préserver la nature et la biodiversité, face au risque d’une sixième grande extinction.
« Nous accentuerons notre politique de préservation des espaces naturels, des forêts, des montagnes, des littoraux et des océans. Nous aurons une attention toute particulière pour nos outre-mer, dont la biodiversité est un trésor inestimable.
« Nous devrons enfin poursuivre notre sortie de la société du gaspillage et du tout-jetable. Il faut du réemploi, de la réparation, du recyclage. Cela crée de l’activité et du pouvoir d’achat. »
M. Jacques Fernique. Ce n’est pas de la décroissance, ça ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Les outils ont été mis en place lors du précédent quinquennat. Il faut maintenant pleinement s’en emparer.
« Vous le voyez, derrière les mots, derrière les engagements, l’urgence nous impose des actes rapides. Tout ne viendra pas de l’État seul. Chacun devra y prendre sa part, c’est la condition de la réussite.
« Mesdames, messieurs les sénateurs, nous refusons une société où la vie et les destins sont tracés : selon le quartier où l’on naît, selon le lieu où l’on vit, selon la couleur de sa peau ou la profession de ses parents.
« Aussi, au cœur de l’engagement du Président de la République et du Gouvernement se trouve la volonté de briser les inégalités de destins, de n’accepter aucune assignation sociale ou culturelle, de permettre à chacun de choisir son avenir et de tracer les chemins de l’émancipation.
« La République de l’égalité des chances se construit dès la naissance. L’enfance sera une priorité de ce quinquennat, dans la droite ligne du chantier des “mille premiers jours”.
« Nous répondrons à ce qui est la première préoccupation des parents aujourd’hui : le manque de solutions de garde pour les enfants, et notamment ceux de moins de 3 ans.
« Pour réussir, le Gouvernement souhaite bâtir, avec les collectivités, un véritable service public de la petite enfance. Il permettra d’offrir les 200 000 places d’accueil manquantes.
« Nous voulons des solutions proches des domiciles et accessibles financièrement. Nous viendrons en aide, en priorité, à ceux qui en ont le plus besoin : les parents qui élèvent seuls leurs enfants, le plus souvent des femmes. Pour eux, pour elles, nous continuerons à bâtir un accompagnement global.
« Avec les pensions alimentaires désormais directement versées sur les comptes en banque, nous avons franchi une étape majeure. Nous continuerons et nous accorderons une aide aux familles monoparentales pour la garde des enfants jusqu’à 12 ans.
« Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est agir en priorité pour l’école et la jeunesse. C’est un chantier essentiel.
« Nous continuerons la refondation de l’école, entamée lors du dernier quinquennat. Notre école, c’est celle qui conforte les savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter, respecter autrui – et s’emparer de nouveaux savoirs, comme le codage informatique.
« Notre école, c’est celle qui garantit l’égalité et ne renonce jamais à l’excellence. Nous devons pousser chaque élève à se dépasser. Dans notre école, nous devons aider les jeunes à faire éclore leurs talents et les adultes à déceler ces derniers, même s’ils n’entrent pas dans le moule.
« Former des millions de jeunes et s’adapter aux personnalités de chacun, c’est le défi auquel font face, chaque jour, les professeurs. Notre école doit donc être celle qui offre aux enseignants la reconnaissance et la place qu’ils méritent.
« Les enseignants sont le cœur battant de la République. Grâce à leur mobilisation durant la crise sanitaire, ils ont permis à notre école de rester ouverte. Nous devons mieux les associer à la transformation de l’école. Nous revaloriserons leurs salaires et construirons, avec eux, les évolutions de leur profession.
« Avec eux, nous devrons bâtir un nouveau pacte, répondre à la question des remplacements, avancer pour l’aide individualisée, adapter leur formation, soutenir les projets collectifs. Mais il serait illusoire de croire que les solutions seraient identiques, partout, sur tous les territoires.
« L’égalité réelle, c’est adapter notre action en fonction des situations locales et des besoins des élèves. Le plan “Marseille en grand”, lancé par le Président de la République l’année dernière, a ouvert la voie. Nous donnerons aux établissements des marges de manœuvre pour s’adapter.
« Nous mobiliserons toute la communauté scolaire, les associations, les élus, car l’émancipation de nos jeunes passe par l’école, mais aussi par le sport, la culture, l’engagement. L’égalité réelle, nous la construirons dans le dialogue avec toutes les parties prenantes. Cette concertation sera lancée dès septembre prochain.
« Notre jeunesse doit également continuer à faire vivre les valeurs républicaines. Le Gouvernement poursuivra le déploiement du service national universel.
« L’avenir de notre jeunesse, enfin, passe par un enseignement supérieur et une recherche qui aient les moyens de leurs ambitions.
« L’université française est une chance précieuse. Elle forme et aiguise les esprits. Elle assure la transmission et le progrès des savoirs dans tous les champs de la connaissance. L’université sera donc au cœur de l’action de notre gouvernement. Nous améliorerons les conditions de vie et d’étude de nos jeunes. Nous renforcerons l’égalité d’accès et de réussite, en particulier dans le premier cycle universitaire, et nous simplifierons le système de bourses étudiantes.
« L’avenir de notre jeunesse, c’est aussi accompagner toutes les voies de l’émancipation. Assumons d’être une nation culturelle, où la culture sauve et grandit. La culture fait l’âme et le rayonnement de notre pays.
« Rendons la culture accessible à toutes et tous, dès la jeunesse. C’est pourquoi nous proposerons d’étendre le pass Culture dès la classe de sixième et d’amplifier l’éducation artistique et culturelle. Soutenons la création, dans l’espace physique comme numérique. Prolongeons notre action pour sauvegarder le patrimoine. C’est notre identité ; c’est notre histoire ; c’est notre héritage.
« Bâtissons une nation sportive. Le sport donne sa chance à tous. Offrons à chaque élève en primaire trente minutes de sport par jour. Faisons des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 un accélérateur de l’activité physique dans notre pays.
« Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est aussi offrir à toutes et à tous une santé de qualité.
« Les Français le savent, ils nous le disent, nous faisons face à un manque criant de professionnels de santé. »
Mme Laurence Cohen. Vous êtes très perspicaces !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Cette réalité, nous ne pouvons ni la nier ni l’occulter. Si nous avons supprimé le numerus clausus en 2018, nous devons aussi dire les choses : cette situation durera encore plusieurs années.
« Face à ce défi, nous devons activer tous les leviers. Le premier, c’est la prévention. Trop souvent, à tort, on résume la santé aux soins. La prévention, ce sont des campagnes de santé publique, des dépistages et des bilans de santé aux moments clés de notre vie.
« Toutefois, bien au-delà, ce doit être une vision des politiques publiques. Prévenir les maladies, c’est agir sur la qualité de l’air, sur l’habitat, sur les conditions de vie. C’est prendre en compte les inégalités sociales, qui sont aujourd’hui les principaux déterminants de la santé de chacun.
« C’est pourquoi, avec le Président de la République, j’ai souhaité que le Gouvernement comprenne un ministre de la santé et de la prévention. »
M. Rachid Temal. Ah !
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est un défi que l’État ne peut pas relever seul. Nous travaillerons avec les élus, en particulier les maires, qui sont nos partenaires privilégiés. »
M. Jacques Grosperrin. Et qui vont payer…
M. Bruno Le Maire, ministre. « Enfin, nous devons soutenir nos soignants. Le covid-19 a mis au jour les fragilités de notre système de soins. Il a aussi montré l’engagement exceptionnel de nos soignants. Et je veux ici leur rendre hommage : c’est d’abord grâce à eux que notre pays a tenu. Notre devoir est de continuer à agir.
« Le Ségur de la santé a permis des revalorisations sans précédent des rémunérations des soignants et dégagé des moyens inédits pour notre hôpital. Pourtant, tout n’est pas réglé, loin de là. Nous avons pris des mesures d’urgence pour cet été. L’heure est maintenant aux solutions structurantes.
« Nous devons renforcer l’attractivité des métiers et permettre aux soignants de passer plus de temps auprès des patients, en allégeant la charge administrative, en renforçant la coopération entre les professions de santé et en investissant dans l’innovation pour moderniser notre système de soins.
« Nous devons construire dans chaque territoire une offre de santé adaptée. »
M. Loïc Hervé. Avec les élus !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je suis convaincue que les solutions viendront des professionnels, des élus, des patients et du terrain. »
M. Loïc Hervé. Bravo !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Dès septembre prochain, des concertations seront lancées, partout en France, avec un objectif clair : lutter contre les déserts médicaux, par une meilleure coordination entre les acteurs, entre la ville et l’hôpital, entre le public et le privé. »
M. Jacques Grosperrin. Cela fait quinze ans que l’on en parle…
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je veux ici, aussi, rappeler que l’épidémie de covid-19 n’est pas terminée. »
Mme Cécile Cukierman. Ah bon ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Même, elle reprend, nettement, ces derniers jours. Si notre système de santé est pour l’instant préservé, nous devrons rester vigilants et prêts à agir.
« Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est faire de la France un pays où l’on vieillit bien. Un pays qui favorise l’espérance de vie en bonne santé, »…
Mme Cathy Apourceau-Poly. C’est pour cela qu’il ne faut pas partir à la retraite à 65 ans !
M. Bruno Le Maire, ministre. … « un pays qui assure une prise en charge de qualité, à domicile ou en maison de retraite.
« Notre première mission, c’est de donner aux personnes âgées la capacité de vieillir sereinement chez elles. Nous y parviendrons avec le dispositif MaPrimeAdapt’, pour leur permettre d’aménager leur logement. Nous y parviendrons en améliorant la qualité des services à domicile. Mais il nous faut aussi améliorer la vie de nos aînés en maison de retraite. Les scandales récents sont révoltants. Nous avons renforcé les contrôles pour qu’ils ne puissent plus survenir.
« Nous devons maintenant inventer les établissements de demain, plus ouverts, plus humains et mieux médicalisés. »
M. Rachid Temal. Et moins chers ! (Sourires sur les travées du groupe SER.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous devons construire des liens plus forts entre établissements et domicile, créer des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) hors les murs, pour une prise en charge plus adaptée à chaque situation. Les investissements du Ségur de la santé ont été une étape majeure pour cette transformation.
« Nous devons aussi relever le défi de l’attractivité, pour permettre le recrutement de 50 000 infirmiers et aides-soignants d’ici à 2027.
« Lors du précédent quinquennat, nous avons créé la cinquième branche de la sécurité sociale, »… (Exclamations sur les travées des groupes CRCE et SER.)
Mme Cathy Apourceau-Poly. Sans gouvernance ni financement !
M. Bruno Le Maire, ministre. … « nous avons posé les fondements du financement de cette nouvelle solidarité nationale pour le grand âge.
« Là encore, avec les départements, je vous propose de travailler ensemble et de bâtir un service public efficace, qui réponde aux besoins des personnes âgées et des familles, au plus près des territoires.
« Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est reconstruire une société inclusive.
« Le handicap, c’est 12 millions de Français. C’est un conjoint, un parent, un enfant : toutes nos familles sont concernées. Offrons-leur une société qui accepte, qui inclut, qui respecte. Une conférence nationale du handicap se tiendra au début de 2023. »