Mme Pascale Gruny. Ah, vous aimez les conférences ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous agirons pour l’accessibilité universelle, pour l’autonomie des personnes handicapées, notamment financière, pour la transformation des structures médico-sociales, pour une meilleure reconnaissance des personnels de l’accompagnement.
« Nous devons améliorer l’inclusion par le travail, dans le milieu ordinaire d’abord, ainsi que dans les établissements et services d’aide par le travail (ÉSAT) ou en entreprise adaptée.
« Je vous annonce enfin que le Gouvernement réformera, avec vous, avec les associations, l’allocation aux adultes handicapés. (Marques de satisfaction sur les travées des groupes SER, CRCE et Les Républicains.) Il s’agira d’une réforme en profondeur. Nous partirons du principe de la déconjugalisation. (Mêmes mouvements.) C’est une question de dignité et une avancée très attendue. »
Mme Sophie Primas. Les textes sont déjà votés au Sénat !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est réussir la cohésion des territoires. Nous voulons une relation fondée sur le respect, le dialogue et l’action.
« Je veux saluer l’engagement et la détermination des élus locaux. Je l’ai dit, les politiques publiques doivent se construire avec eux. La crise sanitaire l’a montré : quand nous travaillons main dans la main, nous pouvons tout surmonter.
« Les cinq dernières années ont permis de surmonter un certain nombre de fractures en France. Nous avons créé plus de 2 000 maisons France Services. Nous avons investi pour redynamiser les centres-villes et les centres-bourgs et accéléré le renouvellement urbain. Le Gouvernement poursuivra la logique de différenciation partout où elle répond aux attentes. »
Mme Françoise Gatel. Très bien !
M. Bruno Le Maire, ministre. « La règle commune doit pouvoir être adaptée en fonction des spécificités de chaque territoire. Nous voulons donner plus de poids aux élus locaux, »… (Exclamations.)
Mme Cécile Cukierman. Le couple maire-préfet, on a donné !
M. Bruno Le Maire, ministre. … « plus de lisibilité dans leurs compétences, plus de cohérence dans leur action. »
M. Loïc Hervé. Quel chemin de Damas !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Le conseiller territorial peut être un moyen d’y parvenir et de construire les complémentarités indispensables entre départements et régions. »
Mme Cécile Cukierman. Bien sûr !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Cela passera naturellement par des concertations approfondies que nous lancerons l’an prochain. (Brouhaha.)
« Pour mener à bien leurs missions, les collectivités ont besoin de visibilité et de stabilité dans leurs compétences. »
M. Jean-François Husson. Elles ont besoin d’argent !
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est l’enjeu de l’agenda territorial que nous devons bâtir ensemble. État et collectivités doivent se donner une lecture commune des défis à relever, des leviers à activer, des moyens nécessaires.
« En Corse, le cycle des discussions engagé avec les élus et les forces vives sera relancé dans les prochains jours. Il doit aboutir à des solutions concrètes pour tous les Corses, notamment les jeunes, pour le travail, pour le logement, pour la transition écologique, pour le développement économique et la sécurité.
« Nous sommes prêts à aborder tous les sujets, y compris institutionnels, à les discuter en toute transparence et dans un esprit constructif et responsable. Mais ne cédons pas à la facilité. Répondons, au cas par cas, à ce qui bloque ou ne fonctionne pas.
« Le Gouvernement sera aussi celui de la justice territoriale. Quartiers prioritaires ou zones rurales, nos territoires partagent des défis communs : bâti dégradé, manque de transports collectifs, accès à la santé et à l’emploi, sécurité. De tous les territoires de France, j’entends cette demande commune de justice, de cohésion, de considération. Nous allons y répondre.
« Pour nos quartiers, nous bâtirons des solutions qui changent le quotidien et redonnent des opportunités. Nous définirons les nouveaux contrats de ville et répondrons aux urgences, avec les habitants, avec les associations, avec les élus locaux. »
Mme Éliane Assassi. Ah oui ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous mènerons les opérations de renouvellement urbain essentielles, car l’égalité, cela commence par l’état de sa rue, de son hall d’immeuble ou de son école.
« Pour la ruralité, nous continuerons à investir. Un nouvel agenda rural sera mis en œuvre. Nous continuerons le déploiement des maisons France Services, pour garantir des services publics de proximité et de qualité aux habitants.
« Nous lutterons contre la fracture numérique. »
M. Fabien Gay. Oh là là !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous irons au bout de la couverture mobile et très haut débit de notre territoire. Nous accélérerons les formations et l’accompagnement aux usages numériques.
« La cohésion des territoires, ce sont aussi des fonctionnaires présents partout et un État qui répond vite et bien aux demandes des Français. »
Mme Cécile Cukierman. On les cherche encore !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Il faut donner aux fonctionnaires les moyens de leur action. Nous continuerons la modernisation de l’État.
« Il faut offrir aux agents des trois versants de la fonction publique une reconnaissance et de meilleures conditions de travail. C’est le sens de la revalorisation du point d’indice, la plus importante menée depuis près de quarante ans. »
Mme Cécile Cukierman. Qui va payer ?
Mme Éliane Assassi. Revalorisation non compensée aux collectivités !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je veux aussi avoir un mot particulier pour nos compatriotes des outre-mer. Les outre-mer sont une chance inestimable pour notre pays. Ce sont des terres de jeunesse et d’espoir, les places fortes de notre souveraineté : plus que jamais, nous avons besoin d’elles.
« Pourtant, ces derniers mois, vous avez exprimé vos doutes, vos craintes et vos colères.
« Il y a quelques jours, toutes les collectivités d’outre-mer se sont rassemblées pour lancer l’appel de Fort-de-France. Nous leur répondrons. Le Gouvernement les accompagnera pour soutenir leur développement économique et créer de l’emploi, pour renforcer la présence des services publics et assurer la sécurité, pour améliorer la distribution d’eau potable, l’assainissement et le traitement des déchets. »
Mme Laurence Cohen. Cinq ans de perdus… C’est tout de même fou !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous voulons agir sur toutes les causes de la vie chère, comme dans l’Hexagone.
« Nous devons avancer sur tous ces sujets et placer les outre-mer aux avant-postes de la transition écologique. Je demande à tous les membres de mon gouvernement la plus grande attention pour les territoires ultramarins.
« Ce quinquennat sera également celui d’une nouvelle page de notre histoire républicaine avec la Nouvelle-Calédonie. Nous aurons à écrire l’avenir de notre relation au terme du processus politique défini par l’accord de Nouméa. Des discussions seront engagées avec l’ensemble des parties.
« Je veux ici rendre hommage à l’action d’Édouard Philippe, figure du sens de l’État face aux crises. Chacun connaît son engagement pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. »
M. Bruno Retailleau. Tout comme Gérard Larcher !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est agir pour notre sécurité. C’est une conviction qui m’anime profondément, car l’insécurité est une inégalité.
« L’insécurité touche directement et violemment ceux qui ont déjà été fragilisés par la vie, ceux qui vivent dans des quartiers ou des zones où certains cherchent à imposer leur loi face à celle de la République. Le combat pour la sécurité est donc un combat pour l’égalité. Ce combat, mon gouvernement le mènera avec fermeté. »
Mme Laurence Cohen. On l’a déjà entendu, cela !
M. Bruno Le Maire, ministre. « J’ai confiance dans nos forces de l’ordre et j’ai le plus grand respect pour elles. C’est pour cela que j’ai envers elles la plus grande exigence. Et je le dis sans détour : honte à ceux qui attaquent systématiquement nos policiers et nos gendarmes, honte à ceux qui tentent de dresser les Français contre ceux qui les protègent. » (Très bien ! et applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)
Mme Françoise Gatel. Très bien !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous voulons une gendarmerie et une police républicaines, au plus près des Français.
« Les Français veulent des réponses fortes pour leur sécurité du quotidien. Les cinq dernières années ont permis de donner des moyens exceptionnels à nos forces de sécurité intérieure. Nous avons recruté 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires. Nous avons fortifié notre sécurité civile et agi pour nos sapeurs-pompiers. Nous avons renforcé notre lutte contre le terrorisme et les moyens de nos services de renseignement, en prolongeant l’effort entamé depuis les attentats de 2015.
« Le quinquennat qui s’ouvre doit nous permettre d’amplifier cet effort autour d’une vision globale et de moyens pour notre sécurité. C’est pourquoi le Gouvernement vous proposera une loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur.
« Les défis sont nombreux. Contre l’insécurité du quotidien, contre la cyberdélinquance, contre les trafics, nous renforcerons encore les moyens de notre sécurité.
« Je sais ce que sont le sentiment d’abandon de certains territoires et la crainte de voir la sécurité s’éloigner. Il ne doit pas y avoir de zones blanches de sécurité. Aussi, nous engageons la création de 200 nouvelles brigades de gendarmerie. Ces dernières années ont montré la nécessité de mieux assurer l’ordre républicain. Nous créerons 11 nouvelles unités de forces mobiles.
« Toutefois, chacun le sait sur ces bancs, et les Français nous le disent : la solution ne se trouve pas uniquement dans des effectifs supplémentaires. Je me rappellerai toujours la colère des familles et l’exaspération des forces de l’ordre, face aux multirécidivistes.
« La réponse, c’est le refus de l’impunité. Nous doublerons le temps de présence des forces de l’ordre sur le terrain d’ici à 2030. Cela se fera grâce à nos recrutements, en allégeant les procédures et en les modernisant. Une profonde réforme de l’investigation sera mise en place, avec une formation plus longue, le passage obligatoire de l’examen d’officier de police judiciaire et la création des assistants d’enquête.
« La réponse, c’est aussi l’efficacité de la justice. Ce sont des décisions rapides et respectées. Les États généraux de la justice, lancés par le Président de la République, ont montré qu’il fallait des moyens supplémentaires et des méthodes nouvelles, qu’il fallait répondre à la crise de confiance de nos concitoyens, aux attentes fortes des professionnels et garantir, toujours, l’indépendance de la justice.
« Le Gouvernement vous proposera donc une loi de programmation pour la justice. Nous voulons notamment recruter 8 500 magistrats et personnels de justice supplémentaires, pour une justice plus proche, pour réduire les délais et permettre aux juges de se concentrer sur leurs missions fondamentales.
« Nous agirons pour que chaque peine prononcée soit exécutée et pour lutter contre la surpopulation carcérale. »
Mme Françoise Dumont. Encore faut-il avoir les prisons nécessaires !
M. Bruno Le Maire, ministre. Une quarantaine d’établissements pénitentiaires – 15 000 places – seront livrés dans les prochaines années. » (Brouhaha.)
M. Mathieu Darnaud. C’est toujours la même chose !
Mme Laurence Rossignol. Et tout le monde se fiche de la justice civile !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je veux que nous ayons, en lien étroit avec les élus, les associations, les magistrats et les forces de l’ordre, une action toujours plus résolue dans la lutte contre les violences, sexuelles, sexistes et intrafamiliales. Ce sera notre combat, pour que les victimes soient écoutées, protégées, accompagnées, pour que les plaintes soient déposées et la justice dite. C’est une exigence absolue, qui nécessite une mobilisation absolue.
« Enfin, bâtir la République de l’égalité des chances, c’est porter nos valeurs et les défendre avec intransigeance. La liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité ne sont pas négociables.
« La laïcité, c’est un pilier de notre pacte républicain. Face à elle, le séparatisme et l’islamisme sont des périls mortels. Ils s’en prennent à notre unité républicaine. Ils sont le terreau de la radicalisation et du terrorisme. Le Gouvernement continuera à les combattre de toutes ses forces.
« L’égalité, c’est refuser les discriminations. Avec tous les membres du Gouvernement, je serai pleinement engagée pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle est la grande cause du quinquennat. »
Mme Victoire Jasmin. Ah !
Mme Laurence Rossignol. Grande cause perdue, grande cause toujours ! (Sourires sur les travées des groupes SER et CRCE.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous agirons dans tous les domaines, notamment pour l’égalité économique. Nous lutterons avec intransigeance contre toutes les discriminations.
« Qu’elle concerne le genre, la religion, la couleur de la peau, le handicap, l’orientation sexuelle, chaque discrimination est une humiliation, une blessure, une violence. En concertation avec tous les acteurs, nous continuerons à les prévenir et à les sanctionner.
« Mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais à présent vous parler de notre souveraineté. »
Mme Pascale Gruny. Ah !
M. Bruno Le Maire, ministre. « La souveraineté, ce n’est ni le repli sur soi ni l’exclusion ; c’est notre capacité à peser et à affronter les crises.
« Cette souveraineté est à la fois profondément française et profondément européenne.
« La pandémie nous a prouvé notre trop forte dépendance à l’égard des industries étrangères. La guerre en Ukraine nous a rappelé que nous devions faire front pour faire entendre notre voix. Les crises migratoires nous ont montré le besoin de solidarité européenne et la nécessité de toujours mieux protéger nos frontières.
« L’Union européenne nous protège et nous projette dans l’avenir. Une Europe plus forte, c’est une France plus forte.
« La présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) a permis plus de 130 accords et autant de réponses pour le climat, le numérique, l’autonomie stratégique, les droits sociaux ou encore l’égalité femme-homme.
« Les défis de la souveraineté nous attendent : bâtissons ensemble une France plus forte dans une Europe plus indépendante.
« Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est la souveraineté énergétique. Nous ne pouvons plus dépendre du gaz et du pétrole russes : nous gagnerons notre souveraineté grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables.
« Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est la souveraineté industrielle et numérique : nous sommes sur la bonne voie. Par les baisses d’impôts, par la réforme du marché du travail, par l’attractivité retrouvée, nous avons mis un coup d’arrêt à quarante années de désindustrialisation. Maintenant, accélérons ; accélérons en continuant à attirer les entreprises et les industries.
« Comme l’a annoncé le Président de la République, nous vous proposerons de baisser encore les impôts de production et de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) dès la loi de finances pour 2023. » (M. François Patriat applaudit.)
M. Jacques Grosperrin. Et les collectivités ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Concrètement, ce sont près de 8 milliards d’euros qui permettront de renforcer la compétitivité de nos entreprises, aux trois quarts des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Tout aussi concrètement, nous compenserons cette perte de ressources pour les collectivités. » (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. François Bonhomme. Et l’autonomie fiscale ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Accélérons en investissant massivement dans les secteurs d’avenir, comme l’alimentation, l’énergie, le spatial, les biomédicaments ou l’électronique. C’est le sens des 50 milliards d’euros d’investissements de France 2030 pour l’innovation, la recherche et la réindustrialisation.
« Nous investirons dans nos sites universitaires et nos organismes de recherche. Nous continuerons à revaloriser et à simplifier le métier de chercheur.
« La recherche, quel qu’en soit le domaine, inspire et fait la force de notre pays. Je veux rendre hommage à l’excellence de nos universités et laboratoires. Je tiens en particulier à féliciter, au nom du Gouvernement, le mathématicien Hugo Duminil-Copin, dont la médaille Fields fait la fierté de toute notre recherche. (MM. Martin Lévrier et Loïc Hervé, ainsi que Mme Esther Benbassa, applaudissent.)
« Accélérons en protégeant et promouvant notre culture et notre création.
« Accélérons aussi en tenant notre rang de grande nation numérique, de nation qui soutient sa French Tech, de nation capable d’apprendre à ses jeunes les bons usages et, grâce à la régulation, de lutter contre le cyberharcèlement et la haine en ligne.
« Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est notre souveraineté alimentaire. Or – le constat est édifiant – près de la moitié de nos agriculteurs prendront leur retraite d’ici à 2030.
« Nous devons assurer l’avenir de la filière agricole. La représentation nationale a déjà montré, autour de la question des retraites, qu’elle pouvait s’unir pour nos agriculteurs. Aussi, bâtissons ensemble une loi d’orientation et d’avenir pour l’agriculture, »…
Mme Laurence Rossignol. Encore ?
M. Bruno Le Maire, ministre. … « qui permette de faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs.
« Ce travail passe d’abord par une meilleure rémunération et par le soutien à la transmission de nos exploitations.
« C’est la poursuite de notre soutien massif à l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, avec l’assurance récolte comme avec des moyens de protection des exploitations.
« C’est l’investissement en faveur de nouvelles productions, les protéines végétales notamment. (Mme Sophie Primas s’exclame.)
« C’est la protection, dans les accords internationaux, contre la concurrence déloyale des pays qui ne respectent pas nos critères sociaux et environnementaux. »
M. Laurent Duplomb. Comme la Nouvelle-Zélande !
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est une politique d’alimentation qui respecte chacun des acteurs et lui donne une juste rémunération.
« Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est également tenir nos frontières.
« À l’échelle européenne, nous poursuivrons le travail entamé sous présidence française pour renforcer Schengen, assurer des contrôles accrus aux frontières de l’Europe et garantir une politique d’asile mieux coordonnée.
« À l’échelle nationale, la France restera fidèle à sa tradition d’asile ; et, pour que cette politique soit juste, nous devrons poursuivre l’accélération du traitement des demandes. À ceux que nous accueillons, nous devons offrir une meilleure intégration par le travail. Nous devons dans le même temps reconduire plus rapidement ceux dont la demande d’asile a été refusée. »
M. André Reichardt. Eh oui !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Pour y parvenir, nous allons simplifier et moderniser les procédures.
« Cela étant, disposer d’un titre de séjour en France impose également de respecter nos lois. Nous serons intransigeants sur ce point. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
« Contre l’immigration irrégulière, nous poursuivrons la lutte à tous les niveaux. Nous créerons une “force des frontières”. Nous continuerons notre combat contre les passeurs, qui organisent de véritables trafics d’êtres humains. Ils doivent être poursuivis et sanctionnés.
« Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est, enfin, notre souveraineté stratégique.
« La guerre aux portes de l’Europe et le maintien de la menace terroriste nous le rappellent : nous devons pouvoir nous défendre et faire entendre notre voix, que ce soit au Levant, au Sahel ou sur le flanc est de l’Europe, sur terre, dans les airs, sur les mers ou dans le cyberespace.
« Partout et dans tous les milieux, nos soldats se battent pour notre liberté, parfois au péril de leur vie. Je veux dire à nos armées le plein soutien et la confiance du Gouvernement et de la Nation ici représentée. Je leur rends hommage. J’ai une pensée pour nos soldats tombés au combat, pour les familles endeuillées et pour tous ceux revenus des terrains d’opération meurtris dans leur chair ou dans leur esprit. (Applaudissements prolongés.)
« Le contexte géopolitique et les désordres du monde nous obligent. Nous devons disposer d’un modèle d’armée complet, équilibré et modernisé ; d’un modèle d’armée cohérent et capable d’agir.
« Le précédent quinquennat a permis, en faveur de nos armées, un effort sans précédent depuis la fin de la guerre froide. Nous avons respecté l’exécution de la loi de programmation militaire, modernisé nos infrastructures, mené un renouvellement massif de nos équipements et lancé de grands programmes d’avenir, comme celui du nouveau porte-avions. Nous devons maintenant poursuivre et amplifier cet investissement.
« Prochainement, le Président de la République présentera les contours d’une nouvelle loi de programmation militaire. Il donnera une vision et un cap à nos armées comme à notre industrie de défense en tirant tous les enseignements de l’engagement de nos forces et de la coopération avec d’autres armées.
« Nous tiendrons notre rôle. Nous agirons en cohérence avec nos ambitions européennes et nos alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
« Nous devons aussi fortifier la résilience de la Nation. Par l’accroissement de la réserve, par des actions auprès de notre jeunesse, par le travail sur la mémoire, par l’attention portée à nos anciens combattants, nous renforcerons le lien armée-Nation.
« La France, sous l’impulsion du Président de la République, devra enfin tenir sa place sur la scène internationale. Cela signifie plus d’efforts de solidarité internationale et une ambition accrue pour les défis globaux comme la santé ou le changement climatique ; cela signifie aussi poursuivre le renouvellement de notre relation avec l’Afrique, par le dialogue, par les partenariats ou encore par le travail de mémoire.
« Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je viens de vous présenter l’ambition qui anime le Gouvernement.
« Je vous l’ai dit, elle est le socle de notre travail à venir ; mais les moyens de l’atteindre pourront être enrichis et amendés.
« Les échanges nourris menés avec les groupes de l’Assemblée nationale »…
M. Jean-François Husson. Et pas ceux du Sénat ?
M. Bruno Le Maire, ministre. … « le montrent : nous avons les moyens et la volonté de nous retrouver autour de valeurs et d’objectifs communs, de construire ensemble et de bâtir des majorités d’idées.
« L’heure n’est pas à nous compter, mais à nous parler. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
« La confiance ne se décrète pas a priori. Elle se forgera texte après texte, projet après projet, car nous travaillerons en bonne foi et en bonne intelligence, comme nous le demandent les Français. »
M. Antoine Lefèvre. C’est ce que nous avons toujours fait !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Devant chaque défi, chacun devra se poser la question : veut-il bloquer ou veut-il construire ? »
Mme Dominique Estrosi Sassone. Vous pouvez vous la poser également !
Mme Éliane Assassi. Il y a d’autres questions ! On peut faire autrement !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Les enjeux devant nous sont immenses, mais je suis confiante et déterminée.
« Notre pays est celui de tous les possibles ; celui qui a surmonté les crises une à une avec force et solidarité ; celui qui refuse la fatalité ; celui où la promesse républicaine peut et doit avoir un sens et une réalité.
« Cette conviction, je la tiens de mon histoire, de ce que je dois à la République.
« C’est la République qui m’a tendu la main en me faisant pupille de la Nation.
« C’est la République qui m’a montré que le travail peut déjouer les destins tracés.
« C’est la République qui a ouvert la voie à tant de femmes avant moi.
« Je pense à Irène Joliot-Curie, à Suzanne Lacore et à Cécile Brunschvicg, premières femmes membres d’un gouvernement, en 1936, sous le Front populaire. »
Mme Cécile Cukierman. Souvenez-vous aussi des valeurs du Front populaire !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je pense aux trente-trois premières femmes à faire leur entrée dans cet hémicycle au lendemain de la Libération.
« Je pense à Simone Veil, dont la force et le courage m’inspirent à ce pupitre.
« Je pense à Édith Cresson, première femme à accéder aux fonctions de Première ministre. »
M. Rachid Temal. Ah !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Dans cette assemblée présidée pour la première fois par une femme, je sais, comme chaque femme sur ces bancs, ce que je dois à toutes celles qui ont ouvert le chemin avant nous.
« Nous croyons à la force de l’exemple et nous mènerons ce combat jusqu’à ce que l’égalité ne pose plus de question.
« La France, notre France, c’est celle des enseignants, qui donnent des visages et des noms à la transmission et à l’émancipation.
« La France, notre France, c’est celle des soignants, qui ne comptent pas leurs heures et n’ont reculé devant aucun effort pendant plus de deux années de pandémie. »
Mme Laurence Cohen. Il faut passer aux actes !
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est celle des travailleurs de la deuxième ligne, qui ont assuré la continuité de notre économie ; celle des commerçants, qui ont été exemplaires et qui ont tenu.
« C’est celle de cette jeunesse, qui nous place devant nos responsabilités et s’engage pour le climat, prête à se battre pour notre destin commun. »
Mme Laurence Cohen. Quel blabla !
M. Bruno Le Maire, ministre. « C’est celle des créateurs, des entrepreneurs, des travailleurs, des fonctionnaires, des artisans et des agriculteurs ; celle qui vient en aide à ceux qui en ont besoin, qui ne laisse personne sur le côté et tend toujours la main.
« C’est celle de la solidarité, de l’engagement et de la volonté. C’est aussi celle des craintes que nous devons écouter, des peurs auxquelles nous devons répondre et, parfois, des colères que nous devons apaiser.
« Cette France, c’est la nôtre ; aussi, soyons à sa hauteur, à la hauteur des Françaises et des Français. Une nouvelle page de notre histoire politique s’ouvre. Nous allons l’écrire ensemble.
« Devant vous, je m’engage à partager les enjeux et les contraintes, à vous faire part de nos feuilles de route et des différentes voies que nous pourrons emprunter.
« Je m’engage à ne jamais rompre le fil du dialogue avec les groupes parlementaires, avec les forces vives, avec les Françaises et les Français.
« Je m’engage à bâtir des compromis ambitieux sans compromission sur les valeurs, des solutions concrètes, des majorités de projets et d’idées.
« Les Français ont sonné l’heure de la responsabilité : nous serons au rendez-vous. Nous avons toutes et tous une part à prendre. Nous avons tout pour réussir. Bâtir ensemble, nous y parviendrons ! » (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP et RDSE, ainsi que sur des travées du groupe UC. – Mme Catherine Conconne et M. Paul Toussaint Parigi applaudissent également.)