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Question de M. Bruno Belin (Vienne - Les Républicains-R) publiée le 11/04/2024

M. Bruno Belin souligne à Mme la ministre de la culture l'urgence d'agir pour la préservation des peintures de l'abbaye de Saint-Savin dans la Vienne.
Le samedi 30 mars 2024, la crue de la Gartempe a provoqué des inondations dans une partie de l'abbaye de Saint-Savin, classée au patrimoine mondial de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) depuis 1983. Deux cryptes se sont retrouvées sous les eaux suscitant des inquiétudes autour de l'état des peintures murales. La crypte de Saint-Marin a été entièrement submergée, avec plus de deux mètres d'eau à l'intérieur, tandis que la crypte de Saint-Savin, abritant des peintures exceptionnelles du XIème siècle, a également été touchée, avec près de 50 cm d'eau au pic de l'épisode. La présence prolongée d'humidité dans les murs, ainsi que le phénomène de la capillarité qui fait remonter l'eau dans les peintures inquiètent fortement le maire de la commune et les responsables de cet établissement public de coopération culturelle. Par ailleurs, une alerte avait déjà été lancée concernant la présence d'un voile blanc sur les murs probablement dû à l'humidité ou à un champignon, et des diagnostics devaient être réalisés.
En raison de sa valeur patrimoniale, la commune n'a pas réussi à trouver des assureurs acceptant de couvrir ce bâtiment, estimé à 17 millions d'euros en biens, les peintures étant elles-mêmes inestimables. La seule proposition reçue s'élevait à 17 000 euros, ce qui représente un coût trop important pour la commune de 800 habitants.
Les estimations de devis auprès des entreprises de restauration de peintures, qui suivront le processus de séchage et préconiseront les mesures de sauvegarde nécessaires, ainsi que les délais d'intervention, ne sont pas encore connues. Cependant, le maire de la commune redoute un coût trop élevé pour être supporté par la municipalité.
Dans ce contexte, il demande au Gouvernement d'intervenir dans la prise en charge des dégâts liés aux inondations de ce bâtiment, compte tenu de son statut de patrimoine mondial de l'UNESCO. Il est impératif d'agir rapidement pour préserver ce joyau de l'histoire.
Par ailleurs, au-delà des évènements récents, la présence d'un site classé UNESCO dans une petite commune représente une charge considérable. Il sollicite donc des solutions pour soutenir la commune dans la protection de ce trésor unique et pour faciliter son assurance.

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Erratum : JO du 18/04/2024 p.1680


Réponse du Ministère de la culture publiée le 23/05/2024

Lors de la crue historique de la Gartempe, le 30 mars dernier, l'église abbatiale de Saint-Savin (Vienne) a été touchée, et plus particulièrement la crypte Saint-Marin, entièrement immergée, et la crypte Saint Savin, connue pour ses décors peints du XIe siècle. L'abbaye est classée au titre des monuments historiques sur la liste de 1840 et inscrite sur la Liste du patrimoine mondial (Unesco) depuis 1983. À ce titre, elle fait l'objet d'un suivi attentif par les services patrimoniaux du ministère de la culture, qui se sont mobilisés auprès de la commune pour gérer avec elle les conséquences de la crue. Ces trente dernières années, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Nouvelle-Aquitaine s'est fortement engagée auprès de la commune de Saint-Savin et de l'établissement public de coopération culturelle (EPCC) Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe et Vallée des Fresques dans la conservation et la valorisation de l'édifice. Créé en 2006 entre la communauté de communes, la région, le département, la commune et l'État (DRAC), l'EPCC est chargé de gérer, de promouvoir et de valoriser le site abbatial de Saint-Savin et les autres monuments de la « vallée des Fresques », situés à Antigny, Jouhet, Montmorillon, Saint-Germain et Saulgé. Au-delà de ses missions d'accompagnement technique et scientifique, la DRAC Nouvelle-Aquitaine participe aux différents travaux d'entretien et de restauration du site abbatial à un taux moyen de subvention de 43 %. Ce soutien se manifeste également par une dotation annuelle de l'ordre de 80 000 euros au fonctionnement de l'EPCC. À la suite de la crue, une mission de suivi exhaustive, qui se déroulera sur 14 mois, a été commandée sans délai auprès d'une restauratrice de peintures murales. Exceptionnellement prise en charge par la DRAC Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 80 % de son coût, cette mission a pour objet de dresser un bilan sanitaire complet de l'état des peintures murales et de surveiller la conservation de ces décors pendant toute la période d'assèchement, à l'aide d'une instrumentation scientifique adaptée. Elle permettra d'identifier les mesures complémentaires à mettre en oeuvre pour assurer leur préservation. Service à compétence nationale du ministère de la culture, le laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH) assure par ailleurs, depuis 2005, une surveillance régulière du développement fongique à la surface de la couche picturale de la crypte Saint-Savin. Le LRMH est également mobilisé pour accompagner la mission de suivi, afin de prévenir toute dégradation. Le ministère de la culture est pleinement conscient de la difficulté, pour des collectivités à faibles ressources, de prendre en charge les primes d'assurances qui s'attachent à des monuments d'une telle importance. S'il ne peut, à cet égard, se substituer aux propriétaires, il leur apporte, en cas de sinistre, une aide très significative, souvent renforcée par l'intervention des régions et des départements.

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