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Question de M. Mickaël Vallet (Charente-Maritime - SER) publiée le 30/05/2024

M. Mickaël Vallet attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse au sujet de l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque.
En février 2002, à la demande du ministre de l'éducation nationale de l'époque, un philosophe lui remettait un rapport intitulé « L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque ». Sa proposition-clé consistait à instaurer un « enseignement des faits religieux » transdisciplinaire et transversal à l'école publique et laïque, c'est-à-dire enseigner non pas les doctrines religieuses, mais l'histoire des civilisations monothéistes.
Remis dans un contexte post-11 septembre particulièrement tendu, où les identités religieuses entretenaient un rapport conflictuel, le « rapport Debray » avait suscité un intérêt tout particulier dans l'opinion publique et la classe politique.
Il ne s'agissait pas de réintroduire « Dieu à l'école » mais d'étudier, de manière distanciée et critique, les traces matérielles et immatérielles des croyances passées et actuelles.
Si quelques préconisations ont été mises en oeuvre dans les années qui suivirent la publication du rapport, force est de constater qu'il n'y eut ni formation des enseignants, ni ajout spécifique dans les programmes des différentes matières scolaires.
La mise à distance des croyances, par leur contextualisation historique, culturelle et sociale, pourrait pourtant être une des clés pour lutter contre l'obscurantisme qui progresse à l'école.
Il demande donc si elle compte accorder une place plus importante à l'enseignement du fait religieux à l'école.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 11/07/2024

L'enseignement des faits religieux est inscrit dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et tient une place importante dans les programmes des différentes disciplines, notamment d'histoire-géographie, à partir du cycle 3. En sixième, les élèves étudient ainsi la naissance des monothéismes juif et chrétien et leurs liens avec les sociétés dans lesquelles elles apparaissent ; en cinquième, la partie intitulée « Chrétientés et islam (VIe-XIIIe siècles), des mondes en contact » est l'occasion d'étudier la naissance de la religion musulmane et de différentes sociétés marquées par la religion, tandis que dans la partie suivante, « Société, Église et pouvoir politique dans l'occident féodal (XIe-XVe siècles) », on étudie « une société féodale, empreinte des valeurs religieuses du christianisme ». Au lycée, le fait religieux est également présent dans les programmes du « tronc commun » notamment en classe de seconde, quand est étudiée la Méditerranée médiévale, « espace marqué par les monothéismes juif, chrétien et musulman », en insistant sur l'hétérogénéité religieuse entre Rome et Byzance et au sein du monde musulman. Enfin, le fait religieux est abordé dans les programmes de la spécialité « histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques » en première, où les rapports entre différents États et le pouvoir religieux sont étudiés. L'enseignement du fait religieux est également présent dans les programmes des autres disciplines. En sixième, en français, on étudie - en lien avec le programme d'histoire - un « extrait long de La Genèse » qui figure comme indication de corpus dans le cadre de l'enjeu littéraire « Récit de création ; création poétique ». En histoire des arts au cycle 3, l'enseignement s'appuie sur une « connaissance de mythes antiques et récits fondateurs, notamment bibliques ». Sans être exhaustif, il en est de même au cycle 4 en français et en arts plastiques. Au lycée, la religion est l'une des dix-sept notions étudiées dans les programmes de philosophie du lycée général et technologique et l'étude du fait religieux est également présente dans les programmes de la spécialité « humanités, littérature et philosophie ». Le nouveau programme d'enseignement moral et civique, du CP à la terminale, qui entre progressivement en vigueur à partir de la rentrée 2024, contribue également à l'enseignement des faits religieux. En effet, l'étude de la laïcité comme principe républicain, à divers moments du parcours des élèves, permet d'enseigner le fait religieux sous l'angle des droits fondamentaux (liberté de conscience, liberté de culte) et s'accompagne, au lycée, d'une réflexion sur le processus historique de sécularisation et sur l'existence d'un pluralisme des croyances dans notre société démocratique. Pour rendre effectif et opérant cet enseignement du fait religieux, des actions de formation nationales ont été régulièrement menées à destination des cadres académiques et des formateurs. Les ressources liées à ces actions sont disponibles pour les formateurs sur la plateforme de formation à distance M@gistère. Par ailleurs, un diplôme universitaire intitulé « Référent laïcité : gestion du fait religieux », à destination des formateurs académiques, a été créé en 2021 à la Sorbonne. Ces différentes actions de formation ont été déclinées sur tout le territoire et inscrites dans les programmes académiques de formation. En 2022-2023, 10 académies ont ainsi proposé une action de formation à destination des enseignants sur l'enseignement du fait religieux, en lien par exemple avec l'éducation artistique et culturel, l'histoire, les sciences, etc. Par ailleurs, l'enseignement du fait religieux fait partie de la formation « Laïcité/valeurs de la République » déployée depuis 2021 et qui a déjà touché près de 500 000 personnels au 1er mars 2024, soit la moitié des effectifs à former. Enfin une page du site de ressources éduscol, intitulée « L'enseignement des faits religieux », permet à tous les enseignants de construire des séances à destination des élèves, en lien avec leur enseignement.

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