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Question de Mme Lucette Michaux-Chevry (Guadeloupe - UMP) publiée le 20/02/2009

Question posée en séance publique le 19/02/2009

Mme Lucette Michaux-Chevry. Ma question s'adresse à Mme le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales.

La situation dans le département de la Guadeloupe est particulièrement préoccupante. Il s'agit d'un territoire français, et nous ne pouvons tolérer le climat insurrectionnel qui y règne.

Chacun, c'est vrai, dans cette affaire, porte sa part de responsabilité.

Il y a d'abord celle de l'État, qui n'a pas su rétablir des liens entre l'outre-mer et la France...

M. Jean-Luc Mélenchon. La métropole !

Mme Lucette Michaux-Chevry. ...et qui est resté englué dans le passé colonial.

C'est en 1952, sous un gouvernement de gauche, qu'un ministre important, le ministre de l'intérieur de l'époque,...

Un sénateur UMP. Mitterrand !

Mme Lucette Michaux-Chevry. ... a fait tirer sur des travailleurs de la canne qui réclamaient une juste rémunération.

C'est dans les années soixante qu'un gouvernement de droite a décidé la déportation d'Antillais qui revendiquaient l'indépendance.

Aujourd'hui, la question qui se pose est celle de la confiance que l'ensemble de ces territoires mettent en l'État.

Une part de responsabilité revient aussi aux collectivités locales. Comment admettre que, dans mon département, les commandes publiques aient cessé ? Que le problème des ordures ménagères ne soit pas réglé ? Que la Guadeloupe aux si belles eaux souffre de pénurie d'eau ?

M. Jean-Luc Mélenchon. C'est Clochemerle !

Mme Lucette Michaux-Chevry. Que la zone des cinquante pas géométriques, la fameuse « zone du roi », ne soit pas respectée ? Que le problème du fret ne trouve pas de solution ?

Je rappellerai aussi les problèmes liés à la SARA, dont tout le monde parle aujourd'hui. Au début des années 2000, alors que j'étais présidente du conseil régional de la Guadeloupe, j'avais adressé au secrétaire d'État à l'outre-mer de l'époque, M. Christian Paul, un rapport qui établissait qu'un hectolitre de pétrole était calculé par la douane sur le prix réel pratiqué à la Réunion, soit 44 000 euros l'hectolitre !

M. Jean-Louis Carrère. Maintenant, c'est Yves Jégo qui est en charge de l'outre-mer, ce n'est plus Christian Paul !

Mme Lucette Michaux-Chevry. En Guadeloupe, le prix minimum imposé était totalement occulte ! C'est grâce à ce rapport que le secrétaire d'État à l'outre-mer a découvert la situation de la Guadeloupe et s'est retourné contre les services des douanes.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Elle est bien placée pour raconter tout cela aujourd'hui !

Mme Raymonde Le Texier. La question !

Mme Lucette Michaux-Chevry. Une part de responsabilité doit enfin être attribuée à la population, qui considère le RMI comme un véritable salaire.

M. Jean-Luc Mélenchon. Mais pourquoi ?

Mme Lucette Michaux-Chevry. Par ailleurs, le logement social dénature le paysage de la Guadeloupe.

Aujourd'hui, tous ces problèmes non-réglés et accumulés forment une lame de fond. Il n'est pas question de rupture avec la France. Les Guadeloupéens souffrent d'ailleurs d'entendre des Français de métropole demander à l'État de se débarrasser des départements d'outre-mer en leur accordant l'indépendance. Il ne s'agit pas de cela !

Madame le ministre, je ne vous poserai qu'une question (Ah ! sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.) ; la question fondamentale, je la garde pour le Président de la République, tout à l'heure.

Vous qui connaissez très bien l'outre-mer, comment comptez-vous rétablir, comme la population le demande, des espaces de droit sur un territoire français...

M. René-Pierre Signé. Lucette Michaux-Chevry connaît bien le droit !

Mme Lucette Michaux-Chevry. ...et renouer dans le même temps les liens d'affection qui unissent ces terres françaises lointaines à la métropole ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)


Réponse du Ministère de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales publiée le 20/02/2009

Réponse apportée en séance publique le 19/02/2009

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Madame Michaux-Chevry, j'ai la conviction profonde qu'une crise représente à la fois un défi, un risque, mais aussi une opportunité.

Une crise est un défi, car elle oblige à remettre sur le tapis un certain nombre de questions qui, pendant des années, voire des décennies, étaient connues, mais n'étaient probablement pas suffisamment prises en compte.

Une crise est un risque. Nous le constatons aujourd'hui ; nous en avons eu la preuve avant-hier matin, avec la mort d'un syndicaliste, sortant d'un meeting, tué par une balle destinée à chasser le sanglier par des individus se trouvant sur un barrage. À mon tour, je veux m'adresser à la famille de ce syndicaliste pour lui faire part de toute ma sympathie dans le drame qui la frappe.

Une crise peut aussi être une opportunité. Il faut la saisir comme une formidable occasion d'agir, mais cela suppose qu'on en ait la volonté, qu'il existe un sentiment partagé selon lequel il est possible d'oeuvrer ensemble.

L'outre-mer regorge de bonnes volontés et de talents. Pour me rendre en Guadeloupe, comme dans tous les départements français, depuis des années, je sais la richesse humaine et technique que représentent les hommes et les femmes de ces territoires. Je connais aussi les problèmes particuliers des jeunes, trop nombreux au chômage, dont on ne peut exploiter la créativité, l'envie de faire, l'énergie.

M. René-Pierre Signé. Elle raconte sa vie !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Blablabla...

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Oui, cette crise doit être l'occasion d'exprimer une véritable volonté, au-delà de la démagogie et des revendications fantaisistes de certains. (Mme la ministre, d'un geste vague de la main, désigne la gauche de l'hémicycle. – Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG. – Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Raymonde Le Texier. Ça suffit !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Nous voulons réunir toutes les bonnes volontés, d'où qu'elles viennent, pour agir ensemble.

M. Jacques Mahéas. Verbiage !

M. Didier Boulaud. Blablabla !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Tel est le sens de la réunion que le Président de la République organise cet après-midi.

M. Didier Boulaud. C'est parler pour ne rien dire !

M. le président. Je vous prie de conclure, madame le ministre.

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. C'est également le sens du conseil interministériel pour l'outre-mer qu'il a décidé de créer de manière que tout le monde, sous sa présidence, contribue à la définition de politiques de développement économique, social et culturel et suive les décisions qui ont été prises.

En effet, si la Guadeloupe, comme les autres collectivités d'outre-mer, n'a pas souffert d'un manque d'intérêt ou de crédits – je rappelle que j'ai tout de même augmenté le budget de l'outre-mer de 17 % cette année –, elle a pâti d'un manque de suivi par certaines administrations des décisions qui ont été prises.

C'est cela qui doit changer. Si nous parvenons à amorcer ce changement, alors la crise actuelle deviendra une opportunité pour tous ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Dominique Braye. Bravo !

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