La ruralité,un atout pour demain à défendre ensemble



Palais du Luxembourg, 28 mai 2003

Claude ROUSTAN Vice-président de l'Union Nationale des Fédérations de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques

Bien sûr nous faisons moins parler de nous que les chasseurs et nous suscitons moins de passions en règle générale. Si nous faisons parler de nous, bien souvent, c'est au moment des élections où, quelques fois, on nous traite d'abstentionnistes.

Il y a deux millions de personnes en France qui acquittent une taxe piscicole et prennent une carte de pêche. Nous sommes regroupés en 4 200 associations agréées pour la pêche et pour la protection du milieu aquatique et nous faisons partie d'une alliance européenne qui regroupe dix-huit nations. Nous avons le service public comme principe et notre action se développe en règle générale en collaboration et en liaison avec le Ministère de l'Écologie et du Développement durable et nous sommes, bien sûr, concernés dans toutes les instances relatives à la protection des milieux aquatiques. Nous avons aussi un établissement public, qui se nomme le Conseil Supérieur de la Pêche. Nous travaillons également en collaboration avec les collectivités territoriales et les institutions comme les agences de l'eau, etc.

Nous avons la vocation du développement durable et le législateur et les pouvoirs publics nous ont délégué des responsabilités de service public en particulier dans le domaine environnemental : la protection du patrimoine piscicole et des milieux aquatiques et la surveillance de la pêche en termes de police. Nous avons aussi une action dans le domaine économique, en développant un loisir de qualité, par la gestion d'un domaine libre et accessible. Et nous sommes parties prenantes dans le développement du tourisme en milieu rural. Nous avons aussi un rôle social par l'instauration d'actions d'information et d'éducation, notamment auprès des jeunes.

Chaque année, les pêcheurs consacrent 91 millions d'euros de leurs cotisations à la réalisation de leurs missions. Nous développons un tourisme de terroir puisque nous sommes parties prenantes du monde rural, dans le maillage que je vous ai cité, avec une moyenne de quarante associations agréées par département. Ce sont 20 000 pêcheurs qui se trouvent impliqués dans la vie locale et qui contribuent par leur présence, tout au long de l'année, à la revitalisation des zones rurales. Il y a dans plusieurs départements ruraux, notamment du sud ou du centre de la France, pratiquement 10 % de la population de ces départements qui sont pêcheurs et quelquefois chasseurs.

Notre chiffre d'affaires est estimé à 900 millions d'euros et il correspond à peu près à 15 000 emplois liés directement à la pêche. La qualité du domaine de pêche et du domaine piscicole français attire énormément de touristes tout au long de l'année. Des actions de promotion permettent, en liaison avec des partenaires, de conforter le développement de la pêche en milieu rural, comme en ville d'ailleurs, et nous essayons de plus en plus de faire cohabiter le pêcheur rural et le pêcheur citadin. Il est vrai qu'aujourd'hui, on le constate, les pêcheurs citadins deviennent plus nombreux. Le problème que nous avons, c'est que le pêcheur citadin n'a pas la notion militante d'adhérer à une association. Il prend son permis de pêche en ville et vient utiliser l'espace rural et les rivières en zone rurale comme un produit sans s'impliquer dans la gestion piscicole. Alors que le pêcheur rural, lui, s'implique dans une association, participe à la gestion piscicole, participe aux alevinages et à la protection. Donc nous essayons de plus en plus de faire cohabiter ces deux catégories de pêcheurs.

Tout à l'heure j'entendais Monsieur Miquel qui parlait de ses souvenirs. Il est vrai qu'aujourd'hui nous avons à faire face à l'apprentissage des pêcheurs, chose qui n'existait pas il y a une trentaine d'années : on n'apprenait pas à pêcher, ça venait tout naturellement, on habitait en milieu rural, comme pour la chasse d'ailleurs, et on avait un parent, un père, un oncle ou un grand-père qui emmenait l'enfant à la pêche. Aujourd'hui, nous avons été obligés - mais c'est une demande et nous le faisons de manière tout à fait naturelle - de créer des écoles de pêche. Nous avons, dans les grandes associations, des écoles de pêche qui permettent une éducation des futurs pêcheurs et nous avons pour cela une action importante auprès des jeunes.

Nous n'occupons pas l'espace à des fins économiques, sauf dans le cas où nous favorisons le tourisme. Et nous n'avons pas spécialement de conflits d'usage avec les autres utilisateurs. Nous n'en avons pas avec les forestiers. Nous n'en avons pas beaucoup avec les agriculteurs et nous n'en avons pas avec les chasseurs. Les seuls conflits d'usage sont pour l'utilisation de la ressource. Nous en avons avec les usagers, les pratiquants des sports d'eau vive, encore que ça ne se passe pas trop mal dans la plupart des cas.

Par contre nous avons, au-delà de l'organisation ludique de la pêche, une mission de protection et de mise en valeur des milieux. À ce titre-là, quand il y a des opérations qui détruisent le milieu et le patrimoine naturel - je pense aux micro-centrales dans les torrents de montage, qui font beaucoup de dégâts - même si cela représente un intérêt économique latent et immédiat, en termes de développement durable je pense que ce n'est pas une bonne chose. Je le dis tout à fait naturellement en tant que maire rural, en zone de montagne.

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