C. L'INTÉRÊT POUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES : L'EXEMPLE DE L'USINE BIOMASSE DE SZEGED
L'entretien avec Mme Anita Orbán, ambassadrice pour la sécurité énergétique, a permis d'aborder la stratégie hongroise en matière d'énergies renouvelables : l'objectif est d'atteindre 13,5 % du mix énergétique d'ici 2020, alors que cette part avoisine les 9 % actuellement. Les possibilités de « verdissement » de l'approvisionnement énergétique sont limitées du fait de la géographie physique du pays (peu de vent, relief très faible), empêchant notamment l'exploitation de l'énergie hydraulique ou éolienne.
Les pistes que la Hongrie explore sont essentiellement liées à la biomasse ou à la géothermie 7 ( * ) , tout en cherchant parallèlement à améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments publics et à accroître l'isolation thermique des logements.
Des progrès encourageants ont déjà été réalisés en Hongrie au cours de ces dernières années : en vingt ans, les émissions de CO 2 ont diminué de 70 % et la consommation énergétique finale a baissé de 6 % par rapport à 2005. L'énergie issue de la biomasse progresse avec des retombées intéressantes, notamment en termes de création d'emplois dans les zones rurales.
D'autres avantages en sont attendus : la réduction de la dépendance aux importations énergétiques, la garantie d'une production énergétique continue, le faible impact environnemental, la réduction des excès d'offres de produits agricoles, la disponibilité en milieu rural sans être liée à un lieu de production en particulier ainsi que le faible investissement en infrastructures. Le pari énergétique de la Hongrie mise sur ce type d'énergie qui compte déjà pour 92 % du mix d'énergie renouvelable du pays.
La délégation sénatoriale a visité l'usine biomasse Zöldforrás Energia Kft . de Szeged lors de son déplacement dans le Sud du pays. Cette petite unité, construite en 2012 par la société hongroise Inwatech, a pour actionnaire ultra-majoritaire EDF-Démász , filiale à 100 % du groupe français EDF, ainsi que l'Université de Szeged et trois petites entreprises agricoles avoisinantes. Le coût total des investissements s'est élevé à 1,3 milliard de forints (un peu moins de 4,5 millions d'euros), dont la moitié financée par des fonds européens.
Son principe repose sur la production d'énergie (électricité et chaleur par cogénération) à partir de lisier de porc des exploitations voisines et de résidu de maïs de la région, dans deux unités de fermentation étanches ayant chacune une capacité de 1 000 m 3 .
Une unité de 600 m 3 permet de stocker le biogaz 8 ( * ) ainsi produit pour le vendre quand les créneaux horaires sont les plus favorables en termes de tarifs. Une torchère de sécurité brûle le surplus qu'il n'est pas possible de convertir en électricité. Le système de régulation du circuit continu est complétement informatisé, si bien que l'unité n'emploie que trois personnes. Chaque année, ce sont 19 000 tonnes de lisier et 17 000 tonnes de résidu de maïs qui peuvent ainsi être exploitées, permettant la satisfaction de l'équivalent des besoins énergétiques de 3 400 ménages.
Les facteurs de risque qui pèsent sur ce type d'unité sont principalement climatiques, liés à l'approvisionnement en résidu de maïs, si bien que des pistes sont explorées en partenariat avec l'Université pour utiliser d'autres résidus, notamment fruitiers.
La délégation sénatoriale a relevé les performances de cette unité : absence d'odeurs incommodantes, maîtrise du processus, bon niveau de rentabilité et forte complémentarité avec les exploitations agricoles attenantes (avec un système de versement souterrain du lisier et la modicité des frais de transport puisqu'il s'agit du maïs produit dans la région de Szeged)...
* 7 La Hongrie est le deuxième pays européen après l'Islande pour ses capacités en géothermie, du fait d'une écorce terrestre plus mince, mais ce secteur reste actuellement sous-développé.
* 8 50 % de méthane, 35 à 40 % de dioxyde de carbone, ammoniac et hydrogène de souffre pour le reliquat. Le gaz ainsi produit est encore retraité, déshydraté, déshydrogéné puis refroidi.