PARTIE VI - LE SÉISME EN MILIEU DE CULTURE TIBÉTAINE, NÉPAL ET TIBET

Mme Katia BUFFETRILLE,
ingénieure de recherches à l'Ecole pratique des Hautes Etudes (EPHE), attachée au centre de recherche sur les civilisations de l'asie orientale (CRCAO)

I. LES RÉGIONS TIBÉTAINES DU NÉPAL

Au Népal, les régions de culture tibétaine sont situées dans la partie septentrionale du pays. Leurs populations parlent des dialectes tibétains et sont adeptes de l'une ou l'autre des écoles du bouddhisme tibétain (essentiellement nyingma) ou bien du Bön, la religion qui coexiste au Tibet avec le bouddhisme. De Limi, à l'extrême Ouest du Népal, jusqu'à Walung, à la frontière du Sikkim, Corneille Jest dénombre quinze enclaves tibétaines 46 ( * ) . Si, d'après le recensement de 2011, ces populations tibétophones constituent moins de 1% de la population totale du Népal, elles contribuent à sa richesse culturelle et représentent une véritable vitrine pour le pays, qui est ainsi souvent associé au Tibet à l'étranger 47 ( * ) .

Fig. 1. Carte des populations du Népal de langue et de culture tibétaine. Source : C Jest (1975 : 38) Communautés de langue tibétaine du Népal. Paris : Éditions du CNRS.

La frange Nord du Népal est occupée grossièrement d'Ouest en Est par les aires de culture tibétaine de Mugu, Dolpo, Mustang, Manang, les vallées de Nar et Phu, les vallées de Tsum et Nubri, Langtang dans le district de Rasuwa et Solu-Khumbu. Ces régions ont été frappées de manière inégale par les deux tremblements de terre du 25 avril et du 12 mai 2015, en fonction de leur distance par rapport aux deux épicentres, les territoires les moins affectés étant ceux situés à l'Ouest. L'accès aux zones de culture tibétaine, situées en haute altitude, demeure extrêmement difficile, les voies construites ces dernières années étant plus des pistes que des routes carrossables. Par ailleurs, du fait de la configuration du sol, les glissements de terrain sont nombreux et les répliques quotidiennes ainsi que la mousson qui a commencé en juillet sont des facteurs aggravants. Cependant, si les dégâts matériels sont très importants, les pertes humaines dans ces régions ont été relativement faibles, à l'exception de la région de Langtang.

Ce bilan de la situation des populations tibétaines après les deux séismes qui ont frappé le Népal a été documenté par des informations provenant des médias, de nombreux sites internet, de blogs mais aussi par des entretiens que j'ai réalisés au début du mois de juillet 2015 à Katmandou et une enquête de terrain effectuée en juillet-août dans la région de Solu. Un état des lieux de la partie du Tibet méridional qui a été affectée par les tremblements de terre sera également présenté, bien que les informations disponibles soient fort limitées.

A. MUGU ET DOLPO

Les régions de peuplement tibétain de Mugu et Dolpo - les plus à l'Ouest du Népal - ont été relativement épargnées. Cependant, des sites d'importance religieuse et culturelle non négligeable ont été détruits dans les Village Development Committee (VDC) 48 ( * ) de Chharka et de Mukot à Dolpo et la route de commerce entre le haut et le bas Dolpo n'est plus praticable 49 ( * ) .


* 46 C. Jest (1975 : 33-34) Communautés de langue tibétaine du Népal. Paris : Éditions du CNRS.

* 47 https://en.wikipedia.org/wiki/2011_Nepal_census consulté le 18/08/2015.

* 48 Les VDC sont des communes.

* 49 https://edgeryders.eu/en/future-makers-nepal/the-silenced-grief-fmc consulté le 18/08/2015.

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