II. DES HAUTS LIEUX TOURISTIQUES ÉBRANLÉS PAR LE SÉISME
Si le séisme au Népal a eu un tel retentissement international, c'est qu'il a frappé quelques-uns des lieux les plus emblématiques du tourisme international.
Il s'agit d'abord de la capitale, Katmandou, coeur névralgique du pays, touchée de plein fouet en son centre même : la vieille ville et ses quartiers historiques : Darbar Square, la tour Dharahara, mais aussi la ville "musée" de Bhaktapur, ou encore une partie des édifices religieux du stupa de Swayambunath. Si les hôtels et bâtiments modernes ont été épargnés, le séisme a détruit ou endommagé une partie d'un patrimoine architectural ancien et religieux inestimable, qui fondait précisément son attractivité touristique et qui constituait par ses entrées payantes une source de revenus pour la ville et les moyens d'entretenir son bâti.
Fig. 8. Destruction du patrimoine au Népal, district
de Nuwakot
(c) IOM/Brian Kelly 2015
Mais le séisme a également touché, à des degrés variables, plusieurs des hauts lieux du trekking au Népal. Le plus durement frappé a été le parc National du Langtang, dont le village de Langtang, étape incontournable du trekking dans le Parc National, a été entièrement rasé par une énorme avalanche de neige, de boue et de rochers : seule une maison est restée debout sur près de 30, et ses occupants sont les trois seuls survivants sur la totalité des habitants du village. De nombreux étrangers y sont morts ou disparus alors qu'ils déjeunaient dans les lodges du village, dont une dizaine de Français.
Dans la région de l'Everest, les médias se sont surtout fait l'écho de l'avalanche qui a fait 18 morts au camp de base, provoquant l'arrêt brutal des expéditions (ce qui représente environ un millier de touristes, dont quelque 400 alpinistes étrangers). Chez les sherpas, déjà éprouvés par l'avalanche du printemps 2014, certains souhaiteraient que l'on interdise désormais les expéditions commerciales à l'Everest.
La seconde secousse sismique survenue le 12 mai 2015 a provoqué de nouveaux glissements de terrains, endommageant villages et réseaux. Le village de Thame et la plupart des hameaux sur le chemin des lacs de Gokyo ont été détruits, ainsi que des ponts, des chemins, des lodges et des dispensaires. Certains secteurs de la région très touristique des Annapurnas (haut Mustang, Manang) ont également été touchés.
Fig. 9. Destructions dans le village de guides et de
porteurs de Laprak (district de Gorkha),
lieu de l'épicentre du
séisme du 25 avril 2015 - (c)Sunar Gurung
Enfin, au-delà de ces lieux connus et fréquentés par les touristes, il ne faut pas oublier les massifs montagneux situés à proximité immédiate de l'épicentre du séisme (massifs du Manaslu dans le district de Gorkha, massif du Ganesh Himal dans le district de Dhading), qui sont peu ou pas touristiques, mais qui fournissent un grand nombre de guides et de porteurs pour le trekking : beaucoup de ces hommes ont disparu sur place, ou dans les régions de trekking où ils travaillaient, laissant leurs familles déjà privées de toit, sans ressources.
Il faut aussi mentionner la destruction ou la désorganisation des réseaux de transport et de communication, notamment la Arniko highway , voie de passage entre le Népal et le Tibet, qui ont rendu encore plus difficile l'arrivée des secours. Leur reconstruction est un préalable indispensable à un retour sécurisé des touristes.