ALLEMAGNE
Il
existe peu de dispositions législatives et réglementaires
destinées spécifiquement à garantir la
sécurité des transactions réalisées par carte
bancaire. La plupart des règles applicables sont des
règles
générales
, qui découlent notamment du droit des
contrats, car elles sont considérées comme suffisamment souples
pour couvrir les cas particuliers, y compris celui des relations entre, d'une
part, les titulaires de cartes bancaires et, d'autre part, les
commerçants ou les établissements financiers.
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I. LES DISPOSITIONS LÉGISLATIVES ET RÉGLEMENTAIRES
1) Le cadre général
Les pénalités appliquées aux établissements financiers qui ne respectent pas les dispositions de la loi bancaire sont considérées comme suffisamment dissuasives pour garantir, de façon indirecte, la sécurité des transactions réalisées par carte bancaire.
2) Les relations entre les établissements financiers et les titulaires de cartes bancaires
Elles
sont définies dans les « conditions générales
d'affaires » du secteur bancaire. Dans un certain nombre de secteurs,
et en particulier celui de la consommation, les conditions
générales d'affaires évitent l'élaboration de
contrats individuels. Ces conditions générales doivent respecter
les prescriptions du code civil, notamment en matière de
responsabilité.
a) La limitation de la responsabilité des titulaires de cartes
bancaires
L'article 676h du code civil
, qui résulte de la codification de
la loi sur les achats à distance, dispose que la banque ne peut exiger
le paiement des dépenses réglées à l'aide d'une
carte bancaire que si la carte n'a pas été utilisée de
façon frauduleuse.
Cette disposition exclut donc toute mise en jeu de la responsabilité du
titulaire en cas d'utilisation frauduleuse de sa carte, que le code
confidentiel ait ou non été utilisé, à moins que la
négligence du titulaire ne soit à l'origine de la fraude.
Les plafonds de responsabilité sont déterminés dans les
conditions générales des banques. En règle
générale, en cas de vol ou de perte dûment
déclaré à la banque, le titulaire est responsable dans la
limite de 50 €, tandis que, en cas de négligence, il est
responsable à hauteur de 100 % ou de 90 % selon que la
négligence est ou non qualifiée de grossière. Communiquer
son code confidentiel à un tiers ou le noter sur la carte bancaire, ou
à proximité immédiate, constituent des exemples de
négligence grossière.
Une décision rendue en avril 2002 par la Cour fédérale
suprême fait porter sur les établissements financiers, et non pas
sur les commerçants comme auparavant, la responsabilité en cas
d'utilisation frauduleuse des seules données d'une carte,
c'est-à-dire lorsque la carte elle-même n'est pas
présentée.
b) La mise en garde des titulaires de cartes bancaires
Les conditions générales des banques énoncent toutes les
précautions que les titulaires de cartes bancaires doivent respecter
pour préserver la sécurité des transactions, ainsi que les
démarches à effectuer en cas de perte, de vol ou d'utilisation
frauduleuse.
Le code civil précise que les conditions générales
n'engagent les parties que si elles ne se présentent pas sous une forme
« inhabituelle » et si leur interprétation n'est pas
équivoque.
3) Les transactions individuelles
Le
délai de rétractation
Les articles 355 et 356 du code civil, qui résultent de la codification
de la loi sur les achats à distance, offrent aux consommateurs un
délai de rétractation de
quatorze jours
et la
possibilité d'obtenir le remboursement de leurs achats. Ces dispositions
visent en particulier les achats réglés par carte bancaire.
4) Les mesures pénales
a) La
falsification des cartes bancaires
D'après l'article 152a du
code pénal
,
la
falsification de cartes
bancaires constitue une infraction
spécifique
.
Le fait d'utiliser des fausses cartes, d'en détenir ou d'en procurer
à autrui tombe sous le coup du même article, qui prévoit
une peine de prison dont la durée est comprise entre un et dix ans.
Lorsque l'infraction est commise par un réseau, la peine minimale est de
deux ans de prison.
b) L'utilisation abusive des cartes bancaires par les titulaires
Elle constitue également, aux termes de l'article 266b du code
pénal, une infraction spécifique, punissable d'une amende ou
d'une peine de prison dont la durée maximale est de trois ans.
L'infraction définie par l'article 266b du code pénal consiste,
par l'utilisation de sa propre carte, à créer un préjudice
à l'émetteur de la carte. Elle vise les retraits d'argent liquide
depuis des distributeurs n'appartenant pas au même réseau que
celui de la banque qui a émis la carte.
Les autres utilisations abusives des cartes bancaires par les titulaires
tombent sous le coup de l'article 263a du code pénal, relatif
à la fraude informatique. Ils sont punissables d'une amende ou d'une
peine de prison d'au plus cinq ans.
II. LES AUTRES MESURES
1) Les mesures prises par le secteur bancaire
L'utilisation du code à trois chiffres figurant au
verso
de la carte pour les achats à distance
Depuis avril 2001, les consommateurs ont l'obligation de fournir aux
commerçants
le numéro à trois chiffres qui figure au
verso leur carte
lorsqu'ils règlent un achat en utilisant celle-ci
et qu'ils passent leur commande par téléphone, par courrier ou
par Internet.
2) Les mesures prises par les commerçants
La
multiplication des vérifications
Les commerçants, préoccupés par l'importance de la fraude,
dont le coût pour l'économie allemande est estimé à
environ 75 millions d'euros, parmi lesquels 46 imputables aux seules
opérations réalisées en Allemagne, multiplient les
contrôles : certains exigent que le client présente une
pièce d'identité, d'autres qu'il compose son code secret
même s'il a signé une facturette (et inversement).
3) Les mesures prises par la police
Le
dispositif d'alerte des commerçants
Dans plusieurs
Länder
(en particulier ceux de Brandebourg, de
Berlin, de Brême et de Saxe), la police utilise la messagerie
électronique pour communiquer aux commerçants et aux
établissements financiers les données relatives aux cartes
volées, et ainsi empêcher la réalisation de transactions
frauduleuses. Ce dispositif,
Kuno
(
Kriminalitätsbekämpfung
im unbaren
Zahlungsverkehr durch Nutzung nichtpolizeilicher
Organisationsstrukturen
, c'est-à-dire lutte contre la
criminalité relative aux transferts électroniques de fonds par
l'emploi de structures non policières), a été
imaginé par un commissaire de la ville de Dresde en août 2001 puis
adopté par plusieurs
Länder
.
Kuno est considéré comme un moyen de lutte efficace lorsque la
fraude repose sur l'utilisation de cartes à piste magnétique, car
les lecteurs de cartes des commerçants ne sont pas reliés aux
systèmes informatiques des banques, ce qui permet à une carte
volée de continuer à être acceptée par les
commerçants.