CANADA (QUÉBEC)
Entrée en vigueur le 1
er
janvier 1997, la loi
modifiant la loi de police et d'autres dispositions législatives
réforme l'organisation du système policier au Québec.
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I. L'ORGANISATION DE LA SECURITE INTERIEURE
Il
existe trois forces de police principales :
- une force fédérale, la Gendarmerie royale du Canada ;
- une force provinciale, la Sûreté du Québec ;
- des forces municipales.
1) La Gendarmerie royale du Canada (GRC)
Elle est
chargée de veiller à l'application des lois
fédérales. Mais elle fournit aussi des services de police aux
provinces (sauf au Québec et en Ontario), aux territoires et aux
municipalités (191 en 1995) qui ont conclu des ententes avec le
gouvernement canadien. Ces services comprennent la détection et la
prévention du crime, les enquêtes, l'application des lois, le
maintien de la paix et de l'ordre, et la protection de la
propriété.
En 1995, l'effectif de la gendarmerie était d'environ
15.000 hommes.
2) La Sûreté du Québec
Elle
compte cent onze postes répartis dans neuf districts, qui couvrent
l'ensemble du territoire québécois. Elle est la seule
organisation policière compétente sur l'ensemble du territoire de
la province.
Elle est chargée d'assurer la sécurité publique :
- soit pour le compte des municipalités,
- soit comme force d'appoint aux municipalités desservies par un corps
de police communale. C'est le cas pour 273 communes.
Elle est en outre chargée de veiller à l'application des lois
fédérales.
3) Les corps de police municipale
L'article 64 de la loi de police prévoit que les
municipalités dont la population est supérieure ou égale
à 5.000 habitants doivent obligatoirement assujettir leur
territoire à un corps de police municipale, sauf dispense du
gouvernement ; les autres peuvent s'adresser, par le biais de la
municipalité régionale du comté (MRC), à la
Sûreté du Québec, qui assurera les fonctions
policières à leur place, moyennant rémunération. La
tarification du service rendu est calculée à partir de deux
critères : la richesse foncière et la population de la
municipalité.
Actuellement, les municipalités versent 70 millions de dollars
à la Sûreté du Québec. Le coût des services
qu'elle rend est estimé à 200 millions de dollars. La
Sûreté du Québec ne facture pas les services
spécialisés (comme, par exemple, les recherches par
hélicoptère) qu'elle assure pour le compte de
municipalités, qu'elles soient ou non dotées de leur propre
service de police. Le gouvernement procède actuellement à un
réajustement afin de porter la part des municipalités à la
moitié du coût supporté par la Sûreté.
En effet, les municipalités disposant de leur propre corps de police en
assument entièrement le coût. C'est pourquoi, dans un souci
d'équité, il a paru nécessaire de relever la part
versée par les municipalités à la Sûreté du
Québec. A titre comparatif, on peut noter que lorsque la Gendarmerie
royale du Canada intervient pour une commune, elle lui facture entre 70 et
90 % du coût engagé.
La MRC est chargée de négocier les ententes avec la
Sûreté du Québec pour le compte des municipalités
qui la composent. Les municipalités désirant des services
supplémentaires doivent en assumer le coût.
La réforme s'accompagne d'un accroissement des pouvoirs accordés
aux élus municipaux dans la définition des orientations et des
priorités d'action du corps policier de la Sûreté du
Québec sur le territoire de leurs municipalités par le biais des
Comités de sécurité publique (un par MRC). Ceux-ci sont
composés de quatre représentants municipaux et de deux membres de
la Sûreté du Québec. Une fois les ententes signées,
ils exercent un contrôle sur la qualité des services policiers sur
le territoire.
II. LES COMPETENCES DE LA POLICE MUNICIPALE
L'article 67 de la loi prévoit que "
tout corps de
police municipale et chacun de ses membres sont chargés de maintenir la
paix, l'ordre et la sécurité publique dans le territoire de la
municipalité pour laquelle il est établi, ainsi que dans tout
autre territoire sur lequel cette municipalité a compétence, de
prévenir le crime ainsi que les infractions à ses
règlements et d'en rechercher les auteurs
".
Selon le règlement sur les services policiers de base de 1996,
les
municipalités doivent assurer,
"
quel que soit le mode
d'assujettissement de son territoire à la compétence d'un corps
de police
",
une présence policière continue en vue
de maintenir la paix, l'ordre et la sécurité publique, la
conduite d'enquêtes criminelles et la mise en oeuvre de programmes de
prévention de la criminalité
.
Le règlement indique que les municipalités dont la population est
supérieure ou égale à 5.000 habitants doivent en plus
dispenser les services suivants :
" -
la patrouille de 24 heures sans interruption ;
- à la suite du constat d'une infraction, assurer la conduite
d'enquêtes incluant la cueillette des indices et des
éléments de preuve, l'arrestation, le cas échéant,
du suspect, le dépôt des actes d'accusation et la
délivrance des constats d'infraction ainsi que le suivi devant les
tribunaux, sous réserve des cas suivants :
•
l'enquête relative à une agression sexuelle ou à
un vol qualifié ne constitue un service de base que pour la
municipalité locale dont la population est égale ou
supérieure à 15.000 habitants ;
• l'enquête relative à un homicide ou à une mort
suspecte, à tentative de meurtre, à un abus sexuel sur un mineur
survenu en milieu scolaire ou institutionnel, à un enlèvement,
à une agression sexuelle grave ou armée, à un incendie
criminel ayant provoqué le décès d'une personne ou des
lésions corporelles graves, ou à un crime impliquant l'usage
d'explosif, ne constitue un service de base que pour la municipalité
locale dont la population est égale ou supérieure à
50.000 habitants ;
•
l'enquête relative à des crimes graves en série
ou en réseau s'étendant en dehors du territoire desservi,
à un homicide relié au crime organisé, à une prise
d'otages ou de personnes retranchées ou barricadées, à une
extorsion ou à une séquestration, l'enquête relative
à des phénomènes criminels hors du commun ou qui est en
relation avec des événements ayant cours en dehors du territoire
desservi ne constitue pas un service de base.
"
En matière de police judiciaire, les compétences
accordées à une commune s'accroissent avec sa taille. Mais pour
les cas les plus importants, comme par exemple les enquêtes relatives
à des crimes graves, elles ne sont jamais compétentes.
La Sûreté du Québec garantit, quant à elle, aux
municipalités dont elle assure la police, les services suivants :
- patrouiller dans les rues et sur les routes des municipalités
desservies ;
- répondre aux appels ;
- veiller à l'application du code criminel et des lois
fédérales provinciales sur le territoire des municipalités
desservies ;
- réaliser des enquêtes générales et rechercher les
auteurs des crimes ;
- veiller à l'application du code de la sécurité
routière sur le territoire des municipalités desservies et
apporter de l'aide aux victimes d'accidents de la route ;
- réaliser des interventions ciblées de prévention en
sécurité routière (opérations radar,
vérifications de véhicule) ;
- procéder à des patrouilles de surveillance dans les secteurs
commerciaux, dans les parcs industriels et dans les secteurs de
villégiature, par exemple ;
- procéder à la vérification des débits de
boissons ;
- mettre en oeuvre des programmes de prévention de la
criminalité.
Les services spécialisés viennent compléter les services
de base. Ils dépassent généralement les besoins et les
capacités des municipalités et sont fournis sur l'ensemble du
territoire presque exclusivement par la Sûreté du Québec.