ESPAGNE
I - LE REGIME JURIDIQUE
1) La notion d'entreprise artisanale
L'article 1 du décret royal 1520/82 réglementant
l'artisanat définit l'activité artisanale comme
" l'activité de production, transformation ou réparation
de biens ou de prestation de services réalisée au moyen d'un
processus dans lequel l'intervention personnelle constitue un facteur
prédominant, de façon à obtenir un résultat final
individualisé incompatible avec la production individuelle, totalement
mécanisée et en grandes séries ".
En conséquence, l'article 3 du même décret considère
comme entreprise artisanale
" toute entité économique, y
compris l'artisan individuel, qui réalise une activité figurant
sur le répertoire des métiers artisanaux et satisfait aux
conditions suivantes :
- l'activité doit, de préférence, être de
caractère manuel (...)
- le nombre d'employés, à titre permanent, n'appartenant pas
à la famille ne doit pas dépasser 10, exception faite des
apprentis. (...) "
La reconnaissance de la qualité d'artisan est subordonnée
à l'inscription au
" registre artisanal ".
2) La forme juridique de l'entreprise artisanale
Plus des
trois quarts des artisans exercent leur activité à titre de
travailleur indépendant.
Environ 15 % ont choisi la société anonyme ou la
société à responsabilité limitée.
Depuis le 1er juin 1995, il est possible de constituer une
société anonyme ou une SARL avec un seul membre.
II - LA FISCALITE
1) Les plus-values réinvesties
Dans
certaines conditions, les plus-values réalisées sur la cession de
certaines immobilisations échappent à l'impôt si le produit
de la cession est réinvesti dans l'acquisition d'autres actifs
immobilisés qui seront affectés à l'usage de l'entreprise.
Les immobilisations concernées sont les éléments corporels
de l'actif immobilisé, y compris les terrains, bâtiments, machines
et mobiliers, nécessaires à l'exercice de l'activité.
Les biens de remplacement doivent être acquis dans un délai de
deux ans ou au cours de l'année antérieure à la cession.
Cependant, si l'entreprise soumet à l'administration un plan
d'investissement et que le quart au moins du gain est réinvesti au cours
des deux premières années, le délai de deux ans peut
être porté à quatre, voire plus.
2) La déduction fiscale pour investissement
Un
crédit d'impôt est accordé pour les investissements portant
sur des immobilisations nouvelles affectées au développement de
l'activité de l'entreprise et maintenues en service dans l'entreprise.
Les immobilisations peuvent être des bâtiments situés en
Espagne, des machines, des moyens de transport (sauf les voitures à
usage personnel), du mobilier, des équipements informatiques, des biens
pris en leasing et des actifs incorporels comme le know-how. Il ne peut s'agir
de terrains.
Ce crédit est égal à 5 % du montant des investissements et
il est plafonné. Le plafond se monte à 30 % de l'impôt
exigible au cours de l'exercice. Il s'agit d'un plafond global valable pour
l'ensemble des crédits d'impôt accordés au titre des divers
investissements (recherche et développement, création d'emplois
...)
De manière générale, les immobilisations ayant ouvert
droit à un crédit d'impôt doivent être
conservées dans l'entreprise pendant au moins cinq ans, sauf si leur
durée de vie est inférieure. Dans ce cas, elles doivent
être gardées pendant toute leur durée de vie.
La disposition s'applique à toutes les entreprises, quels que soient
leur taille et leur secteur d'activité.
3) Le salaire du conjoint
a)
Lorsque l'activité artisanale est exercée par une
société, imposable au titre de l'impôt sur les
sociétés, le salaire du conjoint constitue une charge qui est
soustraite des revenus au moment de la détermination du
bénéfice imposable.
b) Lorsque l'entreprise artisanale est imposable au titre de
l'impôt
sur le revenu des personnes physiques
, chaque membre du foyer est imposable
sur les revenus qui lui sont attribués et souscrit une
déclaration de revenus individuelle. En effet, les conjoints sont, en
principe, imposés séparément.
La loi détermine les règles d'attribution des revenus : les
revenus tirés d'une entreprise ou de l'exercice d'une profession
libérale sont attribués à la personne qui assume
"
de façon habituelle, personnelle et directe
"
l'organisation, pour son propre compte, des moyens de production et du
personnel affectés à l'activité en cause. Si le conjoint
et/ou les enfants fournissent une prestation en travail, leurs salaires sont
des frais déductibles susceptibles de provoquer un déficit.
En cas d'option pour l'imposition conjointe, pour ne pas pénaliser les
contribuables choisissant ce régime, la loi prévoit des
règles spéciales atténuant les effets de l'imposition
cumulative des revenus. En particulier, les prestations en travail fournies par
les membres du foyer fiscal contribuant aux revenus tirés d'une
entreprise sont déductibles, comme en régime d'imposition
séparée.
III - LA COUVERTURE SOCIALE
Les
artisans qui ne sont pas salariés appartiennent au
régime
spécial des travailleurs indépendants
. Ils ont l'obligation
d'y cotiser. Le taux de cotisation est actuellement de 28,3 %. Il s'applique
à une base choisie par l'intéressé entre deux limites :
98.490 et 362.190 pesetas
(2(
*
))
mensuelles.
En cas de cessation d'activité temporaire, la prestation fournie est de
75 % de l'assiette des cotisations sans qu'aucune distinction ne soit faite
selon l'origine, professionnelle ou non, de l'arrêt de travail. Le
délai de carence est de 15 jours sauf dans le cas d'un congé de
maternité où la prestation est versée dès le
premier jour du congé.
IV - LES MESURES EN FAVEUR DE L'APPRENTISSAGE
L'introduction explicite de l'apprentissage dans la
législation remonte seulement à la fin de 1993 avec la loi
portant mesures prioritaires pour la promotion sociale. Cette loi fixe la
durée des contrats d'apprentissage (entre 6 mois et 3 ans) et pose le
principe d'un enseignement théorique d'une durée
équivalente à au moins 15 % de celle du temps de travail.
La loi 10/94 du 19 mai 1994 comportant diverses mesures urgentes
destinées à encourager l'emploi établit que, au moment de
la détermination forfaitaire du revenu net, par la méthode des
" signes, indices et modulations " (SIM), les apprentis sont
affectés d'un coefficient de 0,6 (au lieu de 1 pour un salarié).
La méthode SIM s'applique à un certain nombre d'activités
d'entreprises individuelles et de secteurs d'activités retenus par
ordonnance ministérielle, dès lors que le nombre de
salariés dépasse une limite variable selon l'activité
(entre 6 et 15 salariés).
Elle concerne principalement les entreprises du secteur alimentaire, les
hôtels et restaurants une et deux étoiles, les cafés, les
ateliers de réparation automobile, les entreprises de transport routier,
les taxis, les coiffeurs, les commerces de détail dans les secteurs
alimentaire et textile.
Le revenu net est déterminé en comparant quelques
paramètres objectifs (nombre de salariés, superficie des locaux
...) avec les informations réelles fournies par l'entreprise. Il est
formé de la somme des signes et modulations dont le montant s'obtient en
multipliant le montant indiqué pour chaque unité par le nombre
d'unités employées, utilisées ou installées pour
l'activité.
Ainsi, il est prévu d'utiliser deux paramètres pour les artisans
qui fabriquent des meubles :
- le nombre d'ouvriers, chacun d'entre eux représentant 1.380 pesetas,
- la puissance électrique du local, chaque KW comptant pour 820 pesetas.
Des indices correcteurs viennent graduer en plus ou en moins la
détermination du revenu net dans certains cas :
- moins 0,75 quand l'activité se situe dans une commune de moins de
2.000 habitants ;
- moins 0,8 quand le contribuable exerce seul (ou avec son conjoint ou ses
enfants comme salariés), dans un seul local et en affectant un seul
véhicule à son usage professionnel ;
- plus 1,25 sur le montant du bénéfice excédant le revenu
annuel net prévu pour chaque unité par l'ordonnance
ministérielle.