NOTE DE SYNTHÈSE
Le
Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie
et la santé
(CCNE), organisme indépendant placé
auprès des ministres de la Recherche et de la Santé, a
été créé par le décret 83-132 du
23 février 1983, qui l'a chargé de "
donner son avis
sur les problèmes moraux qui sont soulevés par la recherche dans
les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé, que
ces problèmes concernent l'homme, des groupes sociaux ou la
société tout entière
"
.
La loi 94-654 du 29 juillet 1994
relative au don et à
l'utilisation des éléments et produits du corps humain, à
l'assistance médicale à la procréation et au diagnostic
prénatal
a précisé sa mission
. Aux termes de
l'article 23 de cette loi, le CCNE est en effet chargé "
de
donner son avis sur les problèmes éthiques soulevés par
les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la
médecine et de la santé et de publier des recommandations sur ces
sujets
". Le CCNE constitue donc
un organisme strictement
consultatif.
Actuellement, la composition et les modalités de fonctionnement du CCNE
sont déterminées par le décret 97-555 du 29 mai
1997.
Outre son
président, nommé pour deux ans par décret du
président de la République
, le CCNE comprend
trente-neuf
membres désignés pour quatre ans
, mais renouvelables par
moitié tous les deux ans :
- cinq personnalités choisies par le président de la
République et appartenant aux "
principales familles
philosophiques et spirituelles
" ;
- dix-neuf personnalités choisies "
en raison de leur
compétence et de leur
intérêt pour les
problèmes d'éthique
", quinze d'entre elles étant
désignées par les différents ministres concernés
par les questions de biologie et de santé, les quatre autres
étant respectivement nommées par les présidents des deux
assemblées parlementaires, par le vice-président du Conseil
d'État et par le premier président de la Cour de cassation ;
- quinze personnalités "
appartenant au secteur de la
recherche
" et désignées par leurs pairs.
Le CCNE peut être saisi par les présidents des assemblées
parlementaires, par un membre du gouvernement, par une fondation reconnue
d'utilité publique ou un établissement public actif dans le
domaine de la recherche. Il peut également s'autosaisir.
Au sein du CCNE, une section technique de douze membres instruit les dossiers.
Comme le comité plénier, la section technique peut entendre des
experts. Ni les séances du comité plénier, ni celles de la
section technique ne sont publiques.
Toutes les recommandations du CCNE sont publiées, tandis que ses avis ne
le sont que sur décision de son président. De plus, un rapport
annuel portant sur les activités du comité plénier et de
la section technique est remis au président de la République.
L'actualité des questions de bioéthique fournit l'occasion de se
pencher sur la composition et sur les compétences des organismes
homologues du CCNE chez quelques-uns de nos voisins européens,
l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, le Royaume-Uni
et la Suisse.
Comme tous ces organismes ont des missions comparables, la présente note
est consacré à leur statut, ainsi qu'aux éventuels liens
particuliers qu'ils entretiennent avec le Parlement.
Il apparaît que :
- le Danemark, l'Italie, le Portugal et la Suisse sont les seuls pays
où la loi ait institué un comité national d'éthique
doté d'une compétence générale ;
- les comités nationaux de bioéthique danois et portugais
et, à un moindre degré, l'instance allemande entretiennent des
liens privilégiés avec le Parlement.
1) Le Danemark, l'Italie, le Portugal et la Suisse sont les seuls pays
où la loi ait institué un comité national de
bioéthique doté d'une compétence générale
a) En Espagne, il n'existe pas de comité national de
bioéthique
Outre quelques comités locaux, créés par des
universités ou des établissements hospitaliers, il existe
seulement une commission spécialisée instituée par un
décret de 1997, en application de la loi de 1988 sur la
procréation médicalement assistée, et dont la mission est
limitée à l'étude des différentes techniques de
reproduction assistée et au contrôle des programmes de recherche
sur les gamètes et sur l'embryon.
b) En Allemagne et au Royaume-Uni, les seules instances de bioéthique
de dimension nationale ont été respectivement instituées
par l'Ordre fédéral des médecins et par une fondation de
droit privé
En Allemagne, l'Ordre fédéral des médecins a
créé successivement plusieurs commissions de bioéthique
depuis 1984.
L'actuelle, la
Commission centrale d'éthique
,
fonctionne depuis le 14 octobre 1994. D'après ses statuts, la
Commission centrale d'éthique est un
organe multidisciplinaire et
indépendant
, qui a cependant l'obligation de tenir compte de
l'échelle des valeurs prévues par la Loi fondamentale.
Au Royaume-Uni, la seule instance dont la mission générale
consiste à examiner les questions de bioéthique est le
Nuffield Council on Bioethics
, organisme privé indépendant
créé en 1991
par le conseil d'administration de la Fondation
Nuffield, laquelle finance notamment des programmes de recherche en
santé publique.
Le
Nuffield Council on Bioethics
bénéficie de crédits publics depuis 1994
.
Par ailleurs, en décembre 1999, le gouvernement britannique a
créé une commission indépendante spécialisée
dans les questions de génétique humaine.
c) La loi a institué un comité national d'éthique
doté de compétences générales au Danemark, en
Italie, au Portugal et en Suisse
Un tel comité existe au
Danemark depuis 1987
. Il est actuellement
placé auprès du ministre de la Santé. La loi qui
l'institue l'oblige à fonder toute son activité sur l'affirmation
selon laquelle la vie commence avec la fécondation.
En Italie, le Comité national pour la bioéthique existe depuis
1990.
Il dépend du Premier ministre.
Le
Comité
national d'éthique pour les sciences de la vie portugais a
également été institué en 1990
. Il est
également placé auprès du Premier ministre.
En Suisse
, en application de la loi fédérale du
18 décembre 1998 sur la procréation médicalement
assistée, le Conseil fédéral a édicté,
en
décembre 2000, une ordonnance qui crée la Commission nationale
d'éthique dans le domaine de la médecine humaine
. Auparavant,
les questions de bioéthique étaient, comme c'est encore le cas en
Allemagne, examinées par la Commission centrale d'éthique de
l'Académie suisse des sciences médicales.
2) Les comités nationaux danois et portugais et, à un moindre
degré, l'instance allemande entretiennent des liens
privilégiés avec le Parlement
Au Danemark
, où le comité national d'éthique compte
dix-sept membres, neuf sont désignés par une
délégation parlementaire spécifique
. En effet,
chaque année, le Folketing désigne en son sein la
délégation pour le comité national d'éthique. Cette
délégation, qui travaille en étroite collaboration avec le
comité, peut notamment l'inviter à étudier certains
sujets.
Au Portugal
, le Conseil national d'éthique pour les sciences de
la vie comprend vingt membres. Six d'entre eux, les représentants
des principaux courants moraux et religieux, sont désignés par
les groupes politiques de l'Assemblée de la République. En outre,
cette dernière peut, à la demande de son président ou d'un
vingtième de ses membres, solliciter un avis du comité national
d'éthique.
D'après les statuts de la Commission centrale d'éthique
allemande, les présidents du Bundesrat et du Bundestag proposent chacun
deux membres, soit le quart de l'effectif total. Ces quatre membres sont
ensuite officiellement nommés par le président de l'Ordre
fédéral des médecins.