II. L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
A. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS
Les effectifs de l'enseignement supérieur agricole long relevant du ministère de l'agriculture et de la pêche sont passés de 10 626 étudiants pour l'année scolaire 1995-1996 à 12 384 1( * ) à l'année scolaire 2000-2001, soit une progression de 14,8 % sur cinq ans.
EFFECTIFS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AGRICOLE
|
1995-1996 |
2000-2001 |
I. Enseignement public |
7 577 |
8 869 |
Écoles d'ingénieurs agronomes (ENSA) |
2 675 |
2 710 |
Écoles d'ingénieurs des techniques (ENIT et assimilés) |
1 962 |
2 243 |
Centres de 3 e cycle et écoles d'application |
542 |
582 |
Écoles vétérinaires (ENV) |
2 029 |
2 765 |
Formation de paysagistes |
163 |
205 |
Formation d'enseignants |
206 |
364 |
II. Enseignement privé |
3 203 |
3 515 |
Écoles d'ingénieurs en agriculture |
3 059 |
3 299 |
Enseignement du bois |
144 |
216 |
Total enseignement public et privé |
10 780 |
12 384 |
1. Les effectifs de l'enseignement supérieur public
Dans
l'enseignement supérieur public, l'accroissement des effectifs a
été sur cinq ans de 17,05 %.
Cette évolution résulte essentiellement de l'augmentation du
nombre d'ingénieurs formés mais reflète également
l'importance du développement des études doctorales dans les
écoles d'ingénieurs agronomes et dans les écoles
d'application.
Dans la filière vétérinaire, la progression des effectifs
est imputable à la mise en place du 3
e
cycle professionnel
court à la rentrée universitaire 2000 et à la
création du troisième cycle professionnel long de
spécialisation vétérinaire (certificats d'études
approfondies vétérinaires et diplômes d'études
spécialisées vétérinaires).
2. Les effectifs de l'enseignement supérieur privé
Dans
l'enseignement supérieur privé, la progression des effectifs a
été sur la même période de 9,4 %.
Cette progression résulte de l'accroissement des effectifs des
formations d'ingénieurs.
B. UN ENSEIGNEMENT DONT LA RÉNOVATION N'EST PAS ACHEVÉE
1. Une rénovation pédagogique en cours
La
rénovation pédagogique des formations supérieures,
relancée par la loi d'orientation du 9 juillet 1999, apparaît
désormais bien engagée.
• Les formations de troisième cycle
L'article 127 de la loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999 a
étendu à l'ensemble des établissements publics
d'enseignement supérieur relevant du ministère de l'agriculture
et de la pêche la possibilité de délivrer seuls ou
conjointement des diplômes de troisième cycle. L'habilitation est
accordée par le ministre chargé de l'enseignement
supérieur sur avis conforme du ministre de l'agriculture et de la
pêche.
Cette disposition n'a fait que prendre acte d'une pratique déjà
largement développée par les établissements de
l'enseignement supérieur agricole en collaboration avec les
universités et correspond à une évolution des parcours de
formation des diplômés.
Outre les formations de 3
e
cycle professionnel spécifiques,
les écoles placées sous la tutelle du ministère de
l'agriculture et de la pêche sont habilitées conjointement avec
une ou plusieurs universités à délivrer
47 diplômes d'études approfondies (DEA), 21 diplômes
d'études supérieures spécialisées (DESS), un
diplôme de recherche technologique. Par ailleurs, cinq de ces
écoles (ENGREF, ENSAM, ENSAR, ENSIA et INA-PG)
2(
*
)
sont habilitées depuis 1988
à délivrer le doctorat. Au total, c'est près de 1 300
étudiants qui sont inscrits en 3
e
cycle dans ces
établissements.
Par ailleurs, les cinq écoles implantées en Ile-de-France
(INA-PG, ENGREF, ENSIA, ENVA et ENSP) et trois universités (Paris VII,
Paris XI et Paris XII) ont constitué ensemble l'école doctorale
« ABEES » (agriculture, alimentation, biologie,
environnement et santé).
Le développement des formations de troisième cycle ne peut
qu'encourager le développement de la recherche agronomique ; par
ailleurs, il s'avère nécessaire pour satisfaire la demande de
formation des jeunes ingénieurs et renforcer l'attractivité des
formations supérieures agricoles.
La majorité des diplômés des écoles nationales
supérieures agronomiques (ENSA) et des écoles nationales
d'ingénieurs des travaux (ENIT) poursuivent des études
préparant à des diplômes de type universitaire (DEA, DESS,
doctorat).
• La réforme des écoles vétérinaires
On rappellera qu'à la rentrée 2000, a été
poursuivie la nouvelle réglementation des études
vétérinaires avec la mise en place du 3
e
cycle
professionnel, année supplémentaire par rapport à l'ancien
cursus des études vétérinaires.
Cette formation accueille les étudiants du diplôme d'études
fondamentales vétérinaires (DEFV) auxquels elle offre un
approfondissement de leurs études dans l'une des trente dominantes
proposées seules ou conjointement par les quatre écoles
vétérinaires et débouche sur la thèse d'exercice et
le diplôme d'Etat de docteur vétérinaire. Ces dominantes
qui ont été soumises à expertise puis habilitées
pour cinq ans par une commission composée d'enseignants des
écoles, de professionnels et de représentants d'organismes
scientifiques, offrent aux étudiants un large choix dans trois
domaines : introduction aux métiers de l'entreprise et de la
recherche (11 dominantes), médecine de filière (12
dominantes) et médecine de l'animal (7 dominantes).
Enfin, pour compléter l'offre de formation, a été
créé en 2001 un diplôme d'internat des écoles
nationales vétérinaires qui a été mis en place
dès la rentrée de cette année.
• La poursuite de la mise en place des licences professionnelles
Le ministère de l'agriculture et de la pêche a été
associé à la mise en place des licences professionnelles,
formations nouvelles ayant vocation à permettre une insertion
professionnelle des diplômés en fin de cursus. Ces diplômes,
dont la pédagogie laisse une grande place à la familiarisation
avec le milieu professionnel, notamment à travers les stages, doivent
préparer à de nouveaux emplois intermédiaires entre
techniciens supérieurs et cadres supérieurs ou ingénieurs.
Il s'agit là d'une perspective intéressante dans la mesure
où ce diplôme permettra de compléter l'offre de formation
de l'enseignement agricole.
Pour la rentrée 2000, trois licences professionnelles ont
été mises en oeuvre grâce à la cohabilitation d'une
université et d'un établissement relevant du ministère de
l'agriculture et de la pêche ; les établissements
concernés sont l'ENITA
3(
*
)
de Bordeaux, l'ENGEES
4(
*
)
de Strasbourg et l'ENFA
5(
*
)
de Toulouse. Par ailleurs, un projet
de licence mis en place par l'institut national polytechnique (INP), l'ENFA et
l'ENV de Toulouse est en voie d'habilitation. Les secteurs couverts par ces
licences sont les suivants : gestion de l'eau ; gestion des
déchets ; agroalimentaire ; agro-développement ;
commerce.
Pour la rentrée 2001, six autres licences sont mises en place dans les
secteurs des agro-équipements et de l'agroalimentaire.
Les lycées professionnels agricoles offrant des formations courtes sont
associés à l'organisation de ces licences. Il va de soi que cette
possibilité doit pouvoir concerner l'enseignement privé comme
l'enseignement public.
2. La rénovation des structures
• Une politique de pôles encore à
l'état
d'ébauche
En dépit des effets d'annonce qui avaient accompagné l'adoption
de la loi d'orientation, les regroupements entre établissements
d'enseignement supérieur et organismes de recherche demeurent encore peu
développés.
Certes, depuis plus de dix ans, différentes formules de regroupement ont
permis la mise en place de pôles de compétences régionaux
ou inter-régionaux disposant d'une lisibilité suffisante au plan
international grâce à la collaboration d'organismes de recherche
et d'établissements d'enseignement supérieur.
C'est le cas d'Agromip (Agro Midi-Pyrénées) qui a son
siège à Toulouse a été constitué en 1985 et
rassemble 9 organismes de recherche et d'enseignement supérieur,
3 800 étudiants et 750 enseignants-chercheurs et chercheurs.
Agropolis, dont le siège est à Montpellier, a été
créé en 1986 et représente 17 organismes et 2 300
chercheurs et enseignants-chercheurs. Enfin, Agrena, créé en 1988
et établi à Rennes, fédère 10 organismes,
2 125 élèves et 730 enseignants-chercheurs.
Au-delà de ces expériences, qui doivent beaucoup aux initiatives
des collectivités territoriales, ne s'est pas manifestée en ce
domaine une véritable dynamique de coopération. Votre rapporteur
le regrettera.
La possibilité ouverte par la loi d'orientation aux
établissements publics d'enseignement supérieur agricole de
coopérer seuls ou en association avec d'autres personnes morales de
droit public ou privé dans le cadre de groupements
d'intérêt public (GIP) afin de constituer des
« pôles de compétence à vocation
internationale » n'a guère permis de faire évoluer la
situation. Si les textes d'application sont désormais entrés en
vigueur, aucun projet n'est encore mis en oeuvre.
• Les collaborations entre l'enseignement supérieur et la
recherche
Le soutien apporté par le ministère de l'agriculture au
développement des collaborations entre l'enseignement supérieur
et la recherche passe essentiellement par les subventions accordées
à ces établissements afin de permettre l'activité
d'unités mixtes de recherche constituées à partir d'un
partenariat entre un ou plusieurs de ces établissements.
En ce domaine, votre rapporteur se félicitera des efforts engagés
en 2001 pour renforcer ce type de collaborations. Ainsi, ont pu être
formalisés plusieurs projets de coopération à travers la
création d'unités mixtes de recherche créées pour
mettre en commun des moyens sur la base d'un programme de recherche
établi entre scientifiques de plusieurs organismes.
Ces efforts concernent notamment l'INRA (Institut national de la recherche
agronomique) dont l'élargissement des champs thématiques qu'il
couvre exige de favoriser l'indisciplinarité des approches
scientifiques. A la suite de la mission confiée à MM. Jolivet et
Guenet, ont été définies les priorités des
collaborations que cet établissement devra nouer avec l'enseignement et
notamment les écoles vétérinaires.
Une telle approche mériterait d'être
généralisée à l'ensemble des organismes de
recherche relevant de la tutelle du ministère de l'agriculture et de la
pêche.
Toutefois, votre rapporteur relèvera que ne sont consacrés
à ces initiatives que des moyens encore très modestes.
En ce domaine, comme dans d'autres, il semble que les ambitions du
ministère de l'agriculture soient sans rapport avec les moyens dont il
dispose.
Ces actions financées sur le budget civil de recherche et
développement (BCRD) du ministère de l'agriculture et de la
pêche bénéficieront de crédits sur le chapitre
61-21, à hauteur de 1,83 million d'euros (12 millions de
francs) au titre de soutien de programme, soit une simple reconduction de
l'enveloppe prévue par la loi de finances pour 2001.
A cet égard, votre rapporteur partagera l'analyse faite par le ministre
de l'agriculture et de la pêche dans son discours devant le conseil
national de l'enseignement supérieur et de la recherche agricole,
agroalimentaire et vétérinaire (CNESERAAV). S'il s'est
félicité du développement des liens de coopération
des établissements d'enseignement supérieur avec les autres
institutions de recherche, liens qu'il a considérés comme
indispensables, le ministre a constaté que
« les moyens
humains et financiers sont rarement équilibrés et posent la
question de l'identité collective et de la stratégie commune de
l'ensemble du dispositif d'enseignement supérieur et de recherche
placé sous (sa) tutelle »
et a indiqué que
«
séparément, (les) écoles seront de moins en
moins en mesure d'assurer leur mission de recherche
».
Votre rapporteur ne pourra que s'étonner puis regretter que le projet de
budget pour 2002 ne permette pas de remédier à ce constat
préoccupant qui ne peut qu'hypothéquer l'avenir du secteur
agricole.