Projet de loi de finances pour 2002 - Tome XXI : Technologies de l'information et poste
HERISSON (Pierre)
AVIS 89 - TOME XXI (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
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Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LE PROJET DE LOI DE FINANCES -
CHAPITRE II -
LA POSTE FACE À L'OUVERTURE PROGRAMMÉE A LA CONCURRENCE- I. DES RÉSULTATS FLÉCHISSANTS
- II. DES INTERROGATIONS PERSISTANTES
-
III. UN HORIZON : LA CONCURRENCE
-
A. UN PROCESSUS ENTAMÉ EN 1989
- 1. Un processus continu depuis 15 ans
- 2. Deux étapes décisives : le Conseil informel d'Antibes en 1989 et le « Livre vert postal » en 1992
- 3. Le sommet de Dublin de 1996 et une directive du 15 décembre 1997 qui laissait le temps de l'adaptation
- 4. La deuxième directive postale : vers une libéralisation totale ?
- B. QUELLE ADAPTATION A LA CONCURRENCE ?
-
A. UN PROCESSUS ENTAMÉ EN 1989
-
CHAPITRE III -
LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
DANS LA TOURMENTE- I. DE FORTES TURBULENCES MALGRÉ UN NET DÉVELOPPEMENT DES USAGES
-
II. UNE LUTTE À RENFORCER CONTRE LA FRACTURE
NUMÉRIQUE TERRITORIALE
- A. LA COUVERTURE TERRITORIALE EN TÉLÉPHONIE MOBILE
- B. UN INÉGAL ACCÈS AU HAUT DÉBIT
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XXI
TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET POSTE
Par M. Pierre HÉRISSON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale (11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
12
)
(2001-2002)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Cette année encore, la présentation budgétaire rend
peu
lisibles
les crédits que l'Etat consacre au secteur de la poste et
des technologies de l'information, rassemblés, pour partie, dans un
agrégat hétéroclite consacré à
« l'action sur l'environnement et le développement de la
compétitivité des entreprises »
, auxquels
s'ajoutent les crédits des administrations en charge des postes et
télécommunications, fondus dans l'enveloppe globale des moyens du
ministère, ceux consacrés au réseau national de recherche
en télécommunications, ainsi que les dotations figurant au budget
des charges communes et destinées à payer les pensions des agents
retraités de France Télécom, et, pour une partie, de La
Poste. Au total, on peut estimer l'enveloppe «
poste et
technologies de l'information
» à 438 millions
d'euros, en faible augmentation par rapport à l'an passé.
Mais plus que de l'évolution des seuls crédits que l'Etat
consacre à ces secteurs d'activité, c'est plus globalement de
leur avenir que votre rapporteur pour avis a souhaité faire le centre de
sa réflexion.
En matière postale
, l'adoption, au Conseil
télécommunications du 15 octobre dernier,
d'une position
commune des Quinze États membres de la communauté
sur le
calendrier de la libéralisation du marché postal d'ici à
2009 ne fait qu'aviver l'urgence des
choix politiques à
opérer, en France,
pour assurer l'avenir de La Poste, dans un
environnement au bouleversement désormais programmé. Au
delà de la seule négociation du futur contrat de plan de
l'établissement -qui a, déjà, pris du retard-, votre
commission continue à demander qu'un
débat
législatif
sur une loi d'orientation postale
permette enfin
de trancher, par un débat démocratique, les questions
décisives que sont, par exemple, le statut de l'opérateur
national ou le financement des missions d'intérêt
général qu'il exerce.
Bien que ses usages continuent de se diffuser dans la société,
le secteur des technologies de l'information traverse
, quant à
lui, une crise aussi soudaine que brutale. Après avoir été
porté aux nues, il est entraîné dans des turbulences,
notamment boursières, qui fragilisent, en Europe, des opérateurs
historiques hier considérés comme invincibles. Les
modalités et le calendrier de l'introduction de la
téléphonie mobile de troisième génération,
l'UMTS, portent une lourde part de responsabilité dans cette situation.
Votre commission soutient la baisse, tardive mais enfin réaliste, des
montants des licences en France, proposée par le Gouvernement à
l'article 17 du projet de loi de finances.
Toutefois, elle se
préoccupe de la question de la couverture territoriale programmée
par les cahiers des charges de ces licences, question soigneusement
passée sous silence par le Gouvernement.
D'une manière générale, la commission des affaires
économiques s'inquiète du creusement d'un
«
fossé numérique
» entre zones
urbaines et zones faiblement peuplées du territoire en matière de
téléphonie mobile comme de haut débit, dont le comblement
conduit, inévitablement, à terme, à
faire porter la
charge financière des investissements nécessaires sur les
collectivités locales concernées
. Cette
«
péréquation inversée
» (les
collectivités les plus « pauvres » devant payer pour
l'accès à des services de communication que les opérateurs
déploient gratuitement au sein des collectivités les plus
« riches » car les plus denses) tend d'ailleurs à se
généraliser, sous l'impulsion de l'Etat, qui, avec les aides
qu'il octroie, sur le principe d'un co-financement, invite les
collectivités à assumer une part toujours plus importante du
financement. Par ailleurs, la lenteur de mise en oeuvre du
«
dégroupage
» de la boucle locale
1(
*
)
ralentit la diffusion territoriale de la technologie
à haut débit «
ADSL
», tandis que ses
conditions financières en restreindront probablement l'application, une
fois encore, aux zones les plus rentables car les plus denses.
Enfin, votre commission s'interroge sur la volonté du Gouvernement
d'inscrire à l'ordre du jour des assemblées la discussion du
projet de loi sur la société de l'information
, dont
elle a déjà, au cours de précédents débats,
indiqué qu'elle souhaitait être saisie au fond. En effet, outre le
fait que ce projet de loi n'est pas encore inscrit au programme de travail
prévisionnel de l'Assemblée nationale, plusieurs de ses
dispositions ont déjà été
«
recyclées
», par amendements du
Gouvernement, dans d'autres projets de loi
2(
*
)
,
donnant la désagréable impression d'un
«
découpage par appartement
» qui handicape
ses chances d'être, un jour, discuté. Le Sénat s'est
déjà maintes fois insurgé contre cette méthode
législative qui, en «
saucissonnant
» les
questions, empêche l'émergence de réflexions globales.
Votre commission reprend, bien entendu, cette préoccupation à son
compte s'agissant du projet de loi sur la société de
l'information.
Pour ces motifs, et sur la proposition de son rapporteur pour avis, votre
commission a émis un avis défavorable à l'adoption des
crédits relatifs à la poste et aux technologies de l'information
dans le projet de loi de finances pour 2002.
CHAPITRE IER -
LE PROJET DE LOI DE FINANCES
A. DES CRÉDITS PEU IDENTIFIABLES ET DISPERSÉS
1. Des dotations noyées au sein d'un agrégat budgétaire composite
Alors
que la poste et les technologies de l'information faisaient l'objet d'un
ministère à part entière dans le précédent
Gouvernement, aussi bien que d'une section budgétaire distincte, la
réorganisation administrative et financière du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie a conduit :
- dans un premier temps à la constitution d'un agrégat
«
Poste et télécommunications
» au
sein du fascicule budgétaire des crédits de l'industrie ;
- puis, dans un deuxième temps, à l'inclusion de ces
crédits au sein d'un agrégat composite, dénommé,
dans le projet de loi de finances pour 2000
« Action sur
l'environnement des entreprises et modernisation des PMI »
;
rebaptisé, dans les projets de loi de finances pour 2001 et 2002,
«
Action sur l'environnement et le développement de la
compétitivité des entreprises
».
Cet agrégat « thématique », n° 23,
est pour le moins disparate puisqu'il regroupe des crédits très
divers :
- crédits de formation (écoles des mines, ENSCI,
Supélec et groupe des écoles de
télécommunications) ;
- crédits de promotion de la qualité et de normalisation
(normalisation, certification, métrologie, actions de l'AFNOR, du Bureau
national de la métrologie...) ;
- crédits des structures d'«
appui à la
compétitivité industrielle
» (création
d'entreprise, développement de la productique, prévention des
risques industriels) ;
- et, enfin, les crédits relatifs au «
contrôle
et à la régulation du secteur postal et des
télécommunications
».
Cette composante de l'agrégat n° 23 inclut :
- les
crédits de l'ART
3(
*
)
et de
l'ANF
4(
*
)
;
- les crédits de la
cellule postes et
télécommunications
de la Polynésie française,
de la Nouvelle-Calédonie et de Mayotte ;
- les contributions aux
organisations internationales dans le secteur
postal et des télécommunications
(UIT
5(
*
)
et UPU
6(
*
)
) ;
- la
subvention
à l'association des utilisateurs du
téléphone et des télécommunications ;
- la subvention à La Poste au titre du
transport postal de la
presse
et les moyens du
Médiateur du service universel postal
chargé de traiter les litiges avec les usagers.
2. D'autres dotations dispersées au sein du budget de l'Etat
Il faut
noter que cet agrégat n° 23 ne comprend pas
les moyens de
l'administration centrale, et notamment de la DIGITIP
7(
*
)
du ministère de l'industrie, qui sont en partie
dévolus aux secteurs postal et des télécommunications,
crédits indissociables de l'ensemble de ceux du ministère de
l'économie et des finances dans la nouvelle présentation
budgétaire, non plus que la
subvention à la Commission
supérieure du service public des postes et
télécommunications
(qui figure à l'article 33 du
chapitre 34-98, dans l'agrégat 31
« Administration générale et dotations
communes »,
pour un montant de 241 235 euros).
En outre, le budget des charges communes prévoit des crédits
destinés à payer les pensions des
retraités de La Poste
et de France Télécom
, conformément à la loi du
26 juillet 1996 pour l'opérateur de
télécommunications, qui a définitivement
réglé la question du financement des retraites, et, pour
l'opérateur postal, à la solution provisoire mise au point par
l'article 8 du contrat de plan. Le montant total de ces crédits
s'élève à
4,0 milliards d'euros
8(
*
)
, (soit 26,6 milliards de francs) pour 2002
,
dont 2,5 milliards d'euros pour les retraités de La Poste et 1,5
milliard d'euros pour ceux de France Télécom.
Comme cela est développé au chapitre II du présent
rapport, votre commission s'inquiète de l'évolution des charges
de retraites postales d'ici à 5 ans et souhaite que le Gouvernement
s'attache à trouver en la matière une solution satisfaisante pour
La Poste.
Enfin, les crédits budgétaires du ministère de l'industrie
relatifs au
réseau national de recherche en
télécommunications
(RNRT) figurent à
l'agrégat 22 du fascicule «
Economie, finances et
industrie
» (au sein du chapitre budgétaire 66-01).
Ces crédits, qui ne sont pas non plus individualisés, sont
complétés par des dotations en provenance du ministère de
la recherche. Depuis 1998, 94,6 millions d'€ ont été
affectés à ces opérations par le ministère de
l'industrie, dont 12 millions
9(
*
)
en 2001.
L'ordre de grandeur devrait être le même pour 2002.
Des crédits de
soutien au développement des nouvelles
technologies de l'information
sont également
disséminés entre plusieurs agrégats du fascicule
«
Economie, finances et industrie
». En
réponse aux questions de votre rapporteur quant à leur montant
exact, le Gouvernement a répondu que «
seul l'arbitrage du
Ministre, rendu fin 2001 ou début 2002, permettra d'arrêter la
programmation de ces crédits
». Bel exemple de
transparence budgétaire !
Cet éclatement, de même que la globalisation des enveloppes,
altèrent la lisibilité des crédits de l'Etat
destinés au secteur des postes et technologies de l'information.
B. UNE ENVELOPPE GLOBALE DE 438 MILLIONS D'EUROS
Pour présenter une analyse pluriannuelle des crédits de ce secteur, votre rapporteur pour avis reconstitue, artificiellement, l'ancien agrégat « Poste et télécommunications », qui avait le mérite de présenter de façon cohérente les actions de l'Etat en faveur de ce secteur. Cette reconstitution donne le « budget » ci-après :
CRÉDITS POSTE ET TÉLÉCOMMUNICATIONS EN
DO +
CP
EN EUROS
Chapitre |
Intitulé |
Crédits votés LFI 2001 |
Crédits demandés PLF 2002 |
Variation LFI 2001/PLF 2002 |
37-06 |
ART
|
8.501.968
|
9.105.667
|
+ 7,1 %
|
36-10
art. 71
|
ANF
|
26.465.149
|
27.288.373
|
+ 3,1 %
|
36-10
art 72 et 73
|
GET
10(
*
)
|
79.197.267
|
89.868.698
|
+ 13,5 %
|
44-80 art 60 |
Aide au transport postal de la presse |
289.653.133 |
289.653.133 |
0 % |
41-10 art 40 |
Subvention aux organisations internationales |
8.059.218 |
8.059.218 |
0 % |
41-10 art 10 |
Organismes P&T d'outre-mer |
952.806 |
952.806 |
0 % |
44-80 art 40 |
Subvention association d'utilisateurs |
52 442 |
52 442 |
0 % |
34-98 art 15 |
Médiateur postal (nouveau) |
- |
304.898 |
ns |
TOTAL |
|
428 329 661 |
437 821 117 |
ns |
Ces
chiffres appellent quelques brefs commentaires :
L'aide au transport postal de la presse
(289 millions
d'euros, soit 1,9 milliards de francs) représente les 2/3 du total.
Ce montant, inchangé, est conforme aux engagements pris par l'Etat dans
le contrat de plan.
Il n'assure toutefois pas la couverture totale des frais
de cette activité
,
dont une large part demeure assumée par
La Poste
(cf. chapitre II du présent rapport) ;
Les crédits consacrés à la formation
augmentent, mais les moyens dégagés ne semblent pas suffisants,
compte tenu des objectifs très ambitieux assignés au Groupement
des écoles de télécommunications : ce dernier doit
accroître significativement son effort de recherche et augmenter son
nombre de diplômés annuels de 1.000 à 1.500 d'ici à
2005. Aussi ses besoins nouveaux sont-ils estimés à environ
15 millions d'euros
(100 millions de francs), alors que le
projet de loi de finances n'augmente sa dotation que de
10 millions
d'euros
;
Les crédits demandés pour l'ART s'élèvent
à 16 millions d'euros, en progression de 4,9 %.
Toutefois,
cette augmentation est sans commune mesure avec l'accroissement des missions de
l'autorité et les enjeux de la régulation dans le secteur des
télécommunications, qui se traduit par une technicité
croissante des décisions à adopter et une progression très
importante de leur nombre.
L'homologue britannique de l'ART, l'OFTEL, dispose de 200 collaborateurs
(136 à l'ART) et d'un budget, qui a augmenté de 80 % en cinq
ans, de 30 millions d'euros, soit deux fois plus que l'ART. Le RegTP
allemand (également en charge, il est vrai, des questions postales)
emploie 220 personnes. Le régulateur danois dispose de
191 emplois et d'un budget de 20 millions d'euros, le
régulateur irlandais a 95 agents et 20 millions d'euros de
budget, de même que les régulateurs belge et suédois.
Rapporté au nombre d'habitants, le budget de l'ART est un des plus
faible des régulateurs européens des
télécommunications : ce ratio est, en effet, de
1,75 franc par an et par habitant, contre 2,25 francs en Espagne,
2,95 francs en Italie et 3,51 francs en Grande Bretagne.
Ces chiffres apparaissent peu en rapport avec l'ambition du législateur
lors de la création de l'ART par la loi de réglementation des
télécommunications.
Une remarque similaire pourrait être faite pour la Commission
supérieure du service public des postes et
télécommunications.
C. L'ARTICLE 17 DU PROJET DE LOI DE FINANCES : LE PRIX DES LICENCES UMTS
Un
article
de la première partie du projet de loi de finances concerne
plus particulièrement le secteur des télécommunications.
Il s'agit de
l'article 17
qui, depuis sa modification par un
amendement du Gouvernement lors de la discussion à l'Assemblée
nationale, concerne le prix des licences UMTS.
L'article 36 de la loi de finances pour 2001 est modifié et de
nouvelles conditions financières sont désormais fixées
pour les redevances liées à l'utilisation des fréquences
UMTS :
Un «
ticket d'entrée
», ou part fixe,
d'un montant de 619.209.795,27 euros, est versé le
30 septembre de l'année de délivrance de l'autorisation ou
lors de cette délivrance si celle-ci intervient postérieurement
au 30 septembre. Cette somme équivaut à la première
échéance du système précédent. Elle a
déjà été versée par Orange et SFR le
30 septembre 2001.
Une «
part variable
», est versée
annuellement, calculée en pourcentage du chiffre d'affaires
réalisé au titre de l'utilisation desdites fréquences. Il
est prévu que le taux de cette part variable et les modalités de
son calcul, notamment la définition du chiffre d'affaires pris en
compte, seront précisés dans les cahiers des charges
annexés aux autorisations (édictés par un
arrêté ministériel).
Enfin, par dérogation aux règles générales de
durée des licences, et notamment au I de l'article L. 33-1 du
code des postes et télécommunications, les autorisations
d'établissement et d'exploitation des réseaux mobiles de
troisième génération sont délivrées
pour
une durée de vingt ans
, contre 15 ans dans les autres cas.
Cet article appelle trois commentaires :
Baisser le prix des licences est
une bonne décision
, qui
n'a que trop tardé. Pour être réellement
bénéfique à l'ensemble du secteur, elle devrait
s'accompagner d'une démarche similaire de la part des autres Etats de
l'Union européenne. Regrettons seulement qu'il ait fallu au Gouvernement
un «
bras de fer
» médiatique avec l'un des
opérateurs pour décider enfin d'une mesure de bon sens compte
tenu des conditions du marché ;
Laisser
au pouvoir réglementaire
le soin de fixer la
« part variable » est politiquement peu satisfaisant, la
procédure employée ayant d'ores et déjà trop exclu
le Parlement ;
Ne pas avoir saisi cette occasion pour programmer
une extension des
exigences de couverture territoriale
est, au sens de votre commission, une
erreur. Dans un contexte où le prix des licences était
exorbitant, il était difficile de demander aux opérateurs une
couverture trop large du territoire, compte tenu des coûts importants en
résultant. Mais, dès lors que ce prix est significativement
diminué, il apparaît possible d'inciter à une couverture
accrue.
Comme le détaillera le chapitre III ci-après,
l'expérience de téléphonie mobile de
2
e
génération a, en effet, montré que si
la concurrence était le moteur le plus dynamique pour inciter les
opérateurs à aller au-delà de leurs obligations de
couverture, elle trouvait toutefois sa limite, laissant durablement perdurer
des « zones d'ombre », non couvertes.
CHAPITRE II -
LA POSTE FACE À L'OUVERTURE PROGRAMMÉE A LA
CONCURRENCE
I. DES RÉSULTATS FLÉCHISSANTS
A. UNE CROISSANCE DU COURRIER ET DES COLIS PEU ENTHOUSIASMANTE
1. Le courrier : croissance ralentie et dégradation de la qualité
a) Une croissance ralentie
Les dernières données de trafic consolidées dont dispose la direction du courrier de La Poste concernent les flux de trafic de l'exercice 2000. Le tableau suivant détaille ces évolutions :
TRAFIC POSTAL DE 1998 À 2000 (1)
En millions d'objets, dépôts en métropole |
1998 |
1999 |
2000 |
Evol 99/2000 |
TOTAL |
25 563,2 |
25 845,5 |
26 199,9 |
1,4% |
CORRESPONDANCES |
11 819,9 |
11 823,0 |
11 862,2 |
0,3% |
Lettres < 20g, CPU, AR |
5 408,2 |
5 429,0 |
5 455,0 |
0,5% |
Lettres>20g, Distingo |
1 289,1 |
1 359,5 |
1 397,8 |
2,8% |
Lettre rec. |
180,0 |
180,3 |
186,0 |
3,2% |
Ecopli, CNPU, franchises |
4 942,6 |
4 854,2 |
4 823,4 |
-0,6% |
PRESSE (franchises incluses) |
2 111,6 |
2 091,2 |
2 069,8 |
-1,0% |
COLIS |
287,2 |
286,5 |
292,5 |
2,1% |
PROSPECTION COMMERCIALE |
11 344,3 |
11 644,8 |
11 975,4 |
2,8% |
Catalogues (tarifs spéciaux, guichet) |
77,9 |
78,1 |
85,6 |
9,5% |
Gamme Postimpact |
4 088,2 |
4 251,8 |
4 377,4 |
3,0% |
Gamme Postcontact |
7 056,4 |
7 177,4 |
7 392,3 |
3,0% |
Annuaires à distribution spéciale |
31,4 |
20,1 |
6,5 |
-67,4% |
Postréponse |
90,3 |
117,4 |
113,6 |
-3,2% |
(1)
L'évolution des méthodes statistiques nécessite de
reconstituer les séries par « lissage », ce qui peut
expliquer de légers écarts avec les chiffres communiqués
en 2000 pour les années 1998
et 1999.
Ce tableau fait apparaître les évolutions suivantes :
Une croissance modérée du trafic global
depuis 1998
(et même sur la période 1994-2000, de l'ordre de 1,8 %). En
effet, la croissance du trafic postal, dynamique en 1997 et 1998 (+3,5 %)
a, depuis, nettement ralenti.
Elle n'est plus que de 1,4 % en 2000
,
du fait de la stabilisation du trafic de correspondances depuis
2 ans (+0,3 %).
Une croissance « tirée » par la prospection
commerciale
-adressée et non adressée-, dont le volume a
dépassé pour la première fois le trafic des
correspondances, mais selon un rythme de croissance bien
supérieur : +3,67 % par an en moyenne sur la période
1994-2001, contre +0,8 % seulement pour la correspondance. Longtemps
dynamisé par la publicité non adressée (Postcontact), avec
un taux de croissance supérieur à 10 % jusqu'en 1995,
le
trafic de la prospection commerciale
connaît aujourd'hui une
évolution plus contrastée, qui résulte de l'arrivée
à maturité de ce marché. D'où de moindres
perspectives de croissance (3 % en 2000). Ceci s'explique d'abord par
l'évolution des stratégies de communication des grands clients
« traditionnels » (grands annonceurs, grande distribution)
d'un média « de conquête »
(caractérisé par la publicité non adressée), vers
des stratégies de fidélisation (tournées vers la
publicité adressée). Cela s'explique ensuite par le niveau de
saturation atteint par la distribution des publicités non
adressées dans certaines zones.
Inversement, le principal trafic de courrier publicitaire adressé
(Postimpact), après avoir connu une croissance annuelle moyenne de
2,6 % sur la période 1994-2000, connaît un regain
d'intérêt et enregistre une croissance de 3 % en 2000.
Cette inversion de tendance est significative des évolutions attendues
au cours des prochaines années : La Poste considère que
le marketing direct adressé
, média clé des
stratégies de fidélisation des annonceurs, constituera le moteur
de croissance du courrier. Ainsi, si La Poste mise sur une croissance moyenne
du chiffre d'affaires d'environ 2,2 % sur la période 1998-2002
(à conditions inchangées), cette croissance devrait
essentiellement être portée par la croissance du trafic et du
chiffre d'affaires provenant du courrier publicitaire adressé, avec un
taux moyen d'environ 6 % par an.
La quasi stagnation du trafic des correspondances
s'explique, quant
à elle, surtout par celle des lettres de moins de 20 g, qui
représentent le plus gros flux de courrier adressé. Après
une période de reprise, liée à l'absorption des pertes de
1995, l'inflexion s'est produite en 1999, date à laquelle le trafic des
lettres de moins de 20 g est resté stable. Si cette croissance plus
lente des trafics de courrier de transaction s'observe dans l'ensemble des pays
industrialisés, notamment en Europe, il existe en France des
déterminants pour partie spécifiques :
- le développement de la carte Vitale, dont on estime qu'elle fait
perdre à La Poste près de 400 millions de plis par an, soit
plus de 152,4 millions d'€ (~1 milliard de francs) par an ;
- la rationalisation des dépenses des entreprises, parmi lesquelles
figure le courrier ;
- la raréfaction des échanges des particuliers ;
- le développement des nouvelles technologies (Internet,
procédures télé- relevées telles que TVA,
fiscalité, formulaires administratifs...) ;
- le développement du prélèvement automatique
opéré par les grands facturiers et les administrations.
b) Des indicateurs de qualité dégradés
Les résultats des mesures de la qualité du courrier en 2000 sont en général inférieurs à ceux de 1999 et en dessous des objectifs fixés par le contrat de plan, comme l'indique le tableau ci-dessous :
MESURES DES DÉLAIS D'ACHEMINEMENT * POSTAUX
Catégories de courrier |
Source |
2000 |
Objectifs internes |
Lettre tous flux confondus en J+1 |
SOFRES |
73,5 % |
80,4 % |
Lettre CEDEX tous flux confondus J+1 |
SOFRES |
72,6 % |
80,8 % |
Lettre
intra-
|
SOFRES |
86,4 % |
89,7 % |
Lettre en nombre J+2 |
Research International |
89,0 % |
94,7 % |
Ecopli
en nombre J+4
|
Research International |
87,9 % |
93,5 % |
Publicité adressée POSTIMPACT à J+7 |
Research International |
86,4 % |
93,7 % |
(*)
Mesure de bout-en-bout : mesure du délai d'acheminement du moment
où l'institut de mesure confie sa lettre au réseau postal (avant
l'heure limite de dépôt) jusqu'au moment où la lettre est
remise à l'institut de mesure destinataire.
Parmi les causes de cette dégradation, on peut citer la mise en oeuvre
des
accords relatifs à l'aménagement et à la
réduction du temps de travail
, à côté des
difficultés rencontrées par l'Aéropostale, à cause
d'une part d'une immobilisation pour réparation de la flotte et, d'autre
part, de mouvements sociaux chez les pilotes.
2. Les colis et la logistique : FEDEX et les alliances méditerranéennes
Le chiffre d'affaires « colis et logistique » a progressé de 15,9 % en 2000. En vue de représenter 10 % du marché européen des colis, La Poste a procédé à des acquisitions (comme cela était détaillé dans le rapport pour avis de l'an dernier) lui permettant d'atteindre les chiffres de 37 % de part de marché en France, 11 % en Allemagne, 6 % au Royaume-Uni et 2 % au Benelux. En outre, elle a conclu une alliance commerciale avec Fedex et s'est alliée aux postes espagnoles et italiennes.
a) L'accord avec la poste espagnole
Les
postes française et espagnole sont associées, depuis 1999, au
travers d'une
société commune
détenue à
50/50, « Chronopost Espana », spécialisée
dans le trafic express domestique et international. Elle réalise un
chiffre d'affaires de 62 millions d'euros, dont 11 % à
l'international (mais ne représente que 5,8 % du marché
espagnol, contre un objectif de 15 % en 2003). Plusieurs pistes de
développement sont envisagées : outre des acquisitions sur
le marché espagnol du colis et de la logistique, le cadre de
coopération actuel pourrait être modifié :
- Correos prendrait le contrôle majoritaire de la
société, via une augmentation de capital ;
- un nouveau pacte d'actionnaires régirait les relations entre les
deux postes et la société prendrait le nom de son futur produit
domestique : Chrono Express. Aux côtés de ses
activités domestiques, elle commercialiserait des produits
internationaux express et rapides, en utilisant sous licence les noms
proposés par GeoPost (Chronopost International, DPD) ;
- en contrepartie, Correos serait susceptible d'entrer dans l'ensemble
GeoPost.
b) L'accord avec la poste italienne
Les
postes française et italienne ont conclu un accord-cadre de
coopération en matière de colis express et rapide, signé
le 1
er
juin 2001, dont l'objectif est de renforcer la
coopération à court terme entre les deux postes dans le domaine
des colis en particulier, et de créer les conditions à long terme
pour un développement conjoint des activités colis. Il pose les
principes d'une
coopération opérationnelle
et d'un accord
capitalistique de
participations croisées :
- entrée de GeoPost au capital de SDA participazioni, actionnaire
de la société de colis rapides Bartolini (correspondant de DPD en
Italie) ;
- entrée de Poste Italiane au capital de GeoPost.
L'accord cadre est signé pour une durée de 5 ans,
renouvelable. Il prévoit la possibilité d'étendre le champ
de la coopération entre les deux postes à d'autres
activités telles que la logistique, le courrier et les services
financiers.
c) L'accord avec Federal Express
La Poste
a conclu un contrat de prestations de services avec Fedex, sur la base de
prestations réciproques à des conditions tarifaires librement
consenties. Outre la France, le contrat actuel couvre aussi la Belgique et
permet à GeoPost de devenir l'agent de FEDEX dans les autres territoires
européens, dès lors que le réseau GeoPOst est en
capacité d'effectuer cette prestation de services.
Il ne s'agit toutefois que d'une alliance commerciale qui, pour
stratégique qu'elle soit, n'a pas la pérennité d'une
alliance capitalistique.
B. DES SERVICES FINANCIERS EN VOIE DE MARGINALISATION ?
1. Un quart du chiffre d'affaires et une croissance de 6 %
a) Un produit net bancaire de 3,7 milliards d'euros
Le
produit net bancaire des services financiers de La Poste s'élève,
en 2000, à 3,7 milliards d'euros, en progression de 6 % par
rapport à 1999. Il représente un quart du chiffre d'affaires
total de La Poste.
Le niveau total des encours a été porté à 186
milliards d'euros au 31/12/2000, en progression de 4,9% par rapport à
1999.
Le tableau ci-dessous détaille les principaux résultats des
activités financières de La Poste :
ACTIVITÉ DES CLIENTÈLES FINANCIÈRES DE LA POSTE
(en millions d'euros) |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Rémunération sur les fonds des CCP |
1 202 |
1 207 |
1 270 |
1 345 |
Rémunération de l'épargne et des placements |
1 379 |
1 445 |
1 591 |
1 725 |
Rémunération CNE (livrets A et B) |
652 |
677 |
670 |
646 |
Autres produits d'épargne |
726 |
768 |
921 |
1 078 |
Autres produits |
606 |
620 |
619 |
623 |
Services rendus à l'Etat |
150 |
138 |
92 |
34 |
Droits et commissions |
457 |
482 |
527 |
589 |
Total produits des Services Financiers |
3 187 |
3 272 |
3 480 |
3 693 |
Source : La Poste
Ce tableau appelle les commentaires suivants :
Depuis le 7 avril 2000, et conformément aux dispositions du contrat
d'objectifs et de progrès portant contrat de plan entre l'Etat et La
Poste, les avoirs créditeurs des titulaires des
comptes-chèques postaux
, ne sont plus intégralement
versés au Trésor.
Votre Commission des Affaires
économiques s'en était vivement félicitée.
Une partie de ces fonds sont investis par la filiale EFIPOSTE de La Poste en
titres sans risque. La rémunération sur la collecte des
comptes-chèques postaux correspond donc désormais, pour une part,
à la rémunération accordée à La Poste par
l'Etat pour la collecte des fonds et la tenue des comptes chèques
postaux, et pour le restant, à la contribution d'EFIPOSTE.
La rémunération sur la collecte de la
Caisse nationale
d'épargne
(CNE) correspond à la rémunération
accordée à La Poste par la Caisse des Dépôts et
Consignations pour la gestion des Livrets A et B.
La rémunération sur les autres produits d'épargne
correspond :
- à la rémunération accordée par la Caisse des
Dépôts et Consignations pour la gestion des produits
d'épargne-logement, d'épargne populaire, du Codevi et du livret
Jeunes (depuis 1996) ;
- aux rémunérations des activités des organismes de
placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), c'est-à-dire
aux rémunérations accordées par les organismes tiers pour
la gestion des opérations de clientèle ;
- aux rémunérations des activités d'assurance
réalisées avec la Caisse nationale de prévoyance (CNP) et
qui font l'objet d'un engagement contractuel.
Enfin, la rémunération des services rendus à l'Etat
correspond à la rémunération accordée à La
Poste pour la gestion des comptes chèques postaux des comptables
publics.
b) Des positions consolidées
La
croissance économique en 2000 (+ 3,2 %), soutenue par la
demande intérieure, a conduit les ménages à maintenir un
niveau de liquidités élevé sur leurs
comptes-chèques postaux. Les avoirs moyens
rémunérés atteignent ainsi 27 milliards d'euros, en
progression de 5,3 % par rapport à 1999.
La rémunération des livrets A et B diminue de 3,6 % par
rapport à 1999. Bien que l'annonce en juin 2000 d'un relèvement
des taux de 0,75 point sur le livret A ait permis de freiner le mouvement
de décollecte, ce résultat traduit l'impact de la baisse du taux
de rémunération servi aux déposants
(- 0,75 points) intervenue au mois d'août 1999. Le taux de
commissionnement des Livrets A et B est fixé à 1,5 % pour la
période 1998-2001.
Les produits (produit net bancaire) liés à l'épargne, hors
livrets A et B, progressent de 21 %, du fait des bonnes performances
réalisées notamment sur l'épargne logement,
l'assurance-vie, le LEP
11(
*
)
, le Livret Jeune et
les OPCVM :
- l'encours du LEP atteint près de 10 milliards d'euros, en
progression de 6,8 % ;
- l'encours sur les Livrets Jeunes atteint 0,9 milliard d'euros,
soit une progression de 1,7 % ;
- malgré les fluctuations boursières, le placement des OPCVM
et FCP (fonds communs de placement) a dépassé 18 milliards
d'euros d'encours, soit une progression de 11 % par rapport à 1999.
La collecte nette progresse de 52 %.
Au total, la collecte nette globale
(épargne + dépôts à vue) a
progressé en 2000 de 13,5 %.
Par ailleurs, en matière de réalisation de crédits
immobiliers avec épargne préalable (les seuls qu'elle puisse
offrir), La Poste a progressé de près de 18 %, avec
3,7 milliards d'euros de crédits nouveaux.
En conclusion, ce développement commercial soutenu, conduit dans la
perspective d'une réorientation des produits d'épargne liquide
vers les produits d'épargne stable (50 % des encours
gérés), a permis à La Poste de se positionner sur des
marchés où elle était peu présente (OPCVM,
crédits) et de consolider la structure de ses autres encours.
Au total, les parts de marchés de La Poste sur ces différents
segments sont détaillés dans le tableau ci-dessous :
PARTS DE MARCHÉS * DE LA POSTE
En pourcentage |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépôts à vue |
11,1 |
10,5 |
10,2 |
9,7 |
9,4 |
Livret A |
35,5 |
35,4 |
35,3 |
35,7 |
36,3 |
Autres livrets |
9,5 |
9,9 |
10,4 |
10,9 |
11,2 |
Epargne Logement |
8,2 |
8,8 |
9,5 |
10,2 |
10,8 |
OPCVM |
5,1 |
4,3 |
3,7 |
3,6 |
3,6 |
Assurance vie |
7,2 |
7,5 |
7,7 |
7,8 |
7,7 |
*Les
séries ont été revue revues et actualisées en
fonction de diverses corrections apportées par la Banque de France.
Source : La Poste
c) Un rôle social réaffirmé
Mais
au-delà de ce panorama chiffré, votre commission souligne une
réalité récemment confirmée par une étude du
Conseil national du crédit et du titre :
le rôle social
des services financiers de La Poste.
Cette étude dont les
résultats ont été publiés au mois de septembre,
indique que 98 % des 5,5 millions de personnes ne disposant que des
minima sociaux pour vivre ont un compte bancaire ou postal. Ces personnes
représentent un peu moins de 10 % de la population
française. La quasi-totalité des personnes interrogées
aurait accès au service bancaire de base (compte, carte de retrait,
relevé d'identité bancaire, paiement à distance gratuits).
En outre, l'étude précise que 21 % des personnes
interrogées qui ont un compte de dépôts l'ont ouvert
à La Poste (contre seulement 4 % des Français en
général), ce qui confirme le rôle social très
important des services financiers de La Poste.
Au delà de ce rôle social, La Poste a vocation à
être un des grands acteurs français des services financiers, avec
une gamme de produits destinés à tous les publics.
2. Une gamme incomplète
L'article 2 de la loi n° 90-568 du
2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de
la poste et des télécommunications prévoyait que La Poste
avait notamment pour objet d'offrir «
tous produits
d'assurance
».
Le contrat d'objectifs et de progrès portant contrat de plan entre
l'Etat et La Poste pour la période 1998/2001 prévoyait la
diversification des services financiers de La Poste dans
l'assurance des
personnes
, mais pas dans l'assurance-dommages.
Pour ce faire, La Poste a organisé un réseau de filiales :
alors que la filiale SOPASSURE était créée avec les
Caisses d'épargne pour mettre en oeuvre leur participation dans la CNP,
que SOGEPOSTE était mise sur pied avec la Caisse des dépôts
pour la gestion des activités OPCVM de La Poste, ASSURPOSTE, filiale de
La Poste et de la CNP, créée en 1998 pour porter la gamme des
produits de prévoyance de La Poste, démarrait en 2000 ses
activités. Avec Assurposte, La Poste a pour objectif de mettre à
la disposition du réseau des produits simples et grand public. Ainsi,
« Complétys Santé » répond à un
vrai besoin et élargit le champ de l'assurance-santé :
50 % des clients n'avaient pas de couverture complémentaire
santé avant d'y souscrire. Sa commercialisation est en cours de
généralisation. De nouveaux produits de prévoyance ont
été lancés en 2000, permettant d'assurer la protection de
la famille contre les conséquences financières d'un
décès accidentel (Prémunys Accident) ou la prise en charge
du financement des obsèques (Résolys Obsèques).
La Poste entend poursuivre, avec Assurposte, le développement de son
offre dans ce domaine.
Comme elle a déjà eu l'occasion de l'affirmer, votre
commission souhaite que le contrat de plan en cours de discussion soit
l'occasion d'appliquer la loi de 1990 en matière de services financiers.
Outre la question de l'assurance-dommages, beaucoup considèrent que
la question de l'offre, par La Poste, de crédits à la
consommation et immobiliers, sans épargne préalable, doit
être posée, pour compléter la gramme des services
financiers postaux.
3. Quelle place pour La Poste dans « l'Alliance » Caisse des dépôts-Ecureuil ?
En juin
dernier, les dirigeants de l'établissement public Caisse des
dépôts et consignations (CDC) et du groupe mutualiste des Caisses
d'Epargne ont annoncé
la création de
« l'Alliance »
, société commune devant
aboutir à la constitution, avant la fin de l'année 2001, du
3
ème
établissement bancaire
français
, juste devant la Société
générale mais loin derrière le Crédit Agricole et
BNP Paribas. Le nouvel ensemble compte 48.000 personnes, représente
16,6 milliards d'euros de fonds propres
pour un produit net
bancaire agrégé de 10 milliards d'euros. Cette
opération a été présentée, à juste
titre, par le ministre de l'économie comme un «
projet
majeur
» puisqu'il crée une banque globale présente
dans tous les métiers et proposant une offre complète à
tous les types de clientèle.
Compte-tenu notamment des participations respectives de ces
établissements dans la CNP, la question de l'intégration de La
Poste au nouvel ensemble est, de fait, posée.
Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a
affirmé que cette restructuration en cours du pôle financier
public et semi-public avait «
vocation à se
poursuivre
». Les liens qui unissent La Poste à la Caisse
des dépôts et aux Caisses d'Epargne, rappelés ci-dessus,
sont nombreux. Le rapprochement entre la Caisse des Dépôts et les
Caisses d'Epargne n'est donc pas, en théorie, pour le Gouvernement,
exclusif de partenariats futurs avec La Poste.
Toutefois, force est de constater que, malgré ces propos rassurants,
et en l'absence d'une réflexion portant, notamment, sur le statut des
services financiers, La Poste est aujourd'hui exclue de ce rapprochement. Faute
d'un partenariat industriel solide pour la production de ses services
financiers, ces derniers risquent -on peut en tous cas le craindre-
d'être durablement fragilisés par cet isolement.
C. UN RÉSULTAT FINANCIER DÉGRADÉ
1. Un effondrement de la rentabilité en 2000
La rentabilité de La Poste, déjà inférieure à celle de ses concurrents, s'est fortement dégradée en 2000, comme le montre le tableau suivant :
CHIFFRE D'AFFAIRES ET RÉSULTAT DE LA POSTE
(en
millions de francs et d'euros)
|
1999 |
2000 |
||
|
Francs |
(Euros) |
Francs |
(Euros) |
Résultat d'exploitation |
3 931 |
|
2 778 |
|
Résultat financier |
(897) |
|
(639) |
|
Résultat courant |
3 034 |
|
2 139 |
|
Résultat net avant impôt |
1 980 |
|
1 052 |
|
Résultat net après impôt |
1 269 |
283 |
781 |
139 |
Si le
chiffre d'affaires courrier a progressé, entre 1999 et 2000, de
1,4 %, le chiffre d'affaires colis progressant de 15,9 % et le
produit net bancaire s'accroissant de 8 %, le
résultat
d'exploitation
du groupe ne s'élève quant à lui plus
qu'à 420 millions d'euros en 2000 (soit une diminution de 29 %
par rapport à 1999). Cette forte détérioration est
essentiellement liée au
coût du passage aux 35 heures
et à la tension observée sur les prix dans des secteurs
essentiels à l'activité de la poste (transports notamment), qui
ont très fortement pesé sur les charges de consommations
intermédiaires.
Le
résultat financier
est de -141 millions d'euros en 2000,
soit une amélioration de 30 millions d'euros par rapport à
1999 (+17,7 %), qui résulte de la hausse des produits
d'intérêts liés aux comptes à terme ainsi que de la
réduction de l'encours et du coût de la dette obligataire. Par
ailleurs, le résultat financier de la maison mère s'est
également amélioré de 39 millions d'euros.
La quote-part de résultat des sociétés mises en
équivalence passe de 87 millions d'euros en 1999 à
94 millions d'euros, et correspond principalement à la quote-part
de résultat de la Caisse Nationale de Prévoyance. Le
résultat courant avant impôt du groupe La Poste diminue de
148 millions d'euros et s'élève à 338 millions
d'euros.
Le résultat exceptionnel, négatif de 206 millions d'euros,
est constitué principalement
des charges relatives à la mise
en oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de
travail
, ainsi que des dotations aux provisions dans le cadre du passage
à l'euro.
Avant impôt sur les sociétés, le résultat est de
132 millions d'euros. Après déduction de l'impôt sur
les sociétés, le résultat net consolidé est de
144 millions d'euros. Le résultat net part du groupe est
ramené à
139 millions d'euros
, contre
283 millions d'euros en 1999, soit une diminution de 38,5 %.
Le tableau ci-dessous résume les chiffres les plus significatifs :
EVOLUTION DES PRINCIPAUX SOLDES INTERMÉDIAIRES
DE
GESTION DU GROUPE
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Evolution |
Excédent bout d'exploitation (EBE) (1) |
8 056 |
5 861 |
-27 % |
Chiffre d'affaires (2) |
93 054
|
95
485
|
+2,6 % |
(1)/(2) EBE en % du chiffre d'affaires |
8,7 % |
6,1 % |
-2,6 points |
Résultat net (3) |
1
269
|
781
|
-38,5 % |
(3)/(2) Résultat en % du chiffre d'affaires |
1,3 % |
1,2 % |
-0,1 point |
Source : La Poste
Ces chiffres montrent, s'il en était besoin, le poids très
lourd pour La Poste du passage aux 35 heures sans aide de l'Etat.
2. Une année 2001 probablement difficile
Il est vraisemblable que l'année 2001 poursuive et amplifie les tendances observées en 2000, tassement de la croissance et dérapage des charges risquant de dégrader encore la rentabilité et les résultats postaux. Ainsi, les comptes semestriels font déjà apparaître un « retard » de 200 millions de francs sur le chiffre d'affaires courrier, avant même tout ralentissement lié aux suites des attentats.
II. DES INTERROGATIONS PERSISTANTES
Sans revenir trop longuement sur un sujet maintes fois exploré par votre commission, celui des charges d'intérêt général supportées, sans compensation intégrale, par La Poste, votre rapporteur estime toutefois utile, à la veille de la négociation du nouveau contrat de plan et de l'ouverture à la concurrence, de rappeler brièvement les masses financières en jeu.
A. LA « BOMBE À RETARDEMENT » DES CHARGES DE RETRAITES
1. Une évolution temporairement neutralisée
En vertu
de la loi précitée de 1990, La Poste assure la prise en charge
intégrale des dépenses de pensions de ses agents.
Compte tenu de la démographie de ses effectifs et du nombre de
pensionnés, les prévisions réalisées dans le cadre
des travaux préparatoires au contrat de plan pour la période
1998/2001 ont mis en évidence une tendance à
un accroissement
important des charges de retraite
supportées par La Poste pour ses
fonctionnaires (contribution complémentaire employeur au titre des
pensions et charges de compensation). Le montant prévisionnel de
l'accroissement annuel des charges que La Poste aurait eu à supporter
sur la période a ainsi été estimé entre 53,3 et
76,2 millions d'euros par an.
Aussi, le contrat d'objectif et de progrès portant contrat de plan entre
l'Etat et La Poste pour la période 1998/2001 a prévu de
neutraliser cette dérive du coût des pensions et de stabiliser
leur montant en francs constants au niveau de 1997.
Conformément à cette disposition, le montant des charges
définitives de retraite supportées par La Poste au titre de 1997
a fait l'objet chaque année d'une actualisation prenant en compte
l'évolution constatée des prix à la consommation hors
tabac en moyenne annuelle, soit :
- +0,6 % en 1998 (chiffre INSEE définitif) ;
- +0,5 % en 1999 (chiffre INSEE définitif) ;
- +1,6 % en 2000 (chiffre INSEE définitif) ;
- +1,2 % en 2001 (hypothèse d'inflation retenue par le projet
de loi de finances pour 2001).
Le tableau ci-dessous détaille les flux financiers en résultant.
EVOLUTION DE LA PRISE EN CHARGE DES PENSIONS DES POSTIERS
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Prévision pour 2001 |
(M€) |
(M€) |
(M€) |
(M€) |
(M€) |
|
(1) Dépense prévisionnelle de pensions notifiée par le Ministère Economie, Finances, Industrie |
2 064 |
2 163 |
2 236 |
2 334 |
2 394 |
(2) Solde de régularisation de l'exercice notifié par le Ministère Economie, Finances, Industrie |
12,88 |
- 1,07 |
19,06 |
2,13 |
|
(3) Cotisations salariales pensions civiles |
364 |
362 |
363 |
363 |
364 |
(4)
Contribution complémentaire à la charge de
|
1 713 |
1 800 |
1 893 |
1 973 |
2 031 |
(5) Dépense prévisionnelle de compensation démographique vieillesse et de compensation spécifique vieillesse notifiée par le Ministère Economie, Finances, Industrie |
247 |
165 |
112 |
13 |
- 9 |
(6) Solde de régularisation de l'exercice notifié par le Ministère Economie, Finances, Industrie |
-15 |
-8 |
-39 |
- |
- |
(7) Solde de régularisation estimé par La Poste |
- |
- |
- |
12 |
- |
(8)
Charge de retraite employeur
|
1 945 |
1 957 |
1 966 |
1 998 |
2 022 |
Evolution annuelle en % |
- |
0,60% |
0,50% |
1,60% |
1,20% |
Source : Secrétariat d'Etat à l'industrie
2. Une menace persistante pour le moyen terme
Mais les prévisions d'évolution des dépenses de pensions à horizon 2015 demeurent particulièrement préoccupantes :
CHARGES DE RETRAITES DE LA POSTE À L'HORIZON 2015
|
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
Nombre de retraités |
164 381 |
189 516 |
220 597 |
244 998 |
Nombre de cotisants |
242 763 |
232 763 |
222 763 |
212 763 |
Montant des prestations versées aux retraités (en millions d'euros constants). |
2 248 |
2 577 |
3 020 |
3 392 |
Source : La Poste
A compter de 2010, le régime des retraites postal comptera plus de
retraités que de cotisants
. Soulignons que les engagements de
retraite relatifs aux droits acquis par les agents fonctionnaires actifs et
retraités ne font pas l'objet d'une comptabilisation au bilan de La
Poste sous forme de provisions.
Pour ce qui est des perspectives jusqu'en 2005, même à ce terme
rapproché, les ratios semblent peu soutenables pour les comptes
postaux :
LA DÉFORMATION OU RATIO TRAITEMENTS/PENSIONS D'ICI À 2005
|
2000 |
2005 |
Nombre de retraités |
164 381 |
189 516 |
Nombre de cotisants |
242 763 |
232 763 |
Total des prestations versées |
2 248 M€ |
2 577 M€ |
Masse des traitements |
4 663 M€ |
4 509 M€ |
Ratio prestations/traitements |
48,20% |
57,10% |
Source : La Poste
En 2000, La Poste a supporté au titre des charges de retraite un taux de
contribution implicite employeur équivalent à
42,8 % de
la masse des traitements
versés à ses agents fonctionnaires:
1.998 millions d'euros, rapportés aux 4.598 millions d'euros
de traitements versés aux agents fonctionnaires.
Pour la même année, les charges obligatoires supportées par
les entreprises du secteur privé au titre des retraites se situent
autour de 14,3 % de la totalité des salaires versés
.
Compte tenu des différences existant notamment en matière
d'assiettes de cotisation et de modalités de répartition des
charges entre employeurs et salariés dans le régime des pensions
civiles et militaires dont relèvent les agents fonctionnaires de La
Poste et dans les régimes obligatoires de retraite (régime
général d'assurance vieillesse+régimes de retraite
complémentaire) dont relèvent les salariés des autres
entreprises du secteur postal, ces taux respectifs de contribution retraite ne
peuvent pas toutefois faire l'objet d'une comparaison directe.
En revanche, le taux de contribution implicite employeur de 42,8%
supporté en 1999 par La Poste au titre des retraites peut être
utilement rapproché du
taux de la contribution employeur retraite
à caractère libératoire mis à la charge de France
Télécom
en vertu de la loi portant création de
l'entreprise nationale France Télécom de juillet 1996, et qui est
précisément
calculé de manière à
égaliser les niveaux de charges sociales et fiscales obligatoires
assises sur les salaires entre France Télécom et les autres
entreprises relevant du droit commun
des prestations sociales pour les
risques qui sont communs aux salariés de droit commun et aux
fonctionnaires de l'Etat.
Pour 1999, ce taux a été fixé à 36,7 %. La
contribution exigée de La Poste au titre des retraites se situe donc
6 points au-dessus de la cotisation libératoire appliquée
à France Télécom
.
B. LE TRANSPORT POSTAL DE LA PRESSE : DES ACCORDS À RENÉGOCIER
Le
transport et la distribution de la presse constituent en application de
l'article 2 de la loi précitée du 2 juillet 1990 un service
obligatoire, que La Poste exerce dans le respect des dispositions des
articles 2, 3 et 6 de son cahier des charges.
Depuis 1991 et conformément à l'article 38 du cahier des charges
de la Poste,
l'Etat participe à la prise en charge du coût du
service obligatoire
du transport et de l'acheminement de la presse. Le
cahier des charges précise notamment que «
les
sujétions particulières, supportées par La Poste à
raison du régime d'acheminement et de distribution de la presse
mentionné à l'article 6 du présent cahier des charges font
l'objet d'une
juste compensation
financière
».
Malgré cette disposition, une contribution importante reste, in fine,
à la charge de La Poste. Aussi, le contrat d'objectif et de
progrès valable de 1991 à 2001 a précisé que l'Etat
améliorait sa participation à la couverture du coût de
cette activité pour La Poste. La contribution annuelle de l'Etat au
titre de l'aide au transport postal de presse, qui avait été
réduite à 1.850 millions de francs (282,03 millions
d'euros) pour 1998 et 1999 (contre 1.900 millions de francs en 1997) a
été rétablie à 1.900 millions de francs
(289,65 millions d'euros) en 2000, 2001 et 2002.
Les accords dit « Galmot » conclus le
4 juillet 1996 ont permis de fixer un nouveau cadre relationnel entre
l'Etat, La Poste et la presse jusqu'à la fin 2001. Ces accords
« donnant-donnant » avaient notamment pour objectif
d'assurer un financement plus équilibré du transport postal de
presse, alors qu'une mission des inspections générales avait
évalué à 28% le taux de couverture par La Poste de ses
coûts en 1993, et d'offrir à la presse un cadre favorable à
son développement, grâce à une souplesse accrue du cadre
réglementaire fixé pour l'accès aux tarifs du transport
postal de presse et à un meilleur contrôle de la qualité de
ce transport.
Le tableau ci-après donne l'évaluation du partage du coût
du transport postal de la presse entre l'Etat, la Poste et la presse depuis
1998 :
PARTAGE DU COÛT DU SERVICE OBLIGATOIRE
DU TRANSPORT
POSTAL DE PRESSE
(ÉVALUATIONS PROVISOIRES) :
(millions d'euros) |
1998 |
1999 |
2000 |
Coût global |
1 132 |
1 137 |
1 143 |
Recettes (presse) |
372 |
396 |
419 |
Contribution de l'Etat |
282 |
282 |
290 |
Contribution de La Poste
|
478
|
459
|
434
|
Source : La Poste. Chiffres excluant la presse
administrative et internationale.
Votre commission déplore que la lenteur de mise en oeuvre de la
comptabilité analytique de La Poste ne permette pas de disposer de
chiffres incontestables pour le bilan de la mise en oeuvre des accords Galmot
et leur renégociation.
En effet, 2001 étant la dernière année d'application du
contrat de plan ainsi que des accords « Galmot », leur
renégociation doit s'ouvrir. Il s'agit d'un autre chantier important
pour La Poste.
C. L'INSUFFISANTE COMPENSATION DU COÛT DE L'AMÉNAGEMENT POSTAL DU TERRITOIRE
Faute
d'une compensation suffisante, par l'Etat, des missions d'aménagement
postal du territoire, les transferts de charge vers les collectivités
locales du coût du maintien de la présence postale sont de plus en
plus fréquents.
Votre rapporteur ne s'étendra pas sur ce sujet central, souvent
approfondi par notre Commission des Affaires économiques, pour lequel il
renvoie aux constats et propositions des rapports de votre commission ces
quatre dernières années sur les sujets postaux
12(
*
)
.
Le chiffre de
3,5 milliards de francs (534 millions d'euros)
de «
non optimisation économique
» du
réseau postal pour des motifs d'animation territoriale n'est plus
guère contesté.
En face, l'abattement de 85 % consenti, en contrepartie, à La Poste
sur la taxe professionnelle ne représente plus guère que
271 millions d'euros en 2001
, contre 281 millions en 1999,
compte tenu de la réforme de la taxe professionnelle.
Rappelons en la matière que la taxe professionnelle de La Poste, dans
une moindre mesure, et, surtout, de France Télécom, demeure
affectée à l'Etat, et non aux collectivités locales.
S'agissant d'un impôt local, votre commission s'est déjà
maintes fois insurgée contre cet état de fait, que le
Gouvernement s'est engagé, année après année, pour
France Télécom à modifier, sans que des mesures
concrètes ne viennent appliquer cette « bonne
volonté » maintes fois affichée.
III. UN HORIZON : LA CONCURRENCE
A. UN PROCESSUS ENTAMÉ EN 1989
1. Un processus continu depuis 15 ans
Le
secteur postal n'est que tardivement entré dans le champ des
préoccupations des instances communautaires : la poste n'est en
effet pas mentionnée dans le traité de Rome. Le
développement et la transformation de ce secteur et l'apparition de
nouveaux segments de marché, concurrentiels et à plus forte
valeur ajoutée, ont progressivement appelé une intervention au
niveau européen.
Cette intervention a d'abord été contentieuse
13(
*
)
: elle a, dans un premier temps, concerné
le respect, dans le secteur postal, des règles de concurrence
posées par le Traité instituant la communauté
européenne.
Après toute une série de décisions dans les années
1980 et 1990, un célèbre arrêt de la Cour de Justice sur
l'étendue du monopole postal en Belgique
14(
*
)
considérait d'ailleurs, en 1993, que les
dispositions du Traité en matière de concurrence
« permet[tent] aux Etats membres de conférer à des
entreprises qu'ils chargent de la gestion de services d'intérêt
économique général, des droits exclusifs qui peuvent faire
obstacle à l'application des règles du traité sur la
concurrence, dans la mesure où des restrictions à la concurrence,
voire une exclusion de toute concurrence, de la part d'autres opérateurs
économiques, sont nécessaires pour assurer l'accomplissement de
la mission particulière qui a été impartie aux entreprises
chargées des droits exclusifs ».
Cette décision, importante, a ainsi posé, en droit communautaire,
les fondements de la
reconnaissance du service public
(notamment postal)
et de la nécessité d'assurer son financement par un monopole sur
certaines activités.
2. Deux étapes décisives : le Conseil informel d'Antibes en 1989 et le « Livre vert postal » en 1992
C'est
en 1989, sous présidence française de la Communauté, au
Conseil informel d'Antibes, qu'est lancé le débat européen
sur le secteur postal
. M. Paul Quilès, alors ministre
français en charge du secteur postal, préparait à cette
époque la réforme de l'administration des P et T, qui allait
conduire, avec l'adoption de la loi précitée du
2 juillet 1990 sur l'organisation du service public de la poste et
des télécommunications, à la séparation de La Poste
et de France Télécom, qui, d'administration de l'Etat, sont
devenus deux établissements publics.
L'objectif fixé en 1989 était la définition d'un cadre
réglementaire européen en matière postale
.
La Commission européenne a publié, en juin 1992, une
communication
15(
*
)
intitulée :
«
Livre vert sur le développement du marché unique
des services postaux
», document d'orientation destiné
à organiser le débat sur les propositions législatives
communautaires.
Ce document, qui donnait l'analyse de la Commission sur l'état du
secteur postal européen, proposait également une politique que
cette dernière considérait comme opportun de mener. Partant du
constat que «
le principe politique le plus fondamental est le
besoin d'assurer la poursuite du service
universel et donc de garantir
que la mission de service public qui incombe aux administrations postales
s'exerce dans de bonnes conditions économiques et
financières
», le Livre vert :
- excluait la libéralisation complète comme le maintien du
statu quo (synonyme, aux yeux de la Commission, d'une absence d'harmonisation
européenne et donc de marché unique postal) ;
- proposait une solution
«
d'équilibre
», combinant ouverture accrue
du marché et renforcement du service universel, via
le maintien sous
monopole d'un portefeuille de services (les services
« réservés ») destinés à en
assurer le financement
. La Commission indiquait ainsi que
«
cette option part du principe qu'en vue d'assurer le service
universel, il est nécessaire d'apporter certaines restrictions au
marché libre. (...) L'objectif d'un service universel peut justifier
l'établissement d'un ensemble de services réservés,
lesquels aideraient à garantir la viabilité financière du
réseau du service universel
»
Notons-le au passage : c'est dans le secteur postal qu'est, pour la
première fois, apparue en droit communautaire la notion de
« service universel », déclinaison européenne
de la notion française de service public.
3. Le sommet de Dublin de 1996 et une directive du 15 décembre 1997 qui laissait le temps de l'adaptation
Après la publication de «
lignes
directrices pour le développement des services postaux
communautaires
» en 1993, le
Conseil, par une
résolution du 7 février 1994, a fixé les objectifs
de
la future réglementation postale : garantir la fourniture, à
l'échelon communautaire, d'un service universel de qualité
accessible à tous ; assurer sa viabilité économique
en définissant un secteur réservé à son prestataire
qui soit suffisamment large ; concilier libéralisation graduelle et
garantie du service universel.
La Commission a, dans cette perspective, publié en 1995 une
proposition de directive
dont l'adoption relevait de la procédure
de la codécision, et un projet de communication sur l'application des
règles de concurrence au secteur postal. Ces propositions allaient au
delà de ce que le Sénat considérait comme souhaitable pour
le marché postal communautaire.
Aussi votre commission s'était-elle saisie de ce projet de directive, et
avait-elle adopté une résolution
16(
*
)
, devenue résolution du Sénat à
l'issue de sa discussion en séance publique le 21 mai 1996. Dans
cette résolution, le Sénat soutenait la définition
proposée pour le service universel postal, demandait une
modération de l'ouverture à la concurrence proposée par la
Commission, souhaitait que la date de révision de cette directive soit
repoussée et que cette révision s'effectue dans le cadre de le
procédure de la codécision.
Le Gouvernement de l'époque avait d'ailleurs obtenu de nos
partenaires européens une ouverture suffisamment mesurée pour
laisser à notre opérateur postal le temps de l'adaptation.
C'est, d'abord, lors de Conseils des ministres tenus en juin 1995, sous
présidence française, et mars 1996, que des avancées
significatives avaient été obtenues de nos partenaires, puis,
grâce à l'intervention décisive des Chefs d'Etat
français et allemand, au sommet de Dublin, en décembre 1996,
qu'un compromis politique fut élaboré, permettant d'aboutir
à une position commune préfigurant la directive du
15 décembre 1
997.
Au total, ce texte consacre un large périmètre de services
réservés et n'ouvre donc que faiblement le marché postal
européen à la concurrence, sans toutefois porter préjudice
au droit des Etats membres à accélérer, s'ils le
souhaitent, la libéralisation -ce que sept d'entre eux ont, à des
degrés divers, déjà fait-.
PRINCIPALES DISPOSITIONS DE LA DIRECTIVE 97/67
La
directive 97/67/CE du Parlement européen et du Conseil du
15 décembre 1997 concernant des règles communes pour le
développement du marché intérieur des services postaux de
la Communauté et l'amélioration de la qualité du
service17(
*
) (dénommée « directive
postale ») a défini les caractéristiques du service
postal universel que doivent garantir tous les Etats membres, établi des
normes de qualité pour les services transfrontaliers, ainsi que des
principes tarifaires et de transparence des comptes.
Les limites maximales communes des services que les Etats membres peuvent
réserver au(x) prestataire(s) du service universel dans la mesure
où le maintien du service universel l'exige sont fixées à
350 grammes et cinq fois le tarif normal pour un envoi du premier
échelon de poids.
La directive fixe également des principes devant régir les
procédures d'autorisation de la prestation de services postaux non
réservés, de même que la séparation des
compétences réglementaires et des fonctions
opérationnelles dans le secteur postal.
La directive postale fixe ensuite un calendrier pour la poursuite du processus
d'ouverture des marchés postaux à la concurrence :
- la Commission devait présenter, pour le
31 décembre 1998, une proposition concernant la poursuite
progressive et contrôlée de l'ouverture du marché postal,
en vue notamment de libéraliser le courrier transfrontière et le
publipostage et de revoir à nouveau les limites de prix et de
poids ;
- le Conseil et le Parlement devaient se prononcer sur cette proposition
avant le 1er janvier 2000 ;
- les mesures décidées devaient entrer en vigueur le
1er janvier 2003.
L'ouverture à la concurrence requise par la directive 97/67 est
faible
: la Commission européenne a chiffré à
3 % la part du courrier soumise à la concurrence du fait de la
directive.
Il faut, en outre, garder à l'esprit que La Poste exerce
déjà une part importante de son activité dans le
secteur concurrentiel
, qu'il s'agisse des services financiers ou de
l'activité « colis ».
Dans le cadre de la directive actuellement en vigueur, les services
« réservés » (exerçables sous
monopole) représenteraient, d'après la Commission,
70 %
du chiffre d'affaire postal
. Appliqué au chiffre d'affaire postal du
groupe La Poste, ce ratio amène à considérer que
47 milliards de francs de chiffre d'affaires
sont aujourd'hui sous
monopole, soit environ
la moitié du chiffre d'affaires total du
groupe.
La directive de 1997 offrait une occasion idéale de préparer
l'opérateur à la concurrence, avec une ouverture encore
modérée à la concurrence, mais une perspective de
libéralisation accrue incitant à l'adaptation. La plupart de nos
voisins européens l'ont compris. En France, votre commission
réclame depuis 1997 des réformes dont aucune n'a
été, à ce jour, amorcée.
4. La deuxième directive postale : vers une libéralisation totale ?
a) La proposition initiale de la Commission du 20 mai 2000
Conformément au processus prévu par la directive
postale de 1997, mais avec quelques mois de retard, la Commission
européenne a établi le 20 mai 2000 une
proposition
de directive, modifiant 6 articles de la directive 97/67/CE du
15 décembre 1997
:
- l'article 2 sur les définitions terminologiques,
- l'article 7 sur les services réservés,
- l'article 9 sur les conditions d'accès au marché non
réservé,
- l'article 12 sur les principes de tarification du service universel,
- l'article 19 sur le règlement des litiges,
- l'article 27 sur la durée d'application de la directive.
Sans préjudice de la liberté des Etats-membres à
libéraliser plus rapidement leur marché, le dispositif
proposé consistait en une poursuite de l'ouverture à la
concurrence, en deux étapes.
La première, qui devait entrer en vigueur
le
1er janvier 2003, consistait en un abaissement général
des limites de poids et de prix actuelles pour les services qui peuvent
continuer à être réservés
(c'est-à-dire
exercés sous monopole). Parallèlement, toutes les limites de
poids et de prix auraient été supprimées en ce qui
concernait le
courrier transfrontalier sortant et le courrier express. En
outre, des « services spéciaux » auraient
été définis, qui ne pouvaient entrer dans le
périmètre des services réservés
.
L'étape ultérieure, pour laquelle la décision aurait du
intervenir au 31 décembre 2005 au plus tard, aurait pris effet au
1er janvier 2007
; il s'agissait d'une nouvelle
restriction des droits exclusifs encore accordés aux prestataires du
service universel, conservés dans la seule mesure où cela est
strictement nécessaire au maintien du service universel.
L'ampleur de
cette nouvelle avancée aurait du être déterminée par
le Parlement européen et le Conseil le 31 décembre 2005
au plus tard, sur proposition de la Commission, présentée avant
le 31 décembre 2004
.
b) La position du Parlement européen le 11 décembre 2000
Le
Parlement européen s'est prononcé en séance
plénière le 11 décembre 2000 sur la proposition de
directive, adoptée dans le cadre de la procédure de
codécision
. De façon assez inattendue pour le Commissaire
européen concerné, et à l'initiative du
député anglais Brian Simpson (PSE), alors que les propositions du
rapporteur de la commission saisie au fond, le député Markus
Ferber (PPE, Allemagne), soutenaient globalement celles de la Commission
européenne, le Parlement européen a
adopté une
série d'amendements demandant notamment
:
- la suppression de la notion de
services spéciaux
;
- la fixation de nouvelles limites, plus larges, de poids et de prix des
services réservés à
150 grammes et quatre fois
le tarif de base ;
- la
suppression
de l'étape de libéralisation de
2007
tout en demandant à la Commission européenne de
présenter une
évaluation
de l'état du secteur
postal avant le 31 décembre 2003 ;
- le report au 31 décembre 2004 de la
date limite de
transposition
de la nouvelle directive ;
- la prise en compte des
différences géographiques
et
du coût, variable, du service universel selon les configurations
géographiques de chaque Etat membre ;
- la mise en valeur du principe
d'adaptation
du service universel
aux évolutions technologiques.
c) La résolution du Sénat votée le 14 décembre 2000
A
l'issue d'un débat de qualité, en commission comme en
séance publique, le Sénat a, quant à lui, adopté,
le 14 décembre dernier, une résolution sur la proposition de
directive de le Commission, qui partait du constat suivant :
- la poursuite de la construction d'un marché communautaire
unifié des services postaux a été approuvée par la
France,
en mars 2000, au Conseil européen qui a réuni les
chefs d'Etat et de gouvernement à Lisbonne
;
- l'Union européenne reconnaît désormais la place
des services d'intérêt général
et leur
rôle dans la promotion de la cohésion sociale et
territoriale ;
- un marché postal unifié est de nature à favoriser
la modernisation de l'économie française et à offrir de
nouvelles opportunités à La Poste ;
- mais le processus ainsi engagé doit, au travers
du service
universel postal
institué par l'Union européenne, garantir la
pérennité des principes du service public postal, notamment la
péréquation tarifaire et l'adaptabilité des missions ;
- or, cette pérennité ne saurait être garantie si
la viabilité économique de La Poste, opérateur public
du service public, n'est pas assurée
. Le Gouvernement
français n'a, pourtant, depuis 1997, engagé à La Poste
aucune des réformes de structure nécessitées par la
libéralisation programmée au niveau européen
.
C'est pour l'ensemble de ces raisons que votre commission considérait
que, si elle était retenue en l'état, la proposition de directive
de la Commission pourrait menacer l'équilibre financier de La Poste, car
celle-ci supporte encore, en propre,
le coût de missions
d'intérêt général ne pouvant plus être
financées par les seuls revenus de ses activités
. C'est dans
ce contexte, et non par refus idéologique de la concurrence, à
son sens pleinement compatible avec un service public de qualité, que la
résolution du Sénat demandait au Conseil, que :
- les services réservés aux prestataires de service
universel englobent les envois de correspondance intérieure et les
envois de correspondance transfrontière sortante qui sont soit d'un
poids inférieur à 150 grammes, soit d'un prix
inférieur à trois fois le tarif public applicable à un
envoi de correspondance du premier échelon de poids de la
catégorie la plus rapide ;
- les services spéciaux soient clairement définis comme des
services à haute valeur ajoutée n'interdisant d'aucune
façon l'adaptabilité du service universel et son possible
élargissement à des prestations tendant à se banaliser au
fur et à mesure de l'évolution du secteur postal.
d) La position commune du Conseil du 15 octobre 2001
Contrairement aux propos optimistes de M. Christian
Pierret
devant votre commission quelques jours auparavant, le Conseil des ministres
n'est pas parvenu à l'accord que souhaitait la présidence
française le 22 décembre 2000, qui aurait
été proche du vote du Parlement européen.
Les négociations se sont donc poursuivies sous présidence
suédoise et ont abouti sous présidence belge du Conseil,
nettement plus favorable à la libéralisation que la
présidence française.
Une nouvelle proposition a été présentée par la
Commission le 21 mars 2001, ne retenant qu'une partie (11 sur 47) des
amendements votés par les députés européens, la
Commission rejetant les amendements les plus importants (portant sur les
services spéciaux, le périmètre du domaine
réservé et le calendrier de révision de la directive).
Le Conseil européen de Stockholm du 23 et 24 mars 2001 a demandé
au Conseil et au Parlement européen d'adopter la directive sur les
services postaux avant la fin 2001, ce à quoi la présidence belge
a oeuvré.
C'est ainsi que
le Conseil « Télécom » du
15 octobre dernier a abouti à un accord politique
, à la
majorité qualifiée, avec le vote contraire de la
délégation néerlandaise et l'abstention de la
délégation finlandaise, sur une
position commune
sur la
proposition modifiée de directive modifiant la directive 97/67/CE.
L'accord porte sur
une libéralisation en trois
étapes
: 2003, 2006 et l'« étape
décisive » en 2009. Pour ce qui est de
l'
« étape décisive »
, la Commission
procèdera à une étude prospective destinée à
évaluer, pour chaque Etat membre, les incidences de l'achèvement
du marché intérieur des services postaux sur le service
universel. Sur la base des conclusions de cette étude,
la Commission
présentera, avant le 31 décembre 2006, un rapport au
Parlement européen et au Conseil assorti d'une proposition confirmant,
le cas échéant, la date de 2009 pour
«
l'achèvement
» (selon les termes du
relevé de conclusions du Conseil) du marché intérieur des
services postaux, ou «
définissant une autre
étape
» à la lumière des conclusions de
l'étude
.
L'échéancier de libéralisation -repris ci-après-
prévoit une décision du Parlement européen et du Conseil,
conformément à la procédure de codécision, avant la
fin de 2007 pour confirmer «
l'étape
décisive
» de libéralisation.
CALENDRIER DE LA LIBÉRALISATION POSTALE
|
Courrier ordinaire |
Publipostage |
Courrier transfrontalière sortant |
01/01/2003 |
Services
réservés :
|
Services
réservés :
|
Services
réservés :
|
01/01/2006 |
Services
réservés :
|
Services
réservés :
|
Services
réservés :
|
30/06/2006 |
Etude prospective de la Commission (évaluation des incidences que l'achèvement du marché intérieur des services postaux pourrait avoir sur le service universel dans chaque Etat membre) |
||
31/12/2007 |
Décision du Parlement européen et du Conseil confirmant l'étape décisive |
||
01/01/2009 |
Etape décisive |
(*) Dans
les cas où cela est nécessaire pour assurer la prestation du
service universel, par exemple, quand certaines activités postales ont
déjà été libéralisées ou à
cause des caractéristiques spécifiques propres aux services
postaux dans un Etat membre.
Cette position commune appelle deux commentaires :
Dans le court terme, une large enveloppe de services
réservés est préservée, comme le demandait la
délégation française. Toutefois, ce
« répit » dans le rythme de la libéralisation
ne vaut que s'il est utilisé pour engager une modernisation du cadre
d'activité postal.
Dans le moyen terme, et c'est une différence de taille par rapport
à la proposition initiale de la Commission,
l'horizon de la
libéralisation totale est désormais implicitement
affiché
, même si les négociations ont finalement permis
d'exclure toute automaticité de l'« étape
décisive », dont le contenu exact n'est pas défini.
N'oublions pas qu'un groupe de délégations était favorable
au fait de fixer une date automatique de libéralisation totale (de
préférence 2009). Cette inscription de
« l'étape décisive » dans le texte de la
proposition de directive marque indiscutablement la progression de leur
thèse au sein du Conseil.
La proposition de directive doit encore être soumise en deuxième
lecture au Parlement européen.
B. QUELLE ADAPTATION A LA CONCURRENCE ?
1. Respecter enfin les engagements de 1997
Malgré l'opportunisme du Gouvernement en cette matière, profitant de multiples « véhicules législatifs 18( * ) » pour transposer -sans bruit- la directive postale de 1997, au moins deux points importants de cette directive n'ont toujours pas été transposés en droit français ou réellement mis en pratique.
a) Les modalités de la régulation postale
L'article 22 de la directive impose la désignation
d'autorité(s) réglementaire(s) nationale(s) pour le secteur
postal, «
juridiquement distinctes et fonctionnellement
indépendantes
» des opérateurs postaux.
La Commission européenne a mis en demeure la France, par lettre du
3 août 2000, de se conformer aux obligations de la directive,
considérant que, de par ses tâches, le Ministère de
l'économie et des finances ne peut être considéré
comme fonctionnellement indépendant de l'opérateur postal public
La Poste. En effet, elle estime qu'un même ministre ne peut à la
fois exercer la fonction d'autorité réglementaire nationale et la
fonction de tutelle d'un opérateur postal.
Toutefois, la Commission souligne qu'elle n'impose pas de définition du
statut d'une ou plusieurs autorités réglementaires nationales,
qui peuvent être une autorité publique ou une entité
indépendante désignée à cet effet, cette
définition relevant de la compétence de l'Etat membre
(considérant 39 de la directive postale). De même, il ne s'agit
pas pour la Commission de contester le régime de la
propriété d'un opérateur postal en France, notamment le
cas où l'Etat est totalement ou partiellement propriétaire de
l'opérateur postal chargé du service universel. Le droit
européen est, en vertu du traité, neutre à cet
égard.
Dans leur réponse, les autorités françaises estiment au
contraire que la réglementation nationale assure une séparation
des fonctions de réglementation et d'exploitation postale, en
particulier depuis la mise en place d'un «
médiateur du
service universel postal
».
Votre Commission des Affaires économiques n'en est pas convaincue.
b) La clarification de la comptabilité du prestataire de service universel
Les
obligations comptables fixées par l'article 14 de la directive sont
essentielles : elles visent en effet à rendre transparents les
coûts des différents services et à rendre vérifiable
le fait que des subventions croisées du secteur réservé au
secteur non réservé ne se produisent pas.
La transparence comptable, c'est la clé de la confiance de la
Commission européenne et des concurrents dans le comportement du
prestataire du service universel. C'est donc la condition de l'absence de
remise en cause non seulement des services réservés, mais aussi
de services concurrentiels vitaux à son activité, tels que les
services financiers. C'est enfin, le meilleur moyen de déterminer le
coût réel du service universel.
Or, La Poste ne respecte pas toujours ses obligations en la matière.
Depuis 1996, La Poste établit un compte analytique des branches du
courrier et des services financiers : ce compte identifie également
les charges du réseau postal et les charges de structure de La Poste,
avant leur répartition sur les deux métiers. Pour établir
cette comptabilité par métiers, La Poste a mis en place un
dispositif de recueil des données comptables et des statistiques de
production. Les charges de La Poste sont extraites de la comptabilité
générale et classées par nature en une centaine de
postes ; elles sont ensuite ventilées en 450.000 centres
d'analyse correspondant, en général, à un secteur
d'activité d'un établissement (ex : tri courrier en bureau
de poste).
En 1998, cet outil a connu une amélioration méthodologique
importante puisqu'il a distingué un troisième métier
correspondant aux activités « colis » de La Poste.
En 1999, des affinements supplémentaires ont été mis en
oeuvre, dans le sens d'une plus grande identification des charges imputables
directement aux métiers, d'une amélioration des clés de
ventilation et d'une meilleure répartition du résultat financier.
Toutefois, la Cour des Comptes, dans un rapport particulier relatif à
la comptabilité analytique de La Poste, tout en soulignant que le
système actuel de recueil des données, particulièrement
détaillé, ne faisait pas l'objet de critiques fondamentales, a
présenté les limites de la méthode employée par La
Poste et indiqué les pistes à développer.
La Cour rappelle que la comptabilité analytique doit satisfaire à
deux objectifs : répondre aux exigences réglementaires de
transparence des coûts qui sont posées aux niveaux national et
européen et procurer, à tous les échelons de l'entreprise,
un instrument d'aide à la gestion et au pilotage. Tout en soulignant la
potentialité des outils développés par La Poste, notamment
en matière de calcul de coûts, la Cour a constaté que ce
deuxième objectif n'était que partiellement atteint. En outre, le
secteur postal étant caractérisé par l'importance des
coûts mutualisés entre produits, la Cour souligne
l'incertitude
liée à l'imputation des charges indirectes
.
La Poste a, depuis, fait le choix de développer, depuis plusieurs mois,
une méthode alternative à celle des coûts complets,
reposant sur le principe d'une
comptabilité par activités
(tri, distribution, guichet, ...) dont les coûts sont ensuite
répartis sur les produits, selon un principe dit de
«
coûts incrémentaux
».
Un groupe de travail, rassemblant des représentants de différents
services du Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie et La Poste a été constitué sur ce sujet. Son
programme de travail comporte l'examen successif des différents points
de méthode (objectifs du système comptable, comparaison
internationale, principes de répartition des charges des grandes
étapes du processus de production : distribution, tri, transport,
réseau, structure...).
Parallèlement, les exigences imposées à La Poste ont
été formalisées sur le plan réglementaire, par le
décret du 8 février 2001
modifiant l'article 33
du cahier des charges de La Poste, qui impose à cette dernière
une «
tenue de comptes séparés pour chacun des
services dont l'exclusivité lui est réservée d'une part,
et pour les autres services, d'autre part, en isolant parmi ces derniers, ceux
qui relèvent de l'offre de service universel et ceux qui relèvent
de ses activités financières
».
Sur le plan opérationnel, les ministres ont demandé à La
Poste, qui s'y est engagée, de produire des comptes analytiques sur le
nouveau modèle avant la fin de l'année 2001.
Pourtant, et votre Commission des Affaires économiques le
déplore, la mise en place de cette nouvelle compatibilité
analytique semble n'avancer qu'à pas de fourmis
.
2. Préparer La Poste par une loi d'orientation postale
Depuis
la publication du rapport d'information précité,
rédigé par le Président Gérard Larcher
«
Sauver la Poste : devoir politique, impératif
économique
19(
*
)
», en
octobre 1997, votre commission ne cesse de réclamer la discussion d'une
grande loi d'orientation postale, qui assure l'avenir de La Poste et
intègre les évolutions rendues nécessaires par
l'évolution du secteur, aussi bien que par le droit communautaire.
Le Gouvernement s'était, un temps, engagé à cette
discussion.
Ainsi, au compte rendu des débats de l'Assemblée nationale du
2 février 1999, lors de la discussion du projet de loi
d'orientation d'aménagement du territoire, figurent les propos suivants
du ministre chargé de la poste, tenus au sujet de l'amendement de
transposition de la directive postale déposé par le Gouvernement
(réitérés au Sénat le 25 mars 1999) :
«
La Commission supérieure du service public a
été consultée sur ce texte (...). Nous comprenons sa
préoccupation, (...) que je sais partagée sur tous ces bancs, que
puisse être examiné par le Parlement un projet d'ensemble se
rapportant à ces questions du service public de La Poste.
«
C'est pourquoi, comme je l'ai indiqué à la
Commission supérieure du service public des postes et
télécommunications,
j'ai proposé au premier ministre
que le Gouvernement dépose, dans les prochains mois, un projet de loi
qui donnera aux activités postales un cadre juridique complet et qui
confortera ainsi la lisibilité d'ensemble de notre réglementation
relative au service public. Il permettra, par ailleurs, de débattre
largement -je pense que nous en avons besoin- du service public, de sa
modernisation, de son encouragement par les pouvoirs publics et par le
Gouvernement
».
On sait bien qu'il n'en a rien été, le Gouvernement demandant au
contraire au Parlement de l'habiliter à finir de transposer par voie
d'ordonnance la directive postale de 1997, ce qui lui fut finalement
refusé par le Parlement, à l'initiative de la commission des
lois, saisie au fond de ce texte, de votre commission, saisie pour
avis
1
et de son rapporteur, notre collègue Ladislas
Poniatowski.
Votre Commission des Affaires économiques estime en effet, depuis
plus de quatre ans, qu'une loi d'orientation postale est nécessaire pour
assurer l'avenir de La Poste et tracer son chemin dans un nouvel environnement
libéralisé. Elle doit aborder sans tabous les questions
essentielles : statut de l'entreprise et garanties pour son personnel,
prise en charge des retraites, services financiers, aménagement postal
du territoire, compensation des missions d'intérêt
général.
Sans doute ce sujet sera-t-il un des enjeux de la prochaine
législature.
CHAPITRE III -
LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
DANS LA
TOURMENTE
I. DE FORTES TURBULENCES MALGRÉ UN NET DÉVELOPPEMENT DES USAGES
A. UN NET DÉVELOPPEMENT DES USAGES
1. Des signaux positifs
a) L'observatoire des marchés de télécommunications
La
demande de services de télécommunications reste soutenue, comme
le montre la cinquième édition de l'enquête trimestrielle
de l'ART, portant sur le 1
er
trimestre 2001,
menée auprès de 85 opérateurs.
Cette étude, récemment publiée, indique qu'en France, les
opérateurs de télécommunications génèrent un
chiffre d'affaires auprès des clients finals
de 8 milliards
d'euros, soit 2,3 % du PIB français, contre 2,1 % un an plus
tôt
. En termes de minutes, le marché des
télécommunications enregistre une
hausse
évaluée, en moyenne glissante annuelle, à 6,8 %.
En ce qui concerne la
téléphonie mobile
, le chiffre
d'affaires de ce segment représente, au
1
er
trimestre 2001,
29,3 % du chiffre d'affaires
total
du marché des télécommunications, en progression
de trois points par rapport au 1
er
trimestre 2000.
La synthèse des résultats de cette étude est reproduite
ci-dessous :
OBSERVATOIRE DES MARCHÉS DE L'ART
(chiffres
d'affaires en millions d'euros)
|
1er trim. 2000 |
2è trim. 2000 |
3è trim. 2000 |
4è trim. 2000 |
1er trim. 2001 |
Variation sur un trimestre |
Variation en glissement |
Téléphonie fixe |
3 872 |
3 765 |
3 741 |
3 835 |
3 956 |
+3,2 % |
+0,6 % |
Fourniture d'accès Internet |
20 |
29 |
39 |
40 |
64 |
+60 % |
+34,4 % |
Téléphonie mobile |
1 877 |
1 983 |
2 133 |
2 242 |
2 347 |
+4,7 % |
+5,7 % |
Ensemble téléphonie et Internet |
5 769 |
5 777 |
5 913 |
6 115 |
6 367 |
+4,1 % |
+2,5 % |
Services avancés |
435 |
422 |
448 |
435 |
432 |
-0,7% |
-0,2% |
Liaisons louées |
432 |
448 |
584 |
568 |
600 |
+5,6% |
+8,3% |
Transport de données |
121 |
146 |
144 |
136 |
175 |
+28,7% |
+9,9% |
Renseignements, annuaires et publicité |
105 |
115 |
78 |
100 |
87 |
-13,0% |
-4,5% |
Terminaux et équipements |
250 |
321 |
379 |
665 |
340 |
-48,9% |
+5,6% |
Hébergement et gestion de centres d'appels |
7 |
21 |
16 |
12 |
8 |
-33,3% |
+1,8% |
Ensemble du marché |
7 119 |
7 250 |
7 563 |
8 031 |
8 009 |
-0,3% |
+3,0% |
Source : ART
b) Le tableau de bord de l'innovation
Le
tableau de bord de l'innovation
est un indicateur périodiquement
publié par le Secrétariat d'Etat à l'industrie, qui
synthétise l'ensemble des données de la nouvelle
économie : nouveaux investisseurs, nouvelles technologiques,
nouveaux usages...
La dernière version du tableau de bord, parue en avril 2001, donne
des signaux très encourageants quant au développement des usages.
Elle montre ainsi qu'au cours du second semestre 2000, la progression du
nombre d'internautes en France
s'est accentuée. Le seuil de
huit millions d'utilisateurs de l'internet
(à domicile, sur le
lieu de travail ou dans un autre lieu public) aurait été atteint.
Selon les sondages de l'Eurobaromètre (Commission européenne), le
pourcentage des ménages disposant d'un accès à l'Internet
à domicile serait passé en France de 13 % à 19 %
entre mars et octobre 2000. Ce dernier pourcentage restant
inférieur à ceux atteints au Royaume-Uni (41 %), en
Allemagne (27 %) et en Italie (23 %).
NOMBRE
D'INTERNAUTES
(en millions)
Erreur ! Liaison incorrecte.
Source : tableau de bord de l'innovation
Le
nombre d'ordinateurs hôtes
(sous « .fr »)
connectés à Internet a augmenté en France
légèrement plus rapidement (+58 %) durant
l'été 2000, que la moyenne des autres pays de l'Union
Européenne (+44 %). Il s'agit toutefois d'un indicateur partiel, en
l'absence de calcul officiel intégrant les machines sous
« .com » relevant de la France.
NOMBRE
D'ORDINATEURS HÔTES EN FRANCE
(en millions)
Source : tableau de bord de l'innovation
Le taux de pénétration de la
téléphonie
mobile
, avec
34,6 millions
d'abonnés en septembre 2001
(soit plus d'abonnements mobiles que de lignes téléphoniques
fixes) a atteint
57,6 % de la population
. Au
31 décembre 2000, il était de 49,4 %, un taux
inférieur à celui des Allemands (58,7 %) à la
même date, alors qu'au début de l'année 2000, il
était encore supérieur (34,3 %) à celui des Allemands
(28,6 %).
NOMBRE
DE CLIENTS DU TÉLÉPHONE MOBILE
(en millions)
% taux
de croissance
--
Taux de diffusion en % sur la base d'une population
française de 60,1 millions de personnes (recensement 1998)
Source : Art
Les
ventes de micro-ordinateurs
aux entreprises et aux ménages
ont atteint
3,9 millions d'unités
en 2000, soit une
progression de 4 % par rapport à 1999. Au cours du second semestre
2000, plus de 2,2 millions de micro-ordinateurs ont été
vendus en France (+2 % par rapport au second semestre 1999). Dans ce
total, les ventes de micro-ordinateurs au grand public (près de
0,7 million d'unités) progressent de 1,7 % seulement par
rapport au second semestre 1999, reflétant un ralentissement de la
demande.
Entre mai 1999 et mai 2000, l'équipement des ménages en
micro-informatique a continué de progresser. Le parc d'ordinateurs
possédés par les ménages en France, s'est
élevé à
7,5 millions d'unités
(y.c les
portables), soit une augmentation de plus de plus de 18 % par rapport
à 1'année 1999. Ainsi, 27 % des ménages
résidant en France possèdent un ordinateur à leur
résidence principale. Ce niveau d'équipement informatique des
ménages reste largement inférieur aux taux constatés en
Allemagne (47 %), aux Etats-Unis (56 %) et en Suède (76 %
) pour l'année 2000.
2. Un acquis à développer : le service universel des télécommunications
a) Contenu et coût du service universel
La loi
de réglementation des télécommunications du
26 juillet 1996 affirme le principe du maintien d'un service public
des télécommunications et organise la compatibilité de sa
fourniture avec les objectifs de pleine concurrence. Elle en a ainsi
précisé le contenu.
Le service universel des
télécommunications
en est la principale composante, à
côté des services obligatoires et des services
d'intérêt général. France Télécom est
l'opérateur public chargé, par la loi, du service universel.
Le
service universel
est défini comme la fourniture à tous
d'un service téléphonique de qualité à prix
abordable. Il assure l'acheminement gratuit des appels d'urgence, la fourniture
d'un service de renseignements et d'un annuaire d'abonnés sous forme
imprimée et électronique. Il garantit la desserte du territoire
en cabines téléphoniques sur le domaine public. Le service
universel prévoit des conditions tarifaires et techniques
spécifiques, adaptées aux personnes qui rencontrent des
difficultés d'accès au service téléphonique en
raison de leur handicap ou de leur faible revenu. Son financement est
partagé entre les opérateurs.
Le
coût du service universel
comporte cinq composantes :
le coût lié au
déséquilibre de la structure
courante des tarifs
de France Télécom : cette
composante, transitoire, couvre la phase de rééquilibrage des
tarifs de France Télécom par rapport à ses coûts,
déséquilibre supportable en situation de monopole mais
incompatible avec la concurrence. Cette composante, nulle depuis le
1er janvier 2000, était auparavant partagée -comme tous
les autres coûts- entre les opérateurs à l'exception des
opérateurs mobiles, exemptés en contrepartie d'engagements de
couverture du territoire ;
le coût de la
péréquation géographique
,
c'est-à-dire celui lié à la desserte du territoire et
à l'accès de tous au téléphone à un
même prix sur l'ensemble du territoire ;
les tarifs sociaux
: il s'agit de la charge liée
à l'obligation de fournir une offre de tarifs particuliers,
destinée à certaines catégories de personnes, en raison
notamment de leur faible niveau de revenu ou de leur handicap. A noter que leur
mise en place est récente ;
la desserte du territoire en
cabines
téléphoniques
;
l'annuaire universel
et le service de renseignements
correspondant, qui n'ont toutefois pas encore vu le jour.
Le coût net du service universel des télécommunications est
calculé par l'ART, puis constaté par le ministre. Il est
notamment basé sur l'utilisation d'un modèle permettant de
connaître le coût de la péréquation
géographique, à partir de celui de la desserte des zones non
rentables mais aussi de celui des abonnés non rentables dans les zones
rentables. Ce modèle reflète le comportement d'un
opérateur
qui développerait un réseau
téléphonique, à partir des zones les plus rentables,
supposées être celles de plus forte densité
démographique
. Pour chaque catégorie de zones locales, un
coût net apparaît dès lors que le coût
supplémentaire encouru par l'opérateur pour desservir cette
catégorie est supérieur aux recettes directes et indirectes
retirées de la desserte de cette catégorie de zones locales.
La loi a prévu que le coût de la prestation de service universel,
qui est supporté par France Télécom, soit
partagé et financé de manière équitable entre
l'ensemble des opérateurs
de télécommunications et
financé au prorata de leur trafic.
Le coût net prévisionnel du service universel des
télécommunications a été évalué par
l'Autorité de régulation des télécommunications
à
430,21 millions d'euros pour 2000
et à
415,72 millions d'euros pour 2001,
se décomposant de la
manière suivante :
COÛT NET DU SERVICE UNIVERSEL EN 2000 ET 2001
(MONTANTS
PRÉVISIONNELS)
en millions d'euros |
2000 |
2001 |
Péréquation géographique |
220,44 |
229,28 |
Autres obligations de service universel |
209,77 |
186,44 |
TOTAL |
430,21 |
415,72 |
D'après les informations communiquées à votre rapporteur pour avis, pour la dernière année liquidée (1999), si France Télécom, unique prestataire du service universel, est bien le seul opérateur créditeur du fonds de service universel géré par la Caisse des dépôts, les 78 opérateurs débiteurs recensés par le fonds apparaissent pour une contribution qui s'échelonne, en fonction de leur part dans le trafic total, de 0 à 434 millions d'euros.
b) Quelle évolution pour le service universel des télécommunications ?
Le
législateur a prévu, en 1996, que le contenu du service universel
des télécommunications soit, le cas échéant,
complété au cours du temps.
L'article L. 35-7
du
code des postes et télécommunications inséré par
cette loi a même précisé le mécanisme devant
conduire à l'extension du champ du service universel. Votre commission y
avait d'ailleurs particulièrement veillé.
La loi indique ainsi que, «
au moins une fois tous les quatre
ans
» -formulation destinée à donner une date
butoir tout en préservant la possibilité d'agir avant ce terme-,
le Gouvernement dépose au Parlement un
rapport
sur l'application
du chapitre du code des postes et télécommunications
consacré au service universel des télécommunications. Il
est précisé que ce rapport peut proposer
d'étendre le
champ du service universel
, en fonction des besoins de la
société et de l'évolution des technologies.
La loi a donc fixé un rendez-vous très précis pour
faire évoluer le service universel des télécommunications.
Votre commission déplore que le Gouvernement n'ait d'ailleurs pas
respecté l'échéance de juillet 2000 fixée par le
législateur pour le dépôt dudit rapport
20(
*
)
, dont la rédaction est pourtant
achevée
21(
*
)
.
Par ailleurs, votre commission est particulièrement attentive aux
discussions en cours au niveau européen, dans le cadre de la
révision du « paquet » de directives sur les
télécommunications. Des huit textes en discussion, c'est, en
particulier, le projet de directive concernant le service universel et les
droits des utilisateurs à l'égard des réseaux et services
de communications électroniques qui retient son attention.
Le Conseil des ministres du 27 juin 2001 a permis l'adoption d'un
accord politique
entre les quinze sur cette directive. Les discussions
ont principalement porté sur les mesures particulières en faveur
des utilisateurs défavorisés, le caractère abordable des
tarifs, le réexamen de la portée du service universel, les
obligations de diffuser, le financement des obligations de service universel et
les contrôles réglementaires concernant les services.
Dans le cadre du réexamen de cette directive, il est
ultérieurement prévu que l'extension du champ du service
universel devra être étudiée, notamment en terme de
mobilité et de débits plus élevés.
Votre commission regrette que la France n'ait pas obtenu de vos partenaires
un élargissement plus immédiat du service universel
.
3. Deux freins à lever : le dégroupage et l'accès forfaitaire illimité à Internet
a) La laborieuse mise en oeuvre du dégroupage
Présenté il y a plus de deux ans par le
Gouvernement
comme une réforme majeure pour faire entrer la France dans la
société de l'information, le « dégroupage de la
boucle locale »
22(
*
)
, après des
péripéties
23(
*
)
rappelées
l'an dernier par votre rapporteur pour avis entre si péniblement en
oeuvre que
seuls quelques opérateurs persistent à être
candidats
au terme de négociations qui s'apparentent à un
véritable parcours du combattant.
A tel point que l'ART tient désormais, sur son site Internet, un
«
tableau de bord du dégroupage
» sur
l'état d'avancement de sa mise en oeuvre opérationnelle.
On peut y lire qu'«
au 20 octobre 2001 »
,
c'est à dire deux ans après la décision du
gouvernement de le mettre en oeuvre,
le
« dégroupage
commence à entrer en phase commerciale : le déploiement des
opérateurs dans les sites de France Télécom a
commencé et le dégroupage concret de lignes d'abonnés
démarre
». L'Autorité précise pudiquement
qu'elle «
travaille avec les acteurs concernés pour
résoudre les problèmes encore en suspens afin de permettre un
dégroupage effectif
».
Seuls neuf opérateurs sont désormais candidats au
dégroupage, contre plus de trente lorsque la décision de mettre
en oeuvre cette procédure parachevant l'ouverture à la
concurrence avait été annoncée.
Parmi eux, seuls cinq
ont réellement signé une convention de dégroupage avec
France Télécom
, leur permettant d'entrer en phase de
commercialisation d'une offre de dégroupage, compte tenu des conditions
tarifaires et techniques proposées. L'offre de référence
de France Télécom du 16 juillet 2001, base actuelle de
la mise en oeuvre du dégroupage, après plusieurs mises en
demeures du régulateur sur des offres précédentes, a en
effet été vivement critiquée par certains candidats au
dégroupage.
Votre commission regrette que les conditions (techniques,
opérationnelles et financières) du dégroupage
restreignent, de fait, son déploiement aux zones les plus rentables et
donc aux grandes agglomérations.
Les opérateurs vont ainsi être conduits, inévitablement,
à des arbitrages privilégiant les zones les plus denses au
détriment de l'aménagement du territoire. Il ressort des
données de l'ART que les premières salles de co-localisation, par
exemple, ont été commandées en régions parisienne,
lyonnaise et marseillaise, comme le montre le graphique ci-dessous :
SALLES
DE CO-LOCALISATION COMMANDÉES AU 20 OCTOBRE 2001
Source : Art
b) L'impasse de l'interconnexion forfaitaire illimitée à Internet
Un des
moyens les plus puissants pour diffuser l'usage d'Internet est de proposer des
forfaits dits « illimités », c'est-à-dire des
« abonnements tout compris » dont le
prix est
indépendant de la durée de la connexion.
Cette formule a
été expérimentée en France avec le lancement, en
août 2000, d'offres forfaitaires illimitées (99 francs
par mois tout compris pour 2 ans d'abonnement, 199 francs par mois
pour des engagements résiliables à la demande). Non viables
économiquement dans les conditions actuelles d'interconnexion entre
opérateurs, et ayant donné lieu à des problèmes de
saturation technique, ces offres ont été retirées du
marché.
Au cours de ces derniers mois, le Gouvernement, le régulateur et
plusieurs acteurs économiques se sont prononcés en faveur du
système d'interconnexion Forfaitaire illimitée (IFI) permettant
la mise en oeuvre de ce type de forfaits, dans des conditions
économiquement viables.
Le 11 janvier dernier, par exemple, le Premier ministre se prononçait en
faveur de cette solution lors de ses voeux à la presse, tandis que le
secrétaire d'Etat à l'industrie précisait le même
jour : «
les internautes pourront ainsi
bénéficier d'offres forfaitaires illimitées à
Internet dès l'été prochain, à des tarifs
inférieurs à 200 francs par mois
».
France Télécom a ainsi été
« invitée » à présenter
une offre
d'interconnexion à la capacité (et non la durée) au niveau
de ses commutateurs d'abonnés
. Or, les fournisseurs d'accès
à Internet estiment que ces tarifs d'interconnexion forfaitaire ne sont
pas orientés vers les coûts et font valoir qu'ils sont
jusqu'à 75 % plus élevés que les tarifs
équivalents proposés au Royaume-Uni.
Le secrétaire d'Etat à l'industrie a eu beau affirmer, lors de
son audition devant votre commission, avoir demandé à l'ART
«
d'étudier les solutions permettant de parvenir à
une offre d'accès illimité à moins de
200 francs
», le dossier reste, pour l'instant, au point
mort, aucune offre de ce type n'étant proposée.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite vivement que de
nouvelles conditions tarifaires permettent la relance de la dynamique des
offres illimitées pour le grand public.
B. DE FORTES TURBULENCES
1. Un retournement particulièrement brutal
Depuis
le début de l'année 2000, le contexte boursier a
été très chahuté, caractérisé par des
cours d'actions très volatils, en particulier dans le secteur des
télécommunications et des technologies de l'information.
Au premier trimestre 2000, les valeurs dites « TMT »
(Technologies Médias Télécoms) ont connu
un fort
engouement
, lié principalement aux perspectives de croissance de ce
secteur. Cette effervescence a été suivie d'une
désaffection accentuée
, qui s'explique, en partie, par
l'ampleur des investissements financiers (compte tenu du prix exorbitant des
licences) et opérationnels à consentir, notamment pour l'UMTS.
L'« éclatement de la bulle Internet » a surtout
affecté les entreprises les plus fragiles, qui comptaient sur des
multiples de capitalisation très élevés pour financer leur
développement, et en particulier celles qui étaient
engagées dans une fuite en avant, vendant à perte pour se
constituer un portefeuille de clients important le plus rapidement possible,
dans l'espoir d'une revente, avec forte plus-value, de leur activité.
Mais ce retournement brutal n'a pas frappé que les
sociétés de la « nouvelle économie ».
Il a eu également de fortes répercussions sur les
sociétés du secteur des télécommunications, ce
dernier devenant, en outre, avec la défaveur soudaine de l'UMTS, un
secteur « à risque ».
La « gestion » -si l'on peut dire !- du dossier
« UMTS » par la Commission européenne et les
procédures d'enchères anglaises et allemandes portent une lourde
part de responsabilité en la matière.
Sans trop s'étendre sur un constat bien connu, votre rapporteur souhaite
toutefois reproduire ci-après un tableau éloquent, publié
sur le site Internet du
Financial Times
24(
*
)
, et qui
chiffre à 436.000 le nombre des
suppressions d'emplois
(par licenciements et non renouvellement d'emplois)
dans le secteur des télécommunications depuis le début
de l'année 2001 :
SUPPRESSIONS D'EMPLOIS DANS LES TÉLÉCOMMUNICATIONS
DEPUIS LE 1
ER
JANVIER 2001
SOCIETES |
NOMBRE D'EMPLOIS SUPPRIMÉS |
Nortel Networks |
49 000 |
Lucent Technologies |
44 910 |
Motorola |
39 000 |
China Unicom |
34 478 |
Alcatel |
33 000 |
Ericsson |
22 000 |
Solectron |
20 700 |
Siemens |
17 000 |
JDS Uniphase |
16 000 |
Corning |
12 000 |
Philips |
11 570 |
ADC |
9 500 |
Cisco Systems |
8 500 |
Matsushita |
8 000 |
Worldcom Group |
8 000 |
Marconi |
7 000 |
KPN |
6 800 |
Sprint |
6 000 |
Agere Systems |
6 000 |
British Telecommunications |
6 000 |
3Com |
6 000 |
Cable and Wireless |
5 500 |
NTL |
5 000 |
Qwest |
4 000 |
France Telecom |
3 000 |
BellSouth |
3 000 |
Elcoteq |
3 000 |
Celestica |
2 900 |
Molex |
2 500 |
Epcos |
2 190 |
Level 3 Communications |
2 150 |
Oki Electric |
2 100 |
McleodUSA |
2 075 |
Conexant Systems |
2 075 |
Global Crossing |
2 000 |
Mitsubishi Electric |
2 000 |
Tellabs |
2 000 |
Winstar |
2 000 |
Flextronics |
1 500 |
ECI Telecom |
1 400 |
Nokia |
1 250 |
Covad Communications |
1 200 |
Sonera |
1 000 |
Vodafone |
960 |
Northpoint |
948 |
Teligent |
900 |
Atlantic Telecom |
895 |
Japan Telecom |
850 |
360networks |
800 |
Optus |
700 |
Exodus Communications |
675 |
Gemplus |
567 |
Excite@Home |
500 |
Zarlink (formerly Mitel) |
430 |
Comverse Technology |
400 |
Pacific Century Cyberworks |
340 |
Openwave |
300 |
Network Access Solutions |
295 |
Bookham Technology |
250 |
Corvis |
250 |
Globalstar |
175 |
Vitesse Semiconductor |
150 |
Juniper Networks |
104 |
Orchestream |
94 |
TOTAL |
435 881 |
Source : Financial Times (mise à jour du
2 novembre 2001)
L'évolution des cours de, respectivement, France Télécom
et Wanadoo, sommairement retracée dans le graphique ci-dessous, est,
elle aussi, particulièrement éloquente :
EVOLUTION DES COURS DE FRANCE TÉLÉCOM ET
WANADOO
(en euros
)
Nombre d'opérateurs européens se sont trouvés particulièrement déstabilisés par cette situation, au premier rang desquels BT, KPN, Deutsche Telekom, mais aussi France Télécom.
2. France Télécom fragilisé malgré une hausse d'activité
a) Une bonne tenue de l'activité et des résultats
Dans ce
contexte, les résultats consolidés du groupe France
Télécom du premier semestre 2001, rendus publics le
5 septembre dernier, font pourtant état d'un
chiffre d'affaires
consolidé
des six premiers mois en forte progression
(à 20,4 milliards d'euros, soit une progression de 33,3 %)
en raison du fort développement des mobiles, de l'Internet et de
l'international, et de la consolidation, pour la première fois sur six
mois, d'Orange Royaume-Uni et d'Orange Suisse. A taux de change,
périmètre et méthode de consolidation constants,
le
chiffres d'affaires augmente de 7,9 %
(contre 7,7 % au premier
semestre 2000).
Un tiers de l'activité de France Télécom est
désormais réalisé à l'international. Le chiffre
d'affaires contributif d'Orange progresse de 122,4 % et représente
un tiers du chiffre d'affaires consolidé. Le chiffre d'affaires
contributif de Wanadoo progresse de près de 50 %.
L'EBITDA
(résultat opérationnel courant avant
amortissement) du groupe, à 6,1 milliards d'euros, progresse de
14 %.
Le résultat net part du groupe
s'élève
à 1,95 milliards au 1
er
semestre 2001. La
comparaison avec le premier semestre 2000 n'est toutefois pas significative (en
raison de l'importante plus-value de cession de Telmex, qui s'élevait
à 2,6 milliards d'euros).
Les premiers résultats du
troisième trimestre de 2001
confirment cette bonne tenue.
Le chiffre d'affaires consolidé de France Télécom
au 30 septembre 2001 s'élève à
31,6 milliards d'euros, en progression de 31,9 % par rapport
à l'année précédente
. La croissance de
l'activité de France Télécom au
30 septembre 2001 demeure supérieure à la croissance
annuelle réalisée en 2000 (+23,7 %). Le nombre de clients de
France Télécom est également en progression. Il
s'établit, au 30 septembre 2001, à 88 millions contre
71 millions à la fin septembre 2000, soit une augmentation de
24 % en un an.
La croissance du chiffre d'affaires consolidé correspond au
développement des activités à l'international, dont le
chiffre d'affaires à la fin septembre 2001 est en progression de
106,4 %. Avec l'intégration d'Equant depuis le 1
er
juillet 2001, la part des activités à l'international sur le
chiffre d'affaires total atteint 38,2 % au troisième trimestre et
s'établit à 35,2 % du chiffre d'affaires total du groupe
France Télécom sur les neuf premiers mois de 2001, contre
25,8 % en 2000.
A périmètre et taux de change constants, la croissance à
la fin septembre 2001
s'élève à +7,3 %
.
Elle correspond, pour l'essentiel, à la poursuite du
développement des services mobiles et des activités liées
à l'Internet pour le grand public et les entreprises.
Si l'activité continue de croître, c'est le
niveau
d'endettement de l'opérateur
qui a, en grande partie,
entraîné à la baisse son cours de bourse,
dégradé sa cotation par les agences de
« rating » et fait sortir France Télécom de
l'indice de la bourse de Francfort des valeurs vedettes du secteur.
b) Le « boulet » de la dette
L'endettement net du groupe atteint, en effet, au
30 juin 2001, la somme impressionnante de 64,9 milliards
d'euros.
Le niveau d'endettement de France Télécom a connu une croissance
de 46 milliards d'euros en 2000. Les raisons principales en sont la
réalisation de l'important programme d'investissements financiers
réalisés dans le cadre de la stratégie de
développement international du groupe (dont l'acquisition d'Orange, la
prise de contrôle totale de Global One, les prises de participation dans
TPSA et dans Mobilcom en Allemagne) ainsi que le coût des licences UMTS,
en France, mais aussi dans le reste de l'Europe.
L'objectif de l'opérateur est de réduire l'endettement de 20
à 30 milliards d'Euros d'ici à 2003, de façon qu'il
ne représente plus, alors, que 2 ans à 2 ans et demi
d'excédent brut d'exploitation. Plusieurs leviers de réduction de
l'endettement sont envisagés :
- la croissance des résultats de l'entreprise et du
« cash flow » libre ;
- la cession d'actifs non stratégiques (pour 15 à
20 milliards) ;
- la remise sur le marché des 100 millions d'actions nouvelles
créées pour acheter Orange à Vodafone. Cette remise sur le
marché se fera en plusieurs opérations qui s'étaleront sur
les 2 prochaines années. L'objectif est de récolter 7
à 10 milliards d'euros.
La réussite de cette stratégie de désendettement, que
les analystes ont, dans un premier temps, remise en cause, est toutefois
fortement conditionnée par l'évolution de l'environnement
notamment boursier.
En 2001, une première étape de réduction de la dette sera
effectuée. D'ores et déjà, France Télécom a
cédé 2,5 milliards d'euros d'actifs (500 millions de
KPN Orange, 1 milliard de Sema et 1 milliard de Noos) et vient de
finaliser la cession de sa participation dans Sprint pour 1,9 milliard
d'euros. Au total, environ 4,5 milliards d'euros auront été
cédés au premier semestre 2001.
Le programme de cessions prévoit également 3 à
5 milliards d'euros de cessions dans le domaine de l'immobilier, dont 2
à 3 milliards d'euros cette année, suivant une
procédure d'enchères qui devrait transférer une bonne
partie du parc immobilier de France Télécom à un
consortium regroupant notamment la Caisse des dépôts et
consignations et Goldman Sachs. Enfin, la recherche d'un acquéreur est
en cours pour lui céder la participation détenue dans le capital
de ST Microelectronics, pour un montant visé de 3,5 milliards
d'euros.
II. UNE LUTTE À RENFORCER CONTRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE TERRITORIALE
A. LA COUVERTURE TERRITORIALE EN TÉLÉPHONIE MOBILE
1. La téléphonie mobile de 2ème génération (GSM)
a) Les limites du seul jeu de marché
La
concurrence est un levier puissant de diffusion territoriale. Ainsi, alors
qu'en 1995, les abonnés à la téléphonie mobile
n'étaient qu'au nombre de 1,3 millions, l'ouverture du
3
ème
réseau en 1996, en avivant la concurrence, a
stimulé la diffusion de la téléphonie mobile. Le jeu de la
concurrence a été le principal moteur de l'extension des
réseaux et de la baisse des prix. L'augmentation de la
pénétration des services a, en effet, rendu rentable la
couverture des zones qui ne l'étaient pas à un moindre niveau de
développement du marché.
Par ailleurs, la couverture territoriale proposée constituant un
argument de vente décisif, les opérateurs, du fait de la
concurrence, ont été incités à couvrir des zones
géographiques non rentable.
Les opérateurs sont donc
rapidement allés, en matière de couverture, au-delà des
obligations contenues dans leur cahier des charges.
Pourtant, ce processus semble avoir trouvé sa limite, et laisse
subsister d'importantes « zones d'ombre », non couvertes,
sur le territoire national, qui s'ajoutent, dans certains endroits
« couverts » à des déficiences en terme de
qualité de service.
Prévoyant que la logique du marché buterait, à terme, sur
le coût élevé de la couverture du dernier
« décile » du territoire le moins rentable
économiquement, la loi de réglementation des
télécommunications du 26 juillet 1996 avait
prévu un
dispositif très complet
(voir supra) pour
parfaire la couverture territoriale en téléphonie mobile,
reposant sur un bilan de couverture territoriale que le Gouvernement devait
remettre au Parlement au plus tard
en juillet 2000.
Votre commission n'a pas manqué de rappeler le Gouvernement à
cette obligation, sans succès jusqu'à l'été
dernier. Déposé avec un an de retard, ce rapport, enfin
publié, a établi
un état des lieux de la couverture du
territoire
et réalisé une analyse économique des zones
restant à couvrir. Il montre que :
- 91,6 % du territoire métropolitain est couvert par au moins
un réseau mobile GSM ;
- 46.000 km² ne sont couverts par aucun réseau (soit
8,4 % du territoire) ;
- moins de 390.000 personnes (soit moins de 0,7 % de la
population) n'ont pas accès à un service mobile sur leur lieu de
résidence ;
- 1.480 communes ne disposent pas d'une couverture effective de leur
centre ;
- l'hypothèse d'une couverture à 100 % du territoire
par un seul réseau représenterait
un investissement d'environ
2,6 milliards de francs
. Notons qu'avec des accords
d'itinérance locale, ce coût pourrait être abaissé
à 1,4 milliard de francs.
Compte tenu des coûts à engager et de la faible rentabilité
des investissements, le rapport du Gouvernement indique que la dynamique
concurrentielle qui a conduit les opérateurs mobiles à
déployer fortement leurs réseaux de
télécommunications ces dernières années, ne
permettra pas d'amélioration sensible de la couverture du territoire
au-delà du point d'équilibre actuellement atteint.
Les « zones » d'ombres apparaissent en rouge sur la carte
ci-après :
b) Une extension pourtant programmée dès 1996
Outre un bilan territorial de la couverture, la loi précitée de 1996 prévoyait, déjà, la mise en oeuvre de moyens de mutualisation des investissements entre les opérateurs pour parfaire la couverture territoriale au delà du point « d'équilibre » du marché :
COUVERTURE TERRITORIALE EN GSM : EXTRAIT DE LA LOI DE 1996
Article
L. 35-7 du code des P. et T : «
au moins une fois tous
les quatre ans à compter de la date de publication de la
présente loi, un rapport sur l'application du présent chapitre,
remis par le Gouvernement au Parlement [...]. Le premier rapport remis en
application de l'alinéa précédent comporte un bilan de la
couverture du territoire par les réseaux de
radiotéléphonie mobile.
Il propose les modifications
nécessaires à apporter au présent chapitre pour assurer,
à un terme rapproché, la couverture des zones faiblement
peuplées du territoire, ainsi que des routes nationales et des autres
axes routiers principaux, par au moins un service de
radiotéléphonie mobile terrestre ou satellitaire.
Il
précise également les moyens nécessaires pour atteindre
cet objectif dans le respect du principe d'égalité de concurrence
entre opérateurs, notamment les
modalités d'un investissement
commun aux opérateurs
ou d'une combinaison des différentes
technologies disponibles dans les zones à faible densité de
population non couvertes à la date de remise du rapport
»
Ainsi, le législateur a pris le soin, dès 1996, de définir
une méthodologie pour l'extension de cette couverture, que le
Gouvernement était invité à mettre en oeuvre au plus tard
à partir de juillet 2000.
Déjà esquissées dans la loi de 1996, les modalités
pratiques de la réalisation de l'objectif d'une couverture
complète sont désormais identifiées. Techniquement, deux
solutions se dégagent, qui peuvent d'ailleurs être
combinées :
- une
mutualisation des coûts par mise en commun des moyens
d'infrastructure passifs
. Sont concernés principalement : le
génie civil, la recherche et la négociation de site, le
coût des pylônes et des redevances, le raccordement
électrique et l'exploitation correspondante. Dans ce cas, les
opérateurs étendent leur couverture sur l'ensemble des zones
à couvrir et n'acceptent chacun que leurs propres clients ;
- «
l'itinérance locale
». Il s'agit de
l'installation d'un seul des trois réseaux sur une zone non
couverte, ce réseau acceptant toutefois les clients des autres
opérateurs et permettant une compatibilité de service.
c) Une mise en oeuvre contestable : le CIADT du 9 juillet
Ce n'est
que lors du Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) du 9 juillet dernier, à
Limoges, que le Gouvernement a fait part de ses intentions en matière de
couverture territoriale.
Le Gouvernement y a, en effet, annoncé l'achèvement de la
couverture territoriale en téléphonie mobile d'ici 3 ans.
Mais il s'est bien gardé d'y apparaître comme le principal
financeur.
Comme l'indique le relevé de conclusions du CIADT, le Gouvernement a
décidé la mise en place d'un dispositif de
«
soutien public à l'investissement des
collectivités locales et des opérateurs
» pour la
construction de stations de base équipées de
téléphonie mobile
. Cet engagement vise à assurer dans
les trois prochaines années la couverture de
l'ensemble des lieux de
vie permanents et occasionnels
(sites touristiques) et
des axes de
transport prioritaires
.
Sont concernés notamment les 1.480 centres de villages qui ne sont
aujourd'hui couverts par aucun réseau de
télécommunications mobiles.
Par ailleurs, le Gouvernement indiquait avoir obtenu un accord des trois
opérateurs mobiles pour la mise en place d'un
système
d'itinérance
locale
dans les zones à couvrir, qui
conduira à déployer pour chaque zone concernée un
réseau unique, accessible aux abonnés des trois opérateurs
mobiles et permettra ainsi de réduire considérablement le
coût d'extension de la couverture envisagée.
Le coût global est estimé à
1,4 milliard de francs
sur le territoire métropolitain
, dont le Gouvernement estime, dans
le relevé de conclusions du CIADT, qu'ils devraient être
répartis de la façon suivante
: 400 millions de
francs pour les opérateurs
et
500 millions de francs de
crédits d'Etat
afin de participer, selon les termes du relevé
de conclusions «
sur une base paritaire
, aux
investissements pour la construction des stations de base
équipées, que décideraient
les collectivités
locales
qui auront fait connaître leurs objectifs de couverture avant
la fin 2001
».
S'agissant des départements d'Outre-mer, le Gouvernement, estimant que
la fin, en 2000, du monopole de fait qui y caractérisait le
marché de la téléphonie mobile, va permettre une extension
de la couverture et une amélioration des conditions tarifaires, a
décidé de s'en tenir à l'engagement
d'«
étude devant déboucher sur
l'établissement d'un rapport avant la fin de l'année 2001
sur les conditions du développement de la couverture en
téléphonie mobile outre-mer
».
Votre commission regrette très vivement que les conclusions du CIADT
aient prévu que les collectivités locales soient
sollicitées à hauteur de 500 millions de francs pour la mise
en oeuvre de ce plan de rattrapage, soit autant que l'Etat, et plus que les
opérateurs de télécommunications. Les collectivités
concernées sont pourtant les moins « riches » de
notre territoire. Là où une péréquation nationale
aurait été nécessaire, le Gouvernement renforce, au
contraire, les inégalités.
Si l'Ile-de-France fut couverte sans monnaie débourser par les
collectivités concernées, c'est dans le massif central, en
Lozère, ou en Corrèze, par exemple, qu'il faudra fait appel au
contribuable local !
Ajoutons toutefois que, comme le ministre l'a annoncé à la
commission lors de son audition, deux opérateurs se seraient
engagés à débourser 100 millions d'euros chacun pour
accélérer ce plan de couverture qui serait, en définitive,
achevé d'ici 2 ans au lieu de 3.
Le ministre a indiqué que cet effort financier supplémentaire
permettrait d'«
améliorer la couverture territoriale des
réseaux dans le cadre des mesures du CIADT et
d'autres
opérations
», dans le cadre
d'«
opérations d'extension, de densification et
d'amélioration de la qualité du réseau dans les zones
rurales
»
25(
*
)
.
Rien n'indique toutefois que la facture à la charge des
collectivités locales s'en trouvera diminuée. En outre, il semble
bien que les opérateurs concernés comptent mettre cet
investissement à la charge de l'amélioration de leur
réseau en général (densification en zones urbaines
comprise) et non exclusivement à la couverture des zones
« d'ombre ».
2. La troisième génération (UMTS)
a) Une promesse non tenue de consultation du Parlement
Craignant que ce scénario ne se reproduise avec la
téléphonie mobile de
troisième génération, le Parlement avait exigé
du Gouvernement, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 2001,
d'être préalablement consulté sur les obligations de
couverture fixées par les cahiers des charges
des licences de
téléphonie mobile de troisième génération.
M. Christian Pierret s'y était personnellement engagé, lors
de son audition devant votre Commission des Affaires économiques,
à la demande de votre rapporteur pour avis.
Or, en juillet dernier, les cahiers des charges furent publiés au
Journal Officiel sans que le Parlement soit consulté. Chacun jugera du
respect de la représentation nationale que manifeste une
« omission » aussi grossière.
b) Des cahiers des charges peu ambitieux en termes de couverture territoriale
Les cahiers des charges des licences de téléphonie mobile de troisième génération fixent des obligations de couverture en termes de population métropolitaine et non de couverture territoriale, pourtant plus significative, s'agissant de services mobiles. Ces obligations sont détaillées ci-après :
OBLIGATIONS DU CAHIER DES CHARGES D'ORANGE
(couverture en
% de
la population métropolitaine)
|
2003 |
2006 |
2009 |
Services de voix |
58 % |
94 % |
> 98 % |
Services de données à 144 kbits/s. |
58 % |
94 % |
> 98 % |
Services de données à 348 kbits/s. |
7 % |
13 % |
17 % |
OBLIGATIONS DU CAHIER DES CHARGES DE SFR
(couverture en %
de
la population métropolitaine)
|
2003 |
2006 |
2009 |
Services de voix |
75 % |
98,9 % |
99,3 % |
Services de données à 144 kbits/s |
75 % |
98,9 % |
99,3 % |
Services de données à 348 kbits/s (en ascendant seulement) |
71 % |
97,5 % |
98,2 % |
Ces
chiffres sont relativement peu ambitieux (17 % de la population en 2009
pour France Télécom, et 98,2 % de la population -soit
environ 80 % du territoire- pour SFR en transmission ascendante seulement)
pour le transport des données à plus haut débit, principal
apport de l'UMTS par rapport aux réseaux GSM actuels.
En outre, votre commission craint que les opérateurs titulaires d'une
licence de téléphonie de troisième
génération cessent d'investir dans l'équipement de leur
réseau GSM, pour accélérer artificiellement la translation
de leur clientèle vers la troisième génération.
L'échéance de 2006 pour le « basculement »
d'un type de réseau sur l'autre semble raisonnable. Une
échéance plus rapprochée apparaîtrait en revanche
comme prématurée.
B. UN INÉGAL ACCÈS AU HAUT DÉBIT
L'accès au « haut débit » est
devenu un atout d'attractivité économique décisif pour les
territoires. Or, comme le confirment les travaux les plus récents sur ce
sujet, et notamment un rapport du Conseil Economique et Social (de
juin 2001) ou de l'Observatoire des télécommunications dans
la ville (rapport de juin 2001), laissé à la seule dynamique
du marché, l'essor du haut débit conduirait, à
l'échéance de 2005,
à une polarisation territoriale
accrue
, une part significative de la population (20 à 25 %
selon les estimations) et des territoires n'ayant aucun accès au haut
débit à des conditions économiquement viables.
Plusieurs leviers d'action existent pour lutter contre cette fracture
numérique territoriale. Mais ils sont diversement exploités.
1. Les « infrastructures passives » des collectivités locales : une question enfin résolue
a) Un regrettable faux départ
Depuis
plusieurs années, de nombreuses collectivités territoriales se
sont trouvées confrontées à une absence d'offres
permettant, pour les entreprises désireuses de s'implanter ou
existantes, voire pour elles-mêmes, soit de réduire le prix des
communications soit de répondre, dans des conditions raisonnables, aux
besoins d'accès à des services de
télécommunications à haut débit.
Aussi ont-elles pris des initiatives en matière d'équipement de
leur territoire en infrastructures de télécommunications
« passives » -infrastructures dites de « fibres
noires »- installées par elles mais destinées à
être exploitées par des opérateurs de
télécommunications. Le principe de telles initiatives, reconnu
légitime par la Commission européenne, le Conseil de la
Concurrence et l'Autorité de régulation des
télécommunications, avait d'ailleurs été
avalisé par une conférence de presse du Premier ministre
dès le 19 janvier 1999.
Afin de sécuriser juridiquement ces initiatives
, qui
n'étaient pas explicitement prévues par le code des
collectivités locales, le
Sénat avait, lors des débats
sur le projet de loi d'aménagement du territoire en 1999, proposé
un dispositif législatif consacrant et encadrant cette intervention
-il était en particulier bien précisé que les
collectivités ne pourraient remplir elles-mêmes les fonctions
d'opérateur-. Les propositions, pourtant équilibrées, du
Sénat se sont malheureusement heurtées, malgré le
dépôt, par le Gouvernement, d'un amendement voisin, à
l'hostilité de certains députés, l'Assemblée
nationale adoptant finalement un texte si confus et restrictif que la nouvelle
liberté offerte aux collectivités locales pouvait être
considérée comme un faux semblant. Ainsi l'ART constatait-elle
dans son rapport annuel de 1999 que «
les débats qui ont
précédé et suivi l'adoption de ce texte ont bien
montré qu'il reflète encore une
réticence de
principe
qui ne trouve pas nécessairement son origine dans le souci
de la concurrence et de l'ouverture du marché. Paradoxalement la
procédure définie par la loi pour mettre en oeuvre le principe
affirmé risque ainsi d'apparaître aux élus soucieux de
répondre aux besoins de leurs administrés comme une
restriction du champ de leurs intervention
s. C'est en tout état
de cause ce qui ressort des propositions formulées en novembre 1999
par l'Avicam
26(
*
)
, le Sipperec
27(
*
)
et deux grandes agglomérations
françaises. Leur objectif est de bénéficier d'un cadre
souple leur permettant d'exercer leur mission d'aménagement du
territoire en limitant au maximum le risque de recours contentieux. Ce
dispositif, dont l'interprétation est complexe, mérite
assurément d'être précisé, dans le souci d'apporter
une visibilité et une sécurité juridiques plus grandes aux
collectivités territoriales
».
Cette analyse confirmait largement ce que le Sénat avait
annoncé et dénoncé dès l'adoption de ces
dispositions par les députés.
L'article L.1511-6 du code général des collectivités
territoriales prévoyait en effet : «
la mise en oeuvre
d'une procé
dure » (non définie) «
de
publicité permettant de constater la carence et d'évaluer les
besoins des opérateurs
» et limitait à une
période de huit ans la durée d'amortissement des investissements
prise en compte pour évaluer le prix de la location (contre plus du
double en général dans le secteur privé).
Se rangeant à cette analyse, le Gouvernement prévoyait d'ailleurs
la modification de cet article dans le projet de loi sur la
société de l'information, déposé en juin 2001
à l'Assemblée nationale, mais non encore inscrit à l'ordre
du jour.
b) Une mesure finalement intégrée dans une loi « fourre-tout »
Changeant subitement son fusil d'épaule, le
Gouvernement a
finalement purement et simplement « importé », par
amendement, ce dispositif législatif dans un texte
« fourre-tout » intitulé « diverses
dispositions d'ordre social, éducatif et culturel »
28(
*
)
où on retrouve pêle-mêle le
covoiturage, la convention UNEDIC, le fonds de réserve des retraites, le
code de la mutualité, le régime des droits d'auteur, ainsi que
diverses dispositions portant sur l'enseignement supérieur, la jeunesse
et les sports.
Si votre commission se félicite de l'amélioration du dispositif
qu'elle avait, quant à elle, préconisée depuis 1999, elle
souhaite toutefois que la participation des collectivités locales au
déploiement de infrastructures à haut débit,
désormais reconnue par la loi, ne serve pas de prétexte à
un transfert de charges vers ces dernières et à un
désengagement des autres partenaires
(opérateurs et, dans le
cadre de la politique d'aménagement du territoire, Etat).
Aucun recensement exhaustif des investissements réalisés par les
collectivités locales en matière de
télécommunications n'est disponible. La Caisse des
Dépôts et Consignations a toutefois répertorié en
juillet 2001
plus de 160 projets de collectivités locales
destinés à favoriser le développement des réseaux
numériques à haut débit en France
dans les zones les
moins bien desservies et les a répartis en 68 projets de construction
d'infrastructures et 94 projets de service.
c) Une action « d'accompagnement » de l'Etat
Lors du
CIADT précité du 9 juillet 2001, le Gouvernement a
décidé de mettre en place
un dispositif de soutien à
ces projets territoriaux
et mandaté en ce sens la Caisse des
Dépôts et Consignations. Ce soutien se traduira par
un
«
accompagnement
» en investissement
, sur les
fonds propres de la Caisse à des dépôts et Consignations,
à hauteur de 230 millions d'euros sur 5 ans. De plus,
les
prêts à taux préférentiel sur 30 ans
peuvent être accordés aux collectivités locales, en
cofinancement avec les établissements de crédit, à
l'intérieur d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros. Par ailleurs,
l'utilisation du réseau de transport d'électricité comme
support d'infrastructures de télécommunications doit faire
l'objet d'expérimentations.
Là encore, l'Etat n'intervient qu'en accompagnement des
collectivités, pour créer un «
effet de
levier
» de ses financements, à charge pour les
collectivités de mobiliser les crédits complémentaires.
2. Le retard au démarrage de la « boucle locale radio »
L'accès à Internet à haut débit
peut
également se faire par l'installation de réseaux de
«
boucle locale radio
» (BLR) utilisant la
technologie hertzienne.
Le tableau suivant détaille les licences obtenues par chaque
opérateur BLR :
LICENCES « BLR » PAR OPÉRATEURS ET PAR RÉGIONS
Nom du candidat |
Licences obtenues |
Belgacom France |
9 licences : Auvergne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Franche-Comté, Haute-Normandie, Pays de la Loire, Picardie |
BLR Services |
11 licences : Alsace, Auvergne, Bourgogne, Centre, Corse, Languedoc-Roussillon, Limousin, Lorraine, Midi-Pyrénées, PACA, Rhône-Alpes |
Broadnet France |
15 licences : Alsace, Aquitaine, Bretagne, Centre, Corse, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes, PACA, Rhône-Alpes |
Cegetel Caraïbes |
2 licences : Guadeloupe, Martinique |
Cegetel La Réunion |
1 licence : La Réunion |
FirstMark Communications |
1 licence : Métropole |
Fortel |
1 licence : Métropole |
LandTel France |
7 licences : Aquitaine, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Ile-de-France, Limousin, Poitou-Charentes |
XTS Network Caraïbes |
3 licences : Guadeloupe, Guyane, Martinique |
XTS Network Océan Indien |
1 licence : La Réunion |
Media Overseas |
1 licence : Guyane |
Source : ART
Mais l'ouverture des services de boucle locale radio au cours du premier
semestre 2001
n'a concerné qu'un nombre limité
d'opérateurs
compte tenu de la forte dégradation des
perspectives du secteur et du contexte financier qui a fortement
handicapé les opérateurs. En effet, sur cette période,
seuls FirstMark Communications, Belgacom, Altitude Telecom, BLR Services et
Broadnet ont démarré leur activité. La défaillance
d'actionnaires (retrait d'UPC du capital de Fortel, faillite de Teligent
propriétaire à 40 % de BLR Services) ont fortement
pesé sur les déploiements. Or, Fortel était titulaire
d'une licence nationale et BLR Services était autorisé à
développer son réseau dans 11 régions. Ces deux
sociétés sont passées à présent sous le
contrôle de LDCom et vendront désormais leurs services de boucle
locale radio à d'autres opérateurs.
FirstMark Communications, qui détient une licence nationale, a
développé son offre de BLR successivement à Nantes, Lyon,
Strasbourg, en Seine Saint-Denis, dans les XVIIème et
XIXème arrondissements de Paris, à Lille et à
Marseille. Avant la fin de l'année 2001, FirstMark Communications
devrait être présent dans 40 unités urbaines situées
dans 18 régions. Belgacom a lancé son réseau de BLR
dans le Nord et l'Ouest de la France, desservant ainsi 7 régions.
L'Auvergne et la Franche-Comté devraient être concernées
à leur tour en décembre prochain. Altitude Telecom s'est
implanté rapidement en Haute et Basse Normandie. BLR services a
démarré son activité à Lyon en avril 2001 et
Broadnet a lancé ses services à Paris en juin dernier.
Ces plans de déploiement sont décevants par rapport aux espoirs
suscités par la BCR, notamment pour les entreprises implantées
dans les villes petites et moyennes.
3. Le déploiement de l'ADSL freiné par l'enlisement du dégroupage
L'« ADSL »
29(
*
)
est une technologie qui permet, au moyen d'un équipement
complémentaire de cette infrastructure, d'avoir accès à
Internet à haut débit sur le réseau
téléphonique commuté.
Compte tenu du retard dans la mise en oeuvre du dégroupage,
rappelé ci-dessus, le déploiement de l'ADSL sur le territoire est
actuellement réalisé par un seul opérateur : France
Télécom.
Au-delà des chiffres de couverture volontaristes annoncés par cet
opérateur, une récente étude, dont les résultats
sont repris dans le rapport précité du Conseil économique
et social
30(
*
)
, apporte un éclairage plus
réaliste et moins enthousiasmant sur la diffusion territoriale de ce
service.
Cette étude, réalisée par le cabinet
« Tactis », détaille par département la
couverture potentielle de la population française en ADSL en
mai 2001. Cette cartographie a été établie à
partir des données fournies par France Télécom en
janvier 2001, recoupées avec les chiffres du recensement de 1999.
Elle tient compte des contraintes propres à l'ADSL et des
paramètres qui déterminent sa diffusion (distance par rapport au
répartiteur ; qualité du réseau ;
diamètre des câbles en cuivre utilisés) qui amènent
à considérer qu'une population déclarée couverte ne
l'est en réalité qu'à 85 % environ.
Cette étude estime qu'en mai 2001, 22 millions de
Français (soit 9 millions de foyers) peuvent réellement
bénéficier de cette technologie.
Les départements de la région parisienne, de la région
Rhône-Alpes et certains départements comme les Alpes maritimes
sont les mieux couverts en pourcentage de population. Parmi les
départements les plus mal desservis figurent notamment les Alpes de
Haute Provence, l'Ariège, la Corrèze, la Haute-Loire, la
Lozère et la Meuse.
Ce constat renforce encore la crainte du creusement du « fossé
numérique » entre zones urbaines et zones faiblement
peuplées.
Par ailleurs, si France Télécom annonce que 65 % de la
population sera couverte fin 2001, la couverture ne représentera pas
65 % en termes de territoire, compte tenu du poids démographique
des grandes villes.
Sur la proposition de son rapporteur pour avis, votre commission a
émis un avis défavorable à l'adoption des crédits
relatifs à la poste et aux technologies de l'information dans le projet
de loi de finances pour 2002.
1
Voir la définition au chapitre
III du
présent rapport
2
Loi portant diverses dispositions d'ordre social,
économique et culturel et loi sur la sécurité quotidienne
3
Autorité de régulation des
télécommunications.
4
Agence nationale des fréquences.
5
Union internationale des télécommunications
6
Union postale universelle
7
Direction générale de l'industrie, des technologies
de l'information et des postes.
8
Chapitre 32-97, article 30
9
Il s'agit des crédits réellement notifiés aux
attributaires
10
Groupement des écoles de télécommunications.
11
Livret d'épargne populaire.
12
Voir notamment : « Sauver La Poste »,
rapport d'information de M. Gérard Larcher, n° 42,
Sénat 1996-1997.
13
Voir notamment les décisions 90/16 du 20 décembre
1989, Courrier rapide aux Pays Bas ; 90/456 du 1
er
août
1990 Courrier rapide international en Espagne, l'arrêt du
12 février 1992 de la CJCE Pays Bas c/ Commission
14
CJCE 19 mai 1993, Paul Corbeau, aff 320/91
15
COM (91) 476 final
16
Voir sur ces points les rapports n°s 346 et 397 de votre
rapporteur, au nom de la Commission des Affaires économiques,
Sénat 1995-1996.
17
JO L 15 du 21.1.1998, p. 14
18
Loi d'orientation, d'aménagement et de
développement durable du territoire du 25 juin 1999 ; loi
autorisant la transposition des directives communautaires par ordonnance,
projet de loi portant mesures urgentes de réformes à
caractère économique et financier, projet de loi portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier...
19
Sénat n° 42, 1996-1997.
20
Le rapport déposé au Parlement faisant le bilan de
la couverture territoriale de la téléphonie mobile au titre de
l'article L. 35-7 du code des postes et
télécommunications, doit être complété d'une
deuxième partie sur le service universel.
21
Il fut même un temps disponible sur le site Internet du
Journal « Les Echos ».
22
Permettant un accès direct à l'abonné pour
des opérateurs autres que France Télécom.
23
Et notamment le dépôt puis le retrait d'un
amendement législatif du Gouvernement au projet de loi portant nouvelles
régulations économiques, laissant finalement la place à la
parution d'un décret.
24
www.ft.com.
25
Déclaration à l'Assemblée nationale le 19
octobre 2001.
26
Association des villes câblées
27
Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris
pour l'électricité et les réseaux de communication.
28
Loi n° 2001-624 du 17 juillet 2001.
29
Asynchronous digital subscriber line.
30
« Hauts débits, mobiles : quelle couverture
territoriale ? »