Projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale - TOME VI : Budget annexe des prestations sociales agricoles
JUILHARD (Jean-Marc)
AVIS 91 - TOME VI (2001-2002) - Commission des Affaires sociales
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-
AVANT-PROPOS
- I. LE BILAN DE LA LÉGISLATURE : MYTHES ET RÉALITÉS DU PLAN PLURIANNUEL DE REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES
-
II. LE PROJET DE BAPSA POUR 2002 : UN EFFORT
IMPORTANT, UN FINANCEMENT CONTESTABLE
-
A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA
NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
- 1. Les prestations d'assurance vieillesse évoluent de manière modérée, malgré les mesures de revalorisation des retraites agricoles
- 2. Les dépenses d'assurance maladie progressent de manière sensible
- 3. Les dépenses de prestations familiales diminuent
- 4. Les autres dépenses semblent nettement sous-estimées
- B. UNE RÉDUCTION DRASTIQUE DE LA SUBVENTION D'ÉQUILIBRE
-
A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA
NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
-
III. LES PERSPECTIVES DU RÉGIME DES
EXPLOITANTS AGRICOLES : TROIS DÉFIS À RELEVER
- A. LA REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES : UNE QUESTION QUI RESTE CENTRALE
- B. LA RÉFORME DE L'ASSURANCE ACCIDENTS DU TRAVAIL : TENIR LES OBJECTIFS FIXÉS
- C. LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE : MAINTENIR LA SPÉCIFITÉ DU RÉGIME, S'ADAPTER DE MANIÈRE PERMANENTE AUX BESOINS DES ASSURÉS
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME VI
BUDGET ANNEXE
DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
Par M. Jean-Marc JUILHARD,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gilbert Chabroux, Jean-Louis Lorrain, Roland Muzeau, Georges Mouly, vice-présidents ; M. Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Claire-Lise Campion, M. Jean-Marc Juilhard, secrétaires ; MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Joël Billard, Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Jean Chérioux, Mme Michelle Demessine, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Claude Domeizel, Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Francis Giraud, Jean-Pierre Godefroy, Mme Françoise Henneron, MM. Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, André Lardeux, Dominique Larifla, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Mme Valérie Létard, MM. Jean Louis Masson, Serge Mathieu, Mmes Nelly Olin, Anne-Marie Payet, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Mmes Janine Rozier, Michèle San Vicente, MM. Bernard Seillier, André Vantomme, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
41
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
La lecture du projet de budget annexe des prestations sociales agricoles
(BAPSA) pour 2002 est à l'évidence relativement
satisfaisante : une nouvelle mesure de revalorisation des retraites
agricoles porte le montant des pensions les plus faibles au niveau du minimum
vieillesse.
Le Gouvernement n'hésitera pas à utiliser cet argument dans la
présentation de son « bilan de législature »
et à mettre l'accent sur un effort financier d'importance.
La réalité est plus complexe : l'amélioration des
pensions de retraite a été rendue possible, dans un contexte de
croissance économique, par la stagnation en francs constants des
dépenses du BAPSA, tandis que l'Etat a réduit son effort
budgétaire au détriment des régimes de
sécurité sociale. Il a par ailleurs décidé, dans
des conditions particulièrement opaques, de reverser
l'intégralité des recettes de CSG au BAPSA, privant ainsi les
caisses de MSA de marges de manoeuvres indispensables pour le financement de
l'action sociale
1(
*
)
.
Au-delà, la législature, qui a coïncidé avec
l'apparition des lois de financement de la sécurité sociale, a
montré une lente dérive du « cadre
comptable » qu'est le BAPSA. Dans ces conditions, sa suppression
prévue, à l'horizon 2005, ne doit pas être ressentie par la
profession comme un recul, mais plutôt comme une occasion à saisir.
Enfin, deux questions restent pendantes.
Le rapport sur le régime de retraite complémentaire obligatoire,
prévu par la loi d'orientation agricole de 1999, a été
enfin déposé. Son contenu ne justifie pas la longue attente dont
il a fait l'objet. La question du financement n'est pas tranchée,
même si M. Germinal Peiro, député de la Dordogne, et
plusieurs de ses collègues du groupe socialiste ont déposé
une proposition de loi, qui serait discutée devant l'Assemblée
nationale le 11 décembre prochain.
La mensualisation des retraites, demandée par les ressortissants du
régime, a été une nouvelle fois repoussée. Cette
réforme, nonobstant ses difficultés, que votre rapporteur pour
avis ne masque pas, devra pourtant être entreprise : elle correspond
à un souhait de plus en plus affirmé des intéressés.
La réforme du régime AAEXA nécessite maintenant
d'être concrétisée. Son succès se déterminera
à l'aune des objectifs ambitieux fixés par le législateur.
Enfin, le régime agricole, souvent peu connu, a fait part, au mois de
mai 2001, de ses orientations stratégiques, qui s'inscrivent dans la
droite ligne des efforts de gestion réalisés ces dernières
années, ainsi que de la politique de proximité conduite par les
caisses de Mutualité sociale agricole.
I. LE BILAN DE LA LÉGISLATURE : MYTHES ET RÉALITÉS DU PLAN PLURIANNUEL DE REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES
Le « plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles » constitue, en matière de politique sociale agricole, le pilier du bilan du Gouvernement.
A. UN EFFORT À RELATIVISER
1. L'objectif « reconstruit » du plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles
Le
Gouvernement explique que l'année 2002 verra l'aboutissement du plan
pluriannuel de revalorisation des retraites, qui aurait été mis
en oeuvre depuis la loi de finances pour 1998.
Ce « plan pluriannuel » est une innovation introduite en
cours de législature. En attestent les trois premières mesures de
revalorisation, intervenues sous la forme d'amendements aux projets de loi de
finances 1998, 1999 et 2000.
Lors de la discussion au Sénat de la loi d'orientation agricole, le
Gouvernement avait opposé l'article 40 à un amendement de la
commission des Affaires sociales, présenté par M. Dominique
Leclerc.
« L'amendement Leclerc » de janvier 1999
Selon
une formule adaptée aux lois d'orientation, l'amendement de la
commission des Affaires sociales était ainsi rédigé :
« La nation se fixe comme objectif de porter, d'ici quatre ans, les
pensions de retraite versées par le régime agricole à un
montant au moins égal au minimum vieillesse, sous réserve d'une
carrière complète en agriculture «
Un tel amendement était -somme toute- mesuré, au regard des
revendications portées par les retraités agricoles. L'objectif a
été du reste atteint en trois ans.
Dans ces conditions, votre commission s'étonne toujours que le
Gouvernement ait cru bon d'invoquer l'article 40, au sujet d'un amendement dont
le but principal était d'accroître la lisibilité de
l'action publique...
Ce n'est qu'au cours de l'automne 1999, et plus encore à la suite des
travaux conduits au nom du groupe socialiste de l'Assemblée nationale
par M. Germinal Peiro, député de la Dordogne
2(
*
)
, qu'a été imaginé le
« concept » du « plan pluriannuel de
revalorisation des retraites ».
2. Un bilan financier apparemment impressionnant
Le
rapport déposé par le Gouvernement en application de l'article 3
de la loi d'orientation agricole rappelle que le plan pluriannuel aura permis
de revaloriser les pensions de près de 30 % pour les chefs
d'exploitation, près de 45 % pour les personnes veuves et près de
79 % pour les conjoints et aides familiaux.
L'effort représenterait
« un effort cumulé de
près de 13 milliards de francs jusqu'en 2001, et poursuivi
jusqu'à fin 2003, de plus de 28,5 milliards de
francs »
3(
*
)
. Selon M. Jean
Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche,
« l'effort dépassera les 20 milliards de
francs »
4(
*
)
.
Votre rapporteur pour avis s'est penché sur les modalités exactes
de calcul de cet « effort ».
Les efforts de revalorisation des petites retraites agricoles (1998-2002)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Cumul
|
Mesures petites retraites 94 |
461 |
445 |
431 |
420 |
410 |
2.167 |
Coût net |
323 |
311 |
302 |
300 |
295 |
1.531 |
Mesures « veuves » loi modernisation 95 |
2.619 |
2.668 |
2.742 |
2.825 |
2.900 |
13.754 |
Coût net |
1.929 |
1.991 |
2.092 |
2200 |
2.300 |
10.512 |
Loi de finances pour 97 |
602 |
760 |
820 |
780 |
750 |
3.712 |
Coût net |
485 |
614 |
670 |
638 |
615 |
3.022 |
Cumul brut 1994-1997 |
|
|
|
|
|
19.633 |
Cumul net 1994-1997 |
|
|
|
|
|
15.065 |
Loi de finances pour 98 |
760 |
1.022 |
1.022 |
1.003 |
973 |
4.780 |
Coût net |
680 |
858 |
859 |
845 |
820 |
4.062 |
Loi de finances pour 99 |
|
1.331 |
1.736 |
1.750 |
1.756 |
6.573 |
Coût net |
|
1.161 |
1.409 |
1.431 |
1.445 |
5.446 |
Loi de finances pour 2000 |
|
|
1.200 |
1.550 |
1.500 |
4.250 |
Coût net |
|
|
1.050 |
1.270 |
1.233 |
3.553 |
Loi de finances pour 2001 |
|
|
|
1.241 |
1.600 |
2.841 |
Coût net |
|
|
|
1.106 |
1.337 |
2.443 |
PLF 2002 |
|
|
|
|
1.608 |
1.608 |
Coût net |
|
|
|
|
1.415 |
1.415 |
Cumul brut législature |
|
|
|
|
|
20.052 |
Cumul net législature |
|
|
|
|
|
16.919 |
Il
ressort du tableau ci-dessus que le coût des mesures prises par le
Gouvernement, sur la période 1998-2002, est estimé à 20
milliards de francs en coût brut, et à 16,9 milliards de francs en
coût net (c'est-à-dire diminué des économies en
résultant pour le Fonds de solidarité vieillesse).
Ce calcul permet également de s'apercevoir que l'effort de
revalorisation avait été en réalité entamé
bien avant 1997. Comme l'a reconnu lui-même M. Jean Glavany,
« le mouvement a été engagé par la
majorité précédente »
5(
*
)
.
Sur la même période 1998-2002, le coût des mesures
décidées entre 1993 et 1997 s'élève à 19,6
milliards de francs en coût brut et à 15,0 milliards de francs en
coût net.
Mais au-delà d'une bataille de chiffres, un tel effort a
été facilité
en dépenses
par la
réduction des effectifs du régime agricole et
en recettes
,
par la croissance économique procurant au régime agricole une
fraction de TVA toujours plus élevée.
3. Un plan rendu possible par la stagnation en francs constants des dépenses du BAPSA
En cinq ans, le régime agricole a perdu ainsi près de 300.000 bénéficiaires du régime maladie et 20.000 bénéficiaires du régime vieillesse.
Effectifs bénéficiaires maladie 1997-2002
Années |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Effectifs maladie |
2.472.311 |
2.405.170 |
2.341.110 |
2.286.128 |
2.232.437 |
2.180.000 |
Effectifs bénéficiaires retraités de droit direct de 65 ans et plus |
1.729.957 |
1.738.459 |
1.730.790 |
1.726.934 |
1.717.954 |
1.709.880 |
De fait, le BAPSA a stagné en francs constants. Depuis 1997, les dépenses du BAPSA ont progressé de 7,59 %, tandis que l'inflation augmenterait sur la même période de 6,66 % 6( * ) .
Dépenses du BAPSA 1997-2002
(en millions de francs)
Années |
1997 exéc. |
1998 exéc. |
1999 exéc. |
2000 exéc. |
2001 prév. |
PLF 2002 |
Dépenses |
86.936 |
88.041 |
89.361 |
90.901 |
92.092 |
93.534 |
Evolution fictive en francs constants |
86.936 |
87.197 |
88.330 |
89.744 |
91.269 |
92.729 |
4. Un effort de l'Etat en voie de diminution
En recettes, le BAPSA a profité d'une augmentation du produit de la TVA qui lui a été affecté, ainsi que d'une affectation d'une partie croissante de C3S.
(en millions de francs)
Années |
1997 exéc. |
1998 exéc. |
1999 exéc. |
2000 exéc. |
2001 prév. |
PLF 2002 |
Concours budgétaires (1) |
7.351 |
7.602 |
5.023 |
6.221 |
5.899 |
2.230 |
Fiscalité affectée (2) |
24.928 |
26.292 |
27.684 |
29.015 |
29.810 |
30.952 |
TOTAL (1+2) |
32.279 |
33.894 |
32.707 |
35.236 |
35.709 |
33.182 |
C3S |
0 |
0 |
1.000 |
1.350 |
1.830 |
3.411 |
Sécurité sociale |
38.243 |
38.031 |
38.291 |
37.500 |
37.075 |
40.236 |
TOTAL recettes |
86.936 |
88.041 |
89.361 |
90.901 |
92.092 |
93.534 |
Part Etat (1+2) |
37,1 % |
38,5 % |
36,6 % |
38,8 % |
38,8 % |
35,5 % |
Cette
présentation revient à démontrer que le plan pluriannuel
des retraites est financé en quelque sorte par une ponction sur le fonds
de roulement du BAPSA, de l'ordre de 1.441 millions de francs, correspondant au
déficit cumulé des exercices 1997-2001, par une ponction sur la
C3S, pour un total de 7.591 millions de francs
7(
*
)
et par la croissance spontanée des recettes
fiscales, pour un montant de 6.024 millions de francs.
La « générosité » dont ferait
preuve l'Etat est ainsi toute relative.
Evolution
du BAPSA 1997-2002 : l'Etat se désengage
Toutes
les « astuces » sont du reste utilisées.
Ainsi, l'Etat a décidé, pour l'année 2002, de verser
l'intégralité de la « compensation » CSG au
BAPSA
8(
*
)
, alors qu'elle était jusqu'alors
éclatée entre le BAPSA pour la part technique et la MSA pour la
part de gestion, puisque les cotisations d'assurance maladie basculées
étaient réparties entre ces deux affectations. La
conséquence de cette « astuce » est de priver les
caisses de MSA d'une recette de 370 millions de francs, nécessaire au
financement de l'action sociale des caisses.
Votre rapporteur pour avis constate de surcroît que la gestion
budgétaire du BAPSA, sur la période 1997-2002, a
été particulièrement déficiente.
B. UNE GESTION BUDGÉTAIRE DÉFICIENTE
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur la gestion budgétaire pour le moins défaillante du BAPSA. Les recettes professionnelles sont constamment surestimées et les dépenses maladie sous-estimées, ce qui conduit à des déficits d'exécution importants. Pour ne pas augmenter de manière trop importante les dépenses budgétaires, le Gouvernement recourt à une imposition affectée à la sécurité sociale, la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S), qui lui sert de variable d'ajustement.
1. Un constat : une succession de déficits
M.
Charles de Courson, rapporteur spécial de la commission des Finances de
l'Assemblée nationale, déplore la sous-estimation du
déficit d'exécution du BAPSA, en considérant
« qu'il ne s'agit pas d'une fatalité liée à
un aléa impossible à prévoir, mais bien d'une
volonté délibérée de minimiser le déficit
d'exécution, avec des conséquences sur la sincérité
à la fois de la loi de finances et de la loi de financement de la
sécurité sociale »
9(
*
)
.
Votre rapporteur pour avis s'est efforcé d'étayer ce constat, en
analysant l'ensemble des BAPSA de la législature. Celle-ci se
caractérise en effet par une succession de déficits.
Les dépenses du BAPSA pour 1997
se sont élevées
à 86,9 milliards de francs, dont 33,7 milliards de francs de prestations
maladie-maternité-invalidité, 47,8 milliards de francs de
prestations vieillesse, 12,4 milliards de francs en assurance-veuvage et 4,3
milliards de francs de prestations familiales.
Ces dépenses ont été inférieures de 240 millions de
francs au montant inscrit en loi de finances, principalement en raison de
dépenses d'assurance maladie moins élevées que
prévu. Cette économie, associée aux moindres
dépenses de prestations familiales et à un moindre montant des
intérêts, compense le dépassement des dépenses
d'assurance vieillesse, occasionné par les mesures en faveur des petites
retraites.
Les recettes du BAPSA pour 1997 se sont élevées à 86,4
milliards de francs. La moins-value de recettes a atteint 760 millions de
francs.
Le financement professionnel a apporté 15,8 milliards de francs au BAPSA
en 1997, soit un montant supérieur de 165 millions de francs à
celui prévu en loi de finances initiale, mais inférieur de 405
millions de francs à celui estimé en loi de finances
rectificative.
Le versement de la compensation démographique a été
supérieur de 840 millions de francs à celui inscrit en loi
de finances initiale.
Les moins-values de recettes les plus importantes ont concerné la TVA
affectée au BAPSA (- 1,2 milliard de francs) et la subvention
d'équilibre de l'Etat (- 620 millions de francs).
Au total, l'exécution du BAPSA 1997 s'est soldée par un
déficit de 520 millions de francs qui aurait pu être
évité. En effet, le Gouvernement, à l'occasion de la loi
de finances rectificative de décembre 1997, avait -prétextant
d'une progression très importante du financement professionnel, qui ne
s'est pas avérée- réduit la subvention d'équilibre
du budget général.
Les dépenses du BAPSA pour 1998
se sont élevées
à 88 milliards de francs, dont 33,8 milliards de francs de prestations
maladie-maternité-invalidité, 48,7 milliards de francs de
prestations vieillesse et d'assurance veuvage et 4,1 milliards de francs de
prestations familiales.
Ces dépenses ont été inférieures de 140 millions de
francs au montant inscrit en loi de finances, principalement en raison de
dépenses d'assurance vieillesse moins élevées que
prévu.
Les recettes du BAPSA pour 1998 se sont élevées à 88
milliards de francs, soit un montant inférieur aux prévisions de
180 millions de francs.
Le financement professionnel a apporté 15,9 milliards de francs au BAPSA
en 1998, soit un montant inférieur de 383 millions de francs à
celui prévu en loi de finances initiale.
Le versement de la compensation démographique a été
supérieur de 873 millions de francs à celui inscrit en loi
de finances initiale.
Le rendement des recettes affectées a été supérieur
de 1,14 milliard de francs. En conséquence, la subvention
d'équilibre de l'Etat a été diminuée de 827
millions de francs.
Les dépenses du BAPSA pour 1999
ont été plus
élevées de 600 millions de francs que prévu, en
raison exclusivement de la dérive des dépenses d'assurance
maladie.
Les dépenses du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 (réalisation) |
Assurance maladie, maternité, invalidité |
33.794 |
34.442 |
Modernisation assurance maladie |
100 |
58 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
Prestations familiales |
3.948 |
4.081 |
Assurance vieillesse |
50.285 |
49.725 |
Etudiants et praticiens |
750 |
755 |
Etalement et prise en charge de cotisations |
100 |
100 |
Intérêts |
173 |
187 |
TOTAL |
89.162 |
89.740 |
En
revanche, les dépenses d'assurance vieillesse ont été
surestimées de près de 560 millions de francs.
S'agissant des recettes, la surestimation du financement professionnel est
compensée par un produit, supérieur aux prévisions, de la
cotisation de TVA affectée ainsi que de versements plus favorables de la
compensation démographique.
Les recettes du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 réalisations |
Financement professionnel |
16.955 |
16.436 |
Taxes |
28.586 |
28.701 |
Sécurité sociale |
38.212 |
38.670 |
Etat |
5.359 |
5.022 |
Recettes diverses |
50 |
63 |
TOTAL |
89.162 |
88.860 |
L'évolution du financement professionnel montre que les cotisations ont été surestimées de près de 800 millions de francs.
Recettes de cotisations BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 (réalisation) |
Cotisations |
12.263 |
11.448 |
Allocations familiales (PFA) |
2.071 |
1.995 |
Retraite forfaitaire (AVI) |
1.666 |
1.592 |
Retraite proportionnelle (AVA) |
4.283 |
3.885 |
Maladie (AMEXA) |
4.182 |
3.914 |
Assurance veuvage |
47 |
48 |
Assurance personnelle |
1 |
1 |
DOM |
13 |
11 |
CSG maladie |
4.428 |
4.762 |
Cotisations de solidarité |
264 |
226 |
TOTAL |
16.955 |
16.436 |
Ce
résultat s'explique principalement en raison de la baisse des revenus
agricoles et de la surestimation des cotisations de retraite proportionnelle.
La loi de finances initiale pour 1999 avait anticipé une application des
dispositions de la loi d'orientation agricole.
Au total, l'exécution du BAPSA 1999 s'est soldée par un
déficit de 880 millions de francs.
La diminution de la
subvention d'équilibre, par la loi de finances rectificative pour 1999,
était ainsi particulièrement malencontreuse.
Les dépenses du BAPSA pour 2000
ont été plus
élevées de près de 2 milliards de francs que
prévu, en raison de la dérive des dépenses d'assurance
maladie, d'une enveloppe « AGRIDIF » plus
élevée que prévue et de charges d'intérêts
sous-estimées.
Les dépenses du BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 (réalisation) |
Assurance maladie, maternité, invalidité |
33.341 |
34.816 |
Prestations invalidité |
418 |
429 |
Allocations de remplacement |
100 |
54 |
Contribution modernisation AM |
100 |
15 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
Prestations familiales |
3.801 |
3.948 |
Assurance vieillesse |
50.291 |
50.187 |
Etudiants et praticiens |
798 |
761 |
Etalement et prise en charge de cotisations |
90 |
190 |
Intérêts |
230 |
398 |
TOTAL |
89.181 |
91.069 |
En
revanche, les dépenses d'assurance vieillesse ont été
légèrement surestimées.
S'agissant des recettes, la surestimation du financement professionnel est
compensée par un produit, supérieur aux prévisions, de la
cotisation de TVA affectée ainsi que de versements plus favorables de la
compensation démographique.
Les recettes du BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 réalisations |
Financement professionnel |
16.726 |
15.890 |
Taxes |
28.719 |
29.032 |
Sécurité sociale |
39.602 |
39.022 |
Etat |
3.536 |
5.700 |
Recettes diverses |
80 |
412 |
TOTAL |
89.181 |
90.546 |
L'évolution du financement professionnel montre une surestimation de plus de 800 millions de francs, imputable en majeure partie à des moins values de cotisations.
Recettes de cotisations BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 (réalisation) |
Ecart |
Cotisations |
12.251 |
11.499 |
- 752 |
Allocations familiales (PFA) |
2.060 |
1.967 |
- 93 |
Retraite forfaitaire (AVI) |
1.627 |
1.550 |
- 77 |
Retraite proportionnelle (AVA) |
4.361 |
4.018 |
- 343 |
Maladie (AMEXA) |
4.140 |
3.895 |
- 245 |
Assurance veuvage |
49 |
48 |
- 1 |
Assurance personnelle |
1 |
0 |
- 1 |
DOM |
13 |
21 |
+ 8 |
CSG maladie |
4.239 |
4.189 |
- 50 |
Cotisations de solidarité |
236 |
226 |
- 10 |
TOTAL |
16.726 |
15.914 |
- 812 |
Ce
résultat s'explique principalement en raison de la baisse des revenus
agricoles et de la surestimation des cotisations de retraite proportionnelle.
Au total, l'exécution du BAPSA 2000 s'est soldée par un
déficit de 523 millions de francs.
2. Une conséquence : la diminution drastique du fonds de roulement
Ce déficit est « financé » par le fonds de roulement du BAPSA. Les réserves de ce fonds ont diminué, de 1997 à 2000, de manière drastique.
Fonds de roulement du BAPSA 1997 - 2000
(au 31 décembre de chaque année, en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2.174 |
1.650 |
1.612 |
732 |
209 |
En
effet, le déficit 2000 (523 millions de francs) intervient après
ceux de 1997 (500 millions de francs), 1998 (38 millions de francs) et 1999
(880 millions de francs).
Cette diminution du fonds de roulement oblige le régime des exploitants
agricoles à recourir davantage à l'emprunt.
Le plafond d'avances consenti au régime agricole, qui était de
8,5 milliards de francs en 1997 et en 1998, a été
porté à 10,5 milliards de francs en 1999 et en 2000, puis
à 13,5 milliards de francs en 2001. Le projet de loi de financement de
la sécurité sociale pour 2002 prévoit un plafond de
14,5 milliards de francs.
Cette « dépendance » accrue vis-à-vis de
l'emprunt explique la brusque montée des frais financiers du BAPSA.
La
montée irrésistible des charges d'emprunt (en MF)
3. Une inquiétude : le déficit prévisionnel pour 2001
Les
perspectives de réalisation pour 2001 ne sont guère rassurantes.
Les dépenses du BAPSA
seraient supérieures de plus d'1,4
milliard de francs aux prévisions retenues l'année
dernière, en raison principalement d'une sous-estimation majeure des
dépenses d'assurance maladie.
Dépenses du BAPSA en 2001
(en millions de francs)
|
|
LFI 2001 |
2001 prévisions de réalisation |
Ecart |
Titre IV |
Interventions publiques |
|
|
|
46-01 |
Assurance maladie (AMEXA) |
34.100 |
35.347 |
+ 1.247 |
46-02 |
Invalidité |
425 |
425 |
- |
46-03 |
Remplacement |
100 |
100 |
- |
46-07 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
50 |
50 |
- |
46-04 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
- |
46-05 |
Etalement et prise en charge des cotisations sociales |
170 |
170 |
- |
46-92 |
Prestations familiales |
3.908 |
3.947 |
+ 39 |
46-96 |
Assurance vieillesse (AVA) |
50.895 |
51.036 |
+ 141 |
46-97 |
Etudiants et praticiens |
750 |
755 |
+ 5 |
Titre I |
Intérêts |
230 |
350 |
+ 120 |
Total général hors restitution de TVA |
90.640 |
92.092 |
+ 1.452 |
Le dérapage des dépenses d'assurance maladie apparaît ainsi considérable : 1.247 millions de francs. Ce dépassement porte pour 4/5 èmes sur les soins de ville et pour 1/5 ème sur la participation du régime au financement des dépenses médico-sociales pour les personnes âgées.
Dépenses maladie maternité
écarts
entre
la LFI 2001 et les nouvelles prévisions
(en millions de francs)
Soins de ville |
+ 916 |
Etablissements hors budget global |
+ 202 |
Budget global |
- 39 |
Autres |
+ 50 |
DOM |
+ 38 |
En soins
de ville, la nouvelle prévision de réalisation
s'élève à 16.047 millions de francs, le
surcroît de dépenses par rapport à la LFI 2001 provenant
pour une partie du « rebasement » de l'année 2000 et
pour une autre partie de la révision des évolutions retenues en
2001.
Le dépassement provient pour l'essentiel des prescriptions.
Les autres dépenses restent stables, à l'exception des charges
financières, sous-estimées par la loi de finances pour 2001.
S'agissant des recettes
, les perspectives font apparaître une
augmentation apparente de 190 millions de francs par rapport aux
prévisions retenues par la loi de finances initiale. Cette variation
globale masque principalement une surestimation des cotisations sociales et des
plus-values en matière de TVA (500 millions de francs).
Recettes du BAPSA en 2001
(en millions de francs)
Comptes agrégés |
LFI 2001 |
2001 révisé |
Ecart |
Contributions professionnelles |
16.626 |
16.153 |
- 473 |
Taxes |
29.236 |
29.810 |
- 574 |
C3S |
1.830 |
1.830 |
0 |
Sécurité sociale + FSV |
36.974 |
37.075 |
+ 101 |
Etat |
5.403 |
5.403 |
0 |
Recettes diverses |
75 |
75 |
0 |
Total |
90.640 |
90.830 |
+ 190 |
Les cotisations auraient été surestimées de plus de 500 millions de francs.
Les cotisations sociales en 2001
(en millions de francs)
|
LFI 2001 |
Révisé |
Evolution |
Cotisations |
11.839 |
11.301 |
- 538 |
Cotisations prestations familiales |
2.004 |
1.966 |
- 38 |
Cotisations AVI |
1.612 |
1.555 |
- 57 |
Cotisations AVA |
4.166 |
3.896 |
- 270 |
Cotisations AMEXA |
3.994 |
3.821 |
- 173 |
Cotisations d'assurance veuvage |
49 |
49 |
- |
Cotisations d'assurance volontaire et personnelle |
1 |
1 |
- |
Cotisations acquittées dans les DOM |
13 |
13 |
- |
Le déséquilibre du BAPSA pour 2001 apparaît ainsi massif : 1,263 milliard de francs .
4. Une astuce navrante : le recours à la C3S
Selon l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, le BAPSA devait définitivement perdre une de ses recettes, la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S). En effet, la loi de financement de la sécurité sociale avait prévu d'attribuer les excédents de C3S au FSV pour financer le « fonds de réserve » pour les retraites. Le BAPSA devait disposer, pour une dernière fois en 1999, de 1 milliard de francs, afin de financer une mesure de revalorisation des retraites 10( * ) .
La contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S)
Créée par la loi du 3 janvier 1970, la C3S a pour
objectif de compenser aux régimes des non-salariés les effets de
l'extension du salariat.
L'assiette de cette imposition de toute nature est le chiffre d'affaires hors
taxes de l'année civile N-1.
Seules les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur ou
égal à 5 millions de francs (762.245,09 euros) sont
redevables de la contribution (20 % des entreprises).
Le taux de la contribution est fixé à 0,13 % du chiffre
d'affaires minoré d'éventuelles déductions (sous
réserve des taux réduits).
Son produit s'élève en 2002 à 19,8 milliards de francs
(3,0 milliards d'euros).
Certes, la C3S est acquittée par les sociétés agricoles,
à condition que le chiffre d'affaires dépasse 5 millions de
francs. Il n'était donc pas totalement « illogique »
que le régime des exploitants agricoles bénéficiât
de cette ressource.
Pour autant, votre commission ne s'était pas opposée à ce
que le BAPSA perde cette source de financement, le régime agricole
disposant déjà d'un arsenal tout à fait complet de
fiscalité affectée. De surcroît, cette recette
s'était avérée « virtuelle », à
l'exception du précédent fâcheux des années
1992-1993. Le régime des exploitants agricoles en avait alors
profité, à l'occasion d'un tour de passe-passe budgétaire
consistant à réduire le déficit budgétaire par un
« siphonnage »
11(
*
)
des
réserves de C3S : l'affectation de ces excédents avait
permis de réduire la subvention d'équilibre.
Malheureusement,
« l'Histoire bégaye »
, comme
l'a rappelé M. Dominique Leclerc, rapporteur pour la branche
vieillesse du projet de loi de financement de la sécurité sociale
pour 2002
12(
*
)
.
Le BAPSA a tout d'abord bénéficié en loi de finances pour
2000, par dérogation à la règle posée par la loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999, d'une nouvelle
affectation de C3S (1.350 millions de francs). Cette recette a
été portée, par la loi de finances rectificative, à
1.830 millions de francs.
Une telle pratique était susceptible d'être censurée par le
Conseil constitutionnel. En effet, si l'article fixant les prévisions de
recettes en loi de financement prévoit bien, à la
catégorie « impôts et taxes », la C3S, les
conventions comptables utilisées par le ministère de l'emploi et
de la solidarité ne retiennent que le seul produit affecté
explicitement aux régimes de sécurité sociale (CANAM,
ORGANIC, CANCAVA et donc régime des exploitants agricoles). Le
« solde » de la C3S, affecté par voie
d'arrêtés interministériels au Fonds de solidarité
vieillesse ou au Fonds de réserve, n'est pas inclus dans cette
catégorie de recettes.
De sorte que la disposition de l'article 3 du projet de loi de finances
rectificative pour 2000 revenait
rétroactivement
sur la
catégorie « impôts et taxes » des
prévisions de recettes de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000 et modifiait les comptes du Fonds de
solidarité vieillesse, présentés à l'annexe
f)
du projet de loi de financement de la sécurité sociale
pour 2001.
Or, la loi organique du 22 juillet 1996 relative aux lois de financement de la
sécurité sociale a bien prévu que
« seules
des lois de financement peuvent modifier »
13(
*
)
les cinq dispositions faisant partie du domaine
« réservé » de la loi de financement :
les orientations de la politique de santé et de sécurité
sociale et les objectifs qui déterminent les conditions
générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale, les recettes par catégorie de l'ensemble
des régimes obligatoires de base et des organismes créés
pour concourir à leur financement, les objectifs de dépenses des
régimes de base comptant plus de 20.000 cotisants actifs ou
retraités titulaires de droits propres, l'objectif national de
dépenses d'assurance maladie (ONDAM) et les plafonds d'avances de
trésorerie.
Saisi de cet article, le Conseil constitutionnel a considéré,
dans sa décision n° 2000-441 DC du 28 décembre 2000,
que
« la mesure prévue par l'article critiqué, qui
trouve sa place dans une loi de finances, n'a pas sur les conditions
générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale pour l'année 2000 une incidence telle
qu'elle aurait dû, au préalable, être prise en compte par
une loi de financement de la sécurité sociale »
.
L'enjeu portait sur 350 millions de francs. Dans la même décision,
il a annulé une disposition affectant au FOREC, pour le compte de
l'exercice 2000, 3 milliards de francs, considérant que l'ampleur de la
modification était de nature à modifier l'équilibre de la
loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, qui ne
pouvait plus être revue.
L'article 38 de la loi de finances pour 2001
a réintroduit le
régime des non-salariés comme bénéficiaire de la
C3S et fixé le montant du transfert à 1.830 millions de francs,
ce qui a permis de réduire la subvention d'équilibre du BAPSA de
350 millions de francs.
Toute cette « tuyauterie » ne concernait en rien les
besoins du régime agricole : le Gouvernement ne voulait pas assurer
la prise en charge par l'Etat de l'exonération de CRDS pour les
chômeurs non imposables. Il avait donc décidé
« d'autofinancer » la compensation de cette mesure
d'exonération de CRDS à la CADES par la diminution de la
subvention d'équilibre au BAPSA... compensée par une augmentation
de la C3S affectée au BAPSA.
Au total, le « perdant », car il faut nécessairement
un perdant dans cette politique digne du « Sapeur
Camember », est le Fonds de solidarité vieillesse,
amputé à nouveau de 350 millions de francs, et le Fonds de
réserve des retraites.
Mais seul le principe de l'affectation a été fixé dans la
loi. Le montant devra ainsi être fixé chaque année par la
loi de finances ; en conséquence,
l'article 18 du projet de
loi de finances pour 2002
prévoit une affectation de C3S de 520
millions d'euros (3.411 millions de francs).
L'article 8 du projet de loi de finances rectificative pour 2001
prévoit une affectation supplémentaire de C3S, afin de financer
le déficit prévisionnel, de 1.542 millions de francs, portant
ainsi cette recette, pour l'exercice 2001, de 1.830 à 3.372 millions de
francs.
Mais
l'article 7 de la loi portant diverses dispositions d'ordre social,
éducatif et culturel
(DDOSEC) a supprimé le dispositif
introduit par
l'article 38 de la loi de finances pour 2001
. De
sorte que
l'article 8 du projet de loi de finances rectificatif pour
2001
et
l'article 18 du projet de loi de finances pour 2002
sont
doublement contradictoires avec la rédaction actuelle de l'article
L. 651-2-1 du code de la sécurité sociale :
-
le régime des non-salariés non agricoles n'est pas
prévu comme bénéficiaire de la C3S ;
-
la C3S vient alimenter le BAPSA « en
général » et non la seule branche d'assurance
vieillesse, qui devrait pourtant être la seule concernée.
C. UN CADRE COMPTABLE DE MOINS EN MOINS PERTINENT
Dès l'origine, la création du BAPSA reposait sur une interprétation audacieuse de l'article 20 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances, précisant les conditions d'existence des budgets annexes ; en effet, il est difficile de penser qu'un régime de protection sociale produise « des biens » et rende des « services donnant lieu à paiement de prix » .
1. Un cadre tronqué : l'exemple de l'AAEXA
Le BAPSA
ne décrit qu'une partie du régime agricole, puisqu'il exclut par
définition les salariés agricoles.
Mais, même pour les exploitants agricoles, il ne décrit qu'une
partie des opérations :
- les dépenses de gestion et d'action sanitaire et sociale en
faveur des exploitants ne sont pas recensées :
en
conséquence, le BAPSA ne retrace pas l'ensemble de l'effort contributif
des exploitants agricoles
: les cotisations dites
« complémentaires », évaluées à
3,1 milliards de francs en 2000 ne sont pas prises en compte dans le
BAPSA ; à l'inverse,
le BAPSA prend en compte les cotisations de
solidarité, qui ne sont pas génératrices de
droit ;
- le régime actuel d'assurance accidents des exploitants agricoles
(AAEXA) est exclu du BAPSA : une telle situation est -il est vrai-
logique, s'agissant d'un mécanisme concurrentiel, où les
cotisations sont librement fixées par les organismes assureurs.
Mais, compte tenu de l'adoption définitive par l'Assemblée
nationale, le 5 novembre 2001, de la loi portant réforme de l'AAEXA, qui
doit entrer en vigueur à partir du 1
er
avril 2002, une telle
exclusion apparaît désormais injustifiée. Désormais,
les cotisations seront fixées par arrêté
ministériel, ce qui les bascule dans le champ des
prélèvements obligatoires. L'argument selon lequel le
régime est « auto équilibré » et n'a
donc pas à être intégré au BAPSA apparaît
spécieux : la création du nouveau
« régime », qui constitue désormais une
véritable « branche » de sécurité
sociale
14(
*
)
, a été du reste prise
en compte dans les prévisions de recettes et les objectifs du projet de
loi de financement de la sécurité sociale pour 2002.
2. Un cadre fragilisé : l'existence des lois de financement de la sécurité sociale
La
révision constitutionnelle du 22 février 1996, créant les
lois de financement de la sécurité sociale, et la loi organique
du 22 juillet 1996, qui précise le contenu de ces lois, ont abouti
à cette conséquence quelque peu absurde : le Parlement se
prononce
deux fois
sur les dépenses et les recettes du
régime agricole. En effet, le Parlement fixe désormais les
prévisions de recettes des régimes de base
par
catégorie
et des organismes concourant à leur financement,
ainsi que les objectifs de dépenses
par branche
.
Certes, la loi de financement de la sécurité sociale est
aujourd'hui un cadre allusif et implicite, puisque le Parlement ne se prononce
pas sur le financement de chaque régime. La sollicitude des pouvoirs
publics envers le monde agricole, l'existence d'un financement dépendant
étroitement de la solidarité nationale et la tutelle du
ministère de l'agriculture sur ce régime expliquent
également tout l'intérêt de conserver le BAPSA.
Cependant, le Gouvernement a usé et abusé de l'existence de deux
projets de loi de finances publiques. En effet, il dispose de la faculté
d'inscrire l'intégralité des dispositions concernant le
régime agricole dans le PLF ou dans le PLFSS, ou de se livrer à
un curieux mélange.
Le cas de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2001,
comprenant une réforme des périodes de référence
des assiettes de cotisations, et de la loi de finances pour 2001, comprenant
notamment la quatrième étape de revalorisation des petites
retraites agricoles, a montré qu'aucune logique ne présidait
à la « répartition » de ces mesures entre les
deux projets de loi.
L'utilisation pour financer le BAPSA de la C3S, imposition affectée
à la sécurité sociale et dont le produit est compris au
sein de la catégorie « impôts et taxes » des
recettes de la loi de financement, a nécessité dans les trois
dernières années de coordonner de manière incessante
projet de loi de finances et projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
De manière plus générale, la gestion budgétaire
du BAPSA est une gestion à courte vue.
3. Un cadre étriqué : une gestion budgétaire à courte vue
Une
réflexion sur le financement, à moyen et long terme, du
régime des exploitants agricoles s'impose.
En effet, deux catégories de recettes, dans un avenir proche, ne
pourront guère être mobilisées :
- il sera difficile d'augmenter la part des contributions
professionnelles,
surtout dans l'hypothèse de la constitution d'un
régime complémentaire obligatoire vieillesse, qui
nécessitera de toute façon un effort supplémentaire des
exploitants. Le « ratio démographique »
-c'est-à-dire le rapport cotisants actifs/bénéficiaires
(retraités titulaires de droits propres de plus de 65 ans)- s'est
dégradé de manière impressionnante depuis une vingtaine
d'années :
Ratio démographique du régime des exploitants agricoles
Années |
1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ratio démographique |
1,24 |
1,05 |
0,73 |
0,48 |
0,44 |
0,41 |
0,40 |
- la compensation démographique sera affectée par la dégradation de la situation des régimes de retraite. Or, le BAPSA est le seul régime à bénéficier de la compensation généralisée du risque maladie (8,8 milliards de francs prévus au titre de l'année 2002). Il reçoit 70 % des transferts issus de la compensation généralisée vieillesse.
Prévisions de transferts de compensation généralisée du risque vieillesse en 2002
Régimes qui versent |
Montant en millions de francs |
Régimes qui reçoivent |
Montant en millions de francs |
Régime général |
12.797,1 |
BAPSA |
27.532,5 |
Fonctionnaires |
11.576,3 |
ORGANIC |
5.283,7 |
CNRACL |
10.084,0 |
CANCAVA |
2.146,9 |
CNAVPL |
2.715,7 |
Autres régimes |
3.729,1 |
Autres régimes |
1.519,2 |
|
|
Total |
38.692,3 |
Total |
38.692,3 |
Source : d'après Commission des comptes de la
sécurité sociale, septembre 2001, p. 115.
Enfin, les quatre « petites » taxes du BAPSA, taxe sur les
farines, taxe sur les tabacs, taxe sur les corps gras alimentaires, droits sur
les alcools, pourraient être supprimées sans dommage, au nom de la
simplification de notre système fiscal et de la meilleure
lisibilité du financement de notre protection sociale. Aucune ne
rapporte plus de 700 millions de francs. Leur total ne dépasse pas
1,7 milliard de francs.
Afin d'assurer le financement du BAPSA dans les prochaines années, il
apparaît ainsi inéluctable de relever le montant de TVA
affectée ou d'augmenter le montant de la subvention d'équilibre
du budget général.
4. Un cadre condamné : chronique d'une disparition annoncée
Si la
loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances
n'a pas supprimé les budgets annexes, la rédaction de son article
18 rend encore plus rigoureuses les conditions qui autorisent d'y recourir. Il
ressort du texte final et des travaux parlementaires que le législateur
organique a estimé nécessaire de
« sauvegarder » le seul budget annexe de l'aviation civile.
Le BAPSA disparaîtra ainsi au plus tard le 1
er
janvier 2005,
le projet de loi de finances pour 2004 étant le dernier à
présenter ce budget annexe.
L'idée avancée par le ministère de l'agriculture de
créer un « établissement public » pour
percevoir les impôts et taxes affectés au régime de
protection sociale des exploitants agricoles apparaît tout à fait
étrange, et de nature à accroître encore davantage la
complexité de notre protection sociale.
Votre rapporteur pour avis observe que la disparition du BAPSA ne
présentera aucune conséquence sur les assujettis du régime
agricole. L'existence d'une subvention d'équilibre n'est pas
spécifiquement liée au cadre d'un budget annexe : un grand
nombre de régimes spéciaux bénéficient d'une telle
subvention, sans pour autant disposer de ce cadre comptable. Du reste,
l'exécution, systématiquement déficitaire du BAPSA depuis
1997, ainsi que l'utilisation contestable de la C3S, montrent le
caractère quelque peu illusoire de l'actuelle subvention
d'équilibre, devenue une recette parmi d'autres.
II. LE PROJET DE BAPSA POUR 2002 : UN EFFORT IMPORTANT, UN FINANCEMENT CONTESTABLE
Le budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) s'élève dans le projet de loi de finances pour 2002 à 93,53 milliards de francs, en progression de 3,19 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2001. Cette évolution apparemment flatteuse doit être relativisée : l'augmentation par rapport aux prévisions revues de dépenses pour 2001 serait de 1,57 %.
A. DES DÉPENSES STABILISÉES MALGRÉ LA NOUVELLE MESURE DE REVALORISATION DES RETRAITES
Les dépenses du BAPSA s'établissent comme suit :
Les dépenses du BAPSA en 2002
(en millions de francs)
|
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution en % |
Titre IV |
Interventions publiques |
|
|
|
46-01 |
Assurance maladie (AMEXA) |
34.100 |
35.836 |
5,1 |
46-02 |
Invalidité |
425 |
419 |
- 1,4 |
46-03 |
Remplacement |
100 |
100 |
0,00 |
46-07 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
50 |
50 |
0,00 |
46-04 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
0,00 |
46-05 |
Etalement et prise en charge des cotisations sociales |
170 |
80 |
- 52,9 |
46-92 |
Prestations familiales |
3.908 |
3.871 |
- 0,9 |
46-96 |
Assurance vieillesse (AVA) |
50.895 |
52.116 |
2,40 |
46-97 |
Etudiants et praticiens |
750 |
750 |
0,00 |
Titre I |
Intérêts |
230 |
300 |
30,4 |
Total général hors restitution de TVA |
90.640 |
93.534 |
3,2 |
Les
dépenses du BAPSA par branche
1. Les prestations d'assurance vieillesse évoluent de manière modérée, malgré les mesures de revalorisation des retraites agricoles
Les
prestations d'assurance vieillesse représentent, avec un montant de
52,116
milliards de francs
, le principal poste de
dépenses. Elles augmentent de 2,4 %.
L'évolution est différente selon les prestations contributives ou
non.
Les retraites proprement dites (retraites forfaitaires et retraites
proportionnelles, pensions de réversion) progressent de 3,3 % par
rapport à celles prévues dans le BAPSA de 2001, malgré la
légère diminution prévisible du nombre de retraités.
Deux mesures expliquent cette augmentation des dépenses d'assurance
vieillesse :
-
•
L'application en année pleine de la mesure votée
en loi de finances initiale pour 2001
;
• Une mesure significative de relèvement des retraites les plus faibles introduite par le projet de loi. Cette mesure entraînerait un coût de 1,6 milliard de francs en 2002 (2,15 milliard de francs en année pleine). Elle permettrait, pour les agriculteurs ayant cotisé 150 trimestres dans le régime, d'augmenter de manière importante le montant minimum mensuel perçu.
La mesure de revalorisation des retraites agricoles du BAPSA pour 2002
(en francs)
|
Augmentation mensuelle |
Montant minimum mensuel
|
Chefs d'exploitation |
220,00 |
3.720,00 |
Veufs et veuves |
445,00 |
3.720,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-seuls |
155,00 |
2.955,00 |
Aides familiaux et/ou carrière mixte-mariés |
155,00 |
2.955,00 |
Elle vient à la suite d'un effort continu depuis 1994.
La
revalorisation des petites retraites des non-salariés agricoles :
un
effort continu depuis 1994
La loi
du 18 janvier 1994 (décret d'application n° 94-714 du
18 août 1994)
a permis la prise en compte pour le calcul de la
retraite proportionnelle des chefs d'exploitation, de tout ou partie des
années pendant lesquelles ils ont été aides familiaux, ces
années donnant lieu à l'attribution de points de retraite
gratuits. Pour les exploitants déjà retraités avant 1994,
la carrière a été reconstituée fictivement ; pour
ceux retraités à compter de 1994, le nombre de points gratuits
est calculé en fonction de leur carrière réelle. Pour en
bénéficier, l'intéressé doit justifier d'un minimum
de 17,5 années de chef d'exploitation et de 32,5 années
de non-salarié agricole.
Le décret n° 95-289 du 15 mars 1995 portant
application de l'article 71 de la loi de modernisation agricole
a
rendu possible le cumul des droits propres et des droits dérivés
pour les veufs et les veuves. L'interdiction de cumul a été
levée par tiers sur trois ans de 1995 à 1997 : la retraite
personnelle peut ainsi être cumulée avec une pension de
réversion correspondant à 54 % de la retraite
proportionnelle du décédé et d'un tiers de la retraite
forfaitaire dudit décédé en 1995, des deux tiers en 1996,
et de la totalité à partir de 1997. Quant aux veufs et veuves
déjà titulaires d'une pension de réversion avant 1995 et
s'étant acquis des droits à une retraite personnelle, ils
bénéficient d'une majoration forfaitaire de 6.000 francs
mise en place par tiers sur trois ans de 1995 à 1997.
La loi de finances pour 1997
a instauré un ensemble de mesures
concernant les chefs d'exploitation, et les autres actifs, conjoints et aides
familiaux (
décret d'application n° 97-163 du
24 février 1997
). Une majoration forfaitaire de
1.000 francs en 1997 et de 1.500 francs à compter de 1998 a
été accordée aux conjoints, aides familiaux et chefs
d'exploitation ayant une carrière courte (moins de 17,5 ans),
à condition d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de
justifier d'un minimum de 32,5 années de non-salarié
agricole.
Pour les chefs d'exploitation à carrière longue, retraités
avant 1997, des majorations de points ont été accordées
pour les bénéficiaires justifiant de retraite d'au moins
32,5 années d'activité non salariée agricole, dont au
moins 17,5 années en tant que chef d'exploitation. Pour les chefs
d'exploitation retraités depuis 1997, des majorations de points de
retraite ont été attribuées aux intéressés
justifiant de 37,5 années, tous régimes confondus et
17,5 années de chef ou assimilé.
La loi de finances pour 1998
a complété les dispositifs
précédents en relevant la retraite des conjoints, aides familiaux
et chefs d'exploitation ayant une carrière courte, à condition
d'avoir liquidé leur retraite avant 1998 et de justifier d'un minimum de
32,5 années de non-salarié agricole (
décret
d'application n° 98-125 du 3 mars 1998
). La majoration des
conjoints et aides familiaux est fixée à 5.100 francs par an.
La loi de finances pour 1999
a relevé le montant minimum des
retraites agricoles à 3.000 francs pour les chefs d'exploitation,
à 2.800 francs pour les veufs et veuves, à 2.500 francs pour
les aides seuls, à 2.200 francs pour les aides mariés.
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999
intègre une
nouvelle mesure de revalorisation des avantages vieillesse servis aux
conjoints, aux aides familiaux et aux chefs d'exploitation à
carrière courte. Une majoration gratuite de points de retraite
proportionnelle, permettant de prolonger l'effort consenti aux aides familiaux
retraités avant 1998 est accordée aux aides familiaux
retraités à compter du 1
er
janvier 1998 et
justifiant d'un minimum de 32,5 années d'activité non
salariée agricole et d'un maximum de 17,5 années de chef
d'exploitation.
La loi de finances pour 2000
a relevé le montant minimum des
retraites agricoles à 3.200 francs pour les chefs d'exploitation,
à 3.000 francs pour les veufs et veuves, à 2.700 francs pour
les aides seuls et à 2.400 francs pour les aides mariés.
La loi de finances pour 2001
a relevé le montant minimum des
retraites agricoles à 3.395 francs pour les chefs d'exploitation,
à 3.185 francs pour les veufs et veuves et à 2.740 francs
pour les aides familiaux, seuls ou mariés.
Les prestations non contributives
diminuent en raison des mesures de
revalorisation. Ces prestations sont remboursées au régime par le
Fonds de solidarité vieillesse (FSV) : chiffrées à
1,403 milliard de francs par la LFI 2001, elles s'établissent dans le
PLF 2002 à 0,968 milliard de francs, soit une baisse importante de 31 %.
L'effet net des mesures de revalorisation est ainsi nettement inférieur
à l'effet brut : il est nécessaire de retrancher les
économies réalisées sur les dépenses de minimum
vieillesse, prises en charge par le Fonds de solidarité vieillesse.
2. Les dépenses d'assurance maladie progressent de manière sensible
Les
dépenses d'assurance maladie maternité et
invalidité
sont évaluées pour 2002, à
35,836 milliards de francs
, soit une augmentation de 5 %.
Cette évolution, qui apparaît très importante, s'explique
principalement en raison d'un « effet base » 2000 et
2001 : depuis deux ans, les dépenses d'assurance maladie
étaient sous-estimées par le Gouvernement
15(
*
)
. L'augmentation prévue pour 2002 est, en
quelque sorte, une augmentation de « rattrapage ».
Dépenses maladie - maternité - invalidité du régime agricole
(en millions de francs)
|
LFI 2001 (1) |
2001 révisé (2) |
PLF 2002 (3) |
(3)/(1) |
(3)/(2) |
Soins de ville |
15.132 |
16.048 |
16.275 |
+ 7,5 |
+ 1,4 |
Etablissements sanitaires hors DGH |
4.641 |
4.863 |
4.922 |
+ 6,0 |
+ 1,6 |
Recours contre tiers et participations forfaitaires |
41 |
91 |
92 |
+ 124,4 |
+ 0,8 |
Total DGH y compris régularisations |
13.794 |
13.755 |
14.013 |
+ 1,6 |
+ 1,9 |
DOM |
492 |
530 |
534 |
+ 8,5 |
+ 0,7 |
Pension d'invalidité |
425 |
425 |
419 |
- 1,4 |
- 1,5 |
Allocation de remplacement |
100 |
80 |
100 |
0 |
+ 25,0 |
TOTAL |
34.625 |
35.773 |
36.355 |
+ 5,0 |
+ 1,6 |
DGH : Dotation Globale Hospitalière
La progression retenue par rapport à l'estimation de réalisation
pour 2001 (+ 1,6 %) semble faible. Une sous-estimation des dépenses
d'assurance maladie apparaît ainsi probable.
La part des dépenses du régime des exploitants agricoles dans
l'ONDAM est évaluée à 4,8 % pour 2002. La part du
régime des exploitants agricoles dans l'objectif des dépenses de
la branche maladie, maternité, invalidité et décès
pour 2002 est également évaluée à 4,8 %.
3. Les dépenses de prestations familiales diminuent
En 2001,
rompant avec la tendance observée depuis 1995, les dépenses de
prestations familiales repartaient légèrement à la hausse.
Cette évolution était purement factice : elle s'explique par
la prise en charge de la totalité de la majoration de l'allocation de
rentrée scolaire, compensée à due concurrence au
régime agricole par une augmentation du versement CNAF.
Le BAPSA 2002 reprend la tendance structurelle : les dépenses de
prestations familiales, évaluées à 3,871 milliards de
francs, seraient en baisse de 0,9 %.
La diminution des effectifs de bénéficiaires reste une
réalité, qui s'explique en raison :
- de la diminution de la population agricole ;
- du vieillissement de cette même population ;
- de l'augmentation du célibat dans le milieu agricole.
Effectifs de familles bénéficiaires de prestations familiales
Type de prestations |
2000 |
2001 |
2002 |
Evolution
|
Allocations familiales |
95.788 |
90.137 |
84.818 |
- 5,9 % |
Complément familial |
22.719 |
22.469 |
21.862 |
- 2,7 % |
Allocation soutien familial |
3.103 |
3.010 |
2.920 |
- 3,0 % |
Allocation d'éducation spéciale |
1.932 |
1.926 |
1.920 |
- 0,3 % |
Allocation aux adultes handicapés |
17.298 |
16.087 |
14.961 |
- 7,0 % |
Allocation de logement à caractère familial |
18.124 |
18.305 |
17.756 |
- 3,0 % |
Allocation parentale d'éducation |
8.174 |
7.847 |
7.533 |
- 4,0 % |
Allocation de rentrée scolaire
|
133.232 |
129.235 |
125.358 |
- 3,0 % |
AJE-APJE « longue » + « courte » |
13.890 |
13.347 |
12.880 |
- 3,5 % |
APL |
48.322 |
48.322 |
47.839 |
- 1,0 % |
Source : réponse au questionnaire de votre
rapporteur
pour avis.
Les allocations familiales, les allocations logement et les allocations
relatives à la petite enfance représentent respectivement 38 %,
22 % et 12 % du total des versements.
Le coût de la création d'un congé de paternité de
quinze jours, prévu par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002, a été estimé
à 13 millions de francs pour le BAPSA.
4. Les autres dépenses semblent nettement sous-estimées
Des
crédits de 80 millions de francs sont prévus pour financer
les étalements et les prises en charge partielles des cotisations pour
les exploitants en difficulté
16(
*
)
.
L'enveloppe serait en diminution sensible par rapport à 2001, où
elle avait été portée à 170 millions de francs.
Compte tenu de l'installation dans le temps de la crise bovine, malgré
la reprise de la consommation, ces crédits apparaissent nettement
insuffisants.
Enfin, les charges d'intérêt prévues pour 2002 (300
millions de francs) apparaissent bien optimistes. Il convient de noter
l'augmentation très sensible du plafond d'avances de trésorerie
consenti au BAPSA, voté en loi de financement de la
sécurité sociale.
Le montant des frais financiers du BAPSA devrait ainsi s'accroître
nettement.
B. UNE RÉDUCTION DRASTIQUE DE LA SUBVENTION D'ÉQUILIBRE
Le
financement du BAPSA peut se décomposer en quatre agrégats :
1 - contributions professionnelles ;
2 - taxes affectées ;
3 - ressources provenant de la sécurité sociale ;
4 - financements strictement budgétaires.
Une présentation du BAPSA par agrégat permet d'apprécier
la structure très particulière du financement du régime.
Sur la période récente, la part des cotisations professionnelles
stagne, tandis que la part des impôts et taxes affectés augmente
de manière sensible. La C3S peut être
« raccrochée », par nature, aux taxes
affectées ou aux recettes émanant de la sécurité
sociale, si l'on considère que son affectation représente un
effort supplémentaire de la part des autres régimes de protection
sociale
17(
*
)
.
Evolution relative de la structure de financement du BAPSA
Comptes agrégés |
Structure 2000 (réalisations) |
Structure 2001 (prévisions) |
Structure 2002 (PLF) |
Contributions professionnelles |
17,5 % |
17,5 % |
17,8 % |
Taxes |
31,9 % |
32,4 % |
33,1 % |
C3S |
1,5 % |
2,0 % |
3,6 % |
Sécurité sociale + FSV |
41,2 % |
40,2 % |
43,0 % |
Etat |
6,8 % |
6,4 % |
2,4 % |
Recettes diverses |
0,5 % |
0,1 % |
0,1 % |
Déficit |
0,6 % |
1,4 % |
0,0 % |
Total |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
L'augmentation très sensible de la fraction de C3S affectée permet à l'Etat de réduire sa subvention d'équilibre.
Evolution 2002/2001 des diverses sources de financement du BAPSA
(en millions de francs)
Comptes agrégés |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
Contributions professionnelles |
16.626 |
16.625 |
- 0,0 % |
Taxes |
29.236 |
30.952 |
5,9 % |
C3S |
1.830 |
3.411 |
86,4 % |
Sécurité sociale + FSV |
36.974 |
40.236 |
8,8 % |
Etat |
5.899 |
2.230 |
- 62,2 % |
Recettes diverses |
75 |
80 |
6,7 % |
Total |
90.640 |
93.534 |
+ 3,2 % |
1. Les contributions professionnelles stagnent
A partir
de 1990, la réforme des cotisations sociales des non-salariés
agricoles a progressivement substitué à partir de 1990 l'assiette
« revenu professionnel » (sur les trois dernières
années, ou sur l'année n-1, ou sur l'année n) à
l'assiette « revenu cadastral ». Cette réforme s'est
achevée en 1996. Les cotisations sociales sont désormais
davantage sensibles à l'évolution du revenu agricole. La mise en
place de la réforme a eu pour conséquence une baisse du
financement professionnel en 1994 et 1995, prenant en compte les années
défavorables (1991, 1992 et 1993). En conséquence, elles ont
augmenté entre 1996 et 1999, le revenu agricole ayant fortement
progressé. Elles stagnent depuis, en raison d'une très mauvaise
année 1999, et d'une année 2000, caractérisée par
une quasi-stagnation.
La nouvelle base 1995 de la comptabilité agricole a remplacé le
« revenu brut agricole » (RBA) par le
« résultat agricole », qui correspond à la
valeur ajoutée nette du coût des facteurs, c'est-à-dire
subventions incluses et impôts liés à la production
déduits. Les « exploitations » ont été
remplacées par les « unités de travail
totales » (UTAT). La différence tient à une moindre
baisse du nombre d'UTAT, et des résultats agricoles moyens par UTAT
moins élevés.
Evolution des principales composantes du revenu agricole
(en %)
|
1997/1996 |
1998/1997 |
1999/1998 |
2000/1999 |
Résultat agricole (valeur) |
+ 2,1 |
+ 3,1 |
- 3,5 |
- 0,6 |
Nombre d'unités de travail totales (UTAT) |
- 2,5 |
- 2,0 |
- 1,8 |
- 1,8 |
RA moyen par UTAT en valeur courante |
+ 4,7 |
+ 5,2 |
- 3,6 |
+ 1,2 |
Prix du PIB |
+ 1,3 |
+ 0,9 |
+ 0,4 |
+ 0,9 |
RA moyen par UTAT en valeur réelle |
+ 3,4 |
+ 4,3 |
- 3,9 |
+ 0,3 |
Source : INSEE - comptes de l'agriculture.
Les premiers mois de l'année 2001 font apparaître des
résultats contrastés : les conditions climatiques ont
été défavorables aux productions végétales
(céréales, oléagineux, protéagineux) et
fruitières. L'augmentation des prix pourrait compenser la baisse des
volumes récoltés. Dans le domaine des productions animales, les
prix des productions hors sol (porc, volaille) devraient être à
nouveau en hausse, tandis que la crise de l'ESB affecte sérieusement les
éleveurs bovins.
Il ne subsiste aucune taxe sur les produits agricoles ; le
démantèlement des taxes supportées par les producteurs de
betteraves, céréales et oléagineux est parallèle
à la réforme des cotisations.
Les contributions professionnelles sont constituées par les cotisations
sociales, la CSG et les droits sur les alcools reversés, ainsi que les
cotisations de solidarité. Elles devraient représenter 16,6
milliards de francs en 2001, soit environ 18 % des recettes du BAPSA.
Les contributions professionnelles
(en millions de francs)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
Total des contributions professionnelles |
16.626 |
16.625 |
- 0,01 % |
dont compensation CSG |
4.627 |
5.300 |
14,55 % |
dont cotisations sociales |
11.789 |
11.155 |
- 3,94 % |
dont cotisations de solidarité |
210 |
180 |
- 14,29 % |
Le sous-total des cotisations donne le tableau suivant :
Les cotisations sociales
(en millions de francs)
|
LFI 2001 (1) |
2001 révisé (2) |
PLF 2002 (3) |
Variation (3)/(1) |
Variation (3)/(2) |
Cotisations |
11.789 |
11.301 |
11.155 |
- 3,94 % |
- 1,29 % |
Cotisations prestations familiales |
1.994 |
1.966 |
1.911 |
-4,16% |
-2,80% |
Cotisations AVI |
1.606 |
1.555 |
1.539 |
-4,17% |
-1,03% |
Cotisations AVA |
4.149 |
3.896 |
3.843 |
-7,38% |
-1,36% |
Cotisations AMEXA |
3.977 |
3.821 |
3.799 |
-4,48% |
-0,58% |
Cotisations d'assurance veuvage |
49 |
49 |
49 |
0,00 % |
0,00 % |
Cotisations d'assurance volontaire et personnelle |
1 |
1 |
1 |
0,00% |
0,00% |
Cotisations acquittées dans les DOM |
13 |
13 |
13 |
0,00% |
0,00% |
Les
cotisations connaissent une variation nettement négative, compte tenu de
la baisse des revenus professionnels en 1999 et de la stagnation
observée en 2000.
Quant à la CSG, elle fait l'objet cette année d'une forte
augmentation, compte tenu de la non-affectation de 370 millions de francs aux
caisses de MSA. Sans base juridique très solide, la direction du Budget
semble avoir décidé de « priver » ainsi les
caisses de MSA d'une recette essentielle au financement de dépenses
d'action sociale.
Le coût de l'article additionnel introduit par l'Assemblée
nationale
(art. 58 ter nouveau du projet de loi de finances pour
2002)
, tendant à prendre en compte dans l'assiette de la CSG les
déficits pour leur valeur réelle, et non pour une valeur nulle,
est évalué à 88 millions de francs. Paradoxalement, compte
tenu du mode de reversement retenu par l'article 9 de la loi de financement de
la sécurité sociale pour 2000, cet article additionnel n'a pas de
conséquence sur la part de CSG qui sera reversée au régime
agricole, mais sur le produit total de CSG prévu pour 2002
18(
*
)
.
Enfin, les cotisations de solidarité -qui ne sont pas
génératrices de droit- visent respectivement :
- les personnes affiliées à un autre régime mettant
en valeur une exploitation agricole comprise entre 2 ou 3 hectares et la
moitié de la surface minimum d'installation (SMI) ;
- les associés non-exploitants de société
agricoles.
Le projet de loi de finances pour 2002 évalue à 180 millions de
francs le rendement de ces cotisations.
2. Le produit des taxes affectées progresse très favorablement
Les
recettes de taxes, principalement celles de TVA, ont été
évaluées à 30,9 milliards de francs, soit une augmentation
de 5,87 % (33 % des recettes). Une telle évolution s'explique
d'abord par la sous-estimation retenue par la loi de finances pour 2001, la TVA
progressant globalement de 4 à 5 % par rapport aux prévisions
révisées pour 2001.
Cette hypothèse s'appuie naturellement sur les prévisions
macro-économiques de croissance retenues par le Gouvernement (+ 2,5 %).
Toute révision à la baisse serait ainsi dommageable au BAPSA,
dont les recettes dépendent pour beaucoup de la fraction de TVA
affectée.
L'évolution des « restitutions de TVA »
19(
*
)
apparaît erratique (+ 28 % entre 2002 et
2001 !) et peu corrélée avec l'augmentation du produit net
affecté.
Le produit des « autres taxes » attendu pour 2002 semble
également étonnant : celui de la taxe sur les farines
diminue de 28 %, tandis que celui de la taxe sur les tabacs augmente de 38
% !
Les taxes affectées au BAPSA
(en millions de francs)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
Taxe sur les farines |
353 |
255 |
- 27,76 % |
Taxe sur les tabacs |
496 |
685 |
38,10 % |
Taxe sur les corps gras alimentaires |
681 |
671 |
- 1,47 % |
Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools |
121 |
123 |
1,65 % |
Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée |
33.256 |
36.489 |
9,72 % |
Restitutions de TVA |
- 5.671 |
- 7.271 |
28,21 % |
TVA après restitution |
27.585 |
29.218 |
5,92 % |
Total taxes |
29.236 |
30.952 |
+ 5,87 % |
3. Les transferts des organismes de sécurité sociale connaissent une forte augmentation
Ces transferts comprennent à la fois la compensation démographique, la contribution de la CNAF et les versements du FSV. Le FSV est un « organisme concourant au financement des régimes obligatoires de base de sécurité sociale » . Tous les régimes bénéficient ainsi du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui prend en charge les avantages non contributifs. Le régime agricole était un bénéficiaire important du FSV en raison de la faiblesse des pensions d'assurance vieillesse.
Versements des organismes de sécurité sociale
(en millions de francs)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
Versements compensation |
34.006 |
37.624 |
+ 10,6 % |
Contribution CNAF |
1.513 |
1.593 |
+ 5,3 % |
Versements FSV |
1.455 |
1.019 |
- 30,0 % |
Total |
36.974 |
40.236 |
+ 8,8 % |
Les
transferts de compensation démographique (compensation maladie et
compensation vieillesse)
sont estimés à 37,6 milliards
de francs, en augmentation de 10,6 % par rapport à la loi de finances
pour 2001 (43 % des recettes).
Cette forte augmentation s'explique pour plusieurs raisons.
En
assurance vieillesse
, les acomptes atteindraient 27,5 milliards de
francs, en progression de 2,2 % par rapport aux acomptes de l'année
2001. Par ailleurs, le BAPSA devrait recevoir 291 millions de francs au titre
de l'année 2001.
En
assurance maladie
, les acomptes de l'année 2002 (9,1 milliards
de francs) seraient en progression de 11,9 % par rapport aux acomptes de
l'année précédente, ce qui est la conséquence
directe de la baisse du ticket modérateur des ressortissants de la
CANAM
20(
*
)
.
Compte tenu de l'intégration financière de la branche famille,
la CNAF verse au BAPSA une contribution couvrant la différence entre
les cotisations familiales des exploitants et les prestations familiales dont
ils bénéficient
(hors bourses et allocations aux adultes
handicapés). Le déclin rapide et continu de cette contribution
depuis 1995 s'explique tout à la fois par la bonne tenue des
cotisations, sur la période 1995-1999, et la diminution des prestations
versées, du fait de la baisse des effectifs de
bénéficiaires. Son augmentation en 2002 rend compte de
l'achèvement du transfert du financement de la majoration de
l'allocation de rentrée scolaire sur la branche famille.
Les remboursements du fonds de solidarité vieillesse
baissent
à un rythme très important (- 30,0 %).
Le financement des majorations pour enfants du régime agricole par le
FSV, qui représentent 2.328 millions de francs, n'est pas pris en compte
dans le budget annexe. Dans ces conditions, les 1.019 millions de francs
proposés pour 2002 correspondent essentiellement au financement du
minimum vieillesse pour les exploitants agricoles. La diminution très
importante des dépenses liées au minimum vieillesse rend compte
de l'effort entrepris depuis sept ans pour revaloriser les retraites agricoles
: ces dépenses représentaient encore 4.402 millions de
francs en 1995.
La poursuite du recul des transferts du FSV s'explique également par le
renouvellement des générations de retraités agricoles, les
« jeunes » retraités ayant en principe acquis
davantage de points de retraite que leurs aînés.
4. La ponction sur la C3S permet de diminuer les contributions du budget général
Les
contributions du budget de l'Etat comprennent le remboursement de l'allocation
adultes handicapés (AAH), le versement de l'allocation
supplémentaire du Fonds spécial invalidité (FSI) et la
subvention d'équilibre.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit une
« ponction » importante sur la contribution sociale de
solidarité des sociétés (C3S), puisqu'un versement de
3,411 milliards de francs est prévu. Ce versement, qui empêche un
versement de cette C3S au Fonds de réserve pour les retraites, peut de
plus en plus être analysé comme un
« transfert »
émanant des autres régimes de
sécurité sociale.
Les évolutions des précédentes ressources expliquent la
diminution de la subvention du budget de l'Etat.
Contributions budgétaires en 2002
(en millions de francs)
Etat |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution
|
Remboursement AAH |
400 |
366 |
- 8,5 % |
Versements FSI |
96 |
86 |
- 10,4 % |
Subvention d'équilibre |
5.403 |
1.778 |
- 67,1 % |
Total |
5.899 |
2.230 |
- 62,2 % |
III. LES PERSPECTIVES DU RÉGIME DES EXPLOITANTS AGRICOLES : TROIS DÉFIS À RELEVER
Le
régime de protection sociale des exploitants agricoles se trouve
confronté à trois défis :
- la revalorisation des retraites agricoles, qui est une question
demeurant centrale ;
- la réussite de la réforme assurance accidents, qui entrera
en vigueur au 1
er
avril 2002 ;
- la poursuite de l'effort d'adaptation de la Mutualité sociale
agricole.
A. LA REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES : UNE QUESTION QUI RESTE CENTRALE
1. La faiblesse persistante des retraites agricoles
a) Le minimum vieillesse pour les carrières complètes
Le
montant minimal des retraites agricoles atteindra l'année prochaine le
minimum vieillesse. Il convient de rappeler que leur montant apparaissait
acceptable il y a encore vingt-cinq ans, en raison de différents
éléments, qui ont connu une évolution importante.
1 - Les retraites étaient, de manière
générale, d'un niveau très faible
: les
disparités apparaissaient moins importantes entre les agriculteurs et le
reste de la population.
Force est de constater que les conditions de vie des retraités ont
considérablement progressé au cours des vingt dernières
années. Le revenu moyen d'un retraité est désormais
équivalent à celui d'un actif. Dès lors, les retraites
agricoles apparaissent les seules à être très basses.
2 - Les exploitants agricoles continuaient à travailler le
plus longtemps possible
.
L'abaissement de l'âge de la retraite dans le régime
général a eu un effet indirect. Les exploitants agricoles
arrivant à l'âge de 60-65 ans au début des années
quatre-vingt-dix n'ont pas souhaité rester en activité,
contrairement aux générations précédentes.
3 - Les solidarités familiales jouaient un rôle plus
important
.
Du fait de l'évolution de la société, même en milieu
rural, ces solidarités -sans bien sûr s'effacer- jouent un
rôle moins important.
4 - Les agriculteurs, comme l'ensemble des non-salariés,
pouvaient bénéficier de la vente de leur exploitation.
Cette vente représentait un pécule important, permettant de
pallier la faiblesse des retraites. Mais la vente de ces exploitations, en
raison de la diminution du nombre d'exploitants, n'est plus possible. Les
artisans et les commerçants sont d'ailleurs dans une situation peu
différente.
Ces évolutions expliquent la volonté affichée depuis 1993
par les gouvernements de relever le niveau minimum des retraites agricoles.
Le calcul de la retraite agricole
Le chef
d'exploitation bénéficie d'une retraite de base composée
de deux éléments : le premier appelé retraite forfaitaire
est égal à l'AVTS, le second ou encore retraite proportionnelle
est constitué de points. Cette pension s'acquiert en contrepartie d'une
cotisation de taux global de 15,71 % dont 3,2 % sur une assiette qui ne peut
être inférieure à 800 SMIC horaires et plafonnée
à un revenu égal au plafond de la sécurité sociale
et 12,51 %, dont 10,97 % plafonnés, sur une assiette au moins
égale à 400 SMIC.
A 800 SMIC, l'exploitant s'acquiert une pension légèrement
supérieure au minimum contributif, soit 2,5 fois la pension
calculée d'un salarié du régime général
rémunéré à 800 SMIC ou encore équivalente
à celle d'un salarié du régime général
rémunéré au SMIC.
S'agissant des membres de la famille, ils s'acquièrent de la même
manière que les chefs d'exploitation une pension formée de deux
éléments : 1/37,5 du premier étage de la retraite de
base, l'AVTS, en contrepartie d'une cotisation de 3,2 % sur une assiette qui ne
peut être inférieure à 800 SMIC horaires. Depuis 1994, les
aides familiaux (au nombre de 14.000 au 1
er
janvier 2000) et, depuis
2000 (avec un effet rétroactif en 1999), les conjoints collaborateurs
(au nombre de 82.000) peuvent se constituer une retraite proportionnelle
-second étage de la retraite de base- à raison de 16 points par
année contre une cotisation d'environ 2 100 F assise sur une assiette
forfaitaire de 400 SMIC.
Sur 2.066.000 retraités agricoles en 1999, seuls 1.310.000
étaient bénéficiaires d'une retraite proportionnelle.
Les retraités actuels présentent une mosaïque de statuts
(chef d'exploitation, conjoint, aide familial, membre de la famille ayant une
carrière plus ou moins longue de chef d'exploitation) et un ensemble
hétérogène de durées de carrière
(carrières multiples simultanées ou successives).
Montants de retraite minima et maxima
Années |
Montant retraite forfaitaire carrière complète |
Montant minimum pour carrière complète (forfaitaire + minimum points) |
Montant maximum pour carrière complète (forfaitaire + maximum points) |
1990 |
14.770 |
25.627 |
52.804 |
1991 |
14.210 |
26.249 |
55.533 |
1992 |
15.550 |
26.972 |
58.607 |
1993 |
15.960 |
27.326 |
60.892 |
1994 |
16.251 |
28.094 |
62.690 |
1995 |
16.499 |
28.555 |
64.410 |
1996 |
16.860 |
29.110 |
66.354 |
1997 |
17.096 |
32.150 |
67.854 |
1998 |
17.289 |
35.210 |
69.351 |
1999 |
17.492 |
38.380 |
70.976 |
2000 |
17.611 |
38.570 |
72.153 |
2001 |
17.924 |
41.245 |
74.598 |
2002 (prév.) |
18.264 |
44.643 |
76.821 |
Au total, un exploitant agricole disposant d'une carrière complète, mais ayant acquis le nombre minimum de points, se situe en 2002 au niveau du minimum vieillesse.
b) Le cas des carrières incomplètes
Les
mesures de revalorisation ont privilégié le cas des
carrières longues (37,5 années et plus).
Or, sur les 2,1 millions bénéficiaires d'une pension de retraite
agricole au 1
er
janvier 1999, seules 622.000 personnes avaient
validé 150 trimestres ou plus en tant que non-salariés
agricoles (carrière complète) et 265.000 de 130 (32 années
et demie) à 149 trimestres. Plus d'1,2 million de personnes touchent
ainsi une retraite du régime agricole, alors que, soit elles n'ont que
marginalement ou brièvement exercé une activité agricole
et perçoivent une pension d'un autre régime (les
« polypensionnés »), soit elles ont travaillé
toute leur vie et exclusivement dans l'agriculture, mais n'ont commencé
à cotiser que très tardivement : il en est ainsi,
aujourd'hui, des veuves et des conjointes les plus âgées.
Le législateur devra ainsi se pencher, avec un souci
d'équité, sur la situation des monopensionnés et
éviter que des mesures de revalorisation n'aient pour conséquence
de donner des avantages indus aux polypensionnés.
Il semble que le « ciblage » de mesures favorables aux
titulaires de très faibles pensions de retraite agricole, et ne touchant
pas d'autres avantages vieillesse, soit difficile à mettre en oeuvre.
Votre rapporteur pour avis rappelle que l'article 27 de la loi de financement
de la sécurité sociale pour 2001 prévoit la
création d'un « répertoire national des retraites et
des pensions », mais le Gouvernement n'a toujours pas pris le
décret d'application nécessaire...
Une question peut être rapidement traitée : celle des
personnes bénéficiant de carrières comprises entre 32,5 et
37,5 années. Comme le précise le rapport du Gouvernement sur les
retraites agricoles,
« les coefficients de minoration
appliqués entre 32,5 et 37,5 années sont relativement
élevés par rapport à la valeur actuarielle et pourraient
être minorés »
21(
*
)
.
En effet, ce coefficient est de 15 % les deux premières années et
de 10 % pour les deux autres. Les personnes disposant de carrières
exclusives en agriculture situées entre 27,5 et 32,5 années se
voient appliquer le même coefficient de minoration que pour 32,5
années. Il serait plus équitable de prévoir un
« barème » de minoration pour les personnes
disposant de 37,5 années à 27,5 années de
carrière.
Le cas des personnes veuves et conjointes monopensionnées dont la
carrière est inférieure à 27,5 années reste
préoccupant.
L'article 57 du projet de loi de finances pour 2002
accorde une revalorisation aux conjoints et aides familiaux ayant exercé
au moins 17,5 années comme non-salarié agricole, mais il est
nécessaire de bénéficier de 40 années de
cotisations tous régimes.
2. La nécessité d'un régime complémentaire obligatoire pour parvenir à des retraites équivalentes à 75 % du SMIC
a) Le seul régime de base ne suffira pas
Au-delà, l'objectif généreux de parvenir
à des pensions égales à 75 % du SMIC pose des
problèmes de principe.
Cet objectif reviendrait à verser des pensions de retraite nettement
supérieures à celles de salariés ayant cotisé sur
un revenu équivalant au SMIC. Un nombre important de retraités
agricoles bénéficierait d'une retraite à un montant
supérieur à leurs revenus d'activité. De manière
générale, la détermination d'un minimum de retraite
fixé par rapport au SMIC soulève un problème qui concerne
l'ensemble des régimes sociaux.
Le seul régime de base ne suffira pas pour atteindre l'objectif de
retraites égales à 75 % du SMIC. Dans ces conditions, la solution
ne peut venir que de la création d'un régime
complémentaire obligatoire.
b) La gestation difficile d'un régime complémentaire obligatoire
L'idée d'un régime complémentaire
obligatoire
s'est imposée à la fois en raison des déboires juridiques
des contrats de capitalisation dits « COREVA » et du
rapport démographique (cotisants/retraités) particulier du
régime des exploitants agricoles.
En effet, ce rapport ne devrait guère se dégrader au cours des
vingt prochaines années (il devrait passer de 0,4 à 0,34),
contrairement aux rapports démographiques prévus dans le
régime général et les régimes spéciaux. Le
nombre de retraités agricoles devrait diminuer dans les dix prochaines
années : pour le régime agricole, le choc
démographique a déjà eu lieu.
Evolution du nombre de retraités agricoles
|
1977 |
1987 |
1997 |
2007 |
en million |
1,8 |
1,8 |
2,1 |
1,8 |
Le
nombre de bénéficiaires d'une pension de retraite versée
par le régime des non-salariés agricoles s'élève
à 2.066.000 en 1999, dont 918.000 chefs d'exploitation, 325.000
conjoints, 348.000 aides familiaux et 475.000 veuves. Mais, parmi les chefs
d'exploitation, 263.000 sont en réalité des membres de la famille
ayant exercé quelques années en qualité de chef
d'exploitation.
Pour 2000, 2001 et 2002, les effectifs devraient continuer à diminuer
pour atteindre respectivement 2.038.000, 2.003.000 et 1.967.000.
Le rapport cotisants sur retraités ne se dégradera plus à
l'avenir, mais restera très déséquilibré pendant de
nombreuses années encore. Cette situation ne peut être
surmontée que grâce aux transferts au titre de la compensation
démographique. Les besoins de financement diminueront cependant au fur
et à mesure de la diminution du nombre de retraités, qui sera
divisé par deux d'ici 2040.
Cette période de stabilisation démographique semble favorable
à l'instauration d'un régime complémentaire obligatoire de
retraite par répartition.
A l'occasion d'un colloque du 12 octobre 1998 sur les retraites agricoles,
organisé à l'Assemblée nationale, Mme Jeannette Gros,
présidente de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole
(CCMSA), s'était prononcée pour le principe d'un régime de
retraite complémentaire obligatoire.
Lors de son congrès de Versailles, la FNSEA avait approuvé, le
18 mars 1999, le projet de création d'un régime
complémentaire obligatoire.
Le Parlement avait pris ses responsabilités, à l'occasion de
l'adoption de la loi d'orientation agricole.
Comme le texte du projet de loi ne contenait initialement aucune disposition
relative à un échéancier de revalorisation des retraites
agricoles, un article prévoyant un rapport sur les retraites agricoles
avait été finalement adopté.
Le
rapport sur les retraites agricoles prévu par la loi d'orientation
agricole
Article 3
« Le Gouvernement déposera, sur le bureau
des
assemblées, dans un délai de trois mois à compter de la
publication de la présente loi, un rapport décrivant,
catégorie par catégorie, l'évolution qu'il compte imprimer
aux retraites agricoles au cours de la période du 30 juin 1997 au 30
juin 2002. Un développement particulier sera consacré aux mesures
envisagées au cours de cette période, avec un effort plus
important à son début, pour revaloriser les plus faibles pensions.
« Il étudiera les possibilités juridiques et
financières de la création d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire pour les non-salariés exerçant
les professions énumérées à l'article 1060 du code
rural, à l'exception des artisans ruraux.
« Ce rapport présentera les modalités de financement
des différentes mesures proposées.»
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis de votre commission, avait
été à l'origine de l'introduction du deuxième et du
troisième alinéas.
Le Gouvernement a toujours fait preuve d'une grande prudence sur la mise en
place d'un régime complémentaire obligatoire, même s'il en
approuvé très tôt le principe.
Les conclusions du rapport sur les retraites de M. Germinal Peiro,
député de la Dordogne, ont été rendues publiques en
octobre 1999. Elles allaient dans le sens d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire. Mais le rapport de M. Peiro, contrairement
à ce qu'ont pu croire légitimement des acteurs du monde agricole,
n'était pas le rapport du Gouvernement prévu à l'article 3
de la loi d'orientation agricole.
Devant les organisations professionnelles, le 24 octobre 2000, M. Jean
Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, s'est engagé
d'une manière plus précise.
Mais le rapport prévu à l'article 3 de la loi d'orientation
agricole, qui aurait dû être déposé sur le bureau des
Assemblées le 9 octobre 1999, a finalement été
déposé... en janvier 2001.
Ce rapport comprend du reste 2 pages et ½ sur le sujet. Quelques
paragraphes traitent prudemment des conditions de mise en oeuvre et de gestion
du nouveau régime. On apprend ainsi qu'il suffirait d'une prestation du
régime complémentaire, pour une carrière complète,
de 7.200 francs par an pour compléter le régime de base (à
savoir le minimum vieillesse, 43.280 francs annuels), et atteindre un
montant de 50.480 francs correspondant à 75 % de la
rémunération minimum annuelle (SMIC) nette en 2000... Ce calcul
était pourtant à la portée de tout le monde.
La principale difficulté posée par la création de ce
régime complémentaire obligatoire -ce qui explique probablement
le retard du Gouvernement à formuler des propositions- est celle de son
financement.
Les différents régimes complémentaires
créés, chez les non-salariés non agricoles (CANCAVA et
ORGANIC), reposent sur le seul effort des futurs bénéficiaires.
L'Assemblée plénière de l'ORGANIC vient d'adopter, le 22
octobre 2001, le principe d'un nouveau régime complémentaire
obligatoire.
Le projet du nouveau régime complémentaire obligatoire
ORGANIC
Le régime complémentaire obligatoire permet aujourd'hui, sous
certaines conditions, de majorer la retraite du titulaire de 25 à 50 %,
notamment au profit du conjoint ayant durablement assisté le chef
d'entreprise lors de l'exercice de son activité. Elle permet
également d'augmenter en cas de décès du titulaire, le
taux de la pension de réversion du conjoint survivant à partir de
65 ans.
L'objectif fixé par l'ORGANIC est de donner une retraite
complémentaire à tous les retraités, y compris à
ceux qui ont cotisé au régime des conjoints mais qui ne
bénéficieront pas des droits des conjoints.
Le niveau global de retraite (base + complémentaire) serait
équivalent à 65 % des revenus d'activité, soit 80.000
francs pour un revenu professionnel de 120.000.
Les droits seraient ouverts à partir de l'âge de soixante ans.
La cotisation serait de 6,5 %, jusqu'à trois plafonds de la
sécurité sociale.
Le régime associerait répartition et épargne pour plus de
sécurité et un meilleur niveau de retraite.
Pour les exploitants agricoles, il apparaît néanmoins difficile
d'accroître de manière significative la « pression
sociale ».
Taux de cotisations
|
Taux technique |
Complémentaire |
Global |
AMEXA |
8,130 % |
2,710 % |
10,840 % |
Veuvage |
0,100 % |
- |
0,100 % |
AVA sous plafond |
8,445 % |
2,530 % |
10,975 % |
AVA déplafonnée |
1,290 % |
0,250 % |
1,540 % |
AVI |
3,200 % |
- |
3,200 % |
PFA |
4,360 % |
1,040 % |
5,400 % |
Total |
25,525 % |
6,530 % |
32,055 % |
Le
Gouvernement évoque des premières simulations, faisant
état, pour un taux de rendement de 8 %, d'un taux de cotisation de 2,8 %
sur une assiette déplafonnée, avec une assiette minimale
égale au SMIC. Cet effort est appréciable, mais peut être
consenti par les actifs agricoles.
En revanche, pour les chefs d'exploitation déjà retraités,
ou les chefs d'exploitation en fin de carrière, l'amélioration de
leur situation nécessite d'attribuer gratuitement des points de
cotisations. Dans ce cas, la participation du budget de l'Etat, dont le rapport
du Gouvernement ne souffle mot, est indispensable.
Le Gouvernement annonçait en janvier 2001 qu'il proposerait au Parlement
« le texte nécessaire à la création d'un
régime de retraite complémentaire
obligatoire »
22(
*
)
. L'inscription
à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, le 11 décembre
prochain, de la proposition de loi de M. Germinal Peiro et les membres du
groupe socialiste, déposée le 26 juin 2001, montre que le
Gouvernement a décidé, d'une manière certes curieuse, de
tenir sa promesse.
Mais le financement d'un tel régime apparaît aussi flou ; il
serait dommage de renvoyer ses conditions exactes à la loi de finances
pour 2003.
Enfin, la création souhaitable de ce régime n'est pas exclusive
d'un effort individuel des agriculteurs, à travers le régime par
capitalisation dont ils bénéficient déjà. Il faut
toutefois préciser que la très grande majorité des
produits financiers présents sur le marché ne semble pas
correspondre à leurs besoins.
3. La modernisation des règles
a) La simplification : un effort à poursuivre
Depuis
1994, les mesures de revalorisation se sont entassées selon des
« strates » successives. Cette accumulation a rendu le
système extrêmement complexe pour les gestionnaires (les caisses
de MSA) et illisible pour les bénéficiaires qui ont souvent, au
cours de leur carrière, relevé successivement de plusieurs
catégories (aides familiaux, personnes veuves, conjoints, chefs
d'exploitation à carrière courte et chefs d'exploitation à
carrière longue) et se sont vues, en raison du mode de
détermination des carrières fictives et carrières
réelles variables selon les normes, soit éligibles à
plusieurs revalorisation à différents titres, soit, au contraire,
exclues de tout ou partie des revalorisations.
De ce point de vue,
l'article 57 du projet de loi de finances pour 2002
représente un véritable effort de simplification :
- il ouvre la possibilité de rachat de droits à la retraite
proportionnelle pour les aides familiaux ;
- il réécrit les dispositions de revalorisation
antérieures au 1
er
janvier 2002 ;
- il permet d'exprimer en points toutes les mesures de revalorisation
actuellement exprimées en francs, ce qui résout les
problèmes d'indexation et simplifie le travail des caisses.
L'article 57 est ainsi un premier progrès ; mais il sera
nécessaire de continuer l'effort de simplification.
b) La mensualisation : un retard dommageable
Le
régime agricole est désormais le seul régime vieillesse
à verser des pensions de retraite trimestrielles. Les régimes
vieillesse des artisans et des commerçants ont adopté tout
récemment la mensualisation.
Lorsque les anciens exploitants restaient pendant leur retraite sur
l'exploitation, dans une maison dont ils étaient propriétaires,
la mensualisation n'était effectivement pas nécessaire. Mais la
sociologie rurale montre une évolution, qu'il convient de prendre en
compte : un nombre croissant de retraités agricoles quitte
l'exploitation au moment de leur retraite, pour intégrer un logement,
éventuellement même un appartement en ville, dont ils sont
locataires.
La revalorisation des retraites agricoles explique également que la
mensualisation soit désormais une priorité.
La Caisse centrale de MSA a étudié le coût financier de la
mensualisation des retraites agricoles. En effet, la mensualisation
représente un coût de trésorerie important l'année
de sa mise en oeuvre, puisque les pensions sont actuellement versées
à trimestre échu.
Le coût a été estimé à 8,8 milliards de
francs. Il serait naturellement réduit si seules les pensions
supérieures à un montant minimum (par exemple, 1.000 francs,
voire 2.000 francs par mois) faisaient l'objet d'un versement mensuel.
Quatre hypothèses ont été envisagées :
1 - participation du Fonds de réserve pour les retraites
Cette option présente l'inconvénient d'ouvrir une brèche
dans la conception implicite du Fonds : constituer un
« sanctuaire » censé dégager en 2020, par des
placements qui restent à déterminer, 300 milliards de francs de
produits financiers ; elle est compréhensible tant le Gouvernement
fait preuve d'atermoiements dans la définition du statut et des
orientations de ce Fonds, alors même qu'il utilise à
l'excès son existence pour justifier l'absence d'une réforme des
retraites.
2 - augmentation de la subvention d'équilibre la
première année
Cette solution est apparemment la plus rationnelle. Elle présente
seulement l'inconvénient de déplaire au ministère de
l'économie et des finances, qui ne souhaite pas que les dépenses
soient « gonflées », surtout sans avantage financier
supplémentaire pour les bénéficiaires.
3 - recours à un emprunt sur cinq ans, avec remboursement
annuel par cinquième, par une augmentation de la subvention
d'équilibre d'environ 1,8 milliard de francs, pendant cinq ans
Cette option apparaît bien compliquée. De surcroît, elle
apparaît peu conforme au principe d'annualité des lois de finances.
4 - relèvement du plafond mensuel de l'ouverture en compte
courant
Cette solution, qui consiste à financer une mesure par l'emprunt,
pourrait sembler absurde. Or, le BAPSA fonctionne déjà, une
majeure partie de l'année, selon le principe de l'emprunt, ce qui
explique les frais financiers retracés dans ses dépenses. Au taux
de 5,5 %, le coût annuel supplémentaire serait de 245 millions de
francs, ce qui pourrait inciter l'Etat à améliorer la
trésorerie du régime des exploitants agricoles, qu'il a
contribué tout récemment à détériorer, le
plafond d'avances de trésorerie étant de 8,5 milliards de
francs (loi de financement de la sécurité sociale pour 1997) pour
s'établir finalement à 14,5 milliards de francs (projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002).
Votre rapporteur pour avis regrette que cette réforme n'ait pas pu
être entreprise. En première lecture du projet de loi de finances
pour 2002, l'Assemblée nationale a adopté le principe d'un
rapport
du Gouvernement, qui -espérons-le- ne sera pas suivi d'un
nouveau
report
.
B. LA RÉFORME DE L'ASSURANCE ACCIDENTS DU TRAVAIL : TENIR LES OBJECTIFS FIXÉS
Après une certaine inertie, le Gouvernement a accéléré le processus de réforme, par l'utilisation peu adroite d'une proposition de loi, assortie d'une déclaration d'urgence ne laissant que peu de chance à un accord entre les deux assemblées.
1. Un consensus sur les objectifs
A
défaut de parvenir à un accord, les deux assemblées se
sont rejointes sur le constat d'un système déficient, ainsi que
sur les objectifs de la nouvelle réforme.
Les objectifs en sont les suivants :
- assurer l'intégralité des exploitants agricoles, une part
non négligeable d'exploitants agricoles se dispensant aujourd'hui de
l'obligation de contracter une assurance privée ;
- améliorer la réparation du risque accidents du
travail ;
- développer la prévention, ce qui nécessite de
séparer entre les accidents de la vie privée et les accidents du
travail.
2. Un débat sur les modalités
En
suivant les conclusions de sa commission des Affaires sociales, et de son
rapporteur, M. Bernard Seillier, le Sénat avait essayé, le 20
juin 2001, de dégager une formule de « compromis »,
permettant de conserver la liberté de tarification, sous la
réserve de deux garde-fous : la fixation d'un
« plafond » de cotisations, ainsi que le maintien du
système proposé de catégories de risques. Par ailleurs, il
n'avait pas souhaité que la MSA joue le rôle de « caisse
pivot ».
Votre rapporteur pour avis, favorable à titre personnel au texte issu
des travaux de l'Assemblée nationale, ne considère pas moins tout
l'intérêt de la solution proposée en son temps par votre
commission des Affaires sociales.
L'adoption définitive de la loi par l'Assemblée nationale le
5 novembre 2001 dessine une réforme profonde, qui
nécessitera plusieurs décrets d'application.
Les grands traits de la réforme AAEXA
- maintien d'un régime concurrentiel incluant la
MSA et
les assureurs privés, mais dans un cadre réglementé,
puisque les taux de cotisations ne seront plus libres, mais fixés de
manière uniforme par catégories de risques ;
- rôle de « caisse pivot » confié
à la MSA, qu'elle ne jouait pas du tout jusqu'à présent,
seules trois caisses locales ayant jusqu'ici décidé de
gérer ce risque ;
- séparation des accidents de la vie privée du champ de
l'assurance accidents du travail, le premier ressortissant au nouveau
régime et le second à l'assurance maladie (AMEXA) ;
- définition de l'assiette des cotisations sous une forme
forfaitaire, et non liée au revenu professionnel ;
- création d'indemnités journalières ;
- création d'un fonds de réserve national spécifique,
géré uniquement par la MSA, destiné à provisionner
les risques.
3. Une exigence de réussite
Le
débat étant désormais tranché, il importe de
« réussir
» la réforme, qui sera jugée
à l'aune de la réalisation des objectifs précités.
Le système finalement retenu pour assujettir l'ensemble des exploitants
agricoles apparaît pertinent : dans un premier temps, les organismes
assureurs enverront un bulletin d'adhésion à leurs
assurés ; dans un second temps, les caisses de MSA
« relanceront » ceux qui n'ont pas souscrit au nouveau
régime et ceux, inscrits dans les fichiers AMEXA, qui ne faisaient
l'objet d'aucune couverture. Ainsi sera réalisé le contrôle
de l'obligation d'assurance.
Il convient désormais d'éviter « les effets
pervers » de la réforme.
Ainsi, les prestations invalidité servies en AMEXA devront être
rapidement alignées sur les nouvelles prestations AAEXA, même si
le coût budgétaire n'est pas négligeable.
En effet, les pensions en 2001, pour une invalidité à 100 %,
étaient de 23.227 francs annuels et, dans le cas d'une invalidité
à 66 %, de 18.021 francs annuels. Une simple modification des articles
19 et 20 du décret n° 61-294 du 31 mars 1961 suffit.
Par ailleurs, il n'existe pas d'indemnités journalières, ni de
capital décès, ce qui nécessite cette fois une
intervention législative.
Cet effort budgétaire se justifie : si l'aboutissement de la
réforme de l'assiette des cotisations des non-salariés agricoles
en 1996 a permis d'atteindre une parité dans l'effort contributif entre
régime maladie des non-salariés agricoles et régime
général, il n'en va pas de même pour les prestations,
contrairement au principe « à cotisations égales,
prestations égales ». Or, lors du basculement des cotisations
maladie vers la CSG, les exploitants agricoles n'ont pas
bénéficié du gain de pouvoir d'achat retenu pour les
régimes maladie des salariés.
Dès lors, l'effort contributif des non-salariés agricoles au
financement de protection sociale doit trouver sa juste contrepartie dans
l'amélioration des prestations servies par l'AMEXA.
L'Assemblée nationale s'est contentée, en première
lecture, d'adopter un article 58 bis, accordant aux conjoints collaborateurs
reconnus totalement ou partiellement inaptes le bénéfice d'une
pension d'invalidité moyennant le paiement d'une cotisation forfaitaire,
alors que l'aide familial ou l'associé d'exploitation ne peut
bénéficier que d'une pension d'invalidité pour
incapacité totale. Or, le chef d'exploitation acquitte pour eux une
cotisation AMEXA calculée par référence à ses
revenus professionnels ; dès lors, il convient également
d'étendre le droit à pension d'invalidité aux aides
familiaux et associés d'exploitation pour une invalidité
réduisant des deux tiers leur capacité à l'exercice de
leur activité agricole sans augmentation de cotisations.
Sur un plan strictement financier, il sera nécessaire d'assurer le
financement du Fonds commun des accidents du travail (FCATA), chargé de
verser les revalorisations des rentes d'accidents du travail accordées
aux exploitants qui ont souscrit à l'assurance complémentaire
créée par la loi du 25 octobre 1972. En raison de la surtaxation
de ces contrats, cette assurance a connu un rapide déclin. Le FCATA ne
survit depuis 1995 que grâce à une subvention de l'Etat.
C. LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE : MAINTENIR LA SPÉCIFITÉ DU RÉGIME, S'ADAPTER DE MANIÈRE PERMANENTE AUX BESOINS DES ASSURÉS
Deuxième régime de protection sociale, le
régime agricole s'est toujours efforcé d'apporter une
qualité de service à ses assurés. Une enquête de
satisfaction vient d'être réalisée ; son
résultat est positif : le taux de satisfaction globale est de 93,5
%.
Pour prendre l'exemple des feuilles de soins papier, la MSA paie actuellement,
sous moins de trois jours, pour un tiers des caisses, sous moins de cinq jours
pour la moitié des caisses et sous moins de huit jours pour 75 % des
caisses. Quant aux feuilles de soins électroniques (Sesam-Vitale), dont
le volume varie entre un tiers et 50 % des caisses, le résultat est
encore meilleur : les cotisants sont remboursés en moins de trois
jours dans près de 40 % des caisses et en dessous de cinq jours dans 80
% des caisses. Autant de résultats à faire pâlir d'envie le
régime général.
A la grande différence du régime général, le
régime agricole est « élu », ce qui lui
permet d'assurer -par construction- une plus grande proximité.
1. Le faux débat de la « parité »
Lors de
la première lecture du projet de loi de modernisation sociale, en
janvier 2001, l'Assemblée nationale avait adopté un amendement
assurant « la parité » entre exploitants et
salariés au sein des conseils d'administration des caisses de
Mutualité sociale agricole.
Une telle mesure niait la spécificité du régime et
risquait d'ouvrir la porte à une scission, les salariés
rejoignant alors le régime général.
Heureusement, votre commission des Affaires sociales et son rapporteur, M.
Bernard Seillier, a proposé un dispositif équilibré et
simplifié, adopté par l'Assemblée nationale en
deuxième lecture : neuf administrateurs pour le premier
collège, douze pour le second et six pour le troisième.
2. L'élan incontestable donné par la convention d'objectifs et de gestion 1999-2001
La convention d'objectifs et de gestion conclue le 23 décembre 1998 entre l'Etat et la caisse centrale de la mutualité sociale agricole a défini pour les années 1999 à 2001 les orientations en matière de protection sociale des salariés et des non-salariés des professions agricoles, pour le service des prestations, la maîtrise médicalisée des dépenses d'assurance maladie, le recouvrement des cotisations sociales agricoles, la politique de prévention et d'action sanitaire et sociale et la gestion des caisses de mutualité sociale agricole.
Les orientations de la convention d'objectifs et de gestion 1999-2001
Les
orientations définies dans ces différents domaines doivent
conduire pendant la période d'application de la convention d'objectifs
et de gestion à :
- une évolution du régime des retraites agricoles et de la
couverture des risques professionnels,
- une amélioration de la gestion du risque maladie et un
renforcement de la prévention médicale et dentaire,
- un développement de l'action sanitaire et sociale,
- une amélioration du taux de recouvrement des cotisations sociales
agricoles,
- une meilleure efficacité du service aux ressortissants par une
information régulière des employeurs sur leurs obligations
sociales et une mesure de la qualité du service rendu,
- une modernisation de la gestion des caisses de mutualité sociale
agricole par une généralisation de la comptabilité
analytique, la mise en place de plans de contrôle interne, la
stabilisation des dépenses de gestion administrative et le
développement de la mise en commun des moyens des caisses,
- un rapport renouvelé entre le ministère de l'agriculture
et de la pêche et la caisse centrale de la mutualité sociale
agricole par des rencontres périodiques et la transmission en temps
utile des documents préparatoires aux décisions du conseil
central et des projets de textes.
Les contrats pluriannuels de gestion qui ont été conclus entre la
caisse centrale de la mutualité sociale agricole et chacune des caisses
de mutualité sociale agricole, conformément à l'article L.
723-12 du code rural modifié par la loi d'orientation agricole du 9
juillet 1999, déclinent la convention d'objectifs et de gestion
nationale en tenant compte du contexte local.
L'évaluation de la convention d'objectifs et de gestion n'a
été réalisée par le comité
d'évaluation
23(
*
)
que le 2 mai 2001.
L'évaluation finale aurait lieu en avril 2002.
Votre rapporteur pour avis regrette que cette évaluation de la
convention d'objectifs et de gestion n'ait pas été transmise au
Parlement.
La nouvelle convention d'objectifs et de gestion, qui débutera à
partir de 2002, devrait permettre l'association du ministère de l'emploi
et de la solidarité.
3. Un effort de maîtrise des dépenses de gestion
Cet
effort s'est effectué tout d'abord au niveau de la Caisse
centrale : le redressement de celle-ci a été confirmé
par le résultat excédentaire sur l'exercice 2000 de 28,4 millions
de francs.
Les dépenses des caisses de MSA comprennent les charges administratives,
les dépenses d'action sanitaire et sociale et les frais de
contrôle médical.
La comparaison avec les dépenses de gestion du régime
général est délicate pour deux raisons :
- les caisses effectuent à la fois le paiement des diverses
prestations et le recouvrement des cotisations pour l'ensemble des
salariés et des non-salariés agricoles ;
- la politique d'action sanitaire et sociale des caisses est
centrée sur les besoins de la population agricole, passant davantage par
l'intervention de personnels spécialisés que par l'attribution de
prestations en espèces.
Le ratio charges/prestations est passé de 5,5 % en 1997 à
5,1 % en 2000, ce qui montre les efforts réalisés dans les
caisses : l'augmentation du volume des prestations versées sur la
période 1996-2000 (+ 9,1 %) est sans commune mesure avec
l'évolution des dépenses de gestion (+ 2,6 %).
L'augmentation de 0,1 point entre 1999 et 2000 présente un
caractère exceptionnel lié à la hausse des charges de
gestion de + 3,2 %, conséquence du changement de convention collective
en 2000.
Charges de gestion des caisses de MSA
hors compensation et
hors charges exceptionnelles
(en millions de francs)
Années |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Charges |
7.260,4 |
7.606,6 |
7.550,3 |
7.389,3 |
7.629,4 |
Prestations |
137.219 |
139.407 |
144.818 |
147.629 |
149.724 |
Ratio charges/prestations |
5,3 % |
5,5 % |
5,2 % |
5,0 % |
5,1 % |
Un
accord-cadre sur la réduction du temps de travail a été
conclu le 15 décembre 1998. Il s'applique à l'ensemble des
caisses départementales et pluridépartementales de MSA ainsi
qu'à la CCMSA.
L'accord a été décliné en 77 accords locaux, dont
60 conclus dans le cadre du volet offensif de la loi du 13 juin 1998, 11 dans
le cadre du volet défensif de la loi, 1 dans le cadre des deux
volets offensif et défensif et 5 dans un cadre neutre,
c'est-à-dire sans recourir aux aides de l'Etat.
Cet accord national a prévu notamment la suspension des augmentations
générales de salaires jusqu'au 31 décembre 2001 et le
gel de la prime d'ancienneté.
Les accords conclus qui sont entrés en application au cours de
l'exercice 1999 ont conduit à l'embauche de 816 personnes à temps
plein en 1999 et 2000 dans les caisses de MSA.
Compte tenu des aides de l'Etat auxquelles ouvrent droit 72 des caisses de
mutualité sociale agricole concernées et des créations
d'emplois réalisées à coût moindre, le coût
globalisé de l'application des accords sur la réduction du temps
de travail est évalué à 139,8 millions de francs,
correspondant au coût des salariés nouveaux, dont il faut
retrancher les 134,7 millions de francs d'allégements de charges.
Le ratio effectifs des caisses/assurés est comparable au régime
général.
Dans le souci de réaliser des économies, dès 1994, les
caisses de mutualité sociale agricole ont entamé, sans qu'il y
ait de disposition législative l'imposant, une politique de regroupement
des caisses.
Regroupements des caisses de Mutualité sociale agricole (1994-2000)
Années |
1994 |
1995 |
1998 |
2000 |
Nombre de caisses |
85 |
82 |
81 |
78 |
Regroupements |
|
Aveyron-Tarn ;
|
Meurthe et Moselle - Vosges |
Bas-Rhin
- Haut-Rhin
|
La
politique de regroupement ne donne pas nécessairement de meilleurs
résultats de gestion. La convention d'objectifs et de gestion
prévoit que des études préalables seront désormais
faites avant des opérations de fusion, et que des bilans
réguliers sur les gains obtenus seront effectués.
Par ailleurs, rien n'empêche les caisses de subsister, mais
d'opérer des mises en commun de moyens de fonctionnement :
équipes de direction, services techniques, contrôle
médical, etc. Le nouveau schéma directeur informatique de la MSA
a reçu l'approbation administrative par arrêté
ministériel du 11 décembre 2000, permettant d'améliorer la
coordination des moyens de traitement informatique de masse.
Depuis l'article 48 de la loi d'orientation agricole n° 99-574 du
9 juillet 1999, les regroupements de caisse doivent avoir lieu dans le
cadre de la région administrative, sauf dérogation
accordée par le ministre de l'Agriculture. Cette disposition a
été justifiée par l'importance du cadre régional
dans la politique d'assurance maladie : unions régionales des
caisses d'assurance maladie, agences régionales d'hospitalisation.
4. Un régime conscient de ses responsabilités
La
Mutualité sociale agricole a défini en mai 2001 des
« orientations stratégiques ». Par cette vision
prospective, il s'agit non seulement de répondre aux engagements de la
convention d'objectifs et de gestion, visant à stabiliser les
dépenses administrative et à diminuer les coûts de gestion,
mais également d'offrir aux adhérents une
« démarche client ». Cette véritable
« charte » propose la création d'un échelon
régional, coordonnant les efforts des caisses et organismes
départementaux et tend à renforcer le rôle de
« tête de réseau » de la Caisse centrale.
Votre rapporteur pour avis se plaît également à souligner
que la MSA a utilisé avec dynamisme les possibilités ouvertes par
l'ordonnance du 24 avril 1996 relative à la maîtrise des
dépenses de soins.
Elle a lancé très rapidement deux projets de réseaux de
soins expérimentaux :
- un dispositif de prévention et de soins dentaires
« Prophylaxie et soins dentaires chez l'enfant » : ce
dispositif a d'ores et déjà donné d'excellents
résultats ;
- un dispositif de réseau de soins gérontologiques,
proposé en avril 1997 et approuvé par la « commission
Soubie » à la fin de l'année 1998 ; 19 sites
locaux ont été agréés par le ministère de
l'emploi et de la solidarité par arrêté du 30 mars
2000
24(
*
)
.
Le réseau de soins gérontologiques
L'objectif est de permettre le maintien à domicile, le
plus
longtemps possible, dans des conditions sanitaires et sociales optimales, du
plus grand nombre de personnes âgées dépendantes. Le
dispositif met en place une véritable coordination de soins autour de la
personne âgée, une véritable liaison ville-hôpital,
le médecin généraliste étant le
« pivot » du système. Il crée enfin des
« outils médicalisés de coordination ».
Depuis mai 2000, l'action expérimentale connaît une montée
en charge progressive. Cette montée en charge se traduit par :
- une mobilisation très forte des professionnels de
santé ; les médecins généralistes ont
largement adhéré au dispositif (le taux d'adhésion est de
88 % par rapport aux médecins potentiellement concernés) ;
- une progression de l'adhésion des personnes âgées.
Au 1
er
juin 2001, 319 personnes âgées ont
été admises dans le réseau pour l'ensemble des
régimes d'assurance maladie ;
- la mise en place des instances de suivi de l'expérimentation
(comité national de suivi, comité scientifique et comité
de pilotage).
Le Bureau national de gestion du Fonds d'aide à la qualité des
soins de ville (FAQSV) a donné un avis favorable, le 20 décembre
2000, pour le financement, à compter du 1
er
janvier 2001, des
frais de fonctionnement des associations locales et des frais relatifs à
l'évaluation de l'action expérimentale.
Le ministère de l'emploi et de la solidarité a donné, fin
1999, son accord à l'action expérimentale de Groupama et de la
MSA « Groupes partenaires santé », qui vise la
maîtrise des dépenses de santé dans certains cantons des
départements de l'Allier, des Côtes-d'Armor et des
Pyrénées-Atlantiques, sur dix-huit mois. Il s'agit d'un
partenariat entre les médecins généralistes, les patients
relevant du régime agricole, la MSA et la complémentaire
santé Groupama. Les assurés bénéficient de l'avance
globale des frais, tandis que les médecins travaillent en réseau
pour établir des diagnostics et les réponses médicales les
plus efficaces.
Il aura fallu plus de deux ans pour que ce projet aboutisse.
En outre, la caisse de Mutualité sociale agricole des
Hautes-Pyrénées a souhaité participer à la mise en
place d'un réseau expérimental de soins palliatifs à
domicile. Ce projet est conduit par la caisse primaire d'assurance maladie des
Hautes-Pyrénées. La caisse de Mutualité sociale agricole
de Haute-Loire s'est associée à un projet identique, mené
par la caisse primaire d'assurance maladie du même département.
Ainsi, le lancement par la Mutualité sociale agricole de
« projets autonomes » d'une très grande
qualité n'empêche pas des coopérations fécondes sur
le terrain.
Votre commission ne peut que se féliciter de ce dynamisme,
malgré le peu d'empressement du Gouvernement en la matière, alors
que l'ordonnance du 24 avril 1996 vise à expérimenter de
nouveaux modes d'exercice de la médecine libérale, à la
fois pour améliorer les soins et en diminuer les coûts.
*
* *
Sous le bénéfice de ces observations, votre commission des Affaires sociales a émis un avis favorable à l'adoption du projet de BAPSA pour 2002.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le jeudi 22 novembre 2001, sous la
présidence de M. Nicolas About, président, la commission a
procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M. Jean-Marc Juilhard
sur le
projet de loi de finances pour
2002
(crédits consacrés au
budget des prestations sociales
agricoles
).
M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur pour avis,
a présenté
les grandes lignes de son rapport pour avis (cf. exposé
général du présent avis).
M. Claude Domeizel
s'est déclaré
« agréablement surpris » par l'avis favorable
proposé par le rapporteur pour avis, compte tenu des nombreuses
critiques formulées. Il a considéré que peu importait qui
avait décidé la revalorisation des retraites agricoles. Il a
observé que les engagements pris en 1997 avaient été tenus
et que l'on ne pouvait que s'en féliciter pour les exploitants agricoles.
M. Nicolas About, président
, a félicité M.
Jean-Marc Juilhard du caractère très clair et très complet
de ce premier rapport qu'il présentait devant la commission.
M. Guy Fischer
a souligné que ce « premier
rapport » allait probablement se conclure par un vote unanime, alors
que les critiques émises laissaient envisager une conclusion
différente. Il a rappelé que l'amélioration de la
protection sociale agricole avait retenu depuis 1997 toute l'attention des
parlementaires du groupe communiste républicain et citoyen. Il a
observé que la comparaison, effectuée par le rapporteur pour
avis, des efforts engagés dans les années 1993-1997 et des
efforts réalisés sur la période 1998-2001 semblait tourner
à l'avantage de la majorité plurielle. Il est revenu sur le
remboursement très rapide des dépenses de soins
opéré par les caisses de MSA, en observant que les
résultats des caisses du régime général
s'expliquaient par un manque de moyens. Il s'est interrogé sur la
suppression du BAPSA, auquel les exploitants agricoles sont attachés.
M. Gilbert Chabroux
a tenu à saluer le travail
« très objectif » du rapporteur pour avis. Il a
demandé de quelle manière le Sénat pourrait apporter sa
pierre à la mise en place d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire, dont il a souhaité qu'elle puisse
intervenir rapidement. Il s'est interrogé sur la situation des
exploitants agricoles disposant de carrières courtes et sur celle des
polypensionnés.
M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur pour avis,
s'est
félicité de l'unanimité de la commission sur l'avis
préconisé qui ne s'étend pas, à l'évidence,
à tous les éléments de l'analyse présentée.
Répondant à M. Guy Fischer, il a rappelé que le BAPSA
n'était qu'un « cadre comptable » et que sa
suppression n'aurait aucune conséquence sur l'existence du régime
agricole. Il a expliqué que ce dernier bénéficiait d'un
réseau de délégués, de travailleurs sociaux et de
techniciens, permettant un meilleur service rendu à l'usager, et
assurant une convergence entre « le social » et
« l'économique ».
Répondant à M. Gilbert Chabroux, il a indiqué que
l'instauration d'un régime de retraite complémentaire obligatoire
était inéluctable. Il a rappelé qu'il n'avait pas
été simple de convaincre les organisations professionnelles sur
ce sujet, compte tenu de la surcharge de cotisations que représente un
tel régime. Il a observé que s'il fallait effectuer un choix
entre le régime de retraite complémentaire obligatoire et la
mensualisation des pensions, il serait souhaitable de privilégier la
première réforme. Il a indiqué qu'une proposition de loi
du groupe socialiste, tendant à instaurer un tel régime,
était inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale
le 11 décembre prochain, et qu'il serait souhaitable que le Gouvernement
inscrive cette proposition de loi à l'ordre du jour du Sénat pour
qu'elle y soit discutée. Il a remarqué que le financement du
régime de retraite complémentaire obligatoire n'était pas
encore défini, alors que la participation du budget de l'Etat
apparaissait nécessaire, afin de faire bénéficier de ce
régime les retraités actuels, ou les « presque
retraités ».
S'agissant des mono-pensionnés à carrière courte et des
polypensionnés, il a indiqué que le rapport écrit
s'efforcerait de répondre aux questions posées.
M. Nicolas About, président,
a considéré que l'avis
favorable proposé, malgré les critiques émises, montrait
tout le sérieux et l'objectivité du travail réalisé
par les rapporteurs.
La commission a émis un
avis favorable à l'adoption du projet
de budget annexe des prestations sociales agricoles pour 2002
.
Au cours de sa réunion du 22 novembre 2001, la commission des
Affaires sociales a émis un avis favorable à l'adoption des
crédits du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) pour
2002.
1
cf. infra, p. 11.
2
M. Germinal Peiro a remis son rapport au ministre le 3 novembre
1999.
3
Rapport sur les retraites agricoles, p. 19.
4
JO Débats Assemblée nationale,
3
ème
séance du 5 novembre 2001, p. 7121.
5
JO Débats Assemblée nationale, op. cit.
6
En tenant compte des hypothèses retenues par le
Gouvernement : 1,7 % en 2001 et 1,6 % en 2002
7
Et de plus de 9 milliards de francs s'il est tenu compte
de l'article 8 du projet de loi de finances rectificative pour 2001, qui
affecte un montant supplémentaire de C3S de 1,5 milliard de francs.
8
L'article 9 de la loi de financement de la sécurité
sociale pour 2000 a imaginé un mécanisme complexe, où
l'ACOSS reverse aux régimes maladie un montant de CSG correspondant aux
pertes de cotisations constatées sur l'année 1998 -à la
suite du « basculement massif » opéré par la
loi de financement de la sécurité sociale pour 1998- et
actualisées. De sorte que le reversement de CSG ne correspond plus
à la CSG réellement acquittée par les exploitants
agricoles.
9
Rapport spécial PLF 2002, n°3320, annexe 42, p. 13.
10
cf. p. 12.
11
Ce terme étant celui utilisé en 1992-1993 par le
secrétaire général de la Commission des comptes de la
sécurité sociale, qui était alors M. Jean Marmot.
12
cf. rapport sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002, n°60, tome III : Assurance
vieillesse, p. 22.
13
Selon le II de l'article LO. 111-3 du code de la
sécurité sociale.
14
L'expression communément répandue de
« régime » AAEXA est de fait
inadéquate : au sens de la sécurité sociale, l'AAEXA
est une branche du régime de protection sociale des exploitants
agricoles.
15
M. Louis Boyer donnait ainsi son opinion, dans son avis sur le
BAPSA 2001, à propos de l'évolution des dépenses
d'assurance maladie retenue pour l'année dernière :
« Les prévisions du Gouvernement reposent toutefois sur des
hypothèses qui apparaissent nettement optimistes. Elles ne semblent pas
tenir compte des estimations pour 2000 ; or, « l'effet base
2000 » serait déjà de 2,1 % par rapport à
la loi de finances initiale. Dans ces conditions, prévoir une
augmentation de 2,6 % apparaît irréaliste ».
16
Cette enveloppe avait été créée pour
accompagner la réforme des cotisations, lancée en 1990.
17
En effet, si elle n'était pas affectée au BAPSA,
elle viendrait assurer l'équilibre du Fonds de solidarité
vieillesse et augmenter les encaissements du Fonds de réserve.
18
Cette disposition a du reste été coordonnée
par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002.
19
Les restitutions de TVA correspondent en théorie à
des remboursements de taxes payées sur des biens en fait
exonérés, notamment les exportations ou les biens
d'équipement.
20
La loi de financement de la sécurité sociale pour
2001 a permis en effet l'alignement des prestations maladie servies dans le
régime des non-salariés non agricoles sur celles du régime
général.
21
Rapport du Gouvernement sur les retraites agricoles, janvier
2001, p. 17.
22
Rapport sur les retraites agricoles, janvier 2001, p. 22.
23
Ce comité d'évaluation comprend le directeur
général de la CCMSA, le directeur des exploitations, de la
politique sociale et de l'emploi, le directeur du Budget, le contrôleur
d'Etat auprès de la CCMSA, un représentant du Conseil
économique et social, un représentant du Commissariat au Plan, un
représentant de l'IGA et un représentant de l'IGAS.
24
Il aura fallu ainsi près de trois ans pour que le projet
se concrétise...