c) La généralisation d'un entretien individuel en classe de troisième

Comme l'a annoncé le Premier ministre lors de sa conférence de presse mensuelle du 26 octobre dernier, l'entretien individuel déjà prévu en classe de troisième sera obligatoire pour tous les élèves, dès cette année, en vue de favoriser une orientation « active » et « volontaire » .

Selon les informations transmises par le ministre de l'éducation nationale lors de son audition, cet entretien concernera environ 790 000 élèves et sera conduit, en associant les parents, par près de 30 000 professeurs principaux, entre les mois de janvier et mars. Il s'agit de préparer, en amont, les voeux d'orientation, à partir d'un bilan scolaire de l'élève, de ses aspirations et des différentes possibilités offertes.

Les professeurs principaux bénéficieront, à cet effet, d'une formation spécifique, prévue dans le cadre des plans académiques. Votre rapporteure s'interroge, toutefois, sur la vocation des enseignants à assurer l'orientation des élèves et sur le temps dont ils pourront disposer à cet effet. Il ne s'agit pas seulement, par cet entretien, de faire correspondre un métier et un élève : l'orientation répond à des critères plus larges, ce qui suppose de la disponibilité pour la réussir.

Selon les informations transmises à votre rapporteure, cet entretien pourra se dérouler, si besoin, avec un conseiller d'orientation-psychologue (Co-Psy), ou, dans le cadre de partenariats, avec d'autres « appuis externes » permettant d'apporter un éclairage sur les métiers ou les différentes filières (professeur référent de lycée professionnel, formateur en centre de formation pour apprentis - CFA -, représentants des services de l'emploi ou des chambres consulaires...).

En effet, le « schéma national de l'orientation et de l'insertion professionnelle », dont la mise en oeuvre sera coordonnée par le délégué interministériel à l'orientation, M. Pierre Lunel, nommé en septembre dernier, prévoit notamment un rapprochement entre les différentes structures relevant de l'État (éducation nationale, jeunesse et sports, Agence nationale pour l'emploi), des régions ou des chambres consulaires.

Ce « service public de l'orientation » devrait permettre de décloisonner les différents acteurs impliqués, afin de renforcer la cohérence et l'efficacité des interventions auprès des jeunes.

Toutefois, votre rapporteure tient à souligner que les intérêts de l'économie et ses besoins à court terme ne doivent pas prévaloir sur les motivations de l'élève, au risque d'aboutir à un « décrochage » scolaire.

Par ailleurs, dans ce nouveau contexte, votre rapporteure tient à exprimer ses inquiétudes liées à la diminution du nombre de conseillers d'orientation-psychologues (Co-Psy), dont les effectifs sont largement insuffisants pour accompagner les élèves dans la construction de leur projet personnel, scolaire et professionnel. On compte en effet environ un Co-Psy pour 1 400 élèves (3 757 en 2005-2006, contre 3 807 en 2004-2005).

De surcroît, alors que les départs à la retraite seront massifs dans les années à venir, le nombre de postes ouverts aux concours de recrutement diminue de façon drastique , comme le montre le tableau suivant.

NOMBRE DE POSTES OUVERTS AUX CONCOURS DE RECRUTEMENT
DE CONSEILLERS D'ORIENTATION (COP)

Session 2003

Session 2004

Session 2005

Session 2006

Session 2007

Concours externe

190

110

110

50

50

Concours interne

10

10

10

5

NC

Concours réservé

40

15

10

-

-

Examen professionnel

19

15

6

-

-

Si les Co-Psy sont régulièrement montrés du doigt, y compris par les jeunes, il convient néanmoins de renforcer leurs effectifs et leur formation continue, pour qu'ils restent en phase avec l'évolution rapide des formations et des métiers. Lors de son audition devant la commission, le ministre de l'éducation nationale s'est voulu rassurant sur leur avenir, annonçant par ailleurs que le délégué interministériel à l'orientation formulerait des propositions destinées à adapter la formation de ces professionnels de l'orientation. Votre rapporteure rappelle, à cet égard, l'importance de la dimension de « psychologue » attachée à ces fonctions, pour apporter aux jeunes un accompagnement personnalisé.

A titre d'exemple, afin de pallier les déficiences actuelles des services d'orientation et répondre aux difficultés liées aux procédures d'affectation, le dispositif « SOS Rentrée » a été mis en place par le conseil général du Val-de-Marne il y a près de seize ans. Le succès du dispositif, qui accueille plus de 600 jeunes chaque année, attire l'attention sur le besoin de leur apporter, ainsi qu'à leurs familles, une écoute, des conseils et un suivi individualisé , pour les aider à construire et/ou faire aboutir leur projet scolaire et professionnel.

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