II. LA SIDÉRURGIE
La production française d'acier brut a atteint 18 millions de tonnes en 1994, soit une progression de 5,4 % par rapport à 1993, qui tranche sur le recul de 1 % de la production mondiale.
Au total, l'acier réellement consommé en France a augmenté de 5,7 %, en 1994. Le phénomène d'inversion du mouvement des stocks sur le marché a également eu lieu en France et la demande a progressé de 13,7 %.
En valeur, le solde des échanges, pour l'ensemble des produits, s'est situé à 7,4 milliards de francs.
Avec la reprise de la demande, les importations des pays tiers, en particulier celles en provenance d'Europe centrale et de l'ex-Union soviétique où existent d'importantes capacités de production sous employées, sont un sujet majeur de préoccupation pour la sidérurgie de l'Union européenne.
En 1994, des accords ont été conclus par la Commission entre la République de Russie, assortis de limitations quantitatives pour 1995 et 1996 (progression de 35 % en 1995 par rapport aux contingents de 1994 et, en 1996, nouvelle progression de 15 %). Des accords similaires sont en cours de négociation avec les Républiques d'Ukraine et du Kazakhstan.
Des contingents tarifaires avec les Républiques tchèque et slovaque continueront d'être appliqués jusqu'à la fin de 1995. Un système de doubles licences a été mis en place vis-à-vis de la Bulgarie et de la Roumanie à la suite d'une très forte progression des exportations de ces pays, notamment en Italie.
Afin d'éviter des détournements, il serait très souhaitable que ces mesures soient étendues aux produits de la première transformation.
La sidérurgie française bénéficie, en 1995, d'une reprise de la demande et d'un raffermissement des prix. Sur les cinq premiers mois de 1995, la progression de la production d'acier brut est sensible (+ 8,1 % à 7,943 millions de tonnes). Dans les produits plats, l'équilibre entre l'offre et la demande se maintient à un niveau satisfaisant, sur fond de progression générale des prix. Sur le marché des aciers spéciaux, la demande adressée aux segments techniques (visserie-boulonnerie, frappe à froid, décolletage) reste forte.
• Usinor-Sacilor
Troisième sidérurgiste mondial, Usinor-Sacilor a connu, en 1995, une année à haute intensité.
Pour se démarquer des concurrents coréen et japonais (Nippon Steel est le numéro un mondial), Usinor s'est modernisé en favorisant les aciers à valeur ajoutée. L'entreprise a délaissé les aciers bas de gamme du BTP pour des produits plus techniques : tôles et aciers spéciaux pour l'automobile (elle en est le premier fournisseur européen grâce à Sollac et Ascométal), acier inoxydable (3e mondial avec Ugine et ses filiales) ou encore des alliages comme l'INVAR, produit par sa filiale Imphy, dont la stabilité en température est exploité par l'industrie spatiale, les fabricants de tubes de télévision et dans les cuves de méthanier.
Pour un chiffre d'affaires de 79,5 milliards de francs en 1994, Usinor-Sacilor a réalisé 2,9 milliards d'investissements. Le résultat (part de groupe) a atteint un milliard de francs. L'endettement du groupe représentait cependant 17,5 milliards de francs.
L'augmentation de capital de 5 milliards de francs réalisée en 1995 aura son effet. À la suite de cette opération, l'endettement total d'Usinor va tomber à 12 milliards de francs pour des fonds propres de 22,1 milliards, soit un taux de 0,54 % contre 1,22 % en 1993. À ce rythme, l'objectif de ne plus avoir de dette en 1997 ne paraît plus hors d'atteinte.
Au premier semestre de 1995, Usinor-Sacilor a réalisé un résultat net (part de groupe) de 2,36 milliards de francs.
Lancée dans un climat social tendu au début de juin, l'ouverture du capital d'Usinor-Sacilor a été finalisée en juillet 1995. L'État, qui détenait 80% du capital, devrait garder environ 8 %. Le Crédit lyonnais, qui en détenait 20 % jusqu'alors, ne devrait en conserver que 3 %. Une cession de gré à gré des actions devait porter sur 12 % du capital. La valorisation du groupe avoisinait 23 milliards de francs en juin 1995. En définitive, le capital devait être réparti entre un groupe d'actionnaires stables (15%), parmi lesquels EDF et la COGEMA, les salariés de l'entreprise (4 à 5 %), le public (15 à 18%) et les investisseurs institutionnels.
Alors que 110.000 emplois ont été perdus depuis 1994 par la sidérurgie française et au terme de plus de trois mois de négociations, Usinor Sacilor a réussi à conclure l'accord social régissant « l'après-95 ». Il prévoit ainsi la réduction du temps de travail dans le cadre du volontariat avec des compensations, des possibilités de recourir au temps partiel à 4/5 pour les salariés volontaires de plus de 50 ans, des mesures d'accompagnement de la mobilité professionnelle volontaire. Dans ces conditions, Usinor-Sacilor estime qu'il pourra réaliser sans problème des gains de productivité de l'ordre de 3 % par an.
•
Ugine
Filiale spécialisée dans l'acier inoxydable d'Usinor-Sacilor qui en détenait 60 %,
Ugine a fait, en septembre 1995, l'objet d'une offre public d'achat de ses titres par Usinor.
Ugine a dégagé, premier semestre de 1995, un bénéfice net (part de groupe) de 954 millions de francs au premier semestre de 1995, pour un chiffre d'affaires de 10,57 milliards de francs.