N° 90
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
Par Mme Hélène LUC,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Gérard Collomb, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Jacques Donnay, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
15
)
(1999-2000).
Lois de finances
.
GLOSSAIRE DES SIGLES
BEP
Brevet d'études professionnelles
BTS
Brevet de technicien supérieur
CAP
Certificat d'aptitude professionnel
CEREQ
Centre d'études et de recherche sur les qualifications
CIDJ
Centre d'information et de documentation pour la jeunesse
CIO
Centre d'information et d'orientation
CPC
Commission professionnelle consultative
DEUG
Diplôme d'études universitaires générales
DDASS
Direction départementale de l'action sanitaire et sociale
EREA
Etablissement régional d'enseignement adapté
IUFM
Institut universitaire de formation des maîtres
IUP
Institut universitaire professionnalisé
IUT
Institut universitaire de technologie
LP
Lycée professionnel
MIGEN
Mission générale d'insertion de l'éducation
nationale
NTIC
Nouvelles technologies de l'information et de la communication
PAIO
Permanence d'accueil d'information et d'orientation
PJJ
Protection judiciaire de la jeunesse
PLP
Professeur de lycée professionnel
PLP1
Professeur de lycée professionnel du premier grade
PLP2
Professeur de lycée professionnel du second grade
SEGPA
Section d'enseignement général et professionnel
adapté
SMS
Sciences médico-sociales
STI
Sciences et technologies industrielles
STL
Sciences et technologies de laboratoire
STS
Section de techniciens supérieurs
STT
Sciences et techniques tertiaires
SVT
Sciences de la vie et de la terre
ZEP
Zone d'éducation prioritaire
introduction
Mesdames, Messieurs,
La réforme des lycées ne saurait se concevoir sans y inclure
l'enseignement professionnel. Il y va de la cohérence de notre
système éducatif et de l'intérêt des jeunes que l'on
souhaite placer au coeur de notre système éducatif.
La richesse des questions et des débats de la plus récente
actualité -charte de l'enseignement professionnel intégré,
promotion de l'enseignement professionnel par M. Aimé Jacquet, colloque
de Lille- sont autant de manifestations qui attestent de la volonté des
pouvoirs publics d'accorder à cet enseignement l'attention qu'il
mérite et auquel notre commission reste attentive.
Ces dernières années, des avancées ont été
réalisées et le lycée professionnel perd de son image
négative.
Le lycée professionnel n'est plus le lieu des seules formations
ouvrières et encore moins une filière de relégation. La
création et le développement remarquables des
baccalauréats professionnels ont joué un rôle
considérable dans la revalorisation de cette filière.
Au fil des ans, la population scolaire s'est diversifiée et, parmi la
multiplicité de ses missions, le lycée professionnel constitue
très souvent l'ultime voie de remédiation après un
échec scolaire, mais aussi le refuge de bien des élèves en
rupture familiale.
Il ressort des différents débats évoqués à
l'instant que le lycée professionnel est une voie de réussite,
délivrant des savoirs professionnels indispensables aux besoins
économiques de demain.
Si les multiples campagnes de promotion de cet enseignement sont
incontestablement utiles, elles ne porteront leurs fruits que si elles sont
accompagnées d'une véritable programmation budgétaire
pluriannuelle.
Formation et recrutement des enseignants, renforcement de l'enseignement des
matières générales, rénovation des lycées,
multiplication de l'offre de formation à travers l'enseignement de
nombreux métiers sont quelques-uns des axes auxquels il convient de
donner corps.
Pour que l'originalité de notre système éducatif soit
préservée et valorisée, à travers un enseignement
professionnel public, de réels efforts budgétaires doivent
être accomplis.
Votre commission ne peut qu'observer que le projet de loi de finances pour
2000, en dépit de son augmentation, reste très en
deçà des ambitions manifestées et attendues par l'ensemble
des acteurs de l'enseignement professionnel et que l'effort reste à
poursuivre dans les années à venir.
*
* *
Après avoir détaillé les grandes lignes
et les
modalités de mise en oeuvre de la réforme de l'enseignement
professionnel intégré et évoqué la
nécessaire rénovation de l'enseignement technologique, le
présent rapport pour avis rappellera que l'enseignement professionnel,
s'il est d'abord une voie d'excellence, reste aussi un lieu d'accueil pour les
élèves en difficulté.
I. UNE RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ENGAGÉE
PROGRESSIVEMENT ET UNE NÉCESSAIRE RÉNOVATION DE L'ENSEIGNEMENT
TECHNOLOGIQUE
Depuis l'installation de la table ronde sur l'enseignement professionnel au
premier trimestre de 1998, le ministre a annoncé une véritable
refondation de cet enseignement dont la mise en oeuvre apparaissait imminente.
A ce jour, la réforme n'a fait l'objet que d'une expérimentation
limitée, dans un faible nombre d'établissements, et pour des
dispositions ponctuelles qui seront expérimentées au cours de la
présente année scolaire.
Sans méconnaître la complexité de tels aménagements,
compte tenu de la diversité des acteurs en cause, c'est par un lent
cheminement de la réforme nécessaire de l'enseignement
professionnel que les contours de la réforme ont été
progressivement dessinés. Qu'on en juge :
- mars 1998 : installation de la table ronde sur l'enseignement
professionnel ;
- mai 1998 : publication du rapport dit Meirieu sur la réforme des
lycées, qui concerne également l'enseignement professionnel ;
- juillet 1998 : annonce de la réforme des lycées ;
- juillet 1998 : publication des 50 propositions du rapport Marois issu
des travaux de la table ronde ;
- octobre 1998 : plan d'urgence pour l'avenir des lycées, qui
bénéficie notamment au lycée professionnel ;
- juin 1999 : publication de la charte de l'enseignement professionnel
intégré dans le cadre de la charte pour le lycée du XXIe
siècle ;
- juin 1999 : lancement de la campagne de promotion de l'enseignement
professionnel, sous l'égide de M. Aimé Jacquet ;
- septembre 1999 : colloque de Lille sur l'enseignement professionnel
intégré ;
- année scolaire 1999-2000 : application limitée dans
quelques établissements volontaires de certaines dispositions de la
réforme ...
Votre commission ne retiendra de ce long processus que les étapes les
plus récentes, les précédentes ayant été
détaillées lors de l'examen du précédent projet de
loi de finances.
Elle observera aussi que le projet de loi de finances pour 2000 n'est pas
à la hauteur requise pour assurer le nécessaire accompagnement
financier d'une réforme aussi ambitieuse.
A. L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL INTÉGRÉ
1. Les objectifs de la charte
a) Une logique pédagogique
La
charte de l'enseignement professionnel intégré a
été présentée le 24 juin 1999.
Cet enseignement doit concilier les impératifs de la formation
générale, de la formation professionnelle et de l'environnement
économique. Sa logique pédagogique doit permettre aux
élèves de recevoir une formation professionnelle en
accédant à la culture commune de tout lycéen ; les
stagiaires de la formation continue et les apprentis n'en sont pas exclus.
b) Un apprentissage de la citoyenneté et l'acquisition d'une culture générale
L'enseignement professionnel doit permettre à ses
élèves, aux apprentis et stagiaires d'apprendre la
citoyenneté et d'acquérir les aptitudes nécessaires
à l'exercice de leur vie professionnelle.
C'est ainsi que l'éducation civique, juridique et sociale, les
enseignements artistiques, l'éducation physique et les activités
sportives et culturelles devraient faire l'objet d'actions dans les
lycées professionnels, au sein ou en complément des programmes.
Des expériences d'enseignement de la philosophie seront notamment
engagées.
L'organisation des études doit permettre des réorientations entre
l'enseignement professionnel et l'enseignement général et
technologique.
2. L'enseignement intégré
a) Les principes
L'enseignement professionnel intégré consiste en une triple intégration d'abord institutionnelle (celle du lycée professionnel à l'éducation nationale), pédagogique (celle de la formation générale à la formation professionnelle), professionnelle (celle des périodes en entreprise au sein de la formation professionnelle).
b) Un partenariat avec les professions
Ce
partenariat doit s'organiser autour de spécialités
identifiées en prenant en compte l'environnement économique de
l'établissement, la demande sociale et celle des familles, et en
s'assurant qu'une démarche pédagogique est toujours
présente, aussi bien dans la formation donnée en
établissement que dans celle dispensée en entreprise.
Cette démarche pédagogique doit bénéficier à
tous les élèves et s'adapter à chaque métier et
à chaque niveau de formation.
c) Des périodes de formation en entreprise
Les
périodes de formation en début de cursus devraient avoir pour
vocation d'initier les élèves aux exigences de la vie
professionnelle, avec un souci de qualité pédagogique.
Les modalités de ces périodes et leur durée seront
négociées avec les branches professionnelles en liaison avec les
commissions professionnelles consultatives ou les commissions paritaires
nationales de l'emploi.
d) L'existence d'un contrat de formation
Ce
contrat, à forte dimension pédagogique, devrait unir
l'élève, l'établissement et l'entreprise.
Il devrait préciser les activités professionnelles correspondant
au diplôme, les modalités de son encadrement par un tuteur de
l'entreprise, par l'équipe pédagogique de l'établissement,
et enfin les objectifs attendus et qui seront évalués au terme de
la période en entreprise.
Un cadre général devrait être proposé pour
préciser les droits et obligations de chaque cocontractant.
e) La désignation d'un coordonnateur au sein de l'établissement
Celui-ci devrait être désigné au sein de chaque établissement (chef des travaux, professeur principal) ; il sera chargé de faire le lien avec les milieux économiques pour déterminer leurs besoins de recrutement et de formation compte tenu de leurs projets et de l'utilisation qu'ils souhaitent faire des équipements des lycées professionnels.
f) L'utilisation des plates-formes techniques des établissements
Ces plates-formes pourront bénéficier aux PME-PMI sous des formes contractuelles ; les modalités juridiques prévues par la loi sur l'innovation (groupement d'intérêt public) et des contrats types pour les enseignants volontaires qui souhaiteront s'associer à ces coopérations technologiques, seront utilisés.
g) L'institution d'un coordonnateur académique
Celui-ci
sera placé auprès du recteur et aura pour mission d'analyser
l'adéquation entre les formations et l'emploi au plan régional,
de coordonner l'action académique par rapport notamment au plan
régional de développement des formations professionnelles des
jeunes, et avec les organisations économiques et sociales, celles-ci
étant mises en relation avec les établissements.
Ce coordonnateur académique sera également le correspondant de la
nouvelle mission nationale éducation-économie-emploi.
Sur un plan général, l'enseignement intégré doit
contribuer à redessiner la carte régionale des formations en
favorisant l'émergence de pôles d'enseignement professionnel en
relation avec l'emploi.
3. La rénovation des diplômes de l'enseignement professionnel
a) Les diplômes existants
L'enseignement professionnel prépare aux diplômes
de
niveau V (CAP et BEP) et IV (baccalauréat professionnel).
Ces diplômes attestent d'un niveau de culture générale et
de la maîtrise de compétences professionnelles, car ils sont
élaborés dans le cadre des CPC. Leurs jurys font appel à
des professionnels en exercice.
b) Une rénovation attendue
Ces
diplômes feront l'objet de certification " modulaire " dont les
modalités seront adaptées à la diversité des
accès à la qualification des candidats (formation sous statut
scolaire, apprentissage, formation continue).
En formation initiale, ces modules correspondent aux acquis de la formation.
Pour les adultes à la recherche d'un diplôme, ils devront
correspondre à des blocs d'activités professionnelles
identifiés et reconnus permettant la validation diplômante des
acquis professionnels. Suivant les cas, ces modules pourront donc être
différents. Pour faciliter la tâche des jurys de validation
diplômante des acquis professionnels, des recherches
d'équivalences ou de rapprochements entre ces modules et ceux
pratiqués dans certains systèmes de certification non
diplômants seront entreprises en liaison avec les ministères
concernés.
L'éventail des diplômes professionnels s'est en effet
élargi depuis la création du baccalauréat professionnel en
1985 : celui-ci traduisait dans l'offre de formation professionnelle
initiale l'élévation des qualifications dont l'économie
ressentait la nécessité. Aujourd'hui, la rénovation des
diplômes de niveau V est devenue indispensable pour tenir compte du
développement d'emplois à ce niveau de qualification et pour
clarifier les rôles respectifs du CAP et du BEP.
L'éducation nationale doit tenir compte de la coexistence de plusieurs
dénominations (CAP et BEP) pour les diplômes de ce niveau dans les
diverses classifications professionnelles. Elle proposera à ces
partenaires de retenir dans la mesure du possible, branche par branche, une
seule dénomination.
c) Le CAP
Le CAP
est un diplôme professionnel reconnu dans les conventions collectives.
Comme le montrent les études du CEREQ, le CAP joue un rôle de
protection contre le chômage et l'exclusion. C'est donc vers ce
diplôme que devraient s'orienter en priorité les jeunes qui
souhaitent s'insérer rapidement à ce niveau de qualification. Il
devrait être plus particulièrement détenu par tout jeune
quittant le système éducatif avant le niveau de formation du
baccalauréat, conformément à l'esprit de la loi
d'orientation sur l'éducation de 1989.
Son objectif d'insertion immédiate dans l'emploi doit en faire un
diplôme dont les modes de préparation s'adaptent aux acquis et aux
besoins des jeunes. Il doit pouvoir être préparé au sein
des lycées professionnels, particulièrement dans les secteurs
où il est très demandé par les entreprises. La
préparation à des CAP répondant aux besoins des
métiers doit être conçue pour permettre la prise en compte
des acquis de section d'enseignement général et professionnel
adapté (SEGPA).
d) Le BEP
La
préparation du baccalauréat professionnel commence en
règle générale par un BEP mais elle reste accessible
après un CAP.
Si cette préparation fait suite à un BEP, il convient de
concentrer les périodes de formation en entreprise au cours de la
période de préparation du baccalauréat professionnel, et
d'en alléger corrélativement la préparation du BEP.
e) Le baccalauréat professionnel
Le
baccalauréat professionnel a pour objectif l'insertion professionnelle
directe de ses titulaires dans l'emploi à un niveau de qualification
reconnu. Il a su répondre aux évolutions du travail, comme en
témoignent les perspectives d'emploi qu'offre ce diplôme.
Aujourd'hui, un nombre significatif de bacheliers professionnels poursuivent
cependant des études ; celles-ci devant donc pouvoir s'effectuer
dans des conditions qui en facilitent la réussite, la préparation
au BTS semble pouvoir être privilégiée pour construire une
solution pédagogique appropriée.
f) La formation de techniciens supérieurs
L'organisation de l'enseignement dans certaines formations de
techniciens supérieurs en lycée professionnel devra
prévoir de prendre en compte les acquis dans le champ professionnel par
les élèves titulaires du baccalauréat professionnel. Le
choix de leur localisation prendra en considération les sections
existantes et leurs capacités d'adaptation, mais aussi la
compétence des lycées professionnels et celle de leurs
professeurs.
La formation de ces diplômes se déroulera selon un volume horaire
de l'ordre de 250 heures destiné à la réalisation de
projets pluridisciplinaires à caractère professionnel auxquels
l'enseignement général et l'enseignement professionnel pourront
participer.
Les élèves en difficulté bénéficieront d'une
aide individualisée. De plus, les élèves en
difficulté dans l'enseignement général pourront
bénéficier d'une aide particulière. La nouvelle
organisation de l'aide aux élèves qui résultera de cette
évolution des pratiques pédagogiques sera inscrite dans le projet
d'établissement. Les professeurs de l'enseignement général
comme de l'enseignement professionnel pourront consacrer à ces
activités certaines heures de leur service statutaire dans le cadre de
petits groupes qui ne pourront être supérieurs à huit
élèves à l'intérieur des projets.
4. Les lycéens professionnels
a) A la recherche d'un statut
Dans les
lycées professionnels, les élèves sont très souvent
majeurs. Ils doivent pouvoir gérer par eux-mêmes l'essentiel de
leur vie sociale, y compris le droit d'association. Les parents
d'élèves continuent par ailleurs à être
associés à la vie de l'établissement.
Ces jeunes adultes ont à faire face à des frais particuliers
liés à leur équipement et à leur activité en
entreprise (déplacements, logement, nourriture).
Une réflexion devrait donc être engagée sur leur statut.
b) Vers une orientation active
Le choix
du lycée professionnel doit valoriser ceux qui s'y orientent. Des
campagnes devraient être organisées régulièrement en
direction des collèges et des autres établissements pour mieux
faire connaître les perspectives d'emplois qu'offre l'enseignement
professionnel intégré. Les professeurs de lycées
professionnels volontaires seront associés à ces campagnes
auxquelles les CIO devront également prendre leur part.
La réorientation d'élèves vers l'enseignement
professionnel est parfois souhaitable. Il faut qu'elle permette d'assurer la
réussite des élèves en leur garantissant le rattrapage des
pré-requis professionnels. Par ailleurs, les réorientations vers
les classes de l'enseignement technologique doivent permettre à ceux qui
en ont la possibilité de s'engager dans la voie la plus adaptée
à leur souhait.
D'une manière générale, l'orientation devrait faire
l'objet d'une attention toute particulière afin de permettre un meilleur
échange entre les métiers, les professionnels et les jeunes.
L'orientation par pallier, vécue comme un couperet par les jeunes et
leur famille, dessert la réussite ; là encore, un chantier
est à ouvrir même si de gros efforts ont été
réalisés dans le sens d'une orientation positive.
c) Les débouchés des élèves
L'insertion professionnelle doit être l'objectif de chaque élève de lycée professionnel. Les coordonnateurs des relations avec les milieux économiques faciliteront les actions organisées par les établissements pour faciliter l'accès à l'emploi des élèves en liaison avec les professeurs principaux et les chefs de travaux : contacts avec les entreprises, initiation aux techniques de recherche d'emploi avec le concours de conseillers professionnels, liaisons avec les organismes chargés de l'emploi.
5. Les professeurs de lycée professionnel
Les PLP
seront formés aux spécificités de l'enseignement
professionnel intégré. Les modalités d'exercice des
enseignants tiendront compte de la diversité des activités
pédagogiques qui leur incombent : enseignement traditionnel (cours,
travaux pratiques, travaux en ateliers), aide aux élèves,
pilotage des projets. En particulier, les activités pédagogiques
confiées aux enseignants et correspondant aux périodes pendant
lesquelles tout ou partie de leurs élèves sont en entreprise
feront l'objet d'un examen et d'une concertation spécifique.
Pour les disciplines techniques d'enseignement professionnel, il conviendra de
rechercher les modalités permettant aux candidats de valoriser dans les
épreuves des concours de recrutement leur expérience
professionnelle dans la discipline qu'ils souhaitent enseigner.
Dans les IUFM, les futurs enseignants de lycées professionnels seront
formés à la pédagogie de l'enseignement professionnel
intégré. Pour leur permettre de mettre en oeuvre non seulement
les activités de leur champ disciplinaire mais également les
pratiques professionnelles qui seront exigées de leurs
élèves, un ensemble de stages professionnels en entreprise leur
sera systématiquement proposé.
De tels stages devront être renouvelés au début de leur
carrière puis périodiquement à leur initiative ou à
celle de l'administration.
B. UNE MISE EN oeUVRE TRÈS PROGRESSIVE DE LA RÉFORME
1. L'expérimentation de la charte
Sous la
responsabilité d'un groupe de travail dirigé par Mme Catherine
Moisan, inspecteur général de l'éducation nationale,
assistée du recteur de l'académie de Montpellier, M. Daniel
Bloch, la réforme de l'enseignement professionnel devrait entrer
" dès que possible " dans une phase d'expérimentation.
Cette mise en oeuvre expérimentale, qui ne concernera que des
établissements volontaires, devrait porter sur quelques unes des
dispositions les plus importantes de la charte.
Les établissements volontaires auront ainsi la faculté de
proposer une nouvelle organisation de l'année scolaire, de
dégager des méthodes pour réduire les horaires des
élèves dans les classes à forts effectifs et de mettre en
oeuvre des projets interdisciplinaires.
Le groupe de travail sera chargé de recenser en liaison avec les
recteurs, les diverses expériences, notamment par le biais de
vidéoconférences, avant de procéder à
d'éventuelles généralisations.
Ce groupe sera consulté sur la constitution du comité national
des programmes pour l'enseignement professionnel et effectuera la
synthèse des propositions des CPC notamment sur la liaison enseignements
généraux et professionnels, et la réforme des CAP.
Le groupe de travail devrait en outre être chargé de la mise en
oeuvre du transfert technologique des lycées professionnels vers
l'entreprise.
En revanche, c'est la direction des personnels du ministère qui devrait
engager la réflexion sur la réduction des horaires des
enseignants ainsi que sur le problème épineux d'une
éventuelle gratification des lycéens professionnels en stage, qui
a été proposée par le ministre lors du colloque de Lille.
2. Le colloque de Lille sur l'enseignement professionnel intégré
Organisé à l'initiative du ministère de
l'éducation nationale les 29 et 30 décembre 1999 à Lille,
le colloque sur l'enseignement professionnel intégré a
réuni quelque 500 participants représentant les enseignants, les
élèves, les entreprises ainsi que les grandes
confédérations de salariés.
Le rapporteur de votre commission ne peut que regretter que les élus n'y
aient pas été conviés, à l'exclusion du
sénateur-maire de Lille, notamment ceux qui sont chargés
d'analyser chaque année les crédits de l'enseignement
professionnel lors de l'examen de la loi de finances.
a) Les thèmes évoqués
Le
colloque a centré ses travaux sur le rôle du lycée
professionnel (accès, parcours, réussites), la rénovation
des diplômes de l'enseignement professionnel, la mise en oeuvre des
formations, la spécificité de la pédagogie de
l'enseignement professionnel intégré, l'originalité de la
formation et du métier d'enseignant en LP, la formation continue des
adultes, la validation diplômante des acquis professionnels,
l'intégration du lycée professionnel (sports, culture,
citoyenneté, philosophie), le partenariat école-entreprise et
l'adaptation aux changements technologiques et professionnels.
Plusieurs intervenants ont également insisté sur la
nécessité d'enrichir le contenu des enseignements, d'y
intégrer des éléments d'une formation
générale permettant des adaptations professionnelles futures et
de développer notamment les enseignements artistiques et la
philosophie.
b) Les questions restées sans réponse
En
dépit de la richesse de ces échanges, certaines questions sont
restées sans réponse :
- alors que le baccalauréat professionnel a été
plébiscité, la situation des
élèves en
difficulté
et la mise en application de la loi d'orientation de 1989
qui fait obligation d'offrir à tous les jeunes une formation
professionnelle initiale de niveau V ont été peu
abordées : c'est le cas notamment de la formation professionnelle
en SEGPA, de son articulation avec le lycée et de la rénovation
du CAP ;
- le
statut et la " gratification " des lycéens
professionnels
: alors que le ministre a évoqué la
question, effectivement légitime, d'une
" rémunération des élèves stagiaires ",
selon une expression peut-être malheureuse qui a été
immédiatement exploitée, il conviendrait sans doute d'explorer
les formules de gratification des stagiaires par les entreprises, que leur
autorise le code du travail et même de prévoir une telle mention
dans la convention nationale type de stage ; on peut également
regretter que le colloque de Lille n'ait pas abordé le problème
des bourses des lycéens professionnels qui pourraient être
transformées en allocation d'études de type étudiant ;
-
la réduction des horaires des enseignants :
cette question
n'a été abordée que par le biais de la réduction
des horaires des élèves, alors que le temps de travail des
enseignants dans les disciplines professionnelles reste élevé et
ne saurait être substantiellement réduit en l'absence d'une
politique de recrutement.
3. La campagne de valorisation de l'enseignement professionnel
a) L'effet " Coupe du monde "
Lancée en mars 1999, la campagne de promotion de
l'enseignement professionnel a utilisé les services de l'ancien
sélectionneur de l'équipe de France de football, M. Aimé
Jacquet, qui a connu les succès que l'on sait.
Cette campagne s'est traduite par une forte progression des demandes
d'inscription en lycée professionnel, qui aurait atteint 15 % dans
des académies comme celle de Montpellier.
On peut cependant se demander si l'efficacité d'une telle campagne n'est
pas amoindrie par le fait que 10 000 emplois de l'enseignement
professionnel ne sont pas pourvus par des titulaires, soit environ 15 %
des effectifs, du fait d'un blocage des recrutements, d'un appel aux
contractuels et d'un recours de plus en plus important à des enseignants
associés provenant de l'entreprise.
Force est de constater que cette opération médiatique n'a pas
été assortie des moyens nécessaires et a pu être
à l'origine de profondes désillusions pour les
élèves qui avaient décidé de se tourner vers le
lycée professionnel : un grand nombre d'entre eux ont en effet
été contraints de se retourner, faute de place dans certaines
académies méridionales, vers les classes de seconde
générale.
Le rôle essentiel joué par les lycéens professionnels
à l'occasion du mouvement des lycéens d'octobre, qui se prolonge
après chaque rentrée, témoigne de cette
déception : les classes sans enseignants sont d'abord celles des
lycées professionnels, puisque 2 000 postes restaient encore non
pourvus deux mois après la dernière rentrée.
b) L'impact de la campagne
Le
ministère a confié à l'institut BVA la réalisation
d'une enquête afin d'évaluer la perception par l'opinion de la
campagne de valorisation de l'enseignement professionnel.
Cette enquête a été réalisée du 15 au 24
avril 1999 auprès d'un échantillon de 1 101 personnes,
représentatif de la population âgée de 18 ans et
plus ; elle a fait apparaître les résultats suivants :
- une première question générale, sur l'enseignement
professionnel montre que celui-ci est globalement bien perçu (69 %
de bonne ou très bonne opinion) ;
- la quasi totalité des personnes ayant vu au moins un
élément de la campagne estiment que c'est une bonne chose de
mettre en valeur l'enseignement professionnel ;
- lorsqu'elles n'ont pas vu la campagne de publicité, 51 % des
personnes interrogées considèrent que les lycées
professionnels sont destinés aux jeunes ayant des difficultés
scolaires. Elles ne sont plus que 41 % parmi celles qui ont vu la
campagne. Cette variation de 10 points constitue donc un résultat
positif de la campagne ;
- lorsqu'elles ont vu la campagne, 80 % des personnes interrogées
pensent que les lycées professionnels permettent de rentrer plus
efficacement dans le monde du travail. Elles ne sont que 73 % parmi celles
qui n'ont pas vu la campagne.
- globalement, la campagne a été bien acceptée par
l'ensemble des personnes interrogées (74 %). La présence de
M. Jacquet, ou le simple fait que l'on revalorise l'enseignement professionnel,
semblent être à l'origine de ces bons scores. Sa présence
semble avoir fortement marqué les esprits puisque les
éléments de contenu les plus fréquemment restitués
par les personnes se souvenant avoir vu, lu ou entendu une campagne
d'information sur l'enseignement professionnel y font directement
référence ;
- 60 % des personnes ayant vu au moins un élément de la
campagne estiment que cette campagne améliore l'image qu'elles ont de
l'enseignement professionnel ;
- sur un plan global, 27 % des personnes interrogées se souviennent
de la campagne de publicité et 59 % disent l'avoir vu lorsqu'on en
présente des éléments ;
- en terme de compréhension, les réponses spontanées
recueillies sont positives : environ 9 personnes sur 10 ont
été à même de restituer au moins une partie du
message, relative le plus souvent au thème du métier, de la
formation, des diplômes et de l'emploi.
4. Le lycée professionnel : un recrutement de plus en plus diversifié
L'enquête effectuée en 1997 par le professeur Bernard Charlot, spécialiste en sciences de l'éducation, auprès de lycéens professionnels de banlieue, permet de se faire une représentation plus juste du lycée professionnel 1( * ) .
a) L'origine des élèves
Le lycée professionnel n'est plus le seul lieu des formations ouvrières et n'est plus seulement un lieu de relégation, du fait du développement du baccalauréat professionnel. Si la majorité des élèves des lycées professionnels est d'origine populaire et modeste, les LP accueillent aussi des enfants de populations intermédiaires pour lesquels ils constituent une voie de remédiation après un échec scolaire, et aussi des élèves de familles plus privilégiées en rupture avec leurs parents.
b) Un choix souvent contraint
L'enquête précitée révèle
aussi
que les lycées professionnels accueillent en majorité des
élèves qui n'ont pas choisi cet enseignement, c'est-à-dire
ceux qui sont orientés d'office parce qu'ils n'ont pas le niveau
suffisant pour suivre une seconde générale, ceux qui ne
souhaitent pas redoubler et ceux qui savent qu'ils ne seront pas
acceptés dans cette classe.
Par ailleurs, certains élèves après être
passés par la classe de seconde, voire de première de
l'enseignement général, reviennent en lycée professionnel.
Les élèves qui choisissent le lycée professionnel sont
ceux qui veulent apprendre un métier, enfants d'artisans, et jeunes
issus de SES-SEGPA ; pour ces derniers, l'entrée en CAP constitue
une véritable promotion.
La même enquête montre aussi que le discours sur la revalorisation
de la filière est encore contredit par la réalité
sociale : le lycée professionnel reste largement le " monde
des autres ".
c) Le lycée professionnel, voie de réussite
Le
lycée professionnel offre également aux élèves la
possibilité de reconstruire une image positive de soi, ouvre sur des
diplômes, propose des pratiques pédagogiques originales
dispensées par des enseignants formés à cet effet et
délivre des savoirs précis et vérifiables.
Dans le cadre d'une formation générale, il conviendrait d'y
développer des matières comme la philosophie et les enseignements
artistiques afin d'assurer une égale dignité et des savoirs
communs aux trois filières de lycée.
C. UN EFFORT BUDGÉTAIRE INSUFFISANT COMPTE TENU DE L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS
1. Une faible progression des crédits par rapport à 1999
Avec 37,697 milliards de francs pour 2000 en dépenses ordinaires et en crédits de paiement, contre 37,148 milliards de francs en 1999, les crédits de l'enseignement technique long et court enregistrent une progression de 1,48 %.
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE LONG ET COURTPROJET DE LOI DE FINANCES 1999
(en millions de francs)
|
Lycées techniques |
Lycées professionnel |
Sections de techniciens supérieurs |
|
Personnel |
11 966,6 |
19 546,8 |
4 374,2 |
35 887,5 |
Fonctionnement |
171,3 |
655,0 |
178,1 |
1 004,4 |
Total DO |
12 137,9 |
20 201,8 |
4 552,3 |
36 892,0 |
CP |
181,7 |
74,7 |
- |
256,4 |
DO + CP |
12 319,6 |
20 276,5 |
4 552,3 |
37 148,4 |
Capital AP |
181,7 |
74,7 |
- |
256,4 |
Part dans l'ensemble des crédits alloués à l'enseignement du second degré : 119 376,1 |
|
|
|
|
( en millions de francs)
|
Lycées techniques |
Lycées professionnels |
STS |
TOTAL |
Personnel |
12 068,79 |
19 949,26 |
4 411,56 |
36 429,61 |
Fonctionnement |
172,52 |
659,70 |
179,37 |
1 011,59 |
Total DO |
12 241,32 |
20 608,96 |
4 590,93 |
37 441,20 |
CP |
181,70 |
74,70 |
|
256,40 |
DO + CP |
12 423,02 |
20 683,66 |
4 590,93 |
37 697,60 |
Capital AP |
181,70 |
74,70 |
|
256,4 |
a) Les crédits de fonctionnement
Les
mesures nouvelles représentent 7,2 millions de francs qui se ventilent
ainsi qu'il suit :
- chapitre 36-80 : 4,2 millions de francs ;
- chapitre 37-82 : 1 million de francs ;
- chapitre 37-84 : 2 millions de francs.
b) Les crédits pédagogiques
Les
crédits pédagogiques destinés à
l'enseignement
technologique
figurent dans le chapitre 36-71 qui regroupe les
crédits pédagogiques de l'ensemble des collèges et
lycées. Les recteurs d'académie reçoivent une dotation
globalisée, qu'ils répartissent ensuite entre les
différents types d'établissement.
Pour leur part,
les lycées professionnels
, pour l'année
1998, ont bénéficié de 409 millions de francs
délégués par les recteurs d'académie ; au 31
août 1999, ils avaient reçu 492 millions de francs.
Sur le même chapitre figurent notamment les crédits
destinés au financement des manuels scolaires dans les classes de
quatrième et troisième technologiques et des documents
pédagogiques à usage collectif dans les lycées
professionnels, ainsi qu'au défraiement des stages en entreprises.
c) Les crédits d'équipement
En ce
qui concerne les crédits d'équipement, le projet de loi de
finances pour 2000 prévoit un montant de 207,3 millions de francs
destinés à financer :
- l'équipement des laboratoires de technologie dans les
collèges ;
- la rénovation du BEP des métiers de l'électronique ;
- la rénovation des travaux de réalisation demandés aux
élèves dans les classes de BEP industriels.
2. Les emplois
a) Les créations d'emplois
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de
1 100 emplois de PLP2 et de 96 emplois non enseignants.
Le tableau ci-après retrace l'évolution du nombre des personnels
d'enseignement et d'éducation affectés dans les lycées
professionnels :
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Lycées professionnels |
63 822 |
63 880 |
65 877 |
66 009 |
65 539 |
Pour les personnels non-enseignants, l'évolution est la suivante :
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Lycées professionnels |
19 455 |
19 496 |
15 222 |
15 845 |
15 744 |
b) Les mesures de revalorisation prévues pour la rentrée 2000
Les
2 086 derniers emplois budgétaires de professeurs de lycée
professionnel du premier grade (PLP1) seront transformés en emplois de
professeurs de lycée professionnel du deuxième grade (PLP2) au
1
er
septembre 2000, pour un montant de 18,95 millions de francs.
Il est prévu un rattrapage en deux tranches, au 1
er
septembre
1999 et au 1
er
septembre 2000, du pyramidage des corps enseignants
du second degré, afin de porter le pyramidage budgétaire à
15 % de l'effectif de la classe normale des corps concernés ainsi
que le prévoit leur statut particulier : s'agissant des PLP2,
l'opération s'élève à 87,60 millions de francs. Le
nombre total de transformations d'emplois de PLP 2 en emplois de PLP 2 hors
classe demandé est de 3 051.
c) Les perspectives d'extinction du grade de PLP1
D'après les informations fournies à votre
rapporteur,
l'assimilation des PLP1 retraités dans le grade de PLP2 n'est pas
envisageable tant qu'il subsistera des professeurs du premier grade en
activité, dans la mesure où les nominations dans le second grade
sont contingentées et font l'objet d'une procédure de
sélection par inscription sur un tableau d'avancement.
Comme il a été vu, il restait, au 1
er
septembre 1999,
2 086 emplois de PLP1. L'extinction budgétaire de ce corps
interviendra à la rentrée scolaire 2000. Ce n'est qu'à
partir de cette date que l'intégration des PLP1 retraités dans le
deuxième grade pourra faire l'objet d'un examen.
S'agissant de l'éventualité de l'application des dispositions du
décret du 5 décembre 1951 qui autorise une reconstitution de
carrière des intéressés plus avantageuse qu'un
reclassement à indice égal ou, à défaut,
immédiatement supérieur, il n'existe aucune obligation juridique
d'aligner les modalités de péréquation des pensions des
PLP1 retraités sur les règles de reclassement des personnels en
activité qui accèdent au grade de PLP2.
Le Conseil d'Etat considère, en effet, que le principe
d'égalité de traitement ne s'oppose pas à ce que des
dispositions différentes soient appliquées aux personnels, selon
qu'ils se trouvent en position d'activité ou en position de retraite.
Les modalités de la future assimilation des indices de traitement des
PLP1 retraités ne sont toutefois pas encore définies.
d) Les observations de la commission
Votre
commission remarque que les objectifs ambitieux annoncés pour la
revalorisation de la filière professionnelle ne s'accompagnent pas, dans
la loi de finances pour 2000, d'un effort de recrutement des enseignants et
d'adaptation aux besoins.
Elle ne peut que souligner la proportion trop importante de non titulaires dans
cet enseignement, le recours important aux professeurs associés venant
de l'entreprise et les difficultés rencontrées pour assurer
chaque rentrée scolaire.
3. L'évolution des effectifs des élèves de l'enseignement technologique et professionnel
a) L'enseignement professionnel
A la
rentrée 1998, les 1 800 lycées professionnels et leurs
53 200 enseignants ont accueilli quelque 708 000 élèves
en second cycle, dont 538 500 en CAP-BEP et 164 000 en
baccalauréat professionnel.
Il convient de noter que le nombre d'élèves préparant un
CAP en trois ans à l'issue de la classe de 5
e
au sein des
lycées professionnels n'étaient que de l'ordre de 16 000 en
1998, ces formations reculant au profit du CAP préparé en fin de
troisième.
La proportion des élèves provenant des classes de
cinquième et intégrant une classe de quatrième
technologique n'était plus que de 2,8 % à la rentrée
1998, ces classes étant appelées à disparaître comme
les classes de troisième technologique.
S'agissant des rentrées 1999 et 2000, et alors que le nombre total des
effectifs du second degré devrait enregistrer une baisse de 28 500
et de 33 000 élèves, le second cycle professionnel devrait
perdre 10 200 élèves en 1999 et 15 500
élèves en 2000.
Pour les formations en deux ans (CAP et BEP), cette réduction devrait
concerner respectivement 12 400 et 15 600 élèves, du
fait certes de l'évolution démographique, mais aussi du
fléchissement des effectifs des classes de troisième
technologique où l'orientation vers le BEP était
prédominante. Les effectifs des élèves préparant un
" bac pro " devraient augmenter en 1999 (177 000), puis se
stabiliser en 2000.
Enfin, les classes de quatrième et de troisième technologiques
devraient perdre entre 1999 et 2000 environ 35 400 élèves.
A plus long terme, alors que les effectifs totaux du second degré
devraient perdre 152 000 élèves d'ici à 2003 et
214 000 élèves entre 2003 et 2008, le second cycle
professionnel enregistrerait une baisse de 33 000 élèves
jusqu'en 2003, puis de 24 000 pour les cinq années suivantes.
b) Le second cycle technologique
Ce cycle
a perdu 16 500 élèves à la rentrée 1999 et devrait
en perdre encore 23 000 à la rentrée 2000.
Jusqu'en 2003, la poursuite de la tendance devrait se traduire par une baisse
du nombre des lycéens de l'ordre de 60 000, laquelle se
prolongerait entre 2003 et 2008 (- 51 000 élèves).
EFFECTIFS D'ÉLÈVES DU SECOND DEGRÉ
PUBLIC ET
PRIVÉ
CONSTATS ET PROJECTIONS
(en milliers)
|
1998-1999 |
2003-2004 |
2008-2009 |
||||
|
constat |
variation |
projection |
variation |
projection |
||
|
|
absolue |
en % |
|
absolue |
en % |
|
Total 4 e et 3 e technologique |
88,4 |
- 68,7 |
- 77,7 |
19,7 |
- 1,3 |
- 6,7 |
18,4 |
- dont collèges |
27,0 |
- 27,0 |
- 100,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
- dont LP |
61,5 |
- 41,8 |
- 67,9 |
19,7 |
- 1,3 |
- 6,7 |
18,4 |
Total des CAP en 3 ans |
15,9 |
- 10,2 |
- 64,2 |
5,7 |
- 0,5 |
- 8,5 |
5,2 |
BEP-CAP en 2 ans |
512,4 |
- 17,1 |
- 3,3 |
495,2 |
- 22,4 |
- 4,5 |
472,8 |
Bac professionnel |
167,4 |
- 5,6 |
- 3,4 |
161,8 |
- 1,0 |
- 0,6 |
160,8 |
Total second cycle professionnel |
708,3 |
- 32,6 |
- 4,6 |
675,7 |
- 24,2 |
- 3,6 |
651,5 |
Total second cycle général et technique |
1 477,3 |
- 59,7 |
- 4,0 |
1 417,5 |
- 50,6 |
- 3,6 |
1 366,9 |
TOTAL |
5 354,3 |
- 152,4 |
- 2,8 |
5 201,9 |
- 214,2 |
- 4,1 |
4 987,7 |
- dont collèges |
3 106,8 |
- 18,3 |
- 0,6 |
3 088,5 |
- 138,1 |
- 4,5 |
2 950,4 |
- dont LP |
770,2 |
- 74,3 |
- 9,7 |
695,9 |
- 25,6 |
- 3,7 |
670,3 |
- dont lycées |
1 477,3 |
- 59,7 |
- 4,0 |
1 417,5 |
- 50,6 |
- 3,6 |
1 366,9 |
D. LA NÉCESSAIRE RÉNOVATION DE LA VOIE TECHNOLOGIQUE
Réunissant près de 30 % des effectifs
scolarisés dans les lycées, la voie technologique se
décline selon plusieurs séries le plus souvent subdivisées
en spécialités.
Actuellement, les quelque 125 000 bacheliers technologiques des
séries STI, STL, SMS, STT se répartissent en quatre
baccalauréats, divisés en 14 spécialités proposant
huit options, soit au total 21 diplômes différents !
1. Le constat du rapport Forestier
Le
recteur de l'académie de Versailles, M. Christian Forestier,
propose d'abord de réduire cette " balkanisation "
technologique à trois baccalauréats comportant onze
spécialités ; il rappelle ensuite la vocation de poursuite
d'études de la voie technologique, ce qui a pour conséquence de
rendre à la voie professionnelle une identité claire.
Son rapport, publié en juin 1997, dresse par ailleurs un état des
lieux sans complaisance de la voie technologique au lycée et formule
16 propositions pour sa rénovation (6 pour la classe de seconde, 6
pour le cycle terminal, et 4 pour les formations post-baccalauréat).
Il préconise également un développement des
baccalauréats scientifiques, généraux et technologiques (S
ou STI) et une moindre progression des effectifs dans les bacs
tertiaires : à cet égard, est soulignée la
singularité de la série STT qui remplit certes une fonction de
promotion sociale mais qui constitue en même temps un " piège
redoutable " en termes de débouchés professionnels ou
d'adaptation future à l'enseignement supérieur.
a) Les propositions pour la classe de seconde
Par le
jeu des options, cette classe favorise l'orientation vers les séries
générales et STT : le rapport Forestier regrette à
cet égard que le passage en STT ne prévoit aucun
pré-requis, alors que la seconde joue un rôle de classe de
prédétermination pour l'orientation en STL, STI et SMS.
Afin de rétablir une égalité entre les séries, le
rapport avance plusieurs propositions : suppression de l'alternative
option technologie et SVT dans le tronc commun, suppression du couplage
d'options, introduction d'une seconde langue vivante dans le tronc commun et
d'un enseignement de technologie s'appuyant sur les NTIC, élargissement
des orientations selon les options...
b) Les aménagements proposés en classes de première et de terminale
Ces
aménagements ont d'abord pour finalité d'améliorer les
chances de réussite des bacheliers STT entrant à
l'université, qui sont aujourd'hui réduites.
Une plus grande attractivité des séries STL et STI passe ainsi
par une actualisation de leur contenu et une modernisation de la
pédagogie et de l'évaluation : épreuves
anticipées en fin de classe de première pour des disciplines
générales, contrôle en cours d'études,
présentation d'un projet technologique en terminale.
Le recteur de l'académie de Versailles suggère par ailleurs de
réduire les spécialités et de substituer aux séries
STI et STL un baccalauréat sciences et technologie comportant cinq
spécialités, de créer un bac technologie de laboratoire et
santé autour de deux spécialités et de transformer le bac
STT en bac tertiaire et services en quatre spécialités, les
spécialités technologiques restantes étant
intégrées aux baccalauréats professionnels.
Le rapport évoque également les contours du futur
baccalauréat " métiers du sport " et propose que la
technologie soit maintenue comme option dans les bacs généraux
non scientifiques.
Enfin, pour améliorer les parcours de ces bacheliers à
l'université, le rapport Forestier préconise une plus grande
ouverture et une diversification des STS tertiaires, un accueil plus large des
bacheliers technologiques, notamment STT en IUT, une plus grande ouverture des
écoles d'ingénieurs aux bacheliers scientifiques, et
suggère de faciliter les poursuites d'études pour les SMS.
En tout état de cause, avant une éventuelle entrée en
application, de telles propositions doivent faire l'objet d'une concertation
approfondie avec les partenaires.
2. Les observations de la commission
a) Vers une orientation positive
Votre
commission tient à rappeler que l'orientation, au sein de la voie
technologique se fait encore trop souvent par défaut, notamment pour la
filière STT en fin de seconde : celle-ci est souvent
proposée à des élèves qui n'ont pas suivi d'options
technologiques tertiaires.
Il conviendrait de développer en classe de seconde une orientation
positive vers les séries technologiques qui accueillent les
élèves les plus fragiles, aussi bien sur le plan scolaire que
social, sinon ces élèves se dirigeront vers les lycées
professionnels. Une telle mesure permettrait de renforcer le rôle de
promotion sociale des filières technologiques.
b) La prise en compte de l'hétérogénéité des classes
Depuis
quelques années, les séries technologiques accueillent de plus en
plus d'élèves " fragiles " dans des classes à
l'hétérogénéité croissante : ces
élèves sont rapidement en difficulté lorsqu'il s'agit de
passer de l'approche expérimentale à une vision plus abstraite
des connaissances.
Il conviendrait de prendre en compte cette
hétérogénéité, sans réduire les
exigences ou les heures d'enseignement mais plutôt en mettant en oeuvre
des dispositifs de soutien et de rattrapage aussi individualisés que
possible.
c) Le nécessaire développement des débouchés post-baccalauréat
Alors
que la plupart des bacheliers technologiques poursuivent des études
supérieures, les titulaires de la série SMS par exemple sont
confrontés à l'inexistence de formations
post-baccalauréat, de type BTS médico-social.
La voie technologique devrait donc être prolongée jusqu'au plus
haut niveau, en aménageant des passerelles entre les diverses branches
de l'enseignement supérieur.
Sur un plan plus général, il convient de rappeler que les
formations technologiques sont en elles-mêmes formatrices, qu'elles ne se
réduisent pas à une simple acquisition de savoirs-faire
techniques et pratiques et qu'à travers elles peut être
engagée une nouvelle approche des enseignements généraux
et théoriques.
E. VERS UNE VALORISATION CROISSANTE DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
La réussite des bacs professionnels et la prochaine mise en place d'une licence professionnelle témoignent d'une valorisation croissante de cet enseignement.
1. Le succès du baccalauréat professionnel
Compte
tenu des efforts d'information et des effets de la dernière campagne de
promotion, les filières professionnelles sont désormais davantage
demandées par les élèves.
" Inventeur " du baccalauréat professionnel, le recteur Bloch
notait que son académie de Montpellier avait enregistré une
augmentation de 15 % du nombre de candidats à ces
filières : près d'un lycéen sur deux souhaitait ainsi
s'engager dans la voie professionnelle, contre deux sur cinq en 1998.
Cette tendance doit être confortée par un effort d'information sur
l'orientation en classe de troisième, mais aussi par la mise en oeuvre
de moyens d'accueil correspondants.
2. Une évolution de l'image des lycées professionnels
Alors
qu'au milieu des années 80, les lycées professionnels
accueillaient surtout des élèves en fin de classe de
5
e
pour les préparer au CAP en trois ans, ces
établissements préparent aujourd'hui aux 41 baccalauréats
professionnels qui ont attiré plus de 100 000 candidats en 1998.
On est donc loin de l'image négative des lycées professionnels
donnée par quelques établissements encore délabrés,
notamment dans la région parisienne.
Par ailleurs, la préparation du " bac pro " au sein des
lycées professionnels permet à leurs élèves de
profiter d'une ouverture professionnelle de qualité et d'un accès
direct à l'emploi.
3. Vers un renforcement de la formation générale
Conformément aux objectifs fixés par la charte du
lycée du XXIe siècle, une égale dignité
devrait être reconnue entre filières générale,
technologique et professionnelle.
C'est dire que les conditions de travail et de vie devront être
améliorées dans les lycées professionnels comme dans la
filière générale : les lycéens professionnels
devraient bénéficier ainsi d'horaires plus raisonnables, d'un
soutien individuel, de travaux interdisciplinaires encadrés, d'une
seconde langue vivante ou de cours de philosophie en option en terminale. Des
expériences ont été, ou vont être, engagées
en ce domaine dans les académies de Nantes et de Montpellier, sur la
base d'un volontariat des enseignants.
4. Une valeur reconnue par les entreprises
Force
est de reconnaître que la qualité du service public
d'éducation est jugée par les familles par la façon dont
ce service permet l'accès à l'emploi.
La rivalité traditionnelle entre l'école et l'entreprise a
aujourd'hui vécu : l'école ne peut en effet dispenser une
formation complète pour toute la durée de la vie professionnelle
et l'entreprise est donc nécessairement aussi un lieu de formation.
Ces nouvelles relations devront se traduire par une
complémentarité entre l'école et l'entreprise,
plutôt que par une juxtaposition des compétences, et cette
complémentarité devra se concrétiser à travers des
stages plus efficaces offerts notamment aux lycéens professionnels.
5. L'ouverture du savoir au concret : la nouvelle licence professionnelle
Même si ce diplôme ne relève pas
directement du
présent avis budgétaire, la commission tient à saluer la
naissance d'un nouveau diplôme national résultant d'un accord
entre l'université et l'entreprise.
Comme le signalait dans un article récent le philosophe François
Dagoguet, cette nouvelle licence témoigne que "
le savoir
s'ouvre à la matérialité et renonce à la
suprématie rhétoricienne
".
Il s'agit désormais moins d'alléger ou de moderniser les
programmes que de les modifier en profondeur, d'ouvrir l'école et de la
" rematérialiser ".
Alors que les IUT et les IUP esquissaient déjà un mouvement de
l'université hors du cercle du fondamental, la licence professionnelle
est de nature à réduire une ségrégation existant
entre ceux qui traditionnellement sont définis comme maîtrisant le
langage " et les autres, ces derniers se trouvant désormais
heureusement réintégrés au niveau universitaire.
II.
UN ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTRASTÉ,
À LA FOIS LIEU D'EXCELLENCE ET LIEU D'ACCUEIL DES ÉLÈVES
EN DIFFICULTÉ
Si l'enseignement professionnel est devenu un lieu d'excellence et de diffusion
de savoirs particulièrement pointus, il a aussi, sinon par vocation
traditionnelle, du moins pour fonction, ce qui n'est pas moins noble,
d'accueillir les élèves en grande difficulté et les
laissés pour compte de la voie générale.
A. UNE STRUCTURE D'ACCUEIL POUR LES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ
1. Une réduction du nombre des sorties du système éducatif sans formation
La loi
d'orientation sur l'éducation de 1989 posait un objectif ambitieux,
d'ailleurs confirmé par la loi quinquennale pour l'emploi de 1993 :
aucun jeune ne devait sortir du système éducatif sans
qualification.
Les tableaux ci-après rappellent l'évolution du nombre de sorties
d'élèves du système éducatif par niveau de
formation et de qualification depuis le début des années 90.
Il montre que la proportion de sortants du système éducatif sans
diplôme ou sans qualification a beaucoup diminué depuis 1990, mais
ce mouvement semble se ralentir au cours des années
récentes : 96 000 jeunes, soit 13 % des sortants de
formation initiale, ont encore quitté l'école en 1997 sans aucun
diplôme et 57 000 (moins de 8 % des sortants) l'ont
quittée sans qualification, c'est-à-dire sans avoir atteint au
moins le niveau du CAP ou du BEP.
L'objectif de la loi d'orientation de 1989 n'est certes pas encore atteint,
mais les progrès ne sont pas négligeables puisque l'on comptait
plus de 200 000 sorties sans qualification au milieu des années
1970.
(France métropolitaine)
(milliers)
Diplôme obtenu |
1990 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Aucun diplôme au CEP |
133 |
102 |
97 |
93 |
96 |
Brevet seul |
61 |
52 |
51 |
55 |
40 |
CAP-BEP ou équivalent |
129 |
111 |
119 |
120 |
124 |
Baccalauréat général |
50 |
66 |
74 |
78 |
82 |
Baccalauréat technologique, professionnel et
assimilé,
|
65 |
94 |
90 |
93 |
104 |
BTS, DUT et équivalents |
60 |
85 |
103 |
93 |
95 |
DEUG, paramédical et social |
37 |
29 |
32 |
34 |
33 |
Enseignement supérieur long |
87 |
128 |
138 |
160 |
158 |
Total sortants |
622 |
667 |
704 |
726 |
732 |
proportion de sortants sans diplôme ( %) |
21 |
15 |
14 |
13 |
13 |
(France métropolitaine)
(milliers)
|
1990 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Non qualifiés (VI + V bis) |
83 |
58 |
56 |
60 |
57 |
Niveau CAP BEP (V) |
195 |
162 |
172 |
166 |
165 |
Niveau bac (IV) |
160 |
205 |
203 |
213 |
224 |
- Classes de terminale (IV secondaire) |
87 |
115 |
109 |
109 |
127 |
- Non diplômes du supérieur (IV supérieur) |
73 |
90 |
94 |
104 |
97 |
Diplômés de l'enseignement supérieur court (III) |
97 |
114 |
135 |
127 |
128 |
Diplômés de l'enseignement supérieur long (I-II) |
87 |
128 |
138 |
160 |
158 |
Total sortants |
622 |
667 |
704 |
726 |
732 |
proportion de sortants sans qualification ( %) |
13,3 |
8,7 |
8,0 |
8,3 |
7,8 |
Afin de réduire encore le nombre de ces sorties, qui alimentent l'exclusion sociale, le ministère a lancé récemment un programme " nouvelles chances ", destiné à mobiliser l'ensemble des acteurs concernés (missions locales, collectivités, entreprises) pour offrir à chaque élève des solutions adaptées.
2. Le programme " nouvelles chances "
Engagé à la fin du mois de mai 1999, le programme
" nouvelles chances " est destiné aux jeunes qui sortent, ou
qui risquent de sortir du système scolaire sans qualification de
formation initiale. En concentrant les efforts sur ceux qui en ont le plus
besoin, il contribue à la lutte contre les exclusions, qui est une
priorité gouvernementale et surtout une urgence sociale.
Le programme s'articule autour de cinq objectifs.
a) Une meilleure connaissance des publics concernés
La réalisation de cet objectif passe par un recueil plus satisfaisant de données sur le public concerné et par la mise en place d'un système de veille dans chaque établissement, ou bassin de formation, de façon à proposer à chaque jeune quittant un établissement scolaire sans solution, un éventail de possibilités : celles-ci devront résulter d'un croisement systématique des informations dont dispose l'éducation nationale sur les jeunes à différents moments de leur itinéraire d'insertion avec celles que détiennent ses partenaires (PAIO et missions locales). Il conviendrait par ailleurs de développer les moyens des centres d'information et de documentation pour la jeunesse (CIDJ).
b) La prévention des ruptures au collège
Cette
prévention devrait se développer dans des classes de
quatrième d'aide et de soutien et de troisième d'insertion ;
les classes relais et des expériences conduites avec des entreprises,
sous forme de parcours individualisés pour des collégiens au bord
de la rupture devraient également être multipliées. Par
ailleurs, l'accès à la qualification pour les
élèves de SEGPA implique de développer les
capacités d'accueil en lycée professionnel.
Enfin, six projets pilotes destinés à accueillir et rescolariser
des enfants de moins de 16 ans qui échappent à la
scolarité obligatoire seront mis en place à la rentrée
1999 dans des sites où se concentrent ces enfants " perdus de
vue ". Ces projets seront conduits par des " équipes de
terrain " de l'éducation nationale, en partenariat avec les
collectivités locales et les services de l'Etat compétents
(protection judiciaire de la jeunesse, DDASS, ministère de la ville) et
seront coordonnés au niveau national.
c) La mise en place de parcours de formation qualifiante après le collège
Cet objectif, qui reste encore très général, se propose d'explorer des solutions nouvelles pour construire des itinéraires de formation " cousu-main ", en partenariat avec les entreprises et accompagner les jeunes en difficulté vers la qualification ; il suppose d'améliorer notamment l'efficacité des actions existantes de la mission générale d'insertion de l'éducation nationale (MIGEN).
d) Le développement de l'offre de formation au niveau V
Un tel développement passe par un partenariat avec les entreprises et les régions pour enrichir l'offre de formation au niveau du CAP.
e) L'inscription du programme dans le cadre européen
Le
programme " nouvelles chances " devrait enfin s'inscrire dans les
échanges d'expériences avec nos partenaires européens, en
s'insérant dans les financements du fonds social européen, et en
situant certains projets dans le cadre des " écoles de la
deuxième chance ", comme il en existe dans onze villes
européennes, dont Marseille.
Votre commission ne peut que constater le flou des objectifs de ce programme
qui apparaissent, en l'absence de tous moyens correspondants, comme autant de
voeux pieux et qui n'apportent que peu d'innovations par rapport à la
mission générale d'insertion de l'éducation nationale.
3. Les classes relais
Les
dispositifs relais, constitués de classes et d'internats, permettent
d'accueillir temporairement des collégiens en risque de marginalisation
scolaire.
Les classes relais proposent une pédagogie différenciée,
des parcours individualisés qui peuvent être fondés sur
l'alternance, un encadrement pédagogique et éducatif
renforcé combinant les compétences d'enseignants et
d'éducateurs, en relation étroite avec les personnels sociaux et
de santé. Toujours rattachées à un collège, elles
peuvent, selon le projet développé et les possibilités
locales, être situées ou non dans les locaux de
l'établissement.
Les internats relais permettent d'accueillir dans un contexte éducatif
plus favorable, des jeunes qui connaissent des difficultés sociales ou
familiales pouvant les conduire à la déscolarisation ou à
la violence : soit ils sont associés à une classe relais,
soit ils accueillent, en semaine, des jeunes qui poursuivent leur
scolarité dans leur collège.
Ces dispositifs s'appuient sur un partenariat avec la protection judiciaire de
la jeunesse, les collectivités territoriales (conseils
généraux et communes), la politique de la ville, le tissu
associatif de proximité et les familles. Leur diversité et leur
souplesse constituent autant de gages d'efficacité.
Il existe actuellement une centaine de classes et internats relais. Le conseil
de sécurité intérieure du 27 janvier 1999 a
décidé de les développer de manière significative.
Ce développement devrait avoir des aspects tant quantitatifs que
qualitatifs : 250 classes relais devraient fonctionner au cours de
l'année 2000, et grâce à l'ouverture d'internats, notamment
urbains, le dispositif devrait se diversifier pour s'adapter aux besoins. Ce
sont ainsi 4 000 à 5 000 jeunes, au total, qui devraient
pouvoir être accueillis au cours de l'année scolaire 1999-2000.
Afin de faciliter la mise en place de ce plan de développement, et
après étude de schémas départementaux de
développement des dispositifs relais (classes et internats), une
dotation exceptionnelle d'une centaine de postes du premier degré a
été répartie à la rentrée, notamment dans
les 26 départements considérés comme prioritaires par
le conseil de la sécurité intérieure, ainsi que dans ceux
qui relèvent du plan gouvernemental de prévention de la violence
à l'école.
4. La poursuite des actions menées par la mission générale d'insertion de l'éducation nationale
Il
convient de rappeler que la MIGEN répond à un double
objectif :
- préparer tous les jeunes et sensibiliser tous les acteurs du
système éducatif à l'insertion,
- offrir des actions spécifiques sous statut scolaire, d'une part
à des jeunes en grande difficulté, d'autre part à des
jeunes devant bénéficier de cursus adaptés prenant en
compte la diversité de leur parcours antérieur de formation et/ou
les caractéristiques locales de l'emploi.
Ces actions spécifiques s'adressent à des jeunes de plus de 16
ans sortis depuis moins d'un an du système scolaire.
Elles se définissent selon trois orientations :
- accueil et remotivation : 23 000 jeunes ont
bénéficié d'une de ces actions en 1997-98 ;
- qualification et certification :11 500 jeunes en 1997-98 ;
- accompagnement vers l'emploi : 12 000 jeunes en 1997-98.
Les jeunes bénéficiant de ces actions étaient pour
près de la moitié d'entre eux en situation de risque de sortie du
système scolaire sans qualification.
A l'issue de ces actions, 21 % d'entre eux ont poursuivi une formation
sous statut scolaire, 13 % une formation sous contrat d'apprentissage ou
de qualification, et près de 6 % un stage sous statut de stagiaire
de la formation professionnelle.
Au total, ces actions spécifiques ont permis à 40 % des
jeunes accueillis par la mission de reprendre un cursus de formation les
conduisant à une qualification.
En outre, plus d'un jeune sur dix avait trouvé un emploi moins de six
mois après la fin d'une des actions.
Des crédits spécifiques ont été
délégués aux académies en complément de leur
dotation globale pour le fonctionnement des actions et la
rémunération des enseignants, ainsi que pour l'organisation et la
mise en oeuvre de la mission générale d'insertion. Ces
crédits sont utilisés en priorité pour les actions en
faveur des jeunes les plus en difficulté, notamment ceux d'entre eux qui
n'ont pas atteint le niveau V de qualification.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit une mesure nouvelle de
3 millions de francs pour permettre l'augmentation du nombre de jeunes
accueillis par la mission générale d'insertion.
5. L'accueil des élèves en très grande difficulté scolaire : la rénovation des SEGPA
Les
sections d'enseignement général et professionnel adaptés
(SEGPA) constituent un des éléments du dispositif destiné
à assurer une insertion aux élèves en très grande
difficulté scolaire. Ces élèves sont orientés dans
ces section par les commissions de l'éducation spéciale ;
ils y trouvent les conditions d'une relative intégration au
collège et ils bénéficient, par une démarche
pédagogique adaptée à leurs besoins, des moyens leur
permettant ultérieurement d'accéder à une insertion
sociale et professionnelle.
La rénovation dont ont fait l'objet ces sections répond à
cet objectif. La circulaire du 20 juin 1996 en a défini les orientations
et indiqué les modalités de sa mise en oeuvre selon un plan de
cinq ans.
La circulaire et la note de service du 19 juin 1998 ont précisé
ces orientations et clarifié les conditions de la mise en place de cette
rénovation avec pour objectif de faire des élèves admis en
SEGPA des collégiens à part entière et de proposer
à chacun d'entre eux l'accès à une qualification reconnue
au minimum de niveau V.
Le récent débat sur le collège, et les mesures
annoncées en ce domaine, ont réaffirmé la priorité
accordée à la réalisation de cet objectif : l'accent
doit être porté sur l'intégration des SEGPA à la vie
du collège, ainsi que sur la mise en réseau des collèges
et lycées professionnels au sein des bassins de formation et d'emploi ou
des districts.
Dans la perspective d'une association plus étroite de la SEGPA à
la vie du collège, la recherche d'une meilleure intégration de
ses locaux à ceux de l'établissement sera encouragée,
ainsi que la participation plus fréquente des élèves de la
section aux activités culturelles et aux sorties scolaires
organisées par le collège.
Par ailleurs, la mise en réseau des établissements à
partir de conventions (SEGPA, lycées professionnels, centres de
formation d'apprentis), qui sera accompagnée d'une réflexion sur
les critères d'affectation en lycée professionnel, doit
contribuer à l'élaboration d'une carte des formations visant le
rapprochement des champs professionnels.
Selon les informations données à votre rapporteur, la poursuite
de la rénovation engagée depuis 1996, que viennent renforcer les
mesures prises dans le cadre du collège des années 2000, devrait
permettre d'offrir aux trois quarts des jeunes de l'enseignement adapté
la possibilité de poursuivre leur formation en lycée
professionnel, en établissement régional d'enseignement
adapté (EREA) ou en centre de formation d'apprentis, d'ici trois ans. En
juin 1998, ils étaient environ la moitié à se voir
proposer une orientation de ce type.
Votre commission en accepte l'augure mais ne peut qu'exprimer un certain
scepticisme au regard de ces objectifs ambitieux.
A l'occasion de ses déplacements dans douze académies de
métropole et d'outre-mer, l'attention de la commission d'enquête
sur la gestion des personnels de l'éducation a en effet
été attirée à maintes reprises sur les perpectives
préoccupantes d'insertion, voire de réinsertion des
élèves de SEGPA qui sont le plus souvent en très grande
difficulté scolaire.
6. La transformation des classes technologiques de collège
La
réforme pédagogique mise en place au collège par le
décret du 29 mai 1996, a conduit à repenser les dispositifs
des classes technologiques qui y étaient implantées pour les
adapter à une nouvelle logique.
Cette nouvelle organisation pédagogique implique la suppression au
collège des classes de troisième et quatrième
technologiques, auxquelles se substituent les groupes " nouvelles
technologies appliquées ", et la création d'une classe de
troisième à option technologique.
La mise en oeuvre de cette nouvelle organisation a été
engagée à la rentrée 1998 pour les classes de
quatrième et à la rentrée 1999 pour les classes de
troisième.
Créés à la rentrée 1998, les groupes
" nouvelles technologies appliquées " seront étendus
à la rentrée 2000 à tous les collèges où les
élèves en auraient besoin ; leurs modalités de mise
en oeuvre ont été précisées par une circulaire du
22 octobre 1998.
En tenant compte des acquis développés dans les classes de
quatrième et troisième technologiques, les " groupes
nouvelles technologies appliquées " devraient permettre d'atteindre
plus facilement les objectifs de la classe de quatrième, en
privilégiant l'utilisation de la technologie et des NTIC, de motiver les
élèves par une approche plus concrète et de mettre en
oeuvre
" une démarche de projet afin de faire comprendre
à ces derniers la cohérence et la complémentarité
des différents enseignements ".
Les évolutions ainsi apportées aux classes de quatrième et
de troisième technologiques de collège, répondent au souci
d'apporter dans le collège des années 2000 une attention encore
plus grande à la diversité des collégiens pour
améliorer l'efficacité des apprentissages en offrant une
réponse appropriée à leurs besoins.
Elles traduisent également, notamment au travers de l'organisation des
enseignements de la classe de troisième à option technologie, qui
fonctionnera à la rentrée scolaire 1999, et des programmes qui y
seront développés, la volonté d'éviter la
constitution de toute filière de relégation et de renforcer les
possibilités d'orientation plus ouvertes en faveur des
élèves.
D'après les informations fournies au rapporteur de votre commission,
à l'issue de leur passage en classe de troisième à option
technologie, ceux-ci pourront poursuivre dans de meilleures conditions leurs
études dans une seconde générale et technologique, ou
s'orienter plus facilement après un BEP vers un baccalauréat
professionnel, ou après une première d'adaptation, vers un
baccalauréat technologique.
Votre commission souligne à nouveau le caractère ambitieux de ces
perspectives, compte tenu du profil des élèves des classes
technologiques de collège et se demande si la remise en cause de ces
classes a été précédée d'une
réflexion suffisante.
B. DES MESURES COMPLÉMENTAIRES VISANT L'EXCELLENCE
Votre commission considère que l'enseignement professionnel doit être conforté, dans son rôle d'accueil de publics scolaires en difficulté, mais aussi dans ses formations d'excellence.
1. L'adaptation des formations
La
reprise économique constatée depuis plusieurs mois suscite dans
de nombreux secteurs en expansion une forte demande en main d'oeuvre jeune et
qualifiée.
Dans le même temps, de nombreux jeunes diplômés sont
désireux d'entrer immédiatement dans la vie active.
L'enseignement professionnel devrait, plus que jamais, affirmer sa pertinence
dans les prochaines années.
Le contenu des formations doit donc être actualisé en permanence
afin notamment d'intégrer l'évolution des connaissances et les
technologies nouvelles ; cette adaptation des formations doit permettre
aux diplômés de déboucher sur une insertion professionnelle
satisfaisante et faciliter les évolutions inévitables de l'emploi
et des métiers.
L'enseignement professionnel a par ailleurs pour vocation de permettre, et de
plus en plus, la poursuite d'études supérieures, ce qui implique
la mise en place de classes passerelles pour assurer une mise à niveau
de certains bacheliers professionnels.
Les formations proposées doivent donc répondre aux besoins
nouveaux des entreprises, mais aussi comporter une forte composante de
formation générale afin de permettre les reconversions futures
des salariés.
2. Des relations plus étroites avec les entreprises
La mise
en oeuvre d'un enseignement professionnel dit
" intégré " devrait être l'occasion de mieux
adapter les formations professionnelles aux besoins des entreprises.
Les relations plus étroites devraient se traduire selon deux
modalités : l'utilisation des plates-formes techniques des
établissements et le développement des stages en entreprises pour
les enseignants et les élèves.
a) L'utilisation des plates-formes techniques des établissements
Le
ministère a engagé une réflexion pour favoriser une
coopération technologique entre les lycées d'enseignement
technologique, les lycées professionnels et les entreprises ; cette
coopération devrait se traduire par des actions très diverses,
allant du simple échange de matériels aux transferts de
technologie en faveur, notamment des petites et moyennes entreprises.
Dans cette perspective l'article 9 de la loi sur l'innovation et la recherche
du 12 juillet 1999 prévoit, la possibilité pour les lycées
d'assurer, soit par voie de convention avec les entreprises, soit par la
création de groupements d'intérêt public avec d'autres
centres de formation et avec les acteurs économiques locaux, des
prestations de service à titre onéreux, afin de réaliser
des actions d'innovation et de transfert de technologie.
Par ailleurs, les équipements des lycées seront susceptibles de
constituer des plates-formes techniques en complémentarité avec
d'autres centres de formation, comme les IUT afin de fournir aux entreprises
environnantes, notamment des PME/PMI, des ressources destinées à
favoriser la compétitivité économique grâce à
l'utilisation des technologies les plus avancées.
On peut constater, en effet, que le maillage des lycées sur l'ensemble
du territoire correspond à l'essaimage des PME et des PMI ; toutes
les formes de transfert entre les centres de formation et les entreprises
apparaissent de nature à favoriser aussi bien le développement
économique du territoire que la diffusion des pratiques
pédagogiques de l'enseignement professionnel.
b) Le développement des stages en entreprise pour les enseignants et les élèves
Conformément à la charte du " Lycée
pour
le XXIe siècle ", les professeurs de l'enseignement professionnel
et technologique devraient être formés aux
spécificités de l'enseignement professionnel
intégré. En particulier, des stages professionnels en entreprise
seront systématiquement proposés aux professeurs, lors de leur
formation initiale et pendant toute la durée de leur carrière.
Tous les élèves de l'enseignement professionnel se verront
proposer dans leur cursus de formation des périodes de formation en
entreprise. Les mesures prévues par la charte ont pour objectif de
renforcer la démarche pédagogique à mettre en oeuvre entre
le lycée et l'entreprise et de diversifier l'organisation des
périodes en entreprise, afin d'obtenir une plus grande efficacité
pédagogique et une meilleure organisation de ces stages sur
l'année.
Le développement de ces stages appellera inévitablement à
soulever la question d'une gratification correspondante des
élèves.
3. Un système d'aides aux élèves de l'enseignement professionnel
Du fait
de leur origine souvent modeste, et même si le recrutement des
lycées professionnels s'est notoirement diversifié, les
lycéens professionnels devraient bénéficier d'un
dispositif de soutien financier particulier afin qu'ils soient en mesure de
déterminer en toute liberté leur orientation scolaire et
professionnelle.
Dans le cas contraire certains pourraient être contraints de se tourner
vers la formation professionnelle sous contrat de travail, c'est-à-dire
l'apprentissage, qui fait l'objet d'une rémunération mais qui
n'offre pas les mêmes garanties que la formation en alternance sans
statut scolaire.
a) Une nécessaire revalorisation des bourses de lycée
Dans le
cadre d'une réflexion qui devrait être engagée sur un
éventuel statut, il conviendrait sans tarder que le montant des bourses
de lycée soit substantiellement revalorisé, voire que ces aides
soient transformées en allocation d'étude de type
étudiant, afin de permettre aux élèves des familles les
plus modestes de supporter ces dépenses.
Il serait également opportun d'engager une réflexion sur la
création d'une allocation de rentrée scolaire spécifique
bénéficiant aux lycéens professionnels.
b) Une gratification des lycéens en stage d'entreprise
Comme il
a déjà été indiqué, le ministre a
évoqué la question légitime d'une
rémunération par l'entreprise des lycéens professionnels
en stage, cette intervention sans doute insuffisamment préparée
ayant provoqué une certaine émotion des employeurs.
Devant votre commission, il a redit que la mise en place d'un enseignement
professionnel intégré comportant des stages en entreprise de
longue durée, conduisait effectivement à poser le problème
du statut des lycéens professionnels et à envisager un
régime de gratification plutôt que de rémunération.
Cette pratique est déjà répandue même si elle n'est
pas généralisée dans les entreprises, notamment les
petites et les moyennes.
Il serait sans doute opportun qu'une telle gratification, d'ailleurs
autorisée par le code du travail, sans charges correspondantes, encore
une fois justifiée par la longueur des nouveaux stages et l'origine
souvent modeste des stagiaires, puisse être mentionnée dans la
convention nationale type de stage.
4. Une attractivité pour la fonction enseignante qu'il convient de renforcer
En
raison des difficultés de la fonction de PLP, d'horaires plus lourds que
dans la voie générale, du développement d'une violence
spécifique en lycée professionnel, d'une population scolaire
très diverse, et des conditions plus attractives dans le secteur
privé en période de reprise économique, on constate
aujourd'hui une certaine désaffection des jeunes pour la fonction
enseignante en lycée professionnel, qui se conjugue d'ailleurs avec une
faiblesse du nombre de places mises au concours.
Une revalorisation indiciaire de la fonction, qui dépasserait le seul
système de primes en ZEP, une réduction de leurs horaires,
l'ouverture de places aux concours, une formation spécifique à
l'enseignement professionnel intégré dans les IUFM, des stages
professionnels en entreprise, une prise en compte de l'expérience
professionnelle pour les disciplines techniques dans les épreuves des
concours de recrutement. seraient sans doute de nature à renforcer
l'attractivité de la fonction.
Dans l'attente de ces mesures et de l'organisation des recrutements à
venir, le recours à des professeurs associés issus du monde de
l'entreprise et bénéficiant au préalable d'une formation
pédagogique minimale, apparaît nécessaire pour
répondre à la demande des élèves qui sont de plus
en plus susceptibles de s'orienter vers l'enseignement professionnel.
5. Une programmation budgétaire pluriannuelle pour l'enseignement professionnel
A
l'instar de la loi de 1985, sur l'enseignement technologique, il apparaît
nécessaire d'instituer une véritable programmation
budgétaire pluriannuelle pour l'enseignement professionnel.
Ce n'est qu'à ce prix que les rattrapages nécessaires pourront
être assurés, que pourra être mise en oeuvre la
réforme ambitieuse de l'enseignement professionnel intégré
et qu'il pourra être procédé aux recrutements permettant de
répondre aux besoins de formation de qualité exprimés par
des jeunes de plus en plus nombreux à se tourner vers ce type
d'enseignement.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le
mercredi 24 novembre 1999
, la commission a
examiné le
rapport pour avis de Mme Hélène Luc sur les
crédits de l'enseignement technique pour 2000
.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
Soulignant l'intérêt de l'exposé de Mme
Hélène Luc,
M. Jacques Valade
s'est interrogé sur
l'articulation des formations technologiques et professionnelles avec les
filières courtes de l'enseignement supérieur et a souligné
les limites de la professionnalisation des cursus.
M. Fernand Demilly
a insisté sur le déphasage existant
encore entre les formations et les besoins des entreprises et a constaté
notamment un déficit de candidats dans certaines disciplines
médicales, un manque de téléopérateurs
formés aux nouvelles technologies, un besoin de main d'oeuvre
qualifiée dans l'industrie aéronautique.
M. James Bordas
a pour sa part indiqué que les métiers du
bâtiment souffraient d'une désaffection des jeunes et a
souligné la nécessité d'une information en amont des
familles pour sensibiliser celles-ci à l'intérêt des
formations technologiques.
M. Serge Lagauche
a rappelé que, par tradition, le secteur du
bâtiment avait recours à une main d'oeuvre immigrée et
qu'il convenait de dispenser une formation adaptée et de proposer des
conditions de travail acceptables pour attirer les jeunes.
Il a également indiqué que certaines disciplines
médicales, particulièrement contraignantes en termes d'horaires,
étaient aujourd'hui délaissées.
Il a enfin souhaité une multiplication des filières
technologiques, une meilleure information en direction des parents
d'élèves, et il a jugé nécessaire que les efforts
des enseignants motivés qui font découvrir à leurs
élèves l'intérêt du métier soient pris en
compte.
M. Albert Vecten
a fait observer que les conseillers d'orientation
étaient en nombre insuffisant et qu'il faudrait leur donner une
connaissance plus concrète des possibilités d'emploi, notamment
grâce à des stages en entreprise. Il a noté que le
renforcement de cette fonction d'orientation était d'autant plus
nécessaire que les enfants ignorent désormais la
réalité des activités professionnelles, y compris celles
de leurs parents, alors qu'ils avaient une perception plus directe des
métiers d'autrefois.
Répondant à ces interventions,
Mme Hélène Luc,
rapporteur pour avis
, a notamment apporté les précisions
suivantes :
- l'adaptation des formations aux nouveaux métiers porteurs d'emplois ne
se réalise que trop lentement ;
- la licence professionnelle devrait contribuer à renforcer
l'intérêt des élèves pour les formations
technologiques et professionnelles ;
- la fonction d'orientation doit être développée par une
multiplication des conseillers d'orientation et des centres d'information et
d'orientation, ainsi que par des visites de lycées professionnels et
d'entreprises ;
- les stages sont particulièrement appréciés par les
lycéens professionnels et par les entreprises qui souhaitent
fréquemment conserver les élèves qu'elles ont accueillis.
La commission a ensuite décidé de s'en
remettre à la
sagesse du Sénat pour l'adoption ou le rejet des crédits pour
2000 de l'enseignement technique
.
CONCLUSIO