CHAPITRE 1ER -
L'INDUSTRIE FRANÇAISE ET SES ENJEUX
I. UNE PLACE ESSENTIELLE DANS L'ÉCONOMIE ET DANS L'EMPLOI
A. SITUATION GÉNÉRALE DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
1. Une part essentielle de la richesse nationale
L'industrie est l'un des poumons de l'économie
française. En incluant les bâtiments et travaux publics, elle
représente en effet
26 % du produit intérieur brut en
1998
. La production de l'industrie manufacturière s'est
élevée à 4.323 milliards de francs en 1998.
L'industrie manufacturière est le moteur de l'innovation puisqu'elle
assure
plus de la moitié de l'effort national de recherche et de
développement
. C'est également la principale source de
croissance des échanges extérieurs puisque ce secteur
représente
82 % de nos exportations
vers les pays
étrangers en 1998. L'effort à l'exportation de l'industrie
manufacturière est en moyenne de 36,9 %, mais s'élève
à 51,2 % pour les biens d'équipements, à 69,5 %
pour la construction aéronautique, navale et ferroviaire, à
45 % pour l'automobile et à 50 % pour l'électronique.
Le tableau ci-dessous, qui donne les contributions respectives des branches
à la valeur ajoutée nationale, montre bien le poids de
l'industrie dans l'économie de notre pays :
VALEUR AJOUTEE PAR BRANCHE
(en milliards de francs)
|
1998 |
en % |
Agriculture |
242 |
3,1 |
Industries agricoles et agro-alimentaires |
209 |
2,7 |
Industrie manufacturière |
1 202 |
15,3 |
dont biens de consommation |
269 |
3,4 |
dont automobile |
105 |
1,3 |
dont biens d'équipement |
290 |
3,7 |
dont biens intermédiaires |
538 |
6,8 |
Energie |
213 |
2,7 |
Construction |
361 |
4,6 |
Services |
5 626 |
71,6 |
TOTAL |
7 854 |
100 |
Source : INSEE - Comptes de la nation
La France est la
quatrième puissance industrielle mondiale
après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Elle est également
quatrième exportateur mondial, avec une part de 5,3 % dans le
commerce mondial.
2. Un rôle majeur pour l'emploi
L'industrie (y compris l'industrie agro-alimentaire) emploie,
à la fin de 1998,
3,8 millions de personnes
, auxquelles
s'ajoutent autant d'emplois indirects (services aux entreprises).
Si
l'industrie a perdu, sur moyenne période, 570.000 emplois
de 1990 à 1998, 478.000 emplois ont concomitamment été
créés dans le secteur des services aux entreprises, le plus
souvent par
externalisation de certaines fonctions
(conception, design,
ingénierie, logistique, recherche...) ou par recours à
l'intérim (pour un équivalent de 100.000 emplois). On
assiste en effet à un recentrage des entreprises industrielles sur leurs
métiers de base, qui entraîne la sous-traitance des fonctions dont
elles se dessaisissent.
En 1998
, l'industrie manufacturière
1(
*
)
, qui représente 13,8 % des
emplois de notre pays et 14,9 % des emplois salariés, a maintenu
ses effectifs alors qu'il y avait eu une baisse de 50.000 postes en 1997.
L'industrie représente encore une part importante de la main-d'oeuvre
française, comme le montre le tableau suivant, qui retrace le nombre
d'emplois dans les principales branches d'activité depuis 1995 :
EFFECTIFS TOTAUX PAR BRANCHES
(en milliers de personnes)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
en % |
Agriculture |
1 134 |
1 105 |
1 086 |
1 076 |
4,7 |
Industries agro-alimentaires |
574 |
593 |
591 |
594 |
2,6 |
Industrie manufacturière non alimentaire |
3 275 |
3 223 |
3 169 |
3 175 |
13,8 |
dont biens de consommation |
807 |
779 |
760 |
752 |
3,3 |
dont automobile |
261 |
260 |
253 |
252 |
1,1 |
dont biens d'équipement |
769 |
767 |
757 |
765 |
3,3 |
dont biens intermédiaires |
1 438 |
1 417 |
1 398 |
1 405 |
6,1 |
Energie |
241 |
239 |
235 |
230 |
1,0 |
Construction |
1 484 |
1 450 |
1 420 |
1 414 |
6,1 |
Services marchands |
9 514 |
9 642 |
9 788 |
10 078 |
43,7 |
Services administrés |
6 468 |
6 501 |
6 534 |
6 520 |
28,2 |
Total France |
22 689 |
22 752 |
22 822 |
23 087 |
100 |
Source : Insee - Comptes de la Nation.
S'agissant de l'image de l'industrie française, votre rapporteur pour
avis souhaite s'arrêter un instant sur les résultats d'un
récent sondage
2(
*
)
sur
" les opinions et les attitudes des jeunes Européens et des adultes
à l'égard de l'industrie ", qui montre une certaine
méfiance de la jeunesse française vis-à-vis de
l'industrie.
D'après ce sondage, notre pays serait le seul des pays européens
où des jeunes ont été interrogés à percevoir
le commerce comme étant plus attrayant que l'industrie. Le détail
des réponses données par les jeunes Européens à la
question : "
Quand vous pensez à l'avenir, parmi les
secteurs suivants, quel est celui dans lequel vous aimeriez le plus
travailler
? " figure ci-dessous :
LE SECTEUR LE PLUS ATTRACTIF
(en pourcentage)
|
Français |
Allemands |
Anglais |
Italiens |
Espagnols |
Hollandais |
Le secteur du commerce |
28 |
14 |
18 |
8 |
2 |
14 |
Le secteur culturel |
19 |
11 |
12 |
21 |
16 |
7 |
Le secteur industriel |
15 |
14 |
19 |
19 |
18 |
13 |
Le milieu humanitaire |
13 |
11 |
7 |
14 |
15 |
1 |
Le secteur de l'environnement |
9 |
11 |
10 |
14 |
20 |
4 |
Le secteur financier |
7 |
19 |
19 |
14 |
19 |
17 |
Le milieu associatif |
7 |
0 |
3 |
4 |
2 |
1 |
Autres |
2 |
11 |
6 |
4 |
3 |
33 |
Source : Sondage IFOP-PUBLICIS pour " les
Journées de l'Industrie ", cité par Le Monde, 16 juin
1999.
Ce sondage révèle par ailleurs une vision erronée des
jeunes Français, "
à la Zola
", de l'industrie,
les motifs cités de désaffection étant les mauvaises
conditions de travail et les mauvais salaires, alors que les salaires nets
moyens de l'industrie sont très proches de ceux de l'ensemble de
l'activité française et évoluent de façon semblable.
Les jeunes Français sont pourtant 38 % à considérer
que l'industrie innove et 73 % à penser qu'elle a bien
évolué ces dix dernières années. Les secteurs
industriels qui paraissent les plus attractifs aux jeunes sont l'informatique
(25 %), l'automobile (14 %), le textile (10 %) et
l'agro-alimentaire (8 %).
Votre rapporteur estime préoccupante cette attitude de
désaffection de la jeunesse vis-à-vis de l'industrie et de
méconnaissance de ces métiers de la part des jeunes
générations.
Dans de telles circonstances, les manifestations participant à la
diffusion de la culture industrielle, comme les " Journées de
l'Industrie " ne sont sans doute pas inutiles.
B. PRINCIPAUX SECTEURS INDUSTRIELS
1. L'industrie automobile : reprise et internationalisation
Important secteur de l'économie française,
l'automobile emploie environ 313.000 personnes
3(
*
)
. On estime qu'elle
génère, en outre, 460.000 emplois par ses achats aux autres
branches et représente globalement, si on inclut la distribution et la
réparation automobile et les activités de transport et de
services, environ 2,5 millions d'emplois.
Le marché français.
Chaque année, ce sont environ 2 millions de véhicules
particuliers neufs qui sont vendus en France. Après le creux
d'activité en 1997, 1998 a vu une nette progression (+ 13 %)
des ventes, confirmée en 1999 (+ 10,6 % sur le premier
semestre). Les constructeurs français
détiennent une part
prépondérante sur ce marché, avec respectivement 29 %
et 28 % pour PSA et Renault au premier semestre 1999
. Les
constructeurs européens représentent à eux seuls 88 %
du marché français, les Japonais se situant à environ
4 %, niveau inférieur à l'accord contingentaire passé
entre la Communauté européenne et le Japon -qui arrive d'ailleurs
à échéance à la fin de l'année 1999-.
Le marché européen.
Marché le plus ouvert du monde
-par comparaison avec le Japon et les
Etats-Unis où les constructeurs nationaux détiennent 99 % et
66 % du marché- l'Europe de l'automobile se caractérise par
une surcapacité -estimée à 4 millions de
véhicules- qui rend
la concurrence particulièrement vive
.
Les parts de marché européennes des constructeurs français
(respectivement 11,5 % et 10,8 % pour PSA et Renault) sont stables
depuis 15 ans, grâce à une politique de renouvellement
continu des gammes de modèles et de réduction des coûts.
La nécessaire projection internationale des constructeurs
français.
L'implantation en Europe centrale, Amérique latine et Asie des
constructeurs français est désormais une nécessité,
compte tenu de la maturité du marché européen, sur lequel
ces derniers réalisent encore
85 % de leurs ventes.
Votre commission est convaincue qu'il y va, à terme, de la survie de nos
constructeurs
.
Pour ce faire, les constructeurs ont développé deux
stratégies assez différentes : une
alliance
stratégique concrétisée par une fusion
avec Nissan
pour Renault ; une politique de
partenariats " ponctuels mais
durables ",
-selon les mots employés par M. Jean-Martin Folz
devant votre commission lors de sa récente audition- pour PSA.
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis se félicite de ce que le
choix de la France effectué récemment par Toyota pour sa
deuxième implantation industrielle européenne permette la
création de 1.500 à 2.000 emplois sur le site de production
de la " Yaris " à Valenciennes.
Enfin, votre commission pour avis tient à rappeler qu'elle est
particulièrement attentive à deux enjeux pour l'industrie
automobile française :
- les prises de position sur les
marchés émergents
,
comme cela vient d'être dit ;
- le rajeunissement de
l'âge moyen des personnels
sur les
sites de production des constructeurs français situés dans notre
pays.
2. L'industrie du textile-habillement face à la crise
Des
difficultés persistantes
Les difficultés sont d'abord conjoncturelles.
Malgré une reprise de la consommation dans le secteur de
l'habillement-cuir pour la troisième année consécutive, et
en dépit de la protection contre les dévaluations
monétaires compétitives européennes que représente
la mise en place de l'euro,
des facteurs de fragilité persistante
assombrissent notablement l'avenir du textile - habillement français
.
La
concurrence internationale très vive
pour cette industrie de
main d'oeuvre n'a fait que s'amplifier, sous l'effet des dévaluations
accompagnant la crise asiatique, dont les conséquences ne se sont faites
sentir qu'à partir de la mi-1998, ainsi que de la fermeture du
marché russe, débouché jusqu'alors non négligeable.
S'y sont ajoutées les libéralisations complètes des
échanges avec l'Est européen et la Turquie. Les trois
conséquences de ces évolutions mondiales ont
été :
- une baisse certaine, quoique limitée,
des exportations
vers les pays asiatiques (Japon) ;
- une
augmentation des importations
en provenance de ces pays,
limitée, mais accompagnée d'une
pression forte sur les
prix
qui a déstabilisé le marché ;
- une
baisse très forte des prix et des échanges
pour
les produits de base et intermédiaires (tissus).
Mais, au-delà de ces phénomènes purement conjoncturels,
des évolutions
structurelles
sont à l'oeuvre dans
ce secteur, qui fragilisent le tissu de PMI françaises.
On observe, en effet, notamment pour l'habillement, une importance croissante
de la valeur ajoutée " en aval ", qui dépend
d'investissements immatériels comme
la recherche, le marketing ou la
logistique
. Parallèlement,
la distribution
joue un rôle
croissant en se structurant autour de chaînes européennes ou
multinationales, qui assurent même certaines fonctions de production et
mettent en concurrence, pour ce faire, différents pays.
Face à ces mutations, l'industrie textile française est
handicapée par sa faible taille, son manque d'investissements et son
moindre degré d'internationalisation.
Des résultats peu encourageants
Si l'amélioration de l'environnement économique et les
allégements de charges sociales consentis au secteur avaient permis une
stabilisation de la production en 1997 et en 1998 en francs constants, avec une
légère remontée dans l'habillement-cuir,
depuis le
dernier trimestre 1998, la production est orientée à la baisse et
les résultats financiers se sont dégradés
, surtout
pour l'habillement. Le commerce extérieur du textile-habillement, qui
s'était redressé de 1993 à 1995, après un point bas
historique (-28 milliards de francs) en 1993, s'est à nouveau
dégradé de 1996 à 1998 sous l'effet du
développement des exportations en provenance des pays à bas
salaires (-30 milliards de francs en 1998). En conséquence, le
nombre d'emplois
dans le textile-habillement (119.000 en 1998
d'après la définition de l'INSEE)
ne cesse de diminuer
depuis de longues années, sur un rythme moyen de 3 à 4 % par
an, avec des pointes à 6 à 7 % quand la conjoncture est
particulièrement difficile.
Après la période délicate de 1996, les années 1997
et 1998 ont vu une amélioration notable (effets du " plan
Borotra " et de la conjoncture), mais depuis la mi-1998, on assiste
à une nouvelle dégradation, avec de multiples fermetures de sites
de production ou délocalisation.
Votre commission pour avis redoute que l'adoption du deuxième projet
de loi de réduction du temps de travail n'aggrave durablement les
difficultés de ce secteur industriel, comme le font craindre certaines
informations alarmantes, de source professionnelle.
Déplorant le handicap supplémentaire ainsi imposé par le
Gouvernement à un secteur qui s'en serait bien passé, votre
rapporteur pour avis estime qu'à l'instar de certains de nos partenaires
comme l'Italie, notre industrie textile doit miser sur
l'investissement
immatériel et l'innovation
, aussi bien que sur une mise en
réseau des entreprises pour conquérir les marchés
étrangers. C'est le rôle des pouvoirs publics que de l'y
encourager.
Le remboursement des aides du " plan textile ".
Le plan d'allégement des charges pour les secteurs du textile, de
l'habillement, du cuir et de la chaussure, mis en place par la loi du
12 avril 1996, avait un caractère expérimental, son terme
étant fixé au 31 décembre 1997.
Ce plan, mis en application par le précédent Gouvernement, qui a
permis une stabilisation temporaire de la production et de l'emploi, a
finalement été condamné par la Commission
européenne à l'issue de la procédure de l'article 93-2 du
traité de Rome, par une décision du 9 avril 1997, comme
constituant une aide d'Etat incompatible avec le marché commun. En
conséquence, la Commission a demandé à la France de mettre
fin sans délai à l'octroi de cet allégement et de prendre
les mesures appropriées pour assurer la récupération des
aides illégalement versées. Toutefois, cette interdiction ne
s'applique qu'aux aides dépassant le montant de 100.000 écus
par entreprise sur trois ans (seuil dit
de minimis
), qui
représente la " tolérance " communautaire en la
matière.
La mise en oeuvre du plan a donc été arrêtée
à compter du 31 décembre 1997, sauf pour les entreprises
n'ayant pas atteint le seuil d'aide " de minimis " de
100.000 euros (650.000 francs) pour lesquelles il a été
prolongé jusqu'au 31 décembre 1998. Il ne pouvait s'agir que
d'entreprises de petite taille (moins de 50 personnes), aidées pour
une partie de l'année seulement.
Tout en acceptant le principe du remboursement -confirmé en octobre par
un arrêt de la Cour de Justice Européenne- la France n'a
cessé de faire valoir auprès de la Commission qu'il s'agissait
d'une question très complexe, tant sur le plan du calcul des aides que
de la procédure à mettre en place et
qu'en aucun cas le
remboursement ne devrait mettre en cause la survie ou l'avenir des
entreprises
.
Les négociations se sont déroulées durant toute
l'année 1998 et le début de 1999. Elles ont été
marquées par plusieurs entretiens entre le Commissaire chargé de
la concurrence et le Secrétaire d'Etat à l'industrie.
Parallèlement, le Gouvernement belge négociait le remboursement
de son plan MARIBEL d'allégement des charges sociales, qui
présente de nombreuses caractéristiques semblables au plan
d'allégement de charges français.
Un accord de principe est intervenu entre les autorités
françaises et européennes, fin juin 1999, dont les principales
dispositions sont les suivantes :
- le remboursement ne débuterait qu'en avril 2000. Il
s'étendrait sur 3 ans (jusqu'à avril 2003) ;
- le taux d'intérêt applicable à la somme due sera une
moyenne pondérée des taux d'intérêt de la
période ;
- les entreprises pourront déduire du remboursement les sommes
payées au titre des impôts consécutifs à l'aide
reçue.
Enfin, le cas des entreprises en difficulté devra être pris en
considération.
L'URSSAF sera chargée de la mise en oeuvre du remboursement, sous
l'autorité des préfets, selon une procédure
précisée par une circulaire.
Ces conditions répondent très largement aux demandes du
Gouvernement français et tendent à limiter l'impact sur les
entreprises.
Compte tenu de la franchise de 650.000 francs d'aide par
entreprise en trois ans, le nombre d'entreprises concernées ne devrait
être que de 1.000 environ, sur un total de 5.500. Le montant total
à rembourser en trois ans serait de l'ordre de 500 millions de
francs.
Votre rapporteur pour avis note qu'il s'en faut heureusement de beaucoup pour
que les prévisions alarmistes -certains parlaient d'1,2 milliard de
francs à rembourser !- ne se réalisent.
3. La construction navale : surcapacité mondiale et ouverture totale du marché
Un
marché mondial sous pression
La construction de grands navires de commerce constitue un marché
mondial totalement ouvert, sans aucune protection douanière ni
géographique.
L'accélération de la demande mondiale
entre 1994 et 1997
a conduit le volume des commandes mondiales de navires
neufs à 20,9 millions de TBC (tonneaux bruts compensés,
unité représentative de l'activité des chantiers) en 1997,
niveau le plus élevé depuis 1975. La plus grande partie de cette
augmentation de la demande a été absorbée par
la
Corée du Sud
. Le niveau des commandes a diminué par la suite
pour atteindre environ 18,5 millions de TBC.
Ces niveaux de commandes s'expliquent surtout par le
très bas niveau
des prix de vente des navires neufs
. Pour plusieurs types de navires, ils
se situent à leur plus bas niveau jamais atteint. Certaines diminutions
de prix ont été de 15 à 30 % au cours de
l'année 1998, en raison de l'existence de
surcapacités de
construction navale
dans le monde, dues principalement à
l'augmentation importante des capacités en Corée du Sud. Ce pays,
dans le contexte de la crise financière en Asie du Sud-Est, a offert des
prix plus bas pour remplir son carnet de commandes, qui a dépassé
celui du Japon depuis le début de 1998. Le calendrier de certaines
commandes a ainsi été avancé.
En conséquence, la part de marché de l'Europe de l'Ouest, qui a
été de 25,9 % en 1998, est retombée à
17,9 % au cours du premier semestre 1999. La part du Japon, qui
était de 38 % au cours de la première moitié de la
décennie, est passée à 31,7 % en 1998 et à
28,4 % au premier semestre 1999, tandis que celle de la Corée du
Sud passait de 18 % à 24,3 % en 1998 et à 28,9 %
au premier semestre 1999.
Dans un tel contexte, il est prévu que l'écart entre les
capacités de construction et la demande mondiale s'accentue
progressivement, pour atteindre 40 % en 2005. Cette perspective est
relativement inquiétante pour l'équilibre financier des
chantiers.
De nouvelles installations sont en effet en voie de construction en
Corée et en Chine, tandis que de nombreux chantiers militaires sont
convertis en chantiers civils.
La construction navale civile en France.
Le secteur de la construction navale civile en France (avec la
réparation et les équipementiers) représente plus de
27.000 emplois
(hors plaisance), implantés sur l'ensemble du
territoire. Pour la construction d'un grand paquebot de croisière par
exemple, le chantier de Saint-Nazaire fait appel à des entreprises
situées dans environ 70 départements français, avec
une importante concentration en Loire-Atlantique et dans la Région
Ile-de-France.
Outre les " petits " chantiers de construction navale (constructions
mécaniques de Normandie, Alstom Leroux Naval et Chantiers Piriou,
notamment), la construction navale française est organisée autour
des
Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire
, filiale d'Alstom,
employant
3.750 personnes pour un chiffre d'affaires de
5,1 milliards de francs en 1998
.
Exclusivement orientés vers la production de navires " de
charge " (pétroliers jusqu'à 55.000 tonnes de port en
lourd, porte-conteneurs, vraquiers...), les Chantiers de l'Atlantique se sont
reconvertis depuis le milieu des années 1980 dans la construction de
navires à haute valeur ajoutée
(segment de marché
moins soumis à la concurrence des chantiers du Sud-Est asiatique).
L'activité récente a conduit à la livraison des navires
suivants :
- paquebots : 9 paquebots ont été livrés depuis
1995 et 12 autres sont en commande au 30 juin 1999 ;
- navires de transport de gaz naturel liquéfié : 5
méthaniers de 135.000 m
3
ont été
livrés à la Malaisie entre 1994 et 1997.
Rappelons que la fermeture des Ateliers et Chantiers du Havre (ACH)
(690 personnes) a été décidée par le
Gouvernement.
Un effort est engagé pour permettre de compenser, dans l'arrondissement
du Havre, les pertes d'emplois tant directes qu'indirectes résultant de
la fermeture du chantier de construction navale, au moyen d'un plan de
réindustrialisation, qui comporte les grandes lignes suivantes :
- favoriser la construction d'un pôle industriel naval ;
- favoriser le développement des PME locales, en particulier les
PME sous-traitantes des ACH (affectation prioritaire par l'Etat à
l'arrondissement du Havre, des crédits disponibles pour le soutien des
PME-PMI (FDPMI, PAT)) ;
- mettre en place une structure opérationnelle destinée
à coordonner l'ensemble des actions de reconversion.
Votre commission pour avis reste particulièrement attentive à
l'évolution de ce dossier.
4. L'électronique et les nouvelles technologies de l'information : un nouveau moteur pour l'industrie
Depuis
1993, l'industrie électronique bénéficie d'un contexte de
marché porteur même s'il convient de nuancer, selon les secteurs
et les zones géographiques, cette appréciation.
Le
développement des nouvelles technologies de l'information et de la
communication
(NTIC), notamment d'Internet, explique en grande partie ce
contexte. Ainsi, en 1998, le marché mondial des NTIC a connu une
croissance de 7,5 % et l'on prévoit pour 1999 une croissance de
8,1 %.
En conséquence, on considère que la contribution de ces secteurs
à la croissance économique est aujourd'hui déterminante.
C'est le cas
aux Etats-Unis
où le développement
régulier du marché, conjugué avec une bonne maîtrise
de l'offre, expliqueraient près
d'un tiers de la croissance durant
ces quatre dernières années
. Dans les autres zones
économiques, la situation du marché est plus contrastée.
Au
Japon et dans les pays de l'Asie du sud-est
, la crise de 1998 s'est
traduite par une récession brutale dans ce domaine. Les
marchés européens
se développent quant à eux
plus régulièrement et à un rythme plus soutenu.
Après avoir été longtemps en retrait par rapport aux
Etats-Unis, l'Europe bénéficie aujourd'hui d'un contexte de
marché très proche de celui des Etats-Unis. C'est le cas
notamment du
marché français
qui se développe
depuis 1996 à un rythme de près de 10 % par an. Ce dynamisme
repose à la fois sur
l'essor de l'équipement des
ménages en nouvelles technologies et sur la reprise de l'investissement
informatique des entreprises
.
Les situations demeurent toutefois contrastées suivant les segments de
cette industrie.
Les équipements de télécommunications
Dans le secteur des télécommunications, les entreprises
françaises ont bénéficié en 1998 d'une croissance
particulièrement soutenue, puisqu'elle s'est élevée
à 7,4 %. Le développement du marché des
téléphones mobiles, qui compte 14,9 millions
d'abonnés (fin juillet 1999), la croissance du marché des
données et d'une manière générale celle des
services, qui demeurent le principal vecteur d'expansion du marché des
télécommunications, constituent les piliers sur lesquels repose
aujourd'hui la dynamique de ce secteur.
Le marché des
équipements
a profité indirectement de cette croissance des
services. Toutefois, il convient de souligner que l'industrie française,
qui se situe toujours parmi les leaders mondiaux, doit aujourd'hui relever le
défi de l'ouverture croissante des marchés et d'une concurrence
de plus en plus vive.
Ses positions ne sont pas assurées, notamment
dans des secteurs très porteurs comme les terminaux mobiles et les
infrastructures de données
. Elle dispose néanmoins d'atouts
indéniables avec des entreprises de taille européenne, voire
mondiale, comme Matra Nortel Communication, Sagem et Alcatel. Ainsi, Alcatel
est le numéro 4 mondial avec des positions fortes dans les
systèmes de transmission optique (n° 1 mondial), les
systèmes d'accès (n° 1 européen) ou encore les
systèmes de transmission (n° 2 européen). Par ailleurs,
l'industrie française continue de détenir de bonnes positions
à l'international qui expliquent la bonne tenue, depuis plusieurs
années, de la balance commerciale de ce secteur.
Le matériel informatique
Dans le matériel informatique, la progression du marché
français a été de 3,9 % en 1998, ce qui est
inférieur à la moyenne européenne (8 %). Cette
progression est en grande partie due à la dynamique Internet, à
l'introduction de l'euro et à l'évolution des systèmes
d'information liée au passage à l'an 2000. La croissance a
été très forte sur certains segments
4(
*
)
. Après une période de
stabilité,
l'industrie française du matériel
informatique et bureautique
a vu son chiffre d'affaires progresser entre
1997 et 1998. Toutefois, la baisse continue des prix, à performance
croissante des matériels, a pesé sur la rentabilité de
cette activité. Cette évolution devrait largement se poursuivre
durant l'année 1999.
Les logiciels et services informatiques
L'activité des logiciels et services en informatique a pour sa part
fortement bénéficié de la
reprise des investissements
informatiques
amorcée en 1996 et 1997 et nettement confirmée
en 1998. Ce secteur, couvert par les SSII
5(
*
)
et les éditeurs de logiciels a
réalisé en 1998 un chiffre d'affaires de l'ordre de
128 milliards de francs. En termes d'effectifs, un solde net de
22.000 emplois a été enregistré. Cette croissance a
en partie résulté du lancement des chantiers pour le passage
à l'an 2000, ainsi que d'une reprise réelle des investissements
informatiques de compétitivité (applications orientées
vers la satisfaction du client, le commerce électronique avec mise en
oeuvre des nouvelles technologies de communication).
Les semi-conducteurs
Dans le domaine des semi-conducteurs, l'année 1997 avait confirmé
la crise amorcée en 1996.
En 1998, la situation s'est
redressée
. Toutefois, la situation générale de
pression sur les prix des composants demeure toujours d'actualité pour
certains segments de marché, d'où la nécessité chez
les industriels français de gains de productivité constants (donc
d'investissements importants) afin de rester dans la course. Le champion
franco-italien des puces est
STMicroelectronics
(ex SGS-Thomson).
L'électronique grand public
Le marché de l'électronique grand public connaît depuis le
début des années 1990 une situation difficile liée
à une
saturation des marchés classiques et à une
concurrence par les prix particulièrement vive
. Cette situation
s'est traduite pendant plusieurs années par une baisse continue des
ventes en valeur. En 1998, la diminution des prix s'est poursuivie. Toutefois,
la reprise des ventes en volume a permis une croissance du marché, ce
qui ne s'était plus produit depuis 1990. Cette inflexion participe
à la reprise de la consommation constatée en France depuis
plusieurs mois. Mais il convient également de souligner le rôle
joué par les segments haut de gamme où se situent les plus fortes
potentialités de croissance. La bonne tenue du marché du
téléviseur 16/9
e
et du marché des
combinés TV/magnétoscopes illustre parfaitement cette tendance
qui s'est amplifiée durant le premier trimestre 1998. Les principales
perspectives de l'électronique grand public sont par ailleurs
liées au développement du multimédia et à la
numérisation des réseaux. Ces évolutions devraient
encourager le renouvellement du parc de téléviseurs classiques.
Sur ce segment, avec notamment
Thomson Multimédia
et
Sagem
dans le domaine du décodeur de TV numérique, la France
possède des atouts incontestables.
Le redressement financier de
Thomson Multimédia,
amorcé en
1997 et confirmé par les résultats 1998, avec le retour à
un résultat net positif, constitue d'ailleurs un indicateur de la
manière dont l'industrie française tire profit du
décollage de ces nouveaux marchés de haute technologie.
Le tableau suivant résume les caractéristiques des
différentes entreprises françaises du secteur.
PERFORMANCES DES ENTREPRISES FRANÇAISES D'ÉLECTRONIQUE
|
Chiffre d'affaires |
Effectifs |
Résultat
|
Exportation |
Investissement |
||
|
En |
Variation |
Au |
Variation |
|
||
|
millions de francs |
98/97 |
31/12/98 |
98/97 |
(en % du chiffre d'affaires) |
||
Bureautique |
8 746 |
2,3 % |
4 707 |
(4,2 %) |
2,3 % |
48,3 % |
4,2 % |
Informatique |
82 801 |
11,6 % |
38 763 |
18,2 % |
(0,6 %) |
44,3 % |
2,2 % |
Composants |
53 950 |
6,3 % |
45 912 |
3,9 % |
1,8 % |
55,5 % |
7,4 % |
Télécommunications (industrie) |
103 655 |
26,3 % |
67 400 |
4,8 % |
11,6 % |
47,0 % |
3,7 % |
EGP 6( * ) |
38 308 |
5,9 % |
15 894 |
(3,3 %) |
(2,5 %) |
48,1 % |
1,6 % |
TOTAL ELECTRONIQUE |
287 260 |
14,2 % |
172 676 |
6,2 % |
n.d. |
48,0 % |
3,7 % |
Source : EAE
5. L'industrie mécanique : la France derrière l'Italie
Le
cinquième rang mondial
L'industrie mécanique regroupe les entreprises de trois branches
industrielles :
les biens d'équipement
mécaniques
;
les services industriels du travail des
métaux
;
les produits métalliques
.
Ainsi définie, elle occupe une place d'importance au sein de l'industrie
française, avec 6.768 entreprises de plus de 20 personnes,
soit 540.000 emplois au total, et un chiffre d'affaires de
482 milliards de francs. Elle représente 17 % de la valeur
ajoutée de l'ensemble de l'industrie manufacturière.
La mécanique française est
au cinquième rang
mondial
, loin derrière les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne (qui
représente le triple de l'industrie mécanique française)
et l'Italie.
Une industrie de PMI ouvertes à l'export et innovantes
L'industrie mécanique française est constituée
en
majorité de PMI
, deux tiers des entreprises de ce secteur comptant
moins de 50 salariés. 85 % des entreprises du secteur ont
moins de 100 salariés. Bien plus, dans l'industrie
française, une PMI sur trois appartient au secteur de la
mécanique. Ces entreprises sont le plus souvent indépendantes, ce
secteur ne comportant que peu d'entreprises de plus de 500 personnes et
aucun groupe multi-sectoriel.
Cette industrie a
un fort degré d'ouverture
, qui va en
s'accentuant : les exportations, en croissance constante,
représentent 32 % de la production et sont le moteur de
l'activité ; des investissements nets à l'étranger
sont par ailleurs réalisés par ce secteur industriel, qui y
dispose de 2.800 filiales commerciales ou industrielles.
Plus que des " développeurs " de technologies, les acteurs de
la mécanique française sont avant tout des
" intégrateurs " ou des utilisateurs, qu'il s'agisse des
constructeurs de biens d'équipement, qui font appel à
l'informatique, l'électronique ou aux nouveaux matériaux pour
leurs nouveaux produits (machines, produits métalliques), ou des
sous-traitants qui, pour faire évoluer leurs savoir-faire, sont dans
l'obligation d'utiliser de nouvelles techniques, notamment dans les process de
production (usinage à grande vitesse, modélisation, traitements
de surface, etc). Dans tous les cas, l'innovation immatérielle
(technologies dites " molles " : organisation, méthodes,
etc) revêt une grande importance.
Quelques indicateurs révèlent un dynamisme certain de la part des
entreprises de la branche, qui bénéficient de l'action des cinq
centres techniques industriels (CTI) : on constate ainsi qu'une proportion
significative des dossiers d'aides de type ANVAR (environ 25 %) et ATOUT (plus
de 27,5 %) sont le fait des entreprises de la mécanique.
6. La chimie : une industrie menacée par l'extension de la TGAP et la taxation des consommations intermédiaires d'énergie
La
conjoncture
Le contexte mondial s'est caractérisé, en 1998, pour la chimie
française, par les retombées de la crise asiatique, qui ont
arrêté la forte reprise enregistrée en 1997. C'est donc la
demande intérieure qui a constitué le principal soutien de
l'activité.
Les chiffres de l'industrie chimique française sont les suivants :
-
470 milliards de francs
de chiffre d'affaires, dont 70 %
à l'exportation ;
- une
croissance de la production de 1,5 %
en 1998 (chimie
organique et minérale, parachimie, pharmacie et
cosmétiques) ;
- des
prix en baisse de 1,4 %
en 1998, sous la pression
concurrentielle, qui se situent désormais au-dessous du niveau des prix
de 1990 ;
- un taux de
résultat net moyen de 4,5 %
du chiffre
d'affaires ;
- un solde extérieur bénéficiaire (35 milliards
de francs) et une
troisième place mondiale
d'exportateur
chimique ;
-
178.000 employés
(-1,6 % en 1998).
En 1999
, la croissance de l'industrie chimique, modérée,
devrait être de 1 %, la reprise étant attendue en 2000, avec
des taux d'augmentation de l'activité prévus de 2 à
3 %.
La France est désormais touchée par la restructuration et la
concentration de l'industrie chimique, comme l'ont montré les auditions
récentes par votre commission des présidents d'Elf Aquitaine et
de Total Fina.
Une menace : l'extension de la taxe générale sur les
activités polluantes et la taxation des consommations
intermédiaires d'énergie
L'industrie chimique est particulièrement touchée par
l'alourdissement de la fiscalité " écologique "
programmée par le Gouvernement.
Alors que l'industrie chimique a notablement
réduit les pollutions
d'origine industrielle ces dernières années
, dans le cadre de
son engagement en matière de sécurité, d'environnement et
de protection de la santé, le Gouvernement s'apprête à
alourdir sensiblement les charges qui pèsent sur elle, en vertu de sa
théorie du " double dividende " c'est-à-dire du
transfert vers plus de fiscalité écologique (1
er
dividende attendu : baisse des comportements anti-environnementaux) des
charges pesant sur les bas salaires réduites en contrepartie
(2
e
dividende : améliorer la situation de l'emploi).
Outre que le Gouvernement ne se propose pas d'appliquer cette théorie
à la lettre -les réduction de charges proposée
n'étant pas une mesure générale, mais une contrepartie du
coût du passage aux 35 heures- un examen rapide des chiffres montre
qu'elle serait particulièrement pénalisante pour l'industrie
chimique.
D'après les éléments fournis par la profession
7(
*
)
à votre rapporteur pour avis,
on peut, en effet, estimer de la sorte le bilan des mesures fiscales
annoncées par le Gouvernement :
L'ALOURDISSEMENT DES CHARGES DE LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE SUR LE SECTEUR DE LA CHIMIE
L'élargissement de la TGAP par le projet de loi de finances pour
2000
Après la création de la taxe générale sur les
activités polluantes en 1998, c'est à son alourdissement que doit
faire face cette année l'industrie chimique, concernant les gaz
HFC-HCFC, les nitrates et les phytosanitaires. L'évolution de la
fiscalité sur les émissions polluantes et les déchets a
été particulièrement rapide ces dernières
années, comme le montre le tableau suivant :
Les professionnels estiment que l'industrie chimique, qui payait en 1998
0,5 milliard de francs de taxes parafiscales, paiera 0,7 milliard de
francs de TGAP en 1999 et pourrait en payer 3,45 milliards de francs en
2000.
La taxation envisagée en 2001 des consommations
intermédiaires d'énergie
Le Gouvernement a annoncé son intention de taxer les consommations
intermédiaires d'énergie. L'industrie chimique en est le plus
gros consommateur industriel (elle consomme 25 % de
l'électricité et 40 % du gaz à usage industriel) et
représente plus de 15 % de la consommation française de
produits pétroliers.
Elle a d'ailleurs diminué volontairement en 20 ans sa
consommation énergétique de 35 % et réduit de
moitié en 10 ans ses émissions de gaz à effet de
serre.
La profession, d'après une première estimation, indique que,
même en excluant l'électrolyse et la fabrication de bases
pétrochimiques de la taxation, les taxes s'élèveraient
pour l'industrie chimique à
1,7 milliard de francs
, soit
cinq fois plus qu'actuellement.
L'allégement des charges sur les salaires
L'allégement partiel envisagé en contrepartie des charges sur les
bas salaires n'aurait qu'un faible effet compensateur pour l'industrie chimique
où la structure des effectifs fait apparaître une proportion de
seulement 48 % d'ouvriers et employés.
La profession estime que, selon l'hypothèse d'un allégement de
charges pour les salaires compris entre 1 SMIC et 1,8 SMIC, prévu
pour atténuer l'impact du coût des 35 heures, le gain ne
serait que de l'ordre de
400 millions de francs
pour l'industrie
chimique française.
Si on cherche en vain dans ces chiffres le " double dividende "
annoncé, on y trouve en revanche facilement le handicap de
compétitivité prévisible pour la profession :
à 4,4 milliards environ de charges supplémentaires,
l'allégement de charges proposé n'offrirait que 400 millions
de francs de compensation !
Votre rapporteur pour avis ne manquera pas d'interroger le Gouvernement sur ses
intentions et de lui faire part de sa vive préoccupation en la
matière.
II. LES ENJEUX DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
A. FORCES ET FAIBLESSES
L'industrie française présente des aspects
contrastés, des forces et des faiblesses
. Bien qu'elles ne
diffèrent guère de celles relevées l'an passé,
votre rapporteur pour avis en brossera toutefois un rapide tableau.
Les forces de l'industrie française
Commerce extérieur et accueil des investissements étrangers
Même si cet aspect est analysé en détail dans le rapport
budgétaire pour avis de notre collègue Michel Souplet sur le
commerce extérieur, votre rapporteur pour avis tient à rappeler
que la France est le quatrième exportateur mondial. De 1990 à
1998, elle à maintenu ses parts de marché, sa part dans les
exportations des neuf principaux pays de l'OCDE, passant de 9,7 %
à 10,1 %.
La France conserve un excédent commercial important en 1998. Il
s'élève à 154 milliards de francs, auxquels on peut
ajouter des entrées de 110 milliards de francs pour les services
(dont 71 milliards de francs pour le tourisme). Parmi les
grands
secteurs manufacturiers exportateurs figurent
l'automobile,
l'aéronautique, les parfums et cosmétiques, les matériels
électriques, la pharmacie, la mécanique, la sidérurgie et
la construction navale. L'atonie du marché intérieur de 1990
à 1996 ne suffit pas à expliquer cet excédent qui doit
être attribué avant tout au dynamisme de l'industrie
française et à sa compétitivité.
Parallèlement, la France a attiré en 1997 165 milliards
d'investissements étrangers, et se situe ainsi au
troisième
rang mondial pour le stock des investissements
.
Les investissements français
à l'étranger ont,
quant à eux, crû à partir de 1986. Le stock dépasse
1.200 milliards de francs, et le flux annuel (239 milliards de
francs) est aujourd'hui trois fois plus important qu'il y a dix ans. Ces
investissements dynamisent nos exportations et sont indispensables pour
l'acquisition, par les entreprises françaises, d'une dimension mondiale.
Ils se situent à 90 % dans les pays développés.
Productivité et prix compétitifs
La compétitivité des prix des produits français est
réelle par rapport aux autres pays industrialisés, en en
particulier vis-à-vis de l'Allemagne.
Dynamique des investissements immatériels
La France est marquée depuis vingt ans par une forte dynamique des
investissements immatériels (dépenses de recherche, de formation,
de publicité, d'acquisition de logiciels, ...) qui dépassent en
1997 de plus de 27 % les investissements corporels des entreprises. La
France a, sur ce point, en partie comblé son retard passé
vis-à-vis des autres pays industrialisés.
La qualité des produits français est en très net
progrès : l'image globale de nos produits est aujourd'hui bonne par
rapport à nos concurrents européens.
Structure financière
Les structures de bilan des entreprises françaises se sont
considérablement assainies depuis dix ans : le ratio
dette/capitaux propres est ainsi passé de 2 à 1 et se situe
aujourd'hui dans la norme européenne. La capacité
d'autofinancement dépasse aujourd'hui l'investissement matériel
et les résultats d'exploitation sont jugés satisfaisants. La
situation des PMI sur ce point particulier est cependant moins favorable que
celle des autres entreprises.
L'existence d'entreprises leaders
La France abrite plusieurs entreprises de très haut niveau
élaborant des produits de très haute technologie, leaders
mondiaux sur leurs marchés. Outre les grands groupes bien connus, on
trouve des entreprises moyennes, voire des PMI qui, sur un grand nombre de
secteurs, sont numéro un au niveau mondial.
Des faiblesses persistantes
Peu de grands groupes
La France affiche un retard certain par rapport à l'Allemagne, à
l'Angleterre, au Japon et aux Etats-Unis quant
au nombre de grands groupes
industriels
. Dans les 100 premières entreprises industrielles
mondiales apparaissent seulement 8 entreprises françaises parmi
37 européennes. Ces groupes présentent par ailleurs une
surface financière moindre que les entreprises étrangères.
Or, les grandes entreprises jouent un rôle de " locomotive " de
l'industrie qui est très important. On peut d'ailleurs constater que les
grands pays industriels sont " tirés " par des groupes leaders
sur leurs marchés. Par ailleurs, dans des métiers à haute
valeur ajoutée, le marché privilégie deux ou
trois leaders ; or, dans ces domaines les entreprises
françaises n'atteignent en général pas ce rang.
C'est dans cette perspective que doivent s'analyser les restructurations en
cours de l'industrie française, qu'il s'agisse du secteur chimique,
énergétique ou automobile. La France serait-elle sur le point de
rattraper son retard ?
Un tissu industriel morcelé
Le tissu industriel français est caractérisé par une
sur-représentation de petites PMI. Outre le faible nombre de grands
groupes déjà évoqué, il existe un
nombre
insuffisant d'entreprises médianes
(500 à
5.000 personnes). Ces dernières sont essentielles pour le dynamisme
d'un tissu industriel : elles sont le relais entre les grands groupes et
les PMI, elles sont facteurs d'innovation, d'exportation et
l'élément le plus dynamique du tissu industriel.
Diverses
études ont expliqué la différence entre économies
allemande et française par le plus grand nombre d'entreprises
médianes dans le tissu industriel allemand.
Des investissements qui progressent moins sur longue période
Les investissements des entreprises françaises ont fortement
décru par rapport au niveau (certes exceptionnel) des années 1990
(ils avaient crû de 50 % par référence à la
période 1975-1985). Ainsi, entre 1990 et 1994, l'investissement des
entreprises a diminué de 34 %. Malgré la forte reprise de
1998 (+8 %), le niveau actuel reste inférieur au pic de 1990. Sur longue
période, l'investissement industriel a progressé beaucoup plus
fortement au Japon et aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Allemagne.
L'effort de recherche et développement des entreprises
L'effort des entreprises françaises en matière de recherche et
développement représente, en 1996, 1,4 % du PIB, contre
1,9 % aux Etats-Unis et 1,5 % en Allemagne. Alors que les entreprises
doivent faire face actuellement à l'apparition rapide de nouvelles
technologies, il est essentiel qu'elles consacrent des efforts importants
à la recherche et au développement. Les pouvoirs publics doivent
les y inciter.
Une internationalisation encore en cours
Si la majeure partie des entreprises françaises a pris la mesure du
marché unique européen, l'industrie française n'a pas
encore parfaitement relevé le
défi de la mondialisation
.
Tant en matière commerciale, de positionnement stratégique sur
les différents marchés, notamment sur les
marchés
émergents
, qu'en matière de partenariat industriel, les
entreprises françaises accusent un retard par rapport à leurs
concurrents.
B. PRINCIPAUX THÈMES D'ACTUALITÉ POUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE
L'industrie française doit faire face dans les mois qui
viennent à trois échéances -aux conséquences
variables- : le passage à l'an 2000, l'adoption de l'euro et la
réduction du temps de travail.
Le passage à l'an 2000
Les problèmes que pose à l'industrie française le passage
à l'an 2000 ne doivent pas être sous-estimés. Rappelons en
effet que, tant pour des questions d'économie que de mémoire
d'ordinateurs, les informaticiens ont référencé les
années à l'aide de deux chiffres seulement, le siècle
étant sous-entendu par défaut. En conséquence, le
1
er
janvier 2000, codé le 01.01.00, sera-t-il
considéré comme le 1
er
janvier 1900, ce qui
risque d'entraîner de graves perturbations dans le traitement des
données.
Au-delà des seuls ordinateurs, le problème touche tous les
équipements techniques dotés d'un automatisme relié
à une horloge.
La " mission an 2000 "
Pour faire face à ce problème,
appréhendé
tardivement en France par les pouvoirs publics
, une " mission an
2000 " a été constituée par le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, en vue de mobiliser les
entreprises sur les enjeux du passage à l'an 2000, d'apprécier
les risques encourus et d'aboutir à des solutions.
Tandis que des procédures étaient mises en place au sein de
l'administration pour le passage des ministères et services
déconcentrés à l'an 2000, un comité national pour
le passage à l'an 2000 a été constitué, rassemblant
divers acteurs publics et privés, qui s'est réuni
régulièrement sous la présidence du Premier ministre ou du
ministre de l'économie, afin d'informer l'opinion.
A un mois de l'échéance, quel est l'état de
préparation des entreprises françaises ?
Une bonne préparation des grandes entreprises
Du côté des
grandes entreprises
, le ministère de
l'économie estime que le niveau de préparation est satisfaisant.
Les organisations professionnelles se sont mobilisées et de nombreuses
réunions de travail ont été organisées.
Il semble que les systèmes progicialisés aient rapidement
été rendus compatibles avec l'an 2000 au sein des grandes
entreprises, même si les opérations de mise à niveau des
applications -développées en interne ou sous-traitées- ont
été plus complexes à mettre en conformité avec
cette échéance. En ce qui concerne les systèmes
tehcniques, la majorité des grandes entreprises a réalisé
l'inventaire des installations sensibles et lancé leur mise en
conformité.
Une attention soutenue a été portée à
l'électricité
, aux
télécommunications
et aux
transports
, pour lesquels des plans de travaux spécifiques
ont été réalisés. Ces " plans de
sauvegarde " font l'objet d'un suivi détaillé. C'est le cas
à EDF, à GDF et à France Télécom, qui se
prépare depuis 1996 à cette échéance.
Le secteur bancaire et financier
a fait l'objet d'une attention
particulière et le ministère de l'économie
considère qu'il est prêt pour le passage à l'an 2000. Il
bénéficie en effet de l'acquis du passage à l'euro qui
présente des caractéristiques communes avec le passage à
l'an 2000 : proximité, caractère impératif de
l'échéance, transformation de l'ensemble des systèmes
d'information ; coordination de nombreux acteurs, ...
Une mobilisation plus tardive des PME/PMI
Votre rapporteur pour avis s'inquiète de la faible prise de conscience
du problème au sein des PME/PMI, certains sondages ou informations en
provenance des chambres de commerce et d'industrie montrant qu'il existe un
pourcentage significatif de chefs d'entreprises qui n'ont pas pris la mesure de
l'enjeu.
Trois raisons expliquent ce faible degré de prise de conscience :
- un scepticisme certain des PME sur la réalité du
problème ;
- une méfiance à l'égard de fournisseurs
informatiques tenus pour responsables de la situation ;
- un coût élevé des travaux de mise en
conformité.
Or, les PMI, le commerce et l'artisanat sont particulièrement
concernés. Aussi, une liste de dix actions prioritaires à
effectuer a-t-elle été envoyée à
800.000 responsables de PME/PMI par le ministère, les DRIRE et les
chambres de commerce se mobilisant particulièrement. Une brochure
d'information (2,2 millions d'exemplaires) puis un guide pratique
(5 millions d'exemplaires) ont été diffusés, des
campagnes publicitaires à la radio et à la
télévision ont été financées, une
" caravane an 2000 " a visité plus de 120 villes et un
centre d'appel (0 801 31 2000) a été mis en place. Pour faire
face aux coûts d'adaptation des systèmes, le régime fiscal
mis en place pour l'euro -voir ci-dessous- a été étendu au
passage à l'an 2000 et une procédure de prêts garantis par
la SOFARIS à 60 % a été mis en place à
l'attention des grosses et moyennes PMI.
Malgré ces actions de sensibilisation, la troisième vague
d'enquêtes, menée en juin 1999, montre que 72 % des
entreprises à 1 salarié et 44 % des entreprises de moins de
200 salariés n'ont entamé aucune démarche, ce que
votre commission pour avis considère comme particulièrement
préoccupant.
De l'avis des experts, des dysfonctionnements ne sont pas à exclure,
susceptibles de provoquer des perturbations dans les relations commerciales.
L'interdépendance économique, celle des systèmes
d'information, la globalisation des échanges et les flux de
données qui en résultent font qu'aucun pays, si bien
préparé soit-il, n'est à l'abri de telles perturbations.
Le risque reste toutefois difficile à estimer.
La préparation de l'industrie à l'échéance de
l'Euro
Le passage à l'euro est une contrainte de court terme, mais une
opportunité de long terme pour l'industrie française.
Dans un premier temps, diverses adaptations sont, certes,
nécessaires
En particulier, les entreprises doivent procéder à la formation
à l'euro de leur personnel, ainsi qu'à l'adaptation de leur
matériel, ce qui sous-entend :
- des stages de formation à l'euro des personnels -dans les
fonctions commerciales notamment- peuvent être prévus, même
si peu d'entreprises y sont enclines, ces formations étant
considérées comme trop coûteuses ;
- comme pour le passage à l'an 2000, les systèmes
d'information et l'informatique sont à modifier : l'achat de
logiciels ou de progiciels adaptés à l'euro, voire l'achat de
nouveaux matériels, peut être nécessaire ; le recours
aux services de sociétés informatiques s'avère souvent
indispensable ; dans certains cas les logiciels devront être
totalement réécrits ;
- la tenue de la comptabilité en euros nécessite d'adapter
les systèmes informatiques de gestion à l'euro.
Du point de vue de l'organisation interne, des groupes de travail doivent
être constitués, du moins dans les sociétés
moyennes, pour déterminer, effectuer et coordonner les
nécessaires adaptations.
D'un point de vue financier, le compte bancaire de l'entreprise doit être
converti en euros, ce qui n'engage aucun frais, sinon un deuxième compte
en euros doit être ouvert.
Le capital social de l'entreprise doit, quant à lui, être converti
en euros, avec les modifications et les frais y afférents.
Mais au-delà de ces adaptations, les politiques commerciale et
marketing doivent être revues en profondeur à l'occasion du
passage à l'euro, générant des coûts
supplémentaires.
Afin de pouvoir assurer de nouveaux prix " psychologiques " en euros,
les industriels sont, en effet, amenés à revoir en profondeur le
conditionnement et l'emballage de leurs produits, ainsi que, le cas
échéant, leurs méthodes de production, ce qui peut
impliquer des coûts conséquents pour l'industrie, qu'il est
aujourd'hui extrêmement difficile d'évaluer.
Mais, dans un deuxième temps, des effets en termes de
compétitivité pourraient s'avérer positifs
.
Le passage à l'euro influe sur la compétitivité des
industries. Tout d'abord, au point de vue du calendrier du passage à la
monnaie européenne, une industrie ne commerçant pas en euros
avant 2002 risque de perdre des clients et de donner une image retardataire. En
revanche, une industrie capable de commercer en euros, d'offrir de nouveaux
prix " psychologiques " dans la monnaie européenne, peut
conquérir de nouveaux marchés et de nouveaux clients à
l'international, grâce à
des prix plus transparents
;
familiarisée avec l'euro, elle peut aussi
optimiser ses achats
en
trouvant de nouveaux partenaires mieux offrants.
Certains secteurs industriels verront en outre leur compétitivité
préservée car l'euro, d'une part, évite les
dévaluations dites compétitives comme celles de la lire italienne
et de la peseta espagnole qui sont intervenues dans les années
précédente et, d'autre part, permet d'afficher des prix
transparents et comparables.
Le degré de préparation de l'industrie
française
Répondant à votre rapporteur pour avis, l'administration a fait
savoir qu'aucune donnée chiffrée ne permet aujourd'hui
d'évaluer précisément le degré de
préparation des industries françaises à l'euro.
Néanmoins, il apparaît que dans son ensemble
les grandes
entreprises françaises ont déjà intégré
l'euro
, en raison de leur éventuelle cotation boursière et de
leur communication financière en euro, de leur forte implication
internationale, et de leur puissance économique qui leur a permis de
déployer des moyens d'adaptation adéquats.
La petite et moyenne industrie française est en revanche moins en
avance que la grande industrie
. Néanmoins, selon une étude
réalisée pour la Chambre de commerce et d'industrie de Paris
auprès d'industriels de la région parisienne, on peut prudemment
avancer que les petites et moyennes industries sont mieux
préparées à l'euro que les autres types d'entreprises.
Cette meilleure préparation serait due au fait que l'industrie est un
secteur plus internationalisé que les autres, et au fait que la petite
et moyenne industrie sous-traitante éprouve la nécessité
de s'adapter à la demande de ses grands donneurs d'ordre, qui commercent
déjà en euros.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner que plus les industries
retarderont leur passage à l'euro, plus les coûts induits par ce
passage seront élevés, en raison notamment de la surcharge de
travail confié aux prestataires de services dans les derniers mois de la
période transitoire
. Par ailleurs, plus le passage sera
repoussé dans le temps, plus l'industrie prendra de retard par rapport
à ses concurrents ayant anticipé le basculement ; moins
compétitive, l'industrie subira aussi des frais indirects plus
élevés.
La réduction du temps de travail à 35 heures
hebdomadaires
En réponse à votre rapporteur pour avis, le ministère
chargé de l'industrie a communiqué le bilan d'application suivant
de la loi n° 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et
d'incitation relative à la réduction du temps de travail :
APPLICATION DANS L'INDUSTRIE DE LA PREMIÈRE LOI SUR LES 35 HEURES
Les
accords de branche
Selon les dernières analyses du ministère de l'emploi et de la
solidarité, 3.348.600 salariés relevant de l'industrie sont
concernés par un accord de branche de réduction du temps de
travail dont 968.600 par un accord étendu. Cet effectif
représente plus de la moitié des salariés du secteur
marchand non agricole intéressés par un accord de branche de
réduction du temps de travail.
Treize branches ont signé un accord qui a ensuite été
étendu ; le secteur de la métallurgie
(1.800.000 salariés) ; les bureaux d'études techniques
(500.000 salariés) et le secteur des carrières et
métaux (80.000 salariés) sont en attente d'un
arrêté d'extension. Par ailleurs, la négociation est
engagée dans la branche du caoutchouc (environ
65.000 salariés), de la plasturgie (140.000 salariés)
et de la pharmacie (88.000 salariés).
Les accords d'entreprise
3.462 accords d'entreprise ont été signés dans les
secteurs relevant de l'industrie portant le nombre de salariés couverts
par un accord d'entreprise à 555.312, qui se décomposent en
356.452 salariés dans les entreprises de la métallurgie
(1.336 accords) et en 198.660 salariés dans les industries
manufacturières hors métallurgie (2.126 accords).
Au total, l'industrie représente, à mi-août 1999,
25 % des accords signés par les entreprises et 27 % des effectifs
couverts par les accords, ce qui est conforme au poids relatif de l'industrie
dans le champ d'application de la loi.
Source :MEFI
Renvoyant au rapport de notre collègue Louis Souvet
8(
*
)
au nom de la Commission des Affaires
sociales pour une analyse plus approfondie de cette question, et notamment du
" deuxième " projet de loi, relatif à la
réduction négociée du temps de travail, votre rapporteur
pour avis souhaite toutefois formuler deux observations :
- le bilan de l'application que tire le Gouvernement de la
" première " loi sur les 35 heures doit être
sérieusement nuancé,
la croissance ayant, plus que la loi,
contribué à créer des emplois. On peut craindre que les
rigidités accrues du marché du travail qui découlent de
son adoption ne soient en revanche très pénalisantes pour
l'emploi en cas de retournement de cycle
;
- outre le
mépris qu'elle implique vis-à-vis de la
négociation collective
, les conséquences pour les entreprises
-et surtout sur les plus petites d'entre elles- de
l'application autoritaire
de la réduction du temps de travail
que propose le projet de loi en
cours de discussion
inquiète vivement votre commission pour avis,
qui soutient pleinement les assouplissements apportés à ce texte
par votre Haute assemblée lors de sa discussion en première
lecture au Sénat.