Projet de loi de finances pour 2000, TOME II - Relations culturelles extérieures et francophonie
PENNE (Guy)
AVIS 92-TOME II (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 143 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CONCLUSION :
LA FRANCOPHONIE : DE LA DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE AU COMBAT POUR LA DIVERSITÉ CULTURELLE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 92
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
RELATIONS CULTURELLES EXTÉRIEURES
ET FRANCOPHONIE
Par M. Guy PENNE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
1
)
(1999-2000).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Depuis l'importante réforme décidée en 1998, le budget de
la DGCID, désormais unifié, ne permet plus d'identifier aussi
facilement qu'auparavant les crédits dévolus à notre
action de coopération culturelle, scientifique et technique. Cette
action s'inscrit désormais, si l'on s'en tient à la
dénomination de la nouvelle Direction générale, dans
l'ambition plus extensive de la coopération et du développement.
Votre rapporteur estime néanmoins qu'une analyse plus spécifique,
portant sur les crédits autrefois gérés par la DGRCST,
garde toute sa pertinence. La diplomatie culturelle, que concrétise
l'implantation dans de nombreux pays du monde de nos instituts culturels et de
nos écoles est plus qu'un simple héritage à
préserver : dans le combat pour la diversité culturelle,
plus que jamais à l'ordre du jour, cet aspect de notre action
internationale demeure essentiel.
Votre rapporteur exposera les grandes lignes de l'effort budgétaire
consenti pour 2000 aux relations culturelles extérieures. Les mesures
nouvelles qu'il dégage sont associées à des
priorités, limitées en nombre, mais non en importance :
l'audiovisuel extérieur, la promotion de notre enseignement
supérieur, la préservation de notre réseau scolaire,
sont autant d'instruments qui visent un large public et répondent
à un réel besoin. Par-delà ces priorités,
l'adaptation de notre réseau culturel est en cours qui, avec des moyens
toujours limités, conserve sa mission de diffusion de notre langue, de
notre culture ou de notre expertise scientifique et technique.
I. LES CRÉDITS DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE POUR 2000
A. LA MISE EN PLACE DU BUDGET UNIFIÉ
La
réforme de 1998 portant création de la DGCID par fusion de la
DGRCST du Ministère des Affaires étrangères et de la
Direction du développement du Ministère de la Coopération
ainsi que la nomenclature budgétaire unique qu'elle entraîne,
rendent bien évidemment plus complexe l'identification, dans ce nouvel
ensemble, des crédits réservés à l'action
culturelle extérieure. Cela étant, au sein du budget de la DGCID,
certains chapitres du " bleu " budgétaire se rapportent plus
spécifiquement à ce volet de notre action diplomatique que votre
rapporteur est en charge de présenter depuis plusieurs années.
Le budget global de la DGCID atteindra en 2000 un total de 9,239 milliards de
francs. Le tableau ci-après en rappelle la structure
générale.
(en millions de francs)
Chapitres |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/99 avant transferts (1) |
2000/99 |
|
TITRE III |
|||||
31-98 |
Autres rémunérations |
- |
0,6 |
- |
- |
34-98 |
Matériel et fonctionnement courant |
5,51 |
7,71 |
39,9 % |
0 % |
36-30 |
Etablissements publics
|
1
977,3
|
1
998,2
|
1,1 %
|
0,9 %
|
37-95 |
Etablissements de coopération et de recherche
à
l'étranger
|
|
|
|
- |
TOTAL TITRE III |
2 275,4 |
2 287,9 |
0,6 % |
0,1 % |
|
TITRE IV |
|||||
41-43 |
Concours financiers |
265,0 |
160 ,0 |
-39,6 % |
39,6 % |
42-11 |
Coopération culturelle et scientifique |
|
|
|
|
42-12 |
Coopération technique et aide au développement |
|
|
|
|
42-13 |
Appui à des initiatives privées ou décentralisées |
|
|
|
|
42-14 |
Audiovisuel extérieur |
1 039,6 |
1 065 |
2,4 % |
2,4 % |
TOTAL TITRE IV |
5 089,7 |
4 953,1 |
- 2,7 % |
- 2,5 % |
|
TITRE V |
|||||
57-10 |
Equipements administratifs et divers
|
|
|
|
|
TOTAL TITRE V |
59,6 |
95,8 |
60,7 % |
60,7 % |
|
TITRE VI |
|||||
68-80 |
Action extérieure et aide au développement |
|
|
|
|
68-91 |
Fonds de solidarité prioritaire |
1 071,9 |
972 |
- 9,3 % |
- 9,0 % |
68-93 |
Dons pour projets AFD |
726,0 |
922 |
27, 0 % |
27, 0 % |
TOTAL TITRE VI |
1 806,9 |
1 903 |
5,3 % |
2,8 % |
|
Total AP |
2 353,5 |
2 421 |
2,8 % |
2,8 % |
|
TOTAL (DO + CP) |
9 312,6 |
9 239,9 |
0,1 % |
0,1 % |
|
(1) L'essentiel des transferts tient au recalibrage des dotations entre les chapitres 42-11 et 42-12. L'organigramme de la DGCID n'étant pas connu lors de l'élaboration du PLF 1999, la répartition entre ces deux chapitres n'avait pu être qu'évaluative. |
S'agissant des
dépenses de fonctionnement
(Titre
III),
les crédits dévolus à l'action culturelle
extérieure concernent le chapitre
36-30
, sur lequel figurent les
subventions de fonctionnement destinées à
l'AEFE et à
l'OUCFA
(Office universitaire et culturel français en
Algérie), et le chapitre
37-95
qui reçoit désormais
les
crédits destinés aux établissements culturels
,
de coopération et de recherche à l'étranger
.
Les
crédits d'intervention
dans le domaine de l'action culturelle
extérieure prennent en compte, en particulier, le chapitre
42-11
qui regroupe les
crédits de coopération culturelle et
scientifique
ainsi que le chapitre
42-14
consacré à
l'action audiovisuelle extérieure
.
Les dépenses en capital
sont recensées au
chapitre
57-10
(investissements) :
article 31
:
établissements d'enseignement
,
article 32
:
instituts et centres culturels
. Aux chapitres
68-80
(
subventions d'investissement
pour l'action extérieure et l'aide
au développement), l'
article 40
identifie les subventions
d'investissements aux Alliances françaises, et l'
article 10
l'aide à des projets de développement, où la distinction
entre actions culturelles et coopération proprement dite est à
présent difficile à opérer.
La mise en place de la configuration définitive du budget unifié
a entraîné, dans la présentation de la loi de finances pour
2000, divers
transferts de crédits
liés à
l'harmonisation des pratiques budgétaires entre l'ancien
ministère de la coopération et celui du ministère des
Affaires étrangères.
Ces transferts ont notamment concernés, au titre III, l'inscription au
chapitre 37-95 des rémunérations des directeurs d'alliances
françaises des pays " hors champ ". A l'inverse, les
rémunérations des directeurs des centres et instituts culturels
(services extérieurs de l'Etat au contraire des Alliances) des pays du
" champ " ont été transférées au chapitre
31-90.
De même, au titre IV, la répartition initiale des chapitres
budgétaires de la coopération et de l'ancien chapitre 42-10 du
ministère des Affaires étrangères (action culturelle
extérieure) entre les chapitres 42-11 et 42-12 n'avait été
qu'évaluative l'année passée. Le projet de loi de finances
2000 affine cette répartition, ce qui explique les transferts
opérés concernant notamment les
rémunérations
des assistants techniques
(personnel de coopération.
L'évolution sur trois ans, par grande zone géographique, des
crédits de fonctionnement destinés à l'action culturelle
extérieure démontre une certaine continuité,
marquée par la prédominance de nos actions sur le continent
africain (52 %), l'Europe occidentale occupant, avec 12 %, la deuxième
place.
Evolution des enveloppes géographiques
Titres
III
(1)
et IV
(en milliers de francs)
Zones géographiques |
1997 |
% |
1998 |
% |
1999 |
% |
Europe centrale et orientale |
337 975 |
7 |
334 206 |
7 |
324 845 |
7 |
Europe occidentale |
568 533 |
11 |
601 381 |
12 |
610 906 |
12 |
Asie du sud et du sud-est |
289 754 |
6 |
296 378 |
6 |
293 919 |
6 |
Extrême orient et Pacifique |
161 448 |
3 |
167 513 |
3 |
167 552 |
3 |
Amérique du nord |
163 371 |
3 |
128 682 |
3 |
181 766 |
4 |
Amérique centrale et du sud |
423 828 |
8 |
410 284 |
8 |
435 140 |
9 |
Proche et Moyen-orient |
315 330 |
6 |
317 815 |
6 |
332 237 |
7 |
Afrique du nord |
712 114 |
14 |
678 771 |
14 |
657 504 |
13 |
Afrique du sub saharienne |
2 144 372 |
100 |
4 946 633 |
100 |
4 892 544 |
100 |
|
5 116 725 |
100 |
4 946 633 |
100 |
4 892 544 |
100 |
(1) y compris l'AEFE et hors personnels des Instituts et Centres culturels |
En 1999, la DGCID n'a pas été l'objet, pour la deuxième année consécutive, de régulation en cours d'année. Cela étant, les lignes budgétaires plus spécifiquement dédiées à l'action culturelle et à la coopération technique ont été affectées par le financement de l'aide humanitaire au Kosovo : la dotation à l'AEFE (- 4 MF), les crédits de fonctionnement des centres et instituts (- 10 MF), l'audiovisuel extérieur (- 9 MF) et la coopération technique au développement (- 72,5 MF) ont concouru, avec le Fonds d'aide et de coopération (- 82 MF), à couvrir les besoins apparus dans l'urgence. En ce qui concerne les crédits d'intervention, ces annulations ont pu être absorbées sans trop de difficultés en raison d'une stricte maîtrise des dépenses d'assistance technique et grâce aux reports des crédits enregistrés sur le chapitre des concours financiers.
B. UN PROJET DE BUDGET QUI CONFIRME LES ACTIONS PRIORITAIRES IDENTIFIÉES L'AN PASSÉ
Plutôt que de raisonner en termes de comparaison, d'une
année sur l'autre, de grandes mesures budgétaires ou
d'identification précise entre ce qui relève de l'aide au
développement, d'une part, et ce qui concourt à la
coopération culturelle, d'autre part, votre rapporteur se propose
d'indiquer les
mesures
d'économies et les mesures
nouvelles
affectant les principales lignes budgétaires dont les
dotations continuent de contribuer à notre diplomatie culturelle.
•
Les mesures d'économie
.
Certaines de ces dotations font l'objet de mesures d'économies
importantes : ainsi en est-il, au chapitre 37-95 nouveau,
qui rassemble
les crédits de fonctionnement des établissements culturels
,
qui subissent une réduction de 16 MF. Certes, un transfert de 4,8 MF
correspondant aux moyens de fonctionnement des centres culturels
franco-africains vient, apparemment, réduire l'économie à
11,2 MF. Il reste que cette mesure est de nature à fragiliser le
fonctionnement de certains de nos centres ou instituts culturels.
.
L'économie de 3,7 MF opérée sur la dotation
destinée à l'
Office Universitaire de Coopération
Franco-algérien
(OUCFA) n'est pas de même nature : compte
tenu de la situation qui perdure dans ce pays, l'OUCFA n'est qu'en état
de " veille " et il s'agit là d'une économie de
constatation. Il convient cependant de ne pas hypothéquer l'avenir et de
se tenir prêt, dès que la situation sera redevenue normale,
à réactiver au plus tôt cet organe essentiel de notre
action en Algérie.
.
Au chapitre 42-11 consacré aux crédits d'intervention
dans le domaine de la
coopération culturelle et scientifique
, est
opérée une réduction de 13,8 MF affectant, plus
spécifiquement, les articles 20 et 30 consacrés respectivement
aux " bourses et actions de formation " et à
l' " appui à des organismes concourant à la
coopération culturelle et scientifique ".
•
Les moyens nouveaux
.
Globalement, la
coopération culturelle et scientifique
bénéficie de mesures nouvelles, à hauteur de 43,7 MF,
qu'il faut cependant relativiser : compte tenu des mesures
d'économie sur ce chapitre (42-11) traitées
précédemment, 13,8 MF sont obtenus par redéploiement de
moyens au sein du chapitre dont la dotation supplémentaire nette
s'élève en fait à 29,9 MF.
Toutefois, l'ensemble des moyens nouveaux ainsi dégagés se
répartit comme suit :
•
La promotion de notre enseignement supérieur
:
+ 35 MF au profit des programmes de bourse Eiffel
+ 5 MF pour Edufrance
+ 1 MF pour la recherche en sciences sociales
+ 2,72 MF pour le programme Lavoisier d'échanges internationaux de
chercheurs
.
L'agence pour l'enseignement français à
l'étranger
(AEFE) reçoit 24,5 MF en mesures nouvelles, qui se
décomposent ainsi :
+ 15 MF pour les bourses scolaires
+ 2 MF pour l'entretien des locaux
+ 0,5 MF pour les bourses d'excellence
+ 1 MF pour le développement des technologies de l'information
+ 6 MF correspondant à des mesures de revalorisation des personnels de
la fonction publique
. L'audiovisuel extérieur, en particulier TV5,
bénéficie de 25,3 MF en mesures nouvelles.
Votre rapporteur se félicite par ailleurs des
ressources
nouvelles
mobilisées en faveur des
investissements des
établissements de l'AEFE en gestion directe et de nos centres et
instituts culturels
. Respectivement, les crédits de paiement sont
doublés et en augmentation de 23,5 %. De nombreuses opérations
sont programmées sur les deux prochaines années : la
poursuite de la rénovation de l'Institut culturel à Istanbul
estimée à un total de 18 MF ; l'aménagement de
l'Institut de Bucarest (10,7 MF), dont les travaux devraient s'achever à
la fin du premier trimestre 2000 ; surtout 27 MF seront
nécessaires pour la construction de l'Institut français
d'Haïti ; la prochaine réouverture du centre culturel d'Alger
nécessitera des travaux de mise à niveau estimés à
2,5 MF et la restructuration de l'Institut culturel de Kyoto mobilisera
quelque 12 MF. Pour les établissements scolaires de l'AEFE, la dotation
permettra des travaux d'aménagement et d'amélioration des
équipements, l'un des chantiers importants concernant la construction du
lycée français de Milan.
II. LA PRIORITÉ AUDIOVISUELLE
A. UNE RATIONALISATION FRUCTUEUSE
Votre
rapporteur a déjà eu l'an passé l'occasion de
décrire la réforme de l'audiovisuel extérieur
présentée le 30 avril 1998 par le Ministre des Affaires
étrangères : quatre grandes orientations avaient alors
été arrêtées par le gouvernement :
- la clarification des missions des deux principaux opérateurs
télévisuels publics oeuvrant pour l'action extérieure CFI
et TV5. Celle-ci s'est vue reconnaître le rôle de chaîne de
diffusion directe de programmes francophones à destination du public
international et CFI recentrée dans sa mission de banque de programmes
mais aussi d'outil de coopération, tout en développant ses
activités de conseil et d'ingéniérie ;
- la désignation de M. Jean Stock comme président commun aux deux
sociétés ;
- l'adossement de TV5 aux chaînes nationales publiques par l'ouverture du
capital de cette société à la Sept-Arte (12,5 %),
à la Cinquième (12,5 %) et à RFO (4 %) ;
- l'amélioration des programmes de TV5, bénéficiant pour
ce faire de moyens financiers nouveaux à hauteur de 80 MF.
•
TV5 sur la bonne voie
Sur le plan de la diffusion, TV5 avait déjà l'atout majeur
d'être accessible facilement pour le plus large public possible. Via 27
satellites en effet, la chaîne francophone couvre l'ensemble du monde et
est reçue par 500 millions de téléspectateurs sur les
5 continents, ce qui fait d'elle, hors marché domestique, la
3
e
chaîne mondiale après MTV et CNN. Une vingtaine de
bouquets satellitaires la distribuent, notamment en Amérique latine, en
Indonésie, en France, en Espagne, en Italie, en Egypte, au Moyen-Orient,
etc... De même a-t-elle conforté sa diffusion classique par
réseaux câblés et réception satellitaire directe. Au
total, ce sont plus de 106 millions de foyers qui peuvent recevoir TV5
dont 60 millions en Europe, 21,6 millions en Amérique, 6,4 au
Maghreb et Proche-Orient, 17,1 en Asie et 1,3 en Afrique.
Forte de ce capital d'audience, la nouvelle présidence commune s'est
donnée comme objectif prioritaire d'améliorer la qualité
de l'antenne. Dans cette perspective, 5 orientations ont été
définies, désormais intégrées dans une
programmation rénovée.
-
le renforcement de l'information :
A toutes les heures ondes, TV5 diffuse en direct ou en léger
différé les principaux journaux télévisés de
ses chaînes partenaires -France Télévision, RTBF, SSR,
Radio Canada. Une rédaction propre à la chaîne produit par
ailleurs, aux heures où les chaînes partenaires ne diffusent pas
de journaux télévisés, une quinzaine de journaux et flashs
quotidiens consacrés à l'actualité internationale et aux
nouvelles françaises. Bénéficiant essentiellement de
reportages réalisés par les télévisions nationales
partenaires, cette rédaction est en mesure d'intervenir à
n'importe quel moment à l'antenne si l'actualité l'exige ;
- une
sélection des meilleurs magazines
est désormais
effectuée en faveur de ceux qui sont les plus porteurs ;
-
priorité au cinéma et à la fiction
: les
films et fictions, français pour la plupart, sont multidiffusés
de manière à rejoindre les publics, selon leurs implantations
géographiques, aux horaires les mieux adaptés ;
-
l'ouverture limitée à la publicité
: 1
minute et 30 secondes maximum par écran permet à TV5 de mettre en
valeur la création publicitaire française et de dégager
une source supplémentaire de revenus ;
-
l'intensification du sous-titrage en français.
Celui-ci,
très apprécié par les francophiles qui ne maîtrisent
pas parfaitement notre langue permet également à TV5 de toucher
la population des enseignants.
Cette nouvelle programmation aux contours enrichis et mieux adaptée aux
demandes du public a, par ailleurs, été largement
valorisée par le lancement, le 8 janvier dernier, de quatre signaux
régionalisés distincts vers l'Europe, l'Afrique, l'Asie et
l'Orient, là où ne parvenait initialement qu'un signal unique,
sans prise en compte des décalages horaires, celle-ci étant
désormais facilitée grâce à la structure modulaire.
A partir de novembre 1999, un cinquième signal, spécifiquement
dédié à l'Europe francophone (Suisse, Belgique, France)
permettra d'améliorer encore la programmation à destination des
pays européens.
Les résultats de cette stratégie sont déjà au
rendez-vous : un an après les premières décisions et
les premiers changements, le nombre de téléspectateurs a
crû de 21 % et d'excellents retours d'audience ont pu être
mesurés en Europe.
Dans ce tableau assez positif
, la place et l'audience de TV5 sur le
continent américain restent une source de préoccupation
. La
responsabilité de la programmation des signaux diffusés au
Canada, aux Etats-Unis et en Amérique latine incombe aux partenaires
canadiens de TV5 (CTQC -Consortium de télévision
Québec-Canada) alors même que c'est la France qui assure au moins
la moitié de l'effort financier. Or nos partenaires canadiens se sont
longtemps montrés réticents à suivre une nouvelle
orientation comparable à celle prise par la partie
" européenne " de TV5 en ce qui concerne la modernisation de
la programmation. La réunion des ministres francophones du mois de
janvier 2000 sera l'occasion de résoudre les différences
d'appréciation dans la stratégie, faute de quoi on s'acheminerait
vers une
TV5 à deux vitesses
, d'autant plus dommageable qu'elle
affecterait un continent essentiel à la promotion d'images et de
programmes francophones de qualité. Le récent mouvement intervenu
à la tête du dispositif canadien de TV5 est prometteur. Les
premières déclarations du nouveau responsable démontrent
son souci d'imaginer, en coordination étroite avec les partenaires
européens, des méthodes nouvelles et spécifiques
-notamment par le recours à des " niches " thématiques
francophones, plus porteuses aux Etats Unis qu'un dispositif
généraliste, ainsi qu'au multimédia et notamment à
internet.
•
CFI, outil de coopération et de développement
L'avenir de Canal France International se recentre désormais sur sa
mission originelle, à savoir ses activités de banque de
programmes.
Sur cette base, CFI a donc concentré ses efforts à destination
des chaînes étrangères, en introduisant
deux innovations
principales
dans cette mission :
- ses interventions seront géographiquement resserrées sur les
pays où il n'existe pas encore de perspectives de marché ;
- le service qu'elle rend sera amélioré par le recours au
" preview-broadcast " qui permet de tester les besoins et les
tendances des télévisions partenaires. A ce titre, CFI travaille
avec des opérateurs des pays du monde entier mais c'est
l'Afrique
francophone
qui, pour des raisons évidentes, constitue la principale
zone d'intervention de CFI.
Toutefois, l'activité de CFI en tant que
chaîne de
diffusion
demeure sur l'Afrique à travers CFI-TV, distincte de
CFI-PRO, banque de programmes. Cette activité de
chaîne
publique internationale
sur le continent, ciblée sur les jeunes
adultes urbains, et dont la grille de programme a été
réorganisée en faveur des programmes africains sera
complémentaire de TV5 Afrique.
CFI est enfin invitée, dans le cadre des orientations
stratégiques qui lui ont été fixées, à
développer ses partenariats avec le secteur privé
(télévisions françaises et étrangères,
producteurs français et africains), sans se substituer à eux ni
les concurrencer. CFI lance également des actions communes
expérimentales avec TVFI (prévisionnage de programmes par
satellite, diffusion de bandes annonces) ainsi qu'avec Unifrance Films,
destinées à développer la diffusion de films en paiement
à la séance par les opérateurs satellitaires
étrangers.
•
Le cadre budgétaire de la télévision
extérieure
Votre rapporteur avait déploré, avec d'autres, le non-respect des
engagements budgétaires pris dans le cadre du plan quinquennal pour
l'audiovisuel décidé en 1994. A la faveur de la réforme
d'avril 1998, un véritable accompagnement financier a été
mis en place, notamment en 1999 : l'augmentation nette des moyens
budgétaires en faveur de l'action télévisuelle
extérieure a été portée à 95 MF, permettant
le financement des actions décrites plus haut et concernent tout
à la fois l'exportation des programmes, l'appui à la diffusion
satellitaire ou encore la relance de TV5 et de CFI.
Le plan de relance et la rationalisation de l'action télévisuelle
extérieure prévoyait, à compter de 1999, un effort
financier du ministère des Affaires étrangères à
hauteur de 130 MF. Le ministère de l'économie et des finances a
refusé la possibilité -envisagée initialement par le
cabinet du Premier ministre- qu'une partie de cet effort soit financée
grâce à une dotation complémentaire au ministère des
Affaires étrangères. Celui-ci a donc dû financer par
redéploiement l'intégralité des 130 MF.
Le montant global de 130 MF a donc dû en premier lieu intégrer les
redéploiements liés à la nouvelle orientations
assignée à TV5 et CFI, celle-ci transférant à TV5,
avec une part de ses missions, les ressources qui leur étaient
allouées : 35 MF ; en second lieu, 20 MF ont été
prélevés sur RFI. Ce n'est que le solde de 75 MF (somme au
demeurant considérable, dégagée par redéploiement
au sein du ministère des Affaires étrangères) qui
correspond donc, pour l'audiovisuel extérieur, à des moyens
nouveaux.
Au total, ce sont 101,6 MF en mesures nouvelles qui ont été
accordés à la télévision extérieure en 1999,
répartis de la façon suivante entre les trois axes d'action
présentés par le ministre :
- appui à l'exportation de programmes + 8,8 MF
- appui aux bouquets satellitaires + 40 MF
- amélioration de TV5 + 52,8 MF
Total
101,6 MF
Par ailleurs, la nouvelle dotation de l'audiovisuel extérieur (chapitre
42-14) a bénéficié de l'apport des crédits que
consacre à ce secteur l'ex-ministère de la coopération,
soit, en 1998, 86,5 MF, répartis comme suit :
- TV5 Afrique 15,5 MF
- CFI 58,2 MF
- Portinvest (bouquet satellitaire Afrique) 12,8 MF
Total
86,5 MF
Le projet de budget 2000 pour la télévision extérieure
prévoit 25,3 MF en mesures nouvelles, en particulier
destinées au financement de la poursuite du " plan Stock "
à TV5.
Globalement, le cadre budgétaire de l'action télévisuelle
extérieure en 2000 et son évolution depuis 1997, se
présente comme suit :
Dotations publiques aux opérateurs
de l'action
télévisuelle extérieure
(En millions de francs)
Opérateurs bénéficiaires |
LF 1997 |
LF 1998 |
LF 1999 |
LF 2000 |
|||
|
Initiale |
Exécutée |
Initiale |
Exécutée |
Initiale |
Exécution
|
Prévision |
TV5 |
215,5 |
232,4 |
236,9 |
273,5 |
338,2 |
342,5 |
367,5 1( * ) |
CFI |
173,5 |
169,6 |
176,8 |
155,9 |
147,9 |
147,7 |
147,7 |
Diffusion internationale de France Télévision, dont |
18,8 |
18,8 |
19,3 |
19,3 |
20,3 |
19,3 |
19,3 |
- F2 Tunisie |
11,5 |
11,5 |
12,0 |
12,0 |
13,0 |
13,0 |
13,0 |
- F2 divers |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
6,3 |
6,3 |
Bouquets satellitaires, dont : |
47,7
|
47,7 |
61 ,0
|
52,9 |
93,4 |
90,1 |
85,4
|
- Europe |
|
30,7 |
|
29,7 |
|
33,2 |
|
- Maghreb-Proche Orient |
|
0 |
|
6,4 |
|
7,0 |
|
- Asie |
|
6,8 |
|
4,0 |
|
3,0 |
|
- Afrique (le Sat) |
|
10,2 |
|
12,8 |
|
20,7 |
|
- Amérique |
|
0 |
|
0 |
|
3,1 |
|
- non réparti |
|
|
|
|
|
23,1 |
|
Euronews |
24,1 |
24,1 |
23,8 |
21 ,4 |
21,4 |
21,4 |
21,4 |
Appui aux exportations de programmes (dont TVFI) |
6,2 |
6,3 |
9,2 |
9,8 |
18 ,0 |
20,0 |
20,0 |
TOTAL |
489,9 |
498,9 |
527,0 |
533,4 |
639,2 |
641,0 |
661,3 |
Dont budget MAE 2( * ) |
429,6 |
438,6 |
448,8 |
455,4 |
560,6 |
560,4 |
580,7 |
Dont budget Culture |
60,3 |
60,3 |
78,2 |
78,2 |
78,6 |
80,6 |
80,6 |
•
RFI : la modernisation de l'antenne dans un cadre budgétaire
qui reste contraint
RFI a, en 1999, poursuivi la modernisation de ses programmes et de ses moyens
de diffusion.
Les programmes de RFI sont depuis trois ans structurés autour des trois
pôles RFI1, chaîne d'actualités en français, RFI2,
émissions en langues étrangères et RFI 3, fil musical
essentiellement français et francophone.
Les derniers développements de RFI ont particulièrement
concerné ses modes de diffusion. Compte tenu des inconvénients
techniques -confort d'écoute- autant qu'économiques, liés
à la diffusion ondes courtes, RFI s'est progressivement
séparée de ses émetteurs liés à ce type de
diffusion pour s'engager dans des dispositifs mieux adaptés à la
demande du public : FM voire Internet.
Pour autant, RFI n'a pas bénéficié aussi pleinement
qu'elle pouvait l'espérer des économies liées à cet
abandon partiel de l'onde courte. En effet, les 80 MF d'économies
potentielles annuelles n'ont pas été, en 1997 et 1998, et
contrairement au voeu de RFI, anticipées sur le budget de la
société, ce qui a conduit ces deux années à un
déficit d'exploitation. En fin de compte, sur ces 80 MF
d'économies, 50 MF ont servi à résorber ces
déficits et à rétablir le fonds de roulement de RFI ainsi
qu'au financement des nouveaux modes de diffusion alternatifs à l'onde
courte : FM et internet.
Le projet de loi de finances 2000 rétablit, dans la dotation du
ministère des Affaires étrangères pour RFI, les 20 MF qui
lui avaient été prélevés en 1999 au profit de la
télévision extérieure, sans pour autant lui restituer, en
base budgétaire, les 9,2 MF prélevés en 1999 sur la
redevance. Le budget "
ressources
" 2000 de RFI
s'élèvera donc à 745,2 MF, conformément au tableau
ci-après :
Recettes |
Budget 1999 |
Budget 2000 |
Redevance |
165,4 |
285,4 |
Subventions d'exploitation dont :
|
|
|
Publicité |
5,5 |
5,5 |
Produits financiers |
0 |
0 |
Recettes diverses |
2,3 |
2,3 |
TOTAL |
725,2 |
745,2 |
Sur ces
bases, RFI poursuivra en 2000 son développement autour des
priorités suivantes :
-
l'évolution du réseau de diffusion,
qui
nécessitera la
location d'émetteurs ondes courtes
complémentaires à destination de l'Asie, là où
l'implantation de relais FM est impossible, ainsi que le développement
des relais et des reprise FM -en particulier en Afrique, zone toujours
prioritaire, mais aussi à Buenos Aires ou Budapest. De même, RFI
poursuivra-t-elle le développement des
nouvelles technologies de
diffusion
, satellite ou internet.
-
le développement des contenus
concernera
l'enrichissement
des journaux régionaux
-Moyen-Orient, Amérique latine, Asie.
Les émissions en anglais et vietnamien seront reformatées
(tranches de programmes de 30 minutes et bulletins d'informations de 10
minutes). Cette démarche, déjà réalisée pour
plusieurs autres langues est destinée à faciliter la reprise des
programmes de RFI dans le grilles des radios partenaires. RFI créera
deux fils musicaux spécifiques
(Afrique anglophone et lusophone,
Méditerranée). Le renouvellement de l'autorisation de
fréquence à Chypre pour RMC-Moyen-Orient fera l'objet de
négociation compte tenu des enjeux financiers en cause.
B. L'ENJEU DE LA PROMOTION AUDIOVISUELLE FRANÇAISE À L'ÉTRANGER
•
L'exportation de programmes français
Par-delà l'amélioration de l'offre télévisuelle,
l'exportation de produits audiovisuels français constitue
désormais une priorité reconnue qui bénéficie
à ce titre des soutiens financiers nécessaires. L'objectif
consiste à associer, à la diffusion de programmes
télévisuels en langue française, la présence accrue
de programmes télévisés doublés ou
sous-titrés au sein des télévisions nationales. Cette
stratégie bénéficie de l'apparition, dans des zones
autrefois démunies sur le plan audiovisuel, d'un
marché
solvable qui justifie une approche commerciale
.
TV France International (TVFI) tient dans cette démarche un rôle
central. Association regroupant les professionnels français de
l'audiovisuel, TVFI assure leur représentation dans de nombreuses
manifestations internationales, sous pavillon français.
TVFI a donc, depuis cinq ans, multiplié les missions ponctuelles partout
où les programmes français sont susceptibles d'intéresser
les chaînes partenaires : Europe mais aussi Japon et Etats-Unis,
autant de marchés réputés difficiles. Soucieuse
également de conquérir des marchés nouveaux, TVFI a
conduit des délégations de producteurs et de distributeurs
français dans le Golfe persique, au Liban, au Mexique, en Afrique du sud
et en Inde. Au total en 1999, 300 participations de sociétés
françaises à des missions à l'étranger ont
été recensées, soit 20 % de plus qu'en 1998.
Par conséquent, la contribution financière du ministère
des Affaires étrangères à TVFI, en application de la
convention qui les lie, constitue un
investissement particulièrement
rentable
. D'un montant de 1 MF en 1995, elle avait été
portée à 6 MF en 1999. Durant cette période, TVFI a vu ses
résultats commerciaux progresser chaque année de 35 %,
portant le montant des ventes, préventes et co-productions de programmes
français à 1,841 milliard de francs en 1998.
Cette tendance risque toutefois d'être affectée à terme,
paradoxalement, à cause d'une insuffisance de l'offre française.
Celle-ci tend en effet à s'essouffler alors que les productions
allemandes, britanniques, italiennes et espagnoles bénéficient
d'une croissance forte.
Cette promotion de l'offre française suppose également de bien
prendre en compte
la nature de plus en plus commerciale et concurrentielle
des marchés
, qui tend donc, par symétrie, à
réduire le champ d'application de notre politique d'assistance dans ce
domaine, qui s'appuie sur une
diffusion gratuite de programmes
français
. Le ministère des Affaires étrangères
s'efforce donc de faire clairement le départ entre les zones
géographiques où se poursuit une politique d'assistance
pleinement justifiée -Afrique subsaharienne tout
particulièrement-, et celles où nos exportations peuvent trouver
place dans un marché solvable, sans que ces deux approches
interfèrent l'une avec l'autre. C'est ainsi qu'en deux ans, 100 pays
sont devenus des zones de prospection commerciale pour nos exportateurs -de
programme télévisés mais aussi de films français,
grâce à une coopération active avec UNIFRANCE- sans que
ceux-ci se trouvent concurrencés par notre propre politique d'assistance.
•
Pour un rayonnement plus international des chaînes et
bouquets télévisuels français
Contrairement à ce qui s'est produit en Grande-Bretagne, le dynamisme
des bouquets numériques français ne s'est pas encore traduit dans
la diffusion de chaînes françaises sur les bouquets
numériques internationaux qui se mettent en place partout dans le monde
et les bouquets français, centrés sur le marché
intérieur, n'ont aucune projection internationale. Cela est d'autant
plus paradoxal que le procédé de numérisation
entraîne une baisse des coûts de transport du signal et, en
permettant une détermination précise du nombre de foyers
touchés, est de nature à faciliter les négociations avec
les ayant-droits. Les chaînes françaises actuellement disponibles
sur des bouquets satellitaires à l'étranger sont surtout celles
dévouées, par principe, à ce marché, TV5, Arte,
Canal Horizons et la Cinquième.
Le ministère des Affaires étrangères considère donc
comme un objectif stratégique la présence simultanée sur
les bouquets internationaux -par delà TV5- de plusieurs chaînes
d'origine française. A cette fin, l'Etat a décidé de
prendre à sa charge, plus largement que par le passé mais
toujours de façon dégressive, une partie des frais de diffusion
ou de " localisation " (doublage-sous-titrage) de certaines
chaînes françaises désireuses de conquérir une
audience internationale, à charge, pour les entreprises
intéressées, d'acquérir les droits de diffusion.
Un premier appel à projets, lancé à l'automne dernier a
conduit le ministère des Affaires étrangères à
attribuer 13,7 MF à trois opérateurs déjà
engagés dans une diffusion satellitaire destinée aux publics
étrangers : MCMI (7 MF), Canal Horizon (6,4 MF), Planète
(0,3 MF).
En 1999, deux appels ont été lancés. Celui du printemps a
conduit le ministère des Affaires étrangères à
accorder un soutien aux opérateurs suivants dans le cadre de leurs
stratégies respectives d'internationalisation :
Canal Horizons
: subvention de 6,9 millions de francs dont
- 2,9 millions de francs au titre du passage de l'analogique au
numérique sur l'Afrique,
- 4 millions de francs au titre de la diffusion sur le satellite Hot Bird 3
(Maghreb/Proche-Orient), dans la mesure où Canal Horizons s'est
également engagé dans un processus de passage au numérique
sur cette zone.
MCM International
: subvention de 9,1 millions de francs dont
- 2 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Europe et au Maghreb ;
- 2 millions de francs pour la diffusion de Muzzik en Europe et au
Maghreb ;
- 3 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Asie ;
- 2,1 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Amérique latine.
Multithématiques
: subvention de 5 millions de francs dont
- 1 million de francs au titre de Planète Pologne ;
- 4 millions de francs au titre de la diffusion de chaînes
éditées par Multithématiques en Allemagne, en Espagne et
en Italie.
Média Overseas
: subvention de 1 million de francs
3(
*
)
au titre de l'internationalisation du bouquet Canal
Satellite Antilles dans les Caraïbes, et notamment de la montée de
TV5 Europe en clair sur ce bouquet.
TPS
: subvention de 3 millions de francs (environ)
4(
*
)
, correspondant à un aménagement
technique permettant une couverture dans de bonnes conditions de
réception de l'ensemble de la zone Maghreb/Proche-Orient/Europe centrale
et orientale.
Un second appel à projets, venu à échéance le 15
septembre, est actuellement en cours d'examen.
III. LE RÉSEAU D'ÉTABLISSEMENTS D'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Notre
réseau d'établissements scolaires à l'étranger
constitue, par sa densité et le nombre des élèves qu'il
scolarise, une singularité française qui représente pour
notre pays et nos compatriotes expatriés un atout
considérable : quelque 400 établissements, homologués
par le ministère de l'éducation nationale, y dispensent un
enseignement français au profit de plus de 157 000
élèves. Parmi cet ensemble, 204 relèvent de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger : 66 en gestion
directe, 138 par conventionnement.
Les 24,6 MF de mesures nouvelles prévues dans le projet de loi de
finances 2000 comprennent en particulier 15 MF en faveur des bourses scolaires,
2 MF destinés à relever la dotation d'investissement et 1 MF pour
le développement des nouvelles technologies de la communication dans les
établissements scolaires. Pour le solde, l'augmentation des
crédits résulte de l'extension du champ d'application
d'indemnités statutaires pour les personnels.
A. QUELLE CLIENTÈLE POUR LES ÉTABLISSEMENTS ?
Le
réseau, au cours des cinq dernières années, a accueilli
7 000 élèves supplémentaires parmi lesquels un nombre
appréciable de binationaux dont les familles se trouvent parfois dans
une situation matérielle précaire.
D'une année sur l'autre, les effectifs d'élèves
scolarisés par l'Agence -157 934- ne sont qu'en
légère augmentation, de 1,2 %, au vu des chiffres de la
dernière rentrée comptabilisée (1998-1999). Sur 4 ans,
cette évolution fait cependant apparaître, conformément
à la politique suivie par l'AEFE, une
progression continue des
effectifs d'élèves français
, ceux des
étrangers-tiers déclinant, ceux des élèves
nationaux demeurant stables :
Nationalité |
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
% |
Français |
62 170 |
64 090 |
64 605 |
66 069 |
42 |
Nationaux |
71 995 |
71 735 |
70 680 |
72 062 |
46 |
Etrangers tiers |
21 462 |
21 190 |
20 799 |
19 803 |
13 |
Total |
155 627 |
157 015 |
156 084 |
157 934 |
100 |
Comme le
relève le directeur de l'AEFE dans son rapport annuel d'activité,
en 1998-1999, sur les 1 840 élèves supplémentaires
comptabilisés, 1 462 sont des élèves français.
Par ailleurs, la répartition géographique des
élèves a évolué de la façon suivante sur la
même période :
Zone géographique |
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
Europe
occidentale
|
36 013
|
36 924
|
36 658
|
35 863
|
Total |
155 627 |
157 015 |
156 084 |
157 934 |
La
baisse globale des effectifs en Europe occidentale masque ici et là des
évolutions contraires, notamment à Londres où les
effectifs d'élèves français ont crû de 15 % en trois
ans. Sur le continent américain, également, la croissance des
effectifs français est sensible : 4,23 % dont + 4,18% en
Amérique du nord et 4,26 % en Amérique latine.
En termes d'effectifs globaux, on relèvera également, en trois
ans, une progression de 19 % en Europe centrale et orientale (+ 34 % en
Pologne) et de 11 % en Asie (+ 39 % à Pékin, + 29 % à
Taïwan, + 34 % en Malaisie).
B. QUEL COÛT ?
Le
réseau a toujours été confronté, et le
problème est loin de se résoudre avec le temps, au
problème de son coût pour les parents d'élèves.
L'effort financier que consacre l'Etat français n'est pas
négligeable. La subvention versée à l'AEFE au titre du
budget 2000 est fixée à 1,994 milliard de francs, en hausse de
1,23 % par rapport à 1999.
Cette donnée ne doit cependant pas occulter la part toujours plus
importante qui revient aux établissements eux-mêmes et, à
travers eux, au parents d'élèves. En effet, depuis la
réforme de 1990, les établissements prennent eux-mêmes en
charge, en tout ou partie, la rémunération des
personnels
titulaires résidents
détachés de l'Education nationale
vers l'Agence.
La participation des établissements, identifiée dans la partie
recettes de l'AEFE, s'est élevée en 1999 à + 371 MF (soit
30 MF de plus qu'en 1998).
Cette participation des familles au coût de l'enseignement
français à l'étranger est en effet liée à
l'effectif des enseignants " résidents " que les
établissements financent en tout ou partie. Or, depuis plusieurs
années, on assiste à une
réduction des postes de
personnels expatriés
-à la seule charge de l'Etat-, au
profit, précisément, des postes de résidents, comme
l'illustre le tableau ci-après récapitulant le projet de carte
scolaire de rentrée 1999-2000 :
|
Fermetures |
Ouvertures |
Evolution |
||||||
|
Expa-triés |
Rési-dents |
CSN |
Expa-triés |
Rési-dents |
CSN |
Expa-triés |
Rési-dents |
CSN |
Europe |
34 |
16 |
34 |
16 |
90 |
3 |
- 18 |
+ 34 |
- 31 |
Amérique |
16 |
21 |
13 |
7 |
34 |
0 |
- 9 |
+ 13 |
- 13 |
Asie-Océanie
|
4 |
2 |
8 |
20 |
30 |
0 |
+ 16 |
+ 28 |
- 8 |
Afrique |
61 |
16 |
56 |
4 |
141 |
0 |
- 57 |
+ 125 |
- 56 |
TOTAL |
115 |
55 |
111 |
47 |
295 |
3 |
- 68 |
+ 240 |
- 108 |
Certes,
le bilan ouvertures de postes-fermetures laisse apparaître un
supplément net de 64 postes de titulaires, ce qui est bon pour le
réseau mais ce solde confirme l'évolution, déplorée
plus haut, qui voit la suppression de 68 postes d'expatriés et la
création de 240 postes de résidents
5(
*
)
Cela étant, parallèlement à cette politique de
déflation des postes d'expatriés, l'Agence continue à
déployer, à partir des zones traditionnellement
favorisées, ses moyens en personnels vers les secteurs
considérés comme prioritaires : les postes
d'expatriés redéployés proviennent essentiellement
d'Europe occidentale (- 22) et du Maghreb (- 29) au profit, notamment, de la
zone Asie-Océanie (+ 7) ou du Moyen-Orient (+ 12). Ainsi, au Maroc, le
nombre d'expatriés est passé de 347 en 1995-1996 à 250
à la rentrée 1999. En Espagne, le nombre de postes
d'expatriés est passé de 106 à 87.
C. LES DIFFICULTÉS DU SYSTÈME
La
mesure nouvelle de 15 MF pour les bourses scolaires est une bonne nouvelle et
on relèvera que ces bourses ont augmenté, en quatre ans, de 25 %,
portant pour 2000 la dotation totale à 232 MF, soit le double de ce
qu'elle représentait en 1993. Malheureusement ces dotations positives
sont très rapidement rattrapées par l'augmentation des
bénéficiaires potentiels d'une part, compte tenu d'une
fréquentation accrue de nos établissements et par la hausse des
coûts de scolarité d'autre part. Ce dernier facteur est
particulièrement négatif pour la catégorie de nos
compatriotes bénéficiant de revenus moyens :
inéligibles pour les bourses, leurs enfants sont en fait dans
l'impossibilité d'être scolarisés dans nos
établissements, ce qui est le contraire de l'objectif recherché
par la loi de 1990.
Il s'avère également que le dispositif mis en place en 1990 n'est
pas, parfois, sans effet pervers sur les coûts de scolarité.
Ainsi, dans certains pays, le mode de rémunération des
résidents -l'Agence les rémunère directement en tout ou
partie et facture ensuite
en francs,
aux établissements, les
salaires versés- a un effet inflationniste particulièrement
sensible dans les pays dont la monnaie locale tend à se
déprécier. A titre d'exemple les droits de scolarité au
lycée Jules Verne au Guatemala ont augmenté de 18 % sur un an.
La question des "faux résidents " demeure également ouverte.
En effet, en plus des deux catégories d'enseignants,
" expatriés " et " résidents ", visées
par le décret du 30 mai 1990, une nouvelle population est apparue de
professeurs, titulaires de l'éducation nationale, recrutés
à partir de la France, pour occuper des postes d'enseignant
correspondant à des besoins pédagogiques réels mais pour
lesquels il n'existe ni d'emploi d'expatrié, ni d'emploi de
résident, ni même de ressources disponibles en personnels
résidents dans le pays en question. En l'absence de poste
" développé ", le " faux " résident,
encore appelé " Titulaire non résident " (TNR), n'est
recruté que s'il se met en
disponibilité
de
l'éducation nationale, ce qui interrompt sa carrière, et les
conditions de sa rémunération en viennent parfois à peser
plus lourdement que dans le cas d'un " résident ". En effet,
en application du décret de 1990, il ne peut être affecté
à un emploi de résident qu'après une période de
trois mois de résidence dans le pays, période pendant laquelle il
est totalement à la charge de l'établissement.
Au cours des deux dernières exercices, des mesures budgétaires
avaient été prises : 63 postes d'expatriés avaient
été transformés en autant d'emplois de résidents et
par la création nette, à coût nul pour l'Etat -mais pas
pour les parents-, de 70 postes de résidents permettant de
régulariser à due concurrence la situation de titulaires non
résidents sur les 200 en activité dans les établissements.
Cette année, cette mesure n'a pas été reconduite, tant le
recrutement de " vrais résidents " s'avère
désormais complexe.
Cette difficulté pratique mise au recrutement de personnel titulaire est
d'autant plus fâcheuse que certains établissements français
à l'étranger, homologués mais non conventionnés et
ne relevant donc pas de l'Agence, peuvent, sur leurs propres fonds, se voir
affecter, sans obstacle réglementaire ou légal, des personnels
titulaires
détachés
.
Une révision du décret de 1990 est donc souhaitable, de
même qu'un aménagement du cadre budgétaire qui ne
fonctionne à ce jour, pour les expatriés mais aussi les
résidents, que sur la base d'emplois
" développés ", ce qui cristallise le tableau des
postes et empêche toute adaptation rapide aux besoins. L'idée
d'une enveloppe financière globale affectée à la
rémunération des résidents permettrait peut-être
d'apporter un élément de réponse.
Enfin, l'adoption, en première lecture par le Sénat, du
projet
de loi relatif au volontariat civil
6(
*
)
constitue
une étape importante
. Pour remplacer les coopérants du
service national (CSN), nombreux dans nos établissements scolaires
à l'étranger (229), ce texte tend à mettre en place un
dispositif qui soit de nature à attirer les jeunes de 18 à 28 ans
vers ces fonctions essentielles pour l'Agence mais aussi pour le
ministère des Affaires étrangères dans son ensemble. Le
volontariat pourra s'exercer pour une durée comprise entre 6 et 24 mois.
Chaque volontaire bénéficierait d'une indemnité de base
mensuelle de 3 000 francs à laquelle pourra s'ajouter une
indemnité supplémentaire pour ceux d'entre eux affectés
à l'étranger.
L'attractivité du volontariat sera basée sur des mesures
complémentaires -validation pour la retraite, recul de limite
d'âge pour les concours- auxquelles le Sénat a ajouté
notamment le principe d'une reconnaissance de ce volontariat pour la validation
des acquis professionnels.
La réussite de cette démarche supposera un effort ambitieux de
communication de la part des ministères concernés, tant l'apport
de cette population s'est révélé indispensable au
fonctionnement du réseau.
IV. LA PROMOTION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR FRANÇAIS
A. UN DÉFICIT À COMBLER
Depuis
1997, le Département a conduit une évaluation approfondie sur les
politiques suivies en matière de bourses accordées aux
étudiants étrangers ainsi que sur leurs méthodes de
gestion.
On a en effet assisté, au cours des dix dernières années,
à une tendance dégressive d'environ 17 % des budgets
consacrés à ces bourses, stabilisés en 1998 à 595
MF. La part des bourses d'études (34 %) a par ailleurs diminué au
profit de celles consacrées aux bourses de stages (66 %), ce mouvement
étant lié, en particulier, à la diminution, pour des
raisons budgétaires, du nombre de mensualités accordées,
alors que le nombre des bénéficiaires, pour ces différents
types de bourses, demeurait stable à quelque 23 000.
Enfin, sur le plan géographique, les études ont montré une
forte progression, en 10 ans, des bénéficiaires en Europe de
l'Est (de 7,1 % à 17,1 %), une légère croissance en
Afrique du nord (de 27 % à 30 %) et en Asie (de 5,9 % à 7 %),
mais une nette décroissance en Afrique francophone, Amérique du
nord et du sud ainsi qu'en Europe occidentale.
L'évaluation conduite par le ministère des Affaires
étrangères a abouti à un double constat :
- la nécessaire promotion, à l'étranger, de notre
enseignement supérieur afin de contrebalancer l'attractivité
grandissante des pays anglo-saxons pour les étudiants étrangers,
en particulier dans les spécialités de l'entreprise et de la
haute administration ;
- la révision des programmes de bourses pour leur permettre de mieux
jouer leur rôle de formation des élites étrangères
et d'attraction des étudiants étrangers vers la France.
L'effort a tout d'abord porté sur certains aspects réglementaires
et statutaires :
- dans le cadre des règlements d'application de la loi n° 98-349 du
11 mai 1998 relative à l'entrée et au séjour des
étrangers en France, une simplification substantielle d'obtention des
visas étudiants a été mise en place ;
- dans le cadre de la nouvelle DGCID, un Bureau de la formation des
étrangers en France a été créé qui marque la
priorité désormais reconnue à cette action.
L'insuffisance de notre dispositif boursier en faveur des étudiants
étrangers était d'autant plus fâcheuse que nombre d'entre
eux sont issus du réseau de nos établissements scolaires à
l'étranger. Après avoir ainsi contribué à la
formation de base de ces jeunes étudiants, la France les voyait se
disperser aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne pour y acquérir une
formation supérieure. La démarche nouvelle permet donc de
revaloriser notre réseau d'établissements scolaires en lui
associant un prolongement logique, en France, vers notre enseignement
supérieur.
B. DES AMBITIONS NOUVELLES
Deux
démarches à long terme ont été engagées qui
symbolisent la nouvelle orientation de notre politique dans ce domaine :
la création d'Edufrance et les bourses " Eiffel ".
•
L'Agence Edufrance
a été créée en
1998 sous la forme d'une Groupement d'intérêt public, qui regroupe
le ministère des Affaires étrangères et celui de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, d'une part,
et, d'autre part, les universités et grandes écoles
françaises.
Dès 1999, une subvention de 5 MF avait été consentie
à ce nouvel organisme, une dotation identique est inscrite dans le
projet de loi pour 2000. Sa dotation globale s'élève donc
à 10 MF, auxquels s'ajoutent 7,2 MF en provenance du
ministère de l'Education nationale. De nombreuses universités et
grandes écoles ont répondu positivement à cette
initiative : au total, au premier semestre 2000, ce sont quelque
135 établissements qui devaient être associés à
Edufrance. Les responsables d'Edufrance souhaiteraient à brève
échéance pouvoir créer un Fonds d'aide et de garantie qui
permettrait de cofinancer des stages en entreprises au profit des
étudiants étrangers. De même, un mécanisme de
prêts pourrait être mis en place au profit des jeunes issus de pays
émergents qui leur permettrait d'accéder aux diverses prestations
proposées par Edufrance : logement, tutorats...
•
Le programme Eiffel et la restructuration du programme des bourses
-
Le programme de bourses d'excellence " Eiffel ",
élaboré en 1998 et effectif depuis janvier 1999, est
destiné à former les décideurs étrangers de
l'entreprise et de l'administration dans les meilleurs établissements
français. Ce programme permet de combler une lacune française qui
ne disposait pas, jusqu'alors, d'un programme prestigieux et attractif dans le
domaine devenu très concurrentiel du " marché de la
formation ". Il permettra de répondre au besoin des
étudiants étrangers dans de nouvelles disciplines et constituera
un vivier de recrutement international pour nos grandes écoles.
- De même, le Ministère des Affaires étrangères,
conjointement avec celui de l'éducation nationale, met en oeuvre de
grands programmes de formation, très ciblés, en collaboration
avec des gouvernements étrangers : le premier exemple concerne les
programmes de formation d'ingénieurs et ceux, en cours, avec le
Brésil.
V. L'ADAPTATION DU RÉSEAU DES CENTRES ET INSTITUTS CULTURELS
A. UNE RATIONALISATION NÉCESSAIRE
•
Une ressource humaine aux statuts divers
Dans la nouvelle structure mise en place l'an dernier, c'est la Direction de la
coopération culturelle et du français, à travers le bureau
des établissements culturels et des alliances françaises,
créé au sein de la Sous-direction de la coopération
culturelle et artistique, qui est compétente pour l'ensemble des
établissements du réseau culturel et de coopération.
Ce réseau regroupe, dans 90 pays, 4 centres franco-étrangers,
26 centres de recherche et 127 centres et instituts culturels
-identifiés comme "
Etablissements à vocation
pluridisciplinaires
" par l'arrêté du 30 avril 1999
qui en dresse la liste officielle. Le réseau a
bénéficié en 1999 de quelque 400 MF de subventions de
natures diverses :
- 240,6 MF au titre du fonctionnement des établissements à
autonomie financière (titre III)
- 7,8 MF au profit du fonctionnement des 7 centres culturels
franco-étrangers (titre IV),
- 139,5 MF au titre des subventions d'appui aux actions de coopération,
- 11 MF dans le cadre de subventions spécifiques (fonds d'intervention
pour les bibliothèques et fonds d'intervention pédagogique).
Il faut enfin y rajouter en investissements quelque 38 MF (crédits de
paiements).
Sur le plan des personnels, 504 agents civils détachés par le
ministère des Affaires étrangères concourent à son
animation (directeurs de centre, secrétaires généraux,
agents comptables et directeurs de cours), ainsi que 197 CSN pour un
coût global de 306 MF. Cet effectif ne résume pas à lui
seul l'ensemble des personnels concourant à notre coopération
culturelle, scientifique et technique. Il faut y ajouter quelque 3 945
experts, coopérants, attachés linguistiques, etc... relevant des
services culturels de nos postes, recrutés depuis Paris par contrat, par
un détachement de leur administration d'origine auprès du
ministère des Affaires étrangères. La répartition
géographique de ces personnels, rémunérés en titre
III ou IV est la suivante.
ZONE GEOGRAPHIQUE |
TITRE III |
TITRE IV |
AFRIQUE et OCEAN INDIEN |
279 |
2060 |
AMERIQUE du NORD |
58 |
39 |
AMERIQUE CENTRALE, AMERIQUE du SUD et CARAIBES |
195 |
70 |
ASIE |
173 |
53 |
PACIFIQUE |
24 |
20 |
PROCHE-ORIENT et MOYEN-ORIENT |
190 |
193 |
CEI |
51 |
35 |
EUROPE (hors UE) |
131 |
105 |
UNION EUROPEENNE |
260 |
9 |
TOTAL |
1361 |
2584 |
Ainsi,
globalement, les personnels impliqués dans notre coopération
culturelle, scientifique et technique recouvrent :
- les
titulaires
du ministère des Affaires
étrangères et du ministère délégué
à la Coopération,
- les
contractuels
: ces derniers peuvent être soit des
titulaires de la Fonction publique placés en position de
détachement, soit recrutés à l'extérieur de la
fonction publique pour des postes au profil spécialisés ou
technique.
Les titulaires de la Fonction publique qui occupent les emplois culturels et de
coopération sont majoritairement issus du Ministère de
l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, mais
également d'autres administrations (Ministère de la Culture, des
Finances, de l'Enseignement), ou encore de l'Administration territoriale...
Détachés de leur administration d'origine, ces personnels sont
recrutés sur contrat par le ministère des Affaires
étrangères, pour une durée de deux ans, renouvelable une
fois dans le même pays.
Sur le plan comptable, les agents qui concourent à un encadrement
d'ordre pédagogique, culturel, scientifique ou administratif au sein des
services de coopération et d'action culturelle, des instituts de
recherche et des centres et instituts culturels et alliances françaises
sont rémunérés depuis l'arrêté du
1
er
juillet 1996 sur titre III
du budget du Ministère,
qu'ils soient titulaires ou contractuels. Les agents du ministère de la
coopération gérés jusqu'à présent à
partir du titre IV seront également progressivement inclus dans cette
nouvelle procédure.
Les experts de coopération et les agents chargés d'une mission
d'enseignement ou de soutien linguistique dans les structures
étrangères sont rémunérés sur le titre IV.
Une troisième catégorie de personnels concerne ceux qui sont
recrutés localement par contrat par les centres et instituts culturels.
Ces "
recrutés locaux
", rémunérés
sur la base d'enveloppes globales de fonctionnement,
déléguées aux établissements dotés de
l'autonomie financière (chapitre 37-95), constituent un effectif
considérable de 3 168 personnes -dont 942 Français-, auquel il
convient d'ajouter 2 598 vacataires -dont 761 Français.
Recrutés locaux mensualisés |
||||
Etablissements |
Français |
Etrangers |
Total |
|
Ex hors champ |
890 |
1 815 |
2 705 |
|
Ex champ |
16 |
408 |
424 |
|
Centres de recherche |
36 |
220 |
256 |
|
Recrutés locaux vacataires |
||||
|
761 |
1 837 |
2 598 |
Le
recours croissant au recrutement local est, pour les établissements
culturels, comme pour le ministère des Affaires étrangères
dans son ensemble, une conséquence directe des contraintes
budgétaires qui ont conduit le Département à
réduire ses effectifs d'expatriés dont le coût salarial est
élevé, au profit d'un recrutement local plus souple et aux
incidences financières nettement moindres.
Cette démarche n'est pas critiquable en soit et le rapport de
M. l'ambassadeur Amiot a démontré que de nombreux pays
étrangers avaient recours à cette modalité de recrutement.
Il reste, et votre rapporteur l'a maintes fois signalé, que la situation
matérielle et sociale de ces recrutés locaux est souvent plus que
précaire : pas ou peu de protection sociale, des
rémunérations minimales, des perspectives d'emplois incertaines
et une emprise législative locale, qui en matière de droits des
salariés laisse, dans certains pays, largement à désirer.
Le développement important du recrutement local, s'il est l'une des
conséquence de la paupérisation du ministère des Affaires
étrangères, doit cependant s'inscrire dans un cadre légal
et réglementaire digne du pays employeur.
Votre rapporteur se félicite à cet égard des ambitions du
Plan d'action pour le recrutement local
initié par le
ministère et qui se propose d'améliorer la situation juridique,
salariale et sociale des recrutés locaux, notamment en supprimant les
disparités de rémunération entre recrutés locaux
employés par notre pays et ceux des autres pays européens,
sachant que bien des disparités affectent également les
rémunérations servies par divers services relevant d'une
même ambassade française...
Le plan préconise également que des moyens financiers
adaptés soient accordés pour moderniser la gestion des
recrutés locaux, au travers d'un " contrat moral "
passé avec la Direction du Budget, en contrepartie d'une maîtrise
des effectifs et d'une stabilisation durable de l'enveloppe financière
ainsi obtenue. La valorisation des compétences et l'approfondissement du
dialogue social sont également prévus.
Quelque peu réconforté par ce Plan d'action, votre rapporteur
n'en a été que plus perplexe quant à l'initiative prise
par le Gouvernement dans le cadre du débat sur le projet de loi relatif
aux " droits des citoyens dans les relations avec les
administrations ", tendant à exclure explicitement les personnels
recrutés localement par nos postes diplomatiques et consulaires des
bénéfices attendus de la nouvelle jurisprudence
" Berkani " en faveur des personnels contractuels des administrations
publiques.
Sans méconnaître la contrainte, notamment financière, que
le bénéfice de cette jurisprudence légalisée pour
les recrutés locaux constituerait pour le ministère dans le
recrutement de ses contractuels à l'étranger, votre rapporteur a
déploré, lors du débat au Sénat, la méthode
utilisée tendant à régler, par le biais d'un
" cavalier " législatif, une situation qui méritait un
vrai débat et une concertation préalable approfondie avec les
représentants des intéressés et les parlementaires
eux-mêmes. Si la discussion intervenue depuis à l'Assemblée
nationale n'a pas permis de revenir sur la disposition proposée par le
Gouvernement, celui-ci s'est engagé à présenter l'an
prochain un rapport sur les statuts des recrutés locaux, après
consultation des organisations syndicales.
Il convient d'ajouter que le
remplacement des CSN par des volontaires
civils
, déjà évoqué par votre rapporteur dans
le cadre de l'AEFE, sera essentiel pour le fonctionnement à venir de
notre réseau. Le dispositif légal se met en place. Il constitue
un cadre cohérent qui doit permettre de faire du volontariat civil
à l'étranger une étape formatrice et enrichissante, tant
sur le plan personnel que professionnel, pour les jeunes désireux de s'y
impliquer.
•
La concentration du dispositif
Sur les 153 établissements culturels, 51, soit exactement le tiers, sont
implantés dans 16 pays d'Europe occidentale dont 19 en République
fédérale d'Allemagne. Cette profonde disparité dans la
répartition des établissements fait l'objet d'une démarche
de restructuration tendant vers une nouvelle configuration de la carte du
réseau culturel, qui prenne en compte l'évolution du monde.
Un autre outil d'aménagement a déjà été mis
en oeuvre depuis plusieurs années. Il consiste, dans certains pays,
à prendre acte de la nature de nos implantations culturelles qui, outre
les centres et instituts, s'appuient également sur le réseau des
nombreuses Alliances françaises. Ces dernières sont
également des vecteurs privilégiés de notre action
culturelle, en particulier dans le domaine linguistique. Ainsi, dans les
quelque 80 pays où -comme en Amérique latine-, nous ne disposons
ni de centres ni d'instituts, l'exclusivité de fait de notre action
culturelle revient aux alliances françaises. La démarche tendant
à rapprocher dans un même pays les deux structures dans un souci
de cohérence et d'économie budgétaire se poursuivra en
2000.
Dans le même esprit, en 1999, l'Alliance Française de
Jérusalem a été transformée en annexe du centre de
coopération culturelle et linguistique et, à Djibouti, le poste
de directeur de l'Alliance française a été
supprimé, celle-ci étant désormais supervisée par
le directeur du centre culturel.
D'autres pistes sont prévues, à commencer par la méthode,
a priori la plus facile mais en fait politiquement fort délicate
à mettre en oeuvre, consistant à gérer des fermetures dans
certains endroits, compensées, en tout ou partie, par des ouvertures
d'établissements dans d'autres parties du monde.
Ainsi en 2000, la réactivation programmée du centre culturel
d'Alger et l'ouverture d'un centre culturel à Tirana, aurait, comme
contrepartie partielle, une rationalisation de notre réseau en Allemagne.
Enfin le projet de centres européens, encore à l'étude,
pourrait se voir progressivement développer dans certains pays.
Par ailleurs, engagée depuis plusieurs années et
accélérée depuis 1993, la création puis le
développement des "
autonomies financières
"
répondait à un triple objectif :
- accroître la responsabilité et le dynamisme des postes en
matière d'action culturelle,
- permettre de recevoir des financements locaux et de favoriser le partenariat,
- gérer les crédits avec une plus grande souplesse.
Le ministère des Affaires étrangères a donc
décidé de " décloisonner " les
établissements spécialisés sur un type de mission pour les
regrouper au sein d'une structure d'autonomie financière, dès
lors capable d'élargir ses missions et de donner, vis-à-vis de
nos partenaires locaux, une image plus claire et plus visible de notre action
culturelle.
C'est sur ces bases que furent créés les Centres culturels et de
coopération linguistique (CCCL), aujourd'hui au nombre de 73,
regroupant, dans une logique de complémentarité, les actions de
diffusion culturelle d'une part et celles de coopération linguistique
d'autre part, conduites auparavant par les Bureaux de coopération
linguistique et éducative (BCLE). Les crédits de ces derniers,
auparavant gérés par les services culturels de l'ambassade, ont
donc été intégrés dans les autonomies
financières.
La réunion de ces deux réseaux culturels a permis des
économies d'effectifs dans la mesure où des postes " en
doublons " ont été supprimés, entraînant une
contraction des effectifs d'agents recrutés localement. A l'inverse,
dans certains cas, les centres culturels, prenant en charge administrativement
et financièrement les agents provenant des BCLE, ont dû les
intégrer dans une grille salariale unique, plus favorable qu'auparavant
pour les personnels de la coopération linguistique.
La création, en 1996, des Centres culturels et de coopération
(CCC) a parachevé ce mouvement de concentration du réseau.
Egalement doté de l'autonomie financière, chaque CCC regroupe
tous les éléments du réseau culturel dans une ville ou un
pays et bénéficie, sous forme de subvention, de tous les
crédits de coopération culturelle, scientifique et technique
auparavant délégués à l'ambassade. Aujourd'hui au
nombre de 11, les CCC sont implantés dans les pays suivants,
classés par date de création :
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Tunisie Tunis |
Autriche Vienne |
Mexique Mexico |
Corée du Sud Séoul |
Liban Beyrouth |
Bulgarie Sofia |
Vietnam Hanoï |
Costa Rica San José (1) |
Egypte Le Caire |
Grèce Athènes |
|
Cambodge Phnom Penh |
L'autonomie financière confère à
l'organisme
qui en bénéficie une souplesse d'action appréciable ;
outre les recettes propres qu'il peut retirer de son activité
principale, il peut recevoir des sources de financement
diversifiées : subventions ou mécénats. Il dispose en
outre d'un fonds de réserve qui lui permet, par dérogation
à la règle de l'annualité budgétaire, de passer,
sans heurt, d'un exercice à l'autre.
Cette souplesse budgétaire est conforme aux nouvelles modalités
de l'action culturelle qui recourent souvent à la coopération
avec des partenaires très variés : collectivités
locales, sociétés ou entreprises civiles, et s'appuie sur des
cofinancements qui assurent à notre politique d'action culturelle un
meilleur rendement, à coût moindre.
Le mouvement de création de ces nouvelles " autonomies
financières " est aujourd'hui suspendu, dans l'attente de la mise
en place d'un nouveau cadre comptable adapté au nouvel outil.
B. LA REDÉFINITION DES MÉTHODES D'ACTION
•
Le recentrage de la mission d'enseignement du français
Le réseau culturel a accueilli en 1998 quelque 170 000
étudiants inscrits dans les cours de français dispensés
par les centres culturels. Cette activité constitue la principale source
de l'autofinancement des établissements. Une évaluation
générale de cet enseignement linguistique est en cours qui
devrait déboucher sur une rénovation pédagogique
permettant un enseignement mieux adapté à la demande sociale et
aux exigences de notre coopération et des échanges commerciaux.
En effet, certains centres ont moins su que d'autres adopter des
méthodes d'enseignement plus modernes, mieux adaptées à la
demande et la fréquentation s'en est ressentie. De plus en plus
concurrencés par des établissements privés locaux dans
certains pays, leur marge d'autofinancement s'est en fait réduite et ils
se trouvent parfois confrontés à des difficultés de
fonctionnement qui affectent également leurs autres activités
culturelles. Ce sont notamment ces nouvelles données qui ont
incité le ministère à engager une analyse approfondie de
la rentabilité économique de certaines activités des
centres et instituts culturels.
•
Une gestion fondée sur une appréciation plus fine des
coûts réels
Un " audit " est en cours d'exécution, qui devra permettre
d'apprécier le coût réel des activités grâce
à des outils d'évaluation adaptés et la mise en place de
ratios permettant d'établir des grilles de comparaison : nombre
d'heures de cours vendues, seuil de rentabilité d'un cours de
français, fréquentation des médiathèques,
coût de prêt d'un livre, prix d'un " fauteuil " lors d'un
spectacle...
A ce " tableau de bord " comptable en constitution s'ajoutera le
remplacement progressif de certains emplois du titre III (agents publics
détachés sur contrats de leur administration d'origine) par des
recrutements locaux.
Au vu des résultats fournis par ces outils d'analyse comparative,
certains établissements en difficulté verraient supprimée
leur activité structurellement déficitaire ou
bénéficieraient, si elle s'avérait justifiée, d'une
intervention prioritaire.
C. DEUX EXEMPLES D'ACTION DE NOTRE RÉSEAU : LES ÉCHANGES CULTURELS ET LA PROMOTION DU FILM FRANÇAIS
•
Les échanges culturels
Au sein de la nouvelle DGCID, la création d'une sous-direction de la
coopération culturelle et artistique (Direction de la coopération
culturelle et du Français) symbolise une implication accrue dans la
définition des orientations de notre action culturelle et artistique. Il
lui revient de mieux articuler les besoins exprimés par les ambassades,
d'une part, avec les offres et savoir-faire français correspondants,
d'autre part. La DGCID établit les priorités et orientations
géopolitiques, définit des approches différenciées
compte tenu des contextes politiques et diplomatiques, coordonne enfin l'action
artistique avec les autres volets de notre politique de coopération
culturelle et scientifique extérieure.
La DGCID dispose, depuis de nombreuses années, comme opérateur
précieux de notre action culturelle, du savoir-faire et de
l'expérience de l'AFAA (Association française d'action
artistique) qui constitue en quelque sorte le prestataire de services
-expositions, concerts, spectacles... pour le compte du Ministère des
Affaires étrangères et de la politique d'échanges
culturels qu'il conduit.
Dans ce cadre, l'AFAA a développé de son côté,
depuis plusieurs années, des formules de partenariat permettant de
mobiliser des ressources financières propres et d'ouvrir un
débouché international à des initiatives culturelles,
qu'elles émanent des collectivités locales (club
AFAA-collectivités territoriales créé en 1994) ou des
entreprises (club AFAA- entreprises mis en place en 1992).
Ainsi une trentaine de collectivités ont établi des partenariats
culturels avec des pays des cinq continents, et des conventions signées
avec plus d'une vingtaine de conseils régionaux ou municipalités
ont permis de réaliser une centaine de projets artistiques de
coopération internationale (arts visuels et arts de la scène).
En 1999, le club AFAA-collectivités territoriales a apporté
à l'AFAA un financement de 10,35 MF, sur un budget total de
coopération décentralisée de 20 MF.
La même démarche avait été engagée
auprès des entreprises qui, en 1999, a permis de rassembler au moins 7
MF pour financer des opérations artistiques à l'étranger.
Ce mécénat d'entreprise -qui, malgré une
législation récente chez nous, suscite un intérêt
croissant auprès du monde économique-, prend diverses
formes : appui financier, offre de prestations (billets d'avion, fret
aérien pour les expositions) ou de mécénat
technologique : ainsi Rhône-Poulenc a-t-il impliqué sa
technologie de pointe pour la réhabilitation des temples de Huê au
Vietnam-.
En même temps qu'elle voit son rôle conforté et
réorienté au sein de l'action culturelle conduite par le
Ministère des Affaires étrangères, l'AFAA est
entrée dans une phase de réorganisation interne. Ses missions se
verront redéfinies autour de quatre priorités : la diffusion
internationale de la création artistique française, le soutien
aux échanges avec les autres cultures, l'aide au développement et
à la reconnaissance internationale de la création contemporaine,
en particulier dans les pays relevant de la zone de solidarité
prioritaire. A cette fin, la Société " Afrique en
création " sera fondue au sein de l'AFAA.
La nomination d'un nouveau directeur, en la personne de M. Olivier Poivre
d'Arvor, est aussi l'occasion d'une évolution du statut de
l'Association, notamment par la diminution de 40 à 15 des effectifs des
membres de son conseil d'administration. Celui-ci aura à débattre
d'une lettre de cadrage, émanant du Ministère des Affaires
étrangères et décrivant les orientations
générales de notre action culturelle extérieure dont
l'AFAA aura la responsabilité de la mise en oeuvre. Si le
ministère des Affaires étrangères accorde chaque
année à l'AFAA une subvention de 86,4 MF, l'action de
l'association se fait également en liaison étroite avec le
ministère de la Culture qui lui verse, pour sa part, quelque 6 MF.
L'ensemble de ces subventions, auxquelles s'ajoutent des recettes propres
-expositions, partenariats- permettent à l'AFAA de disposer d'un budget
annuel de près de 93 MF.
•
La diffusion internationale de films français
L'aide du ministère des Affaires étrangères au
cinéma français prend essentiellement deux formes, qui impliquent
chacune fortement les établissements de notre réseau
culturel :
la diffusion
proprement dite des films français
ainsi que
la promotion
et
le soutien à l'exportation et
à la distribution
des productions cinématographiques.
Dans le cadre de la diffusion du film français, on relèvera que
nos centres abritent de moins en moins de projections dans leurs propres
locaux. Ils servent en revanche de relais , auprès du
ministère, de demandes émanant de partenaires
extérieurs : cinémas, exploitants privés,
cinémas d'art et d'essai.
Pour répondre à ces demandes, le ministère des Affaires
étrangères dispose d'une
cinémathèque
centrale
, comprenant des films dont les droits sont acquis pour une
durée de sept ans. Ces oeuvres sont présentées en version
française, sous-titrée principalement en anglais, espagnol,
arabe, et, occasionnellement, portugais et russe. Le ministère fournit,
à partir de ce fonds,
sept cinémathèques à
l'étranger
dont cinq ont une vocation régionale : New
Delhi, Bangkok, Mexico, Buenos Aires et Amman et deux un caractère
permanent : Rabat et Rio de Janeiro. Les copies de films qu'elles
détiennent sont à la disposition des instituts et centres
culturels, des Alliances françaises, des ciné-clubs et des
établissements scolaires français.
Pour valoriser ce fonds, le ministère organise des
rétrospectives
autour d'un acteur, d'un réalisateur ou
d'un thème particulier. En 1999, quatre nouveaux programmes ont ainsi
été proposés autour des films de Jean-Paul
Rappeneau ; le festival des Trois continents de Nantes (de Pékin
à Mexico) ou encore " 100 titres pour l'an 2000 " regroupant
les titres principaux du cinéma français.
Le budget 1999 a permis, grâce à une
dotation
spécifique
, de remettre à niveau et d'enrichir le fonds
disponible afin de le proposer aux pays de l'ex-" champ " qui,
jusqu'alors, ne bénéficiaient pas de ce type de d'action.
Enfin chaque centre culturel peut adapter son action en faveur du cinéma
français selon des modalités adaptées au contexte
local : festival annuel du film français à Taipeh,
organisation de projections bi-hebdomadaires à Rabat, organisation
à Munich d'avant-premières en liaison avec les distributeurs et
exploitants allemands...
A côté de cette
action de diffusion
qui concerne en fait
des films " patrimoniaux ", le ministère des Affaires
étrangères s'efforce de
soutenir une approche commerciale
destinée à promouvoir la distribution de films français
récents, dans des zones où la présence
cinématographique française est épisodique (Asie,
Amérique latine, Afrique). A Stockholm, Varsovie ou Ankara, les centres
culturels sont des relais essentiels pour la distribution de films
français en contribuant au sous-titrage dont ils accompagnent la sortie
commerciale en avant-première. Le ministère des Affaires
étrangères et Unifrance Film conjuguent enfin leurs efforts dans
tel ou tel festival ou, à côté d'une rétrospective
culturelle initiée par le ministère des Affaires
étrangères, l'association Unifrance diffuse des films
récents susceptibles d'intéresser des distributeurs
étrangers.
Enfin, le ministère soutient également l'
exploitation
en salles
. En accordant une subvention à l'association
" Europa Cinemas ", il lui permet d'aider des salles, en contrepartie
d'un engagement à diffuser au moins 50 % de films européens
dans les pays d'Europe centrale et orientale. En pratique, la majorité
de ces ventes européennes sont des films français. En 1998, 17
salles ont bénéficié de telles aides dans 14 pays ;
en 1999, elles ont été 22 dans 15 pays.
Si l'on ajoute l'action de coopération cinématographique conduite
par le ministère : aide à la production, formation de
professionnels ou accueil de films étrangers, l'effort budgétaire
global du ministère des Affaires étrangères à
l'égard de la diffusion du film atteint 36 080 000 F (Titre IV, 42-11),
ainsi répartis :
- promotion, diffusion, distribution du film français 19, 5 MF
- promotion et diffusion du film documentaire 8,7 MF
- coopération cinématographique 7,87 MF
Le projet de budget 2000 prévoit une reconduction de ces moyens avec
deux priorités :
- l'accompagnement de l'exploitation des productions cinématographiques
françaises,
- la mise en place d'une cinémathèque régionale en
Afrique.
CONCLUSION :
LA FRANCOPHONIE : DE LA
DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE AU COMBAT POUR LA DIVERSITÉ
CULTURELLE
A
l'occasion du VIIIe Sommet de la francophonie qui s'est tenu à Moncton
du 3 au 5 septembre dernier, le Président de la République
rappelait en substance, au cours d'un entretien avec TV5 et RFI, que la
Francophonie n'était pas un combat d'arrière-garde ni la
défense d'une langue qui serait menacée, mais bien davantage un
combat moderne, qui, au-delà de la défense de la langue, tendait
à préserver la diversité culturelle du monde et à
éviter une uniformisation culturelle qui serait un recul pour
l'humanité.
Votre rapporteur souscrit à cette approche nouvelle, qui s'efforce
d'affranchir la Francophonie de l'image négative d'une forteresse
assiégée pour lui donner celle d'un mouvement constant et ouvert
en faveur de la préservation des différences culturelles.
Le rassemblement à Moncton des chefs des 52 Etats participant à
la Francophonie est à soi seul un événement international
important, qui conforte l'ambition politique que s'était donnée
la Francophonie à Hanoï et qu'elle a confirmée à
Moncton. L'admission de la Macédoine et de l'Albanie comme membres
associés est significative, permet d'élargir le
" bloc " francophone dans une région sensible de notre
continent ; l'initiative de l'observatoire des libertés et des
démocraties peut constituer un utile aiguillon au progrès de
certains Etats de la communauté francophone vers la démocratie et
l'Etat de droit. Il convient enfin de saluer l'insertion progressive de
l'Organisation internationale de la Francophonie au sein d'autres organisations
internationales -Union européenne, Nations unies, OUA...- qui donne
à la Francophonie une visibilité politique accrue.
S'agissant de l'effort financier consenti par la France, ce sont en grande
partie les crédits dévolus aux relations culturelles
extérieures et les priorités qu'ils permettent de mettre en
oeuvre qui sont de nature à préserver le " noyau dur "
de la Francophonie qui demeure, malgré tout, la langue française.
Ces priorités, mises en évidence cette année encore dans
le projet de budget 2000 sont conformes à nos ambitions : un outil
audiovisuel rénové, la promotion de notre enseignement
supérieur auprès des étudiants étrangers et la
préservation de notre réseau d'établissements scolaires
dans le monde, concourent à promouvoir un message culturel
français qui répond à une demande réelle.
Votre rapporteur ne peut qu'inviter la commission à donner un avis
favorable à l'adoption des crédits des relations culturelles
extérieures du ministère des Affaires étrangères
pour 2000.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis lors de sa
réunion du 24 novembre 1999.
La commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère des Affaires étrangères.
M. Pierre Biarnès
a estimé que M. Guy Penne, rapporteur
pour avis, avait décrit en fait, des réalités
inquiétantes, liées au manque durable de moyens financiers
accordés au ministère des Affaires étrangères.
Notre réseau d'établissements d'enseignement à
l'étranger, par ailleurs exemplaire, devenait de plus en plus
réservé aux enfants de familles aisées ou à ceux
qui pouvaient bénéficier de bourses, mais excluait les autres.
Notre réseau de centres et instituts fonctionnait en partie grâce
à des personnels recrutés locaux qui s'investissaient beaucoup
dans la promotion de notre langue et de notre culture, sans
bénéficier pour autant d'un statut suffisamment protecteur. Il a
estimé que, par delà les déclarations d'intention, les
moyens budgétaires du ministère des Affaires
étrangères n'étaient pas à la hauteur de nos
ambitions internationales.
En réponse à M. Xavier de Villepin, président, M. Guy
Penne, rapporteur pour avis,
a rappelé les grandes lignes du plan
de modernisation de TV5 et CFI, présenté par M. Jean Stock,
président des deux sociétés, et précisé les
raisons de l'échec du lancement de TV5 Amériques, alors que les
effets positifs du plan de modernisation de TV5 Europe commençaient
à être bien perçus. Il a rappelé que TV5
Amériques était gérée par nos partenaires
canadiens, lesquels n'avaient pas, jusqu'à ces derniers temps,
souhaité engager une réflexion sur la stratégie de
programmation et de diffusion de la chaîne, contrairement à ce qui
avait été fait en Europe.
M. Xavier de Villepin, président
,
s'est ensuite
déclaré en accord avec l'appréciation portée par le
rapporteur pour avis sur les difficultés posées par
l'évolution de notre réseau d'enseignement français
à l'étranger, en particulier pour ce qui concerne
l'évolution des coûts de scolarité qui n'ont pas
été contenus dans les limites prévues lors du vote de la
loi créant l'AEFE. Cette situation, a estimé M. Xavier de
Villepin, président
,
nécessitait de rechercher de nouveaux
partenaires et de nouvelles formules de financement, telles que les
possibilités offertes par la construction d'écoles en commun avec
des partenaires européens. Il a salué l'initiative du rapporteur
pour avis tendant à engager une réflexion sur ce point.
Enfin, M. Xavier de Villepin, président
,
a souligné le
grand progrès que traduisait la création de l'agence Edufrance.
L'attractivité de notre enseignement supérieur auprès des
étudiants étrangers constituait en effet une
nécessité qui avait été trop méconnue
jusqu'à présent.
M. Guy Penne, rapporteur pour avis
,
a précisé que les
responsables d'Edufrance, qu'il avait eu l'occasion de rencontrer
récemment, avaient mis en avant la difficulté qu'avaient des
étudiants étrangers à obtenir des visas de la part de nos
postes consulaires. M. Pierre Biarnès
a également
souligné cette difficulté qui empêchait des
étudiants étrangers, dont les dossiers étaient pourtant
acceptés, de rejoindre notre pays.
En réponse à M. Christian de La Malène, M. Guy Penne,
rapporteur pour avis, a indiqué que les bourses de l'AEFE étaient
destinées aux élèves Français des
établissements du réseau, les autres bourses du ministère
des Affaires étrangères étant accordées aux
étudiants étrangers désireux de recevoir une formation
universitaire en France.
M. André Dulait, rapporteur pour avis des crédits du
ministère des Affaires étrangères, a alors estimé
que les éléments positifs du budget de ce ministère pour
2000 l'emportaient sur les éléments négatifs. En
particulier, la réduction tendancielle des crédits semblait
désormais enrayée. M. André Dulait a donc
suggéré à la commission d'émettre un avis favorable
à l'adoption du présent budget.
M. Xavier de Villepin, président
,
a alors rappelé que Mme
Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis des crédits de l'aide au
développement, avait porté un jugement critique sur les
crédits de la coopération. Il a lui-même estimé que
si l'objectif de la réforme, en fusionnant la coopération au sein
du ministère des Affaires étrangères, répondait
à un souhait ancien, sa mise en oeuvre révélait certaines
lourdeurs et un relatif manque de transparence. Il a indiqué que la
commission recevrait prochainement le directeur général de
l'Agence française de développement (AFD), afin de faire le point
sur cette situation. Suivant les recommandations des rapporteurs pour avis, il
s'est dit favorable à une adoption des crédits du
ministère des Affaires étrangères pour 2000.
M. Paul Masson a reconnu les aspects positifs du présent projet de
budget du ministère des Affaires étrangères pour 2000. Il
a cependant émis de fortes réserves sur les crédits de la
coopération, et relevé que l'Union européenne effectuait
désormais, en matière d'aide au développement, un lien
entre les ressources financières qu'elle accordait et la politique
d'émigration des pays destinataires de son aide. Or, a-t-il
estimé, le ministère des Affaires étrangères
n'était pas organisé pour mettre en oeuvre cette orientation
européenne que, pour sa part, il approuvait.
La commission a alors émis un
avis favorable sur l'ensemble des
crédits du ministère des Affaires étrangères
inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000, MM. Paul Masson,
Christian de La Malène et Roger Husson s'abstenant.
1
Dont 4 MF ne figurant pas sur le ch
42-14,
à récupérer sur les dotations de la DGCID à
l'Agence de la Francophonie au titre de TV5 Afrique.
2
Y compris ministère de la Coopération jusqu'en 1998.
3
Sur un semestre, soit 2 MF en année pleine.
4
Sur un semestre, soit environ 6 MF en année pleine. Le
montant reste à affiner au vu du dossier technique produit par TPS.
5
dont 100 obtenus par transformation de 100 postes de CSN, par
anticipation de l'échéance 2001.
6
Voir à ce sujet le rapport n° 5 (1999-2000) de notre
collègue Robert Del Picchia.