Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME I - SOLIDARITE
CHÉRIOUX (Jean)
AVIS 93 - TOME IV (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat ( 127 Ko )Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AVANT-PROPOS
-
I. LA POURSUITE DU PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LES
EXCLUSIONS S'ACCOMPAGNE D'UNE AUGMENTATION TOUJOURS IMPORTANTE DES EFFECTIFS DU
RMI
- A. LE RMI ABSORBE LA MAJEURE PARTIE DES MARGES DE CROISSANCE DES CRÉDITS RELATIFS À LA LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS
- B. L'ACTION RELATIVE AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL APPELLE DES OBSERVATIONS CONCERNANT LES RAPATRIÉS ET LA FORMATION DES PROFESSIONS SOCIALES
-
II. LA POLITIQUE EN FAVEUR DES HANDICAPÉS NE DOIT
PLUS FAIRE L'ÉCONOMIE D'UNE RÉORGANISATION DES COTOREP
- A. L'IMPORTANCE DE LA POPULATION HANDICAPÉE
-
B. LES INSTRUMENTS DE L'ACTION EN FAVEUR DES
HANDICAPÉS
- 1. Les crédits budgétaires consacrés aux personnes handicapés
- 2. La garantie d'un minimum de ressources : l'allocation aux adultes handicapés (AAH)
- 3. L'accueil des handicapés adultes dans des structures adaptées
- 4. L'accès à l'emploi des personnes handicapées
- 5. La prise en charge des enfants handicapés
- 6. La hausse freinée des crédits relatifs à la tutelle et à la curatelle de l'Etat
- C. LE RISQUE TOUJOURS PRÉSENT D'UN " DÉVOIEMENT " DE L'AAH
-
III. LE SECTEUR SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL RESTE SOUS
LA MENACE D'UN RETOURNEMENT À LA HAUSSE DES DÉPENSES
-
A. L'ACCALMIE DES DÉPENSES D'AIDE SOCIALE
DÉPARTEMENTALE NE SEMBLE PAS DURABLE
- 1. La croissance des budgets sociaux départementaux poursuit son infléchissement en 1998
-
2. L'analyse des différentes composantes de la
dépense d'action sociale confirme le ralentissement des dépenses
liées à l'insertion
- a) L'aide sociale à l'enfance (ASE) demeure le poste principal de dépenses de l'aide sociale des départements
- b) Les dépenses d'aide sociale aux personnes âgées enregistrent l'impact de la phase de transition durant la mise en place de la prestation spécifique dépendance
- c) L'aide sociale aux personnes handicapées connaît une progression significative.
- d) Les dépenses d'insertion demeurent importantes
- e) Les dépenses d'accompagnement social sont constituées de dépenses de personnels
- f) Les travaux de l'APCG montrent la baisse du taux de couverture des dépenses d'action sociale par les recettes
- g) Les dépenses sociales communales mériteraient d'être mieux connues
- 3. La menace d'un retournement de cycle
- B. DES INCERTITUDES PÈSENT TOUJOURS SUR LES FACTEURS STRUCTURELS D'ÉVOLUTION DE LA DÉPENSE SOCIALE ET MÉDICO-SOCIALE
- C. LES INCERTITUDES CRÉÉES PAR LA JURISPRUDENCE JUDICIAIRE ET ADMINISTRATIVE
-
A. L'ACCALMIE DES DÉPENSES D'AIDE SOCIALE
DÉPARTEMENTALE NE SEMBLE PAS DURABLE
-
I. LA POURSUITE DU PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LES
EXCLUSIONS S'ACCOMPAGNE D'UNE AUGMENTATION TOUJOURS IMPORTANTE DES EFFECTIFS DU
RMI
-
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
PAR VOTRE RAPPORTEUR
N° 93
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
SOLIDARITÉ
Par M. Jean CHÉRIOUX,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Jean-Pierre Vial, Guy Vissac.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
19
)
(1999-2000).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie
le mardi 23 novembre 1999
, sous la
présidence
de M. Jean Delaneau, président
, la commission a
procédé à
l'audition de Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité, de Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale
et de
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des
femmes et à la formation professionnelle
sur les crédits
consacrés à la solidarité
dans le
projet de loi de
finances pour 2000
Dans son propos liminaire,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité
, a déclaré appliquer, depuis trois ans, la
même stratégie à la construction du budget de l'emploi et
de la solidarité : mettre ce budget au service des priorités
que sont la croissance solidaire, le développement de l'emploi et la
lutte contre le chômage et les exclusions ; traduire ces
priorités en choix budgétaires clairs au moyen d'importants
redéploiements de crédits.
Mme Martine Aubry
a indiqué que le budget de son
ministère, selon sa nouvelle structure, s'élèverait
à 213 milliards de francs en 2000, en hausse de 3,9 % par
rapport à 1999. Elle a observé que ce budget ne comportait plus
les crédits de la ristourne dégressive, désormais
portés par le fonds de la réforme de cotisations sociales, mais
comprenait la subvention de 7 milliards de francs au fonds de financement
de la couverture maladie universelle (CMU). Elle a précisé que le
calcul du taux de progression de 3,9 % prenait en compte le coût
net, pour l'Etat, de la CMU, c'est-à-dire la subvention inscrite au
budget de la solidarité et le produit de droits sur les tabacs
affectés à la caisse nationale d'assurance maladie,
diminués de l'économie réalisée sur la dotation
générale de décentralisation.
Abordant le volet relatif à la santé et à la
solidarité,
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat
à la santé et à l'action sociale,
a indiqué que
le budget pour 2000 de la santé et de la solidarité, d'un montant
de 90,8 milliards de francs, était en augmentation de
13,3 %, tout en tempérant cette hausse par le fait que le budget
comprenait l'inscription de 7 milliards de francs de subventions au fonds
de la couverture maladie universelle (CMU), alors que le coût net de la
CMU pour le budget de l'Etat s'établit en réalité à
1,4 milliard de francs.
Elle a tout d'abord évoqué la priorité relative à
la lutte contre l'exclusion et à la protection des populations les plus
fragiles.
Elle a précisé que les engagements du programme national de lutte
contre les exclusions de mars 1998 seraient honorés, le budget de la
solidarité intervenant en amont de la politique de l'emploi pour
aplanir les obstacles qui entravaient la démarche d'insertion des
personnes les plus démunies.
Evoquant les mesures nouvelles, elle a précisé que 220 millions
de francs de crédits étaient apportés à
l'accompagnement social individualisé, aux résidences sociales et
aux fonds d'aide aux jeunes.
Elle a indiqué que 73,4 millions de francs venaient abonder les
crédits relatifs aux centres d'hébergement et de
réinsertion sociale (CHRS), dont 42 millions de francs consacrés
à la création de 500 places nouvelles.
En outre, 20,4 millions de francs sont prévus pour consolider et
accroître la capacité d'accueil des centres de formation des
travailleurs sociaux.
Elle a souligné que les crédits d'investissement social
étaient ciblés sur l'achèvement de l'humanisation des
hospices, la remise aux normes de sécurité des maisons de
retraite et des établissements d'hébergement des personnes
lourdement handicapées, la rénovation de l'aménagement
d'aires de stationnement pour les gens du voyage.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et
à l'action sociale
a observé que les dotations des trois
minima sociaux que sont le revenu minimum d'insertion (RMI), l'allocation
parent isolé (API) et l'allocation aux adultes handicapés (AAH),
étaient ajustées aux besoins pour un montant total des mesures
nouvelles de 3,2 milliards de francs. Elle a précisé que la
progression la plus forte était celle de la dotation du RMI, qui
s'expliquait par la " reprise en base " de la revalorisation de
3 % appliquée en 1999, qui avait donné lieu à
l'ouverture de 3,5 milliards de francs de crédits par décret
d'avance en septembre dernier.
Elle a observé que la progression de la dotation du RMI intégrait
également les effets du cumul de cette prestation, désormais
possible avec l'allocation pour jeune enfant (APJE), et les majorations pour
âge des allocations familiales, ainsi que l'effet des mesures
d'intéressement à la reprise d'un travail. Elle s'est
félicitée que la baisse du chômage, particulièrement
du chômage de longue durée, commence à avoir des effets sur
l'évolution des effectifs du RMI.
Après avoir rappelé que la dépense relative à
l'AAH, stabilisée à 3 %, atteindrait 25,55 milliards de
francs en 2000, elle a mis l'accent sur la création de 2.000 places de
centres d'aide par le travail (CAT) financés par 131 millions de francs
et le renforcement des moyens des commissions techniques d'orientation et de
reclassement professionnel (COTOREP) par la création de 20 emplois
budgétaires et l'augmentation de 14 millions de francs des
crédits de vacation. Elle a mentionné également le
financement de 500 places d'ateliers protégés sur le budget
de l'emploi.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et
à l'action sociale,
a indiqué, enfin, qu'un effort
était engagé pour améliorer la situation des
réfugiés et demandeurs d'asile par la création de 120
places nouvelles en centres d'accueil des demandeurs d'asile (CADA) et par
l'augmentation de 29 % des crédits relatifs à
l'intégration des travailleurs migrants et de leur famille.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis des crédits de la
solidarité,
a demandé quelles mesures le Gouvernement
entendait prendre pour pérenniser les modalités de fonctionnement
des foyers à double tarification (FDT) à la suite de la
décision du Conseil d'Etat du 30 juin 1999. Il s'est interrogé
sur le nombre d'accords relatifs à la réduction du temps de
travail (RTT) dans le secteur social et médico-social soumis à
agrément et le délai pendant lequel ces accords seraient
examinés par la commission nationale. Il s'est enquis des
modalités de prise en charge financière de l'accueil
groupé des familles prévu à l'article 134 de la loi
du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions. Il s'est
interrogé sur les conséquences de la décision du tribunal
des conflits du 25 mai 1998 sur les modalités de prise en charge des
handicapés adultes hébergés en institut
médico-éducatif (IME).
Répondant à M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis des
crédits de la solidarité,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité,
a rappelé que 6.400 places
étaient ouvertes dans les 191 FDT et a constaté que la
décision du Conseil d'Etat du 30 juin 1999, qui avait annulé la
circulaire réglementaire, avait mis en évidence la
fragilité de l'assise juridique du dispositif. Elle a
précisé qu'un décret était en préparation
afin d'édicter, sur une base juridique plus solide, des dispositions
à caractère conservatoire, qui auraient pour objet de consolider
le partage actuel des dépenses entre les départements et la
Sécurité sociale dans le respect du statu quo. Elle a
évoqué une réforme d'ensemble ultérieure afin de
réviser la grille d'évaluation du niveau de dépendance des
personnes hébergées, de vérifier la pertinence de la
répartition actuelle des dépenses en déterminant, pour
chaque prestation, ce qui relevait respectivement de l'hébergement et
des soins.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
constaté que les récentes décisions de la juridiction
administrative aboutissaient à une imputation de fait aux
départements des dépenses relatives aux jeunes adultes maintenus
en instituts médico-éducatifs (IME) et elle a
précisé qu'une validation législative des décisions
de tarification déjà prises était à l'étude.
Elle a souligné que la solution aux difficultés soulevées
par l'amendement " Creton " consistait à augmenter le nombre
de places dans les institutions pour adultes lourdement handicapés,
rappelant que le Gouvernement avait engagé à cet effet un
programme de création de 5.500 places en trois ans.
Concernant la réduction du temps de travail dans le secteur social et
médico-social, elle a indiqué que l'agrément prévu
par l'article 16 de la loi du 30 juin 1975 était important, parce qu'il
permettait de procéder à un examen qualitatif et financier, et
non pas seulement juridique, des accords conclus. Elle a précisé
que la procédure d'instruction avait été
déconcentrée au niveau des directions départementales de
l'action sanitaire et sociale (DDASS) et des directions départementales
du travail et de l'emploi (DDTE). Elle a indiqué que 1.800 accords
avaient été conclus et avaient été transmis, que
350 avaient été examinés par la commission nationale
d'agrément et qu'une centaine avait été
agréée. Elle a précisé que les
établissements ne seraient pas pénalisés par le
délai d'examen de l'accord, car le barème des aides
prévues au titre de la RTT serait réputé applicable au
jour de la conclusion de l'accord. Elle a indiqué que le
ministère envisageait de conforter les moyens de la DDASS pour
raccourcir les délais d'examen.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis des crédits de la
solidarité,
s'est interrogé sur le problème
psychologique que poserait pour les salariés concernés le report
de la mise en oeuvre effective des accords signés.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
insisté sur l'enjeu, du point de vue des collectivités publiques
financeurs, de la vérification du caractère,
équilibré ou non, des accords conclus, en soulignant que le
ministère ferait en sorte que les problèmes soient
réglés dans les plus brefs délais.
S'agissant des CHRS,
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à
la santé et à l'action sociale,
a indiqué que
l'article 134 de la loi du 29 juillet 1998 avait été
pris pour mettre fin à certains conflits positifs de compétence,
tout en rappelant que les familles pouvaient déjà être
accueillies en CHRS avant 1998. Elle a précisé qu'une
évaluation de la réforme était en cours auprès des
directions départementales de l'action sociale et que, le cas
échéant, une modification serait apportée dans le cadre du
projet de loi réformant la loi n° 75-535 du 30 juin 1975.
Mme Annick Bocandé
a évoqué des difficultés
d'application de la réduction du temps de travail dans le secteur
médico-social, des personnels soumis à des conventions
collectives bénéficiant des trente-cinq heures pouvant être
mis à disposition des départements par convention et être
appelés à travailler au côté de fonctionnaires qui
n'en bénéficient pas. Elle a demandé au ministre comment
résoudre ces difficultés d'application qui ne favorisent pas de
bonnes relations du travail.
M. Claude Huriet
a demandé au ministre quel était le
montant de la subvention accordée par l'Etat à l'Office de
protection contre les rayonnements ionisants (OPRI). Il l'a également
interrogé sur la réforme des structures de l'administration
centrale du ministère et sur l'application de la loi du 27 juillet 1999
instituant une couverture maladie universelle aux étudiants.
M. Philippe Nogrix
a interrogé le ministre sur l'application des
accords sur la réduction du temps de travail dans le secteur
médico-social pour les établissements ayant conclu un accord
lorsque celui-ci n'était pas encore agréé.
M. Guy Fischer
, évoquant la situation des jeunes
aides-éducateurs recrutés sous le régime des
emplois-jeunes, a demandé au ministre comment serait assurée la
pérennisation de leur emploi.
S'agissant de la couverture maladie universelle (CMU),
Mme Martine
Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
considéré que toutes les personnes étrangères en
situation régulière pouvaient en bénéficier et que
les personnes en situation irrégulière continuaient à
pouvoir bénéficier de l'aide médicale gratuite.
Pour ce qui est de la réduction du temps de travail (RTT) dans le
secteur social et médico-social, elle a annoncé que
l'Assemblée nationale examinerait un amendement en nouvelle lecture du
projet de loi, permettant de ne pas appliquer les majorations d'heures
supplémentaires lorsqu'un accord a été signé et est
en instance d'agrément.
M. André Vézinhet
a partagé les propos de M. Roland
Huguet sur la nécessité de maintenir les programmes en faveur de
l'emploi des jeunes. Il a interrogé le ministre sur les projets de M.
Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie, tendant à instituer une licence
professionnelle ainsi que sur l'accueil des adultes handicapés.
M. Bernard Cazeau
a souligné les difficultés d'application
de la réforme de tarification des établissements
hébergeant des personnes âgées dépendantes en raison
des variations de prix qu'elle entraînait. Il a demandé au
ministre s'il comptait prendre des mesures afin de lisser l'évolution
des prix et éviter ainsi des mécontentements.
Concernant l'accueil des adultes handicapés,
Mme Dominique Gillot,
secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale,
a reconnu le coût, pour certains départements, du dispositif
de la règle du domicile de secours en matière de prise en charge
des personnes handicapées, tout en mettant l'accent sur l'utilité
réelle de ce dispositif.
S'agissant des personnes âgées dépendantes, elle a
précisé qu'une réforme de la tarification pour mettre fin
à certains dysfonctionnements était envisageable au printemps
2000.
Concernant les droits des femmes,
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation
professionnelle,
a précisé que les crédits
alloués aux centres d'information des droits des femmes (CIDF)
passeraient de 81 millions de francs à 100 millions de francs en
2000. Elle a précisé que le réseau des CIDF
représentait 42 % des dépenses du secrétariat d'Etat
et que l'objectif était de financer la création de dix bureaux
d'accueil individualisés vers l'emploi des femmes (BAIE) et de mettre en
place le centre national d'information des droits des femmes. L'autre partie
des crédits est consacrée aux actions en faveur de l'insertion et
de l'égalité professionnelles. Elle a précisé que
le Gouvernement avait demandé que les dispositifs de retour à
l'emploi soient orientés à 55 % vers les femmes.
II. EXAMEN DU RAPPORT
Réunie
le mercredi 10 novembre 1999
, sous la
présidence de
M. Jacques Bimbenet, vice-président
, la
commission a procédé
à
l'examen du rapport pour
avis
de
M. Jean Chérioux sur le projet de loi de finances pour
2000
(crédits consacrés à la
solidarité
).
Après avoir rappelé que les crédits relatifs à la
solidarité s'élevaient à 81,27 milliards de francs
pour 2000, soit une hausse de 4,5 % à structure constante, hors
mouvement de crédits relatifs à la mise en oeuvre de la
couverture maladie universelle,
M. Jean Chérioux, rapporteur
pour avis,
a indiqué que ces crédits pouvaient être
regroupés sous deux actions.
Concernant l'intégration et la lutte contre l'exclusion, action
dotée d'un montant de crédits de 45 milliards de francs, il
a observé tout d'abord que le revenu minimum d'insertion (RMI) et
l'allocation de parent isolé (API) absorbaient la majeure partie des
marges de croissance des crédits.
Concernant le RMI, il a souligné que la progression de 8,71 % des
crédits encore forte malgré la baisse du chômage trouvait
largement son origine dans la décision de revalorisation de l'allocation
prise en décembre 1998. Rappelant que le volet insertion du RMI restait
toujours à la traîne, il a regretté que l'on n'ait pas
encore constaté de diminution du " noyau dur " des titulaires
de longue durée du RMI.
S'agissant de l'action relative au développement social d'un montant de
36,6 milliards de francs,
M. Jean Chérioux, rapporteur pour
avis,
a mis l'accent sur le problème de la prise en charge des frais
de formation des emplois-jeunes recrutés par l'éducation
nationale orientés vers les établissements de formation des
travailleurs sociaux (EFTS).
S'agissant des crédits relatifs aux handicapés, il a
évoqué l'augmentation continue du nombre de titulaires de
l'allocation adultes handicapés (AAH) au cours de ces dernières
années en regrettant l'apparition de fait de la notion de
" handicap social " qui conduit parfois à transformer l'AAH en
une sorte de " RMI consolidé ". Il a souligné
l'importance d'une médicalisation renforcée et d'une coordination
améliorée des commissions techniques d'orientation et de
reclassement professionnel (COTOREP).
Evoquant ensuite l'évolution de la dépense d'action sociale et
médico-sociale des départements d'un montant de 81 milliards
de francs en 1998,
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis,
s'est
félicité que la progression se soit maintenue à 3 %
en 1998 tout en s'inquiétant des menaces qui pesaient sur la poursuite
de ce ralentissement en raison de la montée en charge de la prestation
spécifique dépendance, de l'impact inéluctable de la
question de la prise en charge des personnes handicapées vieillissantes
et de l'augmentation sensible des dépenses d'aide sociale à
l'enfance.
Il a souligné le coût des mesures de placement d'enfants pour des
raisons liées à la pauvreté des familles alors qu'il
serait souvent plus efficace d'aider directement les parents.
Il s'est inquiété enfin de trois éléments de nature
à alourdir le coût des prestations dans le secteur social et
médico-social.
Rappelant qu'il était peu réaliste d'espérer
dégager des gains de productivité significatifs dans le secteur
social et médico-social, il a souligné que la mise en oeuvre de
la réduction du temps de travail (RTT) dans les conditions
prévues par les accords de branche ferait largement appel à la
modération salariale dans le secteur et qu'en cas de dérapage les
financeurs seraient en première ligne.
Il a constaté que l'agrément obligatoire des accords de RTT par
le ministère plaçait les établissements devant un
" imbroglio administratif " susceptible de créer des
coûts pour les établissements de plus de 20 salariés,
où les 35 heures ne seraient pas effectivement appliquées au
1
er
janvier 2000.
Enfin, il a rappelé l'incidence du revirement de jurisprudence de la
Cour de cassation sur les équivalences en matière de
rémunération des permanences nocturnes en chambre de veille au
sujet duquel un amendement a été adopté par le
Sénat au moment de la discussion du projet de loi relatif à la
réduction négociée du temps de travail.
M. Louis Souvet
a rappelé qu'à l'initiative de la
commission des affaires sociales un amendement avait été
adopté, malgré l'avis défavorable du Gouvernement, au
projet de loi relatif à la réduction négociée du
temps de travail afin de préciser que les établissements sociaux
et médico-sociaux ayant signé un accord de réduction du
temps de travail bénéficiaient du montant de l'aide prévue
par l'article 3 de la loi du 13 juin 1998.
M. Jean-Louis Lorrain
s'est demandé si la formation
accordée aux titulaires d'emplois-jeunes donnait lieu à des
quotas pour les établissements de formation des travailleurs sociaux. Il
a estimé que les modalités d'attribution de l'AAH étaient
mal contrôlées alors que, par ailleurs, le contrôle des
dépenses d'assurance maladie était de plus en plus rigoureux au
détriment des assurés. Il a souligné qu'il était
souvent très difficile de mettre fin au versement de l'AAH qui
était perçue comme une ressource stable par les
intéressés.
M. Jacques Machet
s'est demandé si les COTOREP n'étaient
pas sorties des limites de la mission qui leur était assignée en
privilégiant l'appréciation de la situation sociale des personnes
examinées.
M. Lylian Payet
a rappelé, pour le regretter, que les
120.000 bénéficiaires du RMI dans les DOM étaient
titulaires d'une allocation dont le montant était inférieur de
80 % à celle prévue en métropole.
M. Guy Fischer
s'est demandé si le rapporteur ne faisait pas une
présentation pessimiste de la mise en oeuvre de la RTT dans le secteur
social et médico-social ; il a observé que des
redéploiements de postes et des réformes d'organisation
faciliteraient la mise en place de la réforme. Il a estimé que la
question d'une revalorisation supplémentaire des minima sociaux se
posait toujours, en raison notamment de la baisse des budgets d'action sociale
des ASSEDIC, tout en déclarant qu'il était compréhensible
que le Gouvernement ne puisse pas agir encore plus rapidement. Il a
souligné que les emplois-jeunes devaient s'inscrire sur une certaine
durée pour avoir un rôle positif en faveur des jeunes
concernés. Il a estimé que la réforme des COTOREP devrait
aller de pair avec un effort accru des départements dans le secteur des
handicapés.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a souligné que ce budget
présentait, à structure constante, une augmentation de 4,5 %
qui représentait un effort de solidarité accru dont on pouvait se
féliciter. Elle a rappelé que le problème administratif du
délai d'agrément des accords dans le secteur social et
médico-social se résoudrait dans la mesure où les accords
seraient réputés agréés à la date à
laquelle ils avaient été conclus et que les établissements
sociaux et médico-sociaux recevraient donc les aides légales
auxquelles ils ont droit. Concernant l'insertion des
bénéficiaires du RMI, elle a rappelé que, dans le cadre du
programme de lutte contre les exclusions, le Gouvernement avait prévu un
accompagnement spécial pour les chômeurs de longue durée et
elle s'est interrogée sur les insuffisances de l'action des
départements en matière d'insertion. Elle a observé que le
mécanisme d'intéressement à la sortie du RMI prévu
dans la loi du 29 juillet 1998 aboutissait dans un premier temps à
un maintien, dans les effectifs du RMI, d'allocataires en voie de
réinsertion professionnelle.
Concernant les personnes titulaires de l'AAH en raison d'une dépendance
alcoolique, elle a estimé que, dans ce cas, l'attribution de
l'allocation se justifiait compte tenu de l'état de dégradation
physique atteint par les victimes après plusieurs années de
dépendance.
M. Philippe Nogrix
a rappelé que les départements avaient
consenti à un réel effort pour améliorer le nombre de
places destinées aux personnes handicapées au cours de ces
dernières années et il a remarqué que l'action des
départements, dans le cadre des lois de décentralisation, ne
devait pas être injustement critiquée.
Il s'est inquiété que les flux d'entrée au RMI continuent
à augmenter malgré la diminution du taux de chômage. Il a
rappelé que le RMI comportait une obligation de réinsertion, ce
qui n'était pas le cas en matière d'AAH, et a donc appelé
à plus de rigueur dans le versement de cette allocation. Il a
rappelé que, malgré les demandes transmises à la
commission nationale d'agrément, prévue à
l'article 16 de la loi du 30 juin 1975, le Gouvernement n'avait
jamais accepté le principe du versement à titre anticipé
d'aide à la réduction du temps de travail aux
établissements ayant conclu un accord tant que celui-ci n'était
pas officiellement agréé.
M. Guy Fischer
a estimé que les efforts des départements
au titre de l'action sociale en faveur des handicapés avaient permis de
rattraper des retards et de corriger des disparités depuis trop
longtemps constatées.
En réponse,
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis,
a
souligné qu'il était difficile de fournir une solution totalement
satisfaisante lorsqu'une personne qui avait bénéficié de
l'AAH connaissait une amélioration de son état conduisant
à la remise en cause du maintien de cette prestation. Il a noté
que, dans certaines hypothèses, le dispositif devrait être
réformé dans le sens d'une plus grande souplesse.
Il a observé que les COTOREP disposaient de larges pouvoirs pour juger
de l'état mental, social ou psychologique du demandeur de l'AAH et que
le dispositif était insuffisamment contrôlé.
Il s'est prononcé en faveur d'une réforme des COTOREP en
soulignant que leur organisation semblait inadaptée à la fonction
qu'elles devaient remplir.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis,
a reconnu que
l'attribution de l'AAH à des personnes alcooliques n'était pas
critiquable lorsque l'état de dégradation physique de
l'intéressé était important, tout en rappelant que
l'objectif devait être de permettre à ces personnes de suivre un
traitement approprié pour mettre fin à leur dépendance.
Concernant la revalorisation des minima sociaux, il a rappelé qu'il
n'avait pas porté de jugement négatif sur celle-ci tout en
soulignant qu'il fallait être conscient du coût de telles
décisions et du fait que le relèvement des plafonds de ressources
en résultant entraînait mécaniquement une augmentation de
la population susceptible de bénéficier de ces prestations.
S'agissant de l'insertion sociale, il a rappelé que les
départements agissaient au mieux à partir des moyens dont ils
disposaient face à des personnes très
" désocialisées ".
Concernant l'effet des mesures d'intéressement à la sortie du
RMI, il a rappelé que la commission était favorable à ces
dispositifs en constatant qu'ils devraient provoquer à terme une
diminution importante des bénéficiaires du RMI puisque ces
derniers devraient voir ainsi leur retour au travail facilité.
M. Jean Chérioux
a souligné que les accords de branche
agréés dans le secteur social et médico-social ne
s'étaient pas placés dans l'hypothèse d'une compensation
du coût des 35 heures par une augmentation des gains de
productivité.
Il a souligné que, même si les aides à la RTT
étaient versées rétroactivement aux établissements
sociaux et médico-sociaux, il en résulterait bien que les
associations auraient dû consentir une avance de trésorerie
pendant une certaine durée, ce qui suffisait à mettre en
difficulté bon nombre d'entre elles.
Il a rappelé que le jugement sur l'augmentation des crédits
budgétaires du ministère devait être nuancé par une
appréciation des efforts entrepris pour améliorer la
qualité du service rendu.
Il a précisé que la formation des emplois-jeunes en EFTS
intervenait en plus des promotions normales d'étudiants, et qu'elle
donnait lieu à une convention de formation signée avec le
ministère de l'éducation nationale et le ministère des
affaires sociales.
M. Jacques Bimbenet, président,
a indiqué que la
commission adopterait un
avis définitif sur les crédits
consacrés à la solidarité, le 24 novembre prochain,
après l'audition de Mme la ministre de l'emploi et de la
solidarité,
prévue pour le 23 novembre.
Au cours d'une seconde réunion tenue le
mercredi 24 novembre
1999,
sous la présidence de
M. Jean Delaneau,
président
, la commission s'est
prononcée
sur les
crédits relatifs à la
solidarité pour 2000.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis,
a tout d'abord
rappelé que le passage aux 35 heures dans le secteur social et
médico-social ne pourrait se faire, sans recours accru au financement de
la part des départements, sans un strict respect, par les personnels des
accords de modération salariale prévus dans ces secteurs et s'est
interrogé sur les risques pris par le Gouvernement dans un domaine
où les gains de productivité sont difficiles à
dégager.
Il a regretté les incertitudes imposées aux finances
départementales par les récentes jurisprudences de la juridiction
administrative sur les foyers à double tarification (FDT) et sur les
modalités de prise en charge des personnes handicapées majeures
maintenues en institut médico-éducatif (IME) au titre de
l'amendement " Creton ".
Enfin, il a estimé que l'effort budgétaire prévu en faveur
des commissions technique d'orientation et de reclassement professionnel
(COTOREP) ne résolvait pas le problème de fond que posait le
manque de coordination dans ce réseau.
La commission a émis, sur proposition de son rapporteur pour avis,
un
avis défavorable sur les crédits consacrés à la
solidarité
.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
A structure constante, les crédits relatifs à la
solidarité, d'un montant de 81,3 milliards de francs, augmentent de
4,5 %, ce qui traduit la volonté du Gouvernement de donner une
priorité aux actions de lutte contre les exclusions et de
développement social.
Toutefois, comme les années précédentes, votre commission
a estimé que les évolutions nominales de crédits ne
pouvaient pas constituer le seul critère d'appréciation de ce
budget.
En matière de versement des minima sociaux, de prise en charge des
personnes handicapées ou inadaptées, d'hébergement
d'urgence des plus démunis, d'insertion des handicapés en milieu
ordinaire, les besoins sont immenses. Le présent budget ne saurait
jamais suffire à les combler.
C'est pourquoi il est essentiel de juger si, à partir des moyens qui lui
sont alloués, le Gouvernement ajuste sa politique sociale pour rendre
plus efficace l'effort de solidarité.
Tout en se félicitant de l'effort continu du Gouvernement pour appliquer
la loi d'orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les
exclusions, votre commission a néanmoins constaté que les minima
sociaux, notamment le revenu minimum d'insertion (RMI), absorbaient la majeure
partie des marges de croissance des crédits relatifs à la lutte
contre les exclusions.
Malgré la baisse du chômage, les effectifs des titulaires du RMI
ne se réduisent pas et la revalorisation du niveau de l'allocation
induit une forte progression des crédits alloués.
Tout en comprenant le souci d'améliorer le montant du RMI, votre
commission a souligné que le retour de la croissance devrait d'abord
être utilisé comme un instrument pour chercher à dynamiser
le volet insertion du RMI qui reste encore à la traîne.
En matière de développement social, votre commission a
constaté l'absence d'évolution sur le dossier de la correction de
l'iniquité subie par les rapatriés d'Afrique du nord
indemnisés au titre de l'article 46 de la loi de 1970. Concernant la
formation des professions sociales, elle a souhaité une meilleure
évaluation du coût de la formation des emplois-jeunes qui
devraient effectivement trouver des débouchés dans les
activités de travail social si le financement du diplôme
d'éducateur n'est pas opéré à coût
réduit.
S'agissant des handicapés, votre commission a pris acte avec
satisfaction de l'effort exceptionnel engagé sur trois ans en faveur de
l'insertion des personnes handicapées en milieu ordinaire de travail,
grâce à une mobilisation des fonds de l'Association de gestion du
fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés (AGEFIPH). Elle a
souligné en revanche le caractère préoccupant de
l'augmentation continue des bénéficiaires de l'allocation aux
adultes handicapés (AAH), qui ne s'explique pas totalement par la
pyramide des âges des populations concernées.
Soulignant que l'AAH ne devait pas être considérée comme un
" RMI consolidé ", votre commission a estimé
qu'au-delà de l'effort budgétaire annoncé, les commissions
techniques d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) devaient
faire l'objet d'une réforme profonde permettant d'assurer leur mise en
réseau et une plus grande cohérence de leurs décisions
dont le caractère médical doit être réaffirmé.
Concernant le secteur social et médico-social, les dépenses ont
continué à augmenter modérément au cours de 1998
confirmant ainsi la tendance constatée depuis 1996.
La mise en place de la réforme du taux directeur opposable, en 1999,
intervient donc à un moment favorable ; il reste que cette
réforme doit être appliquée avec discernement car, devant
les menaces qui se profilent, le taux directeur ne doit pas devenir un
instrument qui étranglerait les associations.
En effet, en plus des facteurs de fond qui pourraient conduire à entrer
dans un nouveau cycle d'expansion de dépenses après 2000, votre
commission a estimé que la mise en oeuvre de la réduction du
temps de travail faisait entrer le secteur social et médico-social dans
une période d'incertitude : la réussite de la réforme
à coût constant nécessite un effort consenti de
modération salariale, une capacité d'anticipation des
établissements et une aptitude à la réorganisation du
travail en équipe, qui sont autant de paris à tenir. D'une
manière générale, si la procédure d'agrément
au titre de l'article 16 de la loi du 30 juin 1975 apporte d'utiles
garanties, on pourra regretter qu'elle n'ait pas été mise en
oeuvre avec plus de souplesse et de " réactivité " aux
besoins des établissements.
Enfin, des arrêts récents des juges administratifs et judiciaires
peuvent générer des coûts inattendus pour les
financeurs : après la question de la fixation des horaires
d'équivalence pour les heures de permanence nocturne en chambre de
veille -qui semble aujourd'hui résolue au moins pour le passé- se
pose celle du statut des foyers à double tarification pour les adultes
lourdement handicapés et des règles de prise en charge
applicables aux jeunes handicapés maintenus en institut
médico-éducatif au-delà de l'âge de 20 ans.
La réouverture de ces dossiers sensibles ne doit pas donner lieu
à des transferts de charge au détriment des collectivités
locales.
Parce que ce budget ne semble pas suffisamment préparer l'avenir et
laisse subsister des risques d'aggravation des dépenses, votre
commission a émis un avis défavorable à l'adoption des
crédits relatifs à la solidarité dans le projet de budget
pour 2000.
I. LA POURSUITE DU PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS S'ACCOMPAGNE D'UNE AUGMENTATION TOUJOURS IMPORTANTE DES EFFECTIFS DU RMI
Sur
l'ensemble du budget de l'emploi et de la solidarité, qui
représente 215 milliards de francs pour 2000, le présent
avis de votre commission des Affaires sociales porte exclusivement sur les
dépenses liées à la politique de la solidarité
financées par le ministère des affaires sociales (hors
administration générale et santé publique),
c'est-à-dire sur environ
81,3 milliards de francs,
soit
5 %
des dépenses du budget général.
Ces dépenses s'articulent autour de
deux
" agrégats "
:
- l'agrégat relatif à
l'intégration et la lutte
contre l'exclusion
d'un montant de 44,71 milliards de francs recouvre le
RMI, les dépenses des CHRS, l'action sociale de l'Etat pour la
réinsertion et la lutte contre l'exclusion ainsi que pour la
première fois cette année, les dépenses de l'Etat
relatives à la CMU ;
- l'agrégat relatif au
développement social,
soit
36,5 milliards de francs, assez hétérogène, regroupe
notamment les dépenses relatives aux rapatriés, à la
formation des travailleurs sociaux, au financement des centres d'aide par le
travail (CAT), ainsi que les dépenses d'action sociale de l'Etat
destinées aux personnes handicapées et aux personnes
âgées.
Avant de présenter les aspects de l'évolution de ces deux
agrégats, il convient de rappeler que ce projet de loi enregistre les
conséquences de l'adoption de la
loi n° 99-641 du 27 juillet
1999 relative à la création de la couverture maladie
universelle
(CMU).
Le budget relatif à la solidarité pour 2000, qui passe de 71,07
à 81,27 milliards de francs, est en augmentation de 14,3 % sur
l'année dernière. Cette progression est due pour partie à
la mise en place de la couverture maladie universelle qui se traduit par
l'inscription de 7 milliards de francs de dépenses nouvelles au titre de
la
contribution au fonds de financement complémentaire de la CMU
(
chapitre 46-82, article 10
).
Il est important de rappeler que cette réforme va de pair avec une
diminution de la dotation générale de décentralisation
(DGD) des départements qui est réduite de 9,1 milliards de francs
en 2000 ce qui se traduit donc par une diminution des dépenses au titre
du budget de l'Intérieur.
Hors CMU, les crédits relatifs à la solidarité augmentent
donc de 4,5 %, ce qui est sensiblement plus élevé que le
budget général (0,9 %), mais à peu près
comparable à l'évolution de l'ensemble des dépenses
d'intervention sociale du budget de l'Etat.
La mise en oeuvre de la loi CMU
La loi
du 27 juillet 1999 a prévu deux dispositifs :
- une couverture maladie universelle de base obligatoire ouverte aux
personnes résidant en France de façon stable et
régulière dont les ressources n'excèdent pas 3.500 francs
par mois pour une personne seule. Les dépenses de cette couverture de
base sont prises en charge directement au sein de la branche assurance
maladie ;
- une couverture complémentaire ouverte sous conditions de
ressources permettant de bénéficier d'une prise en charge
à 100 % des soins (avec la prise en charge intégrale du
ticket modérateur), de la prise en charge du forfait hospitalier, ainsi
que de divers appareillages. Le bénéfice du tiers payant est
étendu aux intéressés qui ont le choix de leur organisme
d'affiliation, soit une caisse d'assurance maladie, soit une mutuelle, soit une
institution de prévoyance, soit une compagnie d'assurance.
La somme inscrite en dépenses du budget relatif à la
solidarité est destinée au financement de la seule couverture
complémentaire.
Concernant l'appréciation sur ce dispositif, votre rapporteur renvoie
à l'excellent rapport
1(
*
)
de M Charles
Descours présenté lors de l'examen de la CMU ; aucun
élément nouveau n'est apparu qui infirmerait les analyses
formulées et les inquiétudes exprimées au printemps par
votre commission. Alors que la CMU doit entrer en vigueur au 1
er
janvier 2000, les décrets d'application ne sont toujours pas
entrés en vigueur.
Il est important de souligner que d'ores et déjà, les mutuelles
et les assurances ont mis en évidence le caractère insuffisant de
la somme de 1.500 francs par bénéficiaire et par an qui a
toujours été donnée comme référence par le
Gouvernement au moment du vote de la loi pour évaluer le coût du
" panier de soins ". Il semble que dans une lettre adressée
récemment aux partenaires sociaux, Mme la ministre de l'emploi et
de la solidarité ait approuvé le principe d'un
plafonnement
des dépenses
dans deux domaines, celui des dépenses de
lunetterie et de prothèse dentaire.
Par ailleurs, comme l'a montré M. Charles Descours lors de l'examen du
projet de loi de financement de la sécurité sociale
2(
*
)
, les décisions prises pour assurer le
financement de la réduction du temps de travail conduisent à
bouleverser l'équilibre qui avait été
présenté initialement pour assurer le financement de la CMU en
raison de la diminution de la part affectée à la CNAMTS du
prélèvement social de 2 % sur les revenus du patrimoine et
des placements.
Encore convient-il d'observer, comme le fait le rapporteur de votre commission
des Finances, que ce budget ne retrace pas l'incidence de la
pérennisation de la majoration de l'allocation de rentrée
scolaire. Cette majoration sera certes progressivement transférée
à la CNAF (2,5 milliards de francs dès 2000), mais la
pérennisation annoncée aurait dû conduire le Gouvernement
à inscrire le reliquat de cette majoration en loi de finances initiale
(au budget des charges communes qui finançait traditionnellement cette
majoration en collectif budgétaire de fin d'année). Il ne retrace
pas davantage le remboursement d'un milliard de francs à la CNAF en
contrepartie des dépenses qu'elle engage pour le fonds d'action sociale
des travailleurs immigrés et de leur famille (FASTIF) annoncé par
le Premier ministre lors de la conférence de la famille.
A. LE RMI ABSORBE LA MAJEURE PARTIE DES MARGES DE CROISSANCE DES CRÉDITS RELATIFS À LA LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS
L'action
relative à
l'intégration et à la lutte contre
l'exclusion
représente 45 milliards de francs compte tenu de
l'apport de la CMU. Sous cette enveloppe, se trouvent les dépenses
relatives à des minima sociaux -le RMI et l'allocation parent
isolé-, les frais de prise en charge dans les CHRS et diverses
dépenses déconcentrées liées à la lutte
contre les exclusions.
En-dehors de la CMU, les moyens nouveaux consacrés à l'exclusion
représentent 2,6 milliards de francs : mais si l'on
décompose, on voit que
90 % de cette marge de manoeuvre soit
2,4 milliards de francs servent à financer le RMI
. 262 millions
de francs sont consacrés à la lutte contre l'exclusion, notamment
pour créer 500 places de CHRS et abonder les fonds d'aide aux
jeunes ; encore faut-il noter que, du fait du changement des
critères d'attribution de l'aide médicale de l'Etat, dans le
cadre de la CMU, une économie budgétaire de 297 millions de
francs est réalisée sur ce poste qui n'a plus à prendre en
charge les personnes sans résidence stable désormais prise en
charge directement par l'assurance maladie. L'aide médicale de l'Etat ne
recouvre désormais que la prise en charge des soins prévus pour
les étrangers en situation irrégulière ou des
non-résidents soignés sur notre sol pour des raisons
diplomatiques ou humanitaires.
1. L'effort poursuivi au titre de la lutte contre les exclusions
a) Les centres d'hébergement et de réinsertion sociale
En
application de la loi précitée du 29 juillet 1998,
42 millions
de francs
de moyens nouveaux sont inscrits dans le projet de budget pour
2000 en vue de financer la création de 500 places nouvelles en centres
d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) en 2000. Ce
chiffre est identique à celui de 1999.
En matière de crédits d'investissements,
50 millions de
francs
d'autorisations de programme sont ouverts au titre des subventions
d'investissement accordées par l'Etat aux opérations de
rénovation de CHRS contre 75 millions de francs en 1999.
Votre rapporteur s'est interrogé sur la réalisation du
programme de prévention et de lutte contre les exclusions
annoncé le 4 mars 1998 qui a inscrit l'objectif de transformation de
1.500 places d'hébergement d'urgence en places de CHRS sur trois ans
(1998-1999-2000), afin de permettre aux personnes hébergées
d'entrer dans un véritable processus d'insertion.
La répartition de ces places entre les différentes régions
est réalisée en tenant compte des indices de pauvreté et
de précarité de la région et dans la perspective d'un
rééquilibrage des moyens des régions les moins
dotées.
Pour l'année 1999, 561 places seront effectivement ouvertes et auront
donc obtenu une autorisation de création par le préfet de
région, dans le cadre d'une convention signée entre l'Etat et
l'organisation gestionnaire pour définir notamment les catégories
de bénéficiaires accueillis, les objectifs poursuivis et les
moyens mis en oeuvre.
La plupart de ces places sont créées dans des structures qui ont
une fonction généraliste (accueil de familles et de personnes
isolées) ; d'autres sont plutôt spécialisées
dans l'accueil de jeunes ou de personnes sans domicile fixe et très
" désocialisées ".
Les CHRS relèvent de la
loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative
aux institutions sociales et médico-sociales
. Comme le confirme la
loi du 22 juillet 1983 portant répartition des
compétences
, les CHRS relèvent du financement et du
contrôle de l'Etat, au titre de l'aide sociale obligatoire
(chapitre
46-81 du budget solidarité).
Il n'est pas inutile de rappeler que
l'aide sociale en matière de logement et d'hébergement incombant
à l'Etat résulte de la loi du 23 novembre 1953 et qu'elle a
été élargie à l'accueil des familles par la loi du
19 novembre 1974.
La capacité des 735 CHRS, qui emploient environ 9.500 personnes, peut
être évaluée doublement : les places financées par
les crédits d'aide sociale obligatoire de l'Etat s'élevaient au
nombre de 29.860 en prévision au 31 décembre 1999.
Mais, si l'on examine l'ensemble des places installées, y compris celles
financées par exemple par certaines collectivités locales, le
nombre total est évalué à 31.000. A cela, il convient
d'ajouter la possibilité pour les CHRS de suivre près de 3.000
personnes en milieu de vie ordinaire sans les héberger.
Au total, les CHRS ont une possibilité d'accueil de plus de
30.000 personnes
qui peut être évidemment
augmentée temporairement en cas de situation très difficile.
Les
personnes hébergées par les CHRS :
des hommes et des
femmes en grande difficulté sociale
Selon
une étude récente, au 1
er
janvier 1998, 22.200
personnes, dont 6.500 enfants, étaient accueillies dans les centres
d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), hors
hébergement d'urgence et accueil de jour.
La plupart des adultes vivent seuls et sans enfant, même si le nombre des
familles monoparentales augmente depuis une dizaine d'années. Peu
nombreux (22 %) sont les adultes qui disposaient d'un logement personnel
avant leur admission.
Le nombre d'adultes hébergés ne possédant aucune ressource
a baissé : il est passé de 28 % en 1990 à
20 % en 1998. Cette amélioration qui résulte de la
montée en charge du RMI ne bénéficie pas au moins de
25 ans. La contribution à la prise en charge par les CHRS est
devenue plus systématique : 84 % des adultes participent ainsi
financièrement à leur hébergement.
Source : Etudes et résultats, DREES n° 29, août
1999.
Les crédits relatifs aux CHRS appellent
deux observations
de la
part de votre rapporteur.
Tout d'abord, il est toujours important de faciliter l'accès et
l'orientation des plus démunis vers les structures d'accueil.
Le fonctionnement du service téléphonique d'urgence (
le
" 115 "
) semble toujours connaître certains
dysfonctionnements en particulier durant les périodes climatiques
difficiles. L'Etat pourrait utilement intervenir pour apporter dans les
périodes de pointe un soutien financier et logistique aux organismes qui
assurent le fonctionnement des veilles téléphoniques et qui
jouent un rôle de service public.
Ensuite, l'article 135 de la loi " exclusions " a posé le
principe du
droit à la vie familiale normale
des personnes
accueillies en centres d'hébergement, ce qui génère des
dépenses supplémentaires, soit sous forme de travaux
d'aménagements d'appartements à la place des actuels dortoirs
collectifs, soit sous forme d'aide à l'hébergement en solution
hôtelière.
La mise en oeuvre de l'accueil familial, qui est une excellente mesure,
nécessite sans doute
un effort plus soutenu en matière
d'investissement
sur les CHRS. Un tel engagement est en fait de
nature
à générer des économies, car l'éclatement
des familles entraîne des dépenses supplémentaires au titre
de mesures de placement d'enfants
.
b) La poursuite de l'effort au titre des fonds d'aide aux jeunes
La loi
du 29 juillet 1992 réformant le RMI a généralisé
à l'ensemble du territoire les fonds départementaux d'aide aux
jeunes (FAJ) créés par la loi du 19 décembre 1989.
Complété par un décret du 27 mars 1993, le dispositif
prévoit la possibilité de verser aux jeunes en difficulté
d'insertion sociale et professionnelle, âgés de 18 à 25
ans, des secours temporaires d'urgence, des aides financières
destinées à soutenir un projet d'insertion,
complétées éventuellement par des mesures
d'accompagnement, afin de permettre à ces jeunes d'accéder aux
dispositifs de droit commun.
Le financement du dispositif est paritaire entre l'Etat et le conseil
général. Une convention, à laquelle peuvent
également s'associer les municipalités et des organismes
concourant volontairement au financement du FAJ, détermine les
modalités et les conditions d'attribution des aides financières.
La loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions a
prévu l'intervention des FAJ pour concourir à l'application du
programme TRACE. La contribution de l'Etat à ce dispositif qui
s'élevait à 225 millions de francs en 1999, est renforcée
dans le projet de loi de finances pour 2000 avec
60 millions de francs
de mesures nouvelles. Le montant des crédits pour l'Etat
(285 millions de francs) sera doublé compte tenu de la
participation obligatoire des départements.
c) L'urgence sociale
L'article 157 de la loi du 29 juillet 1998
précitée
prévoit la mise en place dans chaque département, à
l'initiative des représentants de l'Etat, d'un
dispositif de veille
sociale
chargé d'informer et d'orienter les personnes en
difficulté.
Afin d'être en mesure de remplir cette obligation, le programme de
prévention et de lutte contre les exclusions a prévu, sur toute
la durée de sa mise en oeuvre, des crédits nouveaux au profit de
la veille sociale, ainsi que l'accompagnement social des personnes en
difficulté, notamment dans les résidences sociales. En 2000, une
mesure nouvelle de
60 millions de francs
est proposée à ce
titre (
chapitre 46-81 article 20
). Elle fait suite à la mesure
nouvelle de 90 millions de francs inscrite à ce titre en 1999.
Ces crédits sont destinés à être
délégués aux services déconcentrés de l'Etat
dans le cadre de la dotation globale qui leur est attribuée au titre de
la lutte contre l'exclusion. Ils serviront à développer
l'ensemble des prestations nécessaires aux personnes frappées ou
menacées de grand exclusion : accueil, écoute et
orientation, hébergement, aide alimentaire et secours divers,
accompagnement social.
d) L'appui social individualisé (ASI)
L'ASI
est une mesure d'accompagnement social personnalisé et global,
dispensée par des opérateurs sociaux au profit de personnes en
difficulté pour les aider à lever les obstacles à leur
accès à l'insertion professionnelle et à l'emploi.
Cette mesure est très sollicitée notamment pour la mise en oeuvre
du plan national d'action pour l'emploi (PNAE).
La loi précitée du 29 juillet 1998 prévoit un renforcement
significatif de son financement, sachant que le coût moyen de la mesure
est de 4.800 francs pour le suivi d'une personne pour 6 mois.
Les moyens disponibles en 1999, soit 130 millions de francs, ont permis
d'assurer le suivi de 27.083 personnes. Avec l'apport d'une mesure nouvelle de
100 millions de francs, la dotation pour 2000 est portée à
230 millions de francs
conformément au programme de lutte contre
les exclusions. Ce nouveau niveau de dotation budgétaire a pour objectif
de permettre le suivi de près de 50.000 personnes.
e) L'observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion
La loi du 29 juillet 1998 a également prévu la mise en place d'un observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion qui a été doté à hauteur de 5 millions de francs dans le cadre du budget pour 2000 ( chapitre 34-94 article 20 ). Une somme analogue avait été prévue en 1999.
2. Une progression toujours importante du RMI
L'importance des dépenses consacrées au RMI
reflète la difficulté de résorber les ravages de
l'exclusion, y compris dans une période de reprise de la croissance.
Peuvent bénéficier du RMI tous les résidents en France,
sans condition de nationalité -une condition de résidence de
trois ans étant toutefois requise pour les ressortissants de pays
étrangers- à condition qu'ils soient âgés de plus de
25 ans et qu'ils ne soient pas étudiants, ou s'ils ont moins de 25 ans,
qu'ils aient au moins un enfant à charge. L'allocation versée
complète les ressources des intéressés de façon
à leur garantir un revenu minimum fixé à
2.502,3 francs
par mois
3(
*
)
au 1
er
janvier 1999
pour une personne isolée sans enfant à charge et à
3.753,45 francs par mois
1
pour un couple
(ce montant est majoré de 750,69 francs par mois pour chaque enfant
à charge). L'allocation est conditionnée à un engagement
du bénéficiaire à participer aux actions ou
activités définies avec lui et nécessaires à son
insertion sociale ou professionnelle. Cet engagement peut être
formalisé dans un contrat d'insertion.
Au 31 décembre 1998,
la France comptait toujours plus
d'un million de titulaires du RMI
(1.112.108 foyers), dont
992.286 titulaires en métropole.
Evolution des effectifs et des crédits afférents au RMI
|
|
|
|
|
|
|
Crédits budgétaires en MF (1) |
|
Décembre 1989 |
335.514 |
|
71.567 |
|
407.081 |
|
6.000 |
|
Décembre 1990 |
422.101 |
25,8 % |
88.044 |
23,0 % |
510.145 |
25,3 % |
8.668 |
+ 45 % |
Décembre 1991 |
488.422 |
15,7 % |
93.939 |
6,7 % |
582.361 |
14,2 % |
14.325 |
+ 65 % |
Décembre 1992 |
575.034 |
17,7% |
96.208 |
2,4 % |
671.242 |
15,3 % |
13.168 |
- 8 % |
Décembre 1993 |
696.589 |
21,1 % |
96.355 |
0,2 % |
792.944 |
18,1 % |
16.631 |
+ 26 % |
Décembre 1994 |
803.303 |
15,3 % |
105.033 |
9,0 % |
908.336 |
14,6 % |
19.217 |
+ 16 % |
Décembre 1995 |
840.839 |
4,7 % |
105.171 |
0,1 % |
946.010 |
4,1% |
22.022 |
+ 15 % |
Décembre 1996 |
903.804 |
7,5 % |
106.668 |
1,4 % |
1.010.472 |
+ 6,8 % |
23.179 |
+ 5 % |
Décembre 1997 |
956.596 |
5,8 % |
111.305 |
4,3 % |
1.067.901 |
+ 5,7 % |
24.230 |
+ 4,5 % |
Décembre 1998 |
993.286 |
3,8 % |
118.822 |
6,8 % |
1.112.108 |
+ 4,1 % |
26.227 |
+ 8,24 % |
(1) En millions de francs, compte tenu des lois de finances rectificatives
a) Le coût total du RMI est supérieur à la seule dotation budgétaire
Le
coût total du RMI est sensiblement plus élevé pour
l'ensemble de la collectivité nationale que la seule dotation
budgétaire destinée à financer l'allocation. Il
s'élève en réalité à près de
50 milliards de francs en 1998
.
Il faut prendre en compte tout d'abord les frais de gestion du dispositif, la
créance de proratisation dans les DOM, le coût de l'aide
médicale assurée par l'Etat pour les personnes sans domicile fixe
et le coût de la mise en oeuvre des aides à l'emploi, en plus des
crédits destinés au financement de l'allocation
stricto
sensu
.
Les frais de gestion directe, pour la part qui est assumée par l'Etat
(hors moyens des caisses d'allocations familiales), s'élèvent
environ à 250 millions de francs. Le coût de la
créance de proratisation
4(
*
)
dans les DOM
s'élève à 809 millions de francs pour 1999. L'aide
médicale de l'Etat versée pour les titulaires du RMI sans
domicile fixe s'élève à 420 millions de francs en
1998. Les majorations d'aide au logement dont bénéficient les
allocataires RMI s'élèvent à 1,1 milliard de francs
en 1998.
Le poste essentiel reste celui du coût des
mesures pour l'emploi
(contrat emploi consolidé, contrat emploi solidarité,
emplois-jeunes) mises en oeuvre au profit des titulaires du RMI dont le montant
total est estimé à
8,35 milliards de francs pour
1998
, soit une multiplication par six depuis la mise en place du dispositif
(1 milliard de francs en 1989).
A cela, il faut ajouter la
part des départements qui
représente, au titre de la contribution obligatoire et de l'assurance
personnelle, environ 10,6 milliards de francs en 1998.
Les
crédits d'insertion des départements
résultent
de l'obligation légale d'inscrire à leurs budgets 20 % des
sommes versées par l'Etat l'année précédente au
titre de l'allocation, afin de financer des actions d'insertion pour les
bénéficiaires du RMI : ce montant, qui représentait
1,98 milliard de francs en 1992, est passé à
4,4 milliards de francs en 1997
.
A ces dépenses d'insertion, il faut ajouter les
frais de
santé
comprenant la prise en charge de
l'assurance
personnelle
pour les personnes non assurées sociales et ne relevant
pas de la CAF (familles) ou de l'Etat (SDF) et la
couverture maladie
à 100 % des bénéficiaires. Les crédits
engagés par les départements pour améliorer la couverture
sociale des bénéficiaires du RMI se sont élevés
à
6,2
milliards de francs en 1998, y compris 732 millions de
francs que la loi autorise à prélever sur les crédits
d'insertion
5(
*
)
.
Tableau récapitulatif des dépenses liées au RMI en 1998
(en milliards de francs)
|
Etat |
Conseils généraux |
Total |
Allocation RMI |
27,8 |
|
|
Mesures emploi (e) |
8,35 |
|
|
Crédits d'insertion DOM |
0,84 |
|
|
Frais de gestion dispositif |
0,25 |
|
|
Majoration d'aide au logement (e) |
0,85 |
|
|
Aide médicale de l'Etat (e) |
0,42 |
|
|
Crédits d'insertion |
|
4,48 |
|
Assurance personnelle (e) |
|
2,98 |
|
Aide médicale (e) |
|
3,3 |
|
Total |
39,61 |
10,36 |
49,97 |
Total en % |
79 % |
21 % |
|
(e) estimation
b) La baisse du chômage n'entraîne pas l'effet à la baisse des effectifs du RMI ni de son coût budgétaire
Il est
observé un
ralentissement du rythme d'augmentation
annuel des
effectifs du RMI qui passe à 4,1 % en 1998, soit le meilleur taux
depuis le début du dispositif, loin des 15 % d'augmentation par an
observés de 1990 à 1994.
Il reste que la baisse du chômage, notamment de longue durée,
observée en 1998 n'a permis qu'une limitation de la hausse des effectifs
du RMI et non une inversion de tendance. Selon la
Délégation
interministérielle au RMI
(DIRMI), la précarité accrue
du marché du travail, la diminution sur l'année de la part des
chômeurs qui bénéficient d'une indemnisation, mais
également l'augmentation du nombre d'allocataires cumulant, grâce
au mécanisme de l'intéressement, revenus d'activité et
allocation RMI (environ 16 % des effectifs en métropole),
expliquent en grande partie ce décalage.
Il est frappant de constater que la diminution du nombre des entrées
dans le dispositif RMI ne va pas de pair avec une augmentation significative
des sorties.
Comme les deux années précédents, les sorties ont
continué à progresser fortement sur la première
moitié de l'année 1998 (+ 8,4 % par rapport au premier
semestre 1997) ; cependant, la tendance s'est inversée au second
semestre 1998, avec une
baisse de plus de 7 %
par rapport à
la même période de 1997. Cette baisse enregistrée sur la
seconde moitié de l'année est en grande partie liée
à la diminution du nombre des entrées observée au premier
semestre qui limite de fait le niveau potentiel des sorties, on rappellera en
effet
qu'un tiers des entrants au RMI sortent avant six mois
.
• Sur le plan financier, l'incidence des revalorisations du montant
de l'allocation est incontestable.
Le taux d'accroissement de 8,24 % des dépenses, en 1998, a, pour
raison principale, la décision du Gouvernement de verser à titre
exceptionnel aux allocataires à la fin de l'année une allocation
forfaitaire correspondant à 3 % du montant annuel de leur
allocation, dans le but de leur faire partager les fruits de la croissance
économique. Les crédits en loi de finances initiale pour 1998 ont
été, pour ce faire, abondés, en collectif
budgétaire, de 900 millions de francs.
Le coût prévisionnel et provisoire des dépenses
d'allocation RMI pour 1999 est estimé, à la fin du second
semestre 1998, à 28,1 milliards de francs. Il comprend les
dépenses d'allocation versées par les CAF ainsi que par les
caisses de mutualité sociale agricole pour la France entière.
Trois facteurs principaux sont mis en avant pour expliquer la croissance des
dépenses pour 1999 :
- la revalorisation par le Gouvernement de 3 % du montant de
l'allocation de RMI à compter du 1
er
janvier 1999
à l'instar d'autre minima sociaux (allocations d'insertion et de
solidarité spécifique). Cette revalorisation est
supérieure de 1,8 point à celle résultant de
l'obligation légale ;
- l'amélioration des règles d'incitation à la reprise
d'une activité avec le cumul rendu possible par le décret
n° 98-1070 du 27 novembre 1998 du RMI avec des revenus
d'activité ;
- le nouveau cumul possible du RMI avec la majoration pour âge des
allocations familiales et de l'allocation pour jeune enfant versée
pendant la grossesse
(décret n° 98-950 du 26 octobre
1998)
.
La dotation pour 2000 subit l'effet de " recalage " dû la
non-prise en compte dans les crédits de la loi de finances initiale pour
1999 du coût de la revalorisation de 3 % du montant de l'allocation.
Elle est fondée sur une progression, en valeur, de 0,8 % du montant de
l'allocation mais aussi sur une progression de 3 % des effectifs qui montre que
le Gouvernement ne se place pas dans l'hypothèse d'une baisse de la
population des bénéficiaires du RMI.
En tout cas, la hausse des crédits constatée pour 2000,
près de 9 %, est donc largement la conséquence du fort
coût de la revalorisation de 3 % du montant de l'allocation
décidée à la fin de 1998 par le Premier ministre au titre
des " fruits de la croissance ".
Bien entendu, le souci de revaloriser le niveau des minima sociaux est
compréhensible, mais
il serait préférable de
considérer le retour de la croissance comme un instrument pour
rechercher à favoriser la réinsertion des titulaires du RMI
plutôt que comme une manne à distribuer
.
Or, de ce point de vue,
force est de constater que l'insertion ou la
réinsertion des titulaires du RMI dans la vie active est encore
insuffisante
.
c) Le volet insertion du RMI reste à la traîne
Comme
l'a confirmé une enquête de l'INSEE en début
d'année, un tiers des allocataires sortent du dispositif au bout de six
mois.
Une étude de la DREES
6(
*
)
a mené
une analyse statistique détaillée sur les 30 %
d'allocataires du RMI en décembre 1996 qui ne percevaient plus cette
allocation, un an après, en janvier 1998.
Pour les deux tiers de ces personnes, la sortie du RMI est liée à
l'obtention d'un emploi ou d'un stage (par lui-même ou par son conjoint).
En revanche, pour le tiers restant, les motifs de sortie ne correspondent pas
à une réinsertion. Il est frappant de constater que les
intéressés, dans une proportion non négligeable,
" glissent " dans un autre système de protection. Dans
50 % des cas, la personne en question bénéficie d'une autre
allocation (allocation chômage, API, minimum vieillesse), 20 % des
personnes concernées ont ainsi obtenu l'AAH ou une pension
d'invalidité.
Les autres motifs de sortie sont liés, soit à un changement de
vie familiale (9 % des cas), soit à un problème
administratif (non-envoi de la déclaration trimestrielle de
ressources...).
Les motifs de sortie du RMI sont donc complexes et imbriqués et ne
confirment pas toujours le succès d'une démarche de
réinsertion.
Enfin, selon une enquête menée par l'INSEE
7(
*
)
auprès de 10.000 allocataires en septembre
1997, puis en janvier et février 1998, les " contrats
d'insertion
"
auxquels adhèrent certains allocataires du
RMI, favorisent certes la sortie du dispositif RMI vers les contrats emploi
solidarité (CES), mais ils "
n'augmentent pas sensiblement les
chances d'accès aux emplois ordinaires, à temps plein ou temps
partiel
".
En outre, dans le cadre de son échantillon, l'INSEE a constaté
que 40 % des bénéficiaires du RMI seulement avaient
signé un contrat d'insertion avec les services sociaux (ce taux est en
moyenne de 50,3 % si l'on rapporte le nombre de contrats signés aux
effectifs selon la DIRMI).
La diminution du rythme du flux des entrées au RMI, qui pourrait
résulter de la croissance, laisse ouverte la question de la
réinsertion du " stock de bénéficiaires " du RMI
de longue durée qui sont les publics les plus difficiles à
réinsérer.
Qu'ils soient âgés de plus de 50 ans, qu'ils aient
quitté leurs études au niveau du primaire ou qu'ils soient
illettrés,
le " noyau dur " des titulaires du RMI ne semble
pas encore se résorber malgré la mise en place de la loi contre
les exclusions
.
Il faut prendre garde que la revalorisation de l'allocation ne devienne pas
un palliatif commode, mais coûteux, à la faiblesse du disposition
d'insertion.
B. L'ACTION RELATIVE AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL APPELLE DES OBSERVATIONS CONCERNANT LES RAPATRIÉS ET LA FORMATION DES PROFESSIONS SOCIALES
L'agrégat relatif au développement social représente 44,7 milliards de francs. Il comprend essentiellement l'action relative aux handicapés qui est largement développée au II infra . Il est composé également de secteurs d'actions hétérogènes (objecteurs de conscience, droits des femmes, professions sociales, aide sociale). Deux domaines ont appelé l'attention de votre rapporteur.
1. Les crédits relatifs aux rapatriés n'envisagent pas la révision de l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970
S'agissant des rapatriés, les crédits inscrits au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité, soit 100 millions de francs, ne représentent qu'une fraction des crédits prévus en faveur des rapatriés et inscrits sur les budgets de différents ministères qui s'élèvent au total à 1,66 milliard de francs dans le présent budget.
Crédits relatifs aux rapatriés dans le projet de loi de finances pour 2000
(en millions de francs)
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Economie, Finances et Industrie |
|
|
I - (Charges communes) |
412.02 |
221,60 |
II - Services financiers |
25,00 |
24,00 |
III - Industrie |
177,12 |
|
Emploi solidarité et ville |
|
|
II - Santé solidarité, ville |
135,00 |
130,00 |
Anciens combattants |
6,20 |
56,20 |
Affaires étrangères et coopération |
0,04 |
0,04 |
Equipement, transports et logement |
748,10 |
712,37 |
Agriculture et pêche |
60,00 |
156,76 |
Total |
1.657,48 |
1.373,97 |
a) La baisse des crédits relatifs aux rapatriés
Tout
d'abord, la baisse de 17 % de l'ensemble des crédits
budgétaires relatifs à une cause largement mécanique.
D'une part, le dispositif d'indemnisation des rapatriés, relancé
par la loi du 16 juillet 1987 et financé sur le budget des charges
communes, arrive maintenant à son terme ; d'autre part, le
dispositif de contribution de l'Etat pour la garantie des retraites
afférentes à certaines périodes d'activité des
rapatriés dans le pays où ils ont résidé,
enregistre dorénavant une diminution du nombre de
bénéficiaires.
En revanche, votre rapporteur souligne que la baisse des crédits
d'action sociale inscrits au budget du ministère de l'emploi et de la
solidarité semble procéder, si l'on peut dire, d'une
démarche plus volontariste.
La réponse au questionnaire budgétaire transmise à votre
rapporteur débute ainsi :
" Le Gouvernement entend poursuivre la politique générale
en faveur des rapatriés et en rectifiant certaines anomalies ou
insuffisances qui existent dans les textes en vigueur.
" Le projet de loi de finances pour 2000 pour lequel 100 millions de
francs ont été inscrits sur le chapitre 46-31 nouveau traduit
cette volonté "
.
Cette réponse ne manque pas d'intérêt, ni de sel, dans la
mesure où le chapitre " nouveau " ainsi mis en avant
procède en fait d'un transfert interne de crédits auparavant
regroupés au chapitre 46-03, lequel faisait apparaître en
1998 un montant de crédit de ... 135 millions de francs !
De fait, le transfert interne est bien accompagné d'une mesure nouvelle
négative, dite d'ajustement, d'un montant de 35 millions de francs.
Les autres mesures annoncées dans la réponse portent sur les
points suivants :
- mise en place de "
cellules pour l'emploi
" dans
30 départements d'ici 2000 ;
- objectifs particuliers en matière d'embauche sur les
emplois-jeunes ;
- résorption du site du Mas-Thibert près d'Arles en
facilitant l'accession à la propriété des logements ;
- versement d'une rente viagère annuelle aux anciens
supplétifs ;
- possibilité pour les harkis venus d'Allemagne à la suite
des forces françaises et y résidant encore, de pouvoir
bénéficier des aides au logement (accession et
amélioration) ;
- prorogation jusqu'au 31 décembre 2000 des mesures
prévues pour les harkis et leurs familles.
b) La question de la réparation de l'injustice causée par l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970
Les
associations de rapatriés font valoir le caractère injuste de la
situation faite aux rapatriés réinstallés qui ont
bénéficié d'une indemnisation de leurs biens au titre de
l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970. En effet, leur
indemnisation a été réduite, avant paiement des
annuités, par le remboursement d'office des prêts de
réinstallation qu'ils avaient dû contracter à leur
arrivée en métropole.
Or, diverses mesures sont intervenues par la suite afin d'autoriser la
liquidation des dettes non remboursées en faveur de certaines
catégories de rapatriés.
Ainsi, la loi du 30 décembre 1986 a-t-elle prévu
l'effacement des dettes (capital et intérêts) des rapatriés
réinstallés dans une profession non salarié, non
propriétaires de biens en outre-mer.
Par ailleurs, la loi du 16 juillet 1987 a permis aux rapatriés
réinstallés, propriétaires de biens en outre-mer, de
bénéficier également d'une indemnisation complète
sans déduction des prêts de réinstallation.
Le 27 octobre 1998, Mme Martine Aubry avait précisé
à l'Assemblée nationale que
" le Gouvernement
était très sensible à cette question et à cette
iniquité et qu'il travaillait à la révision de
l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970 "
.
Votre rapporteur constate que le dossier n'a plus eu de suite à ce
jour, laissant les personnes concernées dans un sentiment d'attente.
2. Les organismes de formation des travailleurs sociaux
Bien
qu'ils soient intégrés à l'action
" développement social ", les crédits de la formation
des travailleurs sociaux participe évidemment de la lutte contre
l'exclusion : l'intervention des travailleurs sociaux est parfois
déterminante pour éviter à des personnes en
difficulté de basculer dans l'exclusion.
Sur les 304 établissements de formation de travailleurs sociaux
(EFTS) préparant à l'ensemble des certificats et diplômes
d'Etat de niveau V à II, près de 150 seulement préparent
aux formations dites " initiales " (assistant de service social,
éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants,
éducateur technique spécialisé, conseiller en
économie sociale et familiale, moniteur éducateur) ; parmi
ceux-ci, 31 ont un statut de droit public sous forme d'établissements
publics, soit 19,62 %. Les autres centres ont un statut privé
d'association régie par la loi de 1901 ou de 1908.
95 établissements sont subventionnés au total par le
ministère.
Les 31 établissements publics recouvrent des lycées publics (20),
des instituts universitaires technologiques (3), des universités (1),
des hôpitaux (4) ainsi que des services ou établissements publics
rattachés à des conseils généraux ou à
l'Etat (3).
Les travailleurs sociaux, dont les employeurs, les professions et les niveaux
de qualification sont divers, représentent environ
440.000 personnes. Actuellement, 31.000 étudiants environ sont en
formation.
Nombre de diplômes de travailleurs sociaux délivrés en 1997
|
Nombre |
Evolution 97/96 |
Assistant de service social |
1.734 |
7 % |
Conseiller en économie sociale familiale |
642 |
6 % |
Éducateur spécialisé |
2.321 |
- 3 % |
Éducateur de jeunes enfants |
947 |
- 2 % |
Éducateur technique spécialisé |
319 |
23 % |
Moniteur éducateur |
1.516 |
4 % |
Aide médico-psychologique |
2.401 |
7 % |
Travailleuse familiale |
163 |
- 3 % |
Aide à domicile (CAFAD) |
2.539 |
17 % |
Total |
12.582 |
5 % |
Source : ministère de l'Emploi et de la
Solidarité
Votre rapporteur souligne le rôle important joué par
les
conseillères en économie sociale familiale
qui jouent un
rôle déterminant pour apprendre à des mères de
famille comment mieux gérer le budget familial et effectuer les
démarches administratives indispensables.
a) Les mesures prises en 1999
L'année 1999 a été marquée par la
poursuite du travail de concertation sur les décrets d'application de
l'article 151 précité de la loi du 29 juillet
1998 ; en outre, le diplôme de "
technicien de
l'intervention sociale et familiale
" remplace celui de
"
travailleuse familiale
".
• L'article 151 de la
loi du 29 juillet 1998
a
clarifié et consolidé les fondements juridiques, administratifs
et financiers des centres de formation et a amélioré la
reconnaissance des droits des étudiants.
Cinq orientations ont été définies pour mettre en oeuvre
la loi contre les exclusions :
- L'élaboration des
schémas des formations sociales
au niveau national et régional : un arrêté du
11 mai 1999 et une circulaire de même date ont précisé
le cadre de l'élaboration du schéma national des formations
sociales et une circulaire a fixé celui des schémas
régionaux des formations sociales ;
- La détermination d'un
contrat-type pluriannuel
entre
l'Etat et les organismes responsables d'établissements de
formation : un projet de décret relatif au contrat et à
l'aide financière de l'Etat a été rédigé en
concertation avec les DRASS dans le cadre d'un groupe de travail qui s'est
réuni à quatre reprises de décembre 1998 à mai 1999.
Ce texte s'articule autour de quatre chapitres : le contrat-type, les
formateurs exerçant dans les établissements sous contrat, pris en
compte pour le calcul de l'aide financière ; le contrôle des
établissements sous contrat ; la détermination de l'aide
financière de l'Etat.
Cette aide prendra deux formes :
.
une subvention qui couvre les dépenses liées aux
charges de personnels formateurs en fonction du nombre de formateurs
nécessaires au regard des effectifs d'étudiants ;
.
un forfait national annuel par étudiant pour financer les
charges administratives et pédagogiques.
- L'accompagnement de la
déconcentration des
agréments
des organismes responsables d'établissements de
formation : pour mettre fin à la multiplicité des textes
relatifs aux agréments des établissements (plus de 50 textes
réglementaires), un projet de décret devrait établir des
conditions plus homogènes pour le début 2000.
- La fixation d'une
liste d'aptitude nationale des directeurs et
formateurs
, se substituant aux agréments jusqu'alors individuels. Un
projet de décret, s'appuyant sur un travail mené en
étroite collaboration avec le secteur professionnel prévu d'ici
la fin 1999, devrait permettre tant une simplification administrative qu'une
plus grande mobilité professionnelle.
- L'amélioration de la
situation financière des
étudiants en travail social
par l'attribution d'aides sous forme de
bourse d'Etat.
Par ailleurs, le programme de prévention et de lutte contre les
exclusions prévoit diverses réformes de la formation des
travailleuses familiales, des conseillers en économie sociale et
familiale, des assistants de service social et la formation préparant au
certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social
(CAFDES).
• Le décret n° 74-146 du 15 février 1974
relatif à la formation des travailleuses familiales a été
modifié par le
décret n° 99-779 du 9 septembre
1999 relatif à la formation et à l'emploi de technicien de
l'intervention sociale et familiale
.
La réforme, concertée avec les partenaires sociaux, vise à
adapter le contenu de la formation aux exigences nouvelles de la prise en
charge des publics bénéficiaires et à harmoniser son
organisation et son financement avec l'ensemble des formations de travailleurs
sociaux. Elle supprime la formation de travailleuse familiale et crée un
nouveau diplôme, celui de technicien de l'intervention sociale et
familiale.
En outre, elle modifie profondément le financement de la formation
jusqu'alors assuré à parité par le ministère de
l'emploi et de la solidarité et la CNAF. Désormais, à
compter de 2000, cette formation sera financée sur les crédits
affectés au fonctionnement des établissements de formation
préparant aux formations initiales. La formation de technicien de
l'intervention sociale et familiale rentre dans le droit commun des formations
en travail social.
Le financement de cette formation doit être assuré par un
redéploiement des crédits consacrés jusqu'alors aux
travailleuses familiales, ainsi que sur une partie des mesures nouvelles pour
2000.
Par ailleurs, les étudiants pourront bénéficier des aides
financières versées par l'Etat aux étudiants en travail
social.
b) La question de la formation des emplois-jeunes de l'éducation nationale
La
question de la formation et la professionnalisation des emplois-jeunes dans le
secteur social a donné lieu à la remise d'un rapport en juillet
1999 qui préconise de favoriser l'accès des
intéressés aux formations sociales par une prise en compte de
leur parcours professionnel.
Un accord-cadre a été signé en ce sens entre le
ministère de l'emploi et de la solidarité et le ministère
de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie le
23 juillet 1999.
Les emplois-jeunes embauchés se voient ainsi offrir une formation, sur
trois ans, au diplôme d'Etat d'éducateur de jeunes enfants qu'ils
peuvent suivre sur leurs périodes de service.
La formation de ces emplois-jeunes intervient en plus des quotas
d'étudiants prévus dans le cadre des filières classiques.
Le financement de ces formations est assuré par des conventions conclues
entre les DDASS et le ministère de l'éducation nationale :
cette dernière assure en principe les deux tiers de la coût de la
formation, le solde étant à la charge du ministère de
l'emploi et de la solidarité.
L'attention de votre rapporteur a été appelée sur le fait
que ces formations spécifiques ont été définies sur
la base de modules spécifiques basés sur 900 heures de
formation alors que la mise à niveau des intéressés, en
particulier lorsqu'ils n'ont pas atteint le niveau d'un diplôme
équivalant au baccalauréat, supposerait une formation de
1.290 heures au minimum selon les responsables d'établissements.
La formation ainsi délivrée aux emplois-jeunes est un
élément important pour leur permettre de s'insérer dans le
monde du travail à l'expiration de leur contrat : il serait
regrettable de prévoir une formation " à coût
réduit " qui risquerait de diminuer l'efficacité de la
mesure d'accompagnement à la formation.
c) L'évolution des crédits
Pour ce
qui concerne les dépenses de fonctionnement, les crédits relatifs
à la formation des professions sociales passent de 594,6 millions
de francs en 1999 à 615 millions de francs en 2000.
Ils sont abondés par des moyens nouveaux à hauteur de
20,39 millions de francs qui se décomposent :
- en une mesure d'ajustement de 8,7 millions de francs pour couvrir
l'évolution de la masse salariale des centres en 2000 ;
- et en une mesure nouvelle de 11,69 millions de francs
destinée à couvrir les augmentations des effectifs
d'étudiants.
L'ONFTS, entendue par votre rapporteur, s'inquiète sur deux points :
- tout d'abord, la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail représenterait un coût pour les EFTS estimé
à 6 % de la masse salariale : il semble que la mesure nouvelle
d'ajustement sur les salaires n'ait pas intégré de crédits
particuliers pour tenir compte des surcoûts éventuels ;
- par ailleurs, en plus de l'augmentation des effectifs
d'étudiants, la mesure nouvelle devrait tenir compte des surcoûts
imputables à la mise en oeuvre de la réforme des formations des
assistantes de service social et des techniciens de l'intervention sociale et
familiale ; si la réforme de certaines formations devait être
prise en charge sur les crédits relatifs à l'accueil de nouveaux
étudiants, il risque d'en résulter des dépenses
supplémentaires pour les établissements.
Le budget comprend également 77 millions de francs de
crédits, d'un montant inchangé, pour le financement des bourses
des étudiants en travail social. 4.097 étudiants ont
reçu une bourse scolaire au titre de l'année scolaire 1998-1999.
Le montant unitaire de la bourse est de 2.682 francs. Il devrait
être d'un même montant à la rentrée
1999-2000.
II. LA POLITIQUE EN FAVEUR DES HANDICAPÉS NE DOIT PLUS FAIRE L'ÉCONOMIE D'UNE RÉORGANISATION DES COTOREP
Avant de faire le point sur les projets du Gouvernement et de présenter les observations de votre commission, il est utile de rappeler les caractéristiques de la population handicapée ainsi que les principaux aspects des divers dispositifs mis en place en faveur des personnes handicapées.
A. L'IMPORTANCE DE LA POPULATION HANDICAPÉE
Plusieurs millions de personnes sont confrontées au handicap dans la société française ce qui soulève, d'une manière générale, la question de la prévention du handicap.
1. Une population nombreuse
L'estimation de la population des personnes handicapées
est
un exercice difficile car les chiffres disponibles varient en fonction de
l'appréciation subjective de la notion de handicap ou du choix des
critères objectifs retenus.
L'enquête décennale relative à la santé conduite par
l'INSEE en 1991 fait ressortir qu'en France,
5,5 millions de personnes
,
soit 9,7 % de la population, déclarent un handicap ou une
gêne dans la vie quotidienne. Toutefois, sur la base d'une
définition plus stricte ne retenant que les personnes se
déclarant handicapées, une enquête sur échantillon
réalisée en 1987 a fait ressortir le chiffre de
3,2 millions
de personnes
, soit environ 6 % de la population.
Une autre approche consiste à prendre en compte l'ensemble des
bénéficiaires des prestations prévues en faveur des
handicapés. Ainsi, la population des personnes handicapées dont
l'incapacité génère
un handicap
sévère
restreignant significativement leur autonomie et
affectant durablement ou définitivement leur vie scolaire, sociale et
professionnelle, est évaluée à
1,814 million de
personnes en 1991,
soit 3,4 % de la population.
Cette statistique est obtenue à partir de l'addition du nombre des
bénéficiaires de l'abattement spécial pour le calcul de
l'impôt sur le revenu (1,6 million de personnes), des titulaires de l'AAH
présentant donc un taux d'invalidité supérieur à
50 % (139.000 personnes), des enfants handicapés accueillis en
établissements ou services d'éducation spéciale (40.000
enfants estimés) et d'une fraction des titulaires d'une pension
d'invalidité importante de la sécurité sociale (55.000
personnes).
Les origines du handicap sont diverses. Par ordre décroissant, les
quatre principales causes d'un handicap sont : la maladie, la vieillesse,
l'accident et la naissance.
Les
origines des handicaps, gênes ou difficultés
chez les 18 ans
et plus
Origine |
Pourcentage |
Naissance |
10,2 |
Maladie |
38,3 |
Accident |
12,2 |
Vieillesse |
28,2 |
Autre |
11,1 |
Source enquête santé 1991
Ces données devraient connaître une actualisation : le
Centre
Technique national d'Etudes et de Recherches sur le Handicap et les
Inadaptations
(CTNERHI) procède à une enquête
statistique et prospective sur le thème " Handicap et
démographie ". En cours de réalisation, elle devrait
élaborer un outil de connaissances quantitatives et prospectives du
handicap, mobilisant les informations disponibles sur ce sujet et permettant
d'anticiper, pour décider des priorités dans la politique en
faveur des personnes handicapées.
Par ailleurs, le
Conseil national de l'Information statistique
(CNIS)
dans le cadre d'un groupe spécifique de réflexion " handicap
et dépendance " a préconisé le lancement, au cours
des trois prochaines années, d'une grande enquête, sous
l'égide de l'INSEE qui serait centrée sur les incapacités
et les dépendances à partir de l'observation, non plus des
déficiences, mais des situations réelles et de leurs
évolutions.
Par ailleurs, la première partie de l'enquête
" Handicap-Incapacité-Dépendance " a été
réalisée fin 1998 par l'INSEE auprès de 15.000 personnes.
Ces mêmes personnes seront à nouveau interrogées à
la fin de l'année 2000.
Cette enquête permettra d'estimer le nombre de personnes affectées
par des incapacités physiques ou mentales selon les grilles
habituellement utilisées telles que la grille AGGIR. Elle permettra
enfin de mieux appréhender le nombre de personnes handicapées qui
vivent à domicile. Elle apportera en outre des informations sur
l'entourage ou l'isolement des personnes, sur les aides formelles et
informelles dont elles bénéficient, mais aussi sur la formation,
l'emploi, les revenus et le logement des personnes handicapées.
La mise à disposition d'informations statistiques
plus
précises sur cette question
serait en effet utile en particulier pour
les départements concernés par cette question cruciale
.
Enfin, votre rapporteur souligne que les CDES et COTOREP représentent en
effet aujourd'hui des " mines " d'information potentielles encore mal
exploitées en raison de difficultés de fonctionnement
récurrentes. Le passage d'une informatisation de gestion à un
système d'information sur le handicap permettra de mieux connaître
la population handicapée. L'effort engagé par l'Etat doit
être particulièrement soutenu.
A l'évidence, l'ensemble de ces données statistiques montre
l'importance de la population handicapée en France, qui justifie
pleinement une politique globale mobilisant des moyens substantiels. Elle
révèle également l'utilité de la prévention
des accidents quelle que soit leur origine.
2. La prévention doit demeurer prioritaire
Les accidents de la circulation et de la vie domestique, de sports ou de loisirs sont impliqués dans 6,8 % des handicapés ou gênes (soit 370.000 des 5,5 millions de personnes souffrant de handicaps ou gênes vivant à domicile) et environ 11 % des handicaps au sens strict du terme (soit environ 380.000 des 3,5 millions de personnes handicapées gravement vivant à domicile ou en institution).
Les accidents dans les origines du handicap
|
INSEE 1 |
CTNERHI |
CTNERHI |
|
|
|
Saône-et-Loire 2 |
Paris 3 |
|
|
1991 |
1990 |
1994 |
1995 |
Tous accidents dont : |
11,8 % |
17,5 % |
21,6 % |
21,5 % |
travail (trajet exclu) |
5,0 % |
- |
7,4 % |
|
travail (trajet inclus) |
|
- |
9,7 % |
|
circulation |
3,9 % |
- |
6,5 % |
8,0 % |
sport ou loisirs |
1,0 % |
- |
2,0 % |
4,6 % |
vie domestique |
1,9 % |
- |
0,8 % |
0,9 % |
|
|
- |
|
|
Autres |
- |
- |
1,5 % |
4,2 % |
Non réponse |
|
|
3,4 % |
2,7 % |
Total accidents hors travail |
6,8 % |
- |
10,8 % |
10,8 % |
Sources :
1) Enquête réalisée par l'INSEE en 1991 auprès
d'un échantillon de 8.235 ménages, soit 21.597 individus
représentatifs de la population nationale des ménages ordinaires.
(Définition large du handicap : handicap ou quelques gênes dans la
vie quotidienne).
2) Enquête du CTNERHI précité
3) Enquête du CTNERHI et de la DASES précités.
Comme votre rapporteur l'a déjà souligné,
la politique
de prévention peut jouer un rôle essentiel pour sauver des vies et
des existences, économiser des crédits et ainsi augmenter les
concours aux actions des personnes handicapées.
Les réponses au questionnaire budgétaire sont éclairantes
à cet égard : la consommation médicale annuelle des
personnes victimes d'un handicap dû à un accident (hors accidents
du travail) s'élève à 10,4 milliards de francs. Le CTNERHT
évalue à 5,5 % le pourcentage des déficiences dues
aux accidents de la route : selon la sécurité
routière, le coût des accidents corporels est estimé en
1996 à 58 milliards de francs.
Coût de l'insécurité routière en 1996
Accidents corporels |
Tués |
Blessés graves |
Blessés légers |
Total coûts unitaires 1990 (1) |
3.258.400 |
338.700 |
72.400 |
Actualisation en 1996 (1) |
3.834.000 |
394.840 |
83.940 |
Population concernée en 1996 |
8.541 |
35.743 |
133.913 |
(1) (en millions de francs
)
Source : Revue de la sécurité routière
Votre rapporteur ne peut que mettre à nouveau l'accent sur le
renforcement des politiques de prévention, notamment en matière
d'accidents du travail, d'accidents de la circulation et des difficultés
survenues lors des accouchements.
3. La question cruciale du renforcement de l'accessibilité
Abordant les problèmes que rencontrent les handicapés au quotidien, votre rapporteur tenait à évoquer la question du renforcement de l'accessibilité des bâtiments publics et privés, de la voirie et des transports publics, même si les conséquences budgétaires dépassent largement le périmètre du présent rapport.
a) L'excessive focalisation du débat sur la question du transport aérien
Au cours
de l'été 1999, la compagnie Air France a fait l'objet de diverses
critiques dans les médias en raison de décisions prises à
l'encontre de passagers handicapés, notamment le refus d'embarquement
d'un adulte trisomique non accompagné.
Votre rapporteur a donc tenu à entendre des représentants de la
compagnie Air France pour faire le point sur la situation et les mesures
envisageables.
Il a été rappelé qu'Air France assurait en moyenne chaque
année le transport de
3 millions de passagers
nécessitant une aide ou ayant besoin d'une assistance.
Les demandes les plus nombreuses concernent les passagers ayant besoin de
chaises roulantes pour se déplacer à l'intérieur des
aérogares, accéder aux avions ou emprunter les circuits de
correspondance. Ces chaises sont mises gracieusement à disposition
dès que le passager en exprime la demande auprès d'un agent d'Air
France, et il est alors pris en charge jusqu'à son arrivée
à destination. A titre de référence, les interventions
réalisées en métropole à propos des demandes de
chaises roulantes et civières sur les principales escales auront
représentées 211.500 demandes en 1998, soit pour les seuls
aéroports de Charles-de-Gaulle et Orly
plus de 500 demandes par
jour
.
Les passagers malades, ou ne pouvant voyager assis, peuvent être
transportés sur civières : la totalité de la flotte
est ainsi équipée de fauteuils dont les dossiers rabattables
permettent cette installation.
Les aveugles ou malvoyants, les sourds ou malentendants, les passagers
handicapés physiques ou mentaux, les passagers nécessitant de
l'oxygène supplémentaire pendant le vol, peuvent
bénéficier d'attentions particulières et adaptées
pendant tout le voyage (pré-embarquement, installation à bord,
service, post-embarquement).
On rappellera en outre que dans le cadre de la politique européenne de
lutte contre les maladies rares, Air France s'est associé avec l'INSERM,
qui gère la banque de données spécifiques
Orphanet
,
en liaison avec l'UNAPEI, afin d'ouvrir la possibilité aux enfants
atteints de maladie rare, de se rendre avec leur famille, sur le lieu de
consultation hospitalière pour le diagnostic ou le traitement dont ils
ont besoin, y compris à l'étranger.
La mise en oeuvre de ces dispositifs nécessitent une information
préalable dans des délais acceptables de la compagnie.
Conformément aux normes internationales, celle-ci demande le cas
échéant la présence d'un accompagnement pour des raisons
médicales.
Les conditions d'acceptation de tous les clients sont fixées par des
autorités aériennes internationales. L'avion, en effet, est un
mode de transport particulier, pour lequel
des règles strictes
liées à la sécurité des personnes doivent
être observées et appliquées
. On connaît les
conséquences graves que peuvent avoir des incidents au cours d'un vol.
Ainsi, les passagers nécessitant une aide doivent-ils être
installés sur des sièges spécifiques, dont l'accès
est facilité par leur position en cabine, ou dont les accoudoirs sont
relevables, à proximité des issues pour faciliter une
éventuelle évacuation. L'ensemble des personnels de la Compagnie
ont reçu dans leur formation de base des consignes précises sur
la manière d'appréhender ces passagers handicapés, et sur
la façon de répondre à leurs attentes.
S'agissant des personnes handicapées mentales, la réglementation
intérieure de la compagnie prévoit des dispositions
spécifiques. Lorsque celles-ci sont accompagnées, elles peuvent
évidemment voyager sur Air France sans qu'aucune procédure
particulière ne leur soit imposée. Lorsqu'elles voyagent seules,
en revanche, elles doivent le faire avec l'accord d'un médecin,
attestant de leur capacité à voyager sans être
accompagnées. Il s'agit d'une procédure en principe simple, qui
met en relation le médecin traitant de la personne et le service
médical d'Air France dans le strict respect du secret médical.
Loin d'introduire une quelconque discrimination à l'égard des
handicapés, elle s'applique aussi aux personnes venant de subir une
intervention chirurgicale et aux femmes enceintes ayant atteint le
neuvième mois de grossesse.
La question est sans doute moins celle d'un manque d'accessibilité
que celle d'un formalisme parfois un peu lourd et sans doute mal vécu
par les personnes concernées.
Il a été indiqué à votre rapporteur qu'il
était envisagé de consentir des
tarifs spéciaux
pour les accompagnateurs de passagers handicapés mentaux, et de
restreindre les formalités pour les passagers dont le handicap physique
est mineur ou stabilisé et voyageant fréquemment.
Votre rapporteur partage le sentiment exprimé par M. Jean Cyril
Spinetta, président d'Air France
8(
*
)
: "
accueillir les handicapés
n'est pas nier leur handicap. C'est s'assurer à chaque instant, dans
toutes les circonstances de la vie quotidienne, que la revendication
légitime d'un traitement non différencié ne s'exerce pas
à leur détriment
".
Sur ce point, l'essentiel reste à faire dans la vie quotidienne des
handicapés dans leurs déplacements quotidiens.
b) Intensifier les mesures en faveur de l'accessibilité
Comme le
souligne l'Association des Paralysés de France (APF) que votre
rapporteur a reçue, les cheminements publics impraticables, les
accès infranchissables et les équipements inutilisables
représentent des difficultés quotidiennes pour les personnes
handicapées et constituent un frein redoutable pour leur
intégration scolaire, professionnelle culturelle et sociale
9(
*
)
.
Le ministère de l'emploi et de la solidarité souligne que
l'accessibilité est une exigence alors que le nombre de personnes
à mobilité ou à perception réduite augmente, que
les handicaps s'aggravent et que
" l'aspiration à vivre chez
soi, sans y être confiné, s'affirme ".
Les décrets d'application de
la loi n° 91-663 du 13 juillet 1991
portant diverses mesures destinées à favoriser
l'accessibilité aux personnes handicapées des locaux
d'habitation, des lieux de travail et des installations recevant du public,
votée à l'unanimité par le Parlement, sont aujourd'hui
publiés.
Dorénavant, le dossier de demande d'autorisation de travaux ou de permis
de construire relatif à des bâtiments d'habitations collectifs
neufs et à des lieux de travail auxquels s'appliquent les règles
d'accessibilité, doit être accompagné d'un engagement du
demandeur et d'une notice technique décrivant les moyens mis en oeuvre
pour respecter les règles d'accessibilité. A défaut de ces
deux documents, la demande de permis ne peut être instruite.
S'agissant du domaine public, une circulaire du Premier ministre aux membres du
Gouvernement et aux préfets en date du 29 janvier 1996,
complétant celle en date du 27 mai 1994, a mis en place effectivement le
Fonds interministériel pour l'accessibilité aux personnes
handicapées
des bâtiments anciens ouverts au public
appartenant à l'Etat.
Placée sous l'égide de la
Commission interministérielle
de la politique immobilière de l'Etat,
ce Fonds, financé sur
le budget des charges communes, permet de compléter les efforts de
chaque ministère en cofinançant les travaux
d'accessibilité des bâtiments.
Au titre des cinq dernières années, près de 400 dossiers
recevables ont ainsi été étudiés.
Ainsi, 142 bâtiments anciens appartenant à l'Etat et ouverts au
public dont 27 au titre de l'année 1998 ont
bénéficié d'un cofinancement du fonds pour un total de
crédit de 31 millions de francs. Pour 1999, 8 millions de francs seront
consacrés au cofinancement d'une trentaine d'opérations.
La dotation de l'article 40 du chapitre 57-05 du budget des charges communes
est fixée à 8 millions de francs en autorisations de
programme et en crédits de paiement dans le projet de loi de finances
pour 2000.
La dotation du fonds pour l'accessibilité demeure encore trop
modeste
. Si les contraintes légales s'appliquent, en principe, aux
bâtiments nouveaux, le travail à réaliser sur la voirie
existante ou les bâtiments publics anciens reste considérable.
Les communes moyennes ou petites souffrent d'un manque de moyens pour
répondre à l'ensemble des besoins. Le fonds peut apporter un
complément de financement utile.
Enfin, tout effort budgétaire devra être accompagné
d'un
travail de sensibilisation en amont
. Comme le fait remarquer M. Paul
Boulinier, président de l'APF, les architectes, les urbanistes, les
conducteurs de travaux sont, au cours de leurs études, insuffisamment
formés aux difficultés des handicapés moteurs.
B. LES INSTRUMENTS DE L'ACTION EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
1. Les crédits budgétaires consacrés aux personnes handicapés
Les
crédits budgétaires consacrés aux personnes
handicapées sont principalement situés dans le fascicule
consacré à la solidarité et à la santé au
sein de l'agrégat relatif au "
développement
social
".
Cet agrégat est au demeurant plus large que la seule question des
handicapés puisqu'il est composé d'une quinzaine de chapitres aux
sujets très divers (objection de conscience, droits des femmes,
professions sociales, etc.).
Crédits consacrés à la politique en faveur des adultes handicapés de 1996 à 2000
(en millions de francs)
Dépenses |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
PLF 2000 |
Garantie de ressources des travailleurs handicapés |
4 783,72 |
4 909,60 |
5 036,80 |
5 199,50 |
5 385,70 |
Chap. 44-71 article 40 |
|
|
|
|
|
Financement des tutelles aux incapables majeurs |
370,00 |
435,50 |
515,00 |
571,50 |
600,00 |
Chap.
46-23 article 60
|
|
|
|
|
|
Allocations et prestations diverses en faveur des personnes handicapées |
49,20 |
43,20 |
40,30 |
40,20 |
36,00 |
Chap.
46-23 article 70
|
|
|
|
|
|
Financement du fonctionnement des centres d'aide par le travail |
5 590,20 |
5 844,80 |
6 039,50 |
6 263,50 |
6 476,90 |
Chap.
46-23 article 10
|
|
|
|
|
|
Financement des ateliers protégés |
149,65 |
143,50 |
145,30 |
155,05 |
160,00 |
Chapitre 44-71 article 30 |
|
|
|
|
|
Dépenses d'aide sociale : total des dépenses d'aide sociale en faveur des personnes handicapées |
0,10 |
107,80 |
108,00 |
112,40 |
112,40 |
Chap.
46-23 article 90
|
|
|
|
|
|
Dépenses d'allocations aux adultes handicapés |
20 764,00 |
22 260,00 |
23 389,00 |
24 769,00 |
25 550,00 |
Chap.
46-92
|
|
|
|
|
|
Crédits déconcentrés d'action sociale en faveur des personnes handicapées |
19,90 |
17,85 |
17,85 |
16,85 |
16,85 |
Chap.
47-21 article 30
|
|
|
|
|
|
Crédits concentrés d'action sociale en faveur des personnes âgés et des personnes handicapées |
137,60 |
132,80 |
130,20 |
129,00 |
144,00 |
Chap.
47-21 article 50
|
|
|
|
|
|
Subvention d'équipement social - Établissements pour enfants et adultes handicapés |
85,00 |
56,20 |
46,50 |
0 |
10,00 |
Chap. 66-20 article 10 (AP) |
|
|
|
|
|
TOTAUX |
31 949,35 |
33 951,20 |
35 468,50 |
37 257,00 |
38 491,90 |
(1)
La garantie de ressources prise en charge par le budget de l'Etat correspond
aux travailleurs employés en CAT ou en ateliers protégés ;
l'AGEFIPH assure le financement de la garantie de ressources en milieu
ordinaire.
* Nouvelle nomenclature budgétaire LFI 2000.
L'enveloppe des crédits inscrits au budget de l'Etat ne correspond pas
à l'ensemble des dépenses en faveur des travailleurs
handicapés : il faudrait, pour être exhaustif, tenir compte
des sommes engagées par l'Association de gestion du fonds pour
l'insertion professionnelle des handicapés (AGEFIPH) pour l'insertion
des travailleurs handicapés ou encore le coût du financement des
institutions de soins ou d'hébergement pris en charge respectivement par
la sécurité sociale et par les départements.
Une annexe
spécifique
(jaune budgétaire)
qui
récapitulerait l'ensemble des moyens consacrés à
l'intégration des personnes handicapées serait un instrument
utile à cet égard
.
2. La garantie d'un minimum de ressources : l'allocation aux adultes handicapés (AAH)
L'allocation aux adultes handicapés (AAH), prestation
non
contributive, soumise à condition de ressources, est un minimum social
garanti par la collectivité nationale à toute personne reconnue
handicapée par la
commission technique d'orientation et de
reclassement professionnel
(COTOREP). L'allocataire doit justifier d'un
taux d'incapacité permanente d'au moins 80 %. En application de
l'article 95 de la loi de finances pour 1994, l'AAH est également
versée aux personnes handicapées qui sont, en raison de leur
handicap, dans l'incapacité de se procurer un emploi et qui justifient
d'un taux minimal d'incapacité de 50 % et inférieur à 80 %.
L'AAH n'est pas encadrée par des critères de revalorisation
propres, mais évolue, aux termes de l'article D. 821-3 du code de la
sécurité sociale, comme le minimum vieillesse. Ainsi, au
1
er
janvier 1999, le montant de l'AAH a été
porté à
3.540,41 francs
, soit une revalorisation de
2 % supérieure à la hausse des prix. Les ressources
personnelles du titulaire de l'AAH ne doivent pas dépasser
42.658 francs par an (3.555 francs par mois) s'il s'agit d'une
personne seule et 85.316 francs par an (7.109 francs par mois) s'il s'agit
d'un couple marié.
Il existe également une allocation dite " complément
d'AAH " versée aux personnes handicapées à plus de 80
% et vivant à leur domicile, afin de couvrir les dépenses
supplémentaires à engager pour les adaptations nécessaires
à une vie autonome. Le montant du complément d'AAH est de
566 francs par mois.
a) L'engagement financier
L'AAH et
son complément représentent un engagement de
25,55 milliards de francs
pour le ministère de l'emploi et
de la solidarité dans le projet de budget pour 2000. Les mêmes
crédits s'élevaient à 24,77 milliards de francs en
1999, soit une
progression significative de 781 millions de francs.
Selon les informations transmises à votre rapporteur, cette augmentation
prend en compte :
- une revalorisation de l'allocation égale à 0,8 % au
1
er
janvier 2000 ;
- un effet volume de 2,95 % intégrant notamment l'effet de la
poursuite de la mesure adoptée dans la loi de finances pour 1999 et
visant à la reconnaissance automatique de l'inaptitude au travail des
titulaires de l'AAH âgés de plus de 60 ans.
Votre rapporteur reviendra dans la section relative aux observations de la
commission, sur l'évolution forte de l'AAH au cours de ces
dernières années et le rôle des COTOREP.
A ce stade, il convient néanmoins de rappeler la discrimination à
l'égard des travailleurs handicapés résultant de l'article
134 de la loi de finances pour 1999.
b) La discrimination de l'article 134 de la loi de finances pour 1999
Pour les
personnes bénéficiant de l'AAH au titre de l'article L. 821-2 du
code de la sécurité sociale, c'est-à-dire celles dont le
taux d'incapacité permanente est compris entre 50 % et 80 % et
qui sont en outre dans l'impossibilité, reconnue par la COTOREP, de se
procurer un emploi, l'article 134 précité institue une
reconnaissance automatique de l'inaptitude au travail à l'âge de
60 ans.
Les personnes concernées doivent donc, à cet âge, demander
le calcul de leur pension de vieillesse, le corollaire est pour les
bénéficiaires de l'AAH la fin du versement de l'AAH à
l'âge de 60 ans.
Il convient de rappeler que la Haute Assemblée avait supprimé cet
article au cours de la discussion du projet de loi de finances de
l'année dernière mais qu'elle n'avait pas été
suivie par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture.
L'article 134 concerne également les personnes handicapées dont
le taux d'incapacité est au moins égal à 80 %.
Toutefois, pour ces dernières, une AAH différentielle peut
être versée pour éviter toute baisse de revenus dans
l'hypothèse ou la pension de vieillesse est insuffisante, notamment si
elle n'est pas liquidée à taux plein.
Depuis cette date, la disposition a été mise en oeuvre par la
circulaire DSS 4C n° 99/290 du 20 mai 1999.
Un point positif a été obtenu dans la mesure où, dans une
réponse à une question écrite
10(
*
)
, le ministère a précisé que
l'article 134 n'avait pas pour objet d'empêcher les personnes travaillant
en centres d'aides par le travail (CAT) de poursuivre leur activité
au-delà de leur soixantième anniversaire si elles ne souhaitent
pas, à cet âge, user de la faculté qui leur est
donnée de percevoir un avantage de retraite pour inaptitude au travail.
Tel peut notamment être le cas des personnes qui, grâce à la
garantie de ressources assurée aux travailleurs handicapés,
perçoivent, en continuant leur activité en CAT, un revenu
supérieur à celui que leur procurerait la perception d'un
avantage de vieillesse. La liquidation de la pension de retraite interviendra
alors au moment de la cessation définitive de l'activité en CAT.
Il reste que, comme le souligne l'UNAPEI, la mise en place de la notion
d'inaptitude au travail pour les travailleurs handicapés à
compter de 60 ans, est perçue comme une mesure discriminatoire par
ces derniers.
3. L'accueil des handicapés adultes dans des structures adaptées
Ces
établissements doivent être mentionnés ici en rappelant que
leur financement est assuré, non par le budget de l'Etat, mais par
l'assurance maladie, lorsque des soins sont assurés, ou par l'aide
sociale départementale lorsque l'établissement a seulement une
vocation d'hébergement.
Le dispositif d'hébergement institutionnel des adultes handicapés
repose essentiellement sur l'hébergement en établissement et,
plus accessoirement, sur l'accueil familial.
Les modes d'hébergement institutionnel des adultes handicapés
|
Nombre de personnes |
% |
Foyer d'hébergement |
38.000 |
46,6 |
Foyer occupationnel |
22.100 |
27,1 |
Foyer à double tarification |
5.300 |
6,5 |
Maison d'accueil spécialisé |
10.300 |
12,6 |
Accueil familial |
5.800 |
7,1 |
Total |
81.500 |
100,0 |
Source : ministère de l'emploi et de la solidarité (enquêtes ES - estimations au 1 er janvier 1997 - et accueil familial).
Régime juridique et financier des différentes
catégories
d'établissements d'accueil des personnes
handicapées
Les
foyers d'hébergement pour travailleurs handicapés
assurent l'hébergement et l'entretien des travailleurs handicapés
exerçant une activité pendant la journée en centres d'aide
par le travail, en ateliers protégés ou en milieu ordinaire. Ils
peuvent être publics ou privés.
Une équipe composée de travailleurs sociaux assure l'encadrement
du soir et du week-end, des travailleurs hébergés au foyer. Les
prestations médicales sont assurées par des médecins
libéraux rémunérés à l'acte.
Les dépenses d'exploitation du foyer d'hébergement sont prises en
charge par l'aide sociale départementale sous forme de prix de
journée. Les travailleurs handicapés sont appelés à
contribuer à leurs frais d'hébergement et d'entretien.
Les foyers occupationnels ou foyers de vie
pour personnes
handicapées sont des établissements médico-sociaux
accueillant toute la journée des personnes qui ne sont pas en mesure de
travailler mais qui, disposant d'une certaine autonomie physique ou
intellectuelle, ne relèvent pas des maisons d'accueil
spécialisées (MAS). En général, les foyers de
" vie " sont ouverts toute l'année et peuvent offrir un
accueil à la journée ou à temps complet.
Une équipe composée, en majorité, de travailleurs sociaux
et éventuellement de personnel médical et paramédical
assure le fonctionnement de la structure.
Les dépenses d'exploitation des foyers de vie sont prises en charge par
l'aide sociale départementale
sous forme de prix de
journée.
Les foyers expérimentaux à double tarification pour adultes
lourdement handicapés (FDT)
sont destinés à
accueillir des personnes lourdement handicapées dont la
dépendance totale ou partielle, constatée par la COTOREP, les
rend inaptes à toute activité à caractère
professionnel, leur fait obligation de recourir à l'aide d'une tierce
personne pour la plupart des actes essentiels de l'existence, et
nécessite une surveillance médicale et des soins constants.
Les FDT sont financés par :
- les régimes d'assurance maladie, qui prennent en charge, de
manière forfaitaire, l'ensemble des dépenses afférentes
aux soins, personnels et matériels médicaux et
paramédicaux. Le montant maximum du forfait-soins a été
fixé primitivement à 250 francs, dans la limite de 45 %
du prix de journée global net. Pour 1998, son montant est de
362,77 francs ;
- l'aide sociale départementale, qui assume le coût de
l'hébergement et l'animation des établissements.
Les maisons d'accueil spécialisées (MAS)
sont des
établissements médico-sociaux recevant des adultes
handicapés qui ne peuvent effectuer seuls les actes essentiels de la vie
et dont l'état nécessite une surveillance médicale et des
soins constants.
Les soins constants, dont la personne admise dans une maison d'accueil
spécialisée a besoin, ne sont pas des thérapeutiques
actives ni des soins intensifs qui ne pourraient être dispensés
que dans un établissement de soins.
Il s'agit essentiellement d'une surveillance médicale
régulière avec recours au médecin, en cas d'urgence, et de
la poursuite des traitements et des rééducations d'entretien, des
soins de maternage et de nursing requis par l'état des personnes
accueillies.
Compte tenu de la lourdeur du handicap, le taux d'encadrement dans ce type
d'établissement est de un pour un. Il comprend du personnel
médical et paramédical permettant d'assurer la surveillance
médicale, du personnel nécessaire pour les aides et les soins
quotidiens d'entretien et de rééducation ainsi que du personnel
d'animation pour les activités occupationnelles et d'éveil.
Les MAS sont financées à 100 % par les organismes de
sécurité sociale, et par le biais d'un prix de journée.
a) Les établissements d'hébergement
Le
dispositif des établissements sociaux ou médico-sociaux
accueillant des handicapés forme une sorte de
" constellation " à propos de laquelle l'encadré
précédent s'efforce de fournir quelques points de repères.
Par ailleurs, le nombre d'établissements et de places installées
au titre de l'hébergement des handicapés a augmenté au
cours de ces dernières années. L'effort a impliqué l'Etat
mais plus encore les départements.
|
Nombre de structures (au 1 er janvier) |
||||
|
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
1998 |
Foyers d'hébergement |
1.019 |
1.096 |
1.152 |
1.210 |
1.236 |
Foyers occupationnels |
472 |
606 |
718 |
831 |
892 |
Foyers à double tarification |
- |
61 |
102 |
149 |
191 |
Maisons d'accueil spécialisées |
164 |
190 |
208 |
249 |
297 |
|
Nombre de places installées (au 1 er janvier) |
||||
|
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
1998 |
Foyers d'hébergement |
32.816 |
35.005 |
36.589 |
38.607 |
39.497 |
Foyers occupationnels |
17.428 |
20.752 |
24.422 |
27.500 |
30.022 |
Foyers à double tarification |
- |
1.701 |
3.212 |
4.860 |
6.427 |
Maisons d'accueil spécialisées |
6.322 |
7.534 |
8.469 |
10.193 |
11.774 |
|
Nombre de personnes accueillies (au 1 er janvier) |
||||
|
1990 |
1992 |
1994 |
1996 |
1998 |
Foyers d'hébergement |
31.941 |
33.698 |
35.678 |
37.451 |
38.589 |
Foyers occupationnels |
17.073 |
20.464 |
23.939 |
27.024 |
29.533 |
Foyers à double tarification |
- |
1.653 |
3.219 |
4.740 |
6.325 |
Maisons d'accueil spécialisées |
6.205 |
7.529 |
8.346 |
10.093 |
11.618 |
Source : Enquêtes ES 1996 - Ministère de
l'emploi et
de la solidarité - SESI - ST7 - Février 1997 , actualisé
au 1
er
janvier 1998.
Champ : France entière
b) L'accueil familial
La loi n° 89-475 du 10 juillet 1989 relative à l'accueil des particuliers, à leur domicile, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées adultes a pour objectif de réglementer une forme d'accueil qui s'était développée de manière spontanée mais qui ne présentait pas toutes les garanties que réclamaient les personnes handicapées et leur famille. Aujourd'hui le dispositif de l'accueil familial, qui concerne également les personnes âgées, s'adresse à près de 6.000 adultes handicapés.
L'accueil familial d'adultes handicapés par des
particuliers,
à leur domicile et à titre onéreux
La loi
du 10 juillet 1989 organise l'accueil familial en instituant :
-
un agrément délivré aux particuliers par le
président du conseil général
: les particuliers
peuvent accueillir toute personne âgées ou adulte handicapé
n'appartenant pas à leur famille, jusqu'au quatrième degré
inclus. C'est le président du conseil général qui instruit
les demandes d'agrément, délivre ou refuse l'agrément. Il
est d'autre part chargé d'organiser et d'assurer la formation des
personnes accueillantes, le suivi social et médico-social des accueillis
ainsi que le contrôle des personnes agréées. Enfin, il peut
retirer l'agrément pour des motifs précisés par la loi. Il
est à noter que l'agrément est donné à une personne
et on à une famille ;
-
un contrat obligatoire
est passé entre l'accueillant et
l'accueilli, qui doit être conforme à des contrats-types
élaborés par les conseils généraux.
Le président du conseil général apprécie le
respect des conditions suivantes :
- le nombre de personnes accueillies est limité à deux par
famille, l'agrément pouvant être mixte (accueil d'une personne
âgée et d'un adultes handicapé). Par dérogation
spéciale, ce nombre peut être porté à trois ;
- l'accueil doit être " à titre onéreux ",
les services offerts faisant l'objet d'une rétribution. Il doit avoir un
caractère permanent (non occasionnel) afin de présenter des
garanties suffisantes d'expérience et de sérieux ;
- le logement doit répondre aux normes minimales d'habitat et de
salubrité.
D'autres conditions sont nécessaires : superficie de la chambre
d'accueil, protection de la personne accueillie, continuité de
l'accueil, acceptation d'un suivi social et médico-social
régulier des personnes accueillies et de contrôles auprès
des personnes agréées.
L'accueil familial représente une formule souple qui permet, sous
réserve du respect des garanties essentielles, d'accueillir dans de
bonnes conditions des personnes handicapées qui ne
bénéficient pas de place en institution. Cette solution
mérite d'être développée.
c) Les mesures prévues dans le cadre de l'ONDAM
•
La poursuite du plan pluriannuel
Les dépenses des établissements sociaux et
médico-sociaux financés par la sécurité sociale
sont prises en charge dans le cadre de
l'objectif national des
dépenses d'assurance maladie
(ONDAM) du secteur social et
médico-social.
En 2000, 230 millions de francs devraient être dégagés
sur l'enveloppe sociale et médico-sociale, pour financer 1.100 places
supplémentaires au titre de la deuxième tranche du plan
pluriannuel de créations de places pour adultes lourdement
handicapés (1999-2003). Il s'agit de places en MAS et en FDT sans que
les objectifs du Gouvernement distinguent les deux catégories
d'établissements.
Si l'année 1999 était une année de préparation et
de mise en place méthodologique du plan, la période (2000-2002)
devrait être la phase centrale de sa mise en application.
La création de places joue un rôle important pour permettre le
placement de jeunes adultes maintenus en établissement
d'éducation spéciale au titre de l'amendement Creton sur lequel
votre rapporteur revient
infra
.
•
Le programme en faveur de la prise en charge de l'autisme
Votre commission est toujours particulièrement attentive au
problème douloureux de l'amélioration de la prise en charge des
enfants, adolescents et adultes autistes.
Il convient de rappeler en effet que c'est à la suite d'une proposition
de loi déposée par notre collègue M. Jacques Machet qu'a
été adoptée
la loi du 11 décembre 1996
modifiant la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et
médico-sociales et tendant à assurer une prise en charge
adaptée de l'autisme
qui a marqué un tournant dans la prise
de conscience des particularités du syndrome autistique et de
l'utilité d'une prise en charge pluridisciplinaire.
Au titre de l'année 1999,
82 millions de francs
de
crédits de l'assurance maladie ont été
réservés à la création de nouvelles structures
d'accueil pour les personnes autistes :
- 10 millions de francs ont été consacrés au
financement de quatre centres de ressources expérimentaux sur l'autisme
au sein des CHU de Brest, Tours, Reims et Montpellier. La vocation principale
de ces centres est d'apporter aux professionnels et aux familles une aide au
diagnostic précoce et de développer la recherche
opérationnelle sur l'autisme ;
- le solde de l'enveloppe aura permis de créer plus de 500 places
nouvelles de SESSAD, d'IME, de FDT et de MAS en faveur des autistes.
Au total, 1.748 places nouvelles adaptées aux personnes autistes auront
été financées de 1995 à 1999 au titre de
l'assurance maladie. S'ajoute à cet effort, la création en 1999,
sur les crédits de l'aide sociale de l'Etat, de 44 places de
centres d'aide par le travail dédiées aux adultes autistes.
Il a été indiqué à votre rapporteur que l'effort
entrepris serait poursuivi afin de parachever la réalisation des plans
régionaux sur l'autisme et de contribuer au renforcement des
capacités d'accueil.
4. L'accès à l'emploi des personnes handicapées
Comme
l'a souligné M. Christian Poncelet, président du Sénat,
lors de la journée débat sur l'intégration des
handicapés au Conseil économique et social, le 14 janvier 1999,
"
la capacité de la société à
intégrer les handicapés est en quelque sorte le meilleur test de
la solidarité nationale, de l'acceptation de la différence, de
l'efficacité des politiques publiques et de nos modes
d'organisation
".
La politique de l'emploi des personnes handicapées repose à la
fois sur l'obligation d'emploi qui est imposée aux employeurs publics et
privés, sur le concours apporté aux dispositifs d'insertion en
milieu ordinaire par l'AGEFIPH et sur le financement par l'Etat de places en
milieu protégé.
a) L'obligation d'emploi des travailleurs handicapés
La loi
n° 87-517 du 10 juillet 1987 fait obligation à tous les
établissements de plus de vingt salariés d'employer
l'équivalent de 6 % de travailleurs handicapés
(articles
L. 323-1 à L. 328-8 du code du travail).
En dehors de la solution de l'emploi direct, les entreprises peuvent conclure
et appliquer des accords d'entreprise ou de branche prévoyant des
programmes annuels ou pluriannuels d'embauche, d'insertion, de formation,
d'adaptation aux mutations technologiques ou de maintien dans l'entreprise en
cas de licenciements collectifs. L'entreprise peut également verser une
contribution volontaire à l'AGEFIPH pour chaque salarié
handicapé non employé. Elle peut également s'acquitter
partiellement de son obligation en passant avec les établissements de
travail protégé, des contrats de fournitures, de services et de
sous-traitance.
•
L'obligation d'emploi dans les entreprises
La
Direction de l'animation de la recherche, des études et des
statistiques
(DARES) du ministère de l'emploi et de la
solidarité a récemment fait connaître les statistiques
disponibles pour 1997
11(
*
)
.
Il apparaît tout d'abord que, depuis 1993,
le taux d'emploi direct de
travailleurs handicapés est marqué par une forte
stabilité
: il fluctue légèrement autour de
4 %.
Sur les 90.000 établissements assujettis à
l'obligation en 1997, qui emploient au total 7,1 millions de salariés,
220.000 salariés était handicapés. Cet effectif se situait
en légère baisse (0,5 %) par rapport à l'exercice
précédent.
Ce résultat peut néanmoins être apprécié de
manière positive dans la mesure où, comme le souligne la DARES
dans son étude, la comparaison du taux d'emploi direct au taux objectif
de 6 % est biaisé du fait d'une règle, inscrite dans la loi,
qui précise que le nombre de handicapés à employer est
égal à 6 % de l'effectif arrondi à l'entier
inférieur. De ce fait, par exemple, une entreprise de 33 salariés
doit employer un seul handicapé, soit un taux d'emploi direct de
3,3 %. Dans ces conditions, le taux d'emploi réellement visé
dans la loi est de 4,3 % en moyenne pour les entreprises de 20 à 49
salariés et de 5,4 % pour l'ensemble des établissements
assujettis.
Si on rapporte ce dernier taux au taux d'emploi direct observé,
4 %,
on constate alors que l'objectif est atteint à 74 %
, le
quart restant représentant la sous-traitance et les versements à
l'AGEFIPH.
Les travailleurs handicapés sont très majoritairement des
hommes
(75 %) nettement
plus âgés que les autres
salariés
puisque 72 à 74 % d'entre eux ont plus de 40 ans
(contre 40 % en moyenne dans les établissements concernés).
Ils occupent avant tout des emplois
d'ouvriers
(55 % de l'emploi
handicapé) souvent non qualifiés et le principal secteur
employeur reste
l'industrie
qui emploie 52 % des travailleurs
handicapés contre 39 % pour le tertiaire.
Il est à noter que les salariés reconnus par la COTOREP sont
dorénavant la catégorie de travailleurs handicapés la plus
importante (48 % de l'ensemble) devant les accidentés du travail
(40 %).
Par ailleurs, les travailleurs handicapés entrent dans les
catégories les plus vulnérables
sur le marché de
l'emploi.
•
L'obligation d'emploi dans le secteur public
Comme dans le secteur privé, les employeurs publics sont
également astreints à une obligation d'emploi des travailleurs
handicapés à hauteur de 6 % de leur effectif. Les
dernières statistiques communiquées à votre rapporteur
sont celles de l'année 1996.
S'agissant de la
fonction publique de l'Etat
, les résultats
étaient les moins satisfaisants en termes de pourcentage des
bénéficiaires par rapport aux effectifs, notamment dans le
secteur de l'éducation nationale
12(
*
)
.
En 1996, le nombre des bénéficiaires de la loi du 10 juillet 1987
était de 43.800 dont 1.603 équivalents emplois sur un total de
1.132.241 agents (données hors ministère chargé de
l'éducation nationale), soit un taux de
3,87 %.
Pour le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de
la technologie, les derniers résultats remontent à 1994. Ainsi,
en 1994, on comptait dans ce ministère 26.576
bénéficiaires sur 1.108.526 agents, soit un taux de
2,4 %.
En agrégeant globalement les données disponibles, le
taux
global
serait donc de
3,14 %,
soit une légère
régression par rapport aux résultats annoncés en 1995
(3,2 %) qui s'inscrivait en progression par rapport aux résultats
antérieurs de 1993 (2,9 %) et 1994 (3,15 %).
En 1995, des décisions avaient été prises pour
améliorer les résultats : tout d'abord, le recrutement des
travailleurs handicapés par la voie contractuelle avait
été étendu à toutes les catégories
statutaires
(décret n° 95-680 du 25 août 1995)
;
ensuite, un correspondant " handicap " a été
nommé dans chaque ministère afin de définir et de
coordonner la politique générale à mener au sein de
l'administration concernée en matière d'insertion des
handicapés ; enfin, une augmentation des aides techniques ainsi que des
actions de sensibilisation et d'information et de formation a été
prévue.
Pour 1999, il était prévu que le ministre chargé de la
fonction publique ouvre des négociations avec les organisations
syndicales sur ce sujet.
Votre rapporteur ne peut que souhaiter une
actualisation des
statistiques
de l'ensemble des ministères concernés par
l'obligation d'emploi
afin que l'action de l'administration puisse s'appuyer
sur des données fiables
.
S'agissant de la
fonction publique hospitalière,
le taux
d'obligation d'emploi -établi à partir d'un échantillon
représentatif de 140 établissements- est de
4,94 %
en
1996, soit 34.488 agents pour un effectif équivalent temps plein de
698.139 agents. Ce résultat se situe en deçà des
années précédentes (5,5 % en 1993, 5,69 % en
1994, 5,79 % en 1995).
Le taux moyen d'emploi, pour l'ensemble des
collectivités locales
qui ont répondu à l'enquête, soit 3.082, s'établit
pour 1995 à
4,6 %,
ce qui correspond à 30.170
bénéficiaires.
Comparé aux taux des années précédentes
(4,35 % en 1992, 4,90 % en 1993 et 5 % en 1994 et en 1995) et
même si leur détermination ne repose pas sur des bases identiques,
le taux d'emploi enregistré en 1996 fait apparaître
le maintien
à un bon niveau de l'action des collectivités locales
,
même si une stagnation est observée.
Les communes, les établissements publics communaux et intercommunaux qui
emploient les trois-quarts des agents territoriaux font le plus d'effort pour
recruter des travailleurs handicapés.
b) Le soutien par l'AGEFIPH de l'emploi en milieu ordinaire
Les
données disponibles dans le dernier rapport d'activité de
l'AGEFIPH pour l'exercice 1998 montre une
progression de 1,5 à
1,9 milliard de francs
du programme d'intervention ordinaire.
Cette progression est corrélée à l'augmentation du niveau
des ressources perçues auprès des entreprises qui ne satisfont
pas l'obligation d'embauche des travailleurs handicapés. Ces ressources
se sont élevées à 1,83 milliard de francs en 1998
contre 1,7 milliard de francs en 1997.
L'augmentation de la collecte ne traduit pas un refus d'embauche des
handicapés par les entreprises
: elle s'explique à
60 % par l'effet de la revalorisation de 4 % du SMIC, à
20 % par une augmentation des effectifs des entreprises de plus de 20
salariés et à 20 % par une légère baisse de
l'emploi de personnes handicapées dans les établissements ayant
déjà contribué l'année précédente.
L'AGEFIPH intervient à plusieurs niveaux en faveur de l'insertion des
handicapés dans le monde de l'entreprise :
• 63 % des dépenses de l'AGEFIPH, soit
1,2 milliard de francs environ en 1998 sont consacrés à
l'accès et au maintien dans l'emploi des personnes
handicapées
.
- L'AGEFIPH finance diverses aides directes à l'embauche dont la
prime à l'insertion
.
Cette prime prend la forme d'une subvention forfaitaire attribuée,
à la fois, à l'entreprise pour l'embauche d'une personne
handicapée et à la personne handicapée elle-même.
A compter du 1
er
octobre 1995, pour l'entreprise, la prime est d'un
montant de 10.000 francs, à l'acceptation du dossier complet et
conforme, puis une somme supplémentaire de 5.000 francs, est
allouée sur la présentation du bulletin de salaire du
12
ème
mois de travail effectif suivant l'embauche ayant
donné lieu au premier versement.
En cas de maintien dans l'emploi, à l'issue d'un contrat en alternance
ou d'un contrat d'apprentissage, l'employeur peut bénéficier
d'une prime de 5.000 francs, à l'acceptation d'un nouveau dossier
complet et conforme, répondant aux mêmes critères de
durée et d'éligibilité de contrats que pour le cas
général.
Pour la personne handicapée, la prime est de 10.000 francs à
l'acceptation du dossier complet et conforme. La prime pour la personne
handicapée n'est pas renouvelable.
- Des mesures sont également prévues pour faciliter
l'accès des jeunes handicapés aux
formations en alternance ou
à l'apprentissage
.
- Une subvention de 70.000 francs, dans la limite du coût total de
50 % du projet, est prévue en cas de création d'une
entreprise ou de démarrage d'une activité indépendante par
une personne handicapée.
- Par ailleurs, l'AGEFIPH participe, avec l'Etat et les conseils
généraux, au financement des
organismes de placement
spécifique
pour les personnes handicapées,
c'est-à-dire les 43
organismes d'insertion et de placement
(OIP)
et les 70
équipes de préparation et de suite du
reclassement
(EPSR).
Il est à noter qu'à compter de 1999 l'AGEFIPH a repris le
financement de 33 EPSR publiques jusqu'alors financées sur le budget de
l'Etat.
- Enfin, depuis la loi de finances pour 1997, l'AGEFIPH assume la
compensation du complément de rémunération -ainsi que des
cotisations afférentes- au titre de la
garantie de ressources en
milieu ordinaire de travail (GRTH).
L'employeur est autorisé à procéder à un abattement
de salaire lorsque la COTOREP constate une diminution notoire du rendement ou
reconnaît la nécessité d'un emploi de travail
protégé en milieu ordinaire.
Selon le rendement du travailleur handicapé, son salaire peut être
réduit dans la limite de 20 % du SMIC pour un abattement de salaire
simple, ou de 50 % dans le cas d'un emploi de travail
protégé. Indexée sur le SMIC, la garantie de ressources
comprend d'une part le salaire direct à la charge de l'employeur et,
d'autre part, un complément de rémunération
remboursé trimestriellement à l'employeur par l'AGEFIPH.
• L'AGEFIPH intervient à hauteur de 37 % de son budget
également dans
trois domaines supplémentaires
:
- la préparation des personnes handicapées à l'emploi
en aidant à leur
formation
: ce travail s'effectue avec
l'AFPA mais aussi avec les conseils régionaux, dans le cadre des
schémas régionaux de la formation des personnes
handicapées ;
- la
mobilisation
du monde économique et des salariés
par des actions d'information et de sensibilisation ;
- la prise en charge par des
aides spécifiques
les
problèmes particuliers que rencontrent les handicapés en
matière d'accessibilité aux lieux de travail,
d'aménagement du poste de travail de soutien et de suivi.
109.318 personnes ont bénéficié d'interventions de
l'AGEFIPH au cours de 1998, contre 88.223 en 1997, étant à noter
toutefois que certaines personnes ont pu bénéficier de plusieurs
actions différentes sur l'année de référence.
Engagements financiers de l'AGEFIPH
(en millions de francs)
|
Réalisation 1997 |
Réalisation 1998 |
Insertion ou maintien |
1.044 |
1.193 |
dont : |
|
|
• Primes à l'insertion |
516 |
587 |
• GRTH |
201 |
208 |
• EPSR et OIP |
147 |
177 |
• Création d'activité |
109 |
122 |
Sensibilisation |
65 |
87 |
Formation |
179 |
224 |
Aides spécifiques |
249 |
372 |
dont : |
|
|
• Aménagement des postes de travail |
100 |
149 |
Innovations |
15 |
26 |
Total |
1.522 |
1.902 |
Source : AGEFIPH
c) Le programme exceptionnel en faveur de l'emploi des handicapés
Dans son
avis de l'année dernière, votre rapporteur avait appelé de
ses voeux un nouvel effort en faveur de l'insertion des handicapés en
milieu ordinaire en soulignant qu'il était indispensable de ne pas
concentrer trop exclusivement l'effort public sur le nombre de places en milieu
protégé.
Le Gouvernement a choisi de mobiliser les excédents de l'AGEFIPH au
service d'un "
nouvel élan pour l'emploi des personnes
handicapées
", pour reprendre la terminologie de l'association
elle-même.
•
Une convention d'objectifs
entre l'Etat et le fonds pour
l'insertion professionnelle des personnes handicapées a donc
été signée le 9 décembre 1998.
Cette convention quinquennale retient trois objectifs :
- développer les dispositifs d'orientation, de formation et
d'accompagnement ;
- assurer une égalité de traitement dans l'ensemble des
régions ;
- évaluer la qualité et la complémentarité des
mesures mises en oeuvre.
Ces objectifs sont déclinés à travers
neuf actions
prioritaires
concernant respectivement, l'amélioration du taux
d'emploi de l'ensemble des entreprises assujetties et en particulier de celles
aujourd'hui les plus éloignées du taux légal ou qui ne
recrutent aucune personne handicapée, la mise en place de
différentes mesures d'orientation, de formation et d'accompagnement, le
rapprochement entre le milieu ordinaire et les établissements de travail
protégé et l'amélioration des instruments de connaissance
statistique.
L'Etat s'engage pour sa part à une mobilisation plus efficace des moyens
du service public de l'emploi, au travers du partenariat entre les
équipes de préparation et de suite du reclassement (EPSR), les
organismes d'insertion et de placement (OIP) et l'Agence nationale pour
l'emploi (ANPE) dans le cadre du PNAE.
• Cette complémentarité des interventions de
l'ensemble du service public de l'emploi, de l'AGEFIPH et des autres acteurs de
l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés s'élabore
dans le cadre des
programmes départementaux d'insertion des
travailleurs handicapés
(PDITH). En 1999, l'ensemble du territoire
sera doté d'un PDITH. Animés par les préfets de
département, ces programmes portent en particulier sur l'orientation, la
formation, le maintien dans l'emploi, le placement et l'accompagnement du
milieu protégé dans sa mission de préparation au milieu
ordinaire
13(
*
)
.
• Cette convention d'objectifs est assortie
d'un programme
exceptionnel de l'AGEFIPH
, d'une durée de trois ans, qui mobilisera
1,5 milliard de francs
sur la période qui viendront donc
s'ajouter aux dépenses ordinaires de l'AGEFIPH.
Ce programme vise prioritairement les chômeurs de longue durée et
les jeunes demandeurs d'emploi, à travers quatre grands domaines
d'intervention, pour :
- préparer et accompagner l'insertion des personnes
handicapés : il s'agit d'apporter à 90.000 chômeurs
handicapés supplémentaires respectivement au seuil du
6
ème
et du 12
ème
mois de chômage ou
chômeurs de très longue durée (au-delà de 24 mois)
et de participer au financement de 1.000 emplois-jeunes ;
- développer et moderniser les dispositifs d'orientation et de
formation professionnelle : le but est de développer la pratique
des bilans de compétence et de développer les dispositifs de
formation professionnelle (1.400 nouveaux apprentis et 2.400 contrats de
qualification adultes supplémentaires) ;
- sensibiliser les entreprises à l'emploi des personnes
handicapées ;
- expérimenter de nouvelles méthodes, de nouveaux
partenariats, des projets innovants : l'accent devrait être mis sur
l'intégration en entreprise des ressortissants des instituts
médico-professionnels (IMPRO), des centres de rééducation
professionnelle (CRP) des CAT et des ateliers protégés.
Ce dispositif semble effectivement appliqué : M. Jean-Louis
Ségura, directeur général de l'AGEFIPH a indiqué
que la dotation budgétaire au titre du programme exceptionnel
était de 415 millions de francs pour 1999 et qu'à la fin du mois
de septembre, le niveau de réalisation des engagements était de
140 millions de francs.
La démarche qui consiste à relancer l'insertion en milieu
ordinaire est tout à fait utile d'autant plus que le secteur
protégé ne peut répondre à l'ensemble des besoins
et qu'il devrait être " ciblé " plus nettement vers les
personnes handicapées les plus éloignées de l'emploi.
d) Le secteur protégé
Deux
types d'établissements, les centres d'aide par le travail (CAT) et les
ateliers protégés -financés respectivement par les
crédits de la solidarité et ceux de l'emploi-, permettent aux
personnes handicapées de travailler dans une structure
spécialisée.
•
Les centres d'aide par le travail (CAT)
Dans le cadre du plan pluriannuel de financement (1999-2003) prévu en
faveur des personnes handicapées, le Gouvernement a mis en place les
crédits budgétaires pour accroître de
2.000
unités
en 1999 le nombre de places de CAT.
On rappellera que les CAT sont des établissements publics ou
privés qui ont pour vocation d'offrir aux adultes handicapés qui
ne peuvent, momentanément ou durablement, travailler ni dans les
entreprises ordinaires, ni dans un atelier protégé ou pour le
compte d'un centre de distribution de travail à domicile, ni exercer une
activité professionnelle indépendante, des possibilités
d'activités diverses à caractère professionnel, un soutien
médico-social et éducatif et un milieu de vie favorisant leur
épanouissement personnel et leur intégration sociale.
Les centres sont créés sur autorisation du préfet,
donnée après avis du
comité régional de
l'organisation sanitaire et sociale (CROSS)
. Ils sont habilités par
le préfet à recevoir des bénéficiaires de l'aide
sociale de l'Etat dans le cadre d'une convention.
L'accès d'un handicapé à un CAT est subordonné
à trois conditions :
-
être orienté par la commission technique d'orientation
et de reclassement professionnel (COTOREP) ;
- être âgé de plus de vingt ans :
toutefois, les
centres d'aide par le travail peuvent également accueillir les personnes
handicapées dont l'âge est compris entre seize et vingt ans ;
dans ce cas, la décision de la commission technique est prise
après avis de la commission départementale de l'éducation
spéciale ;
-
avoir une capacité de travail inférieure à un
tiers de la normale :
toutefois, la commission technique peut orienter vers
des centres d'aide par le travail des personnes handicapées dont la
capacité de travail est supérieure ou égale au tiers de la
capacité normale, lorsque leur besoin de soutien ou leurs
difficultés d'intégration en milieu ordinaire de travail ou en
atelier protégé le justifient. Elle peut prononcer pour les
mêmes raisons le maintien en centre d'aide par le travail d'un
travailleur handicapé qui aura manifesté, au terme de la
période d'essai, une capacité de travail supérieure.
Les CAT font partie, avec les CHRS, des établissements sociaux et
médico-sociaux qui sont financés par
l'aide sociale
obligatoire de l'Etat,
et donc sur des crédits budgétaires.
Il existait 1.300 CAT environ offrant 91.811 places au 31 décembre 1998.
La dotation prévue pour 2000
(chapitre 46-31, article 40)
s'élève au total à
6,48 milliards de francs
et
fait l'objet d'une mesure nouvelle de 213,4 millions de francs qui
résulte pour partie de la création des 2.000 nouvelles
places (131 millions de francs, soit un coût unitaire de
65.500 francs par place) et pour partie d'un ajustement en fonction du
taux directeur d'évolution des dépenses (82,4 millions de
francs).
•
Les ateliers protégés
Il convient de rappeler que les
ateliers protégés
et les
centres de distribution de travail à domicile
(CDTD) constituent
des unités économiques de production dépendant
d'associations ou d'entreprises ordinaires. Ils mettent les travailleurs
handicapés à même d'exercer une activité
professionnelle salariée dans des conditions adaptées à
leurs possibilités. Ils doivent, en outre, favoriser la promotion des
travailleurs handicapés et leur accession à des emplois dans le
milieu ordinaire de travail.
Les ateliers protégés ne peuvent embaucher que les travailleurs
handicapés
dont la capacité de travail est au moins
égale au tiers de la capacité de travail d'un travailleur
valide.
Selon les nécessités de leur production, les ateliers
protégés peuvent embaucher des salariés valides dans la
limite de 20 % de leurs effectifs.
Au 31 décembre 1998, 16.095 travailleurs handicapés (effectif
réel) sont employés dans 515 ateliers protégés dont
16 centres de distribution de travail à domicile (CDTD) répartis
sur l'ensemble de la France.
Les crédits inscrits au titre des ateliers protégés
s'élèvent à
160 millions de francs
en 2000.
Une mesure nouvelle de création de 500 places est prévue
comme les années précédentes (
chapitre 44-71,
article 30
).
•
La garantie de ressources
Le mécanisme de la garantie de ressources (GRTH) met à la charge
de l'Etat un complément de rémunération, versé aux
travailleurs handicapés et leur permettant d'obtenir une
rémunération globale équivalente à celle d'un
travailleur valide.
Depuis 1997, comme on l'a vu, l'AGEFIPH assure le financement de la garantie de
ressources en milieu ordinaire, conformément à ses missions.
Le budget de l'Etat ne prend plus, pour sa part, directement à sa charge
que la garantie de ressources due aux travailleurs employés en CAT ou en
atelier protégé.
Les moyens mobilisés à ce titre s'élèvent à
5,4 milliards de francs en 2000
, soit une progression de 186
millions de francs sur 1999.
Cette évolution correspond à l'ajustement de la dotation ainsi
qu'à l'incidence de la création de 500 nouvelles places d'accueil
en ateliers protégés et de 2.000 places nouvelles en CAT.
•
Les EPSR publiques
Les équipes de préparation et de suite du reclassement (EPSR)
apportent leur soutien aux handicapés en les aidant à surmonter
les difficultés personnelles ou sociales susceptibles de faire obstacle
à leur réadaptation, en leur procurant toutes informations utiles
et en suivant leurs démarches. Elles recherchent, par ailleurs, les
institutions susceptibles de fournir les moyens d'une insertion
professionnelle, informent et conseillent les entreprises.
Jusqu'en 1999, l'Etat prenait en charge les EPSR publiques. Celles-ci
ressortent de la compétence des Directions départementales du
travail, de l'emploi et de la formation professionnelle dont elles constituent
un service administratif interne. Elles ne disposent donc pas d'une
personnalité juridique propre, de financements particuliers autres que
ceux dévolus par le ministère de l'emploi et de la
solidarité à l'ensemble de ses services
déconcentrés.
Par ailleurs, il apportait une participation au financement des EPSR
privées prennent la forme d'une association loi 1901. Elles
étaient avant 2000 financées directement par l'AGEFIPH et l'Etat
avec lequel elles concluent une convention portant cahier des charges dont les
clauses déterminent les missions particulières qui leur incombent.
Comme on l'a vu, l'AGEFIPH reprend à sa charge l'ensemble des
dépenses relatives aux EPSR. La ligne budgétaire relative au
financement des EPSR (
chapitre 44-71, article 50
), sur laquelle 55
millions de francs étaient inscrits en 1999, est donc supprimée
en 2000.
5. La prise en charge des enfants handicapés
Confronté au défi de la scolarisation, les enfants et adolescents handicapés devraient avoir le choix entre diverses solutions.
a) L'intégration scolaire
Si leur
handicap le permet, ils peuvent être
intégrés
individuellement dans une classe ordinaire
en bénéficiant, le
cas échéant, d'un accompagnement
ad hoc
ou peuvent
être scolarisés dans un dispositif d'éducation
spéciale, soit une classe, soit un établissement dépendant
du ministère de l'éducation nationale.
Dans les écoles maternelles et élémentaires,
l'intégration peut ainsi s'effectuer collectivement dans des
classes
d'intégration scolaire
(CLIS) : 47.533 élèves
étaient scolarisés en CLIS en 1998-1999.
Dans l'enseignement secondaire, la circulaire n° 95-124 du 17 mai 1995 a
prévu la mise en place des
unités pédagogiques
d'intégration
(UPI) destinées aux adolescents qui
présentent un handicap mental et ne peuvent être scolarisés
à temps complet dans une classe ordinaire. 25 UPI sont recensées
dans 13 académies et scolarisent 446 élèves.
Il est à observer que lorsque l'intégration implique des
aménagements matériels particuliers, ceux-ci sont à la
charge de la collectivité territoriale de rattachement.
D'une manière générale, alors que certains pays ont fait
le choix de programmes adaptés pour les handicapés, la France
retient l'option d'un même contenu d'enseignement pour tous les
élèves mais "
avec une pédagogie adaptée
aux possibilités de chacun
".
b) Les établissements spécialisés
A côté des classes dépendant de l'éducation nationale, l'éducation des enfants les plus lourdement handicapés est assurée par des établissements ou services sociaux et médico-sociaux spécialisés financés par l'assurance maladie. En 1996, ces 2.500 établissements accueillent une population de 125.400 enfants pour une capacité de 130.000 places installées environ.
Nombre de structures et de places installées
Catégories d'établissements |
Nombre de places |
Nombre de structures |
Etablissements d'éducation spéciale pour enfants et adolescents déficients mentaux |
73.518 |
1.194 |
Etablissements d'éducation spéciale pour enfants et adolescents polyhandicapés |
4.057 |
132 |
Instituts de rééducation |
16.680 |
345 |
Etablissements d'éducation spéciale pour enfants et adolescents déficients moteurs |
7.767 |
125 |
Etablissements d'éducation sensorielle pour enfants et adolescents déficients visuels |
2.235 |
33 |
Etablissements d'éducation sensorielle pour enfants et adolescents déficients auditifs |
7.606 |
87 |
Etablissements d'éducation sensorielle pour sourds-aveugles |
1.936 |
18 |
Services d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) |
13.466 |
563 |
TOTAL |
127.465 |
2.497 |
Source : Ministère de l'emploi et de la
solidarité
- DREES - Août 1999
Il convient de rappeler également les instituts
médico-éducatifs (IME) qui sont de deux sortes :
- les
instituts médico-pédagogiques
(IMP) ont pour
mission d'assurer l'éducation générale et pratique
adaptée aux possibilités intellectuelles de chacun dès
l'âge de 6 ans (ou 3 ans en cas de dérogation) ;
- les
instituts médico-professionnels
(IMPRO) permettent de
dispenser, en même temps qu'un complément d'enseignement
générale, une formation professionnelle adaptée au
handicap à partir de 14 ans.
A cela, il convient d'ajouter deux structures :
- les
centres d'action médico-sociale précoce
(CAMSP), cofinancés à 80 % par l'assurance maladie et
à 20 % par les départements, qui ont pour objet le
dépistage, la cure ambulatoire et la rééducation des
enfants des premier et deuxième âges en vue de leur adaptation
sociale et éducation. 208 CAMSP ont pris en charge environ 14.162
enfants en 1996 ;
- les
centres médico-psychopédagogiques
à
vocation psychiatrique qui pratiquent le diagnostic et le traitement des
enfants dont l'inadaptation est liée à des troubles
neuropsychiques, à des troubles du comportement et qui ont accueilli
106.000 enfants en 1996.
Deux structures sont particulièrement intéressantes dans la
mesure où elles permettent d'accompagner et de soutenir un enfant
handicapé plusieurs heures par semaine tout en lui permettant
d'être inséré dans une classe scolaire normale. Il s'agit
des CAMSP précités, ainsi que des
services d'aide, de soutien,
de soins et d'éducation à domicile
(SESSAD) qui s'adressent
aux enfants et adolescents jusqu'à 20 ans et qui assurent un
accompagnement des enfants en milieu ordinaire dans le cadre d'un projet
pédagogique animé par un personnel pluridisciplinaire
(psychologue, éducateur spécialisé, psychomotricien,
pédopsychiatre).
Ces deux types de structures, qui peuvent rayonner sur un territoire qui
recouvre plusieurs établissements scolaires, apparaissent comme un outil
précieux pour pallier les inégalités d'accès aux
structures d'accueil à temps complet sur le territoire national.
c) L'effort engagé en 1999
La
question de la scolarisation des enfants et adolescents handicapés en
milieu ordinaire a fait l'objet d'un traitement particulier en 1999.
• Lors d'une réunion du Conseil national consultatif des
personnes handicapées (CNCPH) du 20 avril 1999,
le secrétaire
d'Etat à la santé et à l'action sociale
a
présenté les grandes lignes d'une politique,
complémentaire de celle de l'éducation nationale, autour des
objectifs suivants :
- réaffirmer le droit à la scolarisation de tous les enfants
handicapés en milieu ordinaire, chaque fois que cela est possible, avec
les soutiens spécialisés, à défaut, dans les
établissements d'éducation spéciale ;
- renforcer la dynamique partenariale entre les deux ministères,
notamment par la mise en place sur le terrain de groupes de pilotage
" Handiscol " associant, dans chaque département, l'ensemble
des partenaires concernés, au sein des Conseils consultatifs
départementaux des personnes handicapées ;
- améliorer l'orientation et renforcer le pilotage du dispositif en
adaptant le fonctionnement des CDES ;
- développer les dispositifs et les outils de l'intégration,
dispositifs médico-sociaux d'accompagnement (centres d'action
médico-sociale précoce et services d'éducation
spéciale et de soins à domicile). A ce titre, 20 millions de
francs de crédits d'assurance maladie auront permis, en 1999, de doter
les départements dépourvus de CAMSP ou les plus
déficitaires en structures de ce type ;
- améliorer la formation des personnels de l'éducation
nationale et rapprocher les certifications des enseignants pour
déficients sensoriels relevant des deux ministères.
• Par ailleurs, Mme Ségolène Royal, ministre
déléguée auprès de l'enseignement scolaire, a
présenté le 3 février 1999 en conseil des ministres un
plan d'encouragement à la scolarisation des enfants et adolescents
handicapés
.
Celui-ci vise à mieux répondre aux besoins d'information sur les
ressources existantes : installation d'une cellule nationale
d'écoute (numéro
Azur Handiscol
) ;
création d'un guide à destination des parents.
Il s'agit également de mieux préparer les enseignants à
l'accueil d'un élève handicapé. Des formations
légères leur seront proposées et des guides -puis des
CDrom- réalisés par grands types de handicaps seront mis à
leur disposition. La formation d'enseignants des écoles
spécialisés, capables d'assurer la responsabilité de
structures spécialisées (CLIS, UPI) doit faire l'objet
d'aménagements pour la rendre plus attractive
D'autre part, dès la formation initiale
en Institut universitaire de
formation des maîtres
, une information et une sensibilisation
relatives aux modalités particulières de la scolarisation des
enfants handicapés seront développées dans les plans de
formation.
Enfin, l'effort de scolarisation en milieu ordinaire sera accompagné de
diverses initiatives ne relevant pas seulement de l'éducation nationale,
mais concernant aussi ses partenaires traditionnels (collectivités
territoriales, réseau associatif). Elles concernent essentiellement
l'accessibilité des locaux et la mise en place d'auxiliaires
d'intégration recrutés en priorité dans le cadre du
dispositif " emplois-jeunes ". Une meilleure articulation entre les
services de l'éducation nationale et ceux de l'emploi et de la
solidarité sera recherchée par la création d'un groupe
départemental de coordination
" Handiscol "
associant
les élus et les partenaires associatifs et intégré au sein
du futur conseil départemental consultatif des personnes
handicapées.
d) Des progrès encore à faire
Le
plan représente une avancée. Pour autant, il ne faut pas minorer
l'ampleur du retard pris en matière de scolarisation des jeunes
handicapés.
Selon l'UNAPEI,
près de 6.000 enfants handicapés sont en
attente d'une place
en IME. On connaît très mal le niveau de
prise en charge ou l'accompagnement dont bénéficient ces enfants,
qui repose essentiellement sur l'attention de leurs parents.
On a vu que, pour faire face aux insuffisances de places en
établissements pour adultes, un programme pluriannuel de
créations de places en MAS et en FDT a été
lancé : le même type de
démarche volontariste
doit être appliqué à l'enseignement scolaire.
Il manque, selon l'UNAPEI, près de 250 postes d'instituteurs
spécialisés ; un programme quinquennal de formation de
50 instituteurs spécialisés par an devrait être
décidé pour donner une impulsion forte à l'effort de
rattrapage.
6. La hausse freinée des crédits relatifs à la tutelle et à la curatelle de l'Etat
Les
dépenses liées à l'exécution des mesures de tutelle
et de curatelle, qui sont des dépenses obligatoires de l'Etat,
augmentent encore de manière significative en 2000 : le financement des
personnes physiques et des associations qui gèrent les mesures en
question représente
600 millions de francs en 2000
contre
571,5 millions de francs en 1999, soit une augmentation de
11 %
correspondant à une mesure nouvelle de 28 millions
de francs. Il convient de rappeler que l'augmentation des crédits sur ce
poste avait été successivement de 17 % en 1997, de
18,25 % en 1998 et de 11 % en 1999.
L'évolution des crédits marque un ralentissement pour 2000. Cette
modération semble dû à la mise en place des nouvelles
règles de participation aux dépenses des majeurs
protégés. En effet, le rythme des mises sous tutelle et curatelle
d'Etat continue à augmenter. Au total, 99.274 mesures de tutelle ou de
curatelle d'Etat étaient prononcées au 31 décembre 1998,
soit une hausse de 13,3 % par rapport à 1997. Pour 1999 et 2000, le
Gouvernement se fonde sur une prévision -encore à confirmer- qui
serait respectivement de 12,8 % et de 12,5 %. Le nombre de mesures
prononcées ne passe pas en dessous de la barre de 10 % de
progression.
a) Un recours accru des juges aux mesures de tutelle d'Etat
Selon
les statistiques publiées par le ministère de la
justice
14(
*
)
en 1996, 26.000 personnes ont
été placées sous tutelle et 24.000 personnes sous
curatelle, qu'elle soit d'Etat ou familiale. Le nombre total de majeurs
protégés atteignait 500.000 personnes au 31 décembre 1996,
soit environ 1 % de la population des plus de 18 ans.
En 1996 comme en 1990, l'exercice des mesures nouvelles est assuré dans
plus de 40 % des cas par des professionnels et non par la famille.
On doit rappeler qu'une personne majeure est placée sous
régime de tutelle
quand elle a besoin d'être
représentée d'une manière continue dans les actes de la
vie civile. Elle est alors déchargée de l'exercice de ses droits
et ne peut plus passer aucun acte seule.
Une personne majeure qui, sans être hors d'état d'agir
elle-même, a besoin d'être conseillée ou
contrôlée dans les actes de la vie civile peut être
placée sous un
régime de curatelle
. Les actes qu'elle peut
accomplir seule sont les actes d'administration, c'est-à-dire les actes
de gestion courante tels que la perception des revenus ou le paiement des
dépenses. En revanche, elle ne pourra pas effectuer les actes qui
engagent le patrimoine, sans l'assistance du curateur. La curatelle laisse aux
intéressés la jouissance de certains droits, en particulier le
droit de vote, ce qui explique que cette formule tend à se
développer par rapport aux tutelles.
Aux termes de la
loi n° 68-5 du 3 janvier 1968 portant réforme
du droit des incapables majeurs
, deux systèmes de tutelle coexistent
en droit :
- la tutelle familiale qui fait reposer la charge tutélaire sur la
famille, parents, enfants, collatéraux ;
- la tutelle publique qui consiste à confier à un organisme
public ou privé la charge de la tutelle, sous le contrôle de
l'Etat. La tutelle d'Etat, la curatelle d'Etat ou la tutelle en gérance
appartiennent à cette catégorie.
En principe, la tutelle publique ne doit intervenir que subsidiairement
à la tutelle familiale : ainsi, l'article 433 du code civil
prévoit que : "
Si la tutelle reste vacante, le juge des
tutelles la défère à l'Etat s'il s'agit d'un majeur
(...) ". Les conditions du transfert à l'Etat de la tutelle sont
ainsi, en principe, très strictes puisque le " vide " de la
famille restreinte et de la famille étendue doit être
constaté (majeurs protégés n'ayant plus de famille ou
membres de la famille demandant à être dispensés des
charges tutélaires en raison d'un des motifs
énumérés à l'article 428 du code civil : âge,
maladie, éloignement, occupations professionnelles ou familiales
exceptionnellement absorbantes,...).
En réalité, on constate depuis une dizaine d'années une
tendance de certains juges des tutelles à écarter la famille
même dans des cas où les membres de celles-ci ne font pas preuve
d'indifférence à l'égard de la protection de la personne
protégée.
La Cour de cassation a ainsi été conduite à censurer
certaines décisions de justice qui n'avaient pas tenu compte de la
volonté de la famille d'assurer la charge de la tutelle ni
constaté l'impossibilité de réunir un conseil de famille.
S'agissant de l'organisation et du financement de la tutelle d'Etat, le
décret n° 85-193 du 7 février 1985
a instauré
un système de rémunération du tuteur ou du curateur
d'Etat, reposant à titre principal sur les ressources du majeur
protégé, complétée sous certaines conditions par
une rémunération financée par le budget de l'Etat.
b) La mise en oeuvre de nouvelles conditions de financement
Dans son
avis de l'année précédente, votre rapporteur avait
indiqué comment le Gouvernement avait été conduit à
suspendre l'application de l'arrêté interministériel du 23
avril 1998 qui avait pour objet d'augmenter la participation des majeurs
protégés à leurs frais de tutelle ou de curatelle d'Etat.
Les associations tutélaires avaient souligné l'effet
négatif du coefficient de réduction prévu pour les
personnes hébergées de manière permanente dans un
établissement social ou médico-social ou dans un
établissement d'hospitalisation.
Ce dispositif n'a pas été repris dans le nouvel
arrêté du 27 juillet 1999
modifiant l'arrêté
du 15 janvier 1990 (
JO du 18 août 1999)
.
Le taux du prélèvement
opéré sur les
ressources de toute nature des majeurs protégés, à
l'exception des prestations familiales est désormais le suivant :
- pour la tranche de revenus annuels égale ou inférieure au
montant annuel du minimum vieillesse en vigueur au 1
er
janvier de
l'année de perception des revenus, le taux reste fixé à
3 % ;
- pour la tranche de revenus annuels compris entre le montant annuel du
minimum vieillesse et le montant brut annuel du SMIC en vigueur au
1
er
janvier de l'année de perception des revenus, le
taux est porté à 7 % ;
- pour la tranche de revenus annuels compris entre le montant brut annuel
du SMIC en vigueur au 1
er
janvier de l'année de perception et
le même montant majoré de 75 %, le taux est de 14 %.
La faculté pour le juge des tutelles d'autoriser des
prélèvements supplémentaires est rétablie dans une
version conforme à l'article 12 du décret n° 74-930 du 6
novembre 1974. Cette possibilité lui est ouverte dans deux
hypothèses : si "
l'importance des biens à
gérer le justifie
" ou si "
les ressources mensuelles
du majeur protégé sont supérieures
" à un
certain montant. Enfin, le montant des ressources en deçà duquel
l'Etat doit prendre en charge les dépenses résultats de la
gestion de la tutelle est révisé : il ne s'agit plus du SMIC
brut annuel majoré de 75 % mais du montant annuel du minimum
vieillesse.
Il convient enfin d'indiquer que le dossier a été
compliqué par une décision du Conseil d'Etat du 1
er
juillet 1998
(CE, fédération nationale des associations
tutélaires, 1
er
juillet 1998)
qui a annulé
certaines dispositions de la circulaire de la DAS du 17 décembre 1996 et
notamment la disposition fixant un prix plafond mensuel pour la
rémunération des personnes physiques ou morales agissant comme
mandataire de l'Etat. Un projet de décret modifiant le décret
n° 74-930 du 6 novembre 1974 devrait être préparé sur
cette question.
c) La nécessité persistante d'une réforme d'ensemble
A la
suite de la mission conjointe menée en 1998 par les inspections
générales des affaires sociales, de la justice et des finances,
un groupe de réflexion et de réforme du dispositif de protection
des majeurs a été mis en place. Il est appelé à
formuler un certain nombre de propositions de réforme en vue notamment
d'harmoniser la rémunération des diverses formes de protection
des majeurs.
Les disparités existant entre la rémunération des mesures
de tutelle aux prestations sociales et celles de tutelle et de curatelle d'Etat
ont conduit, en effet, la mission d'enquête des trois inspections
générales à préconiser l'institution d'un prix
unique pour les différentes prestations.
Le groupe de réflexion et de réforme qui vient de commencer ses
travaux et doit rendre ses conclusions au début de l'an 2000
étudiera cette proposition ainsi que toutes mesures techniques
susceptibles d'améliorer les modalités du financement du
dispositif de protection des majeurs.
Au-delà de la révision du décret du 6 novembre 1974, votre
rapporteur souligne que la question de la dérive des dépenses de
tutelle et de curatelle trouve son origine dans
des raisons
démographiques
mais aussi dans la
conception extensive des juges
en matière de tutelle
.
Au-delà des mesures correctives ponctuelles, qui soulèvent
apparemment des contestations, il importe de réfléchir à
une réforme d'ensemble pour recentrer le dispositif sur les personnes
qui en ont réellement besoin et
éviter le développement
des prises en charge par un financement d'Etat lorsque celui-ci n'est pas rendu
impérativement nécessaire par le contexte familial
.
C. LE RISQUE TOUJOURS PRÉSENT D'UN " DÉVOIEMENT " DE L'AAH
Comme on
l'a vu, l'AAH représentera dans le budget pour 2000 une charge de
25,5 milliards de francs au budget de l'Etat.
La progression constante de l'AAH au cours de ces dernières
années conduit à s'interroger sur le respect par les COTOREP de
l'esprit dans lequel le dispositif a été créé.
1. Les multiples explications d'une croissance très soutenue
Dans son rapport rendu en janvier dernier, l'IGAS a constaté que le coût de l'AAH avait progressé de 25 % entre 1990 et 1997 : 2,5 % à 3 % de nouveaux bénéficiaires entrent chaque année dans le dispositif, ce qui paraît difficile à expliquer dans la mesure où la population atteinte d'un handicap ne devrait pas augmenter indéfiniment.
Années |
Bénéficiaires
|
Evolution
|
Dotation budgétaire (1) en milliard de francs |
1990 |
539 |
2,8 |
15,1 |
1991 |
552 |
2,5 |
15,9 |
1992 |
563 |
3,1 |
16,6 |
1993 |
583 |
2,5 |
17,9 |
1994 |
597 |
2,4 |
18,7 |
1995 |
617 |
3,3 |
20,1 |
1996 |
630 |
2,1 |
21,5 |
1997 |
649 |
2,9 |
22,4 |
1998 |
668 |
2,8 |
23,4 |
(1)
compte tenu des modifications budgétaires en cours d'année.
A cela, on peut apporter trois explications dont l'une est
particulièrement préoccupante.
• Tout d'abord,
la difficulté accrue pour les
handicapés d'entrer sur un marché du travail
, lui-même
insuffisant au cours de ces dernières années, explique que
beaucoup plus de handicapés soient sans ressources.
Ce constat peut notamment trouver son explication dans la dégradation de
la situation économique, le chômage touchant
particulièrement les personnes handicapées, déjà
fragilisées dans leur vie quotidienne par le handicap. Or, la situation
de chômage donne lieu, en application de la réglementation,
à des abattements ou à la neutralisation des ressources, ce qui
permet de faire rentrer de nouvelles personnes dans le champ de la prestation
ou de leur donner une différentielle d'AAH qui se rapproche davantage du
taux plein.
Il faut également signaler l'afflux des personnes frappées par le
SIDA au début des années quatre-vingt.
La
nécessaire prudence en matière d'appréciation
de
l'évolution des maladies chroniques
Dans son
avis de l'année dernière, votre rapporteur avait appelé
l'attention sur la nécessité d'interpréter avec prudence
la situation des malades du SIDA titulaires de l'AAH lorsque ces derniers
bénéficient des progrès de la trithérapie.
Une circulaire n° 99-937 du 7 juillet 1999 a apporté des
précisions sur les modalités d'évaluation de
l'incapacité en cas d'évolution d'une maladie chronique.
Il est précisé que même si la personne à des
déficiences associées situées dans des chapitres
différents du guide-barème pour l'évaluation des
déficiences et incapacités des personnes handicapées,
l'approche de sa situation doit rester
" globale "
;
" il ne convient pas d'additionner purement et simplement les
pourcentages "
de chaque déficience fixée dans ce
guide-barème.
Il est rappelé la nécessité de tenir compte des
conséquences des déficiences sur la vie quotidienne des
intéressés, y compris celles liées au traitement. Ces
difficultés n'étant pas, pour un même diagnostic et un
même traitement, identiques d'une personne à l'autre, une approche
individualisée de leurs situations doit être mise en place. Pour
ce faire, il est recommandé de sensibiliser les équipes
soignantes à la nécessité de fournir tous les
éléments nécessaires à une rapide instruction du
dossier.
Par ailleurs, afin d'éviter les malentendus, les membres de
l'équipe technique, tout particulièrement les médecins
dans le cas de maladies chroniques (Sida, hépatite C), sont
invités à recevoir, à chaque fois que possible, la
personne pour laquelle sera proposée, à la commission technique
d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP), une décision
de rejet afin de s'assurer qu'aucun élément n'a
échappé à l'analyse et d'expliquer la position de
l'équipe technique.
Si l'évolution de la pathologie chronique conduit à une
amélioration de la santé de la personne, le taux ou les
prestations accordées peuvent être révisés à
la baisse. Dans ce cas, surtout si le taux devient inférieur à
80 %, il est recommandé de "
bien évaluer les
conséquences des décisions et d'examiner (...) les
possibilités concrètes de retour à l'emploi
".
Votre rapporteur souligne à nouveau que
les décisions de rejet
doivent être prises avec précaution
dans la mesure où
le dispositif de l'AAH ne présente pas suffisamment de souplesse
pour permettre des " allers et retour " rapides en cas de rechute
ou d'effets collatéraux du traitement.
Ainsi, une personne malade du SIDA peut bénéficier de l'AAH
dès lors qu'elle est reconnue handicapée par la COTOREP qui
apprécie, sous réserve du contrôle ultérieur
éventuel du juge, d'une part le taux d'incapacité, d'autre part
la possibilité, compte tenu du handicap, de se procurer un emploi.
Par circulaires des 29 septembre 1994 et 25 août 1997, l'attention des
COTOREP a été appelée sur la nécessité
d'accélérer les procédures d'attribution des avantages et
prestations sociales accordés aux adultes handicapés, pour les
personnes atteintes par le virus VIH ou présentant une affection
évolutive grave. Ces circulaires ont pour but de réduire à
deux mois au maximum le délai entre la demande de la personne
concernée et la perception effective des prestations auxquelles elle
peut prétendre.
• Le deuxième phénomène noté par l'IGAS
tient au fait que le
dispositif est encore récent à
l'échelle d'une vie
: beaucoup de personnes handicapées
sont entrées jeunes dans le dispositif et elles sont appelées
à y demeurer encore longtemps, surtout lorsque leur handicap est
supérieur à 80 %.
Surtout, l'examen des relevés statistiques du régime
général fait apparaître une forte inertie dans la structure
des bénéficiaires. Ainsi, près de la moitié des
allocataires ont moins de quarante ans. De l'âge peu élevé
des bénéficiaires découle un effet mécanique, qui
est la permanence dans le bénéfice de la prestation.
Le caractère relativement récent à l'échelle d'une
vie (moins de 25 ans) explique le peu d'ampleur du flux des sorties. Ceux
qui sont entrés jeunes dans le dispositif en 1975 ont aujourd'hui en
moyenne 45 ans, tandis que chaque année de nouvelles vagues de
demandeurs se présentent devant les COTOREP. Même à
supposer constante la proportion de personnes handicapées dans la
population, il y a donc un phénomène d'accumulation. Mais,
au-delà de ce phénomène, il faut se demander si la notion
de handicap ne se modifie pas.
• Mais le point le plus regrettable, selon votre rapporteur, est
la confusion qui existe entre un dispositif qui vise à compenser un
handicap
et le fait que celui-ci apparaisse aussi comme
une prestation
de compensation
, en substitution de revenus professionnels,
particulièrement protectrice et durable.
De fait, l'AAH est souvent attribuée, non en raison d'un handicap
physique ou mental irréversible, mais pour tenir compte d'une
" inadaptation sociale " dont le diagnostic repose sur des psychiques
plutôt que sur un handicap mental.
Le rapport de l'IGAS fait ainsi état d'un certain
phénomène de substitution entre l'AAH et le RMI : les
bénéficiaires du RMI constituaient 17 % des entrants de plus
de 25 ans à l'AAH en 1996.
L'instauration du RMI en 1998 n'a pas eu pour effet le basculement de
certains bénéficiaires de l'AAH dans le champ du RMI
. Dans un
tel contexte, la phase d'instruction du RMI a pu, à l'inverse,
être un facteur déclenchant de l'orientation vers la COTOREP et
donc de l'attribution de l'AAH, notamment au titre de l'article L. 821-2 du
code de la sécurité sociale (personnes atteintes d'un handicap au
moins égal à 50 % et dans l'impossibilité, reconnue
par la COTOREP, de se procurer un emploi).
18,8 % des demandeurs font état de déficience intellectuelle
et 24,2 % de troubles du psychisme. Or, s'agissant de cette
dernière catégorie, seuls 22 % des demandes sont
rejetées alors que le taux de rejet est de 55 %, soit plus de la
moitié, pour les personnes présentant un déficience de
l'appareil locomoteur.
Le risque est que l'AAH soit alors conçue comme
une sorte de RMI
" consolidé "
, ce qui constitue
un dévoiement du
dispositif
, d'autant plus que
les structures de réinsertion pour
les personnes handicapées ne présentent pas les mêmes
caractéristiques que celles qui s'avèrent efficaces auprès
des personnes en situation de difficulté économique
.
Certaines associations s'inquiètent en outre que la notion du handicap
ne soit ainsi élargie et dénaturée.
2. Les dysfonctionnements des COTOREP
Les
commissions techniques d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP)
sont au coeur du dispositif d'attribution de l'AAH.
Pour apprécier l'incapacité, les COTOREP se
réfèrent au guide-barème annexé au décret
n° 93-1216 du 4 novembre 1993. Basé sur les concepts
proposés par l'organisation mondiale de la santé, ce
guide-barème s'appuie sur la notion de déficience,
c'est-à-dire des pertes de substance ou des altérations d'une
structure ou d'une fonction psychologique, physiologique ou cognitive. La
déficience peut être provisoire ou définitive ; elle
peut être congénitale ou acquise.
Ce guide ne repose pas sur l'application d'un taux à chaque
lésion, mais sur la prise en compte des difficultés que la
déficience engendre dans la vie quotidienne.
En conséquence, toute personne peut bénéficier de l'AAH
dès lors qu'elle est reconnue handicapée par la COTOREP qui
apprécie, sous réserve du contrôle ultérieur
éventuel du juge, d'une part le taux d'incapacité, d'autre part
la possibilité, compte tenu du handicap, de se procurer un emploi.
Ce rapport d'enquête de l'IGF et de l'IGAS sur l'AAH présente un
certain nombre de dysfonctionnements :
- l'attribution de l'AAH étant de nature principalement
médical, le caractère collégial des décisions
d'attribution de l'AAH apparaît largement comme une fiction ;
- la coordination est faible en matière d'échanges
d'informations entre CAF et COTOREP. Il n'existe pas de contrôle
informatisé systématique entre les fichiers des CAF des CPAM et
des COTOREP pour contrôler les limites de cumul en matière
d'invalidité ;
- les médecins vacataires des COTOREP, face au nombre important de
dossiers à traiter, sont très largement conduits à se
reposer sur les dossiers transmis par le médecin traitant. Face à
la pression de la demande, le processus de décision apparaît peu
encadré.
- l'attribution de l'AAH fait l'objet de fortes disparités
départementales : plus le nombre de dossiers traités par
rapport à la population est élevé, plus les COTOREP
reconnaissent des taux d'incapacité supérieurs à 80 %
accentuant le bénéfice de l'AAH.
En revanche, plus le taux de chômage est élevé dans le
département ou plus le pourcentage d'allocataires du RMI est important,
plus les COTOREP reconnaissent des taux d'incapacité compris entre
50 % et 79 %.
Il manque en réalité une vraie structure de coordination des
COTOREP qui fonctionnent indépendamment les unes des autres et
attribuent l'AAH dans la plus grande diversité.
Au cours de l'audition en commission, il a été
précisé que les COTOREP devaient faire l'objet d'un effort
"
important
" par la création de 20 emplois
budgétaires et la mise en place de 9 millions de francs de
crédits de vacation.
En fait, le dispositif des COTOREP appelle aujourd'hui une réforme
plus fondamentale.
Les disparités départementales doivent être
atténuées en donnant plus de cohérence aux
évaluations faites par les organismes qui doivent être
constitués en un réseau mieux coordonné s'appuyant sur des
doctrines et des pratiques homogènes.
Dans l'exercice de leur mission, les COTOREP doivent être
recentrées sur leur mission médicale et médico-sociale
visant à la constatation des compensations nécessitées par
des handicaps irréversibles qu'ils soient physiques ou mentaux ou par
des maladies invalidantes et de longue durée.
Les COTOREP doivent être mises en mesure de jouer un rôle de
veille, de recueil d'informations et d'indicateur en matière de handicap
qui permette aux pouvoirs publics d'ajuster leur dispositif et de mieux
prévoir les évolutions. Cela suppose une amélioration des
systèmes informatiques et une communication plus efficace avec les
caisses d'assurance maladie et les CAF.
Enfin, au-delà du rôle de contrôle, et sans se substituer
aux organismes d'insertion sociale, les COTOREP doivent fournir un appui, un
conseil et un soutien à la personne handicapée qui doit pouvoir
être aidée à choisir un projet de vie qui lui soit
personnel.
III. LE SECTEUR SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL RESTE SOUS LA MENACE D'UN RETOURNEMENT À LA HAUSSE DES DÉPENSES
Comme il
le fait chaque année, votre rapporteur a souhaité que cet avis
permette de faire le point sur l'évolution des dépenses d'aide
sociale prise en charge par les départements dans le cadre des lois de
décentralisation.
En effet, aux termes de l'article 34 de la loi du 22 juillet 1983, le
département s'est vu transférer une
compétence de droit
commun
dans le domaine des prestations
d'aide sociale légale
.
Sous réserve des compétences maintenues à l'Etat, les
départements ont donc reçu la responsabilité de l'aide
médicale (
articles 179 et suivants du CFAS
), de l'aide sociale
à l'enfance (
article 145 et suivants dudit code
), de l'aide
sociale aux familles (
articles 150 et suivants dudit code
), de
l'aide sociale aux personnes âgées (
article 157 du CFAS
) et
de l'aide aux personnes handicapées adultes, l'aide à domicile et
comprenant notamment l'hébergement en établissement.
S'agissant des données chiffrées exposées ci-après,
votre rapporteur tient tout particulièrement à remercier
l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée
(ODAS) dont les travaux toujours clairs et pertinents lui sont très
précieux pour analyser un domaine de l'action publique trop souvent
méconnu.
L'année 1998 est toujours marqué par la poursuite du mouvement de
ralentissement de la hausse des dépenses .
Toutefois, il apparaît le risque d'un nouveau cycle de vive progression
des dépenses. Les difficultés risquent d'être
aggravées par la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail et par les incertitudes juridiques créées par des
jurisprudences récentes sur la prise en charge de certaines
dépenses du secteur social et médico-social.
A. L'ACCALMIE DES DÉPENSES D'AIDE SOCIALE DÉPARTEMENTALE NE SEMBLE PAS DURABLE
Avant de
présenter les données les plus récentes sur
l'évolution des dépenses d'aide sociale départementale et
les divers facteurs d'évolution
15(
*
)
, il
convient de rappeler au préalable quelques précisions
terminologiques.
Les données rassemblées par l'ODAS sont établies à
partir des informations fournies par les responsables des services financiers
de 29 départements.
Elles portent sur les
dépenses nettes
d'aide sociale
qui
sont égales aux dépenses brutes -c'est-à-dire au montant
total des prestations versées par les départements-
diminuées des recettes ultérieurement encaissées
auprès des bénéficiaires de l'aide sociale, de leurs
obligés alimentaires et des organismes de sécurité sociale.
Cette donnée apparaît la plus proche de la charge
financière réelle qui pèse sur les départements.
Les
dépenses indirectes
d'aide sociale, correspondent aux
dépenses de fonctionnement liées à l'exercice de leurs
compétences par les départements.
1. La croissance des budgets sociaux départementaux poursuit son infléchissement en 1998
Selon
l'ODAS, la dépense annuelle nette d'action sociale départementale
s'est élevée à
81 milliards de francs en 1998
,
soit une progression de 3,3 % par rapport à 1997 où elle
atteignait 78,4 milliards de francs environ.
La stabilisation des dépenses observée à partir du
renversement de la tendance à la hausse de 1996 se poursuit donc.
Evolution de la dépense d'aide sociale des départements
(en milliards de francs)
En
effet, L'ODAS met en évidence que, sur la période 1984-1995,
pendant laquelle la dépense d'action sociale départementale a
plus que doublé, trois périodes distinctes peuvent être
distinguées.
-
De 1984 à 1989,
la dépense annuelle augmente de
3,5 % en moyenne
, soit moins vite que l'inflation qui demeure à
des niveaux relativement élevés : cette période fait
apparaître dans certains cas des baisses d'activité dans les
secteurs de l'aide sociale à l'enfance et de l'hébergement des
personnes âgées tandis que simultanément le recouvrement
des recettes est amélioré.
-
De 1990 à 1995,
la dépense sociale
départementale augmente de plus de
8 % en moyenne
en francs
courants.
Votre rapporteur souligne que le
ralentissement de l'inflation
sur cette
période joue comme un
révélateur
supplémentaire
du caractère explosif des dépenses du
secteur social et médico-social.
Cette période est marquée par la prise en charge de plus en plus
lourde de l'insertion des bénéficiaires du RMI et de leurs frais
d'assurance personnelle ainsi que par la mise en oeuvre, pour les personnels
sous convention collective du secteur social et médico-social, des
revalorisations exceptionnelles d'indice prévues dans le cadre des
" accords Durafour ".
-
Depuis 1996,
s'observe une
progression ralentie
de la
dépense de l'ordre de
3,5 % par an
tandis que l'inflation demeure
à des niveaux modérés.
Les départements développent des systèmes de prise en
charge en milieu ouvert moins coûteux qu'en structure d'accueil.
Corrélativement, les dépenses liées au RMI tout en se
maintenant à un niveau élevé, évoluent moins vite
et les revalorisations salariales sont entrées en vigueur.
Si l'ODAS considère que l'année 1998 pourrait s'inscrire dans le
mouvement " d'accalmie " observé depuis 1996, votre rapporteur
souligne néanmoins
la réapparition de facteurs de hausse
potentiels de la dépense sociale des collectivités locales.
Dépenses nettes d'aide sociale départementale (France métropolitaine)
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Dépense nette d'aide sociale départementale |
45,3 |
49,8 |
54,1 |
58,4 |
63,2 |
68,2 |
73,0 |
75,7 |
78,5 |
81,0 |
2. L'analyse des différentes composantes de la dépense d'action sociale confirme le ralentissement des dépenses liées à l'insertion
Le tableau ci-dessous, transmis par l'ODAS, permet d'analyser les différentes composantes de l'action sociale des départements en 1997.
Evolution des dépenses nettes d'aide sociale en 1997
(en milliards de francs)
|
Dépense nette 1997 |
Dépense nette 1998 |
Evolution
|
ASE |
25,9 |
27,1 |
4,63 |
Personnes âgées |
13,3 |
12,6 |
- 5,26 |
Personnes handicapées |
14,2 |
15,0 |
5,63 |
Insertion |
10,4 |
11,1 |
6,73 |
Prévention et accompagnement social (4) |
14,6 |
15,3 |
4,79 |
TOTAL |
78,4 |
81,0 |
3,32 |
Source : ODAS
a) L'aide sociale à l'enfance (ASE) demeure le poste principal de dépenses de l'aide sociale des départements
Les
dépenses d'ASE sont constituées par :
- les frais de prise en charge des enfants, faisant l'objet d'une
décision de placement en établissement d'éducation
spécialisée ou en famille d'accueil, financés par le
département. En 1997, ces dépenses représentent 70 %
des dépenses d'ASE ;
- les dépenses liées au soutien en milieu ouvert, qu'il
s'agisse des mesures d'action éducative en milieu ouvert (AEMO), du
recours aux travailleuses familiales ou des aides aux associations.
L'ASE représente plus de 27 milliards de francs en 1998 et
constitue encore le premier poste de l'action sociale départementale
même si sa part relative tend à régresser.
La progression s'élève à 4,6 % en 1998 sous l'effet
de l'accueil de 1.000 enfants supplémentaires par an comme c'est le cas
depuis 1992 (137.000 enfants accueillis en 1998).
Dépense nette d'aide sociale à l'enfance (France métropolitaine)
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Dépense nette |
16,8 |
17,6 |
18,6 |
20,5 |
21,9 |
22,9 |
23,9 |
24,9 |
25,9 |
27,1 |
Source : ODAS
b) Les dépenses d'aide sociale aux personnes âgées enregistrent l'impact de la phase de transition durant la mise en place de la prestation spécifique dépendance
Selon
l'ODAS, l'aide sociale aux personnes âgées représente un
coût total de
12,6 milliards en 1998
en tenant compte du
montant de l'allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) lorsque
celle-ci est versée à des personnes âgées de plus de
60 ans ainsi que de la PSD.
Sans empiéter sur l'excellent rapport de M. Alain Vasselle
consacré à la vieillesse dans le cadre de l'examen du projet de
loi de financement de la sécurité sociale, les données
fournies par l'ODAS font apparaître :
- une légère diminution des dépenses au titre de
l'aide sociale en établissement, qui n'est pas anormale car elle
correspond à la phase de mise en place de la prestation
spécifique dépendance (PSD) ;
- le maintien à l'identique de l'aide sociale à
l'hébergement, la progression du revenu moyen des ménages de
retraités entraînant une stagnation, voire une baisse, du nombre
de bénéficiaires.
Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes âgées
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Aide sociale en établissement |
5,2 |
5,3 |
5,5 |
5,7 |
6,0 |
6,5 |
6,7 |
7,2 |
7,2 |
7,1 |
Aide sociale à l'hébergement |
4,6 |
4,7 |
4,8 |
4,9 |
5,1 |
5,5 |
5,7 |
6,1 |
6,2 |
6,1 |
Allocation compensatrice * |
0,6 |
0,6 |
0,7 |
0,8 |
0,9 |
1,0 |
1,0 |
1,1 |
1,0 |
0,6 |
PSD ** |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,4 |
Aide sociale à domicile |
4,1 |
4,8 |
5,2 |
5,8 |
5,9 |
6,0 |
6,4 |
6,5 |
6,1 |
5,5 |
Aide ménagère |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
1,4 |
1,3 |
1,3 |
1,2 |
1,1 |
1,0 |
Allocation compensatrice * |
2,6 |
3,3 |
3,7 |
4,3 |
4,5 |
4,7 |
5,1 |
5,3 |
4,9 |
3,6 |
PSD ** |
|
|
|
|
|
|
|
|
0,1 |
0,9 |
TOTAL |
9,3 |
10,1 |
10,7 |
11,5 |
11,9 |
12,5 |
13,1 |
13,7 |
13,3 |
12,6 |
Source : ODAS
*
La répartition
domicile/établissement
est estimée selon les deux hypothèses suivantes :
1/ 20 % des bénéficiaires sont hébergés en
établissement
2/ Chaque bénéficiaire en établissement
perçoit en moyenne une prestation égale à 40 % de la
MTP.
**
Estimation ODAS mars 1999.
c) L'aide sociale aux personnes handicapées connaît une progression significative.
L'aide
sociale aux personnes handicapées donne lieu à une
répartition de compétence complexe entre l'Etat, l'assurance
maladie et les départements. La prise en charge des enfants
handicapés fait l'objet d'un financement intégralement
assuré par la sécurité sociale tandis que celui-ci est
partagé avec les départements pour l'hébergement des
personnes handicapées adultes.
Le département assure les frais d'hébergement des
handicapés adultes au sein de diverses structures telles que les foyers
de vie, les foyers occupationnels et les hospices, à l'exception
toutefois des maisons d'accueil spécialisé (MAS) qui, parce
qu'elles sont réservées aux handicaps les plus lourds, sont
financées par l'assurance maladie. Par ailleurs, les centres d'aide par
le travail (CAT) et les ateliers protégés, comme on l'a vu plus
haut, relèvent de la responsabilité de l'Etat.
De plus, les foyers dits à double tarification (FDT) connaissent, au
sein d'un même établissement, un financement assuré par
l'Etat pour la prise en charge des soins et par le département pour les
frais d'hébergement.
Le poste le plus important est celui des dépenses d'hébergement
qui s'élève à 11,8 milliards de francs en 1998.
Celles-ci connaissent une augmentation forte depuis 1984 en raison d'un effort
soutenu de créations de places à la fois pour accueillir un
nombre croissant d'adultes handicapés et résorber l'accueil dans
les hospices.
En revanche, les dépenses d'allocations compensatrices -qui ne
recouvrent ici par convention que les dépenses d'ACTP versée aux
personnes âgées de moins de 60 ans- font preuve d'une relative
stabilité depuis la décentralisation, qui est confirmée en
1998 (3,3 milliards de francs).
M. Jean-Louis Sanchez, délégué
général de l'ODAS, souligne l'effort considérable
entrepris par les départements, de manière volontariste en
matière d'ouverture d'établissements, qui a permis
d'accroître sensiblement le nombre de personnes hébergées.
Dépense nette d'aide sociale en direction des personnes handicapées
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Hébergement |
5,1 |
5,8 |
6,5 |
7,0 |
8,1 |
9,1 |
9,8 |
10,5 |
11,1 |
11,7 |
Allocation compensatrice (moins de 60 ans) |
2,6 |
2,6 |
2,7 |
2,8 |
2,9 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,2 |
3,3 |
TOTAL |
7,7 |
8,4 |
9,2 |
9,8 |
11,0 |
12,1 |
12,8 |
13,5 |
14,2 |
15,0 |
Source : ODAS
Après une période caractérisée par
la
transformation de places vétustes d'hospices en autant de places plus
coûteuses et plus adaptées dans les foyers, l'évolution des
dernières années est corrélée à
l'augmentation du nombre de bénéficiaires (de l'ordre de 5.000
par an). Les capacités d'accueil en structures pour personnes
handicapées ont évolué dans des proportions comparables,
passant de 39.000 au 1
er
janvier 1986 à 92.000 au
1
er
janvier 1998.
Il faut relever que, sur ces 53.000 ouvertures de places, près de
la moitié (22.000) l'ont été en structure d'accueil de
jour ou en milieu ouvert.
Le développement de ces types d'accueil a permis de limiter les
coûts des prises en charge, tout en permettant aux adultes
handicapés une meilleure intégration sociale.
d) Les dépenses d'insertion demeurent importantes
L'ensemble des dépenses d'insertion prises en charge
par les
départements s'élève à
11,1 milliards de
francs
en 1998. L'augmentation demeure assez soutenue (+ 7 %) en
raison de la poursuite de l'accroissement des effectifs du RMI.
Ces dépenses comprennent deux postes :
- les dépenses d'insertion liées au RMI dans le cadre de
l'obligation qui est faite au département d'inscrire annuellement
à son budget un crédit au moins égal à 20 % des
sommes versées, au cours de l'exercice précédent, par
l'Etat au titre de l'allocation attribuée à des personnes
résidant dans le département : le montant de ces dépenses
est évalué à
3,9 milliards de francs
en 1998 ;
- les dépenses d'aide médicale se composent, tout d'abord,
des dépenses des cotisations d'assurance personnelle des allocataires
non affiliés à un régime de sécurité sociale
et des dépenses financées dans le cadre des divers
systèmes de " carte de santé " : ces dépenses
s'élèvent à près de
7 milliards de
francs
en 1997.
La mise en place de la CMU devrait réduire mécaniquement la part
des dépenses d'insertion dans les budgets départementaux. L'ODAS
fait néanmoins remarquer que la progression des dépenses d'aide
médicale n'était pas sensiblement différente de
l'évolution de l'ensemble des dépenses d'aide sociale
départementale. La réforme ne devrait donc pas avoir d'impact
fort sur le rythme d'évolution des dépenses.
Dépense nette d'insertion
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Aide médicale |
2,6 |
3,2 |
3,6 |
3,6 |
4,2 |
5,6 |
6,6 |
6,6 |
6,9 |
7,2 |
RMI |
0,2 |
0,7 |
1,3 |
1,8 |
2,2 |
2,7 |
3,0 |
3,1 |
3,5 |
3,9 |
TOTAL |
2,8 |
3,9 |
4,9 |
5,4 |
6,4 |
8,3 |
9,6 |
9,7 |
10,4 |
11,1 |
Source : ODAS
e) Les dépenses d'accompagnement social sont constituées de dépenses de personnels
Il
s'agit des dépenses des services de protection maternelle et infantile
(PMI), du service social départemental ainsi que sur les frais communs
et d'action sociale facultative.
En pratique, interviennent principalement les dépenses de personnels
affectés aux différentes missions de l'action sociale lesquels
enregistrent une augmentation des effectifs pour quatre raisons :
- la gestion de l'offre d'insertion au titre du RMI a
nécessité l'embauche de personnels supplémentaires ;
- le déconventionnement du service social résultant des
transferts de compétence et la fin des mises à disposition ont
entraîné des embauches par compensation ;
- les équipes d'encadrement ont été renforcées
dans le cadre de la territorialisation des interventions sociales ;
- la mise en place de la PSD a entraîné le recrutement
d'agents.
Dépense de prévention et d'accompagnement social
(en milliards de francs)
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
8,7 |
9,8 |
10,7 |
11,2 |
12,0 |
12,4 |
13,6 |
13,9 |
14,5 |
15,3 |
f) Les travaux de l'APCG montrent la baisse du taux de couverture des dépenses d'action sociale par les recettes
L'APCG a
réalisé une analyse nationale de l'aide sociale des
départements sur la base des comptes administratifs 1997 de
99 départements. Cette analyse porte donc sur les
données
statistiques définitives
.
Les dépenses indirectes d'action sociale, 15,2 % du total,
représentent 13,4 milliards de francs. Elles augmentent de
5,5 % sur 1996 en raison du recrutement de plus de 500 agents en
équivalents temps plein lié à la mise en place de la
prestation spécifique dépendance.
Les dépenses directes d'action sociale, 84,8 % du total,
s'élèvent à 74,7 milliards de francs. Elles
progressent de 2,3 %, soit la hausse annuelle la plus faible depuis dix
ans.
Les recettes directes d'aide sociale, qui s'élèvent à
22,3 milliards de francs, ont deux sources :
- la participation des usagers, soit 10,3 milliards de francs, en
baisse de 2,1 % par rapport à 1996, essentiellement en raison des
difficultés contributives de certaines familles mais également en
raison de la diminution du nombre de prises en charge de l'aide sociale
à l'hébergement des personnes âgées ;
- le contingent communal qui s'élève à
11,9 milliards de francs, soit une hausse de 4,4 %.
La charge nette pour les collectivités départementales est donc
de 65,8 milliards de francs en 1997, en progression de 3,3 % sur
1996.
L'APCG constate que le taux de couverture des dépenses d'action
sociale par les recettes est en baisse continue et ne représente plus
qu'un quart des dépenses à assurer alors qu'il était
supérieur à 30 % en 1987.
g) Les dépenses sociales communales mériteraient d'être mieux connues
Votre
rapporteur a souhaité évoquer, dans l'avis de cette année,
l'action sociale communale.
Celle-ci est difficile à mesurer car les communes n'ont pas de
compétences obligatoires en matière d'action sociale. En outre,
leur action s'opère souvent à travers le milieu associatif.
Il reste que les communes, par les aides d'urgence versées notamment par
les CCAS, par les dépenses de fonctionnement ou d'investissement
qu'elles prennent en charge dans les établissements sociaux et
médico-sociaux dont elles sont propriétaires, jouent un
rôle non négligeable.
La comptabilité M 14 fait ainsi apparaître que les
dépenses des services sociaux des communes de plus de
10.000 habitants sont passées de 13,2 milliards de francs
à 16,3 milliards de francs en 1996. Ces dépenses ne
recouvrent pas les dépenses de personnel. En outre, les dépenses
d'équipement sanitaire et social varient entre 1,3 et 1,8 milliard
de francs par an toujours entre 1992 et 1996 pour les communes de plus de
10.000 habitants.
3. La menace d'un retournement de cycle
Pour
autant, comme le fait remarquer l'ODAS,
trois évolutions de fond
pourraient menacer rapidement le maintien de cette tendance au ralentissement
des dépenses.
Tout d'abord, les bons résultats obtenus ont une raison conjoncturelle,
à savoir un ralentissement de la dépense nette d'aide sociale en
faveur des personnes âgées. Or, celle-ci est inhérente
à
la montée en charge lente du nouveau dispositif que
constitue la PSD
; le même phénomène avait
été observé avec la mise en place de l'ACTP en 1975.
Sans empiéter sur les conclusions de notre excellent collègue,
M. Alain Vasselle, les indicateurs les plus récents montrent que le
rythme d'évolution des dépenses au titre de la PSD ne cesse
d'augmenter. Ainsi, le rythme d'évolution des engagements de
dépense de PSD en 1998 a progressé continûment :
200 millions de francs au 1
er
trimestre 1998,
300 millions de francs au 2
ème
trimestre, 400 millions
de francs au 3
ème
trimestre et 500 millions de
francs au 4
ème
trimestre.
Le second élément de fond à prendre en compte est
l'impact inéluctable du vieillissement de la population
sur
l'aide sociale départementale qui pose particulièrement la
question de la réforme de l'aide aux personnes handicapées
vieillissantes. La mise en place de la loi du 30 juin 1975 a pour effet
heureux que, depuis un quart de siècle, l'espérance de vie des
personnes handicapées s'est sensiblement allongée.
Parce qu'il sera difficile de faire passer ces personnes, dont l'accompagnement
est très spécifique, dans les établissements pour
personnes âgées de droit commun, la question de la création
d'un statut particulier pour la personne handicapée dépendante va
se poser bientôt avec urgence.
D'une manière générale, le vieillissement de la population
aura une incidence directe sur les dépenses au titre de la PSD. Sur ce
point, votre rapporteur renvoie à l'avis de M. Alain Vasselle sur
l'assurance vieillesse dans le cadre de la loi de financement de la
sécurité sociale.
Le troisième élément de fond tient à
l'augmentation sensible des dépenses d'aide sociale à
l'enfance
actuellement constatée.
Le nombre de signalements d'enfants en danger augmente
régulièrement depuis trois ans. Comme le souligne l'ODAS, on
assiste aujourd'hui à une
judiciarisation des signalements
d'enfants
qui fait que le système d'aide sociale à l'enfance
orienté vers les familles en difficulté s'adresse de plus en plus
à des mineurs difficiles en situation de rupture qui appellent des
formes de prises en charge adaptées
" atypiques et plus
coûteuses
"
.
A terme,
il convient d'éviter le placement d'enfants pour des raisons
uniquement motivées par la pauvreté des familles
comme cela
est encore trop souvent le cas. Trop fréquemment, des enfants ont
été pris en charge par l'aide à l'enfance parce que l'on a
estimé que l'on ne pouvait pas leur venir en aide en les laissant avec
leurs parents. Il en résulte une prise en charge coûteuse de
l'enfant en établissement ou en service d'accueil familial et un
déchirement des familles qui n'est pas justifié. A confondre
pauvreté et déstructuration familiale, on a choisi les solutions
les plus coûteuses.
Pour conclure, on ne peut qu'approuver l'ODAS qui met en garde contre un
retournement de la tendance à la diminution des dépenses
départementales.
" On peut donc craindre que les premières années de l'an
2000 se caractérisent par le retour d'une période de forte
progression des dépenses engendrée par la pression
conjuguée des besoins de soutien aux deux âges extrêmes de
la vie : l'enfance et la vieillesse. On verrait ainsi se préciser
une évolution de type cyclique : diminution des
dépenses entre 1985 et 1990 ; augmentation des dépenses
entre 1990 et 1995 ; stabilisation des dépenses entre 1995 et
2000 ; augmentation des dépenses au-delà de l'an
2000 "
16(
*
)
.
B. DES INCERTITUDES PÈSENT TOUJOURS SUR LES FACTEURS STRUCTURELS D'ÉVOLUTION DE LA DÉPENSE SOCIALE ET MÉDICO-SOCIALE
L'action
sociale est largement prise en charge par les établissements sanitaires,
sociaux et médico-sociaux sans but lucratif : ces derniers
représentent la forme " institutionnelle " de l'action en
faveur des personnes âgées handicapées ou inadaptées.
La cellule statistique de l'UNIOPSS effectue chaque année un travail
utile en rassemblant des statistiques de sources diverses permettant ainsi de
présenter le " panorama financier " du secteur.
Financés à la fois par l'assurance maladie, l'Etat et les
départements, les établissements sociaux ont
représenté 98,93 milliards de francs de dépenses en
1997 dont 68 % ont été réalisées par des
établissements gérés par des associations.
Prestations servies aux établissements et services sanitaires et sociaux en 1997 17( * )
|
Total |
Associations |
|
|
Milliards de francs |
Milliards de francs |
% |
SÉCURITÉ SOCIALE, tous risques, tous régimes |
|
|
|
CNAM Activités sanitaires |
288,00 |
43,48 |
15,10 |
Activités médico-sociales |
40,57 |
29,10 |
71,73 |
Enfance inadaptée |
21,41 |
19,15 |
89,44 |
C.A.M.S.P. |
0,33 |
0,22 |
67,24 |
Adultes handicapés |
5,79 |
4,79 |
82,61 |
Personnes âgées |
13,01 |
4,92 |
37,81 |
Total CNAM |
328,57 |
72,59 |
22,09 |
CNAF Enfance famille |
7,73 |
4,25 |
54,95 |
CNAV Personnes âgées |
3,50 |
2,28 |
65,00 |
TOTAL SÉCURITÉ SOCIALE |
339,80 |
79,11 |
23,28 |
ETAT Adultes handicapés |
5,84 |
5,44 |
93,00 |
Adultes en difficulté |
2,35 |
2,14 |
91,00 |
TOTAL AIDE SOCIALE DE L'ETAT |
8,19 |
7,57 |
92,43 |
DÉPARTEMENTS |
|
|
|
Enfance |
20,60 |
10,46 |
50,80 |
Personnes âgées |
7,30 |
2,17 |
29,70 |
Adultes handicapés |
11,00 |
9,79 |
89,00 |
Adultes en difficulté |
3,50 |
3,15 |
90,00 |
TOTAL AIDE SOCIALE DES DÉPARTEMENTS |
42,40 |
25,57 |
60,31 |
TOTAL MÉDICO-SOCIAL |
98,93 |
67,16 |
68,00 |
TOTAL GÉNÉRAL |
390,40 |
112,25 |
28,75 |
Champ :
France métropolitaine
Source : UNIOPSS
18(
*
)
La difficulté de la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail et les incertitudes juridiques créées par la
jurisprudence administrative pour les finances départementales risquait
de compliquer la mise en oeuvre de la réforme du taux directeur
opposable dans le secteur social et médico-social.
1. La mise en oeuvre difficile de la réduction du temps de travail dans le secteur social et médico-social
Le bouclage financier de la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail dans le secteur social et médico-social pourrait être exposé à des risques de dérapage car il repose sur un certain nombre de paris.
a) Des gains de productivité faibles
La
difficulté, par rapport au secteur à but lucratif est que les
gains de productivité susceptibles de compenser la baisse du temps de
travail et d'atténuer ainsi le surcoût de la mesure sont faibles,
voire inexistants, dans le secteur social et médico-social
.
Certes, de nombreux établissements se sont engagés dans une
démarche de qualité, notamment pour réviser des
organigrammes conçus depuis les années 1950 ou pour
" externaliser " les frais annexes comme les frais de restauration,
mais
les marges de manoeuvre sont nécessairement limitées
pour trois raisons :
- Tout d'abord, le secteur associatif se caractérise par un certain
émiettement des structures
qui ne permet pas de jouer sur des
ajustement de masse : les budgets sont souvent limités, de l'ordre de
1 million de francs, ce qui réduit les marges de manoeuvre ; les
seuils en matière de normes d'encadrement du public, comme c'est le cas
en matière d'aide à l'enfance, sont souvent incompressibles pour
des petites associations.
- Par ailleurs, les aides et les services à la personne doivent
être effectués à des rythmes quotidiens qui ne peuvent
être profondément modifiés ou réorganisés.
Comme le souligne l'UNAPEI, si le temps de travail d'un salarié peut
être réduit,
la durée des soins et de l'assistance
requise par une personne handicapée reste la même
. L'UNIOPSS
souligne que le secteur social et médico-social
" fait face
à des hommes et non pas à des machines "
.
- Ensuite, la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail
génère des
réactions en chaîne
: un
certain nombre d'associations ont considéré que les personnes
handicapées qui travaillent en CAT devaient bénéficier des
35 heures, bien que celles-ci ne soient pas régies par des
conventions collectives contrairement aux personnels des ateliers
protégés. Qu'il s'agisse d'un CAT ou d'un atelier
protégé, les conséquences sont les mêmes : le
temps libre supplémentaire dégagé par la RTT se traduit en
termes de
charge de travail supplémentaire
pour les
équipes de soutien médico-éducatifs ou pour les personnels
des foyers d'hébergement qui retrouvent leurs pensionnaires plus
tôt.
Dans ces conditions, la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail appelle inéluctablement
le recours à des embauches
compensatrices, génératrices de coûts
supplémentaires dans des proportions importantes
.
Du fait de la faiblesse des gains de productivité, pour les
établissements qui passeront de 39 heures à 35 heures
de travail hebdomadaire, ce seront donc bien 11,4 % d'embauches
supplémentaires qui devront être financées.
b) Un pari complexe à tenir
Il est
intéressant d'analyser la manière dont la réduction du
temps de travail est financée à travers les accords afin de
compenser les embauches supplémentaires qui seront nécessairement
à niveau important dans le secteur médico-social. Votre
rapporteur a choisi d'exposer le dispositif de l'accord SNAPEI du 12 mars
1999 en examinant comment étaient financés les 11,4 %
d'embauches supplémentaires.
• L'accord prévoit tout d'abord un
accord de modération
salariale
qui s'applique à l'ensemble des associations du secteur
dont le personnel est couvert par la convention collective.
Celui-ci porte sur trois éléments de la
rémunération :
- il est prévu tout d'abord
un gel de la valeur du point et des
mesures catégorielles en 1999 et 2000
: les augmentations
générales de salaire sont suspendues, dans la limite de
2,34 % de la masse salariale en année pleine au maximum ;
- ce gel intègre notamment la non-revalorisation catégorielle de
2 points accordée aux salariés de la fonction publique en
1999. Cette non-attribution représente 0,44 % de la masse salariale
(incluse dans les 2,34 %) ;
- de plus, il est prévu une suspension à durée
indéterminée de la
majoration familiale de traitement
:
l'effet de celle-ci est évalué à 0,11 % de la masse
salariale, pour chaque année de suspension (maximum 20 ans avec un effet
de 0,11 % par an).
Ces mesures de blocage interviennent en 1999 et 2000, les salaires reprennent
ultérieurement leur évolution (sauf pour la majoration
familiale). Mais du point de vue financier, l'effet de la mesure annuelle de
" gel " se reporte d'année en année.
Il est important de souligner également que le " produit " du
gel doit impérativement être affecté au financement des
nouveaux embauchés.
Au total, l'accord de modération permet à lui seul de
dégager 2,56 % d'économies (2,34 % + 0,22 % au
titre de deux années de suppression de la majoration familiale) sur la
masse salariale au cours de la période comprise entre le
1
er
janvier 1999 et le
1
er
janvier 2001. Sur 5 ans, l'effet est de 2,89 %
(2,34 % + 5 années de suppression de majoration familiale (5 x
0,11 %), soit 2,89 %).
Le taux de 2,89 % est une moyenne : dans la mesure où les
nouveaux recrutements se feront à des niveaux de salaire sans
ancienneté, donc à des niveaux relativement plus faibles que ceux
des salariés en fonction, l'économie réalisée
permet en réalité de financer
3,5 % d'embauches
supplémentaires
.
• Il convient de préciser que la situation est compliquée
par le fait que la durée de travail annuelle dans les
établissements relevant du SNAPEI s'étale, en moyenne, entre
1.755 heures et 1.614,6 heures par an.
En effet, la convention collective prévoit la possibilité de
l'attribution éventuelle de jours de congé trimestriel
supplémentaires, dans la limite de 6 jours, 9 jours ou
18 jours de congé supplémentaire par an, suivant la
règle suivie dans l'établissement.
Ramené en moyenne hebdomadaire, cela correspond à une
durée de travail comprise entre 36 et 39 heures, selon les cas.
Pour un établissement appliquant la règle des 18 jours de
congé trimestriel, la durée hebdomadaire du travail est de
l'ordre de 36 heures par semaine en moyenne. L'économie
réalisée par l'accord de modération salariale permet donc
a priori
de financer le passage aux 35 heures.
En revanche,
pour les établissements au-delà de 37 heures
de durée
du travail hebdomadaire, il importe donc de
conclure un
accord sur la réduction du temps de travail
, prévu par la
loi, afin de bénéficier des aides légales et du
mécanisme spécifique envisagé par l'accord SNAPEI.
• En effet, la
signature d'un accord collectif
sur
l'aménagement du temps de travail ouvre droit au minimum à une
aide structurelle dont le montant minimum et pérenne est de
4.000 francs par an (pour les salaires compris entre 1 et 1,8 fois le
SMIC ou pour les entreprises ayant anticipé la date légale
d'application, le niveau des aides est plus élevé).
Cette aide équivaut, en moyenne selon les informations
communiquées par le SNAPEI, à 2 % de la masse salariale.
Compte tenu de l'effet de l'accord de modération salariale, le versement
de l'aide permet donc de financer 6 % d'embauches supplémentaires.
Il reste que les établissements dont la durée de travail est de
39 heures ont 11,4 % d'embauches supplémentaires à
financer.
Pour ces derniers, il est prévu, à l'article 11 de
l'accord-cadre du 12 mars 1999, que les entreprises qui s'engagent
au-delà de 6 % d'embauches compensatrices (ou qui anticipent
au-delà de 10 % de la réduction du temps de travail)
pourront prévoir, dans un accord d'établissement, la
neutralisation de la progression de carrière
pour une
durée maximum de trois ans. A l'issue de la période de
neutralisation, la progression reprend, sans rattrapage rétroactif
évidemment.
Cette mesure, qui équivaut à un blocage du glissement
vieillesse-technicité, est applicable sur une, deux ou trois
années. Selon le SNAPEI, le blocage permet d'économiser en
moyenne
1,3 % par an
sur la masse salariale, soit au maximum
3,9 % sur trois ans.
Compte tenu de l'économie résultant de l'accord de
modération et à la prime structurelle, l'établissement
peut dégager, du fait des effets de report, l'équivalent de
8,8 % de la masse salariale
dans l'hypothèse d'un blocage
sur trois ans de l'évolution des carrières. Le seuil de
11,4 % d'embauches supplémentaires peut ainsi être atteint.
Votre rapporteur n'a pas détaillé le raisonnement ci-dessus pour
l'accord FEHAP agréé en octobre dernier : l'article 10
relatif à la politique salariale prévoit une prolongation de
16 mois de la durée des échelons dans la limite de
1,5 % du salaire ainsi qu'un gel des augmentations générales
pendant 2 ans. Les accords d'entreprise peuvent prévoir des
contreparties salariales supplémentaires pour s'équilibrer.
Dans le secteur social et médico-social, le passage aux 35 heures
suppose donc la réussite de
trois paris
.
- Tout d'abord,
la capacité d'anticipation des
échéances par les établissements et associations du
secteur
qui, lorsque leurs salariés sont au-dessus de 37 heures
hebdomadaires, devront rapidement, si ce n'est déjà fait,
conclure un accord sur la réduction du temps de travail en
prévoyant, le cas échéant, des dispositions sur la
neutralisation des progressions de carrière : ce n'est qu'à
cette condition que les associations devraient franchir financièrement
le cap des 35 heures sans dépasser leurs objectifs de dépenses
annuels. L'information par les fédérations gestionnaires des
conventions collectives jouera un rôle très utile à cet
égard.
- Ensuite, la compréhension par les personnels de
l'effort de
modération salariale
qui leur est demandé : en cas de
dérapage, les financeurs, qu'il s'agisse de l'Etat, de la
Sécurité sociale ou des départements, seront en
première ligne ;
- Enfin, la possibilité d'une
véritable
réorganisation
des équipes et des périodes de
permanence qui permette, sans heures supplémentaires, d'intégrer
les personnels nouvellement embauchés sans réduire la
qualité des services aux personnes.
c) Un encadrement administratif particulièrement lourd
L'article 16 de la loi n° 75-535 du
30 juin 1975
dispose que des conventions collectives de travail dans le secteur social ou
sanitaire à but non lucratif
" ne prennent effet qu'après
agrément donné par le ministre compétent après avis
d'une commission où sont représentés des élus
locaux "
.
Au cours de son audition par votre commission, Mme Martine Aubry a
déclaré que le contrôle de l'équilibre financier
d'un accord opéré à l'occasion de l'agrément
était un élément de sécurité pour les
organismes financeurs. Votre rapporteur n'en disconvient pas. Il reste
néanmoins que
la procédure semble avoir été
appliquée avec une lenteur et une rigidité qui n'ont pas
facilité l'action des établissements dans leur démarche
de recherche d'un accord.
Il convient de rappeler que les salariés des établissements
sociaux et médico-sociaux relèvent principalement de deux
conventions collectives :
- la convention collective du 15 mars 1996 de la
Fédération des syndicats nationaux d'employeurs des
établissements et services pour personnes inadaptées et
handicapées à but non lucratif (SNAPEI, SNASEA, SOP)
19(
*
)
qui concerne 180.000 salariés ;
- la convention collective du 31 octobre 1951 de la
Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance
privés à but non lucratif (FEHAP) du 31 octobre 1951.
Les deux conventions collectives participent à la branche sanitaire,
sociale et médico-sociale à but non lucratif (UNIFED).
En matière de réduction du temps de travail, le dispositif fait
intervenir à la fois l'accord de branche, des accords collectifs et les
accords d'établissements.
A été conclu le 1
er
avril 1993 un accord de la
branche UNIFED relatif à l'aménagement et à la
réduction du temps de travail. En fait, cet accord ne porte que sur
l'organisation de la flexibilité dans l'organisation du travail et
renvoie à des avenants aux conventions collectives les questions de la
durée du travail, du maintien des salaires et des embauches.
•
Les lenteurs de l'agrément des avenants aux
conventions collectives
Conclu le 12 mars 1999, l'accord SNAPEI a été
agréé par arrêté du 9 août 1999, soit
près de quatre mois après la signature.
S'agissant de l'accord FEHAP, la situation s'est avérée nettement
plus complexe : il aura fallu près de 9 mois de
décisions ministérielles confuses et de pressions diverses des
signataires ainsi que la préparation de quatre additifs pour que
l'accord soit agréé le 7 octobre.
S'agissant d'un secteur qui pèse plusieurs dizaines de milliards de
francs, on peut se demander si l'agrément, dans les conditions où
il est délivré actuellement, correspond tout à fait aux
contraintes de gestion des établissements.
La situation est compliqué par la nécessité
d'agréer l'ensemble des accords locaux qui doivent être
passés par les établissements du secteur dans le cadre des
avenants aux conventions collectives précitées.
•
L'imbroglio administratif
Par décision ministérielle, prise en janvier 1999, il a
été décidé en effet de rejeter la notion
" d'agrément automatique " des accords locaux qui ferait
explicitement référence aux avenants des conventions collectives.
Dans une lettre adressée aux présidents de
fédérations d'employeurs du 9 mars 1999, il est
précisé par Mme Martine Aubry qu'il importe que les accords
locaux fassent l'objet d'un agrément explicite par ses services
" afin d'éviter toute difficulté ultérieure quant
à leur interprétation ou financement, et d'assurer le respect des
principes qui pourront être affirmés au niveau des accords
nationaux soumis eux-mêmes à l'agrément "
.
Compte tenu du nombre d'établissements et d'associations dans le secteur
social et médico-social, ce sont donc environ 2.000 accords qui
devront être passés en commission nationale d'agrément
(CNA). Lors de son audition devant la commission, Mme Martine Aubry a
précisé effectivement que 1.800 accords avaient
été transmis, dont 350 examinés.
A la date de publication de la première loi relative à la
réduction du temps de travail, la procédure prévoyait que
les accords d'établissement ou d'entreprise devaient être
adressés directement à la Direction de l'action sociale à
Paris. A titre anecdotique, on notera que le maintien de cette procédure
aurait rapidement posé des problèmes de stockage insurmontables
au ministère puisqu'il était demandé que chaque accord
soit transmis en 30 exemplaires.
Par circulaire du 31 août 1999, il a été prévu
de déconcentrer la procédure d'agrément auprès des
DDASS avec une procédure spécifique de dépôt et
d'enregistrement des actes soumis à agrément. Cette instruction
comprend 30 pages, dont une dizaine de pages d'un questionnaire
détaillé à remplir par les établissements sur le
contenu de l'accord signé.
Ce document est accompagné d'une volumineuse " grille de
lecture " à destination des services qui reprend sur près de
14 pages des éléments destinés à
"
aider l'instruction
" et à servir de base pour
l'élaboration du rapport normalisé devant être transmis
dans un délai de six semaines à l'administration centrale avec un
projet d'avis soumis à la CNA.
L'inconvénient de cette grille de lecture, outre sa complexité,
est qu'elle n'indique jamais les hypothèses précises dans
lesquelles la DDASS doit transmettre un projet d'avis négatif. Dans la
mesure où la circulaire annonçait simultanément que les
DDASS étaient
" responsables et garantes de la qualité
des prestations apportées ainsi que de l'équilibre
financier "
et devant l'ampleur de la tâche, il n'est pas exclu
que certaines DDASS aient privilégié la solution de l'avis de
refus d'agrément, qui présentait l'avantage de ne pas modifier le
statu quo
sur un domaine d'apparence très technique.
La situation semble avoir évolué et, selon les informations
transmises à votre rapporteur, il semble que les DDASS aient
été invitées à mettre l'accent sur l'examen du
tableau économique d'ensemble qui doit être fourni par
l'établissement et de contrôler le respect de l'équilibre
financier d'ensemble.
Cet objectif d'ensemble est, au demeurant, l'objectif recherché à
travers les avenants aux conventions collectives.
•
La question du délai d'agrément
Compte tenu des délais de passage en CNA, et de la
nécessité de faire valider, à la suite de
l'agrément de l'accord, certaines décisions d'application, les
associations estiment que la période entre la conclusion d'un accord et
son application effective peut varier de 4 à 6 mois.
Dans la mesure où pour les établissements de plus de
20 salariés, la réduction du temps de travail est applicable
au 1
er
janvier 2000, la question s'est posée de savoir
si les associations qui avaient conclu un accord non agréé
devaient (au 1
er
janvier 2000) appliquer l'accord avant
agrément ou ne pas appliquer cet accord et s'acquitter des majorations
d'heures supplémentaires.
Cette question a été une interrogation lancinante pour les
gestionnaires d'associations depuis la rentrée 1999. M. Louis
Souvet a appelé l'attention sur cette question dans son rapport
consacré au projet de loi sur la réduction négociée
du temps de travail.
Une solution semble avoir été trouvée en nouvelle lecture
à l'Assemblée nationale. Pour la mise en oeuvre des aides, la
date de référence sera celle de la signature de l'accord ;
par ailleurs, les majorations d'heures supplémentaires ne seront pas
applicables lorsqu'un accord aura été signé et non encore
agréé.
En définitive, tout se passe comme si l'administration était
incapable de faire preuve, en matière de gestion administrative du
passage aux 35 heures, de la même souplesse et de la même
capacité d'adaptation que celles réclamées aux entreprises
du secteur privé pour appliquer la réduction du temps de
travail.
2. La mise en oeuvre du taux directeur opposable
Le
principe du taux directeur opposable en matière de fixation des
enveloppes de financement du secteur social et médico-social a
été mis en place pour l'ensemble du secteur en 1999, en trois
phases
20(
*
)
:
- l'article 33 de
la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999
(n° 98-1194 du 23
décembre 1999) a visé les établissements sociaux et
médico-sociaux relevant de l'assurance maladie (enfants
handicapés, soins aux adultes handicapés, soins aux personnes
âgées) ;
- l'article 135 de
la loi de finances pour 1999
(n° 98-1266 du 30 décembre 1998) a porté sur les
établissements dont le financement est assuré par le budget de
l'Etat (centres d'aide par le travail et centres d'hébergement et de
réadaptation sociale) ;
- enfin, l'article 58 de la
loi n° 99-641 du
27 juillet 1999
portant création d'une
couverture maladie
universelle
(CMU) a concerné les établissements dont le
financement est pris en charge par le budget de l'aide sociale
départementale.
Votre commission a réclamé, depuis plusieurs années, la
mise en oeuvre de ce taux directeur pour des raisons qui ont été
exposées par votre rapporteur dans ses avis antérieurs.
S'il est encore trop tôt pour porter un jugement sur les effets de cette
réforme, votre rapporteur souligne à nouveau que la mise en
oeuvre du taux directeur opposable suppose une analyse des facteurs
d'évolution des dépenses dont les chefs d'établissement ne
sont pas responsables, notamment en matière de dépenses de
personnel et de remise à niveau du fait des normes techniques.
La mise en place des enveloppes limitatives de financement ne prendra son sens
que si elle n'aboutit pas à un " étranglement " des
associations gestionnaires. Le taux directeur doit être non seulement
opposable
mais également
modulable
en fonction de la
réalité des besoins pour le terrain.
C. LES INCERTITUDES CRÉÉES PAR LA JURISPRUDENCE JUDICIAIRE ET ADMINISTRATIVE
1. La validation juridique des heures de surveillance en chambre de veille
Votre
rapporteur évoque ici pour mémoire cette question qu'il avait
abordée dans son avis de l'année dernière et qui semble
avoir trouvé une solution à travers un amendement
déposé à son initiative et adopté par le
Sénat au cours de la discussion du projet de loi relatif à la
réduction négociée du temps de travail.
Il convient de rappeler que, depuis plus de 20 ans, les conventions
collectives nationales de travail du secteur sanitaire, social et
médico-social privé sans but lucratif, soumises à
agrément ministériel au titre de l'article 16 de la loi
n° 75-535 du 30 juin 1975, contiennent des dispositions
prévoyant une rémunération par équivalence des
périodes de permanence effectuées sur le lieu de travail. Ainsi,
par exemple, la convention collective du 15 mars 1966 prévoit des
mesures spécifiques pour les permanences nocturnes effectuées par
des personnels couchés en chambre de veille : 9 heures de
présence " dormante " sont rémunérées sur
la base de 3 heures au tarif des heures normales de travail
éducatif.
La convention du 31 octobre 1951 prévoit, quant à elle, des
équivalences tant en ce qui concerne les permanences de jour sur les
lieux de travail (1 heure équivaut à 30 minutes de
travail effectif) que pour les permanences à domicile (1 heure de
permanence équivaut à 15 minutes de travail effectif).
Bien entendu, dès que le salarié est amené à
intervenir, il est rémunéré sur la base du salaire horaire
correspondant à des heures de travail effectif.
La Cour de Cassation après avoir, en mars 1999, admis le principe
d'équivalence contenu dans l'une de ces conventions collectives
nationales, a opéré un revirement de jurisprudence par une
décision du 29 juin 1999, en décidant que les conventions
collectives nationale agréées ne pouvaient édicter de
dispositifs d'heures d'équivalences, au motif que cette faculté
dérogatoire était limitée aux conventions ou accords
collectifs étendus ou aux accords d'entreprise ou d'établissement.
La Cour a donc estimé que l'article L. 212-4-2 du code du
travail ne s'appliquait pas au secteur médico-social dans la mesure
où celui-ci est régi par des conventions collectives qui ne sont
pas des conventions étendues mais des conventions agréées.
Il est à noter que la définition des périodes d'inaction
donnant lieu à équivalence aurait pu être effectuée
par décret, aux termes de l'article L. 212-4
précité, ce qui aurait résolu le problème.
Toutefois, ce décret n'a jamais été pris par le
Gouvernement.
La définition d'horaire d'équivalence apparaît
inévitable sauf à réduire à due proportion le
nombre d'heures de travail effectuées auprès des enfants ou des
personnes âgées, handicapées ou inadaptées, usagers
des établissements.
Il reste que l'introduction systématique de contentieux, à titre
rétroactif, par tous les personnels concernés et portant sur une
période de cinq ans,
aurait pu mettre à la charge du budget de
l'Etat, de l'assurance maladie et des budgets des départements, une
somme d'un montant estimé à près de 4 milliards de
francs
par le syndicat national des associations de parents et amis de
personnes handicapées mentales gestionnaires d'établissements et
de services spécialisés (SNAPEI).
Le coût aurait été immédiat puisqu'en ce domaine la
créance étant une créance salariale, le Conseil des
prud'hommes peut demander l'exécution immédiate du jugement,
l'appel n'étant pas suspensif.
A ce jour, des associations condamnées par des décisions de
justice définitives doivent verser des sommes représentant
jusqu'à 30 % de leur budget annuel ; toute
généralisation des contentieux aurait de graves
répercussions budgétaires.
C'est pourquoi, conformément à la jurisprudence du Conseil
constitutionnel qui a admis la procédure de validation pour
" éviter que ne se développement des contestations dont
l'aboutissement pourrait entraîner, soit pour l'Etat, soit pour les
collectivités territoriales, des conséquences
dommageables "
, votre rapporteur a fait adopter avec l'avis favorable
du Gouvernement un amendement tendant à valider à titre
rétroactif les rémunérations versées au titre des
heures de permanence nocturne en chambre de veille dans le secteur social et
médico-social.
S'il se félicite de la solution ainsi dégagée, votre
rapporteur souligne que la question aurait pu être résolue, avant
le revirement de jurisprudence de la Cour de Cassation, si un décret
avait été pris par le Gouvernement pour conforter la base
juridique des stipulations des conventions collectives relatives au
régime d'équivalence dans le secteur social et
médico-social où les conventions collectives sont des conventions
agréées et non pas des conventions étendues au sens du
code du travail.
Par ailleurs, votre rapporteur sera attentif aux mesures qui seront prises pour
l'avenir en matière de définition des horaires
d'équivalence dans le secteur, conformément aux nouvelles
dispositions prévues dans la loi relative à la réduction
négociée du temps de travail.
2. La remise en cause du dispositif financier des foyers à double tarification (FDT)
Les
foyers à double tarification (FDT) ont été mis en place
à titre expérimental par deux circulaires des
14 février 1986 et 3 juillet 1987. Alors que le dispositif
fonctionne maintenant depuis plus de dix ans, le support juridique des FDT est
resté le même.
Dans le dispositif, la tarification comporte deux éléments :
- le premier, relatif aux soins, est arrêté par le
Préfet, les frais de soins étant pris en charge par la
sécurité sociale ;
- le second, concernant l'hébergement, est fixé par le
Président du Conseil général dans la mesure où les
frais d'hébergement sont assumés au titre de l'action sociale
départementale.
Par un arrêt du 30 juin 1999
(CE, Association de gestion de
l'Institut universitaire et socioprofessionnel pour handicapés physiques
(AGI) et département de Meurthe-et-Moselle)
le Conseil d'Etat a
estimé que les circulaires des 14 février 1986 et
3 juillet 1987 étaient
illégales
car elles avaient un
caractère réglementaire et étaient, par conséquent,
entachées d'incompétence. Il résulte que les
arrêtés de tarification pris en application de ces circulaires
sont également illégaux.
Dans une note de la DAS en date du 25 août 1999, il est
précisé que, de ce fait, le foyer à double tarification de
l'AGI a été requalifié en foyer d'hébergement
à la charge du Conseil général,
" les soins
pouvant être financés selon les principes de l'assurance maladie
ou de l'aide médicale (c'est-à-dire à l'acte) "
.
En requalifiant ainsi le FDT en " foyer d'hébergement ", le
ministère remet en cause les engagements pris, dans les deux circulaires
précitées, par l'Etat et par l'assurance maladie pour le
financement des soins, au détriment des départements.
En l'état actuel, ce sont plus de 5.000 places d'accueil en FDT qui
sont mises à disposition des adultes handicapés lourds et de
leurs familles, souvent à défaut de places en maisons d'accueil
spécialisées, et pour lesquels l'ensemble du dispositif global de
prise en charge se trouve compromis.
Mme Martine Aubry a pris l'engagement en commission de prendre un
décret permettant de régulariser la situation des FDT sur la base
du
statu quo
actuel.
Votre rapporteur souligne l'urgence de la consolidation des engagements pris en
1985 et en 1987 dans un cadre juridique mieux adapté.
3. La question du régime des jeunes adultes maintenus en IME au titre de l'amendement Creton
L'amendement " Creton " -qui devrait être
appelé amendement " Gillibert " du nom du ministre qui en
avait accepté l'adoption- résulte du I
bis
de
l'article 6 de la
loi d'orientation en faveur des handicapés du 30
juin 1975,
introduit par la
loi n° 89-18 du 13 janvier 1989 portant
diverses dispositions d'ordre social.
Celui-ci prévoit qu'un jeune adulte handicapé peut être
maintenu dans l'établissement d'éducation spéciale
au-delà de l'âge réglementaire s'il ne peut être
admis immédiatement dans un établissement pour adultes
handicapés désigné par la
commission technique
d'orientation et de reclassement professionnel
(COTOREP) ;
cette
décision s'impose à l'organisme ou à la
collectivité compétente pour prendre en charge les frais
d'hébergement et de soins dans l'établissement pour adulte
désigné par la COTOREP (...) ".
Bien que procédant d'une intention généreuse, -qui
était de limiter les ruptures de prise en charge des jeunes adultes-,
le dispositif n'a pas eu les effets attendus
dans la mesure où,
loin de susciter automatiquement la création de nouvelles places de CAT,
il a entraîné de véritables situations
" d'embouteillage " dans les établissements d'éducation
spécialisée. Ces derniers ont dû prendre en charge des
personnes handicapées adultes, que les personnels n'étaient pas
toujours prêts à encadrer, au détriment d'enfants
handicapés plus jeunes qui ne pouvaient accéder aux structures
qui leur étaient destinées.
La situation a été aggravée par les
multiples
contentieux
survenus entre les départements et les caisses
d'assurance maladie sur la nature des dépenses devant être prises
en charge.
Dans son avis de l'année dernière, votre rapporteur avait
mentionné un arrêt du Conseil d'Etat du 9 juillet 1997 qui
avait remis en cause les modalités de compensation par les
départements du coût du maintien de l'adulte handicapé.
Il convient de préciser que la Cour de Cassation (
Chambre sociale,
30 mai 1996)
estime, s'agissant des bénéficiaires de
l'amendement " Creton " orientés en foyer de vie, qu'il n'y a
pas lieu de distinguer selon la nature de la prestation et qu'il incombe au
département d'assumer à la fois les dépenses relatives aux
soins et celles relatives à l'hébergement.
Or, le Tribunal des conflits, à l'occasion d'un litige relatif au
financement de l'amendement " Creton ", a estimé qu'il
s'agissait d'un différend
" relatif à l'application des
législations et réglementations de sécurité
sociale "
et a estimé, en conséquence, qu'il appartenait
aux juridictions compétentes de l'ordre judiciaire de juger à qui
il appartient de prendre en charge les frais de soins inclus dans les frais de
séjour
(décision n° 3103 du 25 mai 1998,
Préfet de Meurthe-et-Moselle c/Tribunal des affaires de
sécurité sociale de Nancy)
.
Dans la mesure où la Cour de Cassation estime traditionnellement qu'il
appartient aux départements d'assumer l'intégralité des
frais relatifs au maintien des bénéficiaires de l'amendement
" Creton " orientés en établissement
d'hébergement, cette décision est de nature à remettre en
cause les modalités de financement jusqu'alors admises par
l'administration.
Votre rapporteur souligne l'urgence d'une disposition réglementaire
adéquate pour stabiliser la situation des personnes maintenues en
établissement au titre de l'amendement " Creton " sans
fragiliser la situation des départements.
*
* *
Votre
commission constate que face à l'augmentation persistante des effectifs
et du coût du RMI et à l'accroissement continu du nombre de
titulaires de l'AAH, que font ressortir les évolutions
budgétaires, le Gouvernement n'a pas décidé des
réformes qui seraient nécessaires pour rendre plus efficace
l'utilisation des crédits concernés.
Par ailleurs, les dépenses sociales et médico-sociales
apparaissent sous la menace d'un retournement du cycle actuel de la tendance
à la baisse des dépenses, retournement qui risque d'être
aggravé par la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail
et par les incertitudes générées par la jurisprudence.
Compte tenu des analyses et observations exposées ci-dessus, votre
commission a décidé d'émettre un avis défavorable
à l'adoption des crédits de la solidarité pour 1999.
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
PAR VOTRE
RAPPORTEUR
18
octobre 1999
M. Jean-Paul PENEAU
, Directeur général de la
Fédération nationale des Associations d'accueil et de
Réadaptation sociale (FNARS)
M. Eric MOLINIE
, Directeur général de l'Association
Française des Myopathes (AFM) et
M. André
LOUBIÈRE
, Directeur général adjoint
M. Henri LAFAY
, vice-président de l'Association pour Adultes et
Jeunes Handicapés (APAJH)
M. Philippe CALMETTE
, Directeur général du Syndicat
national des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées
Mentales (SNAPEI) et
M. Frédéric LEFRET
, responsable
des relations institutionnelles
M. Daniel MAYRAN
, Directeur du cabinet du président d'Air-France
et
Mme Anouchka ERARD
, Conseil juridique d'Air-France
19 octobre 1999
M. Jean-Louis SANCHEZ
, Délégué
général de l'Observatoire National de l'Action sociale
Décentralisée (ODAS)
M. Jean-Marc GILONNE
, responsable du service national social,
éducatif, sportif et culturel à l'Association des Maires de
France (AMF)
M. Jean-Pierre BURGAT
, président de la coordination nationale des
associations de rapatriés et de
M. Jacques AUGARD
,
secrétaire général
22 octobre 1999
M. Jean-Louis SÉGURA
, Directeur général de
l'Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion Professionnelle des
handicapés (AGEFIPH)
M. Marc ROUZEAU
, Directeur général de l'Association des
paralysés de France (APF) et
Mme Fabienne JEGU
, conseiller
technique
Mme Delphine BENECH
, chargée de mission à la
Fédération Nationale des Accidentés du travail et des
Handicapés (FNATH)
25 octobre 1999
M. Hugues FELTESSE
, Directeur général de l'Union Nationale
Interfédérale des Oeuvres Privées Sanitaires et Sociales
(UNIOPSS)
28 octobre 1999
M. Georges COMTE
, Président de l'Organisation Nationale des
Formations au Travail Social (ONFTS) et
Mme Marie-France MARQUES
,
Directeur Administratif
M. Patrick GOHET
, Directeur général de l'Union Nationale
des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales
(UNAPEI)
1
Rapport n° 376 (1998-1999) de M.
Charles
Descours sur le projet de loi portant création d'une couverture maladie
universelle.
2
Rapport n° 58 (1999-2000) de M. Charles Descours sur le
projet de loi de financement de la sécurité sociale Tome I.
3
Dans les DOM, le montant du RMI est égal à 80 %
de celui en métropole
4
En compensation du taux inférieur du RMI dans les DOM,
l'Etat participe dans ces départements au financement d'actions
d'insertion au profit des bénéficiaires du RMI, en plus de celles
de droit commun déjà financées. Ces crédits
appelés " créances de proratisation du RMI "
représentent la différence entre les allocations versées
dans les DOM chaque année, et le montant qu'elles auraient atteint, en
prenant en compte le nombre de personnes qu'elles auraient concernées,
si le barème métropolitain avait été
appliqué. Le barème du RMI dans les DOM est égal à
80 % de celui de la métropole.
5
La loi de 1992 réformant le RMI et l'aide médicale a
permis aux départements d'effectuer, sur les crédits d'insertion
affectés au titre de l'obligation légale des 20 %, une
imputation forfaitaire au titre de l'aide médicale de 3 points de
ces 20 % en métropole (3,75 % dans les DOM). Une fraction des
sommes identifiées au titre de l'aide médicale des
départements est donc prise en charge dans le cadre des crédits
d'insertion.
6
DREES - Etudes et résultats - n° 16, mai
1999.
7
INSEE - Première n° 679, octobre 1999.
8
Le Monde, 21 septembre 1999.
9
Le reportage d'un journaliste, qui s'est mis dans les mêmes
conditions qu'une personne en fauteuil roulant, est éclairant à
cet égard, Le Figaro, vendredi 12 novembre 1999.
10
QE n° 24881, JO AN (Q) du 26 avril 1999 p. 2521.
11
Premières informations et première synthèse
DARES n° 99-10 - n° 40.1 : disponible sur le site du
ministère de l'emploi et de la solidarité
(www.travail.gouv.fr/etudes).
12
Pour être complet, il importe de préciser toutefois
que, dans la fonction publique, un travailleur handicapé ne compte que
pour une unité alors qu'il peut être décompté dans
le secteur privé pour plusieurs unités suivant la gravité
de son handicap. De plus, les administrations ne peuvent pas exclure de
l'assiette de calcul du taux d'emploi certaines catégories de personnels
dans lesquelles il ne peut être, par définition, recruté de
travailleurs handicapés (gardiens de la paix notamment).
13
Note d'orientation DGEFP n° 99/33 du 26 août 1999.
14
Infostat justice, mai 1998, n° 51.
15
La lettre de l'ODAS, 18 mai 1999.
16
La lettre de l'ODAS, l8 mai 1998
17
Cet tableau s'appuie sur les données recueillies chaque
année depuis 1995 pour préparer le " Document
conjoncturel " produit par le réseau UNIOPSS-URIOPSS, et en
particulier sur les chiffres figurant dans le Document conjoncturel. On
trouvera dans ce dernier les indications méthodologiques et les sources
utilisées.
18
D'après les données CCSS 1999, CNAM 1999, CNAF 1999,
CNAV 1998, Infodas 1999, ODAS 1999.
19
La Fédération rassemble : le syndicat
général des organismes privés sanitaires et sociaux
à but non lucratif (SOP), le syndicat national des associations pour la
sauvegarde de l'enfant à l'adulte (SNASEA), le syndicat national des
associations de parents et amis de personnes handicapées mentales
(SNAPEI).
20
Un correctif rédactionnel est inséré
à l'article 25 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000.