Projet de loi de finances pour 2000, TOME VIII - LOGEMENT SOCIAL
BIMBENET (Jacques)
AVIS 93-tome VIII - (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat ( 19 0 Ko )Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AVANT-PROPOS
- A. LA CRISE DE LA CONSTRUCTION CONTRASTE AVEC LE DYNAMISME DE LA RÉHABILITATION
- B. LA RÉFORME EN COURS DOIT ÊTRE POURSUIVIE
- C. UNE QUESTION TOUJOURS AUSSI DOULOUREUSE
- D. LA FRAGILITÉ DE L'ACTION PUBLIQUE EN FAVEUR DU LOGEMENT DES PLUS DÉMUNIS
- E. UNE DIMINUTION DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES CONSACRÉS AUX AIDES PERSONNELLES
- F. LE CHOIX DU STATU QUO
- G. UNE AMÉLIORATION ENCORE POSSIBLE DE L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ ET DE L'INVESTISSEMENT LOCATIF
- H. UN EFFORT CERTAIN EN FAVEUR DE LA RÉHABILITATION DU PARC PRIVÉ
-
ANNEXE 1
-
LES AUTRES MESURES DU PROJET DE LOI DE FINANCES CONCERNANT LE LOGEMENT
N° 93
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
LOGEMENT SOCIAL
Par M. Jacques BIMBENET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Jean-Pierre Vial, Guy Vissac.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
22
)
(1999-2000).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le mercredi 27 octobre, sous la
présidence
de
M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M. Jacques Bimbenet
, sur le
projet de loi de finances pour
2000
(
crédits du logement social
).
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a indiqué, à
titre préalable, qu'il était difficile d'évaluer le budget
du logement social sans examiner parallèlement les autres
réformes en cours ou les propositions de réforme de la politique
du logement.
S'agissant de l'évolution des crédits budgétaires, il a
constaté que les crédits inscrits dans le " bleu "
budgétaire " urbanisme et logement " augmentaient en apparence
de 6 % pour atteindre 48,2 milliards de francs. Il a néanmoins
jugé cette présentation artificielle. Il a en effet
considéré qu'une analyse rigoureuse des crédits
budgétaires devait se faire à structure constante et donc prendre
en compte la rebudgétisation de deux comptes d'affectation
spéciale (fonds d'aménagement de la région Ile-de-France
et fonds pour le financement pour l'accession à la
propriété).
Il a alors indiqué que, si on prenait en compte cette
rebudgétisation, le budget du logement diminuerait d'environ
1,2 milliard de francs en 2000 soit une baisse de 2,4 %.
Mais il a considéré que cette évolution n'était pas
a priori critiquable. Il a ainsi constaté que cela permettrait de
rapprocher le montant des crédits votés et celui des
crédits effectivement consommés, les crédits inscrits en
loi de finances initiale n'étant pas tous consommés ; il a
ainsi précisé qu'en 1998 environ 94 % seulement des
dotations disponibles pour les dépenses en capital avaient
été effectivement mandatées. Il a également
observé que l'effort budgétaire en faveur du logement tendait de
plus en plus à prendre la forme de dépenses fiscales et non plus
de crédits budgétaires. Il a enfin rappelé que la
commission était par principe plus favorable à une
rationalisation de la politique du logement qu'à une augmentation
inconsidérée des dépenses.
S'agissant de la répartition des crédits budgétaires,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a d'abord indiqué que
les aides à la personne diminuaient légèrement en 2000. Il
a précisé que la contribution de l'Etat au financement des aides
à la personne baissait de 0,8 % pour ne plus atteindre que
34,3 milliards de francs, estimant que cette évolution s'expliquait
avant tout par l'amélioration du contexte économique. Il a
également indiqué que la participation de l'Etat au logement des
personnes défavorisées augmentait de 5 % en 2000,
après une hausse de 51 % en 1999, pour atteindre 720 millions
de francs.
Il a ensuite observé que les aides à la pierre supportaient
l'essentiel de la diminution des crédits budgétaires même
si les objectifs quantitatifs étaient globalement maintenus.
Il a ainsi observé, s'agissant du parc social, que la ligne fongible
diminuait de 11 % pour ne plus atteindre que 2,6 milliards de francs.
Il a souligné que cette diminution répondait en
réalité à une faible consommation des crédits.
Il a fait part de son inquiétude devant la persistance de la crise de
construction de logements sociaux, constatant qu'en 1998, seuls 44.300
logements sociaux avaient été mis en chantier contre 45.600 en
1997. Observant une légère hausse de 3 % des
agréments délivrés sur les 8 premiers mois de
l'année 1999, il a néanmoins rappelé qu'en 1994 plus de
70.000 logements sociaux avaient été mis en chantier.
En revanche, il a observé que les programmes restaient dynamiques en
matière de réhabilitation. Il a ainsi précisé que
139.000 logements sociaux avaient été réhabilités
en 1998 et que l'objectif de 120.000 réhabilitations en 2000 devrait
être réalisé.
Abordant le parc privé, il a indiqué que les dotations
budgétaires en matière de réhabilitation étaient en
très légère augmentation : 3 milliards de francs
pour la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) et pour
l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH). Il a
estimé que le nombre de réhabilitations devrait se maintenir
à ce niveau en 2000, la baisse du taux de taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) sur les travaux contribuant sans doute à
accompagner l'activité dans ce secteur.
Il a également constaté que le projet de budget affichait une
croissance de 2,7 milliards de francs pour les financements des
prêts à taux zéro, même si cette hausse masquait la
fin de la rebudgétisation du fonds de financement de l'accession
à la propriété. Il a alors exprimé la crainte que
les dotations budgétaires se révèlent insuffisantes du
fait du succès non démenti du prêt à taux
zéro, constatant que, sur les six premiers mois de l'année 1999,
le nombre de ces prêts mis en place avait augmenté de 20 %.
Abordant les mesures fiscales en faveur du logement, il a souligné que
celles-ci représentaient un allégement d'impôts de l'ordre
de 28 milliards de francs.
A ce propos, il a rappelé que la baisse du taux de TVA applicable aux
travaux portant sur les locaux à usage d'habitation prolongeait la
mesure adoptée lors du projet de loi de finances pour 1999 qui
appliquait ce taux réduit aux travaux subventionnés par l'ANAH.
Il a estimé que cette mesure généralement bien accueillie
souffrait de certaines imperfections : impact incertain sur le travail
illégal, coût fiscal de près de 20 milliards de francs
très élevé et mesure profitant surtout aux ménages
les plus aisés. Il a notamment insisté sur le fait qu'il
n'était pas sûr que cette mesure intervienne au bon moment,
observant que la situation actuelle du bâtiment était bonne. Il a
jugé qu'une telle mesure aurait été plus adaptée,
il y a deux ans, lorsque la conjoncture était défavorable et
qu'elle risquait de se traduire par un risque de " surchauffe ".
Il a indiqué que le projet de loi de finances prévoyait
également la suppression de la contribution annuelle
représentative du droit de bail et la poursuite de la réduction
des droits de mutation à titre onéreux.
Elargissant son propos au cadre général de la politique du
logement,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a
rappelé qu'il avait tout particulièrement insisté,
l'année passée, sur la situation très préoccupante
du logement social. Il a alors constaté que cette tendance
inquiétante se confirmait.
Après avoir rappelé qu'il avait organisé au printemps une
série d'auditions sur le thème des aides à
l'investissement locatif social, il a indiqué qu'il avait
déjà suggéré dans son dernier avis
budgétaire trois pistes de réformes pour favoriser la
construction de logements sociaux : diminution du coût de la
ressource, simplification des aides et plus grande décentralisation du
logement social.
Il s'est alors réjoui que le Gouvernement ait annoncé le 21
juillet dernier une réforme significative du financement du logement
social correspondant en grande partie aux propositions de la commission,
même s'il a déploré que le Gouvernement ait perdu deux ans
à complexifier le financement des habitations à loyer
modéré (HLM) au lieu de le simplifier.
Il a précisé que cette réforme avait pris plusieurs
formes : diminution sensible des taux d'emprunts des organismes HLM
passant de 4,3 % à 3,45 %, réaménagement de la
dette des organismes avec une baisse de 5,7 % à 3,8 % du taux
applicable à l'encours, allongement à 50 ans de la durée
des prêts pour le foncier et l'acquisition-amélioration, mise en
place du prêt locatif à usage social (PLUS) destiné
à se substituer au prêt locatif aidé (PLA). Il a
également rappelé que les organismes avaient
décidé, en contrepartie de cette réforme, de geler les
loyers HLM pour une période de deux ans.
Il a alors jugé que le PLUS devait apporter une simplification
nécessaire à un système de financement
particulièrement complexe et opaque en permettant une unification de la
plupart des aides existantes. Il a souligné que seuls subsisteraient les
PLA d'intégration et les PLA construction-démolition
parallèlement au PLUS.
Il a néanmoins estimé qu'il était loin d'être
évident que ces mesures suffisent à relancer durablement la
construction de logements sociaux. Il a indiqué à ce propos que
plusieurs obstacles subsistaient : contraintes de programmation
imposées par l'administration notamment en termes de mixité
sociale, réticence de certaines collectivités locales à
voir des logements sociaux se réaliser sur leur territoire que ce soit
pour des raisons financières liées aux garanties d'emprunt ou
pour des raisons liées à l'équilibre du tissu social de la
commune, instabilité chronique des règles de financement
n'incitant pas les organismes HLM à se lancer dans des opérations
de construction, incertitudes continuant à peser sur l'avenir du
1 % logement et limitant les perspectives de financement
complémentaire et enfin, concurrence forte de l'accession à la
propriété.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a ensuite attiré
l'attention de la commission sur la question de la fiscalité locale
applicable aux logements HLM. Il a observé qu'en l'absence d'une
révision des valeurs locatives cadastrales, les logements sociaux
voyaient pour la plupart leur valeur locative surévaluée. Il a
indiqué qu'en conséquence les locataires et les organismes HLM
devaient s'acquitter d'impôts locaux supérieurs à ceux qui
seraient normalement exigibles si l'on prenait en compte l'état actuel
du parc. Il a jugé qu'une telle situation était difficilement
acceptable, tant pour les locataires dont les ressources sont très
modiques que pour les organismes qui connaissent des difficultés
financières. Il a alors déploré le report perpétuel
de la révision des valeurs cadastrales pourtant
régulièrement annoncée par le Gouvernement et, en
violation de la loi, l'absence de réponses de la part de
l'administration fiscale aux demandes particulières de révision.
Revenant au projet de budget du logement pour 2000,
M. Jacques Bimbenet,
rapporteur pour avis,
a estimé qu'il ne s'agissait pas d'un mauvais
budget. Il s'est en particulier félicité d'un début
d'effort de maîtrise des dépenses. Toutefois, il a regretté
que les mesures fiscales proposées, allant pourtant dans le bon sens,
n'arrivent pas forcément au bon moment et risquent de provoquer une
" surchauffe " dans le secteur du bâtiment. Il a
également souligné que de nombreuses incertitudes persistaient,
insistant notamment sur la faiblesse de la construction de logements sociaux
sur l'absence d'effort en faveur du logement intermédiaire et sur les
difficultés du bouclage du prêt à taux zéro.
Pour ces raisons, il a proposé à la commission d'émettre
un avis de sagesse sur ce projet de budget.
M. André Jourdain
s'est interrogé sur l'explication du
fort taux de non-consommation des crédits. Il s'est demandé s'il
fallait en rechercher la cause principale dans la complexité des aides,
dans la situation financière des organismes HLM ou dans les
réticences de certaines collectivités locales.
M. Guy Fischer
a insisté sur les modifications profondes de la
politique du logement depuis deux ans. Il s'est en particulier réjoui de
ce que les locataires verront, pour la première fois, leur loyer baisser
en 2000, notamment grâce au gel des loyers. Il s'est également
félicité des mesures prises en matière de
construction-démolition. Mais il a également estimé que
certaines difficultés persistaient. Il a, à ce propos,
observé que dans certains départements plus de 50 % des
crédits n'étaient pas consommés. Il a proposé deux
explications à ce phénomène : la rareté et le
coût des disponibilités foncières, les réticences de
nombreux élus.
En réponse aux intervenants,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour
avis,
a illustré la faible consommation des crédits au
travers de l'exemple de la maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (MOUS).
Il a souligné que cet instrument, permettant aux collectivités
locales de rechercher des logements pour le compte des organismes HLM afin que
ceux-ci puissent les acheter et y loger les personnes en grande
difficulté, fonctionnait difficilement dans son département. Il a
indiqué qu'il rencontrait de nombreuses difficultés pour
acquérir ces logements, les organismes HLM répondant parfois avec
beaucoup de retard et les élus étant parfois réticents.
A l'issue de ce débat, la commission, sur proposition de son rapporteur,
a décidé
d'émettre un avis de sagesse sur les
crédits du logement social pour 2000
.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Les aides publiques au logement devraient atteindre en 2000
192,7 milliards de francs. Mais les crédits budgétaires
inscrits dans le " bleu budgétaire " ne
s'élèvent qu'à 48,2 milliards de francs.
Le budget
du logement ne constitue donc que la " partie émergée "
de l'effort de la Nation en faveur du logement.
Effort de la Nation en faveur du logement en 2000
(en milliards de francs)
Dépenses budgétaires |
64,8 |
• secrétariat d'Etat au logement |
48,2 |
• autres dépenses budgétaires |
16,6 |
Dépenses fiscales |
61,6 |
Dépenses publiques non financées par l'Etat |
66,2 |
• régimes sociaux |
41,2 |
• employeurs |
25,0 |
Total |
192,7 |
L'examen
du budget du logement n'en reste pas moins fondamental. Il constitue pour le
Parlement le moyen de se pencher sur la politique du logement et, pour votre
commission, l'occasion d'examiner en particulier les aspects sociaux de cette
politique.
Cette année, l'examen du projet de budget du logement pour 2000
intervient dans un contexte un peu particulier.
En premier lieu, le
secteur du logement a vu sa situation se redresser
très significativement en 1998,
cette tendance se poursuivant en
1999. L'activité liée à la construction neuve et à
l'entretien du bâtiment a augmenté de 1,6 % en 1998
après avoir diminué de 1,5 % en 1997. Ce retour à la
croissance tient essentiellement à la reprise de la construction neuve
(+ 2,8 % en 1998). Ainsi, les mises en chantier de logement ont
progressé de 20.000 logements en 1998.
En second lieu,
cette embellie ne profite pas au logement social.
La
crise de la construction de logements sociaux s'est encore aggravée en
1998, le nombre de logements sociaux mis en chantier n'ayant été
que de 44.000.
Enfin, le Gouvernement a annoncé le dépôt, au
1
er
semestre 2000, d'un
projet de loi " Urbanisme, habitat
et déplacements ".
Dans ce contexte évolutif, le projet de budget du logement
apparaît pourtant, à maints égards, comme un
simple
budget de reconduction
.
En 2000, le budget du logement progresse en apparence, dans le " bleu
budgétaire ", de 6 % pour atteindre 48,2 milliards de
francs. Le secrétariat d'Etat au logement présente toutefois un
budget " à structure constante " pour lequel les
crédits n'augmentent que de 5,3 %.
Evolution du budget du logement 1999/2000
(selon le
secrétariat d'Etat au logement)
(en millions de francs)
Urbanisme, habitat et construction |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
Dépenses ordinaires (Titres III et IV) |
35.532 |
35.360 |
- 0,48 |
Crédits de paiement (titres V et VI) |
9.931 |
12.525 |
+ 29,24 |
Total moyens de paiement |
45.463 |
47.885 |
+ 5,33 |
Autorisations de programme |
13.212 |
12.795 |
- 3,16 |
Total moyens d'engagement |
48.744 |
48.155 |
- 1,21 |
En réalité, cette forte progression tient de l'effet d'optique. Elle s'explique avant tout par une modification de la nomenclature budgétaire, la clôture de deux comptes d'affectation spéciale (" Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France " et " Fonds pour le financement de l'accession à la propriété ") se traduisant par la réintégration de près de 4 milliards de francs de crédits inscrits en 1999 au sein du budget du logement.
Evolution des crédits budgétaires en faveur du logement 1999/2000
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
Urbanisme et logement - Dépenses ordinaires |
35.532 |
35.361 |
- 0,48 |
Urbanisme et logement - Dépenses en capital |
9.931 |
12.835 |
+ 29,24 |
Total |
45.463 |
48.196 |
+ 6,01 |
Fonds pour le financement de l'accession à la propriété - CAS n° 902-30 |
3.130 |
0 |
- 100 |
Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France - CAS n° 902-22 |
635 |
0 |
- 100 |
Charges communes " Aide aux villes nouvelles " - chap. 65-01 |
108 |
0 |
- 100 |
TOTAL GÉNÉRAL |
49.336 |
48.196 |
- 2,31 |
(en
dépenses ordinaires - crédits de paiement)
En définitive, à structure réellement constante, le
budget du logement verra ses crédits diminuer de 2,3 % en 2000,
après une augmentation de 6,4 % en 1998 et de 2,2 % en 1999.
Evolution du budget du logement 1999/2000 (à structure constante)
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
Total dépenses ordinaires |
35.532 |
35.361 |
- 0,5 |
Total dépenses en capital |
13.806 |
12.835 |
- 7,0 |
TOTAL |
49.338 |
48.196 |
- 2,3 |
Cette
diminution a deux causes principales.
Elle provient d'abord d'un renforcement de la
" sincérité " des inscriptions budgétaires. Les
crédits relatifs aux aides personnelles et ceux de la " ligne
fongible " finançant le logement social ont en effet
été redimensionnés pour tenir compte du taux de
consommation réel des crédits.
Elle s'explique en outre par les premiers effets de l'amélioration de la
conjoncture économique. Le mouvement de diminution des taux
d'intérêt diminue le coût moyen du prêt à taux
zéro, tandis que les aides personnelles progressent moins vite que les
années passées.
Votre commission estime alors que cette diminution des crédits
n'entravera pas la reconduction des programmes budgétaires. Elle observe
néanmoins que ce projet de budget, en dépit de quelques mesures
nouvelles plutôt positives, n'a pas choisi d'aborder certains des aspects
les plus fondamentaux d'une rénovation de la politique du
logement : la réforme des aides personnelles au logement,
l'élargissement de l'accession à la propriété, la
correction des retards en matière de logement des plus
défavorisés, l'effort nécessaire en matière de
logement social dont la situation reste préoccupante.
Dans ces conditions, votre commission a souhaité s'en remettre
à la sagesse de la Haute Assemblée pour l'adoption des
crédits relatifs au logement social dans le projet de budget pour
1999.
Le logement locatif social : vers une sortie de la crise ?
Le parc
locatif social, avec près de 4 millions de logements,
représentait en 1997 plus de 43 % du parc locatif total
1(
*
)
.
Or, en dépit de ce rôle fondamental, la situation du logement
social est toujours aussi préoccupante. Il n'est pas
exagéré de parler de crise de la construction.
Dans ce contexte, les crédits budgétaires relatifs à la
construction et à l'amélioration de l'habitat locatif ne
s'élèveront qu'à 2,57 milliards de francs, soit
5 % du montant total du budget.
En cours d'année, le Gouvernement a certes annoncé une
série de mesures en faveur de l'investissement locatif social. Il n'est
toutefois pas certain qu'elles suffisent à elles seules à assurer
une sortie de la crise.
A. LA CRISE DE LA CONSTRUCTION CONTRASTE AVEC LE DYNAMISME DE LA RÉHABILITATION
1. La crise persistante de la construction
Votre rapporteur avait tout particulièrement insisté l'année passée, dans son avis budgétaire, sur le " fléchissement de la construction dans le parc social ". Il est hélas obligé d'aborder à nouveau ce point cette année, la relance de la construction n'étant toujours pas, loin s'en faut, une réalité.
a) Une diminution inquiétante du nombre de logements sociaux construits
Depuis 1994, on assiste chaque année à une diminution à la fois continue et significative du nombre de logements sociaux mis en chantier. Alors qu'en 1971, 140.000 logements sociaux avaient été mis en chantier, ils ne furent que 44.000 en 1998.
Evolution de l'investissement locatif social financé par PLA depuis 1992
|
PLA budgétés |
|
|
Proportion de PLA |
|||||||
|
PLA normaux |
PLA-I
et
|
Total |
PLA
|
PLA mis en chantier |
effectivement mis en chantier par rapport aux PLA budgétés |
|||||
1992 |
80.000 |
10.000 PLA-I |
90.000 |
83.876 |
63.000 |
70 % |
|||||
1993 |
88.000 |
13.000 PLA-I |
101.000 |
92.868 |
72.000 |
71 % |
|||||
1994 |
80.000 |
20.000 PLA-TS |
100.000 |
89.324 |
72.500 |
73 % |
|||||
1995 |
60.000 |
28.000 PLA-TS |
88.000 |
66.440 |
60.000 |
68 % |
|||||
1996 |
60.000 |
20.000 PLA-TS |
80.000 |
59.879 |
54.000 |
68 % |
|||||
1997 |
50.000 |
30.000 PLA-TS |
80.000 |
59.911 |
45.600 |
57 % |
|||||
1998 |
50.000 |
30.000 PLA-LM et PLA-I |
80.000 |
51.415 |
44.000 |
55 % |
|||||
1999 |
50.000 |
30.000 PLA-LM et PLA-I |
80.000 |
- |
- |
- |
|||||
2000 |
65.000 |
5.000 PLA-I |
70.000 |
- |
- |
- |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Les premiers résultats connus pour 1999 font état d'une certaine
stabilisation de l'effort de construction. Mais celle-ci se fait à un
niveau très bas, comme en témoigne le tableau ci-dessous.
Nombre d'agréments délivrés au 31 août
|
30/08/97 |
30/08/98 |
30/08/99 |
Evolution
|
PLA ordinaire |
16.621 |
7.483 |
7.475 |
- 0,1 % |
PLA d'intégration |
3.959 |
747 |
1.452 |
94,0 % |
PLA à loyer minoré |
|
2.831 |
3.5867 |
26,0 % |
PLA CFF/PCLS |
1.051 |
1.121 |
1.676 |
49,0% |
PLA démolition |
|
|
54 |
n.s. |
Total |
21.631 |
12.182 |
12.548 |
+ 3,0 % |
Source : UNFOHLM
Cette situation est d'autant plus inquiétante que les besoins en
logements restent importants.
Ainsi, l'INSEE
2(
*
)
estime que plus de 300.000
logements neufs, hors renouvellement du parc, seront nécessaires pour
faire face aux besoins entre 2000 et 2005.
Comment évaluer les besoins en logement ?
La
" demande potentielle de logements " qu'a évaluée
l'INSEE et qui mesure le nombre de logements neufs à construire, est
établie à partir de quatre éléments :
- la demande potentielle de résidences principales est égale
à l'accroissement annuel du nombre de ménages, issu de la
projection tendancielle du nombre de ménages réalisée par
l'INSEE après chaque recensement. La projection actuelle date de 1993.
Elle avait pour objectif d'effectuer une projection du nombre des
ménages à l'horizon 2020. Les besoins en logements en
découlent directement puisque le ménage s'identifie, en effet,
à un groupe de personnes partageant le même toit (un ménage
est égal à une résidence principale).
Si l'essentiel de l'augmentation du nombre des ménages découle
des tendances démographiques " lourdes " et peut donc assez
aisément être prévu, les comportements de
" décohabitation " (départs de chez les parents, mises
en couples et séparations), qui permettent de déduire, pour une
population donnée, le nombre total de ménages, sont beaucoup plus
difficiles à projeter car leurs évolutions sont
imprévisibles.
- des conditions acceptables pour la fluidité du parc, ce qui
implique un volant de logements vacants jugé suffisant, mais non
excessif ;
- la variation du nombre de résidences secondaires et de logements
occasionnels issue d'hypothèses sur le comportement des
ménages ;
- le remplacement des logements lié au renouvellement du parc,
solde entre les apparitions et les disparitions de logements.
Cette approche ne tient pas compte du niveau de solvabilité des
ménages, d'où l'utilisation du terme de " demande
potentielle " plutôt que celui de demande qui intègre des
notions de prix et de revenus. Elle ne tient pas compte non plus d'un
éventuel rattrapage nécessaire, dû à des situations
de non-logement ou à de mauvaises conditions de logement :
l'hypothèse implicite est qu'en début de période, tous les
ménages sont convenablement logés.
Or, le projet de budget pour 2000 ne retient qu'un objectif de 70.000 logements
sociaux à construire, en diminution de 10.000 par rapport à 1999.
La crise de la construction de logements sociaux prend donc une triple
forme :
- diminution continue des logements sociaux mis en chantier ;
- insuffisance criante par rapport aux besoins ;
- manque d'ambition du Gouvernement dans sa programmation
budgétaire.
b) Quelques éléments d'explication
Votre
rapporteur avait analysé l'année passée les principales
causes de cette crise de la construction. Il a en outre mené, au
printemps dernier, un
important programme d'auditions
auprès de
l'ensemble des parties prenantes du logement social. Ces auditions ont
globalement conforté les analyses présentées l'an
passé. Quatre facteurs d'explication apparaissent
prépondérants.
•
Les difficultés à réaliser
l'équilibre financier des opérations
La quasi-disparition de l'inflation, l'évolution ralentie des hausses de
loyers, le niveau réel du taux des prêts de la Caisse des
dépôts et consignations, en liaison avec une
rémunération nette positive servie aux titulaires du livret A,
sont autant de facteurs qui ont eu pour contrepartie de rendre progressivement
plus difficile, structurellement, l'équilibre financier
d'opérations nouvelles de PLA, pour des organismes HLM dont la situation
financière reste souvent fragile.
•
La complexité des aides
Le régime des PLA se révèle excessivement complexe et
opaque. Il existe ainsi une quinzaine de PLA différents, aux
régimes distincts, qui coexistent le plus souvent dans les mêmes
opérations.
La complexité est encore accrue par la lourdeur administrative
présidant à la délivrance des agréments. Des
délais de six mois ne sont pas rares.
•
Les nouvelles contraintes des organismes HLM
Face à l'apparition de phénomènes de vacances
correspondant à un décalage entre l'offre et la demande, ou de
crainte de l'apparition de telles vacances, face au risque d'impayés de
loyers, un certain nombre de bailleurs sociaux se sont concentrés sur la
gestion de leur patrimoine, excluant toute perspective d'augmentation de
capacité. Les organismes HLM ont ainsi tendance à
privilégier les opérations de réhabilitation de
manière à mieux valoriser le parc existant.
•
Les réticences de certaines collectivités
locales
Dans sa réponse au questionnaire budgétaire que lui a soumis
votre rapporteur, le secrétaire d'Etat au logement estime
qu'"
un certain nombre de collectivités locales se montrent peu
désireuses d'accueillir du logement social alors même qu'il existe
des besoins reconnus dans leur bassin d'habitat d'appartenance, et qu'elles
n'ont pas déjà sur leur territoire un stock de tels logements qui
pourrait être considéré comme excessif
".
Votre rapporteur, tout en partageant largement ce constat, avance cependant
d'autres explications aux réticences observées.
Dans les opérations de construction de logements sociaux, l'Etat assigne
en effet un objectif de mixité sociale qui se traduit par une
très forte rigidité de la programmation. L'accès aux
crédits PLA est en effet conditionné par les PLA
" très sociaux " dans la proportion de 4 PLA pour 2 PLA-LM et
1 PLA-I
3(
*
)
. Or cette liaison entre les
différents produits ne correspond pas forcément aux besoins
locaux.
Par ailleurs, les collectivités locales ont à faire face à
de nouvelles contraintes qu'elles ne peuvent ignorer. Ainsi doivent-elles
intégrer avec prudence les risques que peuvent faire courir les
garanties d'emprunts contractés par les organismes HLM. Elles se
heurtent de plus, pour certaines, à la question du foncier qui peut
être soit rare, soit cher.
Votre rapporteur observe en outre que les interventions à
caractère social dans le logement réalisées par les
collectivités locales sont considérables. Une récente
étude de la Caisse des dépôts et consignations
4(
*
)
a ainsi montré qu'en 1997 les dépenses
en faveur du logement social des régions, des départements et des
55 plus grandes agglomérations avaient dépassé
4,2 milliards de francs.
2. Le dynamisme durable de la réhabilitation
a) La poursuite de l'effort de réhabilitation
Le
vieillissement progressif du parc social implique un effort de
réhabilitation important.
Ainsi, les besoins à satisfaire à partir de 1995 en
matière de réhabilitation du parc locatif social ont
été estimés à 600.000 logements sur 5 ans,
dont 250.000 dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, ce
qui a fait l'objet de la convention signée le 17 janvier 1995 entre le
Gouvernement et l'Union nationale des fédérations d'organismes
d'HLM (UNFOHLM) pour la période 1995-1999.
Au total, ce devrait être 628.000 logements sociaux qui seraient
réhabilités entre 1995 et 1999, le Gouvernement prévoyant
130.000 réhabilitations en 1999.
Le projet de budget pour 2000 retient, comme les années passées,
un objectif de 120.000 réhabilitations PALULOS.
La réhabilitation du parc social depuis 1990
PALULOS |
Crédits consommés (en millions de francs) |
Nombre de logements réhabilités (1) |
Coût moyen
|
1990 |
2.161,6 |
173.161 |
12.483 |
1991 |
2.222,3 |
161.148 |
13.790 |
1992 |
2.581,8 |
170.643 |
15.130 |
1993 |
2.704,8 |
167.391 |
16.159 |
1994 |
2.069,2 |
136.414 |
15.168 |
1995 |
1.423,3 |
94.086 |
15.128 |
1996 |
1.493,5 |
108.273 |
13.794 |
1997 |
2.109,7 |
156.073 |
13.517 |
1998 (2) |
1.091,3 |
139.531 |
7.821 |
(1) Le nombre de logements réhabilités
concerne uniquement ceux dont le coût des travaux est supérieur
à 15.000 francs
(2) La diminution des crédits et du coût moyen en 1998
s'explique par l'application du taux réduit de TVA sur les gros travaux.
Source : secrétariat d'Etat au logement
b) Quelques inquiétudes pour l'avenir cependant
Si
l'effort budgétaire, puis fiscal consenti ces dernières
années, a permis la poursuite du programme de réhabilitation du
parc social, votre commission craint qu'un ralentissement du programme de
réhabilitation n'intervienne dans les mois à venir.
On constate déjà une diminution sensible du nombre de
réalisations, passant de 156.000 en 1997 à 130.000 sans doute en
1999.
Le programme de réhabilitation 1995-1999 arrive par ailleurs à
échéance.
Or les besoins en réhabilitation restent importants comme en
témoigne par exemple la progression continue de la vacance dans le parc
social.
La vacance dans le parc social
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Nombre de logements vacants |
65.592 |
67.708 |
76.820 |
85.136 |
102.125 |
119.896 |
Taux de vacance (%) |
1,8 |
1,9 |
2,0 |
2,2 |
2,6 |
3,0 |
Source : compte du logement 1999
Face à ces menaces, le présent projet de loi de finances apporte
quelques réponses.
D'abord, un objectif de 120.000 réhabilitations PALULOS est
affiché pour 2000.
Ensuite, l'ensemble des travaux d'entretien courants réalisés par
les organismes HLM sera désormais éligible à la TVA
à taux réduit, mais par le biais de la livraison à
soi-même. Déjà, depuis le 1
er
janvier 1998, les
bailleurs sociaux bénéficiaient d'une TVA à taux
réduit sur les gros travaux.
Votre rapporteur observe à ce propos que les critiques qu'il avait
émises l'an passé sur la complexité de ce dispositif ont
été entendues. Il semble en effet que la très lourde
procédure du double agrément doive disparaître dans la
mesure où la procédure de l'agrément préalable ne
sera plus exigée. Votre rapporteur ne peut que s'en féliciter.
B. LA RÉFORME EN COURS DOIT ÊTRE POURSUIVIE
1. Une réforme significative des aides à l'investissement locatif social
a) Une succession de réformes peu concluantes depuis 1996
Depuis
1996, les aides à l'investissement locatif social ont été
régulièrement réformées. Cela n'a pourtant pas
permis une relance de la construction. Bien au contraire, ces réformes
n'ont fait que complexifier plus encore le dispositif existant.
Le 1
er
octobre 1996, l'aide à la construction de logements
sociaux a été modifiée par
application du taux
réduit de TVA
à 5,5 % aux opérations
financées par un PLA. Ce taux réduit de TVA a été
étendu aux PLA acquisition-amélioration (PLA-A-A) à
compter du 1
er
janvier 1998, ces derniers continuant à
bénéficier d'une subvention.
Créés le 1
er
janvier 1998, les
PLA à loyer
minoré
(PLA-LM) -anciennement dénommé PLA à
financement très social (PLA-TS)- ont été conçus
pour rendre les logements locatifs sociaux accessibles aux ménages
défavorisés. Les PLA-LM peuvent financer des constructions neuves
ou des opérations d'acquisition-amélioration. La subvention dont
bénéficient les PLA-LM en complément d'une TVA à
taux réduit à 5,5 % permet de louer les logements à
des niveaux de loyers dont le plafond ne doit pas dépasser 80 % du
loyer maximum PLA. Le plafond de ressources des locataires à
l'entrée dans les lieux est limité à 60 % de celui du
PLA neuf.
Créés le 1
er
janvier 1998, les
PLA
d'intégration sociale
(PLA-I) sont destinés à des
ménages cumulant des ressources faibles (mêmes plafonds de
ressources que les PLA-LM) et des difficultés sociales. Ces PLA
bénéficient d'une subvention majorée ainsi que d'un taux
de TVA réduit à 5,5 %.
Les
PLA " construction-démolition "
(PLA-CD),
également créés en janvier 1998, visent à permettre
le relogement des ménages occupant des logements sociaux destinés
à être démolis. Ces PLA bénéficient d'une
subvention en complément d'un taux réduit de TVA à
5,5 %.
Parallèlement, pour répondre à une demande des organismes
HLM, étaient mis en place les
PLA
" expérimentaux "
. Ceux-ci constituaient un premier pas
vers une unification des produits, en regroupant les caractéristiques du
PLA et du PLA-LM : le loyer plafond ne devait pas dépasser
90 % du loyer PLA.
Aussi, l'an passé, le Gouvernement avait-il considéré
que, "
en ce qui concerne les logements sociaux, la réforme de
leur financement peut désormais être considéré comme
achevée
"
5(
*
)
.
Votre commission ne partageait pas ce point de vue. Elle estimait au contraire
urgent de réformer en profondeur les aides à l'investissement
locatif social.
Elle proposait alors d'explorer trois pistes de
réforme :
- la diminution du coût de la ressource ;
- la simplification des aides ;
- une plus grande décentralisation du financement du logement
social.
b) Une nouvelle réforme intervenue en cours d'année
Revenant
sur ses positions, le 21 juillet 1999, le Gouvernement a annoncé une
importante réforme du financement du logement social.
Celle-ci a deux principaux volets.
•
La diminution du coût de la ressource et de la dette
Cette diminution proviendra de trois mesures :
- le coût de la dette des HLM bénéficiera d'une baisse
des taux de 0,75 %, ce qui représente une aide actuarielle
d'environ 25 milliards de francs, en contrepartie de la baisse de
0,75 % du taux du livret A ;
- le taux du réaménagement de 120 milliards de francs
d'anciens prêts au logement social sera abaissé à
3,8 %, contre 5,7 % précédemment en moyenne, ce qui
correspond à une aide actuarielle d'environ 20 milliards de
francs ;
- l'allongement à 50 ans de la durée des prêts
pour le foncier et l'acquisition-amélioration, particulièrement
dans les zones de tension foncière contre 32 ans
précédemment. Cette mesure vise à relancer les
opérations là où les besoins sont les plus importants et
correspond à une subvention de 2 % à 4 % du coût
des opérations.
•
La simplification des aides
En construction neuve et en acquisition-amélioration, le PLA de droit
commun et le PLA-LM sont fusionnés en un produit unique,
dénommé
prêt locatif à usage social
(PLUS)
6(
*
)
, permettant une plus grande
mixité sociale. Les principales caractéristiques des
opérations sont :
- une subvention de 5 % dans le neuf et de 10 % dans les
opérations d'acquisition-amélioration ;
- le maintien d'un taux de TVA réduit à 5,5 % ;
- un taux du prêt de 3,45 %, au lieu de 4,3 % ;
- une modification des plafonds de loyers et des plafonds de ressources.
L'ancien et le nouveau dispositif coexisteront à titre transitoire
jusqu'à la fin de l'année 1999. En 2000, seuls seront maintenus
le PLUS, le PLA-I et le PLA-CD.
Les caractéristiques du PLUS
Subvention |
5 % en neuf (pouvant être portée à 6,5 % par dérogation) |
|
10 % en acquisition-réhabilitation |
Taux du prêt |
3,45 % |
Durée |
32 ans (50 ans pour la part foncière ou la part acquisition) |
Plafonds de loyer |
90 % du plafond PLA pour 90 % des logements |
|
120 % du plafond PLA pour 10 % des logements |
Plafonds de ressources |
90 % du plafond PLA pour 90 % des logements |
|
120 % du plafond PLA pour 10 % des logements |
En
contrepartie de ces mesures, le Gouvernement a demandé aux organismes
HLM un
gel des loyers pratiqués pendant deux ans
et attend une
relance de la construction locative sociale à hauteur de 15 à
20.000 logements supplémentaires dès 2000.
Votre commission ne peut que se féliciter de ces mesures. Elle
observe d'ailleurs qu'elles correspondent aux propositions qu'elle avait
formulées l'an passé.
L'unification des produits PLA dans le PLUS devrait notamment favoriser une
plus grande mixité sociale et permettre d'améliorer
l'équilibre financier des opérations.
2. Une réforme à approfondir
La
réforme annoncée en juillet dernier a été
plutôt bien accueillie par l'ensemble des parties prenantes au logement
social. Il n'en reste pas moins que son succès n'est pas garanti.
Votre commission estime alors qu'elle doit s'accompagner d'autres mesures, mais
aussi de certains correctifs.
a) Revenir sur certaines insuffisances du PLUS
Il est
d'ores et déjà possible de relever certaines insuffisances du
nouveau PLUS.
D'une part, les collectivités locales n'auront pas, en l'état
actuel de la réglementation, accès au PLUS, ce qui ne sera pas
sans poser de problèmes, notamment pour les montages de petites
opérations de logement social en milieu rural.
D'autre part, il n'est pas sûr que la mise en place du PLUS règle
définitivement la question de l'équilibre financier des
opérations de construction. Déjà le contexte a
évolué. On constate depuis quelques mois un nombre accru d'appels
d'offres infructueux, soit que les entreprises n'y répondent pas, soit
que les prix du bâtiment aient très significativement
augmenté. De plus, le fait de retenir pour les loyers 90 % des
loyers plafonds antérieurs rendra l'équilibre plus difficile
à atteindre. En outre, le PLUS laissera à la charge directe des
organismes 5 % du coût de la construction, ce qui rend alors
nécessaire soit un financement sur fonds propres, soit une contribution
des collectivités locales.
Enfin, votre rapporteur partage la crainte souvent exprimée que les
ressources du 1 % logement soient moins utilisées en faveur du
logement social. Il craint ainsi que les retards rencontrés dans la
signature de la convention entre l'UNFOHLM et l'UESL ne témoigne de ces
difficultés.
b) Renforcer la décentralisation
Ayant
été entendue par le Gouvernement sur deux des trois
réformes qu'elle avait proposées, votre commission s'en tiendra
à rappeler sa troisième proposition.
"
Il importe donc de développer une
" territorialisation " de la politique du logement social. Plus
à l'écoute du terrain, les acteurs locaux sont les plus à
même de définir les besoins en matière de logement social
et les produits les plus adaptés.
On pourrait donc imaginer une
nouvelle forme de
contractualisation entre l'Etat et les acteurs
locaux permettant à ceux-ci, avec l'accord du préfet, de
définir les paramètres des produits -et notamment des PLA- en
fonction du contexte local.
"
Votre commission considère que l'examen du prochain projet
de loi relatif à l'habitat et à l'urbanisme devrait être
l'occasion de valider dans la loi les expériences locales les plus
innovantes et de permettre une plus grande souplesse des aides à
l'investissement locatif social, dans le cadre d'une contractualisation locale
plus étendue et plus approfondie.
7(
*
)
"
Mais il est à craindre que votre commission soit moins entendue sur ce
point. Répondant à une question que lui avait posée votre
rapporteur lors de son audition par la commission des affaires
économiques du Sénat, le secrétaire d'Etat au logement a
laissé entendre que le futur projet de loi " Urbanisme, habitat,
déplacements " pourrait inclure une obligation de construction de
logements sociaux au niveau local.
Votre commission ne partage pas une telle démarche. Elle
considère en effet qu'une logique incitative est
préférable.
c) Corriger certaines aberrations fiscales
La
fiscalité locale applicable aux logements sociaux n'est pas sans poser
de problèmes.
La valeur locative cadastrale, qui constitue la base de la taxe d'habitation et
de la taxe foncière sur les propriétés bâties, est
calculée en fonction de valeurs qui ont été fixées
en 1971 et qui sont aujourd'hui désuètes. C'est tout
particulièrement dommageable pour les logements HLM qui, pour la
plupart, voient leur valeur locative surévaluée. Dès lors,
les locataires et les organismes HLM doivent s'acquitter d'impôts locaux
supérieurs à ceux qui seraient normalement exigibles si l'on
prenait en compte l'état actuel du parc.
Cette situation est particulièrement déstabilisante, tant pour
les locataires qui ont par définition des ressources modestes que pour
les organismes dont on connaît les difficultés financières.
M. Louis Besson précisait d'ailleurs récemment que "
en
moins de dix ans, le poids du foncier bâti sur les coûts des HLM a
presque quadruplé
"
8(
*
)
.
Deux solutions sont alors envisageables pour échapper à cette
contradiction.
Soit le Gouvernement effectue une révision des valeurs cadastrales. Mais
celle-ci est sans cesse reportée.
Soit l'administration fiscale prend en compte les demandes de réexamen
à la baisse de la valeur locative des logements sociaux. Mais ces
demandes restent sans réponse, en violation manifeste de la loi.
Votre rapporteur estime indispensable d'avancer sur ce sujet dans les meilleurs
délais, faute de quoi on peut douter que les mesures annoncées en
faveur du logement social puissent jouer à plein.
Il semble d'ailleurs que le Gouvenement ait enfin pris conscience de cette
difficulté. Interrogé par votre rapporteur à ce sujet le 9
novembre dernier, il avait évoqué l'intérêt d'une
réflexion sur la mise en place d'un fonds de péréquation
de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Le 10
novembre, il a à nouveau abordé cette question à
l'Assemblée nationale, lors du débat en commission élargie.
"
Nous explorons la piste d'un correctif pour la taxe sur le foncier
bâti, comme il en existe un pour la taxe professionnelle. Le foncier
bâti est aujourd'hui la seule taxe locale qui n'ait pas de correctif
(...). Il n'y a plus que le foncier bâti qui soit payé
" plein pot " par tout le monde, et sur des bases injustes. Nous
étudions donc la possibilité d'un correctif, que nous
négocierons avec le ministère de l'intérieur et le
ministère des finances. Il serait d'autant plus justifié que les
communes qui ont beaucoup de logements sociaux sont souvent celles où le
foncier bâti est le plus élevé
. "
Le logement des plus défavorisés : un simple budget de continuité
Comme
l'observe le Haut comité pour le logement des personnes
défavorisées
9(
*
)
,
"
malgré la prise de conscience collective des évolutions
de société et la multiplication des " outils " mis en
place pour s'y ajuster, on ne peut que constater la persistance
" enkystée " de l'exclusion et la montée de la
précarisation
".
Votre commission considère que cette prégnance du " mal
logement " résulte pour partie d'une mobilisation budgétaire
imparfaite.
C. UNE QUESTION TOUJOURS AUSSI DOULOUREUSE
1. Des " mal logés " toujours aussi nombreux
Votre
commission s'était l'an passé inquiétée des
difficultés à évaluer le nombre de " mal
logés ". Force est de constater que l'information statistique ne
s'est guère améliorée depuis.
Il n'existe pas en effet d'évaluation nationale exhaustive du nombre de
personnes privées de domicile. L'INSEE prévoit de réaliser
durant l'hiver 2000-2001 une enquête nationale qui devrait permettre pour
la première fois un chiffrage fiable du nombre de sans-abri en zone
urbaine.
Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées
a cependant cherché à actualiser les données disponibles
en se fondant sur l'enquête logement 1996 de l'INSEE. Il aboutit à
une
population de 730.000 personnes sans perspective d'accès
à court terme à un habitat autonome
.
Ces 730.000 personnes se répartissent entre :
- 35.000 personnes en centre d'accueil ou en centre
d'hébergement ;
- 550.000 personnes (dont 50.000 enfants) habitant dans des hôtels,
des meublés ou qui sont sous-locataires ;
- 100.000 personnes hébergées par des tiers ;
- 45.000 personnes en " abri de fortune ".
A ces 730.000 personnes, il faut également ajouter les quelque 300.000
ménages en situation d'impayé de loyers, dont les deux-tiers sont
locataires dans le parc social. Ces ménages comptent environ 1 million
de personnes, dont 350.000 enfants. Leurs perspectives de maintien dans le
logement apparaissent alors souvent précaires.
2. Une offre de logements toujours insuffisante
A l'effort important qui a permis une augmentation sensible de l'offre de logement en faveur des plus défavorisés, s'oppose la persistance d'un " marché des taudis ".
a) Un effort significatif d'accroissement de l'offre de logements
Les
politiques successives, menées en faveur des populations
défavorisées depuis 1990, ont permis l'émergence d'un parc
d'hébergement d'urgence et de logements d'insertion destinés
à l'accueil de ces personnes défavorisées.
C'est ainsi qu'au cours des années 1990-1998, l'offre
supplémentaire en matière d'hébergement d'urgence ou de
logements d'insertion est estimée à environ 150.000 places au
logement.
L'offre de logements en faveur des plus démunis 1990-1998
|
Logements |
Places d'hébergement |
PLA-I/PLA-TS |
90.608 |
|
ANAH |
|
|
Programmes sociaux thématiques |
29.150 |
|
Anah " social " |
6.078 |
|
Primes de remise sur le marché |
7.826 |
|
Ligne d'urgence |
|
|
juin 1993 à juin 1995 |
|
5.000 |
juillet 1995 à décembre 1996 (plan d'urgence) |
|
7.580 |
janvier 1997 à décembre 1998 |
601 |
2.371 |
Total |
134.263 |
14.951 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
D'autres structures, non comptabilisées dans le tableau ci-dessus,
concourent aussi à l'hébergement des personnes
défavorisées. C'est le cas :
- des résidences sociales (environ 8.000 logements ou
chambres) ;
- des centres d'hébergement et de réadaptation sociale
(environ 30.000 places) ;
- des centres d'accueil (environ 10.000 places) ;
- des chambres ou logements loués aux associations logeant à
titre temporaire des personnes défavorisées et
bénéficiant à ce titre de l'ALT (environ 25.000 places).
Il n'en reste pas moins que cette offre reste bien inférieure
à la demande.
Votre commission a déjà souligné l'année
passée l'insuffisance de l'offre. Elle avait alors estimé que
cette insuffisance tenait avant tout à l'insuffisance de logements
d'insertion. Certes, on constate un manque de place pour l'hébergement
d'urgence. Mais celui-ci tient avant tout à une inadaptation de l'offre.
C'est en effet souvent l'hébergement d'urgence qui est sollicité
par les familles simplement confrontées à des difficultés
financières au risque de les précariser davantage en l'absence de
logements d'insertion qui seraient pour elles mieux adaptés. C'est donc
la faiblesse du nombre de logements d'insertion qui explique la forte pression
sur les logements d'urgence.
Logements d'urgence et logements d'insertion
Les
dénominations de "
logements d'urgence
" et de
"
logements d'insertion
" ne correspondent ni à de
nouveaux produits financiers, ni à des produits physiques
spécifiques.
•
Les logements d'urgence
sont destinés à
accueillir des personnes ou des familles sans domicile fixe ou brutalement
confrontées à une absence de logement. Ils doivent leur permettre
de séjourner, selon les cas, quelques semaines ou quelques mois dans un
véritable logement meublé pour répondre aux besoins
essentiels des familles. Ce court séjour doit être
complété par un accompagnement social, voire sanitaire, de nature
à permettre la définition d'un projet d'insertion.
Ces logements ont généralement le statut de meublé ou de
résidence sociale. Il peut s'agir de logements mis à disposition
par l'Etat, par les entreprises publiques ou par d'autres partenaires.
•
Les logements d'insertion
ont vocation à recevoir,
pour quelques mois ou quelques semestres, des ménages ayant besoin d'un
accompagnement social pour retrouver une situation et un logement plus stables.
Ces logements pourront notamment servir à faciliter la sortie
d'hébergements collectifs ou de logements d'urgence.
Sauf dans le cas des résidences sociales dans lesquelles les occupants
disposent d'un titre de résident, les logements d'insertion sont en
général loués à une association, à un centre
communal d'action sociale (CCAS) ou à un organisme intermédiaire
ayant en charge de les sous-louer.
Dans les deux types de logement, une offre de relogement définitif,
correspondant aux besoins et aux possibilités des familles, doit
être proposée aux locataires dans un délai qui est fonction
du projet d'insertion préalablement défini et de
l'évolution de la situation familiale.
Le 28 octobre 1999, M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement, a
annoncé un plan de création, à l'horizon 2003, de quelque
10.000 résidences sociales en Ile-de-France, regroupées dans 150
à 200 structures "
dont la taille et les caractéristiques
seront largement fonction des opportunités immobilières et des
projets associatifs
".
Créées en 1994, à mi-chemin entre le foyer
d'hébergement et le logement social de droit commun, les
résidences sociales devront, dans ce plan, répondre à deux
objectifs :
- reloger les personnes contraintes de vivre dans des taudis ou des
hôtels meublés, parfois dangereux ou insalubres ;
- assurer l'hébergement des personnes se retrouvant dans des
situations très diverses, de la femme isolée, avec ou sans
enfant, en rupture familiale, à l'apprenti éloigné pour
des raisons professionnelles du domicile de ses parents.
Votre commission ne peut que partager cette préoccupation, même si
elle observe que ce plan ne se traduira pas par un effort budgétaire
supplémentaire.
b) La persistance préoccupante d'un " marché des taudis "
L'enquête logement de 1996 a montré que
1,6 million de personnes vivent dans des logements auxquels manque le
confort sanitaire de base. Cela représente 934.000 logements, soit plus
de 3 % du parc total.
Or, comme l'a constaté un récent rapport de l'Inspection
générale de l'équipement
10(
*
)
, ces logements peuvent constituer un véritable
" marché des taudis " destiné à héberger
les plus démunis.
"
Ce " marché des taudis " est en partie un
marché " noir " clandestin, difficile à réguler
par nature et abritant des locataires étrangers, fragiles, en situation
plus ou moins régulière. Mais ce marché locatif est aussi
un marché officiel, dont les bailleurs sont connus, les baux de location
convenables, les allocations logement perçues
régulièrement et légalement, marché d'où les
agences immobilières ne sont pas absentes. Dans tous les cas, c'est un
marché hautement rentable car les valeurs immobilières de ces
sous-logements sont très basses. Les loyers des logements anciens
inconfortables ont augmenté de 97 % entre 1984 et 1996, pour
83 % sur le marché libre, 72 % pour les HLM et 28 % pour
le coût de la vie.
"
Cette situation est d'autant plus choquante que la collectivité
participe à sa prospérité. Ainsi, l'octroi de l'allocation
de logement n'est pas subordonné à des conditions de
salubrité, mais à de simples " conditions de confort "
fixées au lendemain de la guerre qui sont excessivement peu
exigeantes : il suffit d'avoir un moyen de chauffage, une prise d'eau, un
moyen d'évacuation des eaux usés et un WC qui peut se situer sur
le pallier.
Votre commission ne peut que souhaiter que le prochain projet de loi relatif
à l'urbanisme, l'habitat et les déplacements moralise cette
situation inacceptable.
Elle observe cependant qu'il faudra légiférer avec la plus
extrême prudence pour que la nécessaire moralisation ne se
traduise pas par une situation aussi grave qui serait l'exclusion du logement
des personnes vivant dans ces taudis.
D. LA FRAGILITÉ DE L'ACTION PUBLIQUE EN FAVEUR DU LOGEMENT DES PLUS DÉMUNIS
1. Un effort budgétaire qui marque le pas
a) Une stabilisation des crédits
L'effort
budgétaire en faveur du logement des plus démunis s'articule
autour de deux axes complémentaires :
- accroître l'offre de logements ;
- favoriser l'accès et le maintien dans le logement des personnes
en voie d'exclusion.
Or, dans ces deux domaines, l'effort budgétaire marque le pas en
2000.
A l'heure actuelle, deux lignes budgétaires regroupent les
crédits affectés au logement des plus démunis :
- le chapitre 46-50 rassemble les crédits d'intervention :
participation de l'Etat aux FSL et aux fonds d'aide aux accédants en
difficulté, subvention aux associations logeant les personnes
défavorisées ;
- l'article 65-48-60 regroupe les subventions d'investissement en faveur
des opérations les plus sociales : réquisition, logements
d'urgence, démolition, maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (MOUS).
Evolution des crédits budgétaires en
faveur
du
logement des plus défavorisés
(en dépenses ordinaires et crédits de paiement)
(en millions de francs)
Chapitre ou article |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
Evolution
|
PLF 2000 |
Evolution
|
46-50 |
456,5 |
685,0 |
+ 50 % |
720,0 |
+ 5,1 % |
65-48-60 |
349,0 |
282,5 |
- 19 % |
290,0 |
+ 2,6 % |
Total |
805,5 |
967,5 |
+ 20 % |
1.010,0 |
+ 4,4 % |
•
Les aides à la pierre
S'agissant des PLA " sociaux ", le budget pour 2000 ne prévoit
que 5.000 PLA-I contre 10.000 l'an passé. Ces crédits
étant inscrits dans la " ligne fongible ", il est difficile
d'apprécier l'évolution des crédits spécifiquement
destinés aux PLA sociaux.
Financement des PLA " sociaux "
|
PLA-I |
PLA-TS |
PLA-I et PLA-LM |
PLA- I |
||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Nombre de logements prévus |
10.000 |
10.000 |
20.000 |
28.000 |
20.000 |
30.000 |
30.000 |
5.000 |
Nombre de logements effectivement financés |
7.016 |
6.908 |
11.708 |
15.481 |
11.419 |
11.783 |
15.568 |
|
Taux de consommation des crédits budgétaires |
NC |
67,4 % |
85,7 % |
89,4 % |
87,2 % |
76,4 % |
68,0 % |
|
Source : DGUHC
Parallèlement, votre commission observe une stabilisation, voire une
diminution des crédits d'aide à la pierre en faveur des plus
démunis.
Ainsi, les crédits pour les " opérations les plus
sociales " (article 65-48-60) n'augmentent que de 2,6 % passant de
282 à 290 millions de francs. Or ces crédits sont notamment
destinés à financer des logements d'urgence ou les MOUS. Ils
avaient en outre déjà diminué de 20 % en 1999.
Les crédits en faveur de la résorption de l'habitat insalubre
diminuent passant de 103,6 millions de francs en 1999 à
79,4 millions de francs en dépit de l'existence
avérée d'un " marché des taudis ".
Votre commission observe toutefois qu'une nouvelle ligne budgétaire
dotée de 75 millions de francs est destinée à la
lutte contre le saturnisme. Elle financera aussi bien les diagnostics
d'immeuble que les travaux d'urgence.
•
Les aides à la pierre
Les aides budgétaires aux plus défavorisés passent de
680 millions de francs en 1999 à 718 millions de francs en
2000. La progression n'est donc plus que de 5,6 % contre 51 % en 1999.
L'effort en faveur des fonds de solidarité logement n'atteint que
548 millions de francs, contre 530 en 1999.
Or les FSL constituent l'instrument principal d'aide au logement des plus
défavorisés.
Dépenses des fonds de solidarité logement depuis 1993
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998* |
Aides au maintien |
296,5 |
337,7 |
336,8 |
339,9 |
338,6 |
395 |
Aides à l'accès dans les lieux |
196,0 |
247,0 |
321,2 |
382,3 |
401,5 |
461 |
Paiement de garanties |
9,6 |
17,4 |
22,4 |
30,4 |
36,8 |
46 |
ASLL (1) |
124,2 |
148,0 |
171,0 |
202,4 |
209,5 |
242 |
Gestion locative |
- |
- |
8,4 |
10,6 |
13,2 |
12 |
Subventions aux associations |
7,0 |
15,9 |
20,1 |
30,2 |
37,2 |
38 |
Fonctionnement |
55,0 |
72,2 |
80,2 |
98,7 |
108,1 |
121 |
Dépenses totales |
709,2 |
846,1 |
965,6 |
1.099,7 |
1.148,8 |
1.322 |
dont aides (2) |
633,5 |
766,2 |
880,4 |
996,1 |
1.036,8 |
1.197 |
(1)
Accompagnement social lié au logement.
(2) Total des dépenses des FSL non compris les frais de fonctionnement
et les dépenses diverses.
* Prévisions
Source : secrétariat d'Etat au logement
Les FSL ont permis d'aider environ 215.000 familles en 1997 contre 206.000 en
1996.
Evolution du nombre de ménages aidés par les FSL de 1992 à 1997
(en nombre de ménages)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Aides au maintien* |
42.00 |
47.360 |
53.700 |
55.140 |
56.020 |
52.334 |
Aides à l'accès** |
38.500 |
63.000 |
88.000 |
112.750 |
130.415 |
136.414 |
Total aides au maintien et à l'accès (paiements de garantie exclus) |
80.500 |
110.360 |
141.700 |
167.890 |
186.435 |
188.748 |
Paiements de garantie |
- |
2.770 |
3.975 |
6.040 |
7.500 |
8.673 |
ASLL*** |
18.000 |
30.000 |
38.860 |
42.900 |
50.440 |
55.499 |
*
prêt ou subvention
Source : DGUHC
** prêt, subvention, garantie octroyée
*** accompagnement social lié au logement
En revanche, les crédits relatifs à l'aide au logement temporaire
(ALT) augmentent de 40 millions de francs pour atteindre 170 millions
de francs.
L'aide au logement temporaire
L'aide
aux organismes logeant à titre temporaire des personnes
défavorisées communément appelée aide au logement
temporaire a été instituée par la loi n° 91-1406 du
31 décembre 1991 portant diverses dispositions d'ordre social. C'est une
aide versée exclusivement aux associations ou CCAS ayant conclu une
convention avec l'Etat. Il s'agit d'une aide forfaitaire.
L'aide au logement temporaire (ALT) a deux finalités :
- c'est une aide qui a été créée pour se
substituer exceptionnellement aux aides à la personne, aide
personnalisée au logement (APL) et allocation logement (AL), quand le
versement de ces aides n'est pas possible, notamment du fait d'une durée
de séjour trop brève pour permettre l'ouverture d'une aide
à la personne ;
- l'ALT doit également permettre aux associations qui accueillent
des personnes défavorisées de se doter d'un parc important.
Elle est financée par le Fonds national d'aide au logement (FNAL) qui
bénéficie à cet effet d'une contribution de l'Etat et
d'une contribution des régimes de prestations familiales, à
parité et versée par les CAF qui prélèvent 2 %
au titre des frais de gestion.
On observe en effet une forte montée en charge de l'ALT.
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Nombre d'organismes conventionnés |
628 |
955 |
1.231 |
1.314 |
1.390 |
Montant des engagements (MF) |
79,1 |
168,9 |
223,0 |
266,4 |
283,3 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
b) La difficile mobilisation des crédits budgétaires
Mais
la principale limite de l'action budgétaire en faveur du logement des
plus démunis tient moins au montant des crédits qu'à leur
trop faible consommation.
S'agissant des aides à la pierre, la situation est très
préoccupante. En 1998, 32 % des crédits budgétaires
consacrés aux PLA " sociaux " n'ont pas été
consommés. De la même manière, concernant les
dépenses en capital relatives aux " opérations les plus
sociales ", plus du tiers des crédits n'ont pas été
consommés. La situation ne semble guère s'être
amélioré cette année : au 31 août 1999, moins
de 6 % des crédits des " opérations les plus
sociales " avaient été consommés.
S'agissant des aides à la personne, la situation est moins
inquiétante. En 1998, 183 millions de francs ont dû être
reportés en 1999 sur les FSL du fait d'une attribution trop tardive. En
revanche, au 31 août 1999, 75 % des crédits inscrits, y
compris les crédits reportés, étaient d'ores et
déjà consommés.
Dans ces conditions, votre commission ne peut que souhaiter une meilleure
mobilisation des crédits budgétaires inscrits.
2. Des menaces latentes
a) L'essoufflement de certains programmes
Votre
commission avait insisté l'an passé sur deux types de programmes
qu'elle jugeait particulièrement prometteurs pour développer
l'offre de logements en faveur des plus démunis : les programmes
sociaux thématiques (PST) et les maîtrises d'oeuvre urbaine et
sociale (MOUS). Il faudrait y intégrer également les baux
à réhabilitation.
Or ces programmes connaissent un certain essoufflement.
•
Les programmes sociaux thématiques (PST)
Les PST ont été créés dès 1990 dans le cadre
de la loi du 31 mai 1990 visant à la mise en oeuvre du droit au
logement.
Le PST est une convention signée entre l'Etat, l'ANAH et une
collectivité locale. Il est fondé sur une négociation avec
les propriétaires privés ; en contrepartie d'une subvention
majorée de l'ANAH pour les travaux et d'un certain nombre de services
(assistance technique aux bailleurs, garantie de loyer, accompagnement social
des locataires...), le propriétaire s'engage à respecter un loyer
conventionné pendant 9 ans et à loger des personnes en
difficulté qui lui sont proposées par une commission ou un
organisme désigné dans la convention de PST et chargé de
l'attribution des logements dans le cadre du plan départemental pour le
logement des personnes défavorisées.
Or, le nombre de logements améliorés a sensiblement
diminué en 1997, dernière année pour laquelle des
statistiques sont disponibles.
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Nombre de conventions PST en vigueur |
177 |
206 |
263 |
273 |
219 |
222 |
Montant des engagements (millions de F) |
268 |
328 |
317 |
426 |
479 |
374 |
Logements améliorés |
3.300 |
3.900 |
3.600 |
4.000 |
4.200 |
3.200 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
•
Les maîtrises d'oeuvre urbaine et sociale (MOUS)
Les conventions MOUS constituent un complément pertinent au montage et
à la réussite des opérations d'habitat adapté.
Ces conventions visent à mettre en place un partenariat
opérationnel entre les différents acteurs (collectivités
locales, Etat, organismes HLM, financeurs...). Elles permettent
l'émergence d'une structure de pilotage capable de coordonner l'action
des différents partenaires et de mettre en oeuvre les programmes
d'habitat adaptés. Elles évitent ainsi la dispersion de l'action
publique en faveur du logement des personnes défavorisées.
En 1997, 160 MOUS étaient en cours de réalisation contre 180
l'année précédente.
•
Les baux à réhabilitation
Après trois années où le nombre de logements ayant
donné lieu à un bail à réhabilitation se situait
annuellement autour de trois cents, l'année 1997 marque un
sérieux recul du bail à réhabilitation.
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Nombre de logements |
68 |
231 |
126 |
279 |
303 |
284 |
174 |
Nombre d'opérations |
22 |
74 |
55 |
69 |
113 |
124 |
65 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
b) Les retards de la loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions
Il est sans doute prématuré de tirer un premier bilan de la loi du 29 juillet 1998, notamment parce que les principaux textes d'application n'ont été publiés que récemment. A ce propos, votre commission observe avec intérêt que la mise en oeuvre du nouvel impôt que constitue la taxe sur les logements vacants s'est opérée avec une célérité particulière en dépit de sa complexité, mais pour une efficacité pour le moins douteuse.
La taxe sur les logements vacants
L'article 51 de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions a
institué, à compter du 1
er
janvier 1999, une taxe
annuelle sur les logements vacants depuis au moins deux années
consécutives dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants
où existe un déséquilibre important entre l'offre et la
demande de logements.
1. Le dispositif retenu
Le décret n° 98-1249 du 29 décembre 1998 a fixé la
liste des communes où cette taxe est applicable. Il s'agit des communes
appartenant aux agglomérations de Paris, Lille, Bordeaux, Toulouse,
Lyon, Montpellier, Nice et Cannes-Grasse-Antibes.
La taxe est due pour chaque logement vacant depuis au moins deux années
consécutives, au 1
er
janvier de l'année d'imposition,
à l'exception des logements détenus par les bailleurs sociaux.
L'assiette de la taxe est constituée par la valeur locative du logement.
Son taux est fixé à 10 % la première année
d'imposition, 12,5 % la deuxième année et 15 % à
partir de la troisième année.
Le produit de cette taxe est affecté à l'ANAH.
2. Une efficacité douteuse
Pour 1999, première année d'application de la taxe, 133.000 avis
d'imposition ont été adressés aux propriétaires par
les services fiscaux.
Toutefois, les difficultés de définition du " logement
vacant " risque de se traduire par un contentieux important.
Ainsi, le
conseil des impôts
11(
*
)
, dans son rapport
1999, a jugé que "
le champ d'application et les
difficultés d'application de cette nouvelle mesure rendent les risques
de contentieux importants et posent la question de l'intérêt
même de ce dispositif
".
Votre commission relève également que
le produit attendu de
cette taxe est pour le moins modeste, le fascicule " Evaluation des voies
et moyens " l'estimant à 1 million de francs en 1999. Il est alors
à craindre que le coût de recouvrement de la taxe soit
supérieur à son produit.
Dans ces conditions, votre commission ne peut que rappeler la position qu'elle
avait émise au moment de l'examen du projet de loi d'orientation de
lutte contre les exclusions. Elle estimait alors que
" la
présente taxe est susceptible en effet d'affaiblir les investissements
locatifs sans pour autant être efficace pour remettre sur le
marché des logements vacants "
12(
*
)
.
Ce diagnostic semble aujourd'hui se confirmer.
Il n'en reste pas moins qu'il semble que cette loi n'ait pour l'instant
produit que peu d'effets concrets sur le terrain.
La Fondation Abbé Pierre pour le logement des plus
défavorisés
13(
*
)
observe ainsi que
"
pourtant, un an après le vote de la loi, l'état
d'avancée de son application est difficilement décryptable, et
les effets de sa mise en oeuvre sont imperceptibles. Les bassins d'habitat et
les dispositifs spécifiques à l'Ile-de-France ne se sont pas mis
en place, les logements sociaux financés ne sont pas
réalisés et de nombreuses personnes restent confrontées
à des difficultés grandissantes pour trouver à se loger de
manière convenable. Les associations impliquées dans l'insertion
par le logement sont peu à peu gagnées par le
scepticisme.
"
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement, a d'ailleurs
lui-même reconnu les difficultés d'application de la loi en
déclarant que "
les résultats sont inégaux et les
dispositifs de suivi ne sont pas assez performants
"
14(
*
)
.
Votre commission ne peut alors que s'inquiéter sur de tels retards. Elle
ne manquera pas d'y attacher une vigilance toute particulière,
l'année 2000 devant marquer la véritable mise en oeuvre du volet
" logement " de la loi du 29 juillet 1998.
les aides à la personne : les occasions manquées
Pour la première fois, le projet de budget pour 2000 prévoit une diminution de la contribution de l'Etat aux aides à la personne. Mais cette maîtrise des coûts ne s'accompagne hélas pas d'une réforme des aides personnelles.
E. UNE DIMINUTION DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES CONSACRÉS AUX AIDES PERSONNELLES
1. Une croissance continue du nombre de bénéficiaires
a) Les différentes aides personnelles
Il
existe trois types d'aides personnelles
•
L'allocation de logement à caractère familial
(ALF)
L'ALF est une prestation familiale qui a été créée
à l'occasion de la réforme du régime des loyers par la loi
du 1
er
septembre 1948. Elle est attribuée aux personnes
isolées et aux couples ayant des personnes à charge, ainsi qu'aux
jeunes ménages, sans personne à charge, mariés depuis
moins de 5 ans.
En 1998, 1.200.691 ménages bénéficiaient de l'ALF pour un
montant de 16,8 milliards de francs.
•
L'allocation de logement à caractère social (ALS)
L'ALS a été créée par la loi du 16 juillet 1971
afin de venir en aide à des catégories de personnes, autres que
les familles, caractérisées par le niveau modeste de leurs
ressources (personnes âgées, handicapés, jeunes
travailleurs salariés de moins de 25 ans).
Depuis le 1
er
janvier 1993, toute personne, qui n'entre pas dans les
conditions fixées pour bénéficier de l'APL ou de l'ALF,
peut bénéficier de l'ALS sous seule condition de ressources en
application de la réforme dite du " bouclage " des aides au
logement lancée en 1991.
En 1998, 2.234.917 ménages bénéficiaient de l'ALS (dont
557.000 étudiants) pour un total de prestations de 21,7 milliards
de francs.
•
L'aide personnalisée au logement (APL)
L'APL, créée par la loi du 3 janvier 1977, s'applique à un
parc de logements déterminés, quelles que soient les
caractéristiques familiales des occupants, qui comprend :
- en accession à la propriété : les logements
financés avec des prêts aidés par l'Etat (PAP ou PC) ;
- en secteur locatif : les logements conventionnés, financés
avec des PLA ou des PC locatifs, ou conventionnés avec des subventions
à l'amélioration (PALULOS ou ANAH), ainsi que les logements
existants, conventionnés sans travaux, appartenant à des
organismes d'habitation à loyer modéré ou des
sociétés d'économie mixte ou appartenant à d'autres
bailleurs, lorsque ces logements ont bénéficié avant 1977
des anciennes aides de l'Etat.
En 1997, 2.867.822 ménages ont bénéficié de l'APL
pour une dépense totale de 38,6 milliards de francs.
b) La progression du nombre de bénéficiaires
Le nombre de bénéficiaires des aides personnelles au logement a encore progressé en 1998.
Nombre de bénéficiaires des aides personnelles au logement
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
ALF |
1.155 |
1.119 |
1.104 |
1.110 |
1.145 |
1.185 |
1.151 |
1.170 |
1.201 |
ALS |
1.043 |
1.075 |
1.459 |
1.787 |
1.953 |
2.069 |
2.142 |
2.155 |
2.235 |
APL |
2.380 |
2.507 |
2.557 |
2.628 |
2.728 |
2.795 |
2.855 |
2.844 |
2.867 |
TOTAL |
4.578 |
4.701 |
5.120 |
5.525 |
5.826 |
6.049 |
6.148 |
6.169 |
6.303 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Cette progression tient avant tout à la poursuite de la montée en
charge de l'ALS, à la suite du " bouclage " des aides. Au
total, on estime que 27 % des ménages touchait une aide au logement
en France en 1995.
Cette augmentation du nombre des bénéficiaires s'est
accompagnée d'une augmentation plus rapide du montant total des
prestations versées du fait de la revalorisation décidée
en 1998.
Montant des prestations des aides personnelles au logement
(en milliards de francs)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
ALF |
12,3 |
12,8 |
13,2 |
14,2 |
14,9 |
15,4 |
15,6 |
16,2 |
16,8 |
ALS |
9,5 |
10,4 |
13,1 |
16,9 |
19,1 |
20,1 |
20,1 |
21,0 |
21,7 |
APL |
28,2 |
30,9 |
32,6 |
33,9 |
35,7 |
37,3 |
38,0 |
38,1 |
38,6 |
TOTAL |
50,6 |
54,1 |
58,9 |
65,0 |
69,7 |
72,8 |
73,7 |
75,3 |
77,2 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
2. L'amorce d'une maîtrise du coût budgétaire
Les
aides personnelles au logement sont alimentées conjointement par l'Etat,
par le fonds national des prestations familiales et par les cotisations des
employeurs.
La contribution de l'Etat aux aides personnelles au logement est
apportée par une dotation au Fonds national de l'habitation, qui finance
l'aide personnalisée au logement (APL), et une dotation au fonds
national d'aide au logement qui verse l'allocation de logement sociale (ALS).
En 1998, l'Etat finançait 41,5 % des aides tandis que les
organismes sociaux et les employeurs en finançaient respectivement
47,1 % et 11,4 %.
a) Une diminution des dotations budgétaires en 2000
En 2000, la contribution de l'Etat au financement des aides personnelles diminuera de 283 millions de francs pour atteindre 34,3 milliards de francs.
Contribution de l'Etat au financement des aides personnelles (1)
(en milliards de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
19,4 |
28,4 |
27,5 |
29,9 |
32,1 |
32,4 |
33,2 |
34,6 |
34,3 |
(1)
dotations inscrites en LFI et LFR
Source : secrétariat d'Etat au logement
b) Des causes diverses
D'une
part, cette diminution est la
conséquence de l'amélioration du
contexte économique.
Ainsi, on peut compter sur une diminution du
montant moyen mensuel, voire sur une diminution du nombre de
bénéficiaires. De la même manière, les recettes
provenant de la contribution des employeurs vont augmenter.
D'autre part -et c'est le facteur principal-,
la contribution de l'Etat au
financement des aides personnelles est surévaluée
depuis
plusieurs années dans la loi de finances initiales. Ainsi, 846 millions
de francs de crédits furent annulés en 1998.
Au total, cette diminution de l'effort budgétaire correspond plus
à une rationalisation de l'affectation des crédits qu'à un
effort de maîtrise des dépenses.
F. LE CHOIX DU STATU QUO
1. Un système imparfait
Si les aides personnelles au logement, en permettant la solvabilisation des ménages, leur garantissent un accès effectif au logement, votre commission estime néanmoins qu'une réforme de ces aides est indispensable.
a) Les lacunes du système
Ces
aides souffrent en effet de plusieurs dysfonctionnements :
- le
système souffre d'abord d'une trop grande
complexité
qui est le résultat d'une stratification
progressive, au cours des 40 dernières années, de
différentes mesures liées à la
généralisation de ces aides à de nouvelles
catégories de ménages et de logements. Dès lors, les
barèmes applicables sont loin d'être unifiés ;
- le
système n'est pas non plus équitable
car pour
des charges de logement, des ressources et des situations familiales
identiques, les ménages ne bénéficient pas de la
même aide, du fait de l'hétérogénéité
des barèmes. En outre, les ressources prises en compte pour le calcul
des aides sont les ressources imposables. Aussi, les
bénéficiaires de minima sociaux reçoivent une aide plus
importante que les ménages qui n'ont que de faibles revenus
d'activité ;
- le
système n'a enfin pas fait la preuve de son
efficacité sociale
, les taux d'effort augmentant
parallèlement à la croissance des loyers et les aides restant
applicables dans le " marché des taudis ".
b) Les pistes de réformes proposées par votre commission
Dans ces
conditions, votre commission considère qu'une réforme des aides
personnelles devrait explorer les pistes suivantes :
- la fusion des trois types d'aides en un barème unique ;
- la prise en compte de l'ensemble des ressources des
bénéficiaires, que celles-ci proviennent ou non des transferts
sociaux, pour mettre un terme à des inégalités
choquantes ;
- l'institution d'un taux d'effort minimal, pour assurer que les
bénéficiaires prennent bien en charge personnellement une partie
du coût de leur logement ;
- le recentrage du système, afin d'expurger les aides à la
personne des dispositions qui sont sans lien avec la politique du
logement ;
- la révision des modalités de versement de l'ALS aux
étudiants ;
- la prise en compte rénovée des critères de
salubrité du logement dans l'attribution des aides pour éviter le
développement d'un " marché des taudis ".
2. Une réforme une nouvelle fois différée
En
dépit de la constitution d'un groupe de travail entre l'Etat et la CNAF
en application de la convention d'objectif et de gestion signée le
14 mai 1997 et de la mise en place d'un autre groupe de travail
interministériel ayant pour but d'améliorer la cohérence
du système des aides personnelles annoncée par le Premier
ministre lors de la conférence sur la famille du 7 juillet 1999, le
Gouvernement n'a visiblement pas choisi la voie de la réforme.
En matière d'aide au logement, il semble que le Gouvernement ait
décidé de se limiter aux trois actions suivantes :
- une politique régulière d'actualisation des
barèmes ;
- l'alignement d'ici 2001 des loyers plafonds de l'ALF sur ceux de
l'APL ;
- une révision
a minima
de l'évaluation forfaitaire
des ressources.
Tout en partageant ces orientations, votre commission ne peut que regretter
l'absence d'ambition dans cette réforme des aides personnelles.
Le parc privé : priorité apparente du projet de loi de finances pour 2000
La
politique sociale du logement concerne prioritairement le parc social. Mais
elle vise également le parc privé dans la mesure où elle
permet d'ouvrir l'accès du parc privé aux familles modestes, soit
en accession, soit en location, mais également de favoriser leur
maintien dans le logement, notamment grâce à la
réhabilitation de l'habitat dégradé.
Le parc privé constitue le domaine privilégié du projet de
loi de finances pour 2000, qu'il s'agisse des dotations budgétaires ou
des mesures nouvelles, qu'elles soient fiscales ou non.
Votre commission
observe toutefois que cette priorité apparente aurait pu se traduire par
des mesures plus ambitieuses.
G. UNE AMÉLIORATION ENCORE POSSIBLE DE L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ ET DE L'INVESTISSEMENT LOCATIF
1. Une politique d'accession sociale encore modeste
a) Le prêt à taux zéro, vecteur principal de l'accession à la propriété
L'accession sociale à la propriété est
actuellement principalement assurée par deux dispositifs
complémentaires, tous deux attribués sous conditions de
ressources.
•
Le prêt à taux zéro (PTZ)
Ce dispositif, qui prend la forme d'une avance remboursable, a
été institué en octobre 1995 en remplacement des
prêts aidés à l'accession à la
propriété (PAP) et des mesures fiscales qui y étaient
attachées. Il permet de financer des opérations de construction
ou d'acquisition d'un logement neuf ou d'acquisition-amélioration d'un
logement existant par les ménages de condition modeste.
Le succès du prêt à taux zéro ne se dément
pas. Plus de 380.000 prêts à taux zéro ont ainsi
été " mis en force "
15(
*
)
depuis 1996, dont plus de 70.000 dans
l'ancien.
|
1996 |
1997 |
1998 |
1 er semestre 1999 |
Total |
Nombre de PTZ " mis en force " |
117.900 |
129.150 |
109.200 |
30.500 |
386.750 |
Montant moyen (en francs) |
98.179 |
102.370 |
102.940 |
104.210 |
NS |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Le caractère social du prêt à taux zéro est garanti
par les critères de ressources. Ainsi, en 1998, 57 % des
ménages bénéficiaires avaient des revenus annuels
inférieurs à 103.600 francs.
Le prêt à taux zéro permettait, en moyenne, d'assurer le
financement de 16 % de l'opération.
•
Le prêt à l'accession sociale (PAS)
Le prêt à l'accession sociale (PAS), créé en 1993,
est un prêt conventionné qui bénéficie d'une
garantie de l'Etat par l'intermédiaire du Fonds de garantie de
l'accession sociale (FGAS). Son taux, son éligibilité à
l'APL et l'existence d'un plafond de ressources en font un produit ciblé
sur l'accession sociale.
Les PAS peuvent se conjuguer avec les prêts à taux zéro,
dont ils apparaissent d'ailleurs comme l'utile complément. Ainsi, plus
de 70 % des PAS sont désormais accompagnés d'un prêt
à taux zéro.
Prêts à l'accession sociale
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Nombre de PAS " mis en force " |
8.970 |
39.860 |
36.720 |
78.930 |
66.700 |
66.400 |
Montant moyen d'un prêt PAS (en milliers de francs) |
253 |
259 |
269 |
287 |
313 |
347 |
Source : Société de gestion du fonds de
garantie de l'accession sociale
Le projet de budget pour 2000 devrait permettre d'accompagner ces
dispositifs d'accession.
Certes, la dotation budgétaire aux prêts d'accession à la
propriété diminue de 6,3 à 5,9 milliards de francs en
crédits de paiement de 1999 à 2000. Mais cela devrait permettre
la réalisation d'un programme de 110.000 prêts à taux
zéro du fait de la diminution du coût budgétaire moyen du
prêt. Celui-ci est en effet passé de 59.900 francs en 1997
à 56.300 francs en raison de la diminution des taux
d'intérêt.
Votre commission observe toutefois que le financement budgétaire des
prêts à taux zéro ne sera suffisant que si le mouvement de
baisse des taux se poursuit.
b) Un nécessaire renforcement de l'accession sociale
Votre
commission estime que ce renforcement pourrait prendre deux formes :
- la " sécurisation " de l'accession sociale ;
- l'extension du prêt à taux zéro à l'ancien.
Or, si ce premier volet a désormais bien avancé, le second reste
en attente.
•
La " sécurisation "
Depuis le 1
er
avril 1999 a été mis en place un
dispositif de sécurisation qui s'adresse à tous les
accédants sociaux à la propriété dans le neuf ou
dans l'ancien. Il se fonde sur la signature de deux conventions entre l'Etat et
l'UESL conclues en application de l'article premier de la convention
quinquennale du 3 août 1998 relative à la modernisation du
1 % logement.
La
première convention
concerne tous les accédants ayant
souscrit un prêt en accession sociale (accompagné ou non d'un
prêt à taux zéro). Elle garantit contre la perte d'emploi.
Après un délai de carence de 12 mois, l'intervention du 1 %
logement permet d'alléger de moitié les annuités d'emprunt
pendant 12 mois. Cette durée est fractionnable en deux fois en cas de
besoin. Le remboursement de l'avance ainsi faite est repoussé à
la fin de la période d'endettement sans intérêt ni
pénalité.
La
seconde convention
ne s'applique qu'aux salariés des
entreprises assujetties au 1 % logement. Elle garantit contre une forte
réduction des ressources (notamment suite à un éclatement
de la famille). Les ménages concernés doivent remplir une des
conditions suivantes :
- avoir des revenus inférieurs au plafond du prêt à
taux zéro ;
- avoir subi une diminution imprévue des ressources (de 30 %
minimum) ;
- avoir au moins 40 % de taux d'endettement avec des charges à
caractère immobilier.
L'aide est proposée sous la forme d'une avance sans
intérêt, fonction du taux d'effort du ménage. L'aide
consiste en une avance gratuite qui prend en charge 50 % de la
mensualité des prêts immobiliers en cours dans la limite de 2.500
francs par mois, pour une durée maximum de 12 mois. Cette avance est
remboursable sur une durée maximum de 10 ans. La durée de
remboursement est fonction de critères fixés par l'UESL, en
fonction du taux d'effort global constaté à la fin de la
période de différé.
•
L'élargissement du prêt à taux zéro
à l'ancien
La diminution du coût moyen des prêts à taux zéro a
permis de dégager une importante marge de manoeuvre budgétaire.
Dans ces conditions, votre commission ne peut que souhaiter un renforcement de
la politique d'accession sociale.
Ce renforcement pourrait alors prendre la forme d'un élargissement du
prêt à taux zéro dans l'ancien, par une diminution de la
quotité de travaux de 35 à 20 %.
Les conditions d'accès au prêt à taux zéro sont en
effet très restrictives pour l'acquisition-amélioration d'un
logement existant. Une telle opération suppose en effet le respect de
deux conditions :
- le logement doit avoir été construit depuis plus de 20
ans ;
- le montant des travaux doit être au moins égal à
35 % du coût total de l'opération.
Or, en 1996, la quotité de travaux exigibles avait été
ramenée de 35 % à 20 %. Cela avait permis
l'acquisition-amélioration de 30.000 logements supplémentaires
par un prêt d'un montant moyen de 82.615 francs.
Votre commission considère que l'expérience de 1996 a eu des
conséquences bénéfiques, notamment pour les ménages
modestes qui ont ainsi pu réaliser une accession.
Elle ne peut alors que partager l'analyse de M. Jean-Louis Dumont, rapporteur
spécial des crédits du logement à l'Assemblée
nationale, qui estime que "
ce serait plus de 9 milliards de
francs qui pourraient être consacrés en 2000 à
l'encouragement à l'accession sociale à la
propriété.
Cette marge budgétaire confortable doit
permettre au Gouvernement de consolider sa politique en faveur de l'accession
sociale. Votre rapporteur spécial l'encourage à élargir le
bénéfice du prêt à taux zéro à
l'ancien avec une quotité de travaux abaissée de 35 à
20 %
".
2. Les difficultés persistantes du logement locatif intermédiaire
Une
frange importante de ménages à revenus moyens, souvent de jeunes
ménages, sont exclus du parc social, mais rencontrent des
difficultés d'accès au logement locatif privé, ne pouvant
supporter les niveaux de loyer du marché libre.
Or, il existe actuellement deux types de dispositifs en leur faveur qui ne
jouent pas pleinement leur rôle :
- les prêts locatifs intermédiaires ;
- le nouveau statut du bailleur privé.
a) L'essoufflement continu du prêt locatif intermédiaire
Un
prêt spécifique -le prêt locatif intermédiaire- a
été institué en 1987 pour financer des opérations
répondant aux besoins de ces ménages.
Le prêt locatif intermédiaire (PLI) a pour objet le financement de
logements situés dans des zones géographiques souffrant d'une
tension manifeste de leur marché locatif et dont le loyer est
appelé à se situer entre celui que pratique le secteur social
pour un habitat financé par un prêt locatif aidé et celui
qui s'observe sur le marché libre.
Les emprunteurs qui souscrivent un prêt locatif intermédiaire
s'engagent à affecter les logements financés à la location
pendant une période minimale (durée du prêt lui-même
pour les bailleurs sociaux, douze ans en règle générale
pour les bailleurs privés) en respectant des plafonds de ressources et
de loyers.
Les établissements prêteurs sont, à titre exclusif, la
Caisse des dépôts et consignations, le Crédit foncier de
France et le Comptoir des entrepreneurs.
Depuis son institution, le PLI a fait l'objet d'ajustements successifs touchant
le taux du prêt, sa durée, les plafonds de ressources des
locataires, les plafonds de loyer, la durée minimale de location.
Actuellement, le PLI est un prêt à taux fixe de 5,5 % dont la
durée n'excède pas 25 ans. Les autres règles ont
été progressivement assouplies : les plafonds de ressources
permettent l'égibilité de 85 % des ménages, la
durée minimale de location est ramenée à 6 ans.
Pourtant, le nombre de PLI distribués diminue
régulièrement.
Nombre de PLI distribués depuis 1993
(en nombre de logements financés ou agréés)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
PLI Caisse des dépôts et consignations |
4.000 |
6.000 |
6.000 |
4.700 |
3.300 |
3.000 |
PLI Crédit foncier de France |
3.000 |
2.300 |
2.800 |
4.100 |
2.500 |
2.200 |
PLI Comptoir des entrepreneurs |
1.100 |
1.000 |
1.200 |
800 |
800 |
400 |
TOTAL |
8.100 |
9.300 |
9.600 |
9.600 |
6.600 |
5.600 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Cet essoufflement continu du PLI s'explique très largement par
l'inadaptation croissante du PLI
. Le taux d'intérêt de
5,5 % apparaît élevé par rapport aux taux du
marché et ne permet pas d'aboutir à un équilibre financier
satisfaisant des opérations PLI. Les loyers qui seraient
nécessaires pour parvenir à l'équilibre sont en effet trop
élevés par rapport aux ressources des ménages.
Certes, deux mesures laissent espérer une amélioration de la
situation du logement intermédiaire.
D'abord, la mise en place des PLUS devrait se traduire par une
amélioration de la mixité sociale, 10 % des logements
étant réservés à des ménages dont les
revenus peuvent excéder de 20 % les plafonds de ressources
fixés pour l'attribution de logements sociaux. Mais on reste ici dans le
parc social et non dans le parc privé.
Ensuite, la convention avec le 1 % logement prévoit une
mobilisation de la Participation des employeurs à l'effort de
construction (PEEC) à hauteur de 300 millions par an sur 5 ans en
faveur du logement intermédiaire, ce qui pourrait permettre
d'accompagner les opérations PLI afin de rendre compatibles les niveaux
de loyers de sortie et les ressources des ménages.
Votre commission n'en estime pas moins qu'une réforme des PLI,
à l'image de celle des PLA, reste nécessaire.
b) Le nouveau statut du bailleur privé
L'article 96 de la loi de finances pour 1999 a institué
un
nouveau statut du bailleur privé, se substituant à l'ancien
" amortissement Périssol ", destiné à apporter
une aide aux bailleurs de logements intermédiaires.
Ce dispositif est toutefois encore en période de " rodage " et
n'a pas encore eu de retombées effectives sur le logement
intermédiaire.
H. UN EFFORT CERTAIN EN FAVEUR DE LA RÉHABILITATION DU PARC PRIVÉ
Le projet de budget pour 2000 témoigne de la poursuite de l'effort en faveur de la réhabilitation du parc privé. Les interventions budgétaires traditionnelles sont en légère hausse alors que de nouvelles incitations fiscales sont mises en place.
1. Un soutien budgétaire conséquent
Les dotations budgétaires atteindront 3 milliards de francs en 2000 contre 2,9 milliards en 1999, soit une hausse de 3,3 %.
a) La réhabilitation par les propriétaires occupants
La prime
à l'amélioration de l'habitat (PAH) est une subvention
réservée aux propriétaires occupants dont les ressources
ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens PAP.
Le taux de base de la subvention est de 20 % (25 % dans les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat). Le
taux est majoré à 35 % lorsque les ressources sont
inférieures à 50 % des plafonds PAP, le tout dans la limite
d'une dépense subventionnable de 70.000 francs par logement.
Mais ce régime général comporte de nombreuses exceptions :
le taux de la subvention et le plafond des dépenses subventionnables
peuvent être majorés en fonction des caractéristiques du
ménage (personnes handicapées par exemple) et du cadre de
réalisation de la PAH (opération programmée
d'amélioration de l'habitat par exemple).
Les travaux susceptibles d'être financés à l'aide d'une PAH
sont les suivants :
- les travaux destinés à l'amélioration de la
sécurité, de la salubrité et de l'équipement du
logement ;
- les travaux destinés à économiser l'énergie
dans les logements ;
- les travaux d'accessibilité des logements aux personnes
handicapées physiques et les travaux d'adaptation des logements aux
besoins des travailleurs de nuit.
Bilan des PAH depuis 1990
|
Nombre de primes accordées |
Montant total des primes
|
Montant moyen unitaire
|
1990 |
49.663 |
505,5 |
10.179 |
1991 |
47.234 |
507,9 |
10.755 |
1992 |
52.276 |
559,0 |
10.694 |
1993 |
60.802 |
646,8 |
10.638 |
1994 |
68.771 |
728,9 |
10.599 |
1995 |
55.909 |
591,4 |
10.578 |
1996 |
72.510 |
767,0 |
10.578 |
1997 |
66.623 |
718,9 |
10.791 |
1998 |
69.419 |
761,8 |
10.974 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Le projet de budget pour 2000 conforte cette politique en prévoyant une
hausse de 4,5 % des crédits qui s'élèveront à
800 millions de francs. Il est d'ailleurs à noter que le taux de
consommation des crédits augmente régulièrement.
b) La réhabilitation par les propriétaires bailleurs
L'ANAH a
pour objet d'aider à l'amélioration des logements locatifs
appartenant à des propriétaires privés.
A cet effet, l'ANAH reçoit une dotation du budget de l'Etat et attribue
des subventions aux propriétaires privés qui réalisent des
travaux d'amélioration dans les logements locatifs de plus de quinze ans
et qui s'engagent à les louer pendant dix ans à titre de
résidence principale.
Après travaux, les logements doivent être loués à
titre de résidence principale pendant dix ans et être assujettis
au versement de la taxe additionnelle au droit de bail, mais ils peuvent
être exonérés de celle-ci en raison du faible montant des
loyers.
En règle générale, le taux de subvention est égal
à 25 % d'un montant plafonné de travaux subventionnables. Il
peut être porté à 35 % lorsque le logement
situé dans une opération programmée d'amélioration
de l'habitat (OPAH) fait l'objet d'une convention passée entre l'Etat et
le bailleur rendant obligatoire un plafond de ressources pour les locataires,
ainsi qu'un plafond de loyer. Dans le cadre d'un Programme social
thématique (PST) destiné au logement des personnes
défavorisées, le taux de subvention peut alors atteindre
70 % moyennant certaines conditions. De plus, dans les OPAH, le taux de
subvention peut être porté de 35 à 40 % sous
réserve qu'une collectivité locale accorde une subvention
complémentaire au taux de 5 %.
L'article 54 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier a étendu le champ d'intervention de
l'ANAH aux zones de revitalisation rurale (ZRR) pour financer la transformation
en logements locatifs d'immeubles non initialement affectés à
l'habitation.
Activité et financement de l'ANAH depuis 1994
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Subventions engagées (en millions de francs) |
2.724 |
2.731 |
2.595 |
2.338 |
2.308 |
Nombre de logements subventionnés |
143.600 |
126.500 |
111.800 |
107.600 |
111.200 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Les crédits budgétaires, inscrits en loi de finance initiale, de
l'ANAH sont en progression de 2,8 % pour atteindre 2,2 milliards de
francs.
2. Vers une refonte des aides à la réhabilitation ?
a) Des mesures nouvelles dans le projet de loi de finances pour 2000
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit, dans son article 3, que les
travaux portant sur les locaux à usage d'habitation achevés
depuis plus de deux ans supporteront un taux réduit de TVA de
5,5 %. Cette mesure prolonge la mesure adoptée en loi de finances
initiale pour 1999 qui appliquait ce taux réduit de TVA aux travaux
subventionnés par l'ANAH.
Cette mesure, d'un coût budgétaire évalué à
19,7 milliards de francs, serait applicable dès le 15 septembre
1999.
Votre commission ne peut qu'être en accord avec le principe d'une telle
disposition.
Elle observe toutefois que son impact réel ne doit pas être
surévalué. Elle considère en effet que cette mesure
souffre de certaines imperfections :
- les textes d'application risquent de se révéler
extrêmement complexes ;
- son impact sur le travail illégal, mis en avant par le
Gouvernement, est incertain ;
- elle bénéficiera surtout aux ménages les plus
aisés, ayant les moyens de se lancer dans des opérations de
réhabilitation ;
- le coût fiscal est très élevé ;
- on peut douter qu'elle intervienne au moment propice. En effet la
situation du secteur du bâtiment est actuellement très
satisfaisante. Une telle mesure aurait alors été plus
adaptée il y a deux ans, au creux de la conjoncture. Aujourd'hui, il
n'est pas exclu qu'elle provoque une " surchauffe " du secteur.
b) L'annonce d'une prochaine réforme
Le
Gouvernement a annoncé son intention de réformer les aides
à la réhabilitation, notamment dans le cadre du prochain projet
de loi " Urbanisme, habitat et déplacements ".
Cette réforme pourrait prendre trois formes :
•
L'unification des interventions financières
Cette réforme d'ensemble serait justifiée, selon le Gouvernement,
non seulement par les insuffisances des actuelles procédures comptables
de gestion de l'ANAH et de la prime à l'amélioration de l'habitat
(PAH), notamment au regard des observations de la Cour des comptes, mais aussi
par le souci de promouvoir une politique de réhabilitation globale et
cordonnée sur l'ensemble du parc privé.
Cette réforme devrait permettre de regrouper auprès d'un seul
organisme public dont la vocation serait élargie à l'ensemble du
parc privé, les outils et moyens financiers existants : l'ANAH
deviendrait ainsi compétente pour délivrer la PAH, en lieu et
place du préfet de département.
•
La simplification de la procédure d'instruction des
demandes de subvention de l'ANAH
L'ANAH envisage de mettre en place deux séries de mesures concomitantes
visant à approfondir l'instruction et les contrôles des dossiers
sensibles, notamment du point de vue de leur montant élevé et,
parallèlement, à simplifier l'instruction des
" petits " dossiers qui, en 1998, représentaient plus de
40 % des demandes pour moins de 10 % du montant total des subventions.
Les demandes portant sur un montant de travaux inférieurs à
70.000 francs pourraient ainsi bénéficier d'une instruction
simplifiée au regard de l'application des plafonds de travaux et d'une
autorisation anticipée de commencement des travaux. Le
propriétaire concerné souscrirait un engagement locatif
réduit à 6 ans, au lieu de 10 ans.
•
La réforme des OPAH
Depuis sa création en 1977, la procédure des OPAH a fait l'objet
d'un intérêt constant de la part des collectivités locales
et de l'Etat.
Depuis 1977, plus de 3.3000 OPAH ont été engagées,
notamment en milieu rural où elles constituent l'instrument
privilégié de mise en oeuvre des politiques locales de l'habitat.
Elle a démontré sa réelle efficacité et s'est
adaptée à la diversité des situations locales. Elle est en
effet utilisée pour la mise en oeuvre de projets de requalification de
territoires, tant urbains que ruraux.
Néanmoins, le Gouvernement estime que la nécessité d'une
amélioration apparaît sur plusieurs champs : les
finalités globales de la procédure, sa gestion (pilotage, suivi,
sa mise en oeuvre pratique (étude, conventionnement). Il juge ainsi
indispensable que l'opportunité du lancement d'une OPAH s'inscrive dans
un projet global d'aménagement ou de développement qui permette
de la positionner comme le volet habitat de ce projet global et de l'articuler
avec d'autres actions et outils (aménagement urbain, dispositifs de
lutte contre l'insalubrité...).
Votre commission restera vigilante sur ces projets de réforme afin
qu'ils ne déstabilisent pas des dispositifs qui ont fait la preuve de
leur efficacité.
*
* *
En
conclusion, votre commission prend acte de l'évolution satisfaisante des
crédits pour le logement social, leur diminution ne remettant pas en
cause la réalisation des programmes. Elle observe que le projet de loi
de finances propose quelques mesures nouvelles positives, notamment en faveur
du parc privé.
En revanche, elle estime que ce projet de loi de finances comporte plusieurs
lacunes ou imperfections :
- l'impact incertain des mesures en faveur du logement social dont la
situation est toujours très préoccupante ;
- les retard pris dans la politique en faveur du logement des plus
défavorisés ;
- l'absence de réformes des aides personnelles au logement ;
- le manque d'ambition pour l'accession sociale à la
propriété.
Elle ne peut alors que souhaiter que ces questions soient abordées au
moment de l'examen par le Parlement du prochain projet de loi relatif à
l'urbanisme, à l'habitat et aux déplacements.
En conséquence, votre commission
a décidé de
s'en remettre à la sagesse de la Haute assemblée quant à
l'adoption des crédits consacrés au logement social par le projet
de loi de finances pour 2000.
ANNEXE 1
-
LES AUTRES MESURES DU PROJET DE LOI DE
FINANCES CONCERNANT LE LOGEMENT
Il
s'agit des mesures, fiscales ou non, qui ne sont pas directement
rattachées aux crédits du logement et que votre commission n'a
pas, en conséquence, directement examinées.
1. Les mesures fiscales
Elles représentent un allégement d'impôt de l'ordre de 28
milliards de francs en 2000.
•
L'application du taux réduit de 5,5 % de TVA
aux travaux portant sur les locaux à usage d'habitation (art. 3 du
PLF)
Cette mesure, d'un coût budgétaire estimé à
19,7 milliards de francs pour 2000, serait applicable dès le 15
septembre 1999.
Elle prolonge la mesure adoptée dans la loi de finances initiale pour
1999 qui appliquait ce taux réduit aux travaux subventionnés par
l'ANAH.
•
La réduction des droits de mutation à titre
onéreux (art. 5 du PLF)
Cette mesure permet de ramener le droit départemental sur les achats de
logement, compris entre 4,2 % et 5 % du prix et inclus dans les
" frais de notaire ", à 3,6 %. Elle serait applicable
à compter du 15 septembre 1999.
Le coût serait de 4,6 milliards de francs en 2000.
•
La suppression de la contribution annuelle
représentative du droit de bail (art. 6 du PLF)
Cette contribution, égale à 2,5 % du loyer brut et
supportée par le locataire sera supprimée en deux temps : en
2000, pour les locataires dont le loyer n'excède pas 2.500 francs par
mois, en 2001 pour les autres. En première lecture, l'Assemblée
nationale a ramené, par voie d'amendement, ce plafond à
3.000 francs par mois.
Le coût estimé est de 3,2 milliards de francs en 2000.
2. Les mesures non fiscales
•
Le versement d'une contribution des organismes collecteurs
du 1 % logement (art. 26 du PLF)
Ce versement de 5 milliards de francs destiné à financer les
PTZ prolonge celui de l'an passé qui était de 6,4 milliards
de francs.
Il s'agit ici de la simple déclinaison dans la loi de finances des
clauses de la convention du 3 août 1998 entre l'Etat et l'UESL.
•
Le report de la date limite d'achèvement des
logements " Périssol " (art. 61 du PLF)
La LFI pour 1999 avait prévu que le dispositif
" Périssol " s'appliquerait pour les logements dont le permis
de construire avait été accordé avant le
1
er
janvier 1999 et qui ont été achevés au
31 août 1999.
Cet article reporte ce second délai au 1
er
janvier 2001 dans
le souci de permettre aux entreprises du bâtiment de terminer les
travaux.
ANNEXE
2
-
glossaire des sigles
La politique du logement étant le domaine par excellence de la multiplication des sigles et du développement d'un jargon souvent ésotérique, il a semblé utile à votre rapporteur de joindre à son rapport un glossaire à l'usage du lecteur.
ALF |
Allocation de logement familiale |
ALS |
Allocation de logement sociale |
ALT |
Aide au logement temporaire |
ANAH |
Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat |
ANPEEC |
Agence nationale pour la participation des employeurs à l'effort de construction |
APL |
Aide personnalisée au logement |
ASLL |
Accompagnement social lié au logement |
CCAS |
Centres communaux d'action sociale |
CGLS |
Caisse de garantie du logement social |
CHRS |
Centre d'hébergement et de réinsertion sociale |
CIAT |
Comité interministériel pour l'aménagement du territoire |
CIL |
Comité interprofessionnel du logement |
CIV |
Comité interministériel pour la ville |
CNAF |
Caisse nationale des allocations familiales |
CVH |
Convention ville-habitat |
DGUHC |
Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction |
DSQ |
Développement social des quartiers |
DSU |
Développement social urbain |
DTA |
Directive territoriale d'aménagement |
FAAD |
Fonds départemental d'aide aux accédants en difficulté |
FARG |
Fonds d'aide au relogement et de garantie |
FGAS |
Fonds de garantie à l'accession sociale |
FNAL |
Fonds national de l'aide au logement |
FNH |
Fonds national de l'habitation |
FSL |
Fonds de solidarité pour le logement |
LOV |
Loi d'orientation pour la ville |
MOUS |
Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale |
OPAH |
Opération programmée d'amélioration de l'habitat |
PACT |
Protection, amélioration, conservation, transformation |
PAH |
Prime à l'amélioration de l'habitat |
PALULOS |
Prime à l'amélioration des logements à usage locatif et à occupation sociale |
PAP |
Prêt aidé pour l'accession à la propriété |
PAS |
Prêt à l'accession sociale |
PC |
Prêt conventionné |
PCL |
Prêt conventionné locatif |
PDLD |
Plan départemental pour le logement des personnes défavorisées |
PLA |
Prêt locatif aidé |
PLA-I |
Prêt locatif aidé d'intégration |
PLA-LM |
Prêt locatif aidé à loyer minoré |
PLA-TS |
Prêt locatif aidé à financement très social |
PLH |
Programme local de l'habitat |
PLI |
Prêt locatif intermédiaire |
PLUS |
Prêt locatif à usage social |
POPS |
Protocole d'occupation du patrimoine social |
PST |
Programme social thématique |
PTZ |
Prêt à taux zéro |
RHI |
Résorption de l'habitat insalubre |
SDAU |
Schéma départemental d'aménagement urbain |
SGFGAS |
Société de gestion du FGAS |
SSI |
Subvention pour travaux de sortie d'insalubrité |
UESL |
Union d'économie sociale du logement |
UNFOHLM |
Union nationale des fédérations d'organismes HLM |
ZRR |
Zone de revitalisation rurale |
ZUS |
Zone urbaine sensible |
1
Cf. " Le compte du logement en
1999 ".
2
Etude d'avril 1997 actualisée.
3
Cf. circulaire n° 99-03 du 14 janvier 1999 relative à
la mise en oeuvre de la politique du logement et à la programmation des
financements aidés de l'Etat pour 1999.
4
" Intervention à caractère social dans le
logement des régions, des départements et des grandes
villes ", 25 mars 1999.
5
Réponse du secrétaire d'Etat au logement au
questionnaire budgétaire pour le projet de loi de finances pour 1999.
6
Décret n° 99-794 du 14 septembre 1999.
7
Rapport de M. Jacques Bimbenet, Sénat, n° 70 tome VIII
(1998-1999).
8
Assemblée nationale, débat en commission
élargie, 10 novembre 1999.
9
" Le besoin de cohérence dans la politique du
logement ", 5
e
rapport, mai 1999.
10
" Expertise concernant les édifices menaçants,
ruines et les immeubles d'îlots insalubres ", Nancy Bouché,
novembre 1998.
11
Conseil des impôts, 17
e
rapport au
Président de la République, 1999
12
Rapport de M. Bernard Seillier au nom de votre commission,
Sénat n° 450 (1997-1198)
13
" Manifeste pour un second souffre de l'action contre
l'exclusion du logement ", octobre 1999.
14
Assemblée nationale, débat en commission
élargie, 10 novembre 1999.
15
Selon l'expression consacrée.