Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale. TOME I - Intérieur : décentralisation
HOEFFEL (Daniel)
AVIS 94-TOME I (1999-2000) - commission des lois
Tableau comparatif au format Acrobat ( 146 Ko )Table des matières
-
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
- I. L'ADMINISTRATION TERRITORIALE : UN PROCESSUS D'ADAPTATION TOUJOURS EN CHANTIER
-
II. LES FINANCES LOCALES : UN ESSOUFFLEMENT DES
MÉCANISMES DES CONCOURS DE L'ÉTAT AUX COLLECTIVITÉS
LOCALES DANS UN CONTEXTE PRÉOCCUPANT POUR L'AVENIR DU SYSTÈME DE
FINANCEMENT LOCAL
-
A. L'ÉVOLUTION DES CONCOURS DE L'ÉTAT ;
LA DEUXIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU " CONTRAT DE CROISSANCE
ET DE SOLIDARITÉ "
-
1. L'évolution des dotations incluses dans
l'" enveloppe normée " du " contrat de croissance et de
solidarité "
- a) La dotation globale de fonctionnement (DGF)
- b) La dotation spéciale instituteurs (DSI)
- c) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et de fonds national de péréquation (FNP)
- d) La dotation élu local
- e) La dotation globale d'équipement (DGE)
- f) Les dotations de compensation financière des transferts de compétences
- g) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
- 2. L'évolution des dotations exclues de l' " enveloppe normée " du " contrat de croissance et de solidarité "
- 3. La compensation de la réforme fiscale
-
1. L'évolution des dotations incluses dans
l'" enveloppe normée " du " contrat de croissance et de
solidarité "
- B. LES BUDGETS LOCAUX : UNE RECONSTITUTION DES MARGES DE MANOEUVRE FINANCIÈRES DANS UN CONTEXTE ENCORE MARQUÉ PAR DE FORTES INCERTITUDES SUR L'EVOLUTION DES CHARGES IMPOSÉES AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
-
A. L'ÉVOLUTION DES CONCOURS DE L'ÉTAT ;
LA DEUXIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU " CONTRAT DE CROISSANCE
ET DE SOLIDARITÉ "
- III. PLUSIEURS ENJEUX MAJEURS POUR LA DÉCENTRALISATION ET LA DÉMOCRATIE LOCALE
N° 94
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
INTÉRIEUR :
DÉCENTRALISATION
Par M. Daniel HOEFFEL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jacques Larché, président ; René-Georges Laurin, Mme Dinah Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Michel Duffour, vice-présidents ; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, secrétaires ; Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Robert Bret, Guy-Pierre Cabanel, Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel Charmant, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier, Lucien Lanier, Simon Loueckhote, François Marc, Bernard Murat, Jacques Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex Türk, Maurice Ulrich.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
31
)
(1999-2000).
Lois de finances.
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
Après avoir entendu M. Jean-Pierre Chevènement,
ministre de l'intérieur et M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, la
commission des Lois, réunie le mercredi 1
er
décembre
1999, sous la présidence de M. Jacques Larché, président,
a procédé, sur le rapport pour avis de
M. Daniel Hoeffel, à l'examen des crédits relatifs
à l'administration territoriale et à la décentralisation,
inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.
La commission a décidé de s'en remettre à la
sagesse du
Sénat
pour l'adoption de ces crédits sous le
bénéfice des observations suivantes :
1/ si les abondements exceptionnels votés par l'Assemblée
nationale sont appréciables, il mettent néanmoins en
évidence que les règles d'indexation prévues dans le cadre
du " contrat de croissance et de solidarité " ne permettent
pas une évolution suffisante des concours de l'Etat faisant participer
les collectivités locales aux fruits de la croissance à laquelle
elles apportent pourtant une contribution majeure ;
2/ ces règles ne prennent pas en compte les charges subies par les
collectivités locales, notamment sous l'effet de l'accord salarial du 10
février 1998 et des normes de sécurité qui leur sont
imposées ;
3/ La pratique des abondements exceptionnels risque d'aboutir à un
double mécanisme des concours de l'Etat aux collectivités
locales : d'une part, une enveloppe " normée " au sein de
laquelle la DGF ne progresserait que de 0,8%, selon ses règles
d'indexation, d'autre part, des abondements ponctuels dont le maintien pour les
exercices à venir ne serait en rien garanti aux collectivités
locales ;
4/ les conditions d'évolution de la DGF subissent les effets des
mécanismes de recalage de sa base de calcul et de régularisation
négative, qui ne permettent plus à cette dotation de faire face
aux nouvelles charges de fonctionnement supportées par les
collectivités locales, notamment celles induites par le dernier
recensement général de la population ;
5/ conjugués à la pratique des abondements exceptionnels
" hors enveloppe " destinés à compenser l'insuffisante
progression de la DGF, ces mécanismes mettent en cause les objectifs de
prévisibilité et de lisibilité qui doivent en principe
fonder une programmation pluriannuelle des concours de l'Etat ;
6/ aggravées par la réforme fiscale résultant de la loi de
finances pour 1999, de fortes incertitudes affectent l'avenir du système
de financement local, ce qui justifie une réflexion destinée
à doter les collectivités locales de ressources fiscales
évolutives ;
7/ dans un contexte marqué par une insécurité juridique
croissante et une dégradation des conditions d'exercice des mandats
locaux, la rénovation du cadre juridique de l'action publique locale et
une adaptation du statut des élus locaux aux responsabilités qui
leur sont confiées doivent constituer des priorités ;
8/ le processus d'adaptation des préfectures et des services
déconcentrés de l'Etat doit être poursuivi et approfondi.
Mesdames, Messieurs,
Les concours de l'Etat aux collectivités locales s'élèvent
à 292,86 milliards de francs en 2000, dont 22,8 milliards de
francs destinés à compenser les effets de la suppression de
l'assiette " salaires " de la taxe professionnelle,
décidée par la loi de finances pour 1999. La fiscalité
transférée atteindra 41,8 milliards de francs.
Cette année encore, les concours de l'Etat progressent selon les
règles fixées par l'article 57 de la loi de finances pour
1999 dans le cadre du " contrat de croissance et de
solidarité " qui, succédant au " pacte de
stabilité financière ", doit régir les relations
financières entre l'Etat et les collectivités locales en 1999,
2000 et 2001.
Si ces règles permettent une augmentation en 2000 des concours de l'Etat
inclus dans l'enveloppe normée selon une indexation qui prend en compte
une fraction plus importante de la croissance économique (25 %
contre 20 % en 1999), elles ne permettent pas de verser le juste
bénéfice des fruits de la croissance aux collectivités
locales, lesquelles lui apportent pourtant une importante contribution.
Plus profondément, l'ensemble du système de financement local
semble désormais arrivé à épuisement. Les
conséquences du recensement sur les équilibres internes de la
dotation globale de fonctionnement mettent en lumière les limites des
règles de calcul de cette dotation. Quant à la réforme
fiscale voulue par le Gouvernement l'an passé, elle pose de
manière cruciale la question de l'avenir de la fiscalité locale.
Ces interrogations majeures sur les finances locales s'inscrivent dans un
contexte de fortes incertitudes pesant sur la décentralisation que
traduit notamment l'insécurité juridique croissante à
laquelle l'exercice des mandats locaux se trouve exposé.
I. L'ADMINISTRATION TERRITORIALE : UN PROCESSUS D'ADAPTATION TOUJOURS EN CHANTIER
Les
crédits consacrés à l'administration territoriale
s'élèvent à
6,5 milliards de francs
en 2000,
soit
+ 2,1 %
par rapport à 1999.
L'expérimentation d'une globalisation des crédits au profit de
quatre préfectures justifie la création d'un chapitre 37-20.
Les mesures catégorielles réservées au cadre national des
préfectures s'élèvent globalement à
15 millions de francs. Elles concerneront notamment des agents de
catégories B et C, afin de combler un retard subi par ces
catégories. Les agents de catégorie A
bénéficieront, pour leur part, d'une revalorisation de leurs
primes. Enfin, le régime indemnitaire des agents d'Ile-de-France sera
revalorisé pour tenir compte du coût plus élevé de
la vie et de conditions de travail parfois plus difficiles.
A. LA MODERNISATION DES PRÉFECTURES
Plusieurs dispositifs gouvernementaux ont mis les
préfectures
à forte contribution, notamment l'opération de
régularisation des étrangers en situation
irrégulière et la délivrance gratuite des cartes
nationales d'identité. Le projet de loi de finances prévoit un
crédit de 7,8 millions de francs de vacation, soit
l'équivalent de 80 " équivalents temps plein annuel "
pour faire face à des exigences de ce type en 2000.
Une réforme du régime indemnitaire du corps préfectoral a
été mise en oeuvre depuis le
1
er
janvier 1999. Elle s'articule autour de la
création d'une
indemnité de responsabilité
du corps
préfectoral (décret n° 98-1167 du
21 décembre 1998) et de la majoration de l'
indemnité
forfaitaire
pour frais de représentation. Pour 2000, ces mesures
représentent un montant de 33,439 millions de francs. Au
1
er
janvier 1999, on comptait
223
préfets
dont
109
en poste territorial et
538
sous-préfets dont
428
en poste territorial.
Les préfectures ont, par ailleurs, fait l'objet entre 1988 et 1993 d'un
plan de modernisation axé essentiellement autour de
l'amélioration de l'accueil du public, notamment par la mise en oeuvre
d'importants travaux immobiliers. Le plan, qui a été
prolongé pendant deux ans, s'est achevé en 1995.
Depuis cette date, la modernisation des préfectures est néanmoins
demeurée une priorité. En 1998-1999, l'accent a été
plus particulièrement mis sur le
développement des nouvelles
technologies de l'information et de la communication
dans le cadre du
programme gouvernemental pour l'entrée de la France dans la
société de l'information. Les préfectures ont ainsi
consacré 114 millions de francs à leur équipement
informatique en 1998, permettant d'atteindre 0,9 poste informatique par
agent occupant un poste administratif dans les préfectures. La mise en
réseau des locaux des préfectures pourrait être
achevée au début 2000.
Les préfectures sont, en outre, le pivot de la mise en place des
systèmes d'information territoriaux (SIT) qui recouvrent la mise en
réseau informatique des services de l'Etat autour d'une messagerie et de
bases de données à partir de thèmes de travail communs
à plusieurs services. L'objectif est que tous les départements
disposent d'un tel site à la fin 2000. Enfin,
25 départements ont mis en place des sites internets ouverts au
public. Le ministère entend développer les
téléprocédures afin d'éviter les
déplacements inutiles aux guichets des préfectures,
l'expérience la plus aboutie dans ce domaine ayant concerné la
télécommunication des demandes de cartes grises par les
professionnels aux préfectures. Les initiatives locales sont soutenues
par le biais du fonds de modernisation des préfectures, constitué
au chapitre 37-10 et abondé à hauteur de 13,9 millions
de francs en 1999. Sur ce montant, 7 millions de francs ont
été consacrés aux nouvelles technologies de l'information
et de la communication.
Devant votre commission des Lois, M. Jean-Pierre Chevènement,
ministre de l'intérieur, a indiqué que les crédits
globalisés en matière d'informatique devraient permettre
d'achever le câblage de toutes les préfectures en 2000 et donc de
les mettre en réseau interne avec l'administration centrale et avec les
autres services déconcentrés de l'Etat.
La
mise en oeuvre d'outils méthodologiques d'appui
aux
préfectures a constitué un autre axe d'actions prioritaires.
Cette procédure est menée à partir du recensement et de
l'expertise des meilleures initiatives locales. En 1999, une étude a
été diffusée sur les conditions de délivrance de
certains titres (cartes grises et passeports).
Déjà annoncé l'an passé, l'audit
du patrimoine
immobilier
reste d'actualité et devrait faire prochainement l'objet
d'un cahier des charges s'appuyant sur des expériences locales. Pour
2000, les crédits consacrés à l'immobilier sont stables en
autorisations de programmes et progressent de 20 % en crédits de
paiement. Les actions prioritaires concerneront l'amélioration du
travail du public et la sécurité, l'adaptation du réseau
des sous-préfectures d'Ile-de-France aux évolutions
démographiques et la " désimbrication " des locaux des
préfectures de ceux des conseils généraux.
Enfin, une expérience de
globalisation des moyens de
fonctionnement
des préfectures va être lancée au
1
er
janvier prochain dans quatre préfectures (Doubs,
Finistère, Isère, Seine-Maritime). Les préfets
concernés bénéficieront d'une délégation
globale de l'ensemble de leurs moyens de personnel et de fonctionnement dans
une enveloppe globale fongible. Devant votre commission des Lois,
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, a
indiqué que cette expérimentation devrait engager les quatre
préfectures concernées à réaliser les
réformes de structures et de procédures devenues indispensables.
Elle pourrait être généralisée, en cas de
succès.
B. LA DÉCONCENTRATION
Constituant un élément indissociable de la
décentralisation, la déconcentration devrait traduire
l'
adaptation de l'organisation de l'Etat
à la " nouvelle
donne " issue de la décentralisation. Pourtant, les
collectivités locales ont trop souvent le sentiment légitime que
cette adaptation n'a en réalité pas été faite. La
déconcentration doit donc constituer un objectif prioritaire de la
réforme de l'Etat. Elle doit faire des services
déconcentrés, sous l'autorité des préfets, de
véritables
interlocuteurs pleinement responsables
des
collectivités locales. Elle doit permettre de
redéfinir leurs
missions
en fonction de la répartition des compétences issue
des lois de décentralisation.
Sous la précédente législature, plusieurs mesures ont
été arrêtées dans ce sens, à la suite des
orientations fixées par la
circulaire du Premier ministre du
26 juillet 1995
relative à la préparation et
à la mise en oeuvre de la réforme de l'Etat et des services
publics :
- création d'un fonds pour la réforme de l'Etat (circulaires du
9 juillet 1996 et du 7 mars 1997) ;
- accentuation de la déconcentration de la gestion des personnels,
déconcentration de la procédure de mise à disposition des
fonctionnaires (décret n° 97-695 du
31 mai 1997) ;
- approfondissement de la déconcentration des crédits
d'intervention et engagement dans la voie de la globalisation des
crédits par une réduction du nombre d'articles budgétaires
et réforme du contrôle financier local (décret du
16 juillet 1996) ;
- renforcement de la capacité d'action du préfet dans le domaine
immobilier, notamment par l'institution à son profit d'une
procédure d'avis conforme pour les projets immobiliers des services de
l'Etat dans son département (décret n° 97-142 du
13 février 1997) ;
- simplification des régimes d'autorisation et de déclaration
administrative préalable (décret n° 97-503 du
21 mai 1997) ;
- reconnaissance du préfet comme autorité de droit commun pour
prendre des décisions administratives individuelles, entrant dans le
champ des compétences des administrations civiles de l'Etat
(décret n° 97-34 du 15 janvier 1997). Ces
dispositions ont été précisées sous la
présente législature par plusieurs décrets en date des 19
et 24 décembre 1997.
Dans le cadre des décisions arrêtées lors du
comité interministériel de la réforme de l'Etat du
26 février 1998
, plusieurs mesures ont été
préparées afin d'améliorer l'efficacité des
services déconcentrés et la qualité des services rendus.
Des groupes de travail ont été mis en place dans
différents domaines (jeunesse, éducation et formation, lutte
contre les exclusions, santé publique, emploi et développement
économique, aménagement durable du territoire). Deux groupes
transversaux ont par ailleurs été consacrés respectivement
au renforcement de la coordination interministérielle de l'Etat et au
fonctionnement des services déconcentrés.
Un bilan des réflexions menées par ces groupes de travail a
été établi, en octobre 1998, par le
délégué interministériel à la réforme
de l'Etat qui a formulé à cette occasion plusieurs
propositions : projet territorial, délégation
inter-services, développement de l'évaluation
interministérielle des politiques publiques, élaboration des
programmes pluri-annuels de modernisation, simplification et globalisation des
crédits, généralisation des systèmes d'information
territoriaux.
Le
comité interministériel à la réforme de
l'Etat du 13 juillet 1999
, estimant qu'une démarche
tendant à une recomposition fonctionnelle des services se heurtait
à des rigidités statutaires et rencontrait de
nombreux obstacles sur le plan structurel , a préféré
explorer d'autres voies. Ainsi, a été expérimentée
la formule du projet territorial de l'Etat dans le département qui doit
constituer "
une démarche collective associant tous les services
déconcentrés de l'Etat dans le but d'élaborer une
stratégie commune et de définir une organisation
optimale
". En outre, les systèmes d'information territoriaux
qui permettent l'échange d'informations et l'utilisation partagée
de bases de données seront généralisés. Les
décrets n° 99-895 et n°99-896 du
20 octobre 1999 ont par ailleurs confié aux préfets la
compétence pour fixer l'organisation des services
déconcentrés placés sous leur autorité. Enfin, les
modes de coopération entre les services de l'Etat seront
développés afin d'accroître leur efficacité. Les
mesures devraient être complétées par une
amélioration des procédures budgétaires. Un bilan
d'étape sera présenté par la délégation
interministérielle à la réforme de l'Etat en
février 2000.
Notons, enfin, qu'au titre de la déconcentration,
88
emplois
ont été supprimés en administration centrale au profit de
l'administration territoriale depuis 1994.
PROJET
DE LOI DE FINANCES POUR 2000
Effort financier de l'Etat en faveur des collectivités
locales
|
1999 LFI révisée |
2000 PLF |
Évolution
|
I.
DOTATIONS SOUS ENVELOPPE
|
108.882
|
111.386
|
2,30
|
TOTAL I AVANT RÉFORME DE LA CMU |
166.907 |
169.699 |
1,67 |
TOTAL I |
166.907 |
169.699 |
- 3,80 |
II.
COMPENSATION DE LA RÉFORME FISCALE
|
13.119
|
22.600
|
72,27
|
TOTAL II |
19.410 |
32.338 |
66,60 |
III.
DOTATIONS HORS ENVELOPPE
|
20.512
|
21.820
|
6,38
-
- 29,69
|
TOTAL III |
97.256 |
98.233 |
1,00 |
TOTAL GÉNÉRAL |
283.573 |
291.143 |
2,67 |
IV - FISCALITE TRANSFEREE (POUR MÉMOIRE) |
43.572 |
41.773 |
- 4,13 |
(1) hors
enveloppe normée ; (2) dont 150 MF hors enveloppe normée en 1999,
2000 et 2001 ; (3) dont crédits Culture et compensation 1999 DMTO
des départements intégrée dans la DGD au sein de
l'enveloppe normée (base 1999 pour 2000) ; (4) dont crédits
Culture ; (5) dont 255 MF en 1999 à transférer en gestion au
FNPTP, au titre de la part à la charge de l'Etat dans le cadre de la loi
relative au pacte de relance pour la ville ; (6) dont 310 MF en 2000
à transférer en gestion au FNPTP, au titre de la part à la
charge de l'Etat dans le cadre de la loi relative au pacte de relance pour la
ville.
Hypothèses retenues : - Prix : 1998 : + 0,6 % ;
1999 : + 0,5 % ; 2000 : 0,9 %
- Pib vol : 1998 : + 3,2 %. 1999 : + 2,3 % ;
2000 : + 2,8 %
II. LES FINANCES LOCALES : UN ESSOUFFLEMENT DES MÉCANISMES DES CONCOURS DE L'ÉTAT AUX COLLECTIVITÉS LOCALES DANS UN CONTEXTE PRÉOCCUPANT POUR L'AVENIR DU SYSTÈME DE FINANCEMENT LOCAL
A. L'ÉVOLUTION DES CONCOURS DE L'ÉTAT ; LA DEUXIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU " CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ "
Les
concours de l'Etat aux collectivités locales évolueront, pour la
deuxième année consécutive, conformément aux
règles fixées par l'
article 57
de la loi de finances
pour 1999 au titre du " contrat de croissance et de
solidarité ".
Succédant au " pacte de stabilité " appliqué
pour la période 1996-1998 (
article 32
de la loi de finances
pour 1996), ce " contrat " -improprement qualifié comme tel
puisqu'il désigne en réalité une décision
unilatérale de l'Etat- doit régir les relations
financières entre l'Etat et les collectivités locales en 1999,
2000 et 2001. A l'instar du précédent pacte, le nouveau
" contrat de croissance et de solidarité " retient donc la
pratique d'une programmation pluri-annuelle de l'évolution des concours
de l'Etat.
Les principales dotations de l'Etat sont regroupées au sein d'une
enveloppe dite " normée " dont le montant évolue en
fonction d'un indice composé des prix de l'année à venir
et -innovation par rapport au pacte- d'une fraction du taux de croissance du
PIB de l'année en cours. La croissance du PIB prise en compte qui
atteint 20 % en 1999, s'élèvera 25 % en 2000 et 33 % en
2001. Les dotations concernées sont les dotations dites
" actives " : la dotation globale de fonctionnement (DGF), la
dotation spéciale instituteurs (DSI), la dotation particulière
élu local, la dotation de l'Etat au fonds national de
péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP), et au fonds
national de péréquation (FNP), la dotation globale
d'équipement (DGE), les dotations générales de
décentralisation (DGD, DGD Corse, DGD formation professionnelle) ainsi
que les dotations d'équipement scolaire des départements et des
régions (DDEC, DRES).
Au sein de l'enveloppe " normée ", les dotations
évoluent selon leur propre règle d'indexation, à
l'exception de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
qui constitue la " variable d'ajustement ". En conséquence, le
montant de cette dernière dotation est déterminé, en
fonction de l'évolution des autres dotations incluses dans l'enveloppe
" normée " de manière à respecter la
règle d'indexation.
Dans le but de maintenir la péréquation,
l'article 57 III
de la loi de finances pour 1999 a par ailleurs prévu que la diminution
de la DCTP serait opérée de
manière
différenciée
selon les collectivités.
En conséquence, les communes éligibles l'année
précédente à la dotation de solidarité urbaine
(DSU), les communes bénéficiaires de la première fraction
(bourgs-centre) de la dotation de solidarité (DSR), les
départements éligibles à la dotation de fonctionnement
minimale ainsi que les régions bénéficiaires du fonds de
correction des déséquilibres régionaux au titre de
l'année précédente, ne supporteront entre 1999 et 2001
qu'une diminution de leur DCTP égale à la moitié de celle
qu'elles auraient dû subir normalement.
L'article 58
de la loi de finances pour 1999 a, pour sa part,
prévu une compensation par le FNPTP des pertes subies sur leur DCTP par
les communes éligibles à certaines dotations de solidarité.
En outre, La DSU a bénéficié en 1999 d'un abondement, hors
" contrat de croissance et de la solidarité ", de
500 millions de francs. Enfin, la FNP a bénéficié
d'un abondement de 150 millions de francs destiné à
compenser la baisse du solde du FNPTP -qui permet de financer ce fonds-
liée à la compensation des pertes de DCTP.
1. L'évolution des dotations incluses dans l'" enveloppe normée " du " contrat de croissance et de solidarité "
Calculée dans les conditions rappelées ci-dessus, l'" enveloppe normée " connaît une progression limitée à 1,475 % . Elle devrait donc en principe s'établir à 166,957 milliards de francs . Mais elle fait en outre l'objet de plusieurs ajustements qui affectent son montant : plusieurs abondements exceptionnels bénéficient à la DGF à hauteur de 1,850 milliard de francs ; le montant de la DSI est réduit de 269 millions de francs en raison de l'intégration progressive des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles ; le montant de la DGD est réduit de 9,1 milliards de francs en raison du transfert à l'Etat de la compétence départementale relative à l'aide médicale.
a) La dotation globale de fonctionnement (DGF)
La DGF
s'élève à
112,036 milliards de francs
en
2000, soit une progression limitée à
2,04 %
par
rapport au montant inscrit dans la loi de finances pour 1999. Mais ce montant
n'est obtenu que grâce à plusieurs abondements exceptionnels
" hors enveloppe normée ".
Conformément à
l'article L. 1613-1
du code
général des collectivités territoriales, la DGF doit
progresser comme le taux d'évolution de la moyenne annuelle du prix de
la consommation des ménages (hors tabac) de l'année de versement,
estimé à
0,9 %
pour 2000, majoré de la
moitié du taux d'évolution du PIB en volume de l'année
précédente, estimé pour sa part à
2,3 %
pour 1999, soit un taux qui devrait atteindre
2,05 %
pour 2000.
Mais cet indice s'applique à une DGF de 1999
" recalée ", c'est-à-dire recalculée en fonction
des derniers indices économiques connus. Or, l'indice des prix s'est
élevé à 0,5 % (contre 1,2 % estimé en loi de
finances initiale) et le PIB en volume au titre de 1998 a été de
3,2 % (contre 3,1 % prévu en loi de finances pour 1999). Le
taux de progression de la DGF 1999 s'élève en conséquence
à 2,1 % et non à 2,75 % initialement prévus. En
conséquence, le montant de la DGF 1999 " recalée " est
de 108,638 milliards de francs (contre 109,545 milliards de francs
inscrits en loi de finances initiale).
Compte tenu de ce
" recalage " à la baisse
, la DGF pour
2000 devrait s'élever à
110,865 milliards de francs
.
Elle doit en outre subir les effets d'une
régularisation
négative
de la DGF pour 1998, qui s'élève à
679,731 millions de francs
. Dans ces conditions, la DGF pour 2000
atteint
110,186 milliards de francs
, soit une progression de
0,821 %
par rapport au montant révisé de 1999. C'est
ce taux que le Gouvernement retient pour indexer les dotations qui doivent
évoluer " comme la DGF ".
Mais la DGF bénéficie par ailleurs en 2000 de
plusieurs
abondements
extérieurs
: 500 millions de francs en
faveur de la DSU (soit un montant identique à celui prévu l'an
passé), 500 millions de francs prévus par
l'article 105
de la loi du 12 juillet 1999 pour financer
la création des nouvelles communautés
d'agglomération ; 200 millions de francs destinés
à prendre en compte les résultats du recensement dans la DGF (un
projet de loi prévoyant par ailleurs un " lissage " sur trois
ans des hausses et des baisses de population constatées en 1999) ;
150 millions de francs affectés à la fraction " bourgs
centre " de la dotation de solidarité rurale ; 500 millions de
francs affectés l'an passé à la dotation de
solidarité urbaine qui sont consolidés.
Au total, compte tenu de ces abondements exceptionnels qui
s'élèvent à
1,850 milliard de francs
, la DGF
s'élève à
112,036 milliards de francs
et
progresse de 2,04 % par rapport au montant révisé de 1999.
•
Bilan de la répartition de la DGF en 1999
La DGF à répartir s'est élevée à
109,289 milliards de francs en 1999 (+ 2,779 % par rapport
à 1998), soit 90,794 milliards de francs pour les communes et leurs
groupements et 18,462 milliards de francs pour les départements.
En application de
l'article L. 2334-7
du code
général des collectivités territoriales, le comité
des finances locales a décidé de fixer à 54 % du taux
de croissance des ressources totales de la DGF le taux de progression de la
dotation forfaitaire (après 53 % en 1998, 52 % en 1997 et
55 % en 1996). La
dotation forfaitaire
a par conséquent,
atteint
80,658 milliards de francs
, soit une progression de
1,5 %.
La
dotation d'aménagement
s'est, pour sa part,
élevée à
10,135 milliards de francs
répartis entre la DGF des groupements, la dotation de solidarité
urbaine (DSU) et la dotation de solidarité rurale (DSR).
La DGF des groupements s'est établie à
5,604 milliards de
francs
(+ 6,53 %). Le comité des finances locales a
fixé les crédits mis en répartition de telle sorte que la
dotation moyenne par habitant hors garantie progresse, pour chaque
catégorie de groupements, de 1,5 % par rapport à 1998, soit
un taux équivalent à celui de le dotation forfaitaire des
communes.
Même si elle a été légèrement
inférieure à celle des années précédentes,
la croissance du nombre de groupements à fiscalité propre reste
forte (+ 6,53 %). Au
1
er
janvier 1999,
on
dénombrait
1.680
établissements publics de
coopération intercommunale à fiscalité propre, regroupant
19.065
communes, soit une population totale de 34,4 millions
d'habitants, dont
12
communautés urbaines,
1.654
communautés de communes et districts,
5
communautés de villes et
9
syndicats
d'agglomération nouvelle.
Les crédits consacrés aux
communautés de communes
et aux
districts
se sont élevés à
2,625 milliards de francs, hors garantie (laquelle atteint
30 millions de francs). En 1999, sur les 1.461 groupements de cette
catégorie ayant deux ans d'existence ou plus,
629
groupements ont vu leur dotation stagner ou augmenter et
769
ont subi une diminution de leur dotation.
95
groupements
bénéficient de la garantie de progression minimale (contre 75 en
1998).
194
groupements ont été soumis à un
écrêtement de leur dotation (contre 192) en 1998.
Groupements les plus intégrés et ayant un coefficient
d'intégration fiscale moyen qui s'élève à
43,7447 %
, les
communautés urbaines
ont
bénéficié de 2,2 milliards de francs hors garantie
(laquelle s'élève à 10 millions de francs). Ils ont
l'attribution moyenne par habitant la plus élevée.
Les
communautés de villes
et groupements assimilés -soit
99 groupements- se sont partagés 428,979 millions de francs
hors garantie (12 millions de francs). Le nombre de groupements ayant
opté pour le régime fiscal des communautés de villes,
à savoir la taxe professionnelle unique, a fortement augmenté ces
dernières années, passant de
68
en 1997 à
84
en 1998 et
99
en 1999.
53
groupements perçoivent une
garantie minimale d'attribution.
Enfin, les
syndicats d'agglomération nouvelle
ont perçu
198,063 millions de francs hors garantie, laquelle a
représenté 10 millions de francs.
Cette répartition de la DGF des groupements met donc à nouveau
en évidence l'impact croissant du financement de
l'intercommunalité sur la masse globale de la DGF, sous l'effet de la
monté en puissance de l'intercommunalité à
fiscalité propre. Ces données doivent retenir l'attention au
moment où la réforme opérée par la loi du
12 juillet 1999, sur laquelle votre rapporteur pour avis reviendra,
entre en application.
Les crédits alloués à la
dotation de solidarité
urbaine
(DSU) ont atteint
3,297 milliards de francs
en 1999,
soit une progression significative de 45 %. Le montant prend en compte
40 millions de francs prélevés sur la DGF de la
région d'Ile-de-France en application de
l'
article L. 4414-6
du code général des
collectivités territoriales et, d'autre part, une majoration de
500 millions de francs prévue par l'article 59 de la loi de
finances pour 1999 (qui sera reconduite en 2000). Conformément à
la faculté qui lui est ouverte par
l'article L. 2334-13
du code général des collectivités territoriales, le
comité des finances locales a fixé la part de la croissance de la
dotation d'aménagement -hors dotation des groupements-
réservée à la DSU à 55 %.
680
communes de plus de 10.000 habitants (679 en 1998),
représentant 23,311 millions d'habitants, se sont partagées
3,07 milliards de francs. La dotation par habitant s'est
élevée à 137,65 francs (contre 95,22 francs en
1998). Parmi ces communes,
6
ont été éligibles
pour la première fois,
5
communes perdant le
bénéfice de la DSU mais pouvant prétendre à une
garantie d'attribution égale à 50 % de la dotation 1998.
L'indice synthétique des ressources et des charges -issu de la loi du
26 mars 1996- semble avoir joué son rôle de
manière satisfaisante. Pour une dotation moyenne par habitant qui
s'élève à
137,65
francs
, la dotation la
plus forte s'établit à
561,23 francs
et la plus
faible à
24,11 francs
. On notera que le montant
attribué à 548 communes sur les 680 éligibles
varie entre 35 % et 55 % par rapport à l'exercice 1998.
Parmi les communes de
5.000 à 9.929 habitants
,
102
sont éligibles à la DSU pour un montant de 98,328 millions
de francs.
4
d'entre elles sont éligibles pour la première
fois. En revanche,
4
communes appartenant à cette strate
démographique ne sont plus éligibles à la DSU et
perçoivent la garantie d'attribution égale à 50 % de
leur dotation en 1998.
La
dotation de solidarité rurale
s'est élevée
à
2,204 milliards de francs
, dont 2,123 milliards de
francs pour la métropole.
Le comité des finances locales a décidé -comme en 1996,
1997 et 1998- de faire évoluer la fraction bourgs-centre de 20 % de
la croissance de la DSR par rapport à 1998.
592,931 millions de francs
,
y compris la garantie, ont, en
conséquence, été mis en répartition en
métropole en 1999 (soit une progression de + 16,42 %) au titre
de la fraction bourgs-centre.
4.077
communes (contre 4.067 en 1998) ont
bénéficié de cette fraction, représentant une
population de 10,459 millions d'habitants. L'attribution moyenne par
habitant, hors garantie, s'est élevée à
58,67 francs
(+ 16,38 %).
21
communes sont
devenues éligibles en 1999 tandis que 31 communes, n'étant
plus éligibles, ont bénéficié d'une attribution au
titre de la garantie, égale à la moitié de la dotation
perçue l'année précédente. Le plus grand nombre de
communes éligibles appartient à la strate des communes entre
1.000 et 2.000 habitants (1.221 communes, soit près de
34 % des communes éligibles).
Le montant des crédits mis en répartition, au titre de la
fraction de péréquation
, a atteint 1,528 milliard de
francs en 1999 pour les communes de métropole (+ 28,03 %),
après prélèvement de 60,623 millions de francs pour
les communes d'outre-mer.
33.653
communes bénéficient d'une attribution au
titre de la fraction de péréquation en 1999 (contre 33.639 en
1998), représentant 29,3 millions d'habitants
(+ 0,26 %). La dotation moyenne par habitant s'est
élevée à 52,07 francs (contre 40,78 francs en
1998, soit + 27,68 %).
119
communes ont
bénéficié pour la première fois de cette fraction
de péréquation.
105
commune ont cessé d'en
bénéficier.
En 1999,
3.975
communes ont cumulé des attributions au titre
des deux fractions de la DSR (contre 3.971 en 1998).
La
DGF des départements
a progressé de 2,7808 %
(contre 1,3821 % en 1998) pour s'établir à
18,462 milliards de francs
.
24
départements ont bénéficié de la
dotation de fonctionnement minimale en 1999. Il s'agit des mêmes
départements qu'en 1998. En revanche, le département de
Seine-et-Marne est redevenu contributeur en 1999. En conséquence, afin
d'éviter que l'enveloppe affectée à la dotation du
fonctionnement minimale ne soit surévaluée, le comité des
finances locales a décidé de diminuer de 40 millions de
francs le prélèvement sur la DGF des départements. Au
total, l'enveloppe de la dotation de fonctionnement minimale s'est donc
élevée à 574,026 millions de francs.
b) La dotation spéciale instituteurs (DSI)
Destinée à compenser les charges
supportées par
les communes dans le cadre du droit au logement des instituteurs, la DSI doit
évoluer comme la DGF (soit 0,821 % par rapport à 1999).
Toutefois, elle s'établit en 2000 à 2,353 milliards de
francs contre 2,602 milliards de francs en 1999, soit une baisse de
9,56 % imputable à la réduction du nombre d'ayants-droit par
suite de l'intégration progressive des instituteurs dans le corps des
professeurs des écoles.
c) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et de fonds national de péréquation (FNP)
Comme en
1999, le FNPTP devrait être alimenté en 2000 par quatre
ressources : les deux dotations de l'Etat qui évoluent comme les
recettes fiscales nettes de celui-ci (soit +0,36991 %) ; le produit
de la cotisation nationale de péréquation de la taxe
professionnelle (dont le montant n'est pas encore connu) ; les
excédents de fiscalité de la Poste et de France
Télécom qui atteindront 2,076 milliards de francs
(après 1,733 milliard de francs en 1999 et 1,336 milliard de
francs en 1998).
Hors cotisation de péréquation, les ressources du FNPTP
atteindront 3,721 milliards de francs (+9,98 %). Toutefois, le FNPTP
devra supporter la compensation des exonérations de taxe professionnelle
des entreprises implantées dans les zones franches urbaines
prévues par la loi du 24 novembre 1996 relative à la
mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville. Conformément au
souhait du Sénat, cette compensation par le FNPTP est néanmoins
limitée à la croissance annuelle du produit de fiscalité
de la Poste et de France Télécom, soit 342,9 millions de
francs en 2000. En conséquence, le FNPTP percevra au titre de ces
excédents de fiscalité 1,733 milliard de francs
(2,076 milliards de francs - 342,9 millions de francs).
•
Bilan de la répartition du FNPTP en 1999
Première fraction du FNPTP, la
dotation de développement
rural
(DPR) s'est élevé à
735,283 millions de
francs
pour les collectivités éligibles de métropole.
Confirmant le mouvement observé depuis 1992, le nombre de groupements
éligibles continue à progresser de manière très
dynamique (+
7,41 %
entre 1998 et 1999 ;
939
en
1995,
1.478
en 1999), principalement en raison de l'augmentation du
nombre de communautés de communes.
Les
1.478
établissements publics de coopération
intercommunale éligibles à la DDR représentent une
population de
13,6
millions d'habitants et regroupent
16.563
communes. Cependant, comme les années passées,
il existe une forte dispersion de ces groupements sur le territoire.
26
départements comportent plus de
20
groupements éligibles alors que
25
d'entre
eux en ont moins de
10
. En outre,
23
départements
n'ont pas été concernés par la répartition de la
fraction réservée aux groupements.
31.535
communes ont, par ailleurs, été
éligibles à la DDR (soit un nombre stable par rapport à
1998). Comme en 1998, une grande disparité peut être
constatée :
4
départements comptent moins de
100 communes éligibles mais
17
départements en
comptent plus de 500.
En application de
l'article 108
de la loi n° 99-586 du
12 juillet 1999 relative au renforcement et à la
simplification de la coopération intercommunale,
les communes ne
seront plus éligibles
. En effet, seuls seront désormais
éligibles les groupements de communes à fiscalité propre
exerçant une compétence en matière d'aménagement de
l'espace et de développement économique dont la population
regroupée n'excède pas
60.000 habitants
et qui ne
satisfont pas aux seuils nécessaires pour une transformation en
communauté d'agglomération, si les deux tiers au moins des
communes du groupement comptent moins de
5.000 habitants
.
Pour ce qui est de la
seconde fraction du FNPTP
, sa première part
-qui est destinée à compenser les pertes de bases de taxe
professionnelle et qui, depuis la loi de finances rectificative
n° 97-1239 du 29 décembre 1997, ne peut
excéder
27 %
des ressources de la seconde fraction (contre
25 % les années précédentes)- a atteint
948,854 millions de francs.
Les modalités de versement de la compensation financière ont par
ailleurs été modifiées par la loi du
29 décembre 1997 qui a prévue une compensation
dégressive sur trois ans (et non plus sur quatre ans).
3.488
collectivités ont enregistré, entre 1998 et
1999, une perte de produit de taxe professionnelle pour un montant de
380,165 millions de francs, compensée à 90 %.
L'article 58
de la loi de finances pour 1999 a, par ailleurs,
institué une
seconde part
, afin de compenser pendant les trois
années du " contrat de croissance et de solidarité " la
diminution de dotation de compensation de la taxe professionnelle (hors
réduction pour embauche ou investissement) subie par des communes
éligibles à certaines dotations de solidarité. Ces
communes ne doivent supporter que la moitié des pertes de DCTP qu'elles
auraient normalement dû enregistrer (soit - 6,13 % en 1999). Au
total, la compensation des diminutions de DCTP assurée par le FNPTP a
représenté un coût de 569,913 millions de francs.
Enfin, la
dernière part
dite "
part
résiduelle
", qui est attribuée aux communes qui
connaissent des difficultés financières et dont le budget en
déséquilibre a été transmis à la chambre
régionale des comptes (son montant ne peut excéder 5 % des
ressources de la seconde fraction) a été fixée à
3 millions de francs par le comité des finances locales, montant
faible qui s'explique par les très faibles taux de consommation
constatés les années précédentes.
Quant au
Fonds national de péréquation
(FNP), sa
part
principale
-destinée à assurer une péréquation
de la richesse fiscale entre les communes en fonction de leur potentiel fiscal
et de leur effort fiscal et qui est alimentée par le solde de la seconde
fraction du FNPTP- s'est élevée à
2,820 milliards
de francs
.
18.122
communes ont bénéficié de la part
principale (soit le même nombre qu'en 1998).
La
seconde part
dite "
majoration
"
-réservée aux communes de moins de 200.000 habitants
éligibles à la part principale et ayant un potentiel fiscal,
calculé à partir de la seule taxe professionnelle,
inférieure à 20 % de la moyenne de la strate
démographique correspondante-s'est élevée à
756,6 millions de francs
. Elle a bénéficié
à
15.795
communes (15.506 communes en 1998), soit une
attribution moyenne de 35,67 francs par habitant (27,62 %).
15.697
communes ont bénéficié des deux parts
du FNP, soit une dotation moyenne par habitant de
138,73 francs
(contre 127,27 francs en 1998).
d) La dotation élu local
Evoluant comme la DGF, la dotation élu local a pour objet d'aider les petites communes rurales à faire face aux charges résultant des dispositions relatives aux conditions d'exercice des mandats locaux. Elle s'élève à 276 millions de francs en 2000 (contre 273 millions de francs en 1999, soit + 0,82 %).
e) La dotation globale d'équipement (DGE)
La
DGE des communes
-qui est indexée sur la formation brute de
capital fixe (FBCF) des administrations publiques- atteint
2,65 milliards de francs
, soit + 3,6 %.
La réforme opérée en 1996 a eu pour effet de supprimer la
première part de la DGE communale. Les bilans chiffrés
d'application portant sur les crédits délégués en
1996, 1997 et 1998 font ressortir que 70 % des dossiers
présentés ont été pris en compte et que le taux
moyen de subvention s'élève à 29 %. On constate
également une augmentation du montant des investissements pour lesquels
une participation de la DGE est sollicitée.
La
DGE des départements
-également indexée sur la
FBCF des administrations publiques- s'élève à
2,84 milliards de francs
.
f) Les dotations de compensation financière des transferts de compétences
- La
dotation régionale d'équipement
scolaire
(DRES) et la
dotation départementale d'équipement des
collèges
(DDEC) doivent progresser comme le taux prévisionnel
d'évolution de la FBCF des administrations publiques (soit
+ 3,6 %). La DRES s'élève ainsi à
3,567 milliards de francs et la DDEC à 1,771 milliard de
francs.
- La
dotation générale de décentralisation
(DGD), inscrite au chapitre 41-56 du ministère de
l'intérieur, assure la couverture des charges résultant des
transferts de compétences, qui ne sont pas compensées par la
fiscalité transférée. Elle doit en principe évoluer
comme la DGF. Son montant s'élèvera en réalité
à
10,013 milliards de francs
, soit une diminution de
47,22 %. Cette évolution s'explique essentiellement par plusieurs
mouvements affectant la DGD des départements, notamment une
réduction de 9,1 milliards de francs en application de la
loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant
création d'une couverture maladie universelle qui a recentralisé
l'aide médicale générale.
- La DGD
spécifique à la collectivité territoriale
de Corse
-qui évolue comme la DGF (soit + 0,8 %)- atteint
1,35 milliard de francs
.
- La DGD
formation professionnelle
-évoluant dans les
mêmes conditions- passe de 7,899 à
7,964 milliards de
francs
.
g) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
Variable
d'ajustement de l'enveloppe normée, la DCTP doit évoluer de
manière à assurer le respect de la norme d'évolution de
l'enveloppe, qui prend en compte 25 % de la croissance du PIB. En 2000,
elle s'établira à
11,8 milliards de francs
, soit une
baisse de
3,4 %
(après - 12,% en 1999).
Le dispositif prévu en loi de finances pour 1999 ayant été
reconduit, les collectivités éligibles aux dotations de
solidarité ne supporteront que la moitié de cette
réduction du montant de la DCTP.
2. L'évolution des dotations exclues de l' " enveloppe normée " du " contrat de croissance et de solidarité "
Ces dotations qui évoluent de manière autonome devraient s'élever à 98,233 milliards de francs en 2000 (contre 96,818 milliards de francs en 1999).
a) Le fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA)
Le
montant prévisionnel du FCTVA inscrit dans le projet de loi de finances
s'élève à
21,8 milliards de francs
(contre
20,5 milliards de francs en 1999), soit une hausse de 6,3 %.
Au cours des dernières années, les règles applicables au
FCTVA ont connu plusieurs modifications, notamment grâce à des
initiatives du Sénat qui a jugé nécessaire de mieux
adapter ces règles aux réalités locales.
L'
article 30
de la loi de finances pour 1998 a permis de verser
directement les attributions du FCTVA aux établissements publics de
coopération intercommunale pour les investissements qu'ils
réalisent dans l'exercice de leurs compétences sur le territoire
des communes membres.
L'
article 83
de la loi n° 98-546 du
2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier a autorisé les services
départementaux d'incendie et de secours (SDIS) à percevoir
directement ces mêmes attributions au titre des dépenses qu'ils
réalisent sur les biens qui ont été mis à leur
disposition. La même loi (
article 94
) a habilité les
établissements publics de coopération intercommunale à
exercer les compétences en matière d'édifices cultuels,
leur ouvrant ainsi la faculté d'engager les dépenses
nécessaires pour l'entretien et la conservation des édifices du
culte. Enfin, la loi du 2 juillet 1998 a permis, notamment pour
liquider le FCTVA, d'utiliser le projet de compte administratif rejeté
par l'assemblée délibérante, s'il est conforme au compte
de gestion et après avis de la chambre régionale des comptes
(
article 109
).
L'
article 61
de la loi n° 98-1266 du
30 décembre 1998 portant loi de finances pour 1998 a
accordé aux syndicats mixtes composés exclusivement de membres
éligibles au fonds, le bénéfice des attributions du FCTVA
pour les travaux qu'ils effectuent sur le patrimoine de leurs membres.
De nouvelles précisions ont été apportées par la
loi de finances pour 1999 et par la loi n° 98-1267 du
30 décembre 1998 portant loi de finances rectificative pour
1998. Il est ainsi désormais possible d'attribuer le FCTVA au titre des
dépenses réalisées par les collectivités locales et
leurs groupements sur le patrimoine de tiers à l'occasion de travaux
d'urgence en matière de lutte contre les avalanches, glissements de
terrain, inondations et défense contre la mer. En outre, peuvent
être éligibles au Fonds des dépenses
réalisées par les collectivités locales ou leurs
groupements sur des biens des sections de communes.
La loi de finances rectificative pour 1998 a par ailleurs donné
compétence à l'assemblée délibérante des
collectivités et groupements pour l'imputation en section
d'investissement des dépenses d'équipement relatives aux biens
meubles de faible valeur, lesquelles peuvent ouvrir droit à une
attribution au titre du FCTVA.
Enfin, la loi n° 99-586 du 12 juillet 1999 relative au
renforcement et à la simplification de la coopération
intercommunale a prévu certaines adaptations du régime du FCTVA,
afin de prendre en compte la transformation des districts, des
communautés de villes et des syndicats d'agglomération
nouvelle.
b) Le prélèvement au titre des amendes de police relatives à la circulation routière
Le produit des amendes de police devrait atteindre 2,040 milliards de francs en 2000, soit une hausse de 2 %.
c) Les subventions et comptes spéciaux du Trésor
Les
subventions de fonctionnement des ministères
s'élèvent à 7,466 milliards de francs en 2000, contre
7,069 milliards de francs en 1999, soit une progression de 5,61 %.
Les
comptes spéciaux du Trésor
s'établissent
à
1,143 milliard de francs
, soit une baisse de
11,21 %.
d) La compensation d'exonération et de divers dégrèvements législatifs
- La
réduction pour embauche ou investissement
(REI)
de la DCTP est en voie d'extinction en application des dispositions
votées l'an passé qui ont prévu sa suppression progressive
en contrepartie de la suppression de la part salariale de l'assiette de la taxe
professionnelle. Elle s'établit, en conséquence à
50 millions de francs
.
- La
contrepartie de l'exonération de la taxe foncière
sur les propriétés bâties et non bâties
s'élèvera à
225 millions de francs
en 2000,
soit une baisse de 29,7 % qui s'expliquerait par une diminution du nombre
de bénéficiaires de l'exonération.
- La
compensation des exonérations relatives à la
fiscalité locale
atteindra 12,263 milliards de francs (soit
+ 3,48 %).
- La
compensation de divers dégrèvements
législatifs
atteindrait
49,48 milliards de francs
(+ 0,72 %). Le dégrèvement qui résulte du
plafonnement de la cotisation de taxe professionnelle en fonction de la valeur
ajoutée occupe une place prépondérante (39 milliards
de francs). Deux mesures adoptées en première lecture par
l'Assemblée nationale vont en outre accroître le coût des
dégrèvements : le dégrèvement de taxe
d'habitation pour les bénéficiaires du revenu minimum d'insertion
(RMI) l'année suivant celle où ils retrouvent un emploi
(400 millions de francs) ; l'abaissement à 1.200 francs
(contre 1.500 francs) du montant maximal de taxe d'habitation
supporté par les contribuables modestes (500 millions de francs).
3. La compensation de la réforme fiscale
Faisant
l'objet d'une présentation spécifique dans le tableau
retraçant l'effort financier de l'Etat aux collectivités locales,
cette compensation s'élève à
32,338 milliards de
francs
.
Elle correspond, d'une part, à la suppression de la part salariale dans
les bases de la taxe professionnelle, pour un montant de
22,6 milliards
de francs
, à la suppression de la part régionale des droits
de mutation à titre onéreux (
5,134 milliards de
francs
) et, enfin, à une nouvelle diminution de la part
départementale de la même taxe (
4,604 milliards de
francs
).
*
* *
L'évolution des concours de l'Etat aux
collectivités
locales en 2000 met en évidence
l'insuffisance de l'indexation
dont ils font l'objet. Bien que cette indexation intègre 25 % de la
croissance du PIB, l'enveloppe normée devrait connaître une
progression limitée de 1,475 %. Les collectivités locales
sont ainsi
les " oubliées " du partage des fruits de la
croissance
, à laquelle elles apportent pourtant une contribution
décisive en réalisant près de 75 % des
investissements publics.
Ce constat est d'autant plus préoccupant que les collectivités
locales doivent subir des
charges croissantes
-sur lesquelles votre
rapporteur pour avis reviendra- dont elles n'ont pas la maîtrise. Tel est
en particulier le cas des conséquences de l'accord salarial du
10 février 1998 dont le coût s'élève
à 9,5 milliards de francs sur trois ans. Or, ces charges nouvelles
-bien souvent imposées par l'Etat seul- ne sont pas prises en compte
dans le cadre du "
contrat de croissance et de
solidarité
", contrairement aux demandes
répétées de votre commission des Lois au cours des
exercices précédents.
Les conditions d'évolution de la DGF d'une année sur l'autre
ne paraissent pas non plus satisfaisantes
. Si, en principe, la DGF doit
progresser selon un indice qui prend en compte les prix et 50 % du taux de
croissance du PIB, les opérations de recalage de la base de calcul et de
régularisation au titre du "trop perçu " des exercices
antérieurs altèrent sensiblement la progression de cette dotation
essentielle au fonctionnement des collectivités locales. Ainsi, avant la
prise en compte des abondements exceptionnels, la DGF en 2000 n'augmenterait
que de 0,821 % au lieu des 2,05 % qui auraient résulté
de l'indice. Au total, la DGF aura moins augmenté entre 1998 et 2000 que
les dépenses supplémentaires imposées aux
collectivités locales au titre du seul accord salarial du
10 février 1998.
Cette faible évolution est d'autant plus préoccupante que
plusieurs autres dotations de fonctionnement doivent évoluer comme la
DGF. En conséquence, le taux de 0,821 % qui est appliqué
fait progresser ces dotations moins vite que l'évolution
prévisionnelle des prix.
L'impossibilité dans laquelle la DGF est placée de faire face
à de nouvelles charges de fonctionnement ressort également des
conséquences du recensement général de la population de
1999.
Si le droit en vigueur était appliqué, la prise en compte dans la
DGF d'une population supplémentaire de 2 millions d'habitants
représenterait un coût de 1,4 milliard de francs pour la
dotation forfaitaire. La DGF étant une " enveloppe
fermée ", cette augmentation se répercuterait sur la
dotation d'aménagement au sein de laquelle la DSU pourrait baisser de
23 % et le DSR de 28 %. Dans ces conditions, afin de prévenir
de telles conséquences, le Gouvernement a soumis au Parlement un projet
de loi prévoyant un " lissage " sur trois ans de la prise en
compte du recensement et prévu un abondement de la DGF.
En outre, le poids croissant du financement de l'intercommunalité -comme
votre commission des Lois l'avait souligné- fait que toute nouvelle
incitation par le biais de la DGF risque de mettre en cause tout
l'équilibre déjà fragile de cette dotation.
Dans ce contexte d'une évolution insuffisante de la DGF, se
développe la pratique des
abondements exceptionnels
:
abondement de la DSU à hauteur de 500 millions de francs pendant
les trois années d'application du contrat de croissance et de
solidarité ; majoration de 500 millions de francs pendant cinq
ans de la part de la DGF consacrée aux structures intercommunales, pour
financer les nouvelles communautés d'agglomération ;
majoration de 200 millions de francs de la dotation d'aménagement,
de 500 millions de francs de la DSU et de 150 millions de francs de
la DSR, afin de permettre à ces dotations de progresser en dépit
des effets du recensement général de la population.
Ce n'est qu'au prix de ces abondements exceptionnels que la DGF a pu
connaître une progression (
2,04 %
) lui permettant
d'" amortir " les différents " chocs "
extérieurs.
Bien que sa diminution soit plus faible cette année
(-
3,4 %
), la DCTP doit encore régresser cette
année, sa finalité initiale -compenser une perte de recettes due
à des exonérations de taxe professionnelle consenties par l'Etat
aux entreprises- étant désormais effacée au profit d'une
mécanique complexe qui déconnecte les concours de l'Etat de la
situation réelle des collectivités. En témoigne la
modulation qui a dû être opérée par la loi de
finances pour 1999 et reconduite en 2000, des effets de la baisse de leur DCTP
pour les collectivités éligibles aux dotations de
solidarité.
Au total, les objectifs mêmes d'une
programmation pluriannuelle
des concours de l'Etat aux collectivités locales -que symbolise
l'" enveloppe normée "-
semblent désormais mis en
cause
.
La volonté de conférer aux évolutions des concours de
l'Etat un
caractère plus prévisible
n'est désormais
plus atteinte. Compte tenu des mécanismes de recalage et de
régularisation, le montant de la DGF ne peut pas être
anticipé par les collectivités locales. En outre, la pratique des
abondements exceptionnels soumet l'évolution de ces concours aux
arbitrages effectués chaque année par l'Etat et donc à un
aléa plus grand.
C'est enfin la
lisibilité
des concours de l'Etat qui est en
cause. Le recours aux abondements exceptionnels " hors contrat de
croissance et de solidarité " conduit à l'émergence
de
deux montants divergents des concours de l'Etat
: le montant
inscrit pour la DGF dans l'enveloppe " normée "
(110,865 milliards de francs) ; le montant qui sera effectivement
réparti compte tenu des abondements exceptionnels
(112 ,036 milliards de francs).
B. LES BUDGETS LOCAUX : UNE RECONSTITUTION DES MARGES DE MANOEUVRE FINANCIÈRES DANS UN CONTEXTE ENCORE MARQUÉ PAR DE FORTES INCERTITUDES SUR L'EVOLUTION DES CHARGES IMPOSÉES AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
1. La situation d'ensemble
Le
rapport établi par notre collègue Joël Bourdin, au nom de
l'observatoire des finances locales sur l'état des finances locales en
1999, souligne la
volonté d'assainissement
et de
reconstitution de leur marge de manoeuvre financière
,
manifestée par les collectivités locales depuis plusieurs
années.
Cette volonté s'est traduite par une politique volontariste de
limitation de la croissance des dépenses de gestion
(dépenses de fonctionnement hors intérêts de la dette).
Les
dépenses de personnel
-qui représentent pour
l'ensemble des collectivités territoriales 36 % des dépenses
de gestion- connaissent de nouveau une progression plus sensible
(+ 5 % en 1998, + 6,7 % en 1999 selon la note de
conjoncture établie par le Crédit local de France en juillet
dernier).
Comme en 1998, elles subissent des charges sur lesquelles les
collectivités locales n'ont pas de prise, en particulier les effets du
protocole salarial du 10 février 1998
qui pourrait
générer un coût total de 9,5 milliards de francs sur
trois ans (1998, 1999, 2000).
Les dépenses de personnel connaissent également une
évolution liée aux augmentations d'effectifs et notamment,
à partir de 1998, au
développement des emplois-jeunes
. Les
conventions signées entre l'Etat, les collectivités locales, les
établissements publics et les associations auraient porté sur
97.765 emplois
et auraient permis
84.164 embauches
,
dont 38 % au sein des collectivités locales.
Outre ces facteurs déjà observés, de hausse des
dépenses de personnel, la
situation de la CNRACL
aura un effet
direct sur les taux des cotisations " employeurs ". Devant votre
commission des Lois, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de
l'intérieur, a indiqué que l'Etat réduirait de 4 % la
surcompensation effectuée au profit des caisses structurellement
déficitaires, ce qui représenterait une somme d'un milliard de
francs compensée par le versement à ces régimes d'une
dotation de l'Etat du même montant. En contrepartie, les cotisations
employeurs des collectivités locales et des établissements
hospitaliers seront
augmentées de 0,5 %
au
1
er
janvier prochain.
Les dépenses liées aux
transferts de compétences
ont connu des
évolutions contrastées
.
Les dépenses d'aide sociale départementale progressent à
un rythme nettement inférieur (2,4 %) à celui
enregistré de 1990 à 1996 (supérieur à 6,5 %).
Elles devront néanmoins subir des effets de la prestation
spécifique dépendance (100.000 bénéficiaires
attendus fin 1998).
Les dépenses pour les collèges connaissent également une
évolution limitée et pourraient même diminuer en 1999
(- 2,7 %), après une forte progression enregistrée en
1998 (+ 8 %). Il convient de souligner
l'importance de
l'effort
mené par les départements au profit des
collèges puisque depuis dix ans leurs dépenses dans ce domaine
ont presque triplé.
Si les dépenses des régions au profit des établissements
du second degré concernent essentiellement l'investissement (73 %
des 20 milliards de francs engagés), il n'en est pas de même
pour la formation professionnelle (95 % de dépenses de
fonctionnement) qui ont progressé à un rythme élevé
(+ 6,2 %). S'ajoute pour certaines régions
l'expérimentation du transfert des compétences en matière
ferroviaire (7 régions en 1999) qui a un impact sur les budgets
tant en fonctionnement qu'en investissement.
Au total, néanmoins les dépenses de gestion devraient
connaître une progression modérée (+ 3,9 %) en
1999.
Depuis 1994, les collectivités ont par ailleurs
bénéficié d'une diminution du montant des
intérêts de la dette
. Entre 1994 et 1998, le volume des
intérêts payés par les collectivités locales a
diminué de plus de 10 milliards de francs (- 24 %).
Depuis 1997, la diminution des intérêts s'accentue, les
collectivités profitant non seulement des effets de la baisse des taux
mais aussi du mouvement de désendettement enregistré en 1997 et
1998.
Les collectivités locales doivent parallèlement compter sur une
progression modérée de leurs
recettes de fonctionnement
.
Depuis 1997, les collectivités ont choisi de marquer une pause sensible
dans la progression de leurs taux d'imposition en matière de
fiscalité directe (+ 1,3 % en 1997, + 0,8 % en 1998
et + 0,5 % en 1999).
Le produit des quatre taxes directes a donc essentiellement augmenté en
fonction de la croissance des bases, qui est elle-même restée
limitée depuis 1995. Le produit des quatre taxes devrait croître
d'environ 4,1 % en 1999 (en prenant en compte la compensation de
l'abattement de 100.000 francs sur la part " salaires " et la
compensation de la réduction pour embauche ou investissement) de la taxe
professionnelle.
Quant à la
fiscalité indirecte
, elle a
bénéficié du dynamisme du marché immobilier en 1997
et plus encore en 1998. Cependant, la loi de finances pour 1999 a
supprimé la taxe additionnelle régionale aux
droits de
mutation
et a abaissé de 15,4 à 3,6 % le taux de la taxe
de publicité foncière ou du droit départemental
d'enregistrement perçu par les départements sur les cessions
d'immeubles à usage professionnel. Pour les régions, la
suppression de la taxe s'est appliquée dès le
1
er
septembre 1998 pour ce qui concerne les mutations
d'immeubles à usage d'habitation. Des mesures de compensation ont
été prévues, sur la base des droits perçus en 1997
pour les régions et des droits perçus en 1998 pour les
départements.
La
vignette
(+3,4 %) et la taxe sur les
cartes grises
(+6,6 %) ont évolué assez favorablement en 1998 grâce
au seul effet de la conjoncture favorable du marché de l'automobile. Les
départements et les régions ont, en effet, marqué leur
volonté de limiter la pression fiscale, y compris sur les taxes
indirectes. Cette volonté s'est confirmée en 1999.
Les
dotations de fonctionnement de l'Etat
ont progressé dans le
cadre des règles du " contrat de croissance et de
solidarité " qui ont pris en compte une partie (20 %) de la
croissance du PIB dans le calcul de l'enveloppe " normée ".
L'
épargne de gestion
devrait progresser de 3,5 % selon
l'estimation du Crédit local de France. Depuis 1994, les
collectivités ont par ailleurs bénéficié d'une
diminution du montant des
intérêts de la dette
. Entre 1994
et 1998, le volume des intérêts payés par les
collectivités locales a diminué de plus de 10 milliards de
francs (- 24 %). Depuis 1997, la diminution des intérêts
s'accentue, les collectivités profitant non seulement des effets de la
baisse des taux mais aussi du mouvement de désendettement
enregistré en 1997 et 1998.
Grâce à la maîtrise des dépenses de gestion et
à la baisse des intérêts de la dette, les
collectivités ont pu accroître sensiblement leur niveau
d'
épargne
brute
(qui résulte de la soustraction du
montant des intérêts de la dette à l'épargne de
gestion) en 1998 à un taux (+8,3 %) assez proche de ceux
observés en 1997 (+9,6 %) et 1996 (+12 %). Entre 1995 et 1998,
les collectivités locales ont augmenté le volume de leur
épargne brute de plus de 30 milliards de francs, soit une
progression annuelle de 11 %.
Au total, les collectivités locales ont réussi à
dégager un fort potentiel d'auto-financement des investissements. Ce
constat se retrouve en comptabilité nationale, les
administrations
publiques locales
dégageant une capacité de financement de
22,8 milliards de francs en 1998, soit 5 milliards de francs
supplémentaires par rapport à 1998. Les collectivités
locales apportent une contribution très positive à la
réduction des déficits publics.
Le rapport de M.Joël Bourdin relève qu'après les fortes
baisses de 1992 à 1996 (supérieurs à 9 % au cours de
la période), les
dépenses d'équipement brut
ont
légèrement augmenté en 1997 (+1,7 %) puis très
nettement progressé en 1998 (+8,2 %), sauf pour les régions
(-11 %). Les premières informations pour 1999 laissent apparaître
une reprise des investissements (+ 3 %) dans les régions. Au rythme
annuel moyen de 1997 et 1998, les collectivités locales retrouveraient
en 2000 leur niveau d'investissement de 1992 (150 milliards de francs). La
reprise de l'investissement n'a pas interrompu le désendettement
entamé en 1997.
Le Crédit local de France fait valoir que les conditions conjoncturelles
d'une croissance dynamique de l'investissement sont réunies. La
progression de l'investissement des collectivités locales devrait
notamment contribuer à stabiliser l'activité globale du secteur
des travaux publics.
En outre, des besoins structurels importants devraient soutenir
l'investissement : pour les
transports collectifs urbains
, les
projets à venir sont estimés d'ici 2008 à
66 milliards de francs par le Groupement des autorités responsables
de transport (GART). Des investissements non négligeables devraient
également résulter du développement des
nouvelles
technologies de l'information et de la communication.
En outre, la
mise aux normes
pèse toujours sur les
investissements. Une étude de la Fédération des maires des
villes moyennes et du Crédit local de France estime son coût
global à
140 milliards de francs
, dont les deux tiers sont
encore à réaliser, les dépenses d'environnement
apparaissent prépondérantes (75 milliards de francs) :
les investissements nécessaires seraient de l'ordre de 29 milliards
de francs pour les déchets ménagers ; de 15 milliards
de francs pour les eaux usées; de 28 milliards de francs pour
l'amélioration de la qualité de l'eau potable. Selon une
étude de l'ADEME, les investissements en matière de
déchets pourraient atteindre plus de 5 milliards de francs en
1999.
2. La situation par collectivité
a) Les budgets des communes
Selon le
Crédit local de France, la progression du produit des quatre taxes
directes a nettement diminué en 1999 (+0,5 % contre +3,4 % en
1998), sous le double effet de la modération de la pression fiscale et
de la réduction des bases de la taxe professionnelle en application de
la réforme fiscale décidée par la loi de finances pour
1999. Les dotations de fonctionnement ont connu une évolution plus
favorable (+2,8 % contre +0,8 %).
Essentiellement en raison de l'augmentation des charges de personnel, les
dépenses
de
gestion
ont cru plus vite que les recettes
courantes (respectivement +3,9 % et +3,5%). En revanche, les autres
dépenses de gestion ont augmenté à un rythme
particulièrement modéré (+1,9 %) au regard de la
moyenne annuelle observée de 1989 à 1997 (environ +6 %).
L'
épargne de gestion
progresse plus modérément
(+2,2 %) qu'en 1998 (+3 %). L'
épargne brute
connaît encore une forte croissance (+5,7 %), même si la
réduction des intérêts de la dette est moins
sensible (-8,1% après 10 %).
Après une reprise modérée en 1997, l'investissement
communal a connu une progression soutenue en 1998 (+10,8%). Selon le
Crédit local de France, la poursuite de l'effort d'investissement en
1999 (+5,3 %) devrait s'accompagner d'un recours accru à l'emprunt
(+9,7% après +7,8 %).
Sous l'effet de la création régulière de nouveaux
groupements et de l'élargissement des compétences des structures
existantes, la progression des budgets des
établissements publics de
coopération intercommunale
à fiscalité propre
apparaît soutenue (près de 8% en moyenne annuelle entre 1995 et
1999 contre environ 3 % pour les budgets communaux). Leurs dépenses
courantes augmentent plus sensiblement que celles des communes, notamment les
dépenses de personnel en hausse de 9 % (contre 6 % pour les
communes) qui atteignent près de 10 milliards de francs. Leurs
dépenses d'investissements (hors remboursement) devraient
s'établir à plus de 15 milliards de francs, soit
l'équivalent de 14 % de l'investissement des communes.
b) Les budgets des départements
Les
données provisoires pour 1999 exploitées par le Crédit
local de France mettent en évidence que, comme en 1998, les
départements ont cherché à modérer la pression
fiscale : la moitié d'entre eux ont maintenu leurs taux
inchangés et 9 ont décidé de les baisser. Le
ralentissement de l'évolution des bases, dû à la
réforme de la taxe professionnelle et la modération fiscale, se
traduisent par une faible progression du produit voté (+0,9 %
après 4,1% en 1998). La fiscalité indirecte des
départements reste dynamique (+10%), notamment sous l'effet de la bonne
tenue du marché immobilier. Au total, la progression des recettes
fiscales est légèrement plus forte qu'en 1998 (+5,9% contre
+5,8%). En outre, les dotations de fonctionnement ont évolué plus
favorablement (+2,7% contre +1,2 %).
Les
dépenses de gestion
subissent le poids de la progression
soutenue des dépenses de personnel (+6,8 %). Pour les autres
dépenses de gestion, la " montée en charge " de la
prestation spécifique dépendance produit ses effets sur les
dépenses d'aide sociale.
Cependant, comme l'an passé, les recettes courantes augmentent plus
rapidement que les dépenses de gestion. L'
épargne de
gestion
poursuit, en conséquence une progression rapide (+6,7%
après +7,8%) pour atteindre 54 milliards de francs. En dépit
de la réduction moindre des intérêts de la dette (-5,9%
après -9,6% en 1998), ; l'
épargne brute
demeure
élevée (48 milliards de francs, +8,6 ).
Selon le Crédit local de France, les
dépenses
d'investissement
(hors remboursements) retrouveraient en 1999 leur niveau
de 1997 (57 milliards de francs). Grâce au développement des
marges d'autofinancement, le dynamisme de l'investissement ne s'accompagne pas
d'une reprise de l'emprunt qui accuse même une diminution nette
(-9,2%).
c) Les budgets des régions
La
volonté de modérer la pression fiscale a conduit quinze
régions à maintenir leurs taux et trois d'entre elles à
les réduire. La réforme des bases de la taxe professionnelle a
provoqué un ralentissement marqué du produit voté
(+0,5 % après +2,9 % en 1998). Globalement néanmoins le
produit perçu -qui prend en compte les compensations fiscales- a
augmenté de 4,5 %. La fiscalité indirecte a
été dynamisée par le nombre important d'immatriculations
neuves et par la hausse du produit des cartes grises. Les recettes fiscales des
régions déjà dynamiques en 1998, progressent ainsi
sensiblement en 1999 (+5,2% contre +4,3 %).
Malgré une progression toujours rapide des
frais de personnel
(+8,6 % contre +7,8%), les dépenses de gestion ont tendance
à évoluer moins fortement (+8,2 % après +9,6 %
en 1998), sous l'effet d'une hausse plus modérée des autres
dépenses de gestion.
Dans ces conditions, les soldes d'épargne sont bien
orientés : l'épargne de gestion progresse de +2,1% (contre
-1,2 % en 1998) ; grâce à la réduction des
intérêts de la dette pour la cinquième année
consécutive, l'épargne brute augmente de 2,8% atteignant
28 milliards de francs.
Le Crédit local de France fait valoir que les conditions
financières d'une reprise de l'investissement semblent réunies.
En outre, de manière plus conjoncturelle, l'année suivant les
élections devrait correspondre à la mise en place de nouveaux
projets même si 1999 constitue une phase transitoire avant le
démarrage des nouveaux contrats de plan Etat-région.
III. PLUSIEURS ENJEUX MAJEURS POUR LA DÉCENTRALISATION ET LA DÉMOCRATIE LOCALE
La
décentralisation apparaît plus que jamais comme une
réforme nécessaire
pour permettre à notre
société de
relever les défis
auxquels elle est
confrontée et qui ne pourront que s'accentuer au début du
prochain siècle. Dans un monde où les obstacles aux
échanges économiques et à la circulation de l'information
s'estompent, la
gestion de proximité
est la mieux à
même d'offrir à nos concitoyens les
repères
indispensables
dont ils ont besoin et de promouvoir la nécessaire
cohésion sociale et territoriale
.
Les collectivités locales ont démontré leur
capacité de gestion
, apportant notamment une contribution majeure
au respect des critères du Traité de Maastricht pour le passage
à la monnaie unique. Elles ont, en outre, fait un
effort
d'équipement
considérable, réalisant les
trois
quarts
de l'investissement public national. En rapprochant le processus de
décision du citoyen, la gestion décentralisée constitue
une richesse pour le fonctionnement de notre démocratie.
Pourtant,
trop d'obstacles
s'opposent encore à
l'approfondissement du processus de décentralisation, la trop lente
adaptation de l'Etat aux conséquences de cette grande réforme
n'étant pas le moindre de ces obstacles. Force est, en effet, de
constater que l'Etat n'a pas
redéfini ses missions
comme il
aurait dû le faire en appliquant ainsi efficacement le principe de
subsidiarité et que la
déconcentration
de ses moyens
constitue un objectif toujours en chantier. Plus grave, les risques d'une
volonté de
recentralisation
n'ont pas manqué au cours des
dernières années notamment dans la définition des
ressources locales.
Depuis plusieurs années, votre commission des Lois a appelé
l'attention sur la
nécessaire relance
de la
décentralisation, notamment dans le cadre des réflexions
conduites au sein du groupe de travail placé sous la présidence
de M. Jean-Paul Delevoye
1(
*
)
. Le
Sénat, fidèle à sa vocation constitutionnelle, a
lui-même souhaité établir un bilan clair des conditions
d'exercice des compétences locales et examiner les voies et moyens de
les améliorer en créant au début de l'année 1999
une
mission d'information
commune à cinq commissions permanentes
présidée par M. Jean-Paul Delevoye, dont le rapporteur
est M. Michel Mercier.
Dans le cadre du présent avis, votre commission des Lois soulignera plus
particulièrement
trois enjeux majeurs
pour la
décentralisation et la démocratie locale : le renforcement
nécessaire de la sécurité juridique de l'action publique
locale et l'amélioration des conditions d'exercice des mandats
locaux ; la mise en oeuvre de la réforme du régime de la
coopération intercommunale ; l'avenir du système de
financement local.
A. UNE PRIORITÉ POUR LA DÉMOCRATIE LOCALE : RENFORCER LA SÉCURITÉ JURIDIQUE DE L'ACTION PUBLIQUE LOCALE ET AMÉLIORER LES CONDITIONS D'EXERCICE DES MANDATS
En
plaçant le thème "
Le maire et l'innovation
" au
coeur des réflexions de son 82è congrès de 1999,
l'Association des Maires de France a souligné à quel point la
capacité d'innovation des élus locaux était une exigence
pour leur permettre de relever les défis de plus en plus
diversifiés auxquels la gestion locale est confrontée.
Cette capacité d'innovation devrait pouvoir se développer dans un
environnement juridique sûr
qui, sans brider inutilement leurs
initiatives, permettrait aux maires de connaître
précisément les limites dans lesquelles l'action publique locale
peut être mise en oeuvre. Or cette
sécurité
juridique
indispensable n'est plus assurée aujourd'hui. Cette
situation peut conduire au
découragement
de beaucoup
d'élus locaux, périlleux pour notre démocratie locale. Une
enquête récente
2(
*
)
met en
évidence que près de la moitié des maires pourrait ne pas
solliciter le renouvellement de leur mandat, lors des prochaines
élections municipales. Si tel était le cas, serait
confirmé un mouvement déjà observé lors des
élections de 1995.
S'il peut être difficile d'identifier les motifs pouvant conduire un
maire à ne pas se représenter, tout porte néanmoins
à croire que l'
insécurité juridique croissante
constitue un facteur majeur, comme l'ont mis en évidence les
réponses aux questionnaires établis dans le cadre des Etats
généraux des élus locaux organisé par M. le
Président du Sénat. C'est pourquoi, la mission commune
d'information sur la décentralisation a fait de la
sécurité juridique de l'action publique locale et des conditions
d'exercice des mandats, deux thèmes prioritaires de ses
réflexions.
Ces réflexions s'inscrivent dans la continuité de celles
conduites précédemment par votre commission des Lois sur la
responsabilité pénale des élus locaux qui ont conduit
à l'adoption de la loi du 13 mai 1996 relative à la
responsabilité pénale pour des faits d'imprudence ou de
négligence. En outre, toujours à l'initiative de votre commission
des Lois en collaboration avec la commission des finances, une réflexion
approfondie a été menée par le groupe de travail sur les
chambres régionales des comptes, présidé par
M. Jean-Paul Amoudry et dont le rapporteur était
M. Jacques Oudin
3(
*
)
.
A l'occasion d'une question orale avec débat posée par
M. Hubert Haenel, le 28 avril dernier, le Sénat a
appelé l'attention du Gouvernement sur la question de la
responsabilité pénale des élus locaux. Mme Elisabeth
Guigou, ministre de la Justice, Garde des sceaux, a annoncé au
Sénat la mise en place d'un groupe d'étude restreint,
présidé par M. Jean Massot, Conseiller d'Etat, et
composé de magistrats, d'élus et d'universitaires, qui a
été chargé de faire un " état des lieux "
et de formuler des propositions sur la responsabilité pénale des
décideurs publics.
Enfin, le Sénat a organisé, le 29 avril dernier, un colloque
sur le thème "
sécurité juridique et action
publique locale
" témoignant ainsi de sa volonté de
répondre aux attentes légitimes des acteurs locaux.
De l'ensemble de ces travaux et réflexions, il ressort clairement que
l'action publique locale est de plus en plus entravée par une
complexité excessive
et des
charges croissantes
. Dans ce
cadre, l'
inflation normative
, l'
imprécision de certains
textes
et, a l'inverse la
trop grande technicité
d'autres
textes constituent des sujets de préoccupation majeure.
Cette année encore, votre commission des Lois constate que près
de
quatre ans
après la publication de la partie
législative du code général des collectivités
territoriales (loi du 21 février 1996), la partie
réglementaire de ce code reste toujours en chantier. Impliquant un
effort important de rassemblement et de classement d'environ
200
décrets, soit
600
textes en tenant compte
des décrets modificatifs pour atteindre un total de
1.900
articles, la partie réglementaire a été
approuvée par la commission supérieure de codification le
1
er
juillet dernier. Votre commission des Lois souhaite
que sa parution ne soit pas plus longtemps
différée.
Mais si la codification à droit constant constitue un préalable
avant une simplification nécessaire des textes applicables aux
collectivités locales, elle n'est pas non plus une garantie contre
l'instabilité juridique
. Depuis l'entrée en vigueur de la
partie législative du code général des
collectivités territoriales,
27
lois ont créé,
modifié ou abrogé
399
articles de ce code. En
outre le code général des collectivités territoriales
étant un code " institutionnel ", le rassemblement des
dispositions éparses applicables aux collectivités locales doit
être poursuivi à travers l'élaboration de différents
codes sectoriels
tels que le code de l'éducation.
Par ailleurs, depuis plusieurs années, la prolifération des
normes techniques
-dont votre rapporteur pour avis a déjà
souligné le coût financier pour les collectivités locales-
constitue une source importante d'instabilité juridique. Le
comité des finances locales a mis en place, sur ce thème, un
groupe de travail animé par notre collègue
Philippe Adnot.
Les réflexions menées par l'inspection générale de
l'administration, à la demande du ministre de l'intérieur, ont
ainsi mis en évidence que le stock de normes établies par l'AFNOR
-qui certes ne concernent pas toujours les collectivités locales-
s'élève à
20.000
et s'enrichit de
1.800
normes nouvelles chaque années.
85 %
des
nouvelles normes de l'AFNOR ont une origine européenne ou
internationale. Il apparaît indispensable, qu'outre une
meilleure
évaluation préalable de leur coût préalable
,
l'élaboration des normes donne lieu à une
concertation
accrue
avec les collectivités locales, lesquelles en supportent le
coût financier.
La
responsabilité pénale des élus locaux
pour des
faits d'imprudence ou de négligence susceptibles d'avoir
été commis dans le cadre de la gestion locale constitue, dans ce
contexte, un motif de
préoccupation majeure
auquel le
Sénat a entendu répondre depuis plusieurs années
déjà.
Issue des réflexions menées au sein de votre commission des Lois,
la loi du 13 mai 1996 a prévu que cette responsabilité
ne pourrait être engagée que s'il est établi que
l'élu "
n'a pas accompli les diligences normales compte tenu de
ses compétences, du pouvoir et des moyens dont il disposait ainsi que
des difficultés propres aux missions que la loi lui confie
".
S'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact sur la jurisprudence de
ces nouvelles règles, il paraît néanmoins envisageable de
préciser mieux encore les conditions de mise en jeu de la
responsabilité pour des faits d'imprudence ou de négligence,
notamment en exigeant que la faute soit
caractérisée
. Tel
est l'objet de la proposition de loi (n° 9 rectifié,
1999-2000) déposée récemment par notre collègue
Pierre Fauchon dont M. le Président du Sénat a
indiqué qu'elle serait inscrite à l'ordre du jour des travaux du
Sénat le 27 janvier prochain.
Remédier à l'insécurité juridique de l'action
publique locale suppose également d'autres mesures destinées
à clarifier le rôle des différents acteurs de la vie
publique locale, à renforcer l'information des élus locaux,
à prévenir le procès pénal par une revalorisation
de la voie civile ou encore à remédier aux contradictions
résultant de la superposition des différents contrôles. Le
groupe de travail sur les chambres régionales des comptes a en
particulier formulé des propositions équilibrées pour
moderniser les conditions d'exercice du contrôle financier et veiller
à sa complémentarité avec le contrôle de
légalité. La proposition de loi (n° 8, 1999-2000)
déposée par MM. Jacques Oudin, Jean-Paul Amoudry
et plusieurs de nos collègues tend à donner une traduction
législative à l'ensemble de ces propositions.
Outre par la recherche d'une plus grande sécurité juridique, les
conditions d'exercice des
mandats locaux
doivent être
améliorées
par d'autres mesures. La diversification de plus
en plus grande des tâches qui incombent aux élus locaux s'est en
effet opérée dans un contexte marqué par une
dégradation
des conditions dans lesquelles ils exercent leur
mandat.
Le cadre juridique en vigueur -très largement issu de la loi du
3 février 1992- ne paraît plus garantir l'
égal
accès de tous les citoyens à un mandat local
, comme en
témoigne la forte progression de la représentation des
retraités et des agents de la fonction publique parmi les maires,
à l'issue des élections municipales de 1995.
Des mesures doivent donc être envisagées pour assurer la
compatibilité entre un mandat local et l'exercice d'une activité
professionnelle, améliorer le régime indemnitaire et de
protection sociale ou encore renforcer la formation des élus locaux.
La Livre blanc élaboré au sein de l'Association des Maires de
France a formulé plusieurs propositions qui ont été
présentées lors du 82
è
congrès de
l'Association. La mission d'information du Sénat sur la
décentralisation a fait de cette question un thème prioritaire de
réflexion.
Le Sénat a d'ores et déjà souhaité apporter
plusieurs modifications au droit en vigueur en adoptant, sur le rapport du
président Jacques Larché, plusieurs amendements au
projet de loi ordinaire relatif aux incompatibilités entre mandats
électoraux et fonctions électives. Le Sénat a ainsi
généralisé à l'ensemble des maires et adjoints
salariés qui exercent leur activité professionnelle, quelle que
soit la taille de la commune, les mesures relatives à la suspension du
contrat de travail avec garantie de réintégration. Il a par
ailleurs décidé de revaloriser les indemnités de fonction
des maires et -sur la proposition de votre rapporteur pour avis- de mieux
définir leur nature juridique afin d'établir clairement qu'elles
n'ont le caractère ni d'un salaire, ni d'un traitement, ni d'une
rémunération quelconque.
B. LE DÉVELOPPEMENT D'UNE INTERCOMMUNALITÉ DE PROJET DANS UN CADRE JURIDIQUE CLARIFIÉ
Au cours
des dernières années, le Sénat s'est fait
régulièrement l'écho des légitimes
préoccupations des élus locaux face à la complexité
excessive du cadre juridique de l'intercommunalité. Telle fut notamment
sa démarche lors de l'examen de la loi d'orientation du
4 février 1995 relative à l'aménagement et au
développement du territoire dont l'article 78 a défini les
pistes de réflexion en vue d'une
réduction du nombre des
catégories
et d'une
simplification
du régime juridique
de l'intercommunalité.
Le Sénat a également veillé à ce que face à
la forte progression du poids financier des groupements au sein de la dotation
globale de fonctionnement, les critères de répartition de
celle-ci encourage une véritable intercommunalité de projet. Tel
fut l'objet de la loi n° 93-1436 du
31 décembre 1993 complétée par la loi
n° 96-241 du 26 mars 1996. Le Sénat a, de
même, apporté sa pleine contribution à une
première remise en ordre
des textes applicables aux structures
intercommunales, lors de l'adoption, en 1996, de la partie législative
du code général des collectivités territoriales.
Le groupe de travail sur la décentralisation a par la suite mis en
évidence le "
maquis
" actuel de la coopération
intercommunale et défini les voies et moyens d'une
nécessaire
simplification
. Ses propositions ont trouvé un écho dans le
projet de loi relatif au développement de la coopération
intercommunale, déposé sur le Bureau du Sénat le
23 avril 1997 par M. Dominique Perben, alors ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la
décentralisation.
Tout en s'en distinguant sur certains aspects non négligeables, la loi
n° 99-586 du 12 juillet 1999 -adoptée
définitivement après qu'un accord fut intervenu au sein de la
commission mixte paritaire présidée par
M. Jacques Larché- reprend néanmoins pour une bonne
part les conclusions des travaux antérieurs, notamment pour ce qui est
de l'objectif de
simplification
.
A cet effet, elle recherche une
rationalisation des structures
se
traduisant notamment par la suppression des districts et des communautés
de villes et par une
harmonisation des règles de fonctionnement
des différentes structures intercommunales.
La loi du 12 juillet 1999 cherche en outre à
promouvoir
l'intercommunalité en milieu urbain
à travers la
création d'une nouvelle structure, la
communauté
d'agglomération
qui bénéficiera de fortes incitations
financières par le biais de la dotation globale de fonctionnement.
Répondant à votre rapporteur pour avis,
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, a
estimé qu'il n'était pas exclu que
trente
communautés d'agglomération soient créées au
1
er
janvier 2000
(contre vingt initialement
prévues).
La loi aménage parallèlement le régime des
communautés urbaines
et des
communautés de
communes
. En conséquence, la communauté urbaine sera la
formule la plus intégrée s'adressant aux grandes
agglomérations. La communauté d'agglomération concernera
davantage les communes de taille moyenne tandis que la communauté de
communes, dont la création n'est subordonnée à aucun seuil
démographique, est destinée au milieu rural.
Parallèlement, les syndicats de communes (à vocation unique ou
multiple) et les syndicats mixtes continueront à prendre en charge une
intercommunalité de services.
Sur le plan
financier
et
fiscal
, la loi du
12 juillet 1999 a organisé la promotion de la
taxe
professionnelle unique
qui constituera le régime obligatoire des
nouvelles communautés d'agglomération. Elle modifie par ailleurs
les règles de répartition de la dotation globale de
fonctionnement, en corrigeant le mode de calcul du coefficient
d'intégration fiscale et le régime de la garantie des groupements
éligibles.
Rappelons que l'impact financier des nouvelles communautés
d'agglomération sur la dotation globale de fonctionnement a
été atténué par un abondement annuel maximum de
500 millions de francs, prélevé sur les recettes de l'Etat,
jusqu'en 2004.
Tout au long de l'examen de cette loi, le Sénat a souhaité
veiller à ce que le succès de l'intercommunalité soit
fondé sur une
démarche progressive et volontaire
. Il a en
outre corrigé le dispositif qui lui était soumis afin
d'éviter toute
dichotomie entre l'urbain et le rural
, et assurer
une
meilleure prise en compte des réalités locales
,
notamment dans la définition des compétences des structures
intercommunales. Il a également veillé à ce que le
renforcement de l'intercommunalité ne se traduise pas par un
alourdissement des prélèvements obligatoires
et par une
pénalisation financière des communes
au sein de la
dotation globale de fonctionnement ou par le biais d'une ponction sur la
dotation de compensation de la taxe professionnelle. Ainsi a-t-il limité
la faculté de prélever sur cette dotation les ressources qui
seraient nécessaires au financement des communautés
d'agglomération à 2000 et 2001, date d'échéance du
" contrat de croissance et de solidarité ".
Si la loi du 12 juillet 1999 est d'
application
immédiate
, plusieurs textes réglementaires devront
néanmoins être pris pour préciser les conditions
d'application de certaines dispositions ou procéder à un
" toilettage " de la réglementation en vigueur.
13
décrets en cours de préparation pourraient, selon
les indications fournies à votre rapporteur pour avis, être
publiés d'ici la fin de l'année. En outre, l'abrogation de
certaines dispositions réglementaires pourrait être
envisagées dans le cadre de la codification de la partie
réglementaire du code général des collectivités
territoriales.
Les textes réglementaires requis concernent les questions
suivantes :
- liste des établissements publics de coopération intercommunale
(EPCI) dans lesquels le directeur ou le directeur-adjoint peut avoir
délégation de signature (dispositions applicables au
1
er
janvier 2000 -
article 111
de la loi) ;
- fixation du taux des indemnités maximales pour les fonctions de
président ou de vice-président de communauté
d'agglomération (modification du décret n° 93-732 du
29 mars 1993 relatif aux indemnités de fonction des
présidents et vice-présidents d'EPCI) ;
- frais de déplacement des élus des EPCI ne
bénéficiant pas d'indemnités de fonction (conditions de
remboursement à préciser par référence au
décret n° 90-437 du 28 mai 1990 relatif aux frais de
déplacement des fonctionnaires) ;
- nomination d'un liquidateur en cas de dissolution d'un EPCI et en cas
d'annulation de l'arrêté de création ;
- commission départementale de la coopération
intercommunale : modalités de désignation des membres
appelés à siéger en formation restreinte et fonctionnement
de ladite formation (dispositions applicables au
1
er
janvier 2000 -
article 112
) ;
- abrogation d'articles réglementaires relatifs aux communautés
urbaines (
article R 165-6 à 14
du code des communes) ;
- modification des conditions d'application du régime de crédit
d'heures prévu pour les élus municipaux désignés
pour siéger au sein des EPCI ;
- suppression de la qualité d'ordonnateur secondaire des
délégués régionaux du Centre national de la
fonction publique territoriale (CNFPT) ; incidence sur le régime
administratif, budgétaire et financier de l'établissement ;
- modification des conditions d'évaluation des dépenses
d'investissement transférées aux EPCI à taxe
professionnelle unique (TPU) ;
- modification du prélèvement et versement des ressources du
fonds de solidarité des communes de la Région d'Ile de France
(FSRIF) ;
- modification de la composition du Comité des finances locales (CFL) ;
- nouvelles dispositions concernant le potentiel fiscal ;
- suppression de la dotation de développement rural (DDR) des communes
de moins de 20 000 habitants des départements d'outre-mer et
de celle de la collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon.
C. L'AVENIR DU SYSTÈME DE FINANCEMENT LOCAL
Lors de
l'examen des crédits de la décentralisation inscrits dans le
projet de loi de finances 1999, votre commission des Lois s'était
inquiété des
très fortes incertitudes
qui
pèsent désormais sur l'avenir du système de financement
local, notamment à la suite de la réforme fiscale voulue par le
Gouvernement.
Votre rapporteur pour avis a déjà souligné les limites du
"
contrat de croissance et de solidarité
"
régissant les concours de l'Etat aux collectivités locales.
Traduisant insuffisamment la contribution majeure de ces dernières
à la croissance, il ne prend pas en compte l'évolution de leurs
charges. Ces limites sont sanctionnées par la pratique des
abondements exceptionnels
qui viennent combler l'insuffisante
progression des concours de l'Etat.
En outre, cette situation est aggravée par la réforme fiscale
décidée l'an passée qui tend progressivement à
remplacer la fiscalité locale par une généralisation des
dotations de l'Etat.
En outre, en ne choisissant pas de compenser les allégements fiscaux par
la voie du
dégrèvement
, la réforme a privé
les collectivités locales du bénéfice du
dynamisme des
bases
et de la
liberté de fixer les taux
pour la part
salariale de la taxe professionnelle. Alors qu'un mécanisme de
dégrèvement aurait permis aux ressources des collectivités
de continuer à évoluer comme les anciennes bases, le
mécanisme de compensation qui a été retenu, prend en
compte les bases de 1999 (c'est à dire en pratique les salaires
versés en 1997) et les taux de 1998. Les situations économiques
étant ainsi figées, les initiatives locales en faveur du
développement risque d'être
découragées
.
Cette réforme a pu également susciter des interrogations
exprimées l'an passé par votre rapporteur pour avis, quant
à sa conciliation avec la volonté de promouvoir la taxe
professionnelle unique dans le cadre d'une intercommunalité de projet.
Les mécanismes de compensation n'ont pas non plus manqué de
soulever des difficultés pour le calcul des contributions
fiscalisées versées aux établissements publics de
coopération intercommunale qui ne sont pas dotés d'une
fiscalité propre.
La fiscalité locale est désormais de plus en plus
acquittée par le contribuable local. La prise en charge de la
fiscalité locale dépasse les 100 milliards de francs, soit
un montant proche de la dotation globale de fonctionnement pour 2000.
Au total, paraît se concrétiser le risque d'une mise en cause des
principes fondateurs de la décentralisation sous le double effet d'une
étatisation progressive de la fiscalité locale
et de
ressources locales dépendant entièrement de
dotations
consenties par l'Etat
et elles-mêmes soumises à des
mécanismes complexes bridant leurs évolutions.
Votre commission des Lois entend au contraire réaffirmer son attachement
à une rénovation de la fiscalité locale qui permette de
l'adapter aux évolutions économiques et qui préserve
l'
esprit d'initiative
des collectivités locales.
*
* *
Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, votre commission des lois a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits relatifs à l'administration territoriale et à la décentralisation, inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.
1
Rapport de M. Daniel Hoeffel n°
239,
1996-1997
2
Enquête IPSOS-Le Courrier du Maire, n° 119, novembre
1999
3
" Chambres régionales des comptes et élus
locaux : un dialogue indispensable au service de la démocratie
locale "
(n°
520, 1997-1998).