Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME IV - JUSTICE : Services généraux
DERYCKE (Dinah)
AVIS 94 - TOME IV (1999-2000) - commission des lois
Tableau comparatif au format Acrobat ( 124 Ko )Table des matières
-
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
- I. UN BUDGET PRIORITAIRE ET EN NETTE PROGRESSION
- II. LA SITUATION DES JURIDICTIONS : DES BESOINS QUI DEMEURENT IMPORTANTS
-
III. UN EFFORT DE RECRUTEMENT SOUTENU
-
A. LES RECRUTEMENTS DE MAGISTRATS JUDICIAIRES
- 1. Un effort exceptionnel de recrutement
- 2. Le renfort appréciable des magistrats maintenus en activité en surnombre mais encore très insuffisant des conseillers de cours d'appel en service extraordinaire et des magistrats à titre temporaire
- 3. Des vacances de postes qui restent encore trop nombreuses sur le terrain
- 4. Des créations de postes qui seront pour une large part absorbées par la mise en oeuvre des nouvelles réformes
- B. LES RECRUTEMENTS DE FONCTIONNAIRES DES SERVICES JUDICIAIRES
- C. LE RENFORCEMENT DES EFFECTIFS DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES
- D. LE DÉVELOPPEMENT DE L'ASSISTANCE AUX MAGISTRATS
- E. LE DÉVELOPPEMENT DU RECOURS AUX EMPLOIS-JEUNES : LE RECRUTEMENT DE NOMBREUX " AGENTS DE JUSTICE "
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A. LES RECRUTEMENTS DE MAGISTRATS JUDICIAIRES
- IV. LA POURSUITE DE LA RÉNOVATION DE L'ÉQUIPEMENT ET DE LA GESTION DES JURIDICTIONS
- V. LA MISE EN oeUVRE DE QUELQUES RÉFORMES EN COURS INTÉRESSANT L'ORGANISATION DE LA JUSTICE AU QUOTIDIEN
- VI. LA PARTICIPATION DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE AUX CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
N° 94
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
JUSTICE :
SERVICES GÉNÉRAUX
Par Mme Dinah DERYCKE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jacques Larché, président ; René-Georges Laurin, Mme Dinah Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Michel Duffour, vice-présidents ; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, secrétaires ; Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Robert Bret, Guy-Pierre Cabanel, Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel Charmant, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier, Lucien Lanier, Simon Loueckhote, François Marc, Bernard Murat, Jacques Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex Türk, Maurice Ulrich.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
33
)
(1999-2000).
Lois de finances.
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
Après avoir procédé à l'audition de
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, ministre de la justice, le
mardi 23 novembre 1999, la commission des Lois, réunie le
mardi 7 décembre 1999 sous la présidence de
M. Charles Jolibois, vice-président, a examiné, sur le
rapport pour avis de Mme Dinah Derycke, les
crédits
consacrés aux services généraux du ministère de la
justice (administration centrale - services judiciaires - juridictions
administratives)
inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.
Mme Dinah Derycke, rapporteur pour avis, a souligné la
progression marquée des crédits du ministère de la
justice, trois fois supérieure à celle de l'ensemble du budget de
l'Etat, et l'achèvement de l'exécution de la loi de programme du
6 janvier 1995. Elle a néanmoins précisé que les
crédits de paiement destinés aux services judiciaires
n'augmentaient globalement que de 0,64 %, en raison d'une diminution de
près de 40 % des crédits d'équipement s'expliquant
par la prise en compte d'un retard dans la consommation des crédits
d'investissement, ce qui ne devait pas dissimuler la progression substantielle
(+ 5,15 %) des dépenses ordinaires.
Après avoir relevé l'encombrement persistant des juridictions
marquées notamment par l'allongement des délais en appel et par
l'accroissement des stocks en instance, Mme Dinah Derycke, rapporteur pour
avis, a mis l'accent sur les importants efforts de recrutement de magistrats,
de fonctionnaires, d'assistants de justice, d'assistants
spécialisés et d'emplois jeunes, ainsi que sur les actions
menées en faveur de l'amélioration des équipements, de la
rationalisation de la gestion des juridictions et de la maîtrise des
frais de justice. Elle a toutefois constaté que les nombreuses
créations de postes seraient pour une large part absorbées par la
mise en oeuvre des nouvelles réformes, relevant que seules
34 créations de postes de magistrats judiciaires sur un total de
212 seraient spécifiquement affectées au renforcement des
effectifs en vue de contribuer à la résorption des stocks.
En conclusion, le rapporteur pour avis a proposé de donner un avis
favorable à l'adoption des crédits.
Après un échange de vues auquel ont pris part MM. Robert
Badinter, Jean-Jacques Hyest, Jacques Peyrat, Charles Jolibois,
vice-président et Mme Dinah Derycke, rapporteur pour avis,
la
commission des Lois s'en est remise à la sagesse du Sénat sur
l'adoption des crédits consacrés aux services
généraux dans le projet de budget du ministère de la
justice pour 2000.
Mesdames, Messieurs,
La progression des crédits du ministère de la justice inscrits
dans le projet de loi de finances pour 2000, trois fois supérieure
à celle de l'ensemble du budget de l'Etat, traduit la priorité
maintenue en faveur du renforcement des moyens des juridictions, dont la
situation reste, cette année encore, marquée par des
délais de jugement excessifs et un gonflement des stocks en instance.
Comme les années précédentes, votre commission des Lois,
particulièrement soucieuse d'une amélioration du fonctionnement
de la justice au quotidien, a souhaité analyser l'évolution de
ces crédits à la lumière de la réalité des
difficultés constatées sur le terrain et en prenant en compte les
réformes envisagées, qui ne sauraient être menées
à bien sans les moyens correspondants.
Après avoir présenté l'évolution
générale des crédits affectés au services
généraux du ministère de la justice et rappelé
quelques données relatives à l'activité des juridictions,
le présent avis s'attachera plus particulièrement aux incidences
des efforts de recrutement, ainsi qu'à la poursuite de
l'amélioration de l'équipement et de la gestion des juridictions.
Seront en outre évoqués le renforcement des moyens
destinés à l'accès au droit, le début de la mise en
oeuvre de la réforme de la carte judiciaire et la participation du
ministère de la justice à l'élaboration des contrats de
plan Etat-régions.
*
Dans le
cadre de la préparation de cet avis budgétaire, votre rapporteur
pour avis a entendu, comme chaque année, les représentants des
principales organisations professionnelles de magistrats et de fonctionnaires
de justice
1(
*
)
.
Elle tient à souligner que deux organisations syndicales de magistrats,
après avoir accepté le principe de cette audition, ont finalement
décidé de ne pas s'y rendre. L'Union syndicale des magistrats
(USM) a motivé cette décision par un rappel au règlement
effectué par notre collègue Michel Charasse notamment à la
suite des propos tenus à l'encontre des sénateurs par
M. Valéry Turcey, président de l'USM, dans les colonnes du
journal
Les Echos
daté du 29 novembre 1999, propos au sujet
desquels votre commission des Lois a d'ailleurs décidé, à
l'unanimité, de saisir M. le Président du Sénat.
Pour sa part, le Syndicat de la magistrature, sans excuses préalables, a
fait valoir a posteriori un emploi du temps surchargé.
I. UN BUDGET PRIORITAIRE ET EN NETTE PROGRESSION
Après le vote de la loi de programme en 1995, le budget
en
forte hausse de 1996, la limitation de cette progression comme de celle de
l'ensemble du budget en 1997 et l'augmentation significative des crédits
pour 1998 (+ 4,03 %) et pour 1999 (+ 5,59 %), le budget de
la justice demeure, cette année encore, une priorité nationale.
En effet,
les
crédits de paiement
pour 2000, qui
atteignent un montant total de 27.291,15 millions de francs,
enregistrent une hausse d'un milliard de francs, soit une progression de
3,91 % par rapport à 1999,
trois fois supérieure
à la moyenne des autres budgets civils
(+ 1,2 %),
les
autorisations de programme marquant toutefois une régression de
9,27 %,
avec un montant total de 1.571,50 millions de francs.
En outre, la progression des effectifs du ministère de la justice est,
avec au total 1.237 créations de postes, la plus importante de tous
les ministères.
Cependant, la part du budget de la justice dans le budget général
de l'Etat ne s'accroît que lentement, passant de 1,56 % en 1998
à 1,61 % en 1999 et 1,62 % en 2000.
A. UNE PROGRESSION MARQUÉE DES CRÉDITS POUR 2000
Le
tableau suivant récapitule l'évolution des crédits des
trois agrégats qui font l'objet du présent avis
présenté par votre commission des Lois ; l'administration
générale, les services judiciaires et les juridictions
administratives.
Les crédits consacrés d'une part, aux services
pénitentiaires et, d'autre part, aux services de la protection
judiciaire de la jeunesse, sont quant à eux examinés dans le
cadre de deux autres avis présentés au nom de votre commission
des Lois, respectivement par nos collègues Georges Othily et Patrice
Gélard.
Evolution des crédits de paiement
|
Dotations 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution
|
||
|
Montant |
% du total |
Montant |
% du total |
1999-2000 en % |
Ensemble du ministère de la justice dont : |
26 264,85 |
(100 %) |
27 291,15 |
(100 %) |
+ 3,91 |
- administration générale |
3 594,08 |
13,68 |
3 671,77 |
13,45 |
+ 2,16 |
- services judiciaires |
11 667,91 |
44,42 |
11 742,19 |
43,03 |
+ 0,64 |
- juridictions administratives |
810,00 |
3,08 |
841,66 |
3,08 |
+ 3,91 |
(en
millions de francs)
S'agissant des
services judiciaires
, qui représentent à
eux seuls près de la moitié des crédits du
ministère de la justice,
la stagnation observée des moyens de
paiement (+ 0,64 %) s'explique par une diminution de près de
40 % des crédits d'équipement, qui ne doit pas dissimuler la
progression substantielle (+ 5,15 %) des dépenses
ordinaires
destinées à financer les
rémunérations et recrutements, les moyens de fonctionnement,
notamment les frais de justice, et les dépenses d'intervention, en
particulier l'aide juridique.
La forte diminution des crédits de paiement concernant les
dépenses d'équipement des services judiciaires, qui passent de
961,6 millions de francs en 1999 à 585,5 millions de francs en
2000, doit elle-même être relativisée, car elle devrait
être pour une large part compensée par d'importants reports de
crédits de 1999 sur l'exercice 2000, en raison d'un retard pris
dans la consommation des crédits d'équipement sur lequel on
reviendra dans la quatrième partie du présent avis. D'autre part,
les autorisations de programme allouées aux services judiciaires sont en
progression de 19,61 %, passant de 673 à 805 millions de
francs.
B. L'ACHÈVEMENT DE L'EXÉCUTION DE LA LOI DE PROGRAMME DE 1995
L'examen
des crédits du ministère de la justice prévus par le
projet de loi de finances pour 2000 constitue l'occasion de dresser le bilan de
l'exécution de la loi de programme quinquennale n° 95-9 du
6 janvier 1995 relative à la justice.
S'agissant tout d'abord des
créations d'emplois
budgétaires
, ce bilan s'établit comme suit pour la
période 1995-1999 :
|
Nombre de créations d'emplois prévues |
Nombre de créations d'emplois inscrites en lois de finances |
Taux de réalisation de la loi de programme |
Total pour le ministère dont : |
5 760 |
3 903 |
67,76 % |
- Services judiciaires (et magistrats de l'administration centrale) |
|
|
|
- Juridictions administratives |
305 |
290 |
95,08 % |
En ce qui concerne les autorisations de programme inscrites pour la réalisation des équipements , le bilan pour la période 1995-1999 est le suivant :
|
Enveloppe totale prévue par la loi de programme |
Total des autorisations de programme |
Taux
d'exécution
|
Total pour le ministère dont : |
8 100,00 |
7 574,09 |
93,51 % |
- Services judiciaires (et administration centrale) |
|
|
|
- Juridictions administratives |
200,00 |
214,52 |
107,26 % |
(en
millions de francs)
L'exécution de la loi de programme est donc presque complète pour
les services judiciaires et les juridictions administratives, même si
elle est un peu moins satisfaisante pour l'ensemble du ministère de la
justice, essentiellement en raison d'un retard pris dans les créations
d'emplois concernant l'administration pénitentiaire. Les crédits
inscrits au projet de loi de finances pour 2000 permettront de parachever
l'exécution de la loi de programme dans les services judiciaires et les
juridictions administratives.
C. UNE PROGRESSION QUI DOIT NÉANMOINS ÊTRE RELATIVISÉE DANS LE CADRE D'UNE ÉVOLUTION SUR LONGUE PÉRIODE
Si l'on
retrace l'évolution réelle du budget du ministère de la
justice au cours des vingt-cinq dernières années, la forte
progression constatée dans le projet de loi de finances pour cette
année se trouve relativisée, ainsi que le montre le graphique
ci-dessous.
En effet, si en francs courants elle atteint 3,91 % pour 2000, en francs
constants, la progression du budget de la justice, calculée par
référence à une base 100 en 1974, n'est plus que de
3,00 %, les crédits des services judiciaires enregistrant pour leur
part une stagnation de - 0,27 % en francs constants.
II. LA SITUATION DES JURIDICTIONS : DES BESOINS QUI DEMEURENT IMPORTANTS
Devant
l'asphyxie des juridictions, qui avait été soulignée, en
1996, par la mission d'information constituée par votre commission des
Lois pour évaluer les moyens de la justice
2(
*
)
, le renforcement des moyens qui leur sont
affectés constitue depuis plusieurs années une priorité
nationale.
Cependant, les dernières statistiques connues sur l'activité des
juridictions confirment que les besoins nécessaires au traitement des
flux de contentieux demeurent importants.
A. L'ACTIVITÉ CIVILE : DES DÉLAIS TOUJOURS EXCESSIFS ET DES STOCKS EN AUGMENTATION
En
matière civile, on constate en 1998
3(
*
)
une stabilisation des flux d'affaires nouvelles par rapport à 1997
(-2,1 % devant les cours d'appel,- 1,9 % devant les tribunaux de
grande instance et -1,2 % devant les tribunaux d'instance). Cette
évolution est particulièrement sensible en ce qui concerne les
tribunaux de grande instance pour lesquels la baisse enregistrée en 1997
et 1998 succède à une hausse ininterrompue au cours des dix
années précédentes. Toutefois, le nombre d'affaires
nouvelles s'est accru de 11,2 % en 1998 devant les conseils de
prud'hommes, tandis qu'il progressait de 9,7 % devant la Cour de cassation.
Nonobstant la stabilisation globale des flux d'affaires nouvelles, la
durée moyenne de traitement des affaires
reste fort
éloignée des objectifs qui avaient été
définis par la loi de programme de 1995.
Elle continue de s'accroître de manière particulièrement
préoccupante devant les cours d'appel, même si elle tend à
se stabiliser devant les autres juridictions, comme le montre le graphique
ci-après.
En 1998, la durée moyenne de traitement des affaires s'est
établie à :
-
17,4 mois
pour les
cours d'appel
au lieu de 16,6 mois en 1996,
alors que l'objectif fixé par la loi de programme était de douze
mois ;
-
9,3 mois
pour les
tribunaux de grande instance
, en
légère progression par rapport à 1997 (9,1 mois), à
comparer à l'objectif de six mois fixé par la loi de
programme ;
-
5,1 mois
pour les
tribunaux d'instance
, soit, là encore,
une légère progression par rapport à 1997 (5 mois) et
une durée largement supérieure aux trois mois envisagés
par la loi de programme ;
-
9,7 mois
pour les
conseils de prud'hommes
(contre 9,6 mois en
1997) ;
- et
5,6 mois
pour les
tribunaux de commerce
(contre 5,8 mois en
1997)
4(
*
)
.
Les tribunaux de commerce constituent donc la seule catégorie de
juridictions devant laquelle les délais moyens de jugement ont pu
être réduits en 1998.
Après avoir précisé qu'en ce qui concernait le premier
degré de juridiction on assistait à une stabilisation des
délais moyens, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a
d'ailleurs reconnu au cours de son audition devant votre commission des Lois
que la situation des
cours d'appel
s'était en revanche
dégradée très rapidement avec des délais moyens
passés de 13,5 mois en 1993 à 17,4 mois en 1998,
soulignant qu'elle avait mis en place un véritable plan d'urgence pour
faire face à cette situation en augmentant de 10 % les effectifs,
soit une création de 90 postes et en concentrant les renforts sur
la dizaine de cours les plus surchargées. La situation devrait donc
commencer à s'améliorer dès que les recrutements
correspondants auront eu lieu et que les postes ainsi créés
seront effectivement occupés sur le terrain. De plus, dans certaines de
ces cours d'appel, des " contrats de juridiction " sont en cours
d'élaboration avec la Chancellerie afin de parvenir à une
réduction des délais et une résorption des stocks, ainsi
qu'on le verra dans la quatrième partie du présent avis.
Les stocks d'affaires en cours continuent actuellement à
s'accroître
dans toutes les catégories de juridictions.
L'évolution des délais qui seraient nécessaires à
la résorption de ces stocks est illustrée par le graphique
ci-après.
Compte tenu de la capacité actuelle de traitement des juridictions
évaluée à partir du nombre d'affaires terminées
dans l'année, ces stocks, exprimés en nombre de mois
nécessaires à leur traitement, atteignent en 1998 :
- 18,62 mois pour les cours d'appel ;
- 11,01 mois pour les tribunaux de grande instance ;
- 9,38 mois pour les tribunaux d'instance ;
- et 12,49 mois pour les conseils de prud'hommes
5(
*
)
.
Votre rapporteur pour avis tient à évoquer la situation
particulière des
conseils de prud'hommes
car ces juridictions qui
jouent un rôle important dans la justice au quotidien ne doivent pas
être oubliées dans le cadre des réflexions en cours en vue
d'une amélioration de son fonctionnement.
Or, la situation de ces juridictions apparaît préoccupante
à un double titre, d'une part, parce qu'elles connaissent, en
première instance, des délais moyens de jugement atteignant
près de 10 mois, et d'autre part, parce qu'une proportion
très élevée de leurs décisions sont
traditionnellement frappées d'appel. Ainsi, en 1998, plus de 60 %
des décisions susceptibles d'appel ont été effectivement
portées en appel ; en matière de contentieux du
licenciement, plus de deux affaires sur trois sont frappées d'appel.
Cette situation est à l'origine d'un encombrement des cours d'appel,
entraînant donc le plus souvent de longs délais
supplémentaires, sur lesquels les parties semblent d'ailleurs parfois
jouer. Elle devrait conduire à une réflexion sur une
amélioration de l'organisation de la première instance et sur des
mesures susceptibles de dissuader les appels abusifs. Le rapport sur la
procédure civile établi par M. Jean-Marie Coulon en 1996
prévoyait d'instaurer le principe de l'exécution provisoire des
jugements de première instance.
En outre, en matière prud'homale, les recours en cassation sont
également très nombreux et entraînent un encombrement
préoccupant de la chambre sociale de la Cour de cassation devant
laquelle le délai moyen de jugement atteignait deux ans et
cinq mois en 1997, ce qui amène les magistrats à
s'interroger sur l'opportunité de l'institution d'une
représentation obligatoire par avocat pour les recours en cassation
dans ce domaine.
B. L'ACTIVITÉ PÉNALE : UNE RÉGULATION ASSURÉE PAR LES CLASSEMENTS SANS SUITE
En
matière pénale, le nombre global des infractions signalées
en 1998 s'est établi à 4.961.315 plaintes,
dénonciations et procès-verbaux, soit pratiquement le même
volume qu'en 1997 (- 0,1 %).
La régulation du flux continue néanmoins à être
assurée par des
classements sans suite
encore trop
nombreux
.
Même si le nombre de procédures alternatives aux poursuites
s'accroît notablement, passant de 140.000 en 1997 à 163.819 en
1998, soit une progression de 17 %, les classements sans suite (hors
procédures alternatives) concernent encore 83 % du nombre total des
affaires traitées et surtout près de la moitié
(48,1 %) des procédures dans lesquelles l'auteur de l'infraction a
été identifié.
Ce dernier taux, le plus significatif, marque cependant une baisse sensible par
rapport à 1997 où il s'établissait à 52,2 %.
De plus, si l'on écarte, outre les procédures dans lesquelles
l'auteur de l'infraction est inconnu, les affaires classées sans suite
pour motif juridique ou absence d'infraction, seules 35,1 % des affaires
susceptibles d'être effectivement poursuivies sont classées sans
suite pour poursuite jugée inopportune, le plus souvent en raison du peu
d'importance du trouble ou préjudice créé par l'infraction
(51,2 % donnent lieu à une poursuite et 13 ,7 % donnent
lieu à une procédure alternative).
Après une légère réduction constatée depuis
1993 où il atteignait 11,5 mois, le
délai moyen de
réponse pénale
6(
*
)
s'est un peu
allongé en 1997, passant de 9,7 mois en 1996 à
10,1 mois en 1997. La durée moyenne des procédures s'est
ainsi établie, en 1997, à 49,1 mois pour les crimes (contre
45 mois en 1996), 10,2 mois pour les délits (contre
9,9 mois en 1996) et 8,5 mois pour les contraventions de
cinquième classe (contre 7,1 mois en 1996).
C. L'ACTIVITÉ DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES : UN ENGORGEMENT PRÉOCCUPANT
Si les
transferts de compétences aux cours administratives d'appel ont permis
de réduire progressivement le stock d'affaires en instance au Conseil
d'Etat, qui en 1998 correspond à un délai théorique
d'élimination d'environ onze mois en données nettes
7(
*
)
, ils ont en revanche entraîné un
accroissement massif du nombre d'affaires pendantes devant ces cours.
En effet, le nombre annuel d'affaires enregistrées par les
cours
administratives d'appel
a triplé en données brutes entre 1991
et 1996 et le stock d'affaires en instance a été multiplié
par quatre entre 1992 et 1998 ; le délai théorique
d'élimination de ce stock, qui dépassait à peine un an en
1991, était de trois ans et deux mois en 1998 (en données nettes).
La situation devrait néanmoins s'améliorer progressivement compte
tenu de la mise en service récente des deux nouvelles cours
administratives d'appel de Marseille (en septembre 1997) et de Douai (en
septembre 1999).
En ce qui concerne les
tribunaux administratifs
, le nombre annuel
d'affaires enregistrées a augmenté de 77 % de 1990 à
1998 en données nettes corrigées des séries, soit une
moyenne de près de 10 % par an, atteignant même 22 % de
1997 à 1998
8(
*
)
.
Les stocks ont augmenté continuellement entre 1990 et 1998 ; leur
rythme d'augmentation, qui avait pu être réduit à 2 ou
3 % par an, s'établit à 10 % en 1998. Le délai
moyen de jugement, qui était de deux ans et demi en 1991, s'est
réduit progressivement à un peu moins de
deux ans
, ce qui
reste cependant très éloigné de l'objectif de
réduction à un an des délais moyens devant les
juridictions administratives qui avait été fixé par la loi
de programme.
Par ailleurs, le délai moyen de jugement est encore de 18 mois au
Conseil d'Etat.
III. UN EFFORT DE RECRUTEMENT SOUTENU
Le budget de la justice pour 2000 est marqué par la poursuite de l'effort entrepris en vue du renforcement des effectifs des juridictions judiciaires comme des juridictions administratives : il prévoit en effet la création de 382 emplois pour les services judiciaires et de 85 emplois au Conseil d'Etat et dans les juridictions administratives. Cependant, l'effort de recrutement sera en large part absorbé par la mise en oeuvre des nouvelles réformes prévues.
A. LES RECRUTEMENTS DE MAGISTRATS JUDICIAIRES
1. Un effort exceptionnel de recrutement
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit la
création de
212 emplois de magistrats
, succédant aux
70 créations d'emplois intervenues en 1998 et aux 140 autres
réalisées en 1999.
S'y ajoute la création de quatre emplois de magistrats inspecteurs
destinée à renforcer les effectifs de
l'Inspection
générale des services judiciaires
qui assure désormais
non seulement des missions traditionnelles de contrôle de
l'activité des juridictions, mais également des missions
thématiques d'évaluation en vue d'une amélioration
qualitative de l'utilisation des moyens affectés à la justice.
Par ailleurs, il est à noter qu'après une première
provision de 18 millions de francs en loi de finances pour 1999, une
nouvelle dotation de 20 millions de francs est inscrite au projet de loi
de finances pour 2000 en vue de la
réforme du statut de la
magistrature
. Cette réforme très attendue par les magistrats
est destinée à procéder à un repyramidage du corps
afin de remédier aux actuels blocages de carrière
résultant notamment des déséquilibres
démographiques du corps. Elle devrait être mise en oeuvre par le
projet de loi organique relatif au statut de la magistrature dont
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a annoncé le
dépôt pour le début de l'année prochaine,
après la réunion du Congrès appelé à se
prononcer sur la révision constitutionnelle relative au Conseil
supérieur de la magistrature le 24 janvier 2000.
Au total, 422 postes de magistrats auront été créés
en l'espace de trois ans dans les juridictions judiciaires.
Compte tenu de ces créations de postes, le nombre de postes ouverts aux
concours d'accès à l'Ecole nationale de la magistrature
a
été porté à 185 pour 1998 et 1999 (contre 145 pour
1996 et 1997).
En outre, afin d'accélérer les recrutements, la loi organique
n° 98-105 du 24 février 1998 a autorisé
l'organisation de deux
concours exceptionnels
permettant le recrutement
de 100 magistrats en 1998 et de 100 autres en 1999. Les magistrats
recrutés en 1998 par cette voie ont pris leurs fonctions en juridiction
dès l'été 1999 à l'issue d'une formation de six
mois ; de même les lauréats du concours 1999 prendront leurs
fonctions en juillet 2000.
Selon les informations communiquées par la Chancellerie, les
recrutements effectués en 1998 et 1999 et prévus pour 2000 se
répartissent comme suit
9(
*
)
:
|
Nomination de magistrats issus de l'ENM |
Concours exceptionnels |
Conseillers de cour d'appel en service extraordinaire |
Détachement judiciaire |
Recrutement latéral
|
|
1998 |
147 |
|
2 |
1 |
25 |
175 |
1999 |
154 |
100 |
14* |
6* |
25* |
299* |
2000 |
165 * |
100* |
|
10* |
30* |
305* |
(*) prévisions
2. Le renfort appréciable des magistrats maintenus en activité en surnombre mais encore très insuffisant des conseillers de cours d'appel en service extraordinaire et des magistrats à titre temporaire
En
application d'une loi organique du 7 janvier 1988, dont les
dispositions ont récemment été prorogées jusqu'au
31 décembre 2002 par la loi organique n° 99-583 du
12 juillet 1999 relative au statut de la magistrature, les magistrats
des cours d'appel et des tribunaux de grande instance qui atteignent la limite
d'âge (fixée en principe à 65 ans) peuvent être
maintenus en activité
sur leur demande pour une période
non renouvelable de trois ans ; ils sont alors affectés en
surnombre dans une juridiction au sein de laquelle ils exercent des fonctions
de magistrat " de base "
10(
*
)
. Un
dispositif analogue existe également à la Cour de cassation, en
vertu d'une loi organique du 23 décembre 1986.
Au total, bénéficient actuellement de ces dispositions
82 magistrats répartis comme suit : 23 à la Cour de
cassation, 27 dans les cours d'appel, 28 dans les tribunaux de grande
instance (dont 19 à Paris, Nanterre, Bobigny et Créteil) et
4 dans les juridictions d'outre-mer (2 dans les départements d'outre-mer
et 2 dans les territoires d'outre-mer).
Les magistrats maintenus en surnombre constituent un renfort
particulièrement appréciable pour les juridictions connaissant
les taux d'activité les plus élevés ; en effet le
maintien en activité permet de rentabiliser l'expérience acquise
par les intéressés et de faire l'économie d'une formation
aux fonctions concernées.
Aussi, votre commission des Lois a-t-elle approuvé la prorogation du
dispositif autorisant le maintien temporaire en activité au-delà
de la limite d'âge des magistrats des cours d'appel et des tribunaux de
grande instance.
Elle regrette en revanche que soit jusqu'ici resté très
limité le recrutement de
conseillers de cours d'appel en service
extraordinaire
et de
magistrats à titre temporaire
, qui avait
été prévu par la loi organique n° 95-64 du
19 janvier 1995 afin de compléter les renforts des effectifs
des juridictions tout en diversifiant le corps judiciaire.
D'une part, les nominations de conseillers de cours d'appel en service
extraordinaire sont restées jusqu'ici peu nombreuses : 3 en 1997 et
2 en 1998 ; 14 sont cependant prévues pour 1999.
D'autre part, bien qu'aient été inscrits en loi de finances des
crédits de vacations permettant le recrutement de 64 magistrats
à titre temporaire
11(
*
)
en
équivalent temps plein (sur les 80 prévus par la loi de
programme), la mise en oeuvre pratique de ce recrutement est restée bien
timide. Elle ne concerne actuellement, à titre expérimental, que
les cours d'appel d'Aix-en-Provence, Angers, Colmar et Versailles.
9 magistrats à titre temporaire ont été nommés
en 1999, 14 candidatures étant actuellement en cours
d'instruction.
3. Des vacances de postes qui restent encore trop nombreuses sur le terrain
Les
difficultés liées à l'existence d'un nombre
élevé de vacances de postes sont souvent dénoncées
par les organisations syndicales de magistrats.
Les chiffres communiqués par la Chancellerie, calculés en faisant
la différence entre les effectifs budgétaires et le nombre de
magistrats en activité, sous réserve des ajustements liés
aux emplois à temps partiel, font apparaître une augmentation du
nombre des vacances de poste entre 1995 et 1998 (133 en 1995, 187 en 1996, 195
en 1997, 215 en 1998), suivie d'une réduction en 1999 où le
nombre de vacances de poste serait de 147, soit un taux de vacance de
2,2 % seulement. L'augmentation constatée entre 1995 et 1998
s'explique par le nombre important de créations d'emplois intervenues,
le recrutement par la voie de l'ENM ne permettant de pourvoir les emplois
créés qu'un peu moins de quatre ans après leur
création. Toutefois, l'entrée en fonction, en juillet 1999, des
100 magistrats issus du premier concours exceptionnel de recrutement a
permis de réduire sensiblement le nombre des vacances budgétaires
comptabilisées par la Chancellerie en 1999.
Cependant, selon d'autres informations communiquées à votre
rapporteur pour avis par la Chancellerie, il y aurait actuellement
298 emplois budgétaires vacants
. En y ajoutant les
57 emplois de magistrats mis à disposition (notamment dans les
cabinets ministériels) et les 18 emplois de magistrats
bénéficiant de décharges syndicales, on obtiendrait un
total de
373 emplois de magistrats non occupés
sur 6.503,
soit 5,7 % d'emplois non occupés.
En outre, compte tenu des absences pour congés divers, les effectifs
réels des juridictions sur le terrain sont souvent inférieurs
à ceux calculés en fonction de l'occupation des postes
budgétaires.
L'accroissement du nombre des
magistrats placés
qui peuvent
être temporairement affectés dans une juridiction pour pallier une
vacance de poste ou remplacer un magistrat en congé, permet de
répondre en partie à ce problème.
En 1999, la création de 9 emplois de juges placés et de
6 emplois de substituts placés a permis de porter le nombre des
magistrats placés à 154, soit 3,34 % des emplois, ce qui
reste néanmoins très en deçà du maximum fixé
par la loi organique
12(
*
)
qui permettrait de
porter l'effectif des magistrats placés à 312 emplois.
4. Des créations de postes qui seront pour une large part absorbées par la mise en oeuvre des nouvelles réformes
Déjà, en 1999, sur les 140 créations
d'emplois de magistrats décidées en loi de finances,
60 avaient été destinées à la mise en place du
juge de la détention provisoire prévue par le projet de loi
relatif à la présomption d'innocence.
Ce phénomène s'accentuera en 2000 puisque parmi les
212 créations de postes de magistrats prévues,
48 postes seront à nouveau affectés à la mise en
place du juge de la détention, tandis que 100 autres seront
destinés à la réforme des tribunaux de commerce afin de
pouvoir assurer la mixité prévue au sein de ces tribunaux. En
outre, 25 autres postes sont prévus pour renforcer les effectifs de
magistrats s'occupant des mineurs, en application des mesures
arrêtées par le Conseil de sécurité
intérieure du 27 janvier 1999 qui a notamment
décidé la création de 75 emplois de magistrats
étalée sur trois années.
Au total, quatre emplois de magistrats étant par ailleurs
créés en vue de la réforme du Conseil supérieur de
la magistrature et un emploi supplémentaire créé à
Mayotte pour assurer la présidence de la Commission de révision
des actes de l'état-civil mise en place dans cette collectivité,
seules 34 créations de postes seront spécifiquement
affectées au renforcement des effectifs des cours d'appel
en vue de
contribuer à la résorption des stocks, contre une soixantaine
l'an dernier.
Même si Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a
précisé au cours de son audition devant votre commission des Lois
que les 178 autres créations d'emplois prévues ne
mobiliseraient pas entièrement les magistrats concernés et
seraient donc pour partie affectées au renforcement des moyens de
travail courant dans les tribunaux de grande instance, il n'en demeure pas
moins que les très nombreuses créations d'emplois de magistrats
prévues par le projet de loi de finances pour 2000 ne permettront pas
toutes de soulager le juridictions surchargées. Il en sera d'ailleurs de
même des créations d'emplois de greffiers puisqu'une bonne part de
ces nouveaux emplois sont notamment destinés à la réforme
du contentieux de la liberté.
Au cours de l'examen des crédits en commission, MM. Jean-Jacques Hyest
et Jacques Peyrat ont estimé que, compte tenu des importants besoins
liés à la mise en oeuvre des réformes, les
créations de postes seraient insuffisantes pour améliorer le
fonctionnement de la justice au quotidien.
B. LES RECRUTEMENTS DE FONCTIONNAIRES DES SERVICES JUDICIAIRES
Parallèlement aux créations d'emplois de
magistrats,
la Chancellerie poursuit le renforcement des effectifs des greffes qui en
constitue le complément indispensable.
En 1999, les 230 emplois créés (10 greffiers en chef,
112 greffiers, 72 personnels de bureau, 36 contractuels) ont
été localisés dans les juridictions selon les
priorités suivantes :
- accompagnement des créations d'emplois de conseillers dans les cours
d'appel, de juge de la détention provisoire et de juge des enfants dans
les tribunaux du premier degré ;
- renforcement des services administratifs régionaux ;
- développement de la présence de greffiers dans les maisons de
la justice et du droit.
Pour 2000, le nombre de créations d'emplois de fonctionnaires sera,
contrairement aux années précédentes, inférieur
à celui des créations d'emplois de magistrats, mais cette
évolution s'explique, ainsi que l'a souligné
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, au cours de son audition
devant votre commission des Lois, par l'impact de la réforme des
tribunaux de commerce qui nécessite de nombreuses créations
d'emplois de magistrats mais pas de création d'emplois de greffiers.
Les
170 créations d'emplois
prévues par le projet de
loi de finances pour 2000 (15 postes de greffiers en chef,
140 emplois de greffiers et 15 contractuels) devraient être
réparties comme suit :
- 48 greffiers pour la réforme du contentieux de la
liberté ;
- 25 greffiers dans les juridictions pour mineurs, en application des
mesures arrêtées par le Conseil de sécurité
intérieure ;
- 57 greffiers pour le renforcement des juridictions en vue de la
résorption des stocks ;
- 5 greffiers en chef et 4 greffiers pour les conseils
départementaux de l'accès au droit ;
- 10 greffiers en chef, 5 greffiers, 6 contractuels
ingénieurs de l'équipement et 9 contractuels informaticiens
pour le renforcement des services administratifs régionaux ;
- et 1 greffier pour la réforme de l'état-civil à
Mayotte.
Il est à souligner qu'aucun poste de greffier n'est expressément
prévu pour l'application de la loi relative au pacte civil de
solidarité, alors que celle-ci devrait entraîner un surcroît
de travail substantiel pour les greffes.
Les représentants des organisations syndicales de fonctionnaires de
justice entendus par votre rapporteur pour avis ont estimé que les
créations d'emplois prévues seraient insuffisantes pour faire
face à la mise en place de l'ensemble des nouvelles réformes,
soulignant notamment la faiblesse des recrutements de greffiers en chef et
l'absence de recrutements de fonctionnaires de catégorie C.
Ils ont par ailleurs déploré l'insuffisance des mesures de
revalorisation indemnitaire inscrites au projet de loi de finances pour 2000,
limitées à une enveloppe globale de 17 millions de francs
pour l'ensemble des catégories.
C. LE RENFORCEMENT DES EFFECTIFS DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES
Afin de
faire face à l'augmentation des flux de contentieux devant les
juridictions administratives, le renforcement des effectifs de magistrats et de
fonctionnaires se poursuit également dans ces juridictions.
• S'agissant des
magistrats des cours administratives d'appel et des
tribunaux administratifs
, la loi de programme prévoyait, d'une part,
la création de 105 emplois budgétaires et, d'autre part, le
recrutement à titre temporaire
13(
*
)
de
75 magistrats.
100 emplois budgétaires ont été créés de
1995 à 1999, tandis que des crédits étaient
progressivement ouverts pour la rémunération de
71 magistrats recrutés à titre temporaire.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de
40 emplois supplémentaires (dont les cinq derniers de
l'exécution de la loi de programme) ; en revanche, il tend à
supprimer les crédits correspondant aux 25 magistrats
recrutés à titre temporaire en 1995.
Constatant que ces créations d'emplois correspondaient donc en fait pour
partie à la transformation d'emplois en surnombre déjà
occupés, les représentants des organisations syndicales de
magistrats administratifs entendus par votre rapporteur pour avis ont
regretté que n'aient pas été pris en compte les moyens
nécessaires à l'application de la réforme des
procédures d'urgence actuellement en cours d'examen par le Parlement,
qui nécessiterait selon eux la création d'une quarantaine
d'emplois.
Ils ont par ailleurs souligné l'insuffisance des créations
d'emplois de président de formation de jugement pour assurer de
façon satisfaisante les fonctions d'encadrement.
• En ce qui concerne les
effectifs des greffes
, la loi de
programme prévoyait la création de 200 emplois de
fonctionnaires, dont 190 ont été créés de 1995
à 1999. Le projet de loi de finances pour 2000 achève sur ce
point l'exécution de la loi de programme, avec la création de
45 emplois de fonctionnaires, soit 40 dans les tribunaux
administratifs et les cours administratives d'appel et 5 au Conseil d'Etat
(dont un emploi d'ingénieur informaticien).
D. LE DÉVELOPPEMENT DE L'ASSISTANCE AUX MAGISTRATS
1. Le bilan très positif du recours aux assistants de justice
A
l'initiative de la commission des Lois du Sénat, l'article 20 de la
loi du 8 février 1995 relative à l'organisation des
juridictions a prévu la possibilité de recruter des assistants
auprès des magistrats des tribunaux d'instance, des tribunaux de grande
instance et des cours d'appel.
Ces assistants de justice sont recrutés pour une durée de deux
ans renouvelable une fois parmi les personnes titulaires d'un diplôme
sanctionnant quatre années d'études supérieures en
matière juridique. Indemnisés par l'allocation de vacations
horaires, ils travaillent le plus souvent à mi-temps. Ils sont notamment
chargés d'effectuer des recherches documentaires ou des analyses
juridiques et de rédiger des notes de jurisprudence ou de
synthèse des dossiers ainsi que des projets de décisions suivant
les indications des magistrats.
On dénombre actuellement 950 assistants de justice,
400 autorisations de recrutements supplémentaires, ouvertes en loi
de finances pour 1999, s'étant ajoutées à celles
déjà accordées en lois de finances depuis 1995. La
mesure nouvelle de 4 millions de francs prévue au projet de loi de
finances pour 2000 pour le recrutement de 100 assistants
supplémentaires permettra de porter leur nombre à
1.050
,
soit un
doublement en deux ans
.
Un premier bilan réalisé pour l'année 1998 traduit une
totale satisfaction des magistrats qui sont secondés par ces assistants
de justice. Ainsi, grâce au concours des assistants, certains magistrats
ont pu obtenir une progression substantielle du nombre des affaires
traitées.
Au cours de son audition par votre rapporteur pour vais,
M. Dominique Matagrin, président de l'APM, a pour sa part
jugé cette formule intéressante mais insuffisante, souhaitant la
création d'un corps d'assistants-rédacteurs permanents qui
seraient chargés d'apporter aux magistrats une aide à la
décision, plutôt qu'un accroissement continuel du nombre des
magistrats.
2. La mise en place du recrutement d'assistants spécialisés au sein des nouveaux pôles financiers
Afin
d'améliorer les conditions de lutte contre la délinquance
économique et financière, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux,
a décidé la création de
pôles économiques
et financiers
permettant de renforcer les moyens de certaines juridictions
qui sont spécialisées en matière de traitement des
infractions économiques et financières en application des
articles 704 et 705 du code de procédure pénale.
Les moyens matériels des pôles financiers sont renforcés
par des opérations immobilières permettant, comme par exemple
à Paris, l'installation des services du parquet et de l'instruction dans
de nouveaux locaux plus vastes et plus adaptés, ou encore par le
perfectionnement des outils informatiques, notamment grâce à la
diffusion du logiciel d'instruction assistée par ordinateur (IAO).
En ce qui concerne le renforcement des moyens humains, il est
réalisé par l'affectation au sein des pôles financiers
d'assistants de justice (25 en 1998 et 35 supplémentaires en
1999) et surtout
d'assistants spécialisés
.
La possibilité de recruter ces assistants spécialisés a
été instituée par l'article 91 de la loi
n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions
d'ordre économique et financier qui permet de mettre à la
disposition des juridictions spécialisées en matière
économique et financière soit des fonctionnaires de
catégorie A ou B, soit des personnes titulaires d'un diplôme
sanctionnant une formation économique, financière, juridique ou
sociale d'une durée au moins égale à quatre années
d'études supérieures et justifiant d'une expérience
professionnelle minimale de quatre années.
Les assistants spécialisés sont chargés d'apporter une
assistance technique aux magistrats dans des matières complexes, mais ne
peuvent accomplir par eux-mêmes aucun acte de procédure. Les
modalités de leur recrutement et de l'exercice de leurs fonctions ont
été précisées par le décret
n° 99-95 du 5 février 1999.
19 assistants spécialisés ont déjà
été recrutés en application de ces dispositions et ont
pris leurs fonctions en juin 1999. Il s'agit pour le moment de fonctionnaires
du ministère des finances (inspecteurs des impôts, des douanes et
des droits indirects, de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes) ainsi que d'agents de la Banque de France.
9 ont été affectés à Paris, 2 à
Marseille, 3 à Bastia, 2 à Lyon, 1 à
Bordeaux, 1 à Fort-de-France et 1 à Nanterre.
Ainsi qu'elle l'a précisé au cours de son audition devant votre
commission des Lois, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, envisage de
compléter la mise en place déjà réalisée des
pôles financiers de Paris, Bastia, Lyon et Marseille en constituant au
total 10 à 12 pôles financiers sur l'ensemble du pays, 45
agents du ministère des finances devant à terme être mis
à la disposition de ces pôles. Le projet de loi de finances pour
2000 prévoit une mesure nouvelle de 5 millions de francs pour la
création de nouveaux pôles financiers.
E. LE DÉVELOPPEMENT DU RECOURS AUX EMPLOIS-JEUNES : LE RECRUTEMENT DE NOMBREUX " AGENTS DE JUSTICE "
Votre
commission des Lois s'était interrogée, à l'origine, sur
l'opportunité de la mise en place d'emplois-jeunes par le
ministère de la justice. Elle avait alors souligné les
difficultés d'adaptation de la procédure retenue au cas
particulier du ministère de la justice, les incertitudes pesant sur le
mode de financement et le problème de la définition d'emplois
pertinents dans ce domaine.
Il avait été initialement prévu de faire reposer cette
mise en place sur les associations exerçant des activités
liées aux missions du ministère de la justice. Ainsi, cinq
accords cadres avaient été conclus le
3 décembre 1997 avec l'Association française pour la
sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (1.000 emplois prévus),
le Comité de liaison des associations socio-éducatives de
contrôle judiciaire (300 emplois prévus), l'Institut national
d'aide aux victimes et de médiation (250 emplois prévus), le
10 juin 1998 avec l'Union nationale des associations familiales
(500 emplois prévus), le 28 juillet 1998 avec le Centre
national d'information et de documentation des femmes et des familles
(100 emplois prévus), soit un total de 2.150 emplois à
recruter dans un délai de trois ans, à compter de la signature
des accords.
Les statistiques disponibles sur les recrutements effectués dans le
cadre de ces accords font apparaître,
fin juillet 1999
,
335 conventions signées et
475 jeunes recrutés
.
Dans le secteur des services judiciaires, les conventions signées ont
porté essentiellement sur les activités de médiation et
d'aide aux victimes, ainsi que sur l'accès au droit et l'accompagnement
du public dans les palais de justice.
Cependant, le nombre des recrutements n'a pas progressé au rythme
escompté, des difficultés ayant notamment été
rencontrées par les associations porteuses des projets pour trouver des
partenaires assurant le complément de financement des
rémunérations des jeunes recrutés.
Aussi, le Gouvernement a-t-il été conduit à imaginer un
dispositif spécifique permettant au ministère de la justice de
recruter et d'employer directement des emplois-jeunes financés à
100 % par l'Etat, à l'instar des dispositions adoptées pour
le recrutement d'adjoints de sécurité par le ministère de
l'Intérieur. Ce dispositif a fait l'objet de l'article 29 de la loi
n° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant
l'efficacité de la procédure pénale, qui prévoit le
recrutement, "
pour développer des activités
correspondant à des besoins non satisfaits
",
d' "
agents de justice
" âgés de 18 à
26 ans, en qualité de contractuels de droit public pour une
période maximale de cinq ans non renouvelable.
Les modalités du recrutement et de l'exercice des fonctions de cette
nouvelle catégorie d'emplois-jeunes ont ensuite été
précisées par le décret n° 99-916 du
27 octobre 1999 relatif aux agents de justice.
Le dispositif emplois-jeunes du ministère de la justice comporte donc
désormais deux volets :
- un volet associatif, comprenant notamment la poursuite de la mise en oeuvre
des accords cadres, avec des objectifs toutefois revus à la baisse, dont
le financement est assuré en dehors du budget du ministère ;
- et un volet public reposant sur le recrutement direct d'agents de justice par
le ministère de la justice.
L'objectif demeure, comme initialement, la création de
3.500 emplois-jeunes au total.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit le recrutement de
2.000 agents de justice en tout, dont
1.050 pour les services
judiciaires
. Une mesure nouvelle de 45,43 millions de francs (dont
27,78 millions pour les services judiciaires) a été inscrite
à cette fin au budget du ministère de la justice, correspondant
à 20 % du total des rémunérations et charges
sociales, les 80 % restants devant faire l'objet, en cours de gestion,
d'un transfert de crédits du ministère de l'emploi et de la
solidarité.
Selon les dispositions de l'article 1
er
du décret du
27 octobre 1999 précité, pour ce qui concerne les
services judiciaires, les agents de justice devraient assurer, à
l'exclusion de toute autre fonction, des activités répondant
à des besoins non satisfaits en matière d'accueil et d'assistance
auprès des justiciables et du public dans les juridictions et les
maisons de justice et du droit.
Au cours de son audition devant votre commission des Lois,
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a indiqué que des
fiches de postes très précises étaient
élaborées en concertation avec les organisations syndicales de
fonctionnaires et présentées aux comités techniques
paritaires.
IV. LA POURSUITE DE LA RÉNOVATION DE L'ÉQUIPEMENT ET DE LA GESTION DES JURIDICTIONS
A. LE PROGRAMME D'INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS
1. Une sous-consommation des crédits d'équipement
Depuis
quelques années, on constate au ministère de la justice un retard
croissant dans la consommation des crédits de paiement destinés
aux dépenses d'équipement des services judiciaires,
entraînant des
reports de crédits
très importants
d'une année sur l'autre. Les reports de 1998 sur l'exercice 1999 ont
atteint 367 millions de francs (soit 44 % de la ressource
disponible) ; de même, en fin de gestion 1999, 420 millions de
francs (soit 31 % de la dotation utilisable) pourraient être
reportés sur l'exercice 2000.
Selon les services de la Chancellerie, cette situation s'explique pour trois
raisons. Tout d'abord, depuis 1997, la baisse du niveau des autorisations de
programme destinées aux services judiciaires, dues à l'effort
particulier consenti sur l'équipement pénitentiaire, a conduit le
ministère de la justice soit à fractionner la mise en place de
financements programmés, soit à différer le lancement
d'opérations prêtes à entrer dans leur phase de travaux.
Ensuite, en raison de la reprise d'activité dans le secteur du
bâtiment, un certain nombre d'appels d'offres ont été
infructueux. Enfin, le ministère de la justice n'ayant pas de services
techniques propres, il subit une forte dépendance à
l'égard des moyens disponibles dans les DDE.
L'évolution des crédits d'équipement dans le projet de loi
de finances pour 2000 doit donc être analysée au regard de cette
situation de sous-consommation à laquelle la diminution de près
de 40 % des crédits de paiement, amputés de
376 millions de francs, devrait permettre de remédier. Les
autorisations de programme sont pour leur part en progression de près de
20%. Il conviendra toutefois de veiller à ce qu'un
déséquilibre dans l'autre sens ne se produise pas au cours des
années suivantes.
2. Les opérations en cours
S'agissant des
juridictions judiciaires
, les
crédits
d'investissement inscrits au projet de loi de finances pour 2000 permettront la
poursuite des grandes opérations de construction en cours à
Nantes, Grenoble, Avignon, Fort-de-France, Toulouse et Besançon, ainsi
que le lancement d'opérations nouvelles à Pontoise, Versailles et
Narbonne. Ils permettront en outre de financer à un niveau
équivalent à celui de 1999 des opérations
déconcentrées de rénovation et de mise en
sécurité des juridictions.
S'agissant des
juridictions administratives
, les crédits inscrits
au projet de loi de finances pour 2000 permettront notamment de financer la
création d'un nouveau tribunal administratif à Cergy-Pontoise
ainsi que des travaux de modernisation du Conseil d'Etat.
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis souhaite évoquer les
problèmes posés par la
mise en service récente du
nouveau tribunal de grande instance de Bordeaux
. En effet, celle-ci a fait
apparaître des erreurs de conception liées à un pari
architectural futuriste, telles que la mise " en vitrine " des juges
d'instruction, ainsi que des défaillances techniques de la construction
qui ont donné lieu à l'engagement d'un contentieux par la
Chancellerie.
Votre rapporteur pour avis souhaite que des enseignements puissent être
tirés de cette expérience malheureuse afin que de tels
problèmes ne se reproduisent pas à l'occasion de la construction
du nouveau tribunal de grande instance à Paris.
3. Le projet de construction d'un nouveau tribunal de grande instance à Paris
Mme
Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a récemment annoncé la
décision de la construction à Paris d'un nouveau bâtiment
destiné à abriter le tribunal de grande instance. Au cours de son
audition devant votre commission des Lois, elle a apporté un certain
nombre de précisions sur ce projet de déménagement du
tribunal de grande instance de Paris.
Elle a fait observer que les locaux actuels du palais de justice étaient
très insuffisants depuis déjà plusieurs décennies,
tant en superficie, car 90.000 m
2
seulement étaient
disponibles pour trois juridictions alors qu'il en faudrait
150.000 m
2
, qu'en termes qualitatifs, car ces locaux ne
comportaient pas de bureaux pour les magistrats, ni de salle d'audience
permettant d'accueillir des procès exceptionnels réunissant un
grand nombre de prévenus et n'offraient pas de conditions de travail
satisfaisantes ni de garanties suffisantes de sécurité. Elle a
ajouté que cette insuffisance rendait nécessaire la location de
locaux complémentaires, d'un coût élevé pour les
finances publiques (60 millions de francs par an de loyers).
Après avoir rappelé que la réflexion engagée par
ses prédécesseurs avait fait ressortir des désaccords
entre les différents acteurs concernés quant au choix de la
juridiction appelée à déménager, elle a
indiqué qu'elle avait engagé une concertation qui avait abouti
à la proposition d'un déménagement du tribunal de grande
instance. Elle a fait valoir que cette opération, loin de disperser les
implantations des juridictions parisiennes, permettrait de les concentrer en
passant de cinq sites actuels à deux sites seulement.
S'agissant du financement, elle a précisé qu'elle avait obtenu
l'inscription de 350 millions de francs d'autorisations de programme en
loi de finances rectificative pour 1999
en vue du lancement de la
première tranche de cette opération particulièrement
coûteuse en termes d'acquisitions foncières. Le montant des
investissements nécessaires pourrait en effet atteindre 1 milliard
de francs pour l'acquisition du terrain et 1,2 milliard de francs pour la
construction qui pourrait débuter en 2006.
B. UNE GÉNÉRALISATION DE L'INFORMATISATION ACCOMPAGNÉE D'UNE AMÉLIORATION DE L'OUTIL STATISTIQUE
La
généralisation de l'informatisation des juridictions en cours
s'accompagne d'une réforme du système de production de
statistiques qui permet d'améliorer les " outils de pilotage "
disponibles en vue d'une meilleure répartition des moyens et d'une
gestion plus rationnelle des juridictions.
En
matière civile
, l'implantation des nouveaux logiciels acquis
par la Chancellerie en 1998 et destinés à se substituer aux
logiciels d'initiative locale se poursuit dans les cours d'appel, les tribunaux
de grande instance et les conseils de prud'hommes : 26 cours d'appel,
97 tribunaux de grande instance et 124 conseils de prud'hommes
devraient ainsi être équipés fin 1999. Cette implantation
s'accompagne d'une expérimentation de modules de production automatique
de " tableaux de bord " permettant un suivi du traitement des
affaires civiles. En outre, les tribunaux d'instance sont progressivement
informatisés grâce au déploiement d'applications
gérées par la Chancellerie, là encore avec un module de
production de " tableau de bord " permettant un suivi de
l'activité : 394 tribunaux devraient être
équipés fin 1999.
En
matière pénale
, les statistiques relatives aux
classements sans suite ont pu être affinées. En effet, l'ensemble
des parquets utilisent désormais une table unique composée de
sept motifs principaux de classement et chaque parquet peut éditer au
rythme de ses besoins les classements sans suite selon le motif et les
entrées au parquet selon la nature des affaires. En outre, un logiciel
du suivi de l'exécution des peines est actuellement en cours de
déploiement dans les tribunaux de grande instance.
Par ailleurs, s'agissant des
juridictions administratives
, le
déploiement de l'application " Skipper " de gestion des
dossiers du contentieux administratif sera achevé fin 1999 au Conseil
d'Etat, dans les cours administratives d'appel et dans l'ensemble des tribunaux
administratifs métropolitains. Les magistrats administratifs entendus
par votre rapporteur pour avis ont cependant souligné l'insuffisance des
équipements informatiques. A ce sujet, ils ont notamment
déploré l'absence d'ordinateurs portables pour les magistrats,
ainsi que les déficiences de l'accès aux bases de données
juridiques, soulignant sur ce dernier point que les avocats étaient
parfois paradoxalement mieux informés qu'eux de l'évolution de la
jurisprudence administrative.
C. LA MISE EN PLACE EXPÉRIMENTALE DE CONTRATS DE JURIDICTIONS OU DE CONTRATS DE PROCÉDURES
Tout en
poursuivant les actions déjà entreprises en vue d'une
déconcentration de la gestion au niveau des cours d'appel, notamment
avec la mise en place des services administratifs régionaux (SAR), la
Chancellerie travaille actuellement à l'élaboration de
contrats de juridiction
avec chacune des cours d'appel. Ces contrats ont
pour objet de déterminer les tâches prioritaires et les efforts de
productivité à mener en vue de parvenir à réduire
les délais et à résorber les stocks. Un contrat a
déjà été conclu avec la cour d'appel de Caen ;
il prévoit une résorption des stocks en trois ans. Un autre a
été proposé par la cour d'appel de Bordeaux.
Par ailleurs, dans certaines juridictions, des
contrats de
procédure
sont mis au point avec le Barreau afin d'améliorer
les conditions de la mise en état des dossiers, là encore en vue
de parvenir à une réduction des délais. M. Robert
Badinter a d'ailleurs fait observer que cette pratique avait déjà
été expérimentée entre 1983 et 1985 et avait alors
donné des résultats très positifs.
D. UN EFFORT SIGNIFICATIF DE MAÎTRISE DES FRAIS DE JUSTICE
Au cours
des dernières années, les dépenses de
frais de
justice
, qui ont atteint
1,62 milliard de francs en 1998
, se
sont accrues à un rythme extrêmement rapide, progressant d'environ
8 % par an, soit une centaine de millions de francs de plus chaque
année.
Face à cette augmentation, un ensemble de mesures ont été
récemment prises pour maîtriser l'évolution des frais de
justice.
Ainsi, le
décret n° 99-203 du 18 mars 1999
a
procédé à une refonte globale des dispositions
réglementaires du code de procédure pénale relatives aux
frais de justice criminelle, qui tendait notamment à une meilleure
maîtrise des coûts par le contrôle des conditions dans
lesquelles les tarifications sont élaborées et appliquées,
et par la vérification de la régularité des
dépenses prises en charge. En particulier, le champ de la tarification a
été étendu à de nouvelles catégories de
frais (frais de recherches de documents et de délivrance de copies,
prestations de cryptologie), une tarification spécifique a
été créée pour la garde des véhicules
placés sous main de justice et la procédure de contrôle de
la facturation des expertises non tarifées par le parquet a
été améliorée.
Ces dispositions réglementaires ont fait l'objet d'une circulaire du
5 juillet 1999 adressée aux magistrats et aux fonctionnaires
de justice.
En outre, la
loi n° 99-515 du 3 juin 1999
renforçant l'efficacité de la procédure pénale a
réformé le régime de conservation des objets placés
sous main de justice, ce qui devrait permettre d'obtenir une réduction
de la durée de gardiennage de ces objets et des frais correspondants.
Elle a également facilité l'utilisation de la
télécopie pour les notifications en matière pénale.
D'autre part, en dehors de ces mesures législatives et
réglementaires, des
contrats de gestion
avec les cours d'appel
ont été mis en place depuis 1998, prévoyant l'attribution
d'une enveloppe complémentaire de crédits de fonctionnement au
profit des cours ayant réalisé des économies sur les frais
de justice.
Ces actions en faveur d'une meilleure maîtrise des frais de justice
semblent commencer à porter leurs fruits, puisqu'on a constaté en
1999 une stabilisation des dépenses, ainsi que l'a souligné
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, au cours de son audition
devant votre commission des Lois. Une
économie de 100 millions
de francs
devrait donc être réalisée cette année
par rapport aux crédits votés.
Compte tenu de cette évolution, l'accroissement de 109,2 millions
de francs de la dotation prévue par le projet de loi de finances pour
2000, qui atteint 1,88 milliard de francs, est essentiellement
destiné à financer différentes
mesures nouvelles
,
à savoir :
- l'affiliation au régime général de
sécurité sociale des collaborateurs occasionnels du service
public de la justice
14(
*
)
, prévue par la
loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
(41,03 millions de francs) ;
- le développement des missions confiées aux
délégués du procureur (10 millions de francs) ;
- l'indemnisation des personnes relaxées, acquittées ou
bénéficiant d'un non-lieu, prévue par le projet de loi
relatif à la présomption d'innocence (30 millions de
francs) ;
- enfin, le dépistage de l'usage de stupéfiants dans les
accidents mortels de la circulation, prévu par la loi du
18 juin 1999 relative à la sécurité
routière (19 millions de francs).
Dans le souci de renforcer les moyens d'une maîtrise efficace des frais
de justice, un
amendement présenté par notre collègue
Hubert Haenel
, rapporteur spécial du budget de la justice,
au nom de la commission des Finances
, tend à introduire un
article additionnel après l'article 71 du projet de loi de
finances
afin de prévoir l'obligation, à compter du
1
er
janvier 2000, d'établir dans chaque juridiction
une comptabilité retraçant le détail des dépenses
de frais de justice engagées par dossier d'instruction. Cet amendement a
donc pour objet de mettre en place un outil de suivi des dépenses
engagées pour chaque dossier d'instruction, ce qui permettrait
d'évaluer le coût d'une instruction et de permettre certaines
comparaisons entre affaires de nature similaire.
A titre personnel, votre rapporteur pour avis considère cette
idée intéressante mais se demande si sa mise en oeuvre pratique
ne risque pas de susciter des difficultés. En tout état de cause,
l'application effective d'un tel dispositif dès le
1
er
janvier 2000 lui semble peu réaliste.
V. LA MISE EN oeUVRE DE QUELQUES RÉFORMES EN COURS INTÉRESSANT L'ORGANISATION DE LA JUSTICE AU QUOTIDIEN
Les
moyens destinés à l'aide juridictionnelle et à
l'accès au droit sont renforcés, notamment dans le cadre de la
mise en oeuvre de la loi du 18 décembre 1998 relative à
l'accès au droit.
Par ailleurs, une première étape de la réforme de la carte
judiciaire a été engagée pour ce qui concerne les
tribunaux de commerce.
A. LE RENFORCEMENT DES MOYENS DESTINÉS À L'ACCÈS AU DROIT
La
dotation prévue pour
l'aide juridictionnelle
, qui atteint
1,544 milliard de francs pour 2000
, connaît une forte
augmentation, de près de 100 millions de francs
(+ 6,9 %), qui est essentiellement destinée à financer
un certain nombre de mesures nouvelles résultant notamment de
réformes législatives déjà votées ou en
cours d'examen. Ainsi, des enveloppes d'un montant respectif de
12,075 millions de francs et de 4,130 millions de francs sont
prévues pour le financement de la loi du 18 décembre 1998
relative à l'accès au droit et de celle du 23 juin 1999
renforçant l'efficacité de la procédure pénale,
tandis qu'une dotation de 40 millions de francs est inscrite pour financer
l'intervention de l'avocat dès la première heure de la garde
à vue, prévue par le projet de loi relatif à la
présomption d'innocence. En outre, la rétribution des avocats en
matière d'aide juridictionnelle est revalorisée en
conséquence de la majoration de 2 F de l'unité de valeur de
référence prévue par
l'article 71 du projet de loi
de finances
, qui représente un coût de 17 millions de
francs.
D'autre part, les crédits d'intervention destinés à
alimenter la contribution de l'Etat aux
conseils départementaux de
l'accès au droit
(CDAD) sont en progression de 47 %, atteignant
un montant de 12,5 millions de francs auxquels s'ajoutent par ailleurs
6 millions de francs de crédits de fonctionnement. Ces
crédits devraient permettre d'accompagner la poursuite de la mise en
place de ces conseils dans l'ensemble des départements, dont
l'achèvement est envisagé d'ici la fin 2001. 4 nouveaux
conseils ont été créés au premier semestre 1999,
s'ajoutant aux 27 qui existaient déjà en
décembre 1998 ; de plus, 7 conseils sont en cours de
constitution et une dizaine d'autres en projet.
Enfin, le renforcement des moyens destinés aux
maisons de la justice
et du droit
(MJD) qui bénéficient d'une aide à
l'installation de 50.000 F ainsi que de la prise en charge de leur frais
de fonctionnement, devrait permettre la création de nouvelles maisons de
justice. Au 20 septembre 1999, il en existait 38, dont 12 ouvertes
depuis le 1
er
janvier 1999. 7 autres devraient ouvrir
d'ici la fin de l'année et 55 sont en projet. Les maisons de justice,
qui permettent de rapprocher l'institution judiciaire du justiciable, notamment
dans les quartiers " difficiles ", et jouent un rôle important
dans l'amélioration de la justice au quotidien, connaissent donc un
développement rapide.
Votre commission des Lois regrette toutefois que
près d'un an
après le vote définitif de la loi du 18 décembre 1998
relative à l'accès au droit, aucun décret d'application
n'ait encore été publié.
B. LE DÉBUT DE LA MISE EN oeUVRE DE LA RÉFORME DE LA CARTE JUDICIAIRE
L'année 1999 a été marquée par la
mise
en oeuvre de la première étape de la réforme de la carte
judiciaire, engagée dans un premier temps par la rationalisation de
l'implantation des tribunaux de commerce.
En effet,
le décret n° 99-659 du
30 juillet 1999 a supprimé 36 tribunaux de commerce
à compter du 1
er
janvier 2000, faisant passer le
nombre total de ces tribunaux de 227 à 191.
Cette suppression a fait suite aux travaux de concertation menés par la
mission pour la réforme de la carte judiciaire constituée en
mars 1998 au sein de la direction des services judiciaires, dans les
ressorts de six cours d'appel où l'on dénombrait
81 tribunaux de commerce, soit plus du tiers du total des juridictions
commerciales, à savoir les cours d'appel de Caen, Dijon, Montpellier,
Poitiers, Riom et Rouen.
La mission poursuit actuellement ses travaux dans les autres cours d'appel, ce
qui devrait permettre d'achever la réforme de la carte des tribunaux de
commerce au début de l'année prochaine, avec la publication d'un
nouveau décret concernant les juridictions commerciales
implantées dans le ressort de ces cours.
Cette première phase de la réforme de la carte judiciaire
s'inscrit dans le cadre plus vaste d'une réforme des juridictions
commerciales qui devrait prochainement faire l'objet du dépôt d'un
projet de loi prévoyant notamment d'assurer la mixité des
formations de jugements grâce à la présence de juges
professionnels au sein des tribunaux de commerce et, inversement, de juges
consulaires au sein des chambres commerciales des cours d'appel. A ce sujet,
MM. Jean-Jacques Hyest et Jacques Peyrat ont cependant fait observer que
le fonctionnement de la justice commerciale risquait de se trouver
affecté, l'année prochaine, par les nombreuses démissions
de juges consulaires suscitées par l'annonce de la réforme des
tribunaux de commerce.
Pour ce qui concerne la réforme de la carte des autres juridictions,
Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a indiqué au cours de son
audition devant votre commission des Lois, qu'il conviendrait d'y
réfléchir par la suite en fonction des spécificités
locales, ainsi que des contraintes de la mise en place du juge de la
détention provisoire. Elle a précisé que cette
réforme ne passerait pas seulement par la suppression de juridictions,
mais aussi par la mise en place de greffes détachés et
d'audiences foraines.
M. Robert Badinter a pour sa part souligné l'urgence de cette
réforme et a souhaité que le rapporteur pour avis appelle
l'attention du garde des Sceaux sur ce problème au cours du débat
en séance publique.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit, comme l'an dernier, une
enveloppe de 5 millions de francs destinée à
l'accompagnement des réformes de la carte judiciaire.
VI. LA PARTICIPATION DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE AUX CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
Votre
rapporteur pour avis souhaite enfin évoquer la
participation du
ministère de la justice aux contrats de plan Etat-régions
,
qui est restée très limitée pour la période
1994-1999 mais qui devrait être généralisée pour la
période 2000-2006.
S'agissant de la période 1994-1999, seules deux régions ont
contractualisé avec l'Etat au titre de la justice, à savoir la
région Bourgogne et la région Nord-Pas-de-Calais, pour des
montants respectivement limités à 2 millions de francs et
1,45 million de francs. Les actions contractualisées concernaient
essentiellement la participation au financement des conseils
départementaux de l'aide juridique, ainsi que de diverses associations
de contrôle judiciaire.
Pour les années 2000-2006, le ministère de la justice entend
désormais s'investir dans la politique de l'aménagement du
territoire en s'appuyant sur les outils de partenariat financier avec les
collectivités territoriales que sont les contrats de plan
Etat-régions et les contrats de ville.
A cette fin, plusieurs thèmes prioritaires de contractualisation ont
été retenus, parmi lesquels figurent notamment le
développement de la justice de proximité, à travers les
conseils départementaux de l'accès au droit, les maisons de
justice et du droit et le réseau associatif d'aide aux victimes,
l'amélioration de la formation des personnes intervenant dans le domaine
de la justice et une meilleure prise en charge des détenus, des jeunes
délinquants et des mineurs en danger.
Le Comité interministériel de l'aménagement et du
développement du territoire (CIAT) du 23 juillet 1999 a
fixé à 264 millions de francs la part du ministère de
la justice dans la première enveloppe de 5 milliards de francs que
le Gouvernement a décidé d'affecter au financement des contrats
de plan Etat-régions pour la période 2000-2006.
41,48 millions de francs (15,7 %) sont destinés à des
actions relevant de la justice de proximité, le reste concernant pour
13,9 % des actions relatives à l'administration
pénitentiaire (36,65 millions de francs) et pour 70,4 % des actions
relatives à la protection judiciaire de la jeunesse
(185,87 millions de francs).
Toutes les régions sont concernées par la participation du
ministère de la justice à l'élaboration des nouveaux
contrats de plan Etat-régions. Les chefs des cours d'appels des
chefs-lieux de région ont coordonné la préparation de la
définition des quote-parts du ministère de la justice dans
chaque enveloppe régionale ; ils constituent également les
interlocuteurs des préfets de région dans le cadre de la
négociation des contrats de plan avec les exécutifs
régionaux.
*
* *
Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, votre commission des Lois s'en est remise à la sagesse du Sénat sur l'adoption des crédits du ministère de la justice consacrés aux services généraux inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.
ANNEXE
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
PAR
MME DINAH DERYCKE,
RAPPORTEUR POUR AVIS DU BUDGET
DES SERVICES
GÉNÉRAUX DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE
•
Représentants du ministère de la
justice
M. Dahan, conseiller technique au cabinet du garde des Sceaux
M. Paulot, directeur de l'administration générale et de
l'équipement
M. de Gouttes, directeur des services judiciaires
•
Organisations syndicales des magistrats judiciaires
M. Matagrin, président de l'Association professionnelle de magistrats
(APM)
(L'union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature
(SM) ont annulé leur participation à cette audition).
•
Organisations syndicales des magistrats administratifs
M. Benel, président, et M. Levasseur, secrétaire
général du Syndicat de la juridiction administrative (SJA)
M. Allal, président de l'Union syndicale des magistrats administratifs
(USMA)
•
Syndicats des fonctionnaires des services judiciaires
M. Lebrun, secrétaire général, et Mme Raoult,
secrétaire générale adjointe de l'Union syndicale autonome
justice (USAJ)
M. Copin (services judiciaires) et Mme Mourier (administration centrale),
membres du Syndicat CFDT Fédération justice
M. Lautecaze, secrétaire général adjoint du Syndicat
des greffiers de France
M. Huleux, trésorier général du Syndicat CGT des
chancelleries et services judiciaires
Mme Quirié, secrétaire générale du Syndicat
national C Justice et Mme Bailleul, secrétaire
générale de la section de Paris
1
Cf. liste des personnes entendues en
annexe.
2
Cf. rapport Sénat n° 49 (1996-1997) -
M. Charles Jolibois, président - M. Pierre Fauchon,
rapporteur.
3
Dernières statistiques complètes connues
4
Par ailleurs, la durée moyenne des procédures
atteignait en 1997 deux ans et deux mois devant les chambres civiles de la Cour
de cassation.
5
Les données relatives aux stocks d'affaires en cours ne
sont pas disponibles pour les tribunaux de commerce.
6
Calculé par différence entre la date de la
condamnation définitive et celle des faits. 1997 constitue la
dernière année pour laquelle les statistiques relatives aux
condamnations, issues de Casier judiciaire national, sont connues.
7
A la différence des données brutes, les
données nettes sont corrigées des " séries ".
8
Toutefois, la forte augmentation enregistrée en 1998
s'explique en partie par des facteurs conjoncturels (accroissement du nombre
des recours relatifs à la police des étrangers consécutifs
à l'opération de régularisation des immigrés
clandestins).
9
Les magistrats à titre temporaire ne sont pas
comptabilisés dans ce tableau car, rémunérés sur la
base de vacations, ils n'occupent pas de postes budgétaires.
10
C'est-à-dire des fonctions de conseiller, de substitut
général, de juge ou de substitut.
11
Les magistrats à titre temporaire,
rémunérés sur la base de vacations, sont appelés
à exercer des fonctions de juge d'instance ou d'assesseur dans les
formations collégiales des tribunaux de grande instance.
12
Soit un quinzième des emplois de magistrats des tribunaux
de première instance de chaque ressort de cour d'appel.
13
C'est-à-dire pour une durée de cinq ans.
14
Il s'agit de personnes rémunérées par l'Etat
pour des activités exercées à titre accessoire
(expertises, missions de médiation...).