Projet de loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 15 : Education nationale : I. - Enseignement scolaire
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; GOUTEYRON (Adrien), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 15 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 623 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS- A. VUE D'ENSEMBLE ET ANALYSE RÉTROSPECTIVE
- B. ANALYSE DES CRÉDITS PAR NATURE
- C. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
-
CHAPITRE II :
LES PRINCIPALES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT-
A. LES MESURES AYANT UNE TRADUCTION CONCRÈTE DANS
LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002
- 1. La première priorité : les personnels
-
2. Les mesures d'accompagnement des réformes
pédagogiques
- a) L'apprentissage des langues vivantes à l'école primaire
- b) Le plan de relance de l'internat scolaire
- c) Le développement des technologies de l'information et de la communication appliquées à l'enseignement
- d) Le développement de l'éducation artistique et culturelle
- e) Le plan Handiscol
- f) Les bourses au mérite
- g) La validation des acquis professionnels
- B. LES AUTRES AXES DE LA POLITIQUE EDUCATIVE
-
A. LES MESURES AYANT UNE TRADUCTION CONCRÈTE DANS
LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002
-
CHAPITRE III :
L'ARTICLE 65 DU PROJET DE LOI DE FINANCES RATTACHÉ AU BUDGET DE L'ÉDUCATION NATIONALE-
A. LA MESURE PROPOSÉE : L'INTÉGRATION
DANS L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DE PERSONNELS EN FONCTION DANS LES
ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES GÉRÉS PAR L'ASSOCIATION DIWAN
-
1. Une mesure qui s'inscrit dans le prolongement de la
signature en 1999 de la charte européenne des langues régionales
et minoritaires
- a) La charte européenne des langues régionales et minoritaires
- b) Les engagements du gouvernement lors de la signature de la charte
- c) Les réserves d'interprétation du gouvernement français
- d) La décision du Conseil constitutionnel : les dispositions générales de la Charte ne sont pas conformes à la Constitution
-
2. Une mesure qui résulte du protocole d'accord
signé le 28 mai 2001 entre le ministre de l'Education nationale et
l'association Diwan
- a) La signature de la charte européenne des langues régionales et minoritaires a été suivie de l'ouverture de négociations avec des mouvements d'enseignement associatifs
- b) A ce jour, seule l'association Diwan a signé un protocole avec le ministère de l'Education nationale
- c) Les aspects du protocole du 28 mai 2001 relatifs au statut des personnels en place
- d) Les dispositions du projet de loi de finances pour 2002 prévoyant l'intégration des personnels
- e) La nécessité de délibérations des collectivités locales concernées
-
1. Une mesure qui s'inscrit dans le prolongement de la
signature en 1999 de la charte européenne des langues régionales
et minoritaires
-
B. LE DISPOSITIF D'ACCOMPAGNEMENT PÉDAGOGIQUE
- 1. De nouvelles orientations en faveur de l'enseignement des langues régionales
-
2. Les questions soulevées par la reconnaissance
de l'enseignement en immersion
- a) L'intégration des établissements Diwan est à court terme neutre d'un point de vue budgétaire pour l'Etat
- b) L'intégration des établissements Diwan consacre toutefois la reconnaissance accordée à l'enseignement par immersion en langue régionale
- c) L'avis du Conseil supérieur de l'Education
- d) Les dispositions du protocole signé avec l'association Diwan
- e) L'avis de sagesse formulé le 30 octobre par votre commission
- f) L'ordonnance du Conseil d'Etat statuant en référé suspendant le protocole du 28 mai 2001
- g) Les conséquences de l'ordonnance du Conseil d'Etat
- h) La décision de l'Assemblée nationale
-
A. LA MESURE PROPOSÉE : L'INTÉGRATION
DANS L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DE PERSONNELS EN FONCTION DANS LES
ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES GÉRÉS PAR L'ASSOCIATION DIWAN
- EXAMEN EN COMMISSION
- MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE AU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
-
ANNEXE :
LE CONTEXTE DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE POUR 2002-
A. LES ÉLÈVES ET LA VIE SCOLAIRE
- 1. La baisse du nombre des élèves
-
2. L'évolution des taux d'encadrement et de la
taille des classes
- a) L'évolution des taux d'encadrement et de la taille des classes dans l'enseignement primaire
- b) L'évolution des taux d'encadrement et de la taille des classes dans l'enseignement secondaire
- c) L'avis du Haut conseil de l'évaluation de l'école (HCEE) sur la réduction de la taille des classes
- d) Les leçons tirées par le gouvernement de l'avis du HCEE
- 3. L'efficacité de l'enseignement secondaire ne progresse plus
- 4. La vie scolaire
- B. LES PERSONNELS
-
C. LE COÛT ET L'ÉVALUATION DU SYSTÈME
EDUCATIF
-
1. La dépense intérieure
d'éducation
- a) La notion de dépense intérieure d'éducation
- b) L'évolution de la dépense intérieure d'éducation
- c) L'évolution de la dépense intérieure d'éducation par niveau d'enseignement
- d) L'évolution du répartition de la dépense intérieure d'éducation par financeur
- e) Les comparaisons internationales en matière de dépenses intérieures d'éducation
- 2. L'évaluation du système éducatif
-
1. La dépense intérieure
d'éducation
-
A. LES ÉLÈVES ET LA VIE SCOLAIRE
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 15
ÉDUCATION NATIONALE :
I.- ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Rapporteur spécial
: M. Adrien GOUTEYRON
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
A
titre liminaire
, votre rapporteur spécial souhaite rappeler quatre
séries de chiffres :
- le budget de l'enseignement scolaire a augmenté de
8,3 milliards d'euros (soit plus de 54 milliards de francs)
entre 1997 et 2001, et le projet de loi de finances pour 2002 propose de
l'augmenter de 2,1 milliards d'euros
(soit 13,5 milliards de francs) supplémentaires. Au total, le
budget de l'enseignement scolaire aura donc absorbé entre 1997 et 2002
près de
10,4 milliards d'euros
(soit près de 68
milliards de francs)
supplémentaires
;
- en francs courants, la progression du budget de l'enseignement scolaire entre
1997 et 2002 à structure constante représente ainsi près
de 40 % de celle du budget général de l'Etat à structure
constante ;
- en francs constants, la progression du budget de l'enseignement scolaire
entre 1997 et 2002 à structure constante équivaut à plus
de 85 % de celle du budget général de l'Etat à structure
constante
1(
*
)
;
- durant le même laps de temps, le
nombre d'élèves
de l'enseignement scolaire s'est
réduit
de plus de 300.000, de
sorte que le coût annuel d'un élève se sera accru de 18 %
à prix constants.
Ces rappels ne visent aucunement à « diaboliser »
les dépenses publiques en matière d'enseignement scolaire, mais
à souligner l'enjeu que constitue leur bonne utilisation.
En effet, contrairement à certaines idée reçues, la
progression du budget de l'Education nationale ne peut s'expliquer par
l'amélioration de la
qualité
du service rendu.
Certes, les locaux d'enseignement ont été largement
rénovés, mais cela résulte de l'action des
collectivités locales.
Pour le reste, on peut s'inquiéter :
- de la «
déscolarisation »
croissante
d'élèves de plus en plus en plus jeunes (théoriquement
soumis à l'obligation de scolarité, mais de fait en situation de
rupture vis-à-vis du système éducatif), qui se traduit
notamment par la remontée
2(
*
)
depuis 1996
du nombre de jeunes qui sortent chaque année du système
éducatif sans aucune qualification, c'est à dire dont le niveau
est en deçà du CAP (au nombre de 60.000 en 1999), comme du nombre
de jeunes qui sortent du système sans aucun diplôme
(au nombre de 109.000 en 1999), alors que ces chiffres avaient tendance
à baisser ;
- de l'augmentation préoccupante du nombre d'établissements
minés par la
violence
et les incivilités, comme le
soulignait l'inspection générale de l'administration de
l'Education nationale (IGAEN) dans son rapport général pour
1999 ;
- enfin, de la persistance des
inégalités
, de
récents travaux de l'INSEE
3(
*
)
démontrant que les réformes mises en place au début des
années quatre-vingt-dix n'ont pas réduit les
inégalités sociales devant l'échec scolaire entre 1990 et
1999.
Les crédits supplémentaires affectés à
l'enseignement scolaire dans le projet de loi de finances pour 2002 appellent
ainsi
quatre
séries d'observations, relatives respectivement aux
réformes pédagogiques, à la gestion des personnels,
à la définition des tâches des enseignants, enfin à
l'allocation générale des ressources entre l'enseignement
scolaire et l'enseignement supérieur.
Votre rapporteur spécial
approuve
certaines mesures inscrites
dans le projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2002, notamment la
relance de
l'internat
pour aider les élèves et les
familles en difficulté, le renforcement du dispositif
médico
-
social
en faveur des élèves ou le
développement des
bourses
de mérite.
Votre rapporteur spécial se félicite tout particulièrement
de la poursuite du plan « Handiscol », qui vise à
promouvoir l'intégration scolaire des élèves
handicapés
.
Il convient d'ailleurs que ce dispositif soit conforté et
pérennisé au-delà des trois années initialement
prévues.
On peut aussi souhaiter que l'ambition du ministère de l'Education
nationale en matière d'intégration des personnes
handicapées s'étende enfin aux
personnels
. En effet, les
rapports du Médiateur de l'Education nationale
4(
*
)
ont montré que l'administration ne se souciait
jusqu'ici guère d'appliquer effectivement et loyalement la
législation en vigueur.
On peut également se féliciter du renforcement des
évaluations
nationales, à la fois comme appui au
diagnostic et au traitement personnalisé des difficultés des
élèves, et comme élément de bilan pour la
communauté pédagogique dans son ensemble.
Enfin, votre rapporteur spécial se réjouit de la
rénovation de la
formation
initiale
des enseignants. Les
études effectuées par le Conseil national
d'évaluation
5(
*
)
avaient en effet
montré que les Instituts universitaires de formation des maîtres
(IUFM) «
remplissaient pour l'essentiel les missions pour lesquels
ils avaient été créés
», mais
demeuraient insuffisamment ouverts sur leur environnement et n'accompagnaient
pas assez les jeunes enseignants dans leurs premières années.
Dans ces conditions, la restriction de l'accès aux postes de formateurs
en IUFM aux enseignants ayant effectivement une expérience
récente de l'enseignement, l'introduction de stages de sensibilisation
à l'enseignement en première année d'IUFM (c'est à
dire avant les concours), la création d'une véritable
épreuve d'entretien à l'oral des concours, la
professionnalisation de la seconde année d'IUFM (pour les candidats
reçus aux concours) et surtout l'introduction de périodes de
formation continue pendant les premières années de la
carrière, constituent autant d'avancées.
Cependant, à l'instar du rapport général pour 1999 de
l'inspection générale de l'administration de l'Education
nationale (IGAEN), on peut s'inquiéter de l'absence de politique
générale
d'orientation
, qui constitue pourtant une
modalité essentielle de lutte contre l'échec scolaire et
universitaire.
On peut également s'inquiéter du flou des nouvelles orientations
du ministre en faveur du
collège
, notamment de l'absence
d'indications claires sur l'avenir de leurs sections d'enseignement
général et professionnel adapté (SEGPA), pourtant
caractérisées par des dysfonctionnements administratifs et des
pratiques pédagogiques très inégales
6(
*
)
.
Au demeurant, on peut s'interroger sur l'effectivité d'une
nouvelle
réforme
des collèges, alors que les
réformes de 1994 commençaient tout juste à s'appliquer et
que les réformes les plus récentes embrayaient toujours
inégalement sur les pratiques locales. Les raisons de ces retards sont
d'ailleurs connues : information tardive des établissements,
circulaires difficiles à décrypter, défaut de pilotage
académique, absence de formation des enseignants, multiplicité
déconcertante des objectifs etc.
Plutôt que de nouvelles rafales de réformes pédagogiques
concoctées par l'administration centrale, il semble que l'Education
nationale ait aujourd'hui davantage besoin de
souplesse
pour s'adapter
au changement, pour favoriser les innovations et surtout pour faire face
à l'hétérogénéité croissante des
élèves.
On peut donc regretter que les mesures annoncées en faveur de
l'autonomie
des établissements et de la
responsabilisation
des personnels de direction demeurent extrêmement timides.
S'agissant enfin de
l'école primaire
, on peut s'étonner de
la
multiplicité des objectifs
qui ont été
énoncés par le ministre : d'un côté,
«
gagner la bataille de la lecture et de
l'écriture
»
7(
*
)
,
c'est à dire recentrer l'école sur les
savoirs
fondamentaux
; de l'autre promouvoir à la fois l'apprentissage d'une
langue étrangère, l'expérimentation scientifique,
l'initiation aux nouvelles technologies de la communication et de
l'information, l'éveil artistique et culturel et l'apprentissage de la
citoyenneté.
Votre rapporteur spécial relève d'ailleurs une surprenante
discordance entre les
objectifs
énoncés dans le nouveau
« plan national pour l'école primaire »
(«
tous les élèves doivent accéder à
une maîtrise suffisante de la langue orale et
écrite
») et ceux qui sont désormais
associés à l'agrégat « enseignement
primaire » dans le projet de loi de finances pour 2002 (mettre en
place l'enseignement d'une langue vivante à l'école primaire,
rénover l'enseignement des sciences et développer
l'éducation artistique ).
Et votre rapporteur spécial regrette à cet égard que
l'objectif consistant à améliorer les
connaissances
fondamentales
en mathématiques et en Français ait disparu,
alors qu'il avait été retenu dans le projet de loi de finances
pour 2001.
On peut pourtant rappeler qu'une bonne politique éducative ne repose pas
seulement sur des discours regrettant qu'il n'y ait pas deux semaines de
vacances à la Toussaint
8(
*
)
ou sur des
mesures
d'animation
sympathiques, comme la création d'une semaine
de la solidarité internationale ou un plan d'éveil au goût.
On peut ainsi s'interroger sur les conditions de mise en oeuvre de la
généralisation de
l'enseignement des langues vivantes à
l'école primaire
. Certes, cette mesure répond à la
demande sociale exprimée par les familles et plaît aux
élèves. Elle se traduit toutefois par le recours
désordonné à une multiplicité d'intervenants
extérieurs (assistants étrangers, locuteurs natifs,
étudiants, etc.) très mal préparés à ce type
d'enseignement et très difficiles à recruter dans certaines zones
rurales.
En outre, les premières
évaluations
pédagogiques de
l'initiation aux langues vivantes en classe de CE2 n'en démontrent
guère l'intérêt : la différence entre les
élèves ayant bénéficié de cet enseignement
et les autres est très rapidement gommée en
6
ème
, et l'absence d'évaluation, de travail personnel
voire parfois de structuration des enseignements de langue à
l'école primaire ne permet pas aux élèves de prendre la
mesure des efforts nécessaires à l'apprentissage d'une langue
étrangère. Or on peut se demander si l'introduction de cet
enseignement ne conduit pas, pour certains élèves, à un
effet d'éviction au détriment des autres matières.
Quoi qu'il en soit, l'ensemble des réformes pédagogiques
précédentes n'expliquent que quelques pourcents (de 3 à 5
% tout au plus) de l'augmentation des crédits de l'enseignement scolaire
en 2002, tandis que les créations d'emplois comptent pour environ 10 %
et la progression des dépenses de retraite et les mesures de
revalorisation des personnels pour plus de 85 %.
Ce constat conduit votre rapporteur à sa seconde série
d'observations, relatives aux créations d'emplois budgétaires.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit la création de
près de 10.942 emplois budgétaires et la progression des
effectifs rémunérés sur les crédits de
l'enseignement scolaire à la rentrée 2001 et à la
rentrée 2002 explique environ 10 % de la hausse des crédits de
l'enseignement scolaire.
A quoi sert cette hausse ?
A priori
, on peut penser que la progression du nombre d'enseignants,
dans un contexte caractérisé par la baisse du nombres
d'élèves, permet une réduction significative du nombre
d'élèves par classe.
Cependant, le lien entre d'un côté le taux apparent d'encadrement,
c'est à dire le ratio nombre d'élèves / nombre
d'enseignants et de l'autre côté le nombre d'élèves
par classe est parfois ténu.
En effet, selon la Cour des Comptes
9(
*
)
, 12 % des
enseignants du second degré n'enseignent pas et le « rendement
moyen » des enseignants des enseignants du second degré, c'est
à dire leur nombre d'heures de cours moyen tend à se
réduire en raison de la multiplication des décharges comme d'un
effet de structure (l'augmentation de la proportion des agrégés,
dont l'horaire d'enseignement est moindre, et la baisse de celle des PEGC, dont
l'horaire d'enseignement est plus élevé). A titre d'exemple, la
Cour des Comptes a calculé que la diminution du rendement moyens des
emplois d'enseignants équivalait, pour la seule académie de
Nantes, à la perte de 1.180 emplois entre 1994 et 1998.
De même, le rapport général de l'IGAENR pour 1999 observait
dans les écoles primaires «
une diminution des moyens
consacrés à l'enseignement dans les classes
», au
profit notamment du remplacement, des décharges et des fonctions
d'animation et de soutien.
Ceci explique que le repli du nombre moyen des élèves par classe
soit très modeste, en dépit de la baisse du nombre total des
élèves.
Or le Haut Conseil de l'évaluation de l'école créé
en l'an 2000 par le ministre de l'Education nationale, a conclu dans son
premier avis en date de mars 2001, relatif aux effets de la réduction de
la taille des classes sur les progrès des élèves :
«
il semble exister un effet positif - mais faible - sur les
progrès des élèves, effet observé presque
uniquement dans les petites classes de l'enseignement primaire, qui semble ne
se produire que si l'on procède à une forte réduction de
la taille des classes, et qui n'est vraiment visible que pour les enfants de
familles défavorisées...
ce qui invalide la pratique de
réduction de la taille des classes au fil de l'eau ou
délibérée telle qu'elle a été
réalisée ces dernières années en mettant à
profit la baisse démographique
... d'autant plus que certaines
politiques peuvent être plus efficientes que la réduction de la
taille des classes
».
Le ministère de l'Education nationale en est d'ailleurs bien conscient,
puisqu'il a
supprimé
cette année dans le bleu
budgétaire toute référence à la baisse du nombre
d'élèves par classe dans les objectifs assignés aux grands
agrégats, sauf pour les élèves de ZEP.
Dans ces conditions, on pourrait
s'étonner
que le ministre de
l'Education nationale mette toujours en avant l'amélioration des taux
apparents d'encadrement dans ses discours de présentation du budget de
l'enseignement scolaire pour 2002.
En fait, la réponse à cette question peut être
trouvée dans le rapport général de l'IGAENR pour l'an
2000 : les créations d'emplois d'enseignants servent à
limiter les dysfonctionnements de la rentrée au prix d'une
surconsommation de moyens
(augmentation artificielle des fonctions
support de l'enseignement, surdimensionnement des effectifs de
remplaçants, enseignants sans élèves dans certaines
académies, etc.)
Ceci résulte de ce que le ministère de l'Education nationale est
incapable de gérer quantitativement ses personnels.
Certes, on doit saluer une prise de conscience et de réels
progrès
. La pratique dite du « surcalibrage »
des concours tend à se réduire. Les systèmes de suivi et
d'analyse de la consommation des emplois du ministère s'affinent. Le
contrôle local de l'emploi s'améliore. La présentation des
documents budgétaires gagne en clarté. La refonte de la
nomenclature budgétaire accroît la lisibilité du projet de
loi de finances. Le bleu budgétaire propose désormais une
esquisse de comptabilité analytique.
Malheureusement, le diagnostic formulé en 1999 par la
commission
d'enquête du Sénat
sur la gestion des personnels enseignants
demeure d'actualité, comme le soulignent à la fois la Cour des
Comptes (dans son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat
d'avril 2001) et l'IGAENR (dans son rapport général pour 2000).
La Cour des Comptes observe ainsi qu'«
aucune des académies
contrôlées n'est en mesure de fournir à une date
donnée le nombre exact des enseignants qu'elle est chargée de
gérer et leur répartition en fonction de leur affectation et de
leur discipline.
Cette méconnaissance
- qui fait écho
à celle existant au niveau central - est révélatrice d'un
système qui n'est ni maîtrisé, ni
contrôlé
».
Il en résulte une «
mécanique
inflationnniste
» où l'ensemble des acteurs cherchent
à se donner de la souplesse en utilisant diverses manipulations pour
«
créer artificiellement des postes
» et pour
«
utiliser le volant disponible d'enseignants recrutés par
excès au niveau central
».
Selon la Cour des Comptes, les
sureffectifs
et les
surnombres
ont
ainsi atteint des niveaux records dans les académies en l'an 2000.
L'IGAENR ajoute que cette «
surconsommation de
moyens
» pour «
maîtriser techniquement la
rentrée
» résulte notamment «
d'un
excès de centralisme [des décisions] au coeur de la
déconcentration
».
La Cour des Comptes remarque d'ailleurs à cet égard que
«
la gestion des enseignants du secteur privé est plus
simple car elle est plus décentralisée... Cette disposition a
pour principal mérite d'assurer localement une adéquation presque
totale entre les besoins d'enseignement et le corps professoral d'un
établissement. Contrairement au secteur public, il n'y a pas de
sureffectifs dans
l'enseignement privé
».
Cette
gabegie
de moyens s'étend d'ailleurs aux
établissements sous tutelle
du ministère de l'Education
nationale : des contrôles effectués par l'IGAENR sur le
Muséum national d'histoire naturelle et sur l'Institut national de
recherche pédagogique (INRP) y ont en effet trouvé une
«
gestion fort éloignée de l'optimum
».
Dans ces conditions, votre rapporteur spécial
regrette
que le
ministre de l'Education nationale s'investisse si peu dans la modernisation de
la
gestion
de son administration.
Dans ces conditions, on peut aussi s'interroger sur les
hypothèses
sous-jacentes aux
plans pluriannuels
de
recrutement et de création d'emplois. On peut en effet rappeler que le
ministère avait chiffré l'an passé ses besoins annuels de
recrutement d'ici à 2005 à 14.500 personnes par an pour le
premier degré et à 13.833 pour le second degré dans les
réponses aux questionnaires budgétaires de la commission des
finances, tout en annonçant quelques semaines plus tard dans le cadre du
plan pluriannuel des « besoins » annuels de recrutement de
12.500 personnes par an pour le premier degré et de 17.600 pour le
second degré, soit respectivement - 15 % et + 27 %. Or le
ministre de l'Education nationale n'a toujours pas transmis d'explication
convaincante à ces écarts.
On peut en outre s'étonner du contraste entre le discours relatif
à la « pénurie » d'enseignants et le
prolongement de dispositifs coûteux (comme de congé de fin
d'activité) permettant aux enseignants de
cesser
leur
activité
de manière anticipée.
Incapable de gérer qualitativement ses personnels, le ministère
de l'Education nationale par ailleurs également bien en peine de les
gérer
qualitativement
.
A titre d'exemple, l'IGAENR
10(
*
)
souligne ainsi
que la décision «
prometteuse
»
arrêtée en 1994 de créer des directions académiques
des ressources humaines connaît à ce jour «
une
incarnation incertaine
»
Dès lors votre rapporteur spécial s'inquiète des
conséquences pour le fonctionnement des établissements de la
réduction du temps de travail
annuel des personnels
administratifs et techniques à partir de 2002.
On peut aussi s'inquiéter des perspectives ouvertes aux
aides
éducateurs :
nombre d'entre eux n'ont toujours pas reçu
de formation et le retournement du marché du travail pourrait rendre
particulièrement difficile la réinsertion professionnelle de ceux
dont le contrat de cinq ans arrivera prochainement à
échéance, même si le gouvernement a d'ores et
déjà annoncé qu'ils pourront prolonger leur contrat
jusqu'à la fin de l'année scolaire 2003. En effet, une
étude publiée en septembre 2000 par le Centre d'études et
de recherches sur les qualifications (CEREQ) suggérait qu'il n'avaient
guère acquis de compétences précises à faire valoir
auprès d'un employeur extérieur.
En outre, votre rapporteur spécial rappelle que les
précédents de l'Education nationale en matière d'emplois
précaires n'invitent guère à l'optimisme. D'un
côté, les
maîtres auxiliaires
, en moyenne beaucoup
plus qualifiés que les aides éducateurs, auront été
progressivement et difficilement intégrés. De l'autre, un rapport
réalisé en mai 1999 par l'Inspection générale de
l'administration de l'éducation nationale (IGAENR) estimait
« sombre » le bilan de l'insertion professionnelle des
maîtres d'internats et surveillants d'internat (MI-SE), c'est à
dire des « pions », en principe recrutés sur
critères sociaux parmi les jeunes
« méritants » souhaitant poursuivre des
études supérieures, et plus particulièrement parmi les
jeunes souhaitant préparer les concours d'accès aux fonctions
d'enseignement. En effet, la conciliation de leur service et de leur formation
est difficile, de sorte que leurs chances de réussite aux concours sont
faibles et leur insertion professionnelle problématique.
L'exemple des aides éducateurs est d'ailleurs emblématique des
dysfonctionnements de la
formation continue
des personnels de
l'Education nationale.
Les
crédits
de formation continue inscrits en loi de finances
initiale n'atteindront en 2002 que le tiers de leur niveau de 1993 et,
même si l'on prend en compte le coût des remplacements, l'Education
nationale dépense beaucoup moins que les grandes entreprises pour la
formation de ses personnels. En outre, les rapports de l'IGAEN
11(
*
)
soulignent chaque année que
l'opportunité
des actions de formation conduites reste
«
difficile à appréhender
», et que
les programmes de formation, mal suivis et pilotés
«
généralement sans conviction
», se
caractérisent par un «
décalage croissant entre les
objectifs affichés et les réalisations
».
Or l'enjeu de la formation continue des personnels de l'Education nationale se
fait de plus en plus pressant, en raison notamment de la diffusion de nouveaux
outils (comme les NTIC) comme de la nécessité d'enseigner des
savoirs plus étendus (comme les langues étrangères pour
les enseignants du primaire).
Cet enjeu rejoint d'ailleurs celui de la
rénovation des charges de
service
des enseignants.
On peut rappeler que la hausse de la
masse salariale
directe du budget
de l'enseignement scolaire aura absorbé à elle seule plus de 95 %
de la progression de ce budget entre 1997 et 2002.
Or la progression de la masse salariale ne résulte guère de celle
des effectifs occupés. Elle s'explique pour l'essentiel par
l'augmentation de la valeur du point de la fonction publique, par la
progression des pensions, et surtout par la mise en oeuvre des plans successifs
de revalorisation des corps du ministère. De ce point de vue, le projet
de loi de finances pour 2002 ne fait pas exception puisque 85 % de la hausse du
budget de l'enseignement scolaire s'explique par l'augmentation du coût
des pensions et par les mesures de revalorisation des personnels.
Selon les calculs réalisés pour la période 1990-1999 par
la Cour des Comptes, dans le cadre de son rapport sur l'exécution des
lois de finances pour 1999, et prolongés par votre rapporteur
spécial pour les années 2000-2001,
la seule application du
plan Jospin et du protocole Durafour
générera ainsi
2,4 milliards d'euros
(16 milliards de francs) de
dépenses annuelles supplémentaires en 2001.
Or, si la progression du pouvoir d'achat des fonctionnaires au travers de la
revalorisation du point de la fonction publique est légitime, la
revalorisation
inconditionnelle et systématique des corps de
l'Education nationale ne saurait être une fin en soi et votre rapporteur
regrette que les mesures de revalorisation des corps d'enseignant ne
s'accompagnent pas d'une réflexion sur la
redéfinition
et
sur la
modernisation
de leurs
charges de service
.
En effet, le
métier
d'enseignant a d'ores et déjà
beaucoup
changé
avec le développement de pratiques
pédagogiques comme les travaux pratiques encadrés, qui reposent
sur la pluridisciplinarité, la constitution d'équipes
pédagogiques, le travail en petits groupes et l'encadrement
personnalisé des élèves.
Ces évolutions devraient se
prolonger
grâce à la
diffusion des NTIC : le ministre de l'Education nationale souligne ainsi
que «
les professeurs utiliseront Internet pour l'enseignement ou
le suivi à distance, grâce par exemple au courrier
électronique, ce qui permettra une plus grande proximité avec les
élèves ou les parents
»
12(
*
)
.
Ces évolutions devraient également se poursuivre en raison de
l'importance croissante accordée aux projets d'établissements et
à
la vie des établissements
, notamment dans le cadre des
politiques de lutte contre la violence : comme le rappelle d'ailleurs le
bleu budgétaire, la seule présence d'adulte favorise la
diminution de la violence dans les établissements du second degré.
Dans ces conditions l'image de l'enseignant comme celui qui professe son cours,
puis rentre chez lui corriger ses copies, est datée.
Or la définition du service des enseignants à partir d'heures de
cours repose sur cette image.
On peut d'ailleurs remarquer que cette définition est
particulière à certains pays de l'OCDE, comme l'Allemagne, la
Belgique, la Finlande, la France et le Portugal, la plupart des autres pays
combinant dans les obligations de service des enseignants des heures de cours
et d'autres activités.
En France, le contraste entre l'évolution du métier des
enseignant et l'archaïsme de leurs obligations de service conduit ainsi
à des
ajustements
de moins en moins maîtrisés
(multiplication des types de décharge, dérive des heures
supplémentaires, etc.).
L'ampleur du
renouvellement
des enseignants liés aux
départs en retraite prévus au cours de la prochaine
décennie constitue pourtant une
occasion
historique pour la
rénovation du statut et de la gestion des enseignants, en même
temps qu'elle la rend urgente, comme le soulignait M. Eric Espéret
dans un rapport relatif aux enseignants-chercheurs du supérieur.
Enfin, comme son homologue pour l'enseignement supérieur, votre
rapporteur spécial s'étonne de l'allocation des moyens au sein du
ministère de l'Education nationale entre l'enseignement scolaire et
l'enseignement supérieur. On peut en effet rappeler trois séries
de chiffres :
- en premier lieu, entre 1975 et l'an 2000, la dépense intérieure
d'éducation par élève à augmenté, à
prix constants, de 91 % pour le premier degré et de 72 % pour le second
degré, contre seulement 27 % pour l'enseignement supérieur. En
d'autres termes, la progression des moyens accordés à
l'enseignement supérieur n'a pas suivi la démographie
étudiante ;
- en second lieu, la France est l'un des pays de l'OCDE qui dépensent le
moins pour l'enseignement supérieur, alors qu'elle dépense
déjà plus que la moyenne pour l'enseignement scolaire : en
1998, la dépense intérieure d'éducation en faveur de
l'enseignement supérieur représentait 1,9 % du PIB en
France, contre 2,2 % en moyenne dans les pays de l'OCDE, tandis que la
dépense intérieure d'éducation en faveur de l'enseignement
scolaire représentait 4,4 % du PIB en France, contre 3,7 % en moyenne
dans les pays de l'OCDE ;
- rapportés aux effectifs d'élèves et d'étudiants,
ces écarts sont encore plus importants. Comparées à la
moyenne des pays de l'OCDE
13(
*
)
, les
dépenses par élève ou étudiant exprimées en
parité des pouvoir d'achat sont en effet en France inférieures de
9 % pour l'école maternelle et de 4 % pour l'école primaire, mais
elles sont supérieures de 46 % pour le collège et de 35 % pour le
lycée, alors qu'elles sont inférieures de 35 % pour
l'enseignement supérieur. La France dépense ainsi
proportionnellement deux fois plus pour ses lycéens que pour ses
étudiants.
Ces écarts résultent, pour une faible part, de ce que le nombre
d'enseignants par lycéen est de 10 % plus élevé en France
qu'en moyenne dans les autres pays de l'OCDE, alors que le nombre d'enseignant
par étudiant est plus faible. Ces écarts résultent
surtout, selon les analyses transmises à votre rapporteur par le
ministère de l'Education nationale, de ce que le salaire des enseignants
du secondaire en fin de carrière est plus élevé.
Dans ces conditions, il semblerait ainsi logique d'accorder une priorité
budgétaire aux dépenses visant à faciliter la
démocratisation de
l'enseignement supérieur
.
Tel fut d'ailleurs le cas sur la période 1990-1999 : les
crédits de l'enseignement supérieur ont progressé de 86 %
en francs courants, contre 49 % pour les crédits de l'enseignement
scolaire.
Cependant, le projet de budget pour 2002 et le budget pour 2001 se
caractérisent par une surprenante
inflexion
en faveur de
l'enseignement scolaire.
Le projet de loi de finances pour 2002 propose ainsi d'accroître
respectivement les crédits de l'enseignement scolaire de 4,5% par
élève
14(
*
)
et les crédits
de l'enseignement supérieur de 1,8 % par étudiant en prix
constants, soit de respectivement + 2,8 % par élève et + 0,1
% par étudiant.
Cet écart ne répond à aucune préoccupation de bonne
allocation des ressources publiques.
AVANT-PROPOS
Les
crédits demandés pour le budget de l'enseignement scolaire dans
le projet de loi de finances pour 2002 s'élèvent à
52,701 milliards d'euros
(345,70 milliards de francs), contre 50,620
milliards d'euros (332,04 milliards de francs) en l'an 2001, soit une
progression de 4,11 %
(contre + 2,82 % à structure constante
en 2001
15(
*
)
).
Dans son discours
16(
*
)
de présentation du
projet de budget pour 2002, le ministre de l'Education nationale indiquait
qu'il s'agissait là «
de la plus forte progression en
valeur absolue depuis le budget qu'il avait fait adopter en 1993 et l'une des
plus fortes progressions en volume
».
Cette assertion mérite d'être
nuancée
. En effet,
l'augmentation du budget de l'enseignement scolaire dans le projet de loi de
finances pour 2002 (soit + 2.082 millions d'euros) résulte :
- à hauteur de 802 millions d'euros de l'ajustement du niveau de la
participation du ministère aux charges de pensions, qui avait
été sous-estimée ;
- à hauteur d'environ 350 millions d'euros de ce que les crédits
destinés à la rémunération des personnels en
activité et aux charges sociales
17(
*
)
avaient été sous-estimés dans le budget de l'enseignement
supérieur pour 2001, construit sous l'hypothèse, qui ne sera pas
confirmée, d'absence de revalorisation du point de la fonction publique.
On peut d'ailleurs rappeler que les crédits évaluatifs
destinés aux rémunérations et aux charges sociales sont
presque
systématiquement sous-estimés
: au cours de
la période 1990-2001, le budget voté n'aura permis de couvrir les
dépenses de rémunération de la première partie du
titre III que pour les années 1991, 1996, 1998, 1999 et 2000, et les
dépenses de charges sociales des chapitres 33-90 et 33-91 que pour les
années 1995, 1996 et 2000.
Si l'on tient compte ne serait-ce que de la sous-estimation des crédits
évaluatifs destinés à la rémunération et aux
charges sociales des personnels en activité dans la loi de finances
initiale pour 2001, la progression « réelle » du
budget de l'enseignement scolaire ressort ainsi à + 3,4 % en 2002,
et à + 3,6 % en 2001
18(
*
)
, ce qui
correspond à un rythme légèrement
inférieur
en valeur à celui des années précédentes
(+ 3,46 % en l'an 2000, + 4,13 % en 1999, et + 3,15 % en
1998), comme à celui des années 1994-1996 (+ 4,0 % par an en
moyenne).
A prix constants
19(
*
)
, la progression du budget
de l'enseignement scolaire s'inscrit d'ailleurs en net repli au cours des
années 2001-2002
20(
*
)
(+ 1,8 % par
an en moyenne) par rapport aux années 1998-2000 (+ 2,8 % par an en
moyenne)
Cependant, le budget de l'enseignement scolaire à structure constante
aura augmenté en valeur de 19 % sur la législature
1997-2002, et même de 21,6 % si l'on rattache à
l'enseignement scolaire le coût des aides éducateurs pris en
charge par le ministère de l'emploi et de la solidarité
, ce
qui correspond à des progressions respectives de 13 % et
de 15 % à prix constants.
Compte tenu de ce que le budget général de l'Etat n'aura
progressé entre 1997 et 2002, selon les calculs du ministère de
l'Economie et des finances, que de 8,9 % à structure de 1998 constante
(et de 3 % à prix constants),
le seul budget de l'enseignement
scolaire aura absorbé au cours de la législature 1997-2002 plus
de 40 % de la progression du budget général de l'Etat en francs
courants et plus de 85 % de la progression du budget de l'Etat en francs
constants
.
On peut s'interroger sur la
pertinence
de cette allocation des moyens.
En effet, durant le même laps de temps, c'est à dire entre la
rentrée 1996-1997 et la rentrée 2001-2002,
le nombre
d'élèves s'est réduit
de 184.000 (- 2,7 %)
dans l'enseignement primaire et de 122.000 (- 2,2 %) dans
l'enseignement secondaire.
En outre, selon les prévisions du ministère, le nombre
d'élèves devrait se stabiliser au cours des cinq prochaines
années (+ 212.000 pour l'enseignement primaire, mais - 171.000
pour l'enseignement secondaire entre la rentrée 2001 et la
rentrée 2006).
Evolution des effectifs d'élèves
dans les établissements du premier et du second degré
(Public + privé, France métroplitaine + DOM)
(en milliers)
Rentrée |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
1 er degré |
6 721 |
6 650 |
6 606 |
6 572 |
6 552 |
6 536 |
2 nd degré |
5 736 |
5 719 |
5 692 |
5 664 |
5 619 |
5 600 |
Enseignement post-baccalauréat |
272 |
272 |
271 |
272 |
272 |
272 |
Total |
12 729 |
12 641 |
12 570 |
12 508 |
12 442 |
12 407 |
Source : ministère de l'Education nationale
En d'autres termes, le coût budgétaire d'un élève
a déjà augmenté de plus de 19 % en francs courants (et de
près de 15 % en francs constants) au cours des quatre dernières
années, et le présent projet de loi de finances propose de
l'accroître encore de 4,5 % en francs courants en 2002 (et de près
de 3 % en francs constants).
L'opportunité de cette hausse est d'autant plus contestable que le
budget de l'enseignement scolaire est extraordinairement
rigide
.
En effet, selon les estimations de la Cour des Comptes,
97 % de ces
crédits
sont directement ou indirectement affectés à
des
dépenses
de
personnel
, cette proportion s'étant
d'ailleurs sensiblement accrue au cours des années 1990.
Les efforts de maîtrise des dépenses n'en seront donc à
l'avenir que plus difficiles.
CHAPITRE PREMIER :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS
A. VUE D'ENSEMBLE ET ANALYSE RÉTROSPECTIVE
Avec
52,701 milliards d'euros
(345,70 milliards de francs)
de
crédits demandés pour 2002, le budget de l'enseignement scolaire
est de loin le
premier budget de l'Etat
, et représente
près de la moitié de l'effort total de la Nation en faveur de
l'éducation.
Selon les reconstitutions opérées par la direction des affaires
financières du ministère en l'an 2000, ce budget
rémunérait
1.220.000 personnes-équivalent temps
plein en l'an 2000
(dont 947.000 emplois budgétaires).
Le budget de l'enseignement scolaire aura augmenté de 71 % en
francs courants sur la période 1991-2002 (cf. tableau ci-dessous).
Evolution du budget de l'enseignement scolaire depuis 1991
(en milliards d'euros)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PLF
|
Budget de l'enseignement scolaire |
33,2 |
34,6 |
36,9 |
38,3 |
40,0 |
41,4 |
42,3 |
43,6 |
45,5 |
47,0 |
50,6 |
52,7 |
Accroissement en % |
9 |
4,13 |
6,61 |
3,84 |
4,34 |
4,16 |
1,5 |
3,15 |
4,13 |
3,46 |
7,63 |
4,11 |
Budget de l'éducation nationale |
37,9 |
40,0 |
42,9 |
44,4 |
46,4 |
48,4 |
49,4 |
51,0 |
53,2 |
55,0 |
59,2 |
61,4 |
Accroissement en % |
9,19 |
5,72 |
7,31 |
3,48 |
4,43 |
4,27 |
2,14 |
3,14 |
4,3 |
3,3 |
7,51 |
3,85 |
Part du budget de l'enseigne-ment scolaire dans le budget de l'Etat (en %) |
16,8 |
17 |
17,3 |
17,3 |
17,6 |
17,6 |
17,7 |
18 |
18,4 |
18,3 |
19,4 |
19,8 |
Selon les calculs effectués par le bureau des études de la direction des affaires financières du ministère, et publiés en avril 2001 ans le cadre de la brochure annuelle « Financement et effectifs de l'enseignement scolaire 21( * ) », la progression d'ensemble du budget de l'enseignement scolaire entre 1990 et l'an 2000 (+ 32,5 % en francs constants 22( * ) ) se caractérise toutefois par des évolutions très contrastées des différentes catégories de dépenses , soit, en francs constants :
-
• + 34,9 % (soit + 75,28 milliards de francs) pour les
dépenses de personnels ;
• + 30,4 % (soit + 0,98 milliard de francs) pour les bourses et les fonds sociaux ;
• + 21,8 % (soit + 1,03 milliard de francs) pour l'enseignement privé, hors rémunérations ;
• + 0,6 % (soit + 0,02 milliard de francs) pour le fonctionnement ;
• - 14,1 % (soit - 0,21 milliard de francs) pour les crédits pédagogiques ;
• - 14,6 % (soit - 0,32 milliard de francs) pour les interventions (hors bourses) ;
• - 28,3 % (soit - 0,21 milliard de francs) pour la formation (hors rémunérations) ;
• - 53,2 % (soit - 0,81 milliard de francs) pour les investissements.
Compte tenu de la progression des effectifs rémunérés sur le budget de l'enseignement scolaire (environ + 5 % 23( * ) sur la même période, hors emplois jeunes), la hausse du budget de l'enseignement scolaire en volume aura donc été consacrée aux 5/6èmes à la progression du pouvoir d'achat moyen des personnels , notamment sous l'effet des plans de revalorisation successifs de la quasi-totalité des corps de l'enseignement scolaire.
Quoi qu'il en soit, on peut rappeler que le budget de l'enseignement scolaire ne donne qu'un reflet flou des dépenses de l'Etat en faveur de l'enseignement primaire et secondaire :
- d'un côté, l'ensemble des dépenses d'administration générale afférentes à l'enseignement supérieur (rémunérations et pensions des personnels d'administration centrale et d'inspection, action sociale, frais de justice et réparations civiles, etc.), sont imputées sur le budget de l'enseignement scolaire, et le budget de l'enseignement scolaire prend à sa charge les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles, ainsi que celles des sections de techniciens supérieurs situés dans les lycées, pour un coût annuel de plus de 2 milliards d'euros ;
- inversement, les dotations des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont imputés sur la section « enseignement supérieur » du budget de l'Education nationale.
De plus, le ministère de l'Agriculture (pour l'enseignement agricole), le ministère des Affaires étrangères (pour l'enseignement français à l'étranger), le ministère de la Défense (pour les écoles militaires), participent à l'enseignement scolaire, à hauteur respectivement de 890 millions d'euros, 404 millions d'euros 24( * ) et 1.072 millions d'euros en 1999 selon les comptes de l'éducation publiés en décembre 2000 par la direction de la programmation et du développement du ministère de l'Education nationale.
En outre, les charges de pensions sont nettement supérieures aux seuls crédits inscrits sur la section de l'enseignement scolaire : l'écart est pris en charge par le budget des charges communes, à hauteur de 1,6 milliard d'euros en l'an 2000, ce montant ayant augmenté de près de 80 % entre 1992 et 2000.
Enfin, le financement des postes d' emplois-jeunes « aides éducateurs » dans l'enseignement scolaire, au nombre de 70 000 25( * ) à la fin de l'an 2000, est majoritairement assuré par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, à hauteur de 904 millions d'euros pour l'an 2000 (contre 767 millions d'euros en 1999 ; 540 millions d'euros en 1998 et 92 millions d'euros en 1997).
Si l'on tient compte de ces deux derniers facteurs, la progression des dépenses d'enseignement scolaire apparaît d'ailleurs rétrospectivement beaucoup plus dynamique que ne le suggère l'évolution du seul budget de l'enseignement scolaire (cf. tableau ci-après).
Evolution du budget de l'enseignement scolaire et du coût des aides éducateurs sur la période 1996-2000
(en milliards d'euros)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Budget de l'enseignement scolaire (1) |
41,6 |
42,3 |
43,6 |
45,5 |
47,0 |
Accroissement en % |
|
1,5 |
3,15 |
4,13 |
3,46 |
Coût des aides éducateurs pris en charge par le ministère de l'emploi et de la solidarité (2) |
0 |
0,09 |
0,54 |
0,77 |
0,91 |
Total (1) + (2) |
41,6 |
42,4 |
44,1 |
46,3 |
47,9 |
Accroissement en % |
|
1,7 |
4,2 |
4,8 |
3,7 |
Coût des pensions pris en charges par le budget des charges communes (3) |
1,1 |
1,2 |
1,4 |
1,5 |
1,6 |
Total (1) + (2) + (3) |
42,7 |
43,6 |
45,6 |
47,7 |
49,5 |
Accroissement en % |
|
2,0 |
4,4 |
4,9 |
3,8 |
B. ANALYSE DES CRÉDITS PAR NATURE
Sous les réserves précédentes, le tableau ci-après retrace les crédits du budget de l'enseignement scolaire.
Récapitulatif des crédits du budget de l'enseignement scolaire
(en milliards d'euros)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution (en %) |
Titre III (Moyens des services) |
43,47 |
45,35 |
+4,3 |
dont rémunérations des personnels en activité |
28,09 |
28,90 |
+2,9 |
dont pensions |
10,08 |
10,93 |
+8,4 |
dont charges sociales |
3,80 |
3,99 |
+5,2 |
Titre IV (interventions) |
7,04 |
7,25 |
+2,9 |
Total Dépenses ordinaires |
50,51 |
52,60 |
+4,1 |
Dépenses en capital (crédits de paiement) |
0,106 |
0,106 |
+0,7 |
Total (DO + CP) |
50,62 |
52,70 |
+4,1 |
Cette
présentation appelle toutefois
trois remarques
.
En premier lieu, comme le soulignait la Cour des Comptes dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour l'année 2000,
«
le budget de l'enseignement scolaire mêle des
dépenses identifiées par nature et des dépenses
identifiées par destination. Les lignes consacrées ainsi à
quelques politiques [notamment les crédits pédagogiques],
comportent à la fois des dépenses de fonctionnement et des
dépenses en personnel [et] d'autres dépenses ne sont
identifiées que par leur seul objet
».
En second lieu, la
nomenclature
du budget de l'enseignement scolaire est
particulièrement
instable
: 29 chapitres sur 47 ont
été modifiés ou supprimés depuis 1997 et le projet
de budget pour 2002 comporte encore 25 mesures de transfert, ce qui rend
extrêmement difficile l'analyse des évolutions
détaillées sur une longue période.
S'agissant enfin de
l'exécution
du budget, la Cour des Comptes
notait dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
l'année 2000 des
améliorations
sensibles en matière
de prévision des dépenses de personnel, tout en relevant que ces
améliorations «
rencontrent des limites
»
dues au fait que «
le contrôle financier
déconcentré n'a pas encore produit la totalité des effets
qui en sont attendus. Outre que les procédures fiables de connaissance
précise de la dépense sont mises en oeuvre inégalement
dans les académies...[les procédures de recrutement au niveau
local ne permettent pas toujours une maîtrise de l'évolution de la
dépense]
».
En revanche, la Cour des Comptes soulignait que certains postes connaissent
«
un taux de consommation faible, et qui, de surcroît se
détériore. Une des explications tient vraisemblablement au
rythme de gestion
dans les services académiques. Celui-ci est
très irrégulier, les factures sont accumulées pour
règlement en fin d'année et dépassent alors la
capacité d'absorption des services ; une part des crédits
est aussi engagée en fin d'année, après la
rentrée : ainsi apparaissent à la fois une sous-consommation
des crédits et un reste à payer.
Le ministère éprouve aussi de grandes difficultés à
mettre en oeuvre des mesures intervenant en cours d'année ; c'est
ainsi que la loi de finances rectificative de [juin] 2000 a été
très mal exécutée et qu'une grande partie des mesures
nouvelles qu'elle prévoyait ne prendront effet ou ne seront
soldées qu'au cours de l'année 2001...
Le ministère ne dispose pas, en outre, de tous les
éléments nécessaires à un
suivi
efficace
des crédits de fonctionnement
, témoignant aussi
probablement de la priorité accordée par les services au suivi
des dépenses de personnel
».
Ce diagnostic est d'ailleurs confirmé par les études approfondies
du fonctionnement de plusieurs services académiques effectuées en
l'an 2000 par l'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR).
L'IGAENR relevait ainsi que dans une académie «
le
contrôle de la disponibilité des crédits n'est pas
réalisé au moment de l'engagement mais a posteriori. On ne peut
que regretter cette procédure, qui dans un établissement
d'enseignement, appellerait de sévères critiques
».
En outre, dans cette même académie «
les services de
gestion souffrent d'un manque de personnel de catégorie A et d'une
maîtrise insuffisante des réglementations, des délais et
des procédures
». Enfin, après avoir
regretté que la construction d'indicateurs et de tableaux de bord soit
laissée à la seule initiative des chefs d'établissement,
l'IGAENR concluait à cet égard «
on ne peut
[pourtant] renforcer les moyens distribués dans engager une
évaluation de leur utilisation ; or l'académie n'a
guère progressé dans ce domaine depuis de nombreuses
années
».
De même, après avoir déploré les surcoûts
induits par «
le fractionnement des fonctions entre divisions et
services, mais également... [la] subdivision excessive de l'organisation
à l'intérieur même de certaines divisions [les frais de
déplacement étant ainsi traités par deux bureaux
distincts ]
», l'IGAENR observait dans une autre académie
que «
le budget académique n'entre pas encore dans un
contrôle de gestion. Si la dépense est techniquement bien
maîtrisée, par contre les circuits adoptés, qui impliquent
plusieurs divisions des services académiques, ne permettent pas un
contrôle de la dépense finale
».
1. Les moyens des services (titre III)
Les
dépenses ordinaires constituent
99,8 % des crédits
du
budget de l'enseignement scolaire. Elles s'élèvent à 52,6
milliards d'euros (+ 4,1 %) dans le projet de loi de finances pour
2002.
Les
moyens des services
représentent 86 % des
dépenses ordinaires. Ils s'établissent à
45,34 milliards d'euros
en 2002.
Plus de 97 % des moyens des services, et plus 84 % des dépenses
ordinaires sont consacrées aux traitements des personnels en
activité, aux pensions des retraités et aux charges sociales,
soit une somme totale de 42,4 milliards d'euros
26(
*
)
.
Cela souligne, s'il en est encore besoin, l'enjeu que représentent la
politique salariale
et la
gestion prévisionnelle des
emplois
.
a) Les crédits destinés directement aux rémunérations et aux charges sociales des personnels
Les
dépenses directement
27(
*
)
consacrées aux rémunérations et aux pensions progressent
de 1.852 millions d'euros (+ 4,5 %) dans le projet de budget
pour 2002.
Cette progression s'explique à hauteur de
704 millions d'euros
par le solde de
deux mesures d'ajustement
de crédits
évaluatifs :
- l'ajustement à la hausse des crédits destinés aux
charges de pension
, à hauteur de
801 millions
d'euros
. Cette mesure d'ajustement s'explique par des erreurs de
prévision, mais aussi par l'incidence sur le montant des pensions des
revalorisations du point de la fonction publique intervenues en 2001 (alors que
le budget pour 2001 avait été construit sur l'hypothèse
d'une absence de revalorisation du point de la fonction publique) et par la
décision arrêtée à la fin de l'an 2000 de prolonger
le dispositif de « congé de fin d'activité »
(CFA), qui devait en principe s'achever ;
- l'ajustement à la baisse, à hauteur de 97 millions d'euros, des
crédits destinés à la rémunération des
personnels en activité. Cet ajustement est pour l'essentiel le
corollaire du constat précédent : en raison pour l'essentiel
du prolongement du CFA, les personnels ont cessé leur activité en
2001 en nombre plus élevé que prévu.
On peut d'ailleurs souligner de manière plus générale le
dynamisme des dépenses de pensions, qui devraient doubler entre 1994 et
2004.
Evolution du montant des pensions de l'éducation nationale
(en milliards d'euros)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PLF 2002 |
Montant total |
7,23 |
8,00 |
8,43 |
9,65 |
10,37 |
11,11 |
11,93 |
12,81 |
dont au budget de l'enseignement scolaire |
6,36 |
6,64 |
7,36 |
8,27 |
8,87 |
9,51 |
10,08 |
10,89 |
Source : ministère de l'Education nationale
Mais la progression des dépenses destinées aux
rémunérations et aux charges sociales s'explique aussi, à
hauteur de
758 millions
d'euros
, par l'incidence en 2002 des
mesures inscrites dans le projet de loi de finances pour 2001, notamment :
- à hauteur de
558 millions d'euros
, par l'effet en année
pleine des mesures portant hausse des
rémunérations
publiques intervenues en 2001 ;
- à hauteur de
108 millions d'euros
par l'effet en 2002 des
mesures de revalorisation catégorielles
entrées en vigueur
en septembre 2001, principalement la poursuite du
plan d'intégration
des instituteurs
dans le corps des professeurs des écoles (20.735
emplois étant transformés à cet effet, pour un coût
budgétaire en année pleine de 120 millions d'euros, cf.
encadré ci-après), mais aussi la création de 500 emplois
de professeurs des écoles hors classe (pour un coût
budgétaire en année pleine de 4 millions d'euros), la
création d'une nouvelle indemnité pour les 4.500 enseignants du
premier degré qui assurent une fonction de maître formateur (pour
un coût budgétaire en année pleine de 30 millions d'euros)
et la poursuite des mesures de revalorisation des
« ATOS
»
(c'est à dire des personnels
administratifs, techniques, ouvriers et de service) ;
- à hauteur de
89 millions d'euros
par l'effet en année
pleine des
créations d'emplois budgétaires
(au nombre de
12.838) intervenues à la rentrée 2001.
L'intégration accélérée des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles
Le corps
des professeurs des écoles a été créé en
1990 dans le cadre du plan général Jospin de revalorisation de la
fonction enseignante. Dès lors, les perspectives de carrière des
instituteurs ont été profondément modifiées, leur
corps étant désormais en voie d'extinction. Les instituteurs ont
accès au nouveau corps des professeurs des écoles par la voie de
listes d'aptitude ou de concours internes qui leurs sont
réservés. Ils sont alors rémunérés sur
l'échelle indiciaire des professeurs certifiés.
Le rythme annuel de cette intégration avait été
initialement fixé à 12.000 : 7.000 au titre du plan Jospin
et 5.000 au titre du protocole Durafour, l'achèvement du processus
étant prévu pour 2015. Ce rythme a ensuite
régulièrement augmenté : 14.619 en 1995, 14 641 en
1996, 14.850 en 1997 et en 1998.
En outre, face aux difficultés posées par la coexistence de deux
corps pour exercer le même métier, le ministre, soumis à de
fortes pressions syndicales, à prévu, dans un relevé de
conclusions du 10 juillet 1998 relatif à l'enseignement primaire,
l'accélération
du rythme d'intégration des
instituteurs à compter de septembre 1999, cette intégration
devant désormais
s'achever en 2007
. Le projet de loi de finances
pour 2002 propose ainsi, comme en 1999, en 2000 et en 2001, de transformer
20.735 emplois d'instituteurs en emplois de professeurs des écoles.
Par ailleurs, depuis 1998, aucun instituteur ayant un minimum de
37,5 années d'ancienneté ne part à la retraite sans
avoir été intégré, et il est prévu de
procéder à
l'assimilation des retraités actuels
quand l'intégration sera terminée. Selon les évaluations
transmises cette année à votre rapporteur par le ministère
de l'Education nationale, le coût budgétaire annuel de
l'intégration de la totalité des instituteurs (320.000 environ),
s'élèverait à approximativement 1,5 milliards d'euros sur
la période 1990-2007, compte tenu de la valeur du point de la fonction
publique applicable en PLF 2001.
Au total, compte tenu des autres mesures de revalorisation mises en oeuvre, le
rapport de la Commission d'enquête du Sénat sur la situation et la
gestion des personnels enseignants soulignait que
le coût d'un
instituteur sera en 2008 supérieur de 47 % en 2007 par rapport au niveau
de 1998
.
Des créations d'emplois à
l'évolution
des effectifs de personnels en 2001
Les
créations d'emplois budgétaires pour 2001 se répartissent
comme suit :
- la
création
de 4.125 emplois de professeur des écoles
stagiaires, de 1.330 emplois d'ATOS (625 personnels administratifs et 705
personnels techniques), de 800 emplois de professeurs des écoles, de 570
emplois d'enseignants du second degré, de 300 emplois de personnels
médico-sociaux (50 médecins, 150 infirmières, 100
assistants de service social), de 45 emplois d'inspecteur et de 30 emplois
de personnels de direction ;
- la
consolidation
des 300 emplois de chefs de travaux
supplémentaires annoncés dans le cadre de la réforme de
l'enseignement professionnel, ;
- la consolidation des
surnombres
autorisés en 1994 et 1995, soit
1.338 enseignants du second degré et 46 personnels de direction ;
- la
transformation
de 18.000
heures supplémentaires
annuelles (HSA) en 600 emplois de certifiés et 400 emplois de PLP
2 ;
- la poursuite de la résorption de
l'emploi précaire
, via
la création de 3.000 emplois, pour partie financés par la
suppression de crédits correspondant à la
rémunération d'enseignants non titulaires.
Déduction faite des opérations de transformation et de
consolidation d'emplois, il est donc prévu en 2001 une augmentation des
effectifs de près de 7.700 agents, dont 6.000 enseignants et
1.675 personnels non enseignants, à laquelle il convient d'ajouter les
crédits destinés à rémunérer 1.000 emplois
supplémentaires de MI/SE (mesure inscrite en LFR pour 2000),
739 équivalents temps plein (ETP) pour assurer la suppléance
des ATOS, 700 assistants de langue supplémentaires, 290 ETP afin
d'accroître le nombre de vacations des services de santé
scolaire, 111 nouveaux instituteurs à Mayotte et 26 emplois non
budgétaires au profit de centre national de documentation
pédagogique (CNDP).
Au total, compte tenu de la création de 588 contrats pour l'enseignement
privé sous contrat,
les effectifs rémunérés sur
le budget de l'enseignement scolaire devraient croître en 2001 de plus de
11.000 équivalent-temps plein (+ 0,9 %).
Enfin, cette progression s'explique à hauteur de
391 millions d'euros
par l'effet en tiers d'année des
mesures nouvelles
inscrites dans le projet de loi de finances pour 2002
notamment :
- à hauteur de
186 millions d'euros
(dont 41 millions d'euros
pour les retraités), par la hausse des
rémunérations
prévue en 2002 ;
- à hauteur de
122 millions d'euros
par l'effet en fraction
d'année des
créations d'emplois
(au nombre de 10.942)
prévues à la rentrée 2002 (pour un coût de 320
millions d'euros en année pleine) ;
- à hauteur de
94 millions d'euros
(dont 41 millions d'euros pour
la poursuite du plan d'intégration des instituteurs dans le corps des
professeurs des écoles), par l'effet en fraction d'année de
nouvelles
mesures catégorielles
(pour un coût de 238
millions d'euros en année pleine).
Les créations d'emplois et les mesures catégorielles
prévues pour 2002 sont détaillées infra.
On peut toutefois formuler
deux observations
.
En premier lieu, le cumul des mesures d'amélioration de la situation
statutaire et indemnitaire des personnels de l'Education nationale
(enseignement scolaire + enseignement supérieur) intervenues durant la
législature 1997-2002 devrait représenter selon les calculs
effectués par le gouvernement un
surcoût annuel total de 1,6
milliard d'euros en 2002
, dont 616 millions d'euros par an pour
l'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des
écoles et 211 millions d'euros pour l'intégration des professeurs
de lycée professionnel de première classe dans la seconde classe,
l'amélioration de la carrière des professeurs et l'extension de
la hors classe.
En second lieu, le ministre de l'Education nationale aura créé
pour l'enseignement scolaire dix fois plus d'emplois budgétaires
(23.780) en deux ans (2001-2002), qu'il n'en avait été
créé durant toute la décennie 1991-2000.
En effet, le nombre des emplois budgétaires s'était accru de
14.000 entre 1990 et 1993, puis s'était stabilisé autour de
942.000 entre 1993 et 2000
28(
*
)
, les
créations d'emplois budgétaires accélérant ensuite
à 12.838 en 2001 et à 10.942 en 2002.
Evolution des emplois budgétaires recensés par le ministère de l'Education nationale
(en milliers)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (est) |
PLF 2002 |
Emplois budgétaires |
940 |
937 |
942 |
944 |
945 |
946 |
941 |
941 |
942 |
942 |
954 |
964 |
Variation annuelle (en unités) |
11.460 |
-2.851 |
5.399 |
2.026 |
751 |
1.055 |
-4.982 |
174 |
318 |
-154 |
12.838 |
10.942 |
Sources : ministère de l'Education nationale
pour la
période 1990-2000, PLF 2002 pour 2001 et 2002
Une fois encore, il convient toutefois de souligner que l'évolution des
emplois budgétaires ne donne qu'un pauvre aperçu de celle des
effectifs réels.
Ainsi, selon les reconstitutions effectuées par le bureau des
études de la direction des affaires financières du
ministère, et publiés en avril 2001 dans le cadre de la brochure
annuelle «
Financement et effectifs de l'enseignement scolaire,
entre 1990 et l'an 2000
les emplois budgétaires n'ont
progressé que de 14.000 (de 928.000 à 942.000, soit une hausse de
1,5 %), tandis que
les effectifs équivalent-temps plein
rémunérés sur le budget de l'enseignement scolaire
ont
augmenté
de 136.000
29(
*
)
(de 1.184.000 à 1.220.000), dont
+ 70.000 emplois jeunes, + 34.000 personnels enseignants,
d'éducation et d'orientation dans le second degré public,
+ 12.700 enseignants du privé, + 14.500 contrats emplois
solidarité, + 5.700 personnels administratifs et techniques
(ATOS) titulaires, + 4.000 assistants étrangers, + 3.000
maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI/SE) et - 8.200
enseignants du premier degré (cette baisse s'expliquant pour 2.900 par
le transfert des IUFM vers le budget du supérieur et pour 6.000 par la
diminution du nombre de stagiaires).
b) Les autres crédits de fonctionnement
Les
autres
crédits de fonctionnement
, dont la nomenclature
détaillée est profondément remaniée,
s'élèvent à
1.525 millions d'euros
dans le projet
de budget pour 2002, en augmentation de 21 millions d'euros (+ 1,4 %).
Cette augmentation résulte principalement de deux évolutions de
sens contraire :
- d'un côté, la baisse de 28 millions d'euros (à 227
millions d'euros), des dépenses « d'action
pédagogiques » du chapitre 36-71 destinées notamment
à la rémunération des
aides éducateurs
, les
crédits de ce chapitre étant depuis 1997 sous-consommés
puisque le nombre effectif d'aides éducateurs (62.225 au
31 décembre 2000) demeure en deçà de l'objectif
initialement fixé (70.000) ;
- de l'autre, la hausse des crédits destinés à
l'informatique (+ 12 millions d'euros), aux frais de changement de
résidence (+ 12 millions d'euros), au plan pour
l'éducation artistique et culturelle (+ 3,8 millions d'euros
pour le centre national de documentation pédagogique - CNDP - et + 4,4
millions d'euros pour les établissements), au plan Handiscol (+ 7,7
millions d'euros, à 15,9 millions d'euros) et à l'enseignement
des langues vivantes à l'école (+ 6,6 millions d'euros).
Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 2000, la Cour
des Comptes soulignait toutefois que «
l'utilisation finale des
crédits de fonctionnement est incertaine
... :
- dans le secondaire, nombre de dépenses sont à la charge des
établissements, qui reçoivent à cette fin des
crédits identifiés par leur objectif. Or, il n'y a pas encore de
compte rendu sur l'utilisation effective des crédits. En 1999, sur la
base des comptes financiers analysés pour la première fois par le
ministère, il est apparu que les « reliquats » dans
les établissements concernant les fonds sociaux ou certaines enveloppes
pédagogiques fléchées se montaient à 1,1 milliard
de francs, soit le montant d'une année de crédits ;
- dans le domaine de l'enseignement primaire, l'absence de structure support de
l'école conduit à ce que les services académiques soient
les ordonnateurs finals de la dépense, pourtant dispersée dans un
grand nombre de lieux d'usage (plus d'un millier d'écoles dans une
académie). Outre la lourdeur des procédures et la charge qu'elle
impose aux services académiques, ceux-ci n'assurent, sauf exception
(parfois par exemple pour les ZEP) aucun suivi de la nature, du destinataire ou
du montant des dépenses dites pédagogiques
».
2. Les crédits d'intervention publique (titre IV)
Avec 7,248 milliards d'euros (47,5 milliards de francs) dans le projet de budget pour 2002, soit une augmentation de 205 millions d'euros (+ 2,9 %), de les crédits d'intervention publique représentent 13,75 % du budget du ministère.
a) Les crédits consacrés à l'enseignement privé
Près de 88 % des crédits de ce titre sont
consacrés à
l'enseignement privé
, qui, avec 6,398
milliards d'euros (41,97 milliards de francs), voit ses dotations progresser de
218 millions d'euros, soit une hausse de 3,53 % (après
+ 2,02 % en 2001, + 3,65 % en 2000 et 3,06 % en 1999).
Ces dotations se décomposent comme suit :
-
5,535 milliards d'euros
de crédits destinés à
rémunérer
les
enseignants
sous contrat, dont le
nombre devrait augmenter de 645 en 2002 en application du principe de
parité avec les établissements publics. La progression de ces
crédits de (+ 3,9 %) s'explique pour l'essentiel, comme celle des
crédits destinés aux rémunérations des personnels
du public, par la hausse des traitements et par l'incidence des mesures de
revalorisation catégorielles.;
-
0,863 milliards d'euros
de
subventions de fonctionnement
, soit
une hausse de +1,1 %, ce faible rythme de progression s'expliquant
notamment par le repli des effectifs d'élèves.
b) Les crédits consacrés aux bourses et secours d'études
Les
crédits consacrés aux
bourses et secours d'études
baissent
de 3,3 % (contre des hausses de 0,9 % en 2001, de 1,2
% en l'an 2000 et de 29 % en 1999) pour atteindre 627 millions d'euros
(4,11 milliards de francs).
Cette baisse s'explique par les faibles taux de consommation de ces
crédits au cours des années précédentes (96,1 % des
crédits ouverts en loi de finances initiale en 1999 et 96,0 % en
2000).
S'agissant plus particulièrement des
bourses
proprement dites,
qui comprennent les
bourses de collège
(attribuées
à 790.000 élèves en 2000-2001, soit 23,2 % des
collégiens, et d'un montant maximal de 1.812 francs), les
bourses
nationales de lycée
(attribuées sur critères de
ressources à 589.000 élèves en 2000-2001, soit
26,8 % des lycéens), les
bourses de mérite
(au nombre
de 30.000 à partir de la rentrée 2002 et attribuées sur
critères scolaires et sociaux), les
primes
d'entrée en
classes de seconde, de première et de terminale versées avec le
premier terme de la bourse de lycée (d'un montant de 213,43 euros), les
aides spécifiques
aux élèves boursiers de
l'enseignement technique et professionnel (primes d'équipement et primes
à la qualification) et les bourses d'études pour les
lycées français en Europe (au nombre de 35 en 2001-2002), la Cour
des Comptes estimait ainsi dans son rapport sur l'exécution des lois de
finances pour 2001 que «
l'ajustement intervenu en 1999 pour les
bourses de collège s'est révélé manifestement trop
élevé, malgré l'augmentation du nombre de boursiers. La
diminution du nombre de boursiers lycéens a accru le
phénomène, conséquence de la faible revalorisation du
plafond des bourses
30(
*
)
».
Cependant, les reliquats demeurent modestes.
En revanche, les
fonds sociaux
, destinés à aider certains
élèves ou leurs familles à faire face à des
situations difficiles, se caractérisent à la fois par des taux de
consommation faibles et par des
reliquats
très importants. En
effet, rapporté aux crédits disponibles (crédits de
l'année + reliquats) le
taux de consommation
de ces fonds sociaux
a été en l'an 2000, selon le ministère :
- d'environ
41 % pour le fonds social lycéen
,
créé en 1991, destiné aux lycées publics, et
doté de 22,75 millions d'euros en 2001, comme en l'an 2000
(contre 20,5 millions d'euros en 1999 et 19,2 millions d'euros en
1998) ;
- d'environ
31 % pour le fonds social collégien
,
créé à compter de la rentrée 1995 dans les
établissements publics et du 1
er
janvier 1996 dans les
établissements d'enseignement privé sous contrat, et doté
de 24,5 millions d'euros en 2001 comme en l'an 2000 (contre 26,75 millions
d'euros en 1999 et 24,7 millions d'euros en 1998) ;
- d'environ
48 % dans les collèges
et
51 % dans les
lycées
pour le
fonds social pour les cantines
créé à partir de la rentrée 1997-1998 dans le cadre
de la loi contre les exclusions et doté de
38,11 millions d'euros (250 millions de francs) en 2001, comme
en 2000 et en 1999.
Le rapport général de l'IGAENR pour 1999 observait d'ailleurs
déjà «
un accroissement des reliquats... nombreux
[étant] les exemples d'établissements qui ne parviennent pas
à réduire sensiblement ce reliquat, y compris dans un
collège dont le principal assure pourtant que le contexte social est
parfois dramatique... le cas le plus caricatural [étant] sans doute
celui d'un lycée qui reçoit chaque année , au titre du
fonds social, un crédit de 60.000 francs qu'il thésaurise
consciencieusement au point que le montant des crédits disponibles
s'élevait, à la rentrée dernière, à 362.858
francs
».
En réponse aux questions de votre rapporteur spécial, le ministre
de l'Education nationale n'a pourtant mentionné
aucune perspective de
réforme
du fonctionnement de ces fonds sociaux.
Au total, la Cour des Comptes concluait ainsi dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 2000, que le chapitre
«
bourses et secours d'études
...fait
office
de réservoir
pour le titre IV
».
Ce chapitre a d'ailleurs fait l'objet en mai 2001 d'une nouvelle
annulation
de crédits à hauteur de 10,67 millions
d'euros.
c) Les autres dépenses d'intervention
La
contribution de l'Etat aux
transports scolaires
s'accroît de 1,9 %
dans le projet de budget pour 2002 (contre + 4,4 % en 2001) pour
s'établir à 102,7 millions d'euros (674 millions
de francs).
Par ailleurs, les subventions aux dépenses d'éducation dans les
territoires et collectivités
d'outre-mer
s'inscrivent en
hausse de 3,8 %, à 33,2 millions d'euros (218 millions de
francs).
Enfin, les crédits demandés pour le chapitre 43-80
« interventions diverses » augmentent de 6,6 %, à
86,4 millions d'euros (567 millions de francs), cette augmentation s'expliquant
pour l'essentiel par la hausse des crédits destinés aux contrats
emploi solidarité (CES) et aux contrats emploi solidarité
consolidés (CEC).
3. Les dépenses en capital (titres V et VI)
Les
dépenses en capital ne représentent qu'une
infime fraction
(0,20 %) du budget de l'enseignement scolaire,
avec
106,3
millions d'euros
(697 millions de francs) de
crédits de
paiement
demandés pour 2001, soit une augmentation de 0,7 %
(après + 3,0 % en 2001 et - 11 % en l'an 2000).
On peut se demander si cette augmentation tire pleinement les leçons de
la
sous-consommation
préoccupante de ces crédits, les
reports atteignant 53 millions d'euros en 2001 (soit plus de 50 % des
crédits initiaux), contre 29 millions d'euros en l'an 2000 (soit 28
% des crédits initiaux).
Par ailleurs, les
autorisations de programme
augmentent de 9,2 %,
à 131,1 millions d'euros (860 millions de francs), dont :
- 53,6 millions d'euros dans le cadre des opérations inscrites dans les
contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 ;
- 47,4 millions d'euros en faveur des investissements directs de l'Etat
auprès des académies, de l'administration centrale et des
établissements à la charge de l'Etat ;
- 19,8 millions d'euros destinés à l'acquisition de
matériels pédagogiques ;
- 6,1 millions d'euros de subventions d'investissement, notamment pour le plan
exceptionnel de la Corse et pour un complément de moyens pour les
constructions scolaires en Guyane ;
- 4,6 millions d'euros pour la création d'un fonds d'aide à la
construction et à la réhabilitation d'internats.
Il convient de souligner que la Cour des Comptes a formulé dans son
rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000
des observations sévères à l'encontre de la
politique
d'investissement
de l'Etat en matière scolaire, et notamment
à l'encontre de la pratique récurrente consistant à
créer des
fonds de soutien
aux investissements des
collectivités locales (cf. encadré ci-après).
Les observations de la Cour des Comptes sur la politique d'investissement du ministère de l'Education nationale en matière scolaire
La Cour
des Comptes remarque tout d'abord que «
les textes portant
répartition des compétences entre l'Etat et les
collectivités territoriales ne permettent pas d'éviter une
certaine confusion des compétences en matière de prise en charge
des actions pédagogiques. La matière des nouvelles techniques de
communication pose de manière générale cette question de
frontières dans l'enseignement primaire comme dans l'enseignement
secondaire. Bien qu'il s'agisse à l'évidence d'une politique
affichée comme prioritaire par le ministère de l'Education
nationale, ceux-ci ne relèvent pas en totalité de la
compétence de l'Etat. Pour ce qui concerne l'équipement
informatique, l'imputation sur le budget du ministère de moyens
importants en cette matière, et de plus sur des crédits de
fonctionnement, apparaît même contraire à la
définition des compétences de l'Etat, limitativement
énumérées par le décret du 25 février 1987,
sauf à admettre une interprétation extensive de la notion de
premier équipement
».
La Cour souligne ensuite que «
pour soutenir l'action des
collectivités locales, privé de possibilités
d'intervention sur le budget du ministère de l'Education nationale, le
gouvernement a été conduit à mettre en place d'autres
circuits de financement. Un chapitre a été ouvert en 1998 sur le
budget des charges communes pour porter le plan d'urgence en faveur des
lycées. L'Etat souhaitait aider les régions à souscrire
une enveloppe de prêts de 4 milliards de francs sur 4 ans en compensant
le coût des emprunts pour un montant total de 600 millions de francs pour
faire face à ses exigences en matière immobilière, alors
que celle-ci n'est plus de sa compétence... Dans le domaine des
technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement
(TICE), il a mis en place un fonds de soutien aux collectivités locales
de 500 millions de francs à la Caisse des dépôts et
consignations pour financer l'installation d'infrastructures adaptées
à la mise en réseau des matériels informatiques et
multimédias dans les écoles et les établissements
scolaires
».
Ces circuits de financement peu orthodoxes ont été des
échecs
:
- s'agissant du plan d'urgence pour les lycées, «
le
chapitre 41-25 [du budget des charges communes] a été ouvert en
LFR 1998 et doté de 360 millions de francs. La LFI 1999 a
opéré une ouverture complémentaire de crédits
à caractère symbolique (0,1 million de francs). Aucune dotation
nouvelle n'a été inscrite en LFI 2000. 360,1 millions de francs
de crédits étaient encore disponibles, alors que les
dépenses nettes atteignaient 22,7 millions de francs et alors qu'aucune
dépense n'avait été constatée en 1999 sur ce
chapitre. Ce type de procédure montre les limites des politiques
initiées par l'Etat dans des domaines qu'il ne maîtrise
plus
» ;
- s'agissant du fonds de soutien en matière de
TICE, «
à la fin de l'année 2000 à peine
une cinquantaine de collectivités avaient demandé à
bénéficier du dispositif
».
Ces deux exemples suggèrent que la création de fonds de
soutien de ce type constitue avant tout une mesure d'affichage.
Comme celles qui ont été relevées
précédemment, ces observations de la Cour des Comptes sont
sévères. Elles appelaient de la part du ministre réactions
et actions, d'autant plus qu'elles sont largement corroborées par les
conclusions de l'IGAEN.
Or, à la date du 20 novembre 2001, le ministre de l'Education
nationale n'avait toujours pas répondu aux questions de votre commission
des finances lui demandant de commenter les observations formulées par
la Cour des Comptes dans ses rapports sur l'exécution des lois de
finances pour 1999 et pour 2000 et de préciser les mesures
envisagées pour remédier aux dysfonctionnements identifiés
par la Cour des Comptes.
Les observations de la Cour des Comptes sont corroborées par celles de l'IGAEN : l'exemple de la dotation de 150 millions de francs prévue par la LFR pour 2000 pour améliorer l'équipement informatique des lycées professionnels
L'IGAEN
a réalisé en novembre 2000 un rapport sur l'utilisation des 150
millions de francs de crédits ouverts sur le chapitre 56-37 par la loi
de finances rectificative du 13 juillet 2000, et qui étaient en
principe destinés à l'amélioration des
équipements informatiques
réservés à
l'enseignement général des lycées professionnels afin de
renforcer l'accompagnement des élèves dans le cadre des projets
pluridisciplinaires à caractère professionnel comme de l'aide
individualisée pour les élèves en difficulté.
Il ressort de ce rapport les conclusions suivantes :
- les
règles
relatives à l'utilisation des crédits
d'investissement
n'ont pas été respectées
. En
particulier, une seule académie a recouru à la procédure
d'appel d'offres, sans d'ailleurs que ses délais en aient
été rallongés ;
- deux académies au moins ont utilisé les sommes reçues en
tout ou partie à
d'autres
fins
que celles qui
étaient prévues ;
- les crédits d'équipement supplémentaires ont
été
saupoudrés
par la plupart des recteurs de
manière égalitaire entre les établissements, contrairement
aux préconisations de la circulaire du 5 juillet 2000 selon lesquelles
ces crédits devaient être alloués en priorité aux
établissements dont la dotation informatique était la plus faible
ou la moins bien adaptée aux objectifs pédagogiques
fixés ;
- la plupart des académies n'ont mis en place aucun dispositif visant
à établir un bilan de l'opération ou à en
évaluer
les résultats ;
- enfin, ce programme d'équipement n'a pas toujours été
accompagné des actions de
formation
des personnels qui auraient
été nécessaires, de sorte que certains matériels
demeurent sous-utilisés.
C. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
En 2001,
le budget de l'enseignement scolaire se composait de quatre agrégats
(«
Administration et interventions
»,
«
Enseignement primaire
»,
«
Enseignement secondaire
» et
«
Etablissements publics
»).
Comme le soulignait la Cour des Comptes dans son rapport sur l'exécution
des lois de finances pour l'année 2000, ces agrégats reposaient
sur une analyse très fruste des missions du ministère et
correspondaient à des regroupements de lignes disparates (les deux
premiers correspondant aux finalités des dépenses
concernées, le quatrième à des acteurs institutionnels, et
le troisième mélangeant aux crédits de fonctionnement de
l'administration ceux de l'enseignement privé).
Ces critiques ont été entendues : les
agrégats
du budget de l'enseignement scolaire ont été entièrement
refondus
dans le projet de loi de finances pour 2002, ce qui permet
a
priori
une identification plus claire de l'allocation des moyens et des
objectifs du département ministériel.
En effet, le budget de l'enseignement scolaire se compose désormais des
quatre agrégats suivants :
31- «
Administration et fonctions support à
l'enseignement
» ;
11- «
Enseignement primaire public
» ;
12- «
Enseignement secondaire public
» ;
13- «
Etablissements d'enseignement privé sous
contrat
».
Comme l'an passé, chacun de ces agrégats se voit assigner des
objectifs
déclinés selon trois axes :
«
l'efficacité socio-économique
»
(quel est le bénéfice final de l'action de l'Etat ? ),
«
la qualité du service rendu aux usagers
»
et «
l'efficacité de la gestion
»
(progresse-t-on vers l'optimisation des moyens employés ? ).
Votre rapporteur s'attachera plus particulièrement dans les
développements qui suivent à commenter ces objectifs et les
indicateurs qui leur sont associés, puisqu'il préfigurent les
objectifs et les indicateurs de performance des
« programmes » prévus à partir de 2005 par la
nouvelle loi organique relative aux lois de finances
31(
*
)
.
1. Administration et fonctions support à l'enseignement (agrégat 31)
a) La composition et les missions de l'agrégat
L'agrégat «
administration et fonctions
support
de l'enseignement
» regroupe désormais, par ordre
d'importance :
- la contribution du ministère de l'Education nationale aux financement
des pensions civiles des fonctionnaires du ministère ;
- les rémunérations, la formation et les charges sociales des
personnels non enseignants affectés en administration centrale et dans
les services des rectorats et des inspections académiques ;
- les moyens généraux et les dépenses d'investissement des
services de l'Etat, ainsi que les frais de justice et de réparations
civiles ;
- les subventions allouées aux établissements publics nationaux
sous tutelle du ministère (Centre national et centres régionaux
de documentation pédagogique - CNDP et CRDP - ; Centre national
d'enseignement à distance - CNED - ; Office national d'information
sur les enseignements et les professions - ONISEP - ; Centre
d'études et de recherche sur les qualifications - CEREQ - ; Centre
international d'études pédagogiques - CIEP -) ;
- la contribution de l'Etat aux dépenses de transport des
élèves.
Les crédits alloués à cet agrégat, qui
représentent près de 24 % de l'ensemble du budget de
l'enseignement scolaire, s'élèvent à
12,6 milliards
d'euros
(83 milliards de francs) en 2002
(dont 10,9 milliards d'euros pour les pensions), soit une
progression de
12,2 %
par rapport à 2001, ce rythme particulièrement
élevé s'expliquant pour l'essentiel par le dynamisme des charges
de pension et par de nombreuses
mesures de transfert
entre
agrégats.
Le ministère a identifié quatre composantes dans les
missions
assignées à cet agrégat : la charge
et la gestion des pensions civiles ; la conduite de la politique
éducative et le suivi des élèves et des
établissements d'enseignement ; la gestion administrative et
financière des personnels ; enfin la logistique (affaires
juridiques, fonctionnement courant, informatique et communication).
Le bleu budgétaire propose désormais des esquisses de
comptabilité
analytique
, puisqu'il recense pour une
période glissante de quatre années (1999-2002) l'évolution
du coût annuel (décomposé en dépenses de personnel
et autres dépenses) de chacune de ces missions. Etablies en affectant
des articles ou des prorata d'articles budgétaires à chaque
mission, ces données sont
a priori
de lecture plus instructive
que l'évolution des crédits de l'agrégat par titre ou par
chapitre.
L'interprétation de ces tableaux demeure toutefois difficile, puisque
les évolutions des coûts de chaque composante sur la
période 1999-2002 résultent en fait pour une large part des
changements de nomenclature
budgétaire
, qui ne sont pas
neutralisés par la méthode utilisée.
En outre, ces tableaux juxtaposent des données d'exécution
budgétaire issues de l'Agence comptable centrale du Trésor pour
1999 et pour 2000 à des crédits inscrits en lois de finances
initiale pour 2001 et pour 2002.
Evolution des coûts des différentes composantes de l'agrégat « administration et fonctions supports à l'enseignement »
(en millions d'euros)
Composante de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Evolution 1999/2002 |
Conduite de la politique éducative |
649 |
673 |
698 |
718 |
+ 10,6 |
Dont personnels |
527 |
546 |
566 |
573 |
+ 8,7 |
Hors personnels |
122 |
127 |
132 |
145 |
+ 18,9 |
Gestion administrative et financière des personnels |
382 |
395 |
410 |
421 |
+ 10,2 |
Dont personnels |
303 |
312 |
324 |
320 |
+ 6,7 |
Hors personnels |
79 |
83 |
86 |
101 |
+ 27,8 |
Logistique |
681 |
705 |
731 |
742 |
+ 9,0 |
Dont personnels |
237 |
243 |
252 |
250 |
+ 5,5 |
Hors personnels |
444 |
462 |
479 |
492 |
+ 10,8 |
Source : PLF 2002
b) L'évolution des subventions de fonctionnement aux établissements publics
Au sein
de l'agrégat «
administration et fonctions supports de
l'enseignement
», on peut souligner le dynamisme des
crédits du chapitre 36-10 alloués aux
établissements publics
sous tutelle, qui sont
désormais inscrits dans la composante «
conduite de la
politique éducative
» de l'agrégat, alors qu'ils
formaient auparavant un agrégat à part.
En effet, ces
subventions
progressent globalement de 5,5 % dans le
projet de loi de finances pour 2002 (après + 12,6 % en 2001),
pour atteindre 173,5 millions d'euros (1,14 milliard de francs), tandis que la
part des
ressources propres
dans le budget prévisionnel de ces
établissement (hors prélèvements sur réserves et
sur fonds de roulement) poursuit
globalement
son repli.
Cette progression s'explique notamment par l'abondement à hauteur de
2,36 millions d'euros de la subvention du CNED au titre de sa participation
à la mise en oeuvre du programme de formation des
aides-éducateurs et du plan Handiscol, et par l'abondement à
hauteur de 3,81 millions d'euros de la subvention du CNDP-CRDP pour permettre
l'essor du plan en faveur de l'éducation artistique et de l'action
culturelle à l'école.
Récapitulatif des établissements publics subventionnés sur le budget de l'enseignement scolaire
|
Subvention prévue en l'an 2000
|
Subvention prévue en l'an 2001
|
Subvention prévue en l'an 2002
|
Evolution 2000/2002 (en %) |
Taux de subvention par l'Etat en l'an 2001 |
Effectifs budgétaires en 2001 |
ONISEP |
25 |
25,5 |
26,7 |
+ 6,8 |
70 % |
509 |
CNDP-CRDP |
80,6 |
97,1 |
103,4 |
+ 28,3 |
63 % |
2.044 |
CEREQ |
7,8 |
7,2 |
7,0 |
-10,5 |
58 32( * ) % |
113 |
CNED |
27,7 |
27,7 |
29,2 |
+5,5 |
23 33( * ) % |
1.107 |
CIEP |
6,9 |
6,9 |
7,2 |
+3,5 |
39 % |
162 |
Le projet de budget pour 2002 prévoit en outre 5 créations nettes d'emplois à l'ONISEP ; 18 créations nettes d'emplois au CNDP-CRDP ; 1 création nette d'emploi au CEREQ ; 6 créations nettes d'emplois au CNED ; enfin 4 créations nettes d'emplois au CIEP.
Le centre international d'études pédagogiques (CIEP)
Le CIEP
est un établissement public chargé de la mise en oeuvre de
programmes de coopération en éducation. L'établissement
agit dans trois domaines principaux, couverts chacun par un département
spécifique :
- la langue française : certifications et diplômes de langue
française pour étrangers : DELF et DALF, test de
connaissance du français (TCF), formation et perfectionnement
d'enseignants et de formateurs en français langue
étrangère et langue seconde, développement des
technologies de l'information dans ce secteur ;
- la coopération en éducation : conception et organisation
de sessions de formation à l'intention de cadres étrangers des
systèmes éducatifs, appui à la participation du
système éducatif aux programmes financés par les
organisations multilatérales, mise en oeuvre de projets de
coopération à la demande des partenaires institutionnels
français ou étrangers, missions d'expertise ;
- l'internationalisation du système éducatif
français : soutien à l'enseignement des langues
étrangères, aux sections européennes et internationales,
organisation des programmes d'échanges, notamment l'échange
d'assistants de langues vivantes, appui à l'enseignement français
à l'étranger.
A cet effet, le CIEP, implanté à Sèvres et au Tampon
à l'île de la Réunion depuis la modification du
décret statutaire de l'établissement en octobre 2000, organise
des stages destinés aux responsables de systèmes éducatifs
et aux formateurs, enseignants et étudiants tant français
qu'étrangers.
Le budget de l'établissement s'élevait en 2001 après
décision modificative n°1 à 20,30 millions d'euros
(M€), couvert en recettes : pour 38,81 % par la subvention de l'Etat
(7,88 M€) ; pour 0,08 % par d'autres subventions (0,02 M€) ;
pour 40,28% par les produits des ressources affectées (8,18 M€) ;
pour 14,83 % par les ressources propres (3,01 M€) ; pour 0,23 % par
les produits financiers et exceptionnels (0,05 M€) ; pour 4,66 % par un
prélèvement sur le fonds de réserve (0,94 M€),
enfin pour 1,11 % par des recettes en capital (0,22 M€).
Le CIEP disposait en 2001 de 162 emplois budgétaires.
Outre ses activités traditionnelles :
- la gestion des deux diplômes nationaux de français langue
étrangère, DELF et DALF dont le succès va croissant, avec,
au cours de l'année 2000, 713 centres d'examen répartis dans 126
pays, 240 000 inscriptions aux diverses unités et 41 479 diplômes
délivrés ;
- les formations, avec plus de 6.000 journées de stage produites en
2000 ;
- les échanges d'assistants de langues vivantes ;
-
les activités de promotion, le CIEP ayant été
présent dans plusieurs salons en France et à l'étranger
(comme Expolangues à Lisbonne, le salon de l'éducation et
Expolangues à Paris, le marché mondial de l'éducation
à Vancouver, etc.) ;
-
les
publications (comme la Revue internationale
d'éducation de Sèvres ou, le guide des formations en
français ;
- l'animation du réseau des GRETA en matière de projets
européens et internationaux ;
l'activité du CIEP s'est caractérisée en 2000-2001 par le
lancement de six nouveaux projets :
-
la mise en place effective d'une antenne locale du CIEP au Tampon
à la Réunion avec la nomination d'un directeur et d'un agent
comptable ;
-
la mise au point et l'expérimentation d'un nouvel outil
d'évaluation du niveau de français des publics étrangers
non francophones : le test de connaissance du français (TCF), seul
test français standardisé et calibré correspondant aux
normes anglo-saxonnes et appelé à devenir le TOEFL
français pour répondre aux besoins des organismes publics et
privés qui accueillent ou emploient des étrangers non
francophones ;
-
l'ouverture et le développement d'un portail
électronique sur Internet,
www.franc-parler.org
, destiné
à la communauté mondiale des professeurs de français ;
-
la gestion administrative et financière des stages
linguistiques à l'étranger pour les personnels enseignants de
langues vivantes des 1
er
et 2
nd
degrés, en
partenariat étroit avec l'Inspection générale de
l'éducation nationale ;
- la coordination des projets nationaux entrant dans le cadre de la
participation française à « l'Année
européenne des langues » ;
- le développement sur le site Internet du CIEP
www.ciep.fr
d'un service
consacré au développement des échanges éducatifs
internationaux.
c) Les objectifs assignés à l'agrégat
L'agrégat « administration et fonctions support de l'enseignement » se voit assigner des objectifs de qualité du service et d'amélioration de la gestion.
- • Les objectifs relatifs à la qualité du service sont les suivants :
Tous ces indicateurs s'inscrivent en amélioration sensible entre 1998 et 2001 (le nombre d'élèves par infirmière diminuant par exemple de 2.263 en 1998 à 1.960 en 2001). Il convient cependant de rappeler que les insuffisances actuelles du dispositif de suivi médico-social des élèves ne résultaient pas tant d'un défaut de moyens, que des carences de leur gestion, de leur allocation et de leur organisation, ainsi que du manque de formation continue des personnels (cf. encadré ci-après) ;
- favoriser le recrutement et la mobilité des personnels , les indicateurs associés à cet objectif étant d'une part le rapport du nombre d'inscrits aux concours sur le nombre de places offertes (6,59 dans le premier degré et 7,6 dans le second degré en l'an 2000), d'autre part les taux de satisfaction des voeux des personnels enseignants aux mouvements inter- et intra-académiques.
Ces objectifs sont louables. On peut toutefois s'interroger sur la pertinence des indicateurs retenus : faut-il se féliciter d'une hausse du ratio nombre d'inscrits aux concours de recrutement/nombre de reçus, qui n'est rien d'autre qu'une hausse du taux d'échec des candidats et qui peut trouver son origine dans de très nombreux facteurs plus ou moins exogènes (nombre de place offertes aux concours, situation macro-économique, etc.) ? De même, que signifie concrètement le taux de satisfaction des voeux pour les mouvements quand les enseignants sont parfois invités formuler jusqu'à trente voeux ? ;
- améliorer la qualité du service des pensions , les indicateurs associés à cet objectif étant la productivité physique des personnels (nombre de dossiers traités par équivalent temps-plein - ETP-) et le nombre de demandes de validation de services auxiliaires en retard.
On peut toutefois observer que l'objectif et l'indicateur associés ne s'inscrivent pas sur le même plan. En effet, l'objectif consistant à résorber les importants retards (parfois plus de cinq ans) est bien un objectif de qualité du service.
En revanche, le nombre de dossiers traité par ETP n'a aucun lien mécanique avec la qualité du service rendu aux personnels partant en retraite et constitue plutôt un indicateur d'efficacité de la gestion 34( * ) .
- • Inversement, la formulation de l'objectif d'efficacité de la gestion laisse sans doute à désirer, puisqu'il s'agit « d'améliorer la qualité du service rendu aux usagers du système éducatif » , les indicateurs associés étant le taux de résultat positif de l'intervention du médiateur de l'Education nationale, le nombre de formulaires mis en ligne, le « nombre de messages [électroniques] destinés au réseau national et académique de conseil » et le nombre de connexions au réseau intranet de la direction des affaires financières 35( * ) du ministère.
L'inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale (IGAEN) ont rendu en février 1999 un rapport conjoint particulièrement alarmant relatif à l'organisation et au pilotage du dispositif médico-social en faveur des élèves.
Ce rapport soulignait notamment le « flou » des orientations ministérielles et « l'absence de vision d'ensemble de l'action médico-sociale » : le ministère « répond à l'urgence en traitant chaque problème au coup par coup », et en publiant « une profusion de textes » formant un ensemble « peu lisible », si bien que nombre de chefs d'établissement « confient qu'ils ont à peine le temps de lire ces textes jusqu'au bout, et rarement celui de s'interroger sur la suite qu'il convient de donner ». De même, le système produit une profusion de statistiques, mais « faute d'être exploitables, elles ne sont pas exploitées ».
Ce défaut de pilotage n'empêchait par les personnels médico-sociaux (médecins, infirmiers, assistantes sociales, secrétaires médico-sociales) de se dévouer à leur tâche et de faire preuve « d'initiatives foisonnantes », mais, du coup, ces initiatives étaient « fugaces », peu évaluées, et les meilleures pratiques n'étaient pas diffusées.
La mal-administration du dispositif conduisait également à une « parcellisation des responsabilités » et à un défaut de coordination entre la sphère scolaire et le monde extra-scolaire, évidemment préjudiciable au suivi médico-social des élèves les plus en difficulté, ce phénomène étant d'ailleurs aggravé par la « désorganisation » des fonds sociaux. Cette mal-administration se caractérisait aussi par une gestion des ressources humaines chaotique - le rapport relevait ainsi le cas de la nomination d'un infirmier dans un internat de jeunes filles, alors même que les hommes sont extrêmement minoritaires dans ce corps -, et par de fortes inégalités - le nombre d'élèves par infirmier pouvant varier de 1 à 15 -.
Enfin, le rapport concluait : « la répartition des moyens n'est pas toujours conforme à la réalité des besoins ». En particulier, « l'affectation centralisée de moyens aux sites du plan contre la violence, qui bénéficiaient déjà d'effectifs renforcés, aboutit à priver les responsables locaux de la possibilité de rechercher une véritable adéquation des moyens aux besoins, et plus généralement, de leurs responsabilités. Certains établissements bénéficient ainsi de personnels dont la présence n'est pas indispensable alors que des zones sont entièrement dégarnies, ce qui confirme le caractère aléatoire de la couverture du territoire ».
Plus généralement, le système se caractérisait par des chevauchements :
- « l'intervention croisée auprès des jeunes enfants scolarisés en maternelle de deux services de prévention (la Protection maternelle et infantile - PMI - et le Service de promotion de la santé en faveur des élèves) pose des problèmes de continuité et de collaboration » ;
- de même, « au collège et au lycée, les interventions des professionnels du service de promotion de la santé ne sont pas suffisamment coordonnées et peuvent se chevaucher ».
Inversement, le suivi des enfants était insuffisant à l'école primaire.
Cela provenait d'une sous-allocation des moyens vers les écoles primaires, pour partie imputable à la réticence des personnels titulaires de se partager entre plusieurs établissements, notamment parce que l'administration rembourse médiocrement les frais de déplacement.
Il en résultait que les enfants étaient médicalement peu pris en charge à l'école primaire, ou étaient pris en charge par des personnels vacataires à temps partiel, dont le turn over est relativement élevé, ce qui ne facilitait aucunement un suivi continu.
En outre, l'absence d'assistantes sociales constituait une entrave à une prise en charge globale. Enfin, le suivi des dépistages effectués à l'école maternelle était « entravé par la faiblesse du dispositif de retour sur information ».
Selon l'IGAS et l'IGAEN, ce suivi médical et social défaillant des enfants en difficulté nourrissait les risques d'exclusion ultérieure du système scolaire et il était notamment regrettable que nombre de troubles ne puissent être dépistés et traités au moment où les enfants sont en pleine phase d'acquisition de la lecture et de l'écriture au cours préparatoire.
Dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2001, notre collègue M. Jean-Philippe Lachenaud, alors rapporteur spécial des crédits de l'enseignement scolaire, déplorait ainsi que le ministère de l'Education nationale n'ait tiré aucune conséquence de ce diagnostic.
Cette critique a été partiellement entendue .
En effet, de nouvelles circulaires relatives aux missions respectives des médecins et des infirmiers de l'Education nationale ont été publiées en janvier 2001 ; l'amélioration du bilan de santé des enfants durant leur 6 ème année est « amorcée » ; les ministres respectivement chargés de la santé, des personnes handicapées et de l'Education nationale ont rendu public en mars 2001 un plan d'action conjoint pour la prévention et la prise en charge des enfants dyslexiques et aphasiques ; le ministère de l'Education nationale a réalisé en partenariat avec la direction générale de la santé des études épidémiologiques en cours d'exploitation ; la refonte des systèmes d'information en matière de santé scolaire est désormais engagée ; enfin, le rattachement des infirmières à un ensemble constitué d'un collège et de plusieurs écoles primaires permettant un meilleur suivi des élèves est « envisagé ».
On peut toutefois regretter que les nouveaux emplois de médecins et d'infirmiers créés en l'an 2000 aient continué d'être alloués systématiquement aux établissements du second degré concernés par le plan contre la violence, contrairement aux préconisations des corps d'inspection, et que le renforcement du suivi médico-social à l'école primaire demeure modeste. D'ailleurs, en l'an 2000, à peine les deux-tiers des enfants ont bénéficié de l'examen de santé « obligatoire » durant leur sixième année.
Quoi qu'il en soit, cet exemple démontre, s'il en était besoin, que les politiques éducatives les plus efficaces ne consistent pas à afficher des créations de postes sans se préoccuper le moins du monde de leur allocation optimale, mais bien à améliorer la formation, la coordination, le déploiement et la gestion des personnels en place .
En réponse à notre collègue députée Bernadette Isaac-Sibille, M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale, a d'ailleurs reconnu le 8 novembre 2001, lors de l'examen des crédits de l'enseignement scolaire par l'Assemblée nationale, qu'au delà des moyens, « c'est l'ensemble de notre politique de santé à l'école qu'il convient de réadapter », et il a annoncé, enfin, de nouvelles orientations sous deux mois...
2. Enseignement primaire public (agrégat 11)
a) La composition et les missions de l'agrégat
Cet
agrégat regroupe l'ensemble des moyens que le ministère consacre,
conformément au partage des compétences entre l'Etat et les
communes, à l'enseignement primaire public (enseignements
préélémentaire, élémentaire et
spécialisé).
Les crédits alloués à cet agrégat (pour 99,7 % des
dépenses de fonctionnement) représentent 19,5 % de l'ensemble du
budget de l'enseignement scolaire. Ils s'élèvent à
10,24 milliards
d'euros
(67 milliards de francs) en 2002,
soit une
progression de 3,7 %
par rapport à 2001, ce rythme
particulièrement élevé s'expliquant pour l'essentiel par
le dynamisme des charges de rémunération.
Sous les réserves déjà formulées pour
l'agrégat 31, le tableau ci-après retrace l'évolution de
la répartition du coût de l'enseignement primaire.
Ce tableau fait notamment apparaître le dynamisme des dépenses
hors personnels, d'une part, une répartition des moyens
(rapportés au nombre d'élèves) plus favorable à
l'école primaire qu'à l'école maternelle, d'autre part.
Il convient toutefois de rappeler que financement de l'enseignement primaire
est assuré pour une large part par les
communes
, qui assurent les
travaux de construction, la rénovation, le fonctionnement
matériel et l'entretien des écoles, ainsi que la restauration
scolaire, notamment en rémunérant les personnels techniques et de
service, pour un coût total (y compris l'enseignement privé) de
8,84 milliards d'euros en l'an 2000.
Evolution des coûts des différentes composantes de l'agrégat « enseignement primaire public »
(en millions d'euros)
|
1999 |
2000 36( * ) |
2001 |
2002 |
Evolution des coûts 1999/2002 (en %) |
Evolution du nombre des élèves 1999/2002 37( * ) (en %) |
Enseignement préélémentaire |
2.991 |
3.078 |
3.159 |
3.245 |
+ 8,5 |
+ 3,0 |
Dont personnels |
2.974 |
3.054 |
3.134 |
3.213 |
+ 8,0 |
|
Hors personnels |
17 |
24 |
25 |
32 |
+ 88 |
|
Enseignement élémentaire |
6.473 |
6.637 |
6.811 |
6.993 |
+ 8,0 |
- 2,6 |
Dont personnels |
6.438 |
6.587 |
6.760 |
6.926 |
+ 6,8 |
|
Hors personnels |
35 |
50 |
51 |
67 |
+ 91 |
|
Dont enseignement spécialisé |
712 |
725 |
754 |
774 |
+ 8,7 |
nc |
Dont personnels |
708 |
730 |
749 |
767 |
+ 8,3 |
|
Hors personnels |
4 |
5 |
5 |
7 |
|
|
Source : PLF 2002
b) Les objectifs assignés à l'agrégat
L'enseignement primaire public se voit assigner des objectifs d'efficacité socio-économique et de qualité du service.
- • Les objectifs d'efficacité socio-économique sont les suivants :
-
Le lien entre l'âge d'entrée à l'école maternelle et les performances scolaires
La direction de la programmation et du développement (DPD) du ministère de l'Education nationale conduit depuis 1997 des travaux sur un panel de 8.661 écoliers nés en 1991.
En 1998, la DPD avait ainsi publié une étude sur les compétences de ces élèves au moment de l'entrée en classe préparatoire, selon laquelle :
- l'entrée précoce en école maternelle débouchait sur des compétences significativement plus élevées, notamment dans le domaine de la familiarité avec l'écrit ;
- cet effet était plus prononcé aux deux extrémités de l'échelle sociale, c'est à dire pour les enfants de cadres d'un côté, pour les enfants d'ouvriers, de l'autre ;
- l'influence positive de la scolarisation à deux ans était plus prégnante pour les écoles élémentaires classées en ZEP.
La DPD vient de rendre public dans le n°60 de sa revue Education & formations daté de juillet-septembre 2001 de nouveaux résultats issus du même panel. Les principales conclusions de cette nouvelle étude, qui bénéfice d'un recul supplémentaire, puisque les enfants concernés ont désormais dix ans, sont les suivantes :
- les chances d'accéder au CE2 sans redoubler sont d'autant plus grandes que l'élève est entré précocement à la maternelle ;
- cependant, la différence entre les enfants scolarisés à deux ans et leurs camarades entrés à l'école maternelle à trois ans est faible ;
- en revanche, le petit nombre d'écoliers entrés à l'école maternelle après trois ans rencontre des difficultés relativement marquées ;
- la scolarisation à deux ans a peu d'effet sur les inégalités sociales de réussite et ce sont les enfants de cadres et les élèves étrangers ou issus de l'immigration qui semblent en tirer le plus grand bénéfice ;
- en termes de déroulement de carrière scolaire, la scolarisation à deux ans ne semble pas avoir d'effet sur les écoliers de ZEP.
- « développer les bases d'une culture scientifique par une rénovation de l'enseignement des sciences et de la technologie et développer l'éducation artistique et culturelle », les indicateurs associés à cet objectif étant le nombre d'élèves par micro-ordinateur et le taux d'élèves ayant accès à internet .
Ces deux derniers objectifs appellent les observations suivantes :
- en premier lieu, on peut s'étonner de l'affichage d'un objectif relatif à l'équipement des écoles en matière de nouvelles technologies de l'information appliquées à l'enseignement, alors qu'il s'agit là d'un domaine de compétence partagé , il est de vrai de manière un peu floue, entre l'Etat et les collectivités locales ;
- en second lieu, on peut s'étonner de la disparition de l'objectif retenu en 2001 consistant à améliorer l'acquisition des connaissances fondamentales , les indicateurs associés étant les performances en français et en mathématiques.
Au total, les objectifs retenus suggèrent que le ministre de l'Education nationale accorde désormais la priorité aux réformes médiatiques (l'initiation ludique à une langue étrangère et la pratique d'internet) au détriment de ce qu'il appelle « la bataille de la lecture et de l'écriture ».
Invité dans le cadre du questionnaire adressé par la commission des finances du Sénat à préciser comment s'articulaient les objectifs visant d'une part à gagner la bataille de la lecture et de l'écriture, d'autre part à promouvoir les langues étrangères, les sciences, et les activités sportives ou artistiques à l'école primaire, le ministre de l'Education nationale a d'ailleurs apporté une réponse floue 38( * ) .
- • Les objectifs relatifs à la qualité du service sont les suivants :
- favoriser l'accueil des élèves handicapés en milieu scolaire ordinaire, l'indicateur associé étant la proportion d'élèves handicapés scolarisés en milieu scolaire ordinaire par rapport au nombre d'élèves handicapés scolarisés (soit 33 % en l'an 2000 et 40 % prévus en 2001).
On peut remarquer que l'objectif consistant à réduire le nombre de classes à effectif élevé n'a pas été retenu cette année alors qu'il l'avait été l'an passé.
3. Enseignement secondaire public (agrégat 12)
a) La composition et les missions de l'agrégat
Cet
agrégat regroupe l'ensemble des moyens que le ministère consacre,
conformément au partage des compétences entre l'Etat, les
Départements et les Régions, à
l'enseignement
secondaire public
(collèges, lycées, lycées
professionnels, établissements d'enseignement spécialisé,
sections de techniciens supérieurs et classes préparatoires aux
grandes écoles).
Les crédits destinés à cet agrégat (à 97,2 %
des dépenses de fonctionnement et à 2,4 % des dépenses
d'action sociale) représentent
44,0 % du budget de
l'enseignement scolaire
.
Ces crédits s'élèvent à
23,18 milliard d'euros
(152 milliards de francs) en 2002, soit une progression de
0,2 % par rapport à 2001. Ce faible rythme de progression
résulte toutefois du solde de nombreuses mesures de transfert vers
l'agrégat 31« administration et fonctions
supports ». A structure constante, la
progression
des
crédits de cet agrégat ressort ainsi à
environ
+ 3,5 %
en 2002.
Compte tenu de ces mesures de transfert, les tableaux retranscrits dans le
projet de loi de finances présentant l'évolution du coût de
l'enseignement secondaire par grande composante sur la période 1999-2002
n'ont
guère de signification.
En outre, il convient de rappeler que ces tableaux ne retracent ni les efforts
consentis par les
collectivités locales
en faveur des
lycées et collèges (environ 4,7 milliards d'euros), ni les
ressources propres
des établissements (restauration scolaire,
produits de la vente de services, etc., pour un montant total d'environ 1,9
milliard d'euros en l'an 2000).
b) Les objectifs assignés à l'agrégat
L'enseignement secondaire public se voit assigner des objectifs d'efficacité socio-économique, de qualité du service et d'amélioration de la gestion.
- • Les objectifs d'efficacité socio-économique sont les plus détaillés. Ils consistent à :
On peut remarquer que cet objectif général d'insertion professionnelle s'est substitué cette année à l'objectif retenu dans le projet de loi de finances pour 2001 consistant à assurer une formation de niveau V à tous les élèves. Il est vrai que ce dernier objectif s'éloignait, puisque le nombre de sorties du système éducatif sans diplôme tend aujourd'hui à réaugmenter, selon les derniers travaux de l'INSEE ;
- « réduire les inégalités et la disparité des performances en fonction de l'origine sociale des parents », les indicateurs associés étant le devenir (sortie du système éducatif ou entrée dans le supérieur), huit ans après, des jeunes entrés en classe de 6 ème , en fonction de la catégorie socio-professionnelle du chef de famille. On peut d'ailleurs s'étonner de ce que le budget de l'enseignement supérieur ne comporte aucun indicateur semblable ;
- « favoriser l'obtention de diplômes de l'enseignement professionnel par validation sous forme de dispense d'examen », l'indicateur associé étant le nombre de candidats à la validation ayant obtenu une dispense.
- • L'objectif de qualité du service consiste à « préserver l'établissement scolaire de la violence », les indicateurs associés à cet objectif étant le nombre d'élèves par maître d'internat/surveillant d'externat et le nombre d'élèves en classes-relais, le dispositif statistique de suivi des actes de violence étant en cours de refonte.
- • Enfin, les objectifs d'efficacité de la gestion consistent à :
- « assurer une répartition équilibrée des moyens enseignants sur l'ensemble du territoire », les indicateurs associé étant les pourcentages minimum et maximum d'enseignants titulaires dans les différentes académies. Ces indicateurs ne sont toutefois représentatif que de l'allocation des moyens à l'échelle régionale, alors que nombre de problèmes d'allocation se situent à l'échelle infra-régionale.
4. Etablissements d'enseignement privé sous contrat (agrégat 13)
a) La composition et les missions de l'agrégat
Cet
agrégat (constitué à 100 % de dépenses du titre IV)
regroupe l'ensemble des
subventions de fonctionnement
aux
établissements d'enseignement primaire et secondaire privé sous
contrat, ainsi que les crédits afférents aux
bourses
et
secours d'études accordés aux élèves des
lycées et collèges de l'enseignement privé sous contrat.
Les crédits destinés à cet agrégat
représentent 12,3 % du budget de l'enseignement scolaire et
s'élèvent à
6,47 milliard d'euros
(42 milliards de
francs) dans le projet de budget pour 2002, en
progression
de 4,6 % du
fait d'une mesure de transfert et
de 3,2 % à structure constante
.
b) Les objectifs assignés à l'agrégat
Le « bleu budgétaire » pour 2002 indique que « les objectifs assignés à l'enseignement public s'appliquent à l'enseignement privé sous contrat », mais ne fournit aucun indicateur de la réussite de ces objectifs.
CHAPITRE II :
LES PRINCIPALES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DU
GOUVERNEMENT
Dans un souci de lisibilité, votre rapporteur récapitule ici les principales orientations énoncées par le gouvernement.
A. LES MESURES AYANT UNE TRADUCTION CONCRÈTE DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002
1. La première priorité : les personnels
a) Les créations d'emplois
Le
projet de loi de budget de l'enseignement scolaire pour 2002 prévoit la
création de
10.942 emplois budgétaires
, dont 8 997 emplois
d'enseignants et 1 945 emplois de non enseignants, pour un coût de
121,6 millions d'euros
(798 millions de francs) en 2002,
compte tenu de ce que la plupart de ces créations d'emplois ne prendront
effet qu'à la rentrée 2002.
Le coût de ces créations d'emplois s'élève à
320,2 millions d'euros
(2 100 millions de francs) en année
pleine.
Au total, les créations d'emplois (23.800 en 2001 et en 2002) devraient
dépasser sensiblement les engagements formulés par le ministre
dans le cadre du «
plan pluriannuel de recrutement
»
(cf. encadré) annoncé en novembre 2000, les emplois
supplémentaires étant principalement consacrés à la
résorption de l'emploi précaire et à la création
d'emplois de stagiaires pour augmenter les recrutements dans les premier et
second degrés.
Ce dépassement soulève d'ailleurs de nouvelles questions quant
aux fondements et aux
hypothèses
de ce plan pluriannuel, qui
semble bien n'avoir d'autres finalités que d'annoncer des
créations d'emplois, sans que ces créations ne répondent
vraiment à des objectifs précis.
Créations d'emplois annoncées dans le cadre du
plan
pluriannuel 2001-2003
(hors stagiaires et résorption de
surnombres)
ENSEIGNEMENT SCOLAIRE |
|||||
Nature des mesures |
|
Total emplois |
|||
|
2001 |
2002 |
2003 |
2001/2003 |
|
Enseignants du 1 er degré |
800 |
800 |
800 |
2.400 |
|
Dont créations nettes |
800 |
800 |
800 |
2.400 |
|
Enseignants du 2 nd degré |
4.900 |
5.000 |
5.000 |
14.900 |
|
Dont créations nettes |
900 |
1.000 |
1.000 |
2.900 |
|
Précarité |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
9.000 |
|
Transformation HSA |
1.000 |
1.000 |
1.000 |
3.000 |
|
Personnels ATOS et médico-sociaux |
1.675 |
1.500 |
1.500 |
1.500 |
|
Dont créations nettes |
1.675 |
1.500 |
1.500 |
4.675 |
|
TOTAL POUR LE SCOLAIRE |
7.375 |
7.300 |
7.300 |
21.975 |
Source : ministère de l'Education nationale
Quoi qu'il en soit, on peut préciser que les créations d'emplois
prévues pour 2002 se décomposent comme suit :
- • 2.404 Enseignants du premier degré , dont :
- 1 500 emplois de stagiaires, afin d'augmenter le nombre de postes offerts aux concours externes de professeurs des écoles ;
- 104 emplois destinés au dispositif d'intégration sous statut public des personnels du premier degré exerçant dans les écoles associatives DIWAN (ces créations d'emplois étant financées par la suppression des crédits correspondant sur le chapitre de rémunération de l'enseignement privé).
- • 6 593 emplois d'enseignants du second degré ou assimilés, dont :
- 3 755 emplois portant résorption de l'emploi précaire, dont 755 au profit des GRETA et des établissements publics (CNDP, CNED, ONISEP) ;
- 812 emplois de stagiaires ;
- 26 emplois destinés au dispositif d'intégration sous statut public des personnels du second degré exerçant dans les écoles associatives DIWAN (ces créations d'emplois sont financées par la suppression de crédits sur le chapitre de rémunération de l'enseignement privé) ;
- enfin, 1 000 nouveaux emplois de titulaires, dont 750 emplois d'enseignants, 73 emplois de personnels de direction, 82 emplois de conseiller principal d'éducation (CPE) et 70 emplois affectés à l'information, à la prévention à l'orientation et à la formation continue.
- • 1 945 emplois supplémentaires de personnels non-enseignants, ( dont 445 emplois au titre de la résorption de la précarité), soit :
- 250 emplois de personnels médico-sociaux (55 de ces emplois étant affectés dans les internats scolaires), dont 25 médecins, 150 infirmières et 75 assistants de service social ;
- 40 emplois d'inspection, dont 29 emplois d'inspecteur de l'éducation nationale, 3 emplois d'inspecteur général de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche, 3 emplois d'inspecteur général de l'éducation nationale et 5 emplois d'inspecteur d'académie-adjoint ;
- 35 emplois au profit des établissements publics nationaux, destinés notamment à poursuite du plan pour l'éducation artistique et culturelle et à la création de CRDP et de DRONISEP en Guadeloupe et Guyane ;
- 445 emplois destinés à résorber l'emploi précaire, notamment dans les GRETA.
A ces 10.942 emplois, s'ajoute pour l'enseignement privé la création de 319 contrats de maîtres contractuels en application du principe de parité, de 306 contrats de stagiaires du premier degré et de 20 contrats pour l'enseignement privé spécialisé.
En outre, 200 instituteurs supplémentaires seront pris en charge à Mayotte (100 au 1er janvier 2002 et 100 à la rentrée 2002) afin de tenir compte du fort accroissement de la population scolarisée.
Enfin, les crédits de rémunération des contrats emploi-solidarité (CES) et des contrats emploi-solidarité consolidés sont accrus de 4,7 millions d'euros.
Au total, hors vacataires, maîtres d'internat/surveillants d'externat, emplois jeunes, contrats emplois-solidarité et assistants de langue, les effectifs rémunérés sur le budget de l'enseignement scolaire devraient augmenter d'environ 7.500 personnes en 2002 (contre 9.000 en 2001).
Le plan pluriannuel de recrutement
Accédant au souhait des organisations syndicales, ministre de
l'Education nationale, M. Jack LANG, a annoncé le 15 novembre 2000
« un plan pluriannuel pour l'Education nationale ».
Il s'agit en fait de
deux plans distincts
:
-
• d'un côté, un plan de programmation des
recrutements
sur cinq ans (2001-2005), qui vise à répondre
à la vague de départs à la retraite prévue pour la
prochaine décennie, notamment pour les personnels enseignants
(près de 40% des enseignants devraient partir à la retraite). Le
ministère annonce ainsi que le nombre des postes mis aux concours
d'enseignants devrait augmenter en cinq ans d'environ 30% pour le premier
degré, et d'environ 50% pour le second degré. En outre les postes
mis aux concours pourraient augmenter de 46% pour les IATOSS et de 126% pour la
filière sanitaire et sociale ;
• de l'autre côté, un plan pluriannuel de créations d'emplois , sur trois ans (2001-2003), dont les créations d'emplois annoncées dans le projet de loi de finances pour 2001 constituaient de facto le premier volet. Au total, le gouvernement a ainsi annoncé la création de 33.200 emplois budgétaires sur la période 2001-2003, dont 27.600 pour l'enseignement scolaire et 5.600 pour l'enseignement supérieur.
- 8.025 emplois pour le premier degré , dont 2.400 emplois nouveaux de professeurs des écoles et 5.625 emplois de stagiaires, alors que le premier degré n'avais connu aucune création d'emploi depuis 1993 ;
- 5.900 emplois nouveaux d'enseignants du second degré , soit, en trois ans, plus que la totalité des emplois créés dans ce secteur en huit ans, à une époque où les effectifs scolarisés dans les collèges et les lycées étaient en forte croissance. Cependant, plus de la moitié de ces emplois (3000) seront créés par transformation d'heures supplémentaires ;
- 9.000 emplois créés par transformation de crédits de rémunération d'enseignants non titulaires, destinés à permettre la titularisation de professeurs contractuels ;
- enfin, 4.675 emplois d'ATOSS.
S'il convient de se féliciter de la résorption proposée de l'emploi précaire, ainsi que de la poursuite de la réduction du nombre d'enseignants payés sur crédits, notamment sur des crédits d'heures supplémentaires, on toutefois noter l'écart entre les créations d'emplois budgétaires affichées et la progression réelle des effectifs d'enseignants en face des élèves. En effet, si l'on ôte les créations d'emplois de stagiaires et les transformations d'heures supplémentaires, la progression réelle des effectifs d'enseignants ressort à 5.300.
Quoi qu'il en soit, votre rapporteur spécial se félicite, comme son prédécesseur 41( * ) , de la mise en oeuvre d'un plan de programmation pluriannuel des recrutements : cette mesure ne peut en effet que faciliter l'orientation des candidats aux différents concours, et favoriser l'attractivité des métiers de l'enseignement.
On peut toutefois regretter que cette percée de la gestion prévisionnelle au sein de l'administration ne s'accompagne pas d'une réflexion sur les modalités d'accès aux fonctions d'enseignement : pourquoi ne pas faciliter le décloisonnement des corps de la fonction publique de manière à permettre à d'autres fonctionnaires d'exercer, éventuellement au titre d'une mobilité, des fonctions d'enseignants ? Pourquoi ne pas envisager d'ouvrir l'enseignement du secondaire à des salariés du secteur privé, comme c'est déjà le cas pour l'enseignement supérieur ?
On peut également s'interroger sur la pertinence du plan de créations d'emplois. Il convient en effet de rappeler que les créations d'emplois annoncées, sauf celles de fonctionnaires stagiaires, ne trouvent leur justification ni dans le volume attendu des départs à la retraite, ni dans l'évolution prévisible du nombre des élèves. Dans le dossier de presse de présentation du plan pluriannuel, le ministre soulignait d'ailleurs, mais pour s'en féliciter, que ce plan de création d'emplois s'inscrit à contre courant des choix effectués par les autres pays européens .
Enfin, votre rapporteur spécial s'interroge sur les méthodes d'évaluation des besoins qui ont conduit aux chiffres annoncés. En effet, en réponse aux questions de la commission des finances du Sénat, le ministère indiquait au mois d'octobre 2000, à partir d'estimations réalisées en 1999, que les besoins annuels moyens de recrutement d'enseignants titulaires d'ici à 2005 s'établissaient à 14.500 pour le premier degré et à 13.833 pour le second degré. Or les chiffres annoncés un mois plus tard par le ministère sont respectivement de 12.400 et de 17.600, soit respectivement - 15% et + 27% !
Questionné sur ces écarts, le ministère a indiqué à votre rapporteur spécial que les besoins de recrutement dans le premier degré étaient en fait désormais estimés à 15.000 par an, car il y avait lieu d'ajouter au chiffre précédent de 12.400 les créations d'emplois prévues par le plan de créations d'emplois, ainsi que les recrutements sur listes complémentaires. S'agissant par ailleurs de l'écart relatif aux besoins de recrutements d'enseignants du second degré, il a indiqué que les chiffres transmis en l'an 2000 « tenaient compte de l'évolution négative des effectifs d'élèves et n'intégraient pas les effets des réformes pédagogiques mises en oeuvre à partir de la rentrée 2000, ainsi que les modifications du statut particulier des professeurs de lycée professionnel (PLP). Ils ne portaient que sur les enseignants à l'exclusion des personnels d'orientation et d'éducation. La neutralisation de l'impact démographique sur les mesures de carte scolaire [ ?], les créations d'emplois et l'intégration des besoins en personnels d'orientation et d'éducation expliquent [donc cet] écart ».
Ces explications sont d'autant moins convaincantes que le ministère a refusé de transmettre à votre rapporteur spécial le détail des hypothèses retenues dans le cadre de ses nouvelles estimations de besoins de recrutement, en se contentant de manière désinvolte de renvoyer à la page de son site Internet destinée à renseigner les candidats potentiels aux concours de recrutement.
En fait, le plan pluriannuel de création d'emplois semble bien ne répondre qu'au seul objectif politique d'annoncer des créations d'emplois. En particulier, comme l'ont souligné les syndicats d'enseignants, ce plan ne comporte aucun contenu pédagogique : on recrute des enseignants, mais sans indiquer pour quoi faire .
b) Les mesures de revalorisation
On peut
rappeler que la progression des crédits demandés pour
l'enseignement scolaire dans le projet de loi de finances pour 2002
résulte :
- à hauteur de
872 millions d'euros
(5,720 milliards de francs)
des mesures de
revalorisation
générales du
point de la
fonction publique
et des mesures différenciées
destinées aux bas salaires mises en oeuvre en l'an 2000 et en 2001 ou
prévues pour 2002 ;
- à hauteur de
842,74 millions d'euros
(5,528 milliards de francs)
de la hausse des
dépenses de pensions
, dont une centaine de
millions d'euros imputable au prolongement (décidé à la
fin de l'an 2000) du congé de fin d'activité
42(
*
)
(CFA).
Par ailleurs, le projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2002
prévoit de
nouvelles mesures catégorielles
, pour un
coût total de 94,14 millions d'euros (617,6 millions de francs) en
2002, et de
238,3 millions d'euros
(1,56 milliard de
francs)
en année pleine.
Ces mesures concernent pratiquement tous les corps de personnels, mais elles
bénéficient surtout aux enseignants du premier degré et
relativement peu aux personnels administratifs et techniques des
collèges et des lycées.
Sont en effet prévus :
- 161,3 millions d'euros
(1.058 millions de francs) en année
pleine
pour les
enseignants du premier degré
, dont
122 millions d'euros pour la poursuite à un rythme
accéléré du plan d'intégration des instituteurs
dans le corps des professeurs des écoles et 12,2 millions d'euros pour
la revalorisation de l'indemnité de sujétions spéciales
des directeurs d'écoles ;
- 27,8 millions d'euros
(182 millions de francs) en année pleine
pour les
enseignants du second degré,
via notamment la
dernière tranche du plan d'intégration des PEGC dans le corps des
professeurs certifiés (600 transformations d'emplois) ;
l'accès des PEGC et des chargés d'enseignement d'éducation
physique et sportive à la hors classe et à la classe
exceptionnelle (504 transformations) ; l'amélioration du pyramidage
budgétaire des corps d'enseignants ; la transformation de 100
emplois de professeurs agrégés qui enseignent dans les classes
préparatoires aux grandes écoles en professeurs de chaire
supérieure pour un coût de 1,11 millions d'euros en année
pleine ; la mise en place d'un dispositif de pré-recrutement dans
certaines disciplines de l'enseignement professionnel
43(
*
)
; la création d'une échelle de
rémunération spécifique pour les professeurs de
lycée professionnel bi-admissibles à l'agrégation
(à l'instar de celle existante pour les certifiés) ; enfin
la revalorisation de 30 % de l'indemnité de
responsabilité de chef de travaux ;
-
12,2 millions d'euros
(80 millions de francs) en année
pleine pour le dispositif de résorption de l'emploi précaire des
maîtres du privé, cette mesure s'ajoutant à l'extension des
mesures précédentes aux
enseignants
du
privé
, en application du principe de parité ;
-
3,6 millions d'euros
(24 millions de francs) pour les mesures de
repyramidage des
personnels de direction
engagées en 2001
à la suite de la refonte de leur statut (création d'un corps
unique de trois grades et amélioration du classement des
établissements) ;
- 3,6 millions d'euros
(24 millions de francs)
en année
pleine pour les
ATOS,
via notamment la poursuite du plan
d'intégration des agents administratifs dans le corps des adjoints
administratifs et l'ouverture de nouveaux débouchés dans les
grades d'avancement ;
-
2,7 millions d'euros
en année pleine pour la revalorisation de
l'indemnité de charges administratives des
personnels
d'inspection
;
-
1,8 million d'euros
(12 millions de francs) pour des mesures
spécifiques en faveur de l'inspection générale et de
l'encadrement administratif supérieur ;
-
0,7 million d'euros
(5 millions de francs) pour la revalorisation de
20 % de l'indemnité de sujétions spéciales des personnels
de service social ;
- enfin,
12,2 millions d'euros
(80 millions de francs) pour remettre
à niveau les frais de déplacement et de changement de
résidence.
Pour la plupart, ces mesures s'inscrivent par ailleurs dans le cadre de
dispositifs pluriannuels (cf. encadré ci-après).
Rappel de quelques plans de revalorisation intervenus
depuis
1990
Les
mesures de revalorisation des personnels enseignants du second degré
Dans le second degré, les personnels enseignants ont
bénéficié de trois types de mesures prévues par les
plans de revalorisation de la fonction enseignante ou par le protocole d'accord
de 1990.
1) Les mesures de création ou d'extension de grades de
débouché
Les professeurs certifiés et assimilés - professeurs
d'éducation physique et sportive (PEPS) et professeurs de lycée
professionnel du second grade (PLP2) - ont bénéficié
depuis 1989 de la création de hors classes. De 1991 à 1993, le
« pyramidage » de ces hors classes a été
porté de 9 à 15 % des effectifs budgétaires des classes
normales, conformément aux engagements pris dans le relevé de
conclusions de mars 1989. Actuellement, la proportion d'enseignants hors classe
est cependant légèrement inférieure à 15 %.
Chaque année, des transformations d'emplois sont réalisées
dans ces corps en s'appuyant sur les transformations ou les créations
d'emplois de la classe normale opérées au titre de l'année
précédente. Ce pyramidage ne tire donc par les
conséquences des créations ou transformations d'emplois
prévues par le projet de loi de finances. Il est par conséquent
proposé chaque année une remise à niveau desdits
pyramidages : au 1
er
septembre 2001, il a été
ainsi effectué la transformation en emplois hors classe de 1 428 emplois
d'enseignants du second degré, dont 962 emplois de professeurs
certifiés, 272 de PLP, 32 de PEPS et 62 de conseillers principaux
d'éducation (CPE), pour un coût en année pleine de plus de
73,17 millions de francs. Un nouveau rattrapage est envisagé en loi de
finances pour 2002 ; il correspond à la transformation de
1182 emplois de classe normale en emploi de hors classe, dont 344 emplois
de professeurs agrégés, 446 de professeurs certifiés, 315
de PLP, 31 de PEPS et 46 de CPE, pour un montant de 10,43 millions d'euros
(soit 68,42 millions de francs).
Les professeurs agrégés ont, pour leur part,
bénéficié d'un élargissement des perspectives
d'accès à la hors échelle A, grâce à
l'amélioration progressive du pyramidage de la hors classe du corps des
professeurs agrégés et à l'augmentation du nombre des
emplois de professeurs de chaire supérieure. Depuis 1996, terme du plan
concernant les agrégés, le pourcentage de professeurs
agrégés hors classe peut atteindre 15% des effectifs des deux
corps (agrégés et chaire supérieure) et le nombre de
professeurs de chaire supérieure a été porté
à 2 150 conformément aux engagements pris.
Par ailleurs, il est proposé, au titre de la loi de finances pour 2002,
de transformer 100 emplois de professeurs agrégés de classe
normale en emplois de professeurs de chaire supérieure, afin de donner
aux professeurs agrégés qui enseignent dans les classes
préparatoires aux grandes écoles (CPGE), et notamment dans les
filières économiques de création récente, un
accès plus large au corps des professeurs de chaire supérieure.
Le coût de cette mesure est de 1,11 millions d'euros (soit 7,28 millions
de francs).
Les professeurs d'enseignement général de collège (PEGC)
et les chargés d'enseignement d'éducation physique et sportive
(CEEPS) ont également bénéficié de la
création d'une hors classe dont l'indice terminal, indice brut (IB) 801,
est égal, depuis la rentrée 1992, à l'indice terminal de
la classe normale des professeurs certifiés. Le plan de revalorisation
prévoyait que le pyramidage de cette hors classe serait fixé
à 15 % des effectifs budgétaires du 1er septembre 1990. Ce
pyramidage devait être atteint en 8 ans par tranche de 2 % par an. Le
protocole de 1990 avait prévu une accélération de cette
montée en charge qui aurait dû être achevée en 1994.
Ces deux engagements ont été totalement respectés jusqu'en
1993. Toutefois en raison de la création, dans ces deux corps, en 1994
d'une classe exceptionnelle atteignant l'IB 901, la dernière tranche,
prévue en 1994, a été abandonnée. L'année
1995 marque la fin de la montée en charge de la classe exceptionnelle
dans ces deux corps : le nombre des PEGC de classe exceptionnelle
s'élève comme prévu à 3 000 et celui des CEEPS
à 390.
2) Les mesures d'amélioration de l'indice terminal
L'indice terminal de la classe normale des PEGC et des CEEPS et l'indice
terminal des corps d'adjoints d'enseignement (AE), et des chargés
d'enseignement (CE) ont été portés au 1
er
septembre 1993 à l'IB 646 correspondant à l'indice terminal des
anciens professeurs de lycée professionnel du premier grade (PLP1), dont
le grade a été éteint par décret n°2001-527 du
12 juin 2001 modifiant le décret n°92-1189 du 6 novembre 1992
relatif au statut particulier des professeurs de lycée professionnel.
Le passage de l'indice terminal, de l'IB 901 à l'IB 966, d'une part de
la hors classe des professeurs certifiés, PEPS et PLP2, d'autre part de
la classe exceptionnelle des PEGC et des CEEPS, accompagné d'un lissage
indiciaire de certains échelons intermédiaires, est intervenu,
comme dans le premier degré, au 1
er
septembre 1996, en
application du protocole de 1990.
3) Les plans d'intégration
Les AE, les CEEPS, les PLP1 et les PEGC bénéficient de plans
d'intégration dans des corps ou des grades hiérarchiquement
supérieurs. Chaque année, 2 500 emplois d'AE,
1 500 emplois de PEGC et de 5 000 à 5 500 emplois de PLP1
ont été transformés en emplois de professeurs
certifiés, de PEPS ou de PLP2.
Ces différentes mesures qui correspondent à une stricte
application du plan de revalorisation de 1989 et des mesures
complémentaires décidées en 1993 sont toujours
poursuivies.
Il faut cependant noter que le corps des AE a été
budgétairement éteint à l'issue de la loi de finances pour
1997 et que le premier grade du corps des PLP a été éteint
par la loi de finances pour 2000.
S'agissant des PEGC et des CEEPS, le plan de revalorisation de la fonction
enseignante prévoyait l'intégration progressive de ces derniers
dans les corps des PEPS et des professeurs certifiés. Or, cette
intégration est délaissée par les intéressés
au profit d'une poursuite de carrière dans leur corps d'origine. Il est
donc proposé au projet de loi de finances (PLF) 2002, de remplacer une
partie de ces intégrations par la transformation d'emplois de CEEPS et
PEGC de classe normale en 75 CEEPS hors classe et 25 CEEPS de classe
exceptionnelle, en 303 PEGC hors classe et 101 PEGC de classe exceptionnelle.
Le coût de cette mesure s'élève à 4,8 millions
d'euros (soit 31,49 millions de francs) et sera compensé par la
réduction du nombre d'intégration dans les corps des PEPS et des
professeurs certifiés.
Les mesures de revalorisation des personnels de direction
Un premier plan de revalorisation signé en 1990
s'est achevé, au 31
décembre 1995, avec la disparition de la troisième classe de la
deuxième catégorie.
Le protocole d'accord sur la revalorisation des personnels de direction,
signé le 24 janvier 1993, a pris fin le 1er janvier 1996 : à
cette date, le pourcentage d'emplois de première classe a atteint 30
% des effectifs de la deuxième
catégorie
et 35
% des
effectifs de la première catégorie.
A
l'issue de la
réflexion
menée en 1994, un certain
nombre de mesures de nature statutaire, indiciaire et indemnitaire ont
été arrêtées en vue d'améliorer les
perspectives de carrière de ces personnels, dans les deux corps des
personnels de direction de
2ème catégorie et de 1
ère
catégorie.
Dans le cadre du protocole
d'accord du 9
février 1990 (Durafour), la carrière des personnels de direction
de deuxième catégorie, deuxième classe, a
été revalorisée, par la suppression des deux premiers
échelons avec maintien de la carrière en 18 ans, lissage des
indices intermédiaires et passage de
l'indice
terminal de
l'IB 801
à
l'IB 852. A cet
effet, une mesure de 125,53 millions de francs a été inscrite au
budget de 1998.
La montée en charge du pyramidage de la 1ère classe du corps de
deuxième catégorie, dont le protocole Bayrou avait prévu
qu'il serait porté en 2000 à 40 %, est achevée :
626 transformations d'emplois ont été opérées
pour un montant global de 14 millions de francs.
Au total, sur la période 1990-2001, les différents plans
intervenus en faveur de ces personnels incluant les revalorisations
indemnitaires et les incidences de classement des établissements se sont
chiffrés à 116,05 millions d'euros (761,24 millions de
francs).
Les mesures de revalorisation des inspections générales
Le statut de l'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale (IGAEN) a été entièrement
refondu. Il est désormais régi par le décret n°
99-878 du 13 octobre 1999 : les missions de cette inspection sont
étendues au secteur de la recherche, le corps prenant l'appellation
nouvelle d'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale et de la recherche - IGAENR. La carrière de
ses membres est revalorisée avec la création au sommet des deux
grades du corps, d'échelons spéciaux contingentés et
dotés, respectivement, de la hors échelle B et de la hors
échelle D.
Afin de tenir compte des réformes statutaires qui ont
dernièrement touché plusieurs corps d'encadrement
supérieur, et notamment celui des administrateurs civils, en les portant
à la hors échelle B, il est proposé dans le projet de loi
de finances pour 2002 de décontingenter l'échelon spécial
de la 2
ème
classe (HEB).
Sont également prévues plusieurs mesures de transposition, dans
le statut des inspecteurs généraux de l'éducation
nationale (IGEN), des dispositions introduites dans le corps des IGAENR par
décret du 13 octobre 1999 précité : contingentement
à 20 % de l'échelon spécial du corps des IGEN,
possibilité de nomination, hors contingent, dans cet échelon, des
anciens directeurs d'administration centrale et d'anciens recteurs ayant
occupé leur emploi pendant au moins 3 ans.
Cette réforme devrait permettre, à terme et à effectifs
constants la transformation de 25 emplois d'IGEN. Une montée en charge
progressive est prévue en 2002, à hauteur de
18 transformations d'emploi parmi lesquelles 15 sont effectuées
à coût nul. Le coût de la mesure s'élève
à 0,048 million d'euros.
Dans la même perspective d'harmonisation des régimes de
rémunération des deux inspections générales du
ministère, il est envisagé de retenir pour la prime de rendement
versée aux IGEN un taux moyen de 23 % du traitement indiciaire brut, ce
qui représente un coût supplémentaire annuel de 0,244
million d'euros.
Au total, le tableau ci-après, établi par le ministère de
l'Education nationale à la demande de votre commission des finances,
indique le montant de la rémunération mensuelle nette et les
primes des principaux corps d'enseignants en fonction de leur ancienneté
(seules les indemnités versées à l'ensemble du corps
d'enseignants dont il s'agit étant mentionnées).
Corps |
Textes réglementaires |
Indices
majorés début, milieu et fin de carrière (hors
indemnités) (1)
|
Rémunération nette mensuelle
|
Indemnités
|
Rémunération nette mensuelle
|
Instituteur (2) |
D n° 61-1012 du 7/12/1961 |
a) 339 |
a) 9 073F |
Ind. représentative de logement (3) |
|
|
|
b) 398 |
b) 10 652 F |
|
|
|
|
c) 514 |
c) 13 757 F |
|
|
Instituteur Spécialisé(2) |
D n° 61-1012 du 7/12/1961 |
a) 339 + 15 points (4) |
a) 9 474 F |
Indemnité spéciale (5) : 789 F |
a) 10 955 F |
|
D n°83-50 du 26/01/1983 |
b) 398 + 15 points (4) |
b) 11 054 F |
Heures coordination et de synthèse : 345,84 F (6) ou 691,68 F(7) |
b) 12 535 F |
|
|
c) 514 + 15 points (4) |
c) 14 158 F |
|
c) 15 639 F |
Prof. des écoles classe normale |
D n° 90-680 du 01/08/1990 |
a) 347 |
a) 9 287F |
|
a) 9 287 F |
|
|
b) 494 |
b) 13 221 F |
|
b) 13 221 F |
|
|
c) 657 |
c) 17 584 F |
|
c) 17 584 F |
Prof. des écoles hors classe |
|
a) 494
|
a) 13 221 F
|
|
a) 13 221
F
|
Prof. d'enseign. général de collège (PEGC) Classe normale |
D n°86-492 du 14/03/1986 |
a) 318
|
a) 8 511 F
|
ISOE, PF
(8): 607 F
|
a) 9 714 F |
b) 12 792 F
|
|||||
|
|
|
|
ISOE, PF (8): 607 F |
|
Hors classe |
|
a) 456 |
a) 12 204 F |
HSA (9): 491F |
a) 13 452 F |
|
|
c) 657 |
b) 17 584 F |
Ind. spéciale : 150 F |
c) 18 832 F |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ISOE, PF (8): 607F |
|
Classe exceptionnelle |
|
a) 611 |
a) 16 353 F |
HSA (9): 491F |
a) 17 601 F
|
|
|
c) 782 |
c) 20 930 F |
Ind. spéciale: 150 F |
|
Corps |
Textes réglementaires |
Indices
majorés début, milieu et fin de carrière (hors
indemnités) (1)
|
Rémunération nette mensuelle
|
Indemnités
|
Rémunération nette mensuelle
|
Chargé d'enseignement |
D n°72-582 du 4/07/1972 |
a) 294 |
a) 7 869 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 8 964 F |
|
|
b) 433 |
b) 11 589 F |
HSA (9): 491F |
b) 12 684 F |
|
|
c) 539 |
c) 14 426 F |
|
c) 15 521 F |
Adjoint d'enseignement |
D n°72-583 du 4/07/1972 |
a) 318 |
a) 8 511 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 9 620 F |
|
|
b) 433 |
b) 11 589 F |
HSA (9): 502F |
b) 12 698 F |
|
|
c) 539 |
c) 14 826 F |
|
c) 15 935 F |
Prof. certifié |
D n°72-581 du 4/07/1972 |
a) 347 |
a) 9 287 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 10 601 F |
Classe normale |
|
b) 494 |
b) 13 221 F |
HSA (9): 495F |
b) 14 535 F |
|
|
c) 657 |
c) 17 584 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
c) 18 898 F |
Hors classe |
|
a) 494 |
a) 13 221 F |
|
a) 14 605 F |
|
|
c) 782 |
c) 20 930 F |
HSA (9): 777F |
c) 22 314 F |
Prof. de lycée professionnel de 1 er grade |
D n° 92-1189 du 6/11/1972 |
a) 318
|
a) 8 511 F
|
ISOE,
PF(8): 607 F
|
c) 15 450 F |
|
|
|
|
|
|
Prof. de lycée prof. 2 ème classe |
D n°92-1189 du 6/11/1992 |
a) 347 |
a) 9 287 F |
ISOE, PF (8) 607 F |
a) 10 451 F |
|
|
b) 494 |
b) 13 221 F |
HSA (9): 707 F |
b) 14 372 F |
|
|
c) 657 |
c) 17 584 F |
|
c) 18 735 F |
Hors-classe |
|
a) 494 |
a) 13 221 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 14 605 F |
|
|
c) 782 |
b) 20 930 F |
HSA (9): 777 F |
b) 22 314 F |
Prof.
agrégé
|
D n° 72-580 du 4/07/1972 |
a) 378 |
a) 10 117 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 12 357 F |
|
|
b) 634 |
b) 16 968 F |
HSA (9): 1633 F |
b) 19 208 F |
|
|
c) 820 |
c) 21 947 F |
|
c) 24 187 F |
Hors-classe |
|
a) 657 |
a) 17 584 F |
ISOE, PF (8): 607 F |
a) 20 641 F |
|
|
c) 962 |
c) 25 747 F |
HSA (9): 2 450F |
c) 28 804 F |
Prof. de
chaire
|
D n° 68-503 du 30/05/1968 |
a) 657
|
a) 17 584F
|
ISOE, PF
(8): 607 F
|
a) 25 626 F
|
(1)
Valeur du point au 1er mai 2001 : 337,54 (éléments de calcul pris
en compte : traitements bruts + indemnité de résidence 3 % -
pension civile 7,85 %).
(2) Recrutement arrêté en 1994.
(3) Taux fixé par le préfet du département où
exerce l'instituteur.
(4) Bonification indiciaire.
(5) Si affectation dans une SEGPA, EREA ou dans une école
régionale du premier degré (ERPD).
(6) Classes préélémentaires.
(7) Classes du second degré.
(8) Indemnité de suivi et d'orientation des élèves, part
fixe (montant annuel : 7 284 F).
(9) Heures supplémentaires année : taux variable selon l'heure
(taux majoré pour la 1
ère
heure), le grade et
l'obligation de service.
(10) Obligation de service de 10 heures.
(11) Indemnité de fonctions particulières aux professeurs de CPGE
(taux annuel : 6 387 F).
(12) Taux horaire (montant mensuel variable selon le nombre d'heures).
2. Les mesures d'accompagnement des réformes pédagogiques
Le
projet de budget de l'enseignement scolaire prévoit de consacrer au
total
67 millions d'euros
(440 millions de francs) en année
pleine aux mesures nouvelles
d'accompagnement des principales
réformes pédagogiques
.
Ce montant équivaut à 3 % de la progression des crédits
de l'enseignement scolaire en 2002
(ou à 0,13 % des crédits
du budget de l'enseignement scolaire).
Ces mesures nouvelles visent à financer les réformes
suivantes, classées par coût budgétaire
décroissant :
a) L'apprentissage des langues vivantes à l'école primaire
Le
projet de loi de finances pour 2002 prévoit
16,8 millions d'euros
(110 millions de francs) de crédits supplémentaires en
année pleine pour financer les
vacations
liées à
l'apprentissage des langues vivantes à l'école primaire.
On peut en effet rappeler que le ministre de l'éducation nationale a
annoncé en juin 2000 un «
plan de diversification et de
développement des langues vivantes
» consistant à
ce que
d'ici 2005
:
-
tous les élèves de l'enseignement primaire, de la grande
section de l'école maternelle au CM2, suivent un enseignement de langues
vivantes
;
-
tous les élèves de 6ème apprennent deux langues
,
l'une débutée à l'école, l'autre commencée
au collège.
Selon le ministère, cet apprentissage précoce des langues
vivantes doit
« permettre de construire des compétences de
communication et contribuer de manière spécifique à la
maîtrise de la langue nationale et de la lecture
».
Il convient toutefois de souligner que le principe d'un apprentissage d'une
seconde langue dès la classe de 6
ème
s'inscrit en
rupture par rapport aux préconisations du rapport de M. Joutard
consistant à ne pas surcharger le cycle d'adaptation au collège,
en repoussant le commencement de la seconde langue vivante au début du
cycle central.
Quoi qu'il en soit, l'initiation à une première langue vivante
fut quasiment généralisée dans les classes de CM2 durant
l'année scolaire 2000-2001, dans des conditions souvent difficiles
en raison du manque de référentiels et d'enseignants
qualifiés (cf. encadré), et devrait être étendue aux
classes de CM1 en 2001-2002.
Les difficultés de la généralisation de l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire
L'inspection générale de l'éducation
nationale
(IGEN) a remis en février 2001 un rapport portant état des lieux
de l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire qui
observait que malgré «
le plaisir évident que
l'on constate chez les élèves lors des séances de
langue... les acquis linguistiques [des élèves qui ont
bénéficié d'un enseignement de langues vivantes à
l'école] sont modestes... [et] lorsqu'on observe des classes de
6
ème
composées d'enfants ayant tous reçu un
enseignement de langue à l'école, on a du mal à distinguer
leurs performances de celles de débutants
».
Selon l'IGEN, ce constat résulte notamment de ce que :
- les enseignants «
dans leur grande majorité ne
considèrent pas la langue étrangère comme une
matière dans la mesure où elle n'est pas évaluée et
où la place de l'écrit est minimisée »,
l'enseignement des langues étant ainsi « un moment de
récréation
» construits autour
d'activités ludiques à l'exclusion souvent de tout effort
personnel ;
- la plupart des salles ne sont pas équipées, l'enseignement des
langues est rarement assuré durant l'intégralité de
l'année scolaire (les assistants n'arrivant que début octobre et
partant fin avril et le recrutement des autres intervenants extérieurs
s'échelonnant su plusieurs semaines) et la régularité des
séances est aléatoire ;
- faute de méthodes de référence et de formations
adaptées, les compétences des maîtres ou des vacataires
sont souvent fragiles et leur enseignement n'est pas toujours assez
structuré. En particulier, les assistants étrangers ne sont
nullement préparés à l'enseignement solitaire face
à des élèves.
A terme, cet enseignement des langues vivantes à l'école primaire
doit être pris en charge par la majorité des enseignants du
premier degré, ce qui suppose la mobilisation et la
formation
des
maîtres du premier degré en poste (notamment via le
développement des échanges de service, des postes
fléchés, du recours à des maîtres itinérants
et des échanges internationaux) et la transformation de la formation
initiale des nouveaux professeurs des écoles (formation à
dominante, obligation d'être titulaire d'un certificat en langue pour
tous les candidats au concours).
Cependant, à court terme, cet enseignement est largement assuré
par des
vacataires extérieurs
(enseignants du second degré
volontaires, d'assistants de langue vivante, locuteurs natifs, voire
étudiants) rémunérés sur l'enveloppe
budgétaire prévue à cet effet et souvent difficiles
à recruter, notamment en zones rurales.
Ces difficultés de recrutement se conjuguent avec la volonté des
parents de voir leurs enfants étudier en priorité l'Anglais pour
conduire à une
faible diversité
des langues
enseignées : dans l'enseignement public, la part de l'Anglais dans
les langues étudiées en cours moyen ne cesse d'augmenter pour
dépasser 76 % en 2000-2001, tandis que celle de l'Allemand diminue de 23
% en 1998-1999 à 18 % en 2000-2001 et que les autres langues, notamment
l'Espagnol et l'italien, sont réduites à une portion de plus en
plus congrue (moins de 4 % au total).
Ces évolutions contrastent avec la volonté affichée par le
ministre de l'Education nationale de lutter contre
« l'hégémonie de l'Anglais ».
Interrogé par votre commission des finances, sur les mesures qu'il
entendait mettre en oeuvre à cette fin, celui-ci n'a toutefois rien
annoncé de concret, si ce n'est l'élaboration d'une carte des
langues permettant à tous les élèves de poursuivre au
collège la langue vivante commencée à l'école
primaire.
b) Le plan de relance de l'internat scolaire
L'internat scolaire connaît globalement une certaine désaffection, comme l'illustre le tableau ci-après.
Evolution depuis 1970 de la répartition des
élèves du second degré entre
externes,
demi-pensionnaires et internes
En % - France métropolitaine |
1970 |
1980 |
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
1971 |
1981(1) |
1991(2) |
1996 (3) |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|
PUBLIC |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Externes (4) |
48,1 |
43,5 |
40,6 |
40,2 |
40,6 |
40,2 |
39,2 |
38,6 |
37,6 |
Demi-pensionnaires |
40,9 |
49,7 |
54,1 |
55,4 |
55,1 |
55,5 |
56,6 |
57,3 |
58,7 |
Internes (5) |
11,0 |
6,8 |
5,3 |
4,4 |
4,3 |
4,3 |
4,2 |
4,1 |
3,6 |
|
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
PRIVE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Externes (4) |
47,4 |
42,3 |
43,1 |
43,7 |
44,7 |
44,9 |
44,9 |
45,2 |
43,3 |
Demi-pensionnaires |
30,6 |
44,3 |
47,9 |
48,9 |
48,2 |
48,2 |
48,3 |
48,4 |
50,6 |
Internes (5) |
22,0 |
13,4 |
9,0 |
7,4 |
7,1 |
6,9 |
6,8 |
6,4 |
6,2 |
|
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
PUBLIC +PRIVE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Externes (4) |
48,0 |
43,3 |
41,1 |
40,9 |
41,4 |
41,2 |
40,3 |
39,9 |
38,8 |
Demi-pensionnaires |
38,8 |
48,6 |
52,8 |
54,1 |
53,7 |
54,0 |
54,9 |
55,5 |
57,0 |
Internes (5) |
13,2 |
8,1 |
6,1 |
5,0 |
4,9 |
4,8 |
4,8 |
4,6 |
4,2 |
|
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source : DPD RERS 2000.
(1) à partir de 1980-1981, y compris SES-SEGPA et classes ateliers
publiques et privées.
(2) à partir de 1990-1991, y compris SES-SEGPA, classes ateliers
publiques et privées, et EREA.
(3) à partir de 1994-1995, y compris SES-SEGPA, classes ateliers
publiques et privées, EREA et les élèves suivant un
enseignement "en alternance" ou "loi quinquennale" en UPI ou en classe- relais.
(4) y compris externes surveillés qui restent à l'étude le
soir.
(5) y compris internes externés qui sont hébergés en foyer
ou chez un correspondant extérieur.
Par ailleurs, les taux d'occupation des internats existants sont relativement
faibles :
Capacité et taux d'occupation des internats publics en
2000-2001
(France métropolitaine)
|
Effectif total d'élèves |
Nombre d'ensembles immobiliers |
Nombre ensembles immobiliers avec internat |
% |
Capacité totale des internats |
Taux d'occupation des internats |
Lycée d'enseig. géné. et techno. (LEGT) |
974 166 |
929 |
456 |
49,0% |
89 501 |
78,3% |
Collèges |
2 403 310 |
4 666 |
251 |
5,5% |
16972 |
51,2% |
Lycées professionnels (LP) |
317 106 |
760 |
397 |
52,2% |
63 126 |
73,2% |
Cités scolaires |
777 730 |
545 |
398 |
73% |
80 732 |
72,6% |
TOTAL |
4 472 312 |
6 900 |
1 502 |
21,8% |
198 126 |
73,3% |
Selon le
ministère de l'Education nationale, la demande peut être ainsi,
dans l'ensemble, satisfaite dans les lycées.
Cependant,
la répartition géographique de l'offre est peu
adaptée
dans les collèges. En effet, 5 départements du
massif central ont plus de dix collèges avec internat, dont les taux
d'occupation sont d'ailleurs très faibles (moins de 30 % en moyenne dans
quatre de ces départements), mais des listes d'attente sont
signalées dans d'autres départements et 26 départements
(notamment dans le bassin parisien, ainsi que dans le Nord et l'Est de la
France) n'ont aucun internat en collège.
En outre, les conditions d'accueil sont parfois peu confortables : selon
l'Observatoire national de la sécurité des établissements
scolaires et de l'enseignement supérieur, 27 % des lieux de sommeil
comportent ainsi plus de six lits.
Enfin, le coût de l'internat (entre 6.000 et 7.000 francs par an en
collège et entre 7.000 et 8.000 francs par an en lycée selon le
ministère) est parfois dissuasif pour certaines familles.
C'est dans ce contexte que le ministre de l'Education nationale a
annoncé un « plan de relance et de développement de
l'internat scolaire » destiné plus particulièrement aux
jeunes ou aux parents (familles déstructurées, horaires de
travail décalés) en difficulté particulière.
Le projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2002 prévoit ainsi
d'accorder une
aide financière
de 231 euros (1.515 francs) par an
aux familles de tous les
élèves boursiers internes
(55.000
bénéficiaires), pour un coût total de
12,5 millions
d'euros en année pleine
.
Par ailleurs, le ministère a créé dans chaque
département une cellule chargée de la scolarité en
internat, et lancé une campagne d'information visant à valoriser
la poursuite d'études en internat, ainsi qu'un programme de formation
des personnels.
Enfin, le plan de relance et de développement de l'internat
scolaire prévoit également la création d'un
fonds
d'aide à la création d'internats scolaires, doté de 4,6
millions d'euros
(30 millions de francs) de crédits de paiement,
visant à permettre au ministère de l'Education nationale de
cofinancer la réhabilitation d'internats et/ou la construction de
nouveaux internats, en lien avec les collectivités locales et des
entreprises privées
44(
*
)
,
éventuellement avec l'appui technique de la Caisse des
dépôts et consignations (qui doit rendre à ce sujet un
rapport cet automne).
L'objectif
annoncé par le ministère est que chaque
département dispose d'ici cinq ans d'au moins un internat en
collège, un internat en lycée et un internat en lycée
professionnel.
Votre rapporteur spécial approuve pleinement l'objectif consistant
à développer l'internat pour offrir des solutions à des
jeunes en difficulté.
S'agissant des modalités du plan impulsé par le ministère,
il a toutefois déjà souligné que la création de
circuits de financement baroques
destinés à permettre
l'intervention de l'Etat dans des domaines qui ne sont pas de sa
compétence était souvent un échec.
Par ailleurs, il conviendra de porter une attention particulière
à la
sécurité
des internats scolaires. En effet, le
rapport annuel 2000 de l'Observatoire national de la sécurité des
établissements scolaires et de l'enseignement supérieur recensait
encore 31 bâtiments d'internat à structure métallique (donc
particulièrement vulnérables au feu), relevait que 7 % des
internats ne disposaient pas encore de détection automatique des
incendies et soulignait notamment « l'insuffisance du respect du
dispositif réglementaire » en matière d'exercices
d'évacuation.
c) Le développement des technologies de l'information et de la communication appliquées à l'enseignement
Le
projet de loi de finances pour 2002 prévoit d'accroître de
12,2 millions d'euros
(80 millions de francs) les crédits
destinés à favoriser le développement de l'usage des
technologies de l'information et de la communication appliquées
à l'enseignement
(TICE).
Ces crédits supplémentaires devraient notamment financer le
dispositif d'aide à l'équipement des établissements
scolaires et à la mise en ligne de leurs productions, ainsi que la
montée en charge du réseau RENATER et le développement de
l'usage des nouvelles technologies dans les services centraux et
déconcentrés.
On peut rappeler que, grâce notamment aux efforts des
collectivités locales, le
taux d'équipement
des
établissements scolaires était en moyenne en l'an 2000 d'un
ordinateur pour 25 élèves dans les écoles, d'un ordinateur
pour 14 élèves dans les collèges, d'un ordinateur
pour 6,4 élèves dans les lycées d'enseignement
général et technique et d'un ordinateur pour 4,8
élèves dans les lycées professionnels, ce parc comprenant
25 % des machines de moins d'un an et 56 % de matériel
multimédia. En outre, en l'an 2000, près de 30 % des
écoles, 91 % des collèges et la quasi-totalité des
lycées disposaient de connexions Internet.
Il convient toutefois de souligner que ces éléments quantitatifs
ne donnent qu'un reflet très flou des équipements effectivement
à la disposition des élèves. En réponse aux
questions de votre commission, le ministère indique en effet que
«
la quasi-totalité du parc recensé est
effectivement à la disposition des enseignants et des
élèves pour des usages pédagogiques
», mais
n'a pas transmis les résultats détaillés de
l'enquête ETIC (enquête sur les technologies de l'information et de
la communication) qu'il conduit auprès des établissements, de
manière à préciser où sont installés les
équipements recensés (salles de classe, salle
spécialisée, salle des professeurs, bureaux de l'administration,
etc.). En outre, ces résultats reposent sur les seules
déclarations des chefs d'établissement et ne rendent
évidemment pas compte de l'aptitude des enseignants à se servir
des équipements pour des usages pédagogiques.
Quoi qu'il en soit, on peut également indiquer que les priorités
du gouvernement en matière de TICE se déclinent selon quatre axes
principaux :
- le
premier équipement et le maintien à niveau des
équipements informatiques
des établissements (le nombre moyen
d'élèves par micro-ordinateur s'établissait ainsi en juin
2000 à 6 élèves par poste en lycée, à
14,5 élèves par poste en collège et à 25
élèves par poste à l'école primaire, la
moitié des appareils étant désormais multimédias et
communicants).
Il convient de rappeler que le partage des compétences en la
matière entre l'Etat et les collectivités locales est complexe,
puisque l'Etat est en principe chargé du premier équipement et de
la formation des personnels, tandis que les collectivités locales sont
en principe chargées de l'entretien des équipements, ce qui
peut parfois conduire à des problèmes de coordination ;
- le raccordement des établissements au réseau Internet et les
travaux de câblage et de
mise en réseau
interne
indispensables à la banalisation des usages pour les enseignants et les
élèves. Ces derniers travaux ressortent toutefois des
compétences des collectivités locales, dont les efforts avaient
permis d'équiper 85 % des lycées, 68 % des collèges et 50
% des écoles en juin 2000 ;
- l'amélioration de la qualité des
services
proposés aux personnels et aux élèves, avec la diffusion
de l'accès aux
réseaux à haut débit
et la
création dans les académies de
plate-formes d'assistance
à utilisateurs
fournissant des prestations de conseil et de
téléadministration de réseaux et de serveurs ;
- enfin,
l'amélioration de l'environnement de travail
des
personnels et des élèves, qui prend à ce jour la forme
d'expérimentations comme la diffusion dans certains
établissements de l'académie de Grenoble d'un environnement de
communication internet-intranet - l'architecture SLIS (« Serveur
Linux pour l'Internet Scolaire ») - permettant à la
communauté pédagogique de disposer d'un certain nombre de
services ; le projet de « bureau virtuel de
l'enseignant », c'est à dire de portail de services offrant
aux enseignants l'accès, depuis n'importe quel poste, à un
environnement de travail personnalisé et simple d'emploi ; enfin
les projet de « cartables électroniques » consistant
à offrir le même type de services aux élèves.
Au delà des effets d'affichage, on peut toutefois observer que le
développement de certains projets est parfois difficilement
maîtrisé, comme l'illustrent les deux exemples suivants :
- à la suite de la signature d'une convention avec La Poste, le ministre
de l'Education nationale avait annoncé à deux reprises, le 28
novembre 2000, puis le 8 janvier 2000, que «
chaque
élève aura une adresse électronique, gratuite, accessible
partout, à l'école, à la maison ou chez un ami, qu'il
gardera toute sa vie et qui respecte les grands principes de l'éducation
nationale : neutralité, confiance, absence de
publicité
»
45(
*
)
, la
montée en puissance de ce dispositif, présenté par le
ministre comme «
un acte sans
précédent
», un «
joli cadeau de
Noël
» ou une «
deuxième vie
donnée aux échanges épistolaires
»
46(
*
)
, devant s'effectuer sur deux ans.
Cette annonce n'était en fait pas totalement sans
précédent, puisque La Poste avait déjà
annoncé en août 2000 qu'elle mettait gratuitement à
disposition de chaque Français une adresse Internet permanente et
gratuite. En outre, cette annonce faisait fi des problèmes
pédagogiques, techniques et administratifs en suspens (par exemple en
matière de filtrage des contenus), comme de ce que le taux
d'équipement de la plupart des établissements est
évidemment insuffisant pour que les élèves puissent
effectivement relever régulièrement leur courrier, alors
même que le protocole d'accord entre le ministère et La Poste, par
ailleurs assez flou, précise que l'inscription à la messagerie
doit être effectuée en classe et que son utilisation s'effectue
dans l'enceinte de l'établissement.
En juin 2001, le nombre de boîtes à lettres effectivement ouvertes
dans ce cadre n'était d'ailleurs que de 8.246 selon le ministère.
- de manière similaire, on peut rappeler que le ministère de
l'Education nationale a institué par une circulaire publiée le 23
novembre 2000 un « brevet informatique et Internet » (B2i),
dont l'objectif est de « spécifier un ensemble de
compétences significatives dans le domaine des technologies de
l'information et de la communication et d'attester leur maîtrise par les
élèves concernés ». La mise en place du B2i doit
s'effectuer progressivement à tous les niveaux d'enseignement : il
devait en principe concerner tous les collèges dès l'année
scolaire 2000-2001 et sera généralisé à l'ensemble
des écoles en 2002-2003.
Dans le cadre des réponses aux questions de votre commission, le
ministère indique à cet égard que «
le
ministre a demandé le 1
er
décembre 2000 à
l'inspection générale de l'éducation nationale (IGEN)
d'enquêter sur la mise en place [du B2i] dans les écoles et les
collèges... en mars 2001, un rapport d'étape fait état de
premières observations encourageantes : « l'année
scolaire 2000-2001 peut être considérée comme une
année de mise en route, de sensibilisation et d'information ».
Cependant « l'Education nationale a réagi
promptement ». L'ensemble du système éducatif est
mobilisé
».
Cette présentation des conclusions du rapport de l'IGEN est
tronquée et déformée.
En effet, le rapport de l'IGEN, que votre rapporteur avait par ailleurs
demandé, souligne d'emblée : «
prévue
pour la fin août 2000, la publication de la note de service
définissant le B2i niveau 1 et niveau 2 n'a pu intervenir que le 23
novembre 2000, compte tenu des délais nécessaires à la
concertation avec la instances représentatives. La publication de cette
note n'a pas été aussitôt suivie de mesures
d'accompagnement, et nous constaterons dans la suite de l'enquête, que
l'existence même du B2i est parfois, en mars 2001, ignorée sur le
terrain
».
En outre l'IGEN conclut son introduction par l'encadré suivant :
« ...
il demeure que, comme l'enquête conduite par
l'inspection générale
à
propos de la mise
à niveau informatique en classe de seconde, on ne peut qu'être
surpris devant le fait que la publication par le Bulletin officiel de
l'éducation nationale d'un texte instaurant une mesure nouvelle soit si
peu considérée par les divers niveaux de l'institution comme une
invitation à mettre en oeuvre cette mesure. Un accompagnement par
diverses méthodes dites, dans le vocabulaire actuellement en vigueur
dans la société, de « communication »
paraît être devenu nécessaire. Il semble, dans ce contexte,
indispensable que le ministère présente plus clairement ses
priorités et la hiérarchie de ses priorités, sous une
forme immédiatement opérationnelle aux divers
niveaux
».
Enfin, le rapport de l'IGEN relève, entre autres, les problèmes
de formation des enseignants («
la validation d'un B2i pose aux
professeurs le redoutable problème technique et surtout éthique
d'évaluer chez un élève des compétences qu'ils ne
sont pas assurés de maîtriser eux-mêmes en
totalité
») et le manque d'ordinateurs connectés
à Internet effectivement accessibles aux élèves.
d) Le développement de l'éducation artistique et culturelle
Le
projet de budget de l'enseignement scolaire prévoit d'accroître de
9,15 millions d'euros
(60 millions francs) les crédits relatifs
au plan quinquennal pour le développement de
l'éducation
artistique et culturelle
annoncé en novembre 2000 et visant à
«
mettre l'enseignement artistique au coeur de l'école et
à étendre l'accès aux arts et à la
culture
».
Ainsi doté de
49 millions d'euros
(323 millions de francs)
de
crédits en 2002
, ce plan prévoit notamment la création
à partir de la rentrée 2001 de «
classes à
projet artistique et culturel
» (20.000 dans les écoles,
4.000 au collège et 3.000 en lycée professionnel), l'ouverture de
1.000 chorales supplémentaires, le renforcement des moyens des ateliers
artistiques et des classes culturelles et la présence dans les classes
d'artistes et de professionnels de la culture (le plus souvent vacataires).
e) Le plan Handiscol
Le
projet de budget
de l'enseignement scolaire pour 2002 prévoit
8,6 millions d'euros
(56,6 millions de francs) de crédits pour
la deuxième tranche du
plan « Handiscol »
de
scolarisation des élèves handicapés (25 millions
d'euros de crédits étant prévus au total sur trois ans).
Ces crédits permettront de financer une participation aux frais de
transport supportés par les familles (à hauteur de 0,9 millions
d'euros) et la location ou l'acquisition de matériels
spécifiques, essentiellement de nature informatique, permettant
d'équiper les enfants handicapés moteurs ou déficients
sensoriels (à hauteur de 7,7 millions d'euros).
On peut rappeler que le plan Handiscol, conduit depuis 1999 par le
ministère de l'Education nationale en liaison avec le ministère
de l'emploi et de la solidarité, vise à porter à 50.000 en
trois ans le nombre d'enfants et d'adolescents handicapés accueillis en
milieu scolaire ordinaire.
Ce plan comporte 20 mesures, dont certaines ont déjà fait l'objet
d'une réalisation effective, tandis que d'autres se mettent
progressivement en place, comme l'édition à 75.000 exemplaires
d'un guide pratique à l'intention des familles ; la mise en place
depuis janvier 1999 d'une cellule nationale d'écoute pour les familles
et les enseignants
47(
*
)
; la révision de
la réglementation relative à la scolarisation des enfants et
adolescents handicapés et la refonte des textes relatifs aux
classes d'intégration scolaire (CLIS) dans le 1
er
degré ; le rapprochement des outils statistiques du
ministère de l'éducation nationale et du ministère de
l'emploi et de la solidarité ; l'amélioration du
fonctionnement des commissions départementales d'éducation
spéciale (CDES) ; la préparation de guides à l'usage
des enseignants intégrant des enfants porteurs de handicaps ou de
maladies invalidantes
48(
*
)
. Par ailleurs, un
groupe de travail doit élaborer des propositions pour favoriser le
développement de l'édition adaptée, et en particulier des
manuels scolaires, à l'usage des jeunes non voyants ou malvoyants.
Enfin, on peut souligner que nombre
d'aides éducateurs
de
l'éducation nationale consacrent tout ou partie de leur activité
à l'aide à l'intégration scolaire comme
« auxiliaires d'intégration ».
f) Les bourses au mérite
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit la création de 10.000 bourses de mérite supplémentaires , d'un montant annuel de 762,25 euros (5.000 francs) pour un coût de 7,6 millions d'euros (50 millions de francs) en année pleine. Ces bourses s'adressent aux boursiers de collège les plus méritants et visent à leur permettre de poursuivre au lycée une scolarité conduisant au baccalauréat.
g) La validation des acquis professionnels
Le
projet de loi de finances pour 2002 prévoit d'augmenter de 35 %,
à
2,9 millions d'euros
, les crédits
spécifiques accordés aux académies pour financer les
services de validation des acquis professionnels
.
Cette mesure s'inscrit dans le cadre des dispositifs prévus par le
projet de loi de modernisation sociale, actuellement en cours d'examen,
consistant notamment à ouvrir la possibilité aux professionnels
de faire reconnaître des compétences exercées dans des
activités bénévoles ; à leur ouvrir la
possibilité d'obtenir la totalité d'un diplôme par la
validation des acquis ; à réduire de cinq à trois ans
la durée préalable d'expérience exigée ; enfin
à accorder la faculté aux jurys de dispenser un candidat, sur le
fondement de ses acquis professionnels, des conditions de titres requises pour
préparer un diplôme.
B. LES AUTRES AXES DE LA POLITIQUE EDUCATIVE
1. Les autres orientations générales du gouvernement en matière de politique éducative
a) La refondation de la politique d'élaboration des programmes
Le
ministre de l'Education nationale a présenté le 29 novembre 2000
un dispositif visant à refonder la politique
d'élaboration des
programmes
, notamment en clarifiant les responsabilités respectives
des différents acteurs institutionnels et en assurant une meilleure
cohérence des programmes entre les différents niveaux du primaire
et du secondaire comme entre les disciplines d'une même année.
Les responsabilités des différents acteurs institutionnels sont
donc désormais les suivantes :
- les missions du Comité National des Programmes (CNP) sont
renforcées. Cette instance interdisciplinaire, qui réunit des
membres choisis pour leur compétence scientifique et leur
expérience du système éducatif, est chargée
d'éclairer en amont la réflexion sur les grands choix à
opérer. Pour enrichir cette dernière, elle associe des membres
associés européens à ses travaux. Le CNP est
également responsable de la rédaction du « Cahier
d'exigences pour le collège », sorte d'idéal
éducatif du collégien, destiné à rendre les
programmes accessibles à tous. Ce document doit être
diffusé avant la fin de l'année 2001 ;
- la composition des groupes d'experts, précédemment
« groupes techniques disciplinaires », chargés de la
rédaction des programmes a été revue pour mieux associer
toutes les compétences, en intégrant des enseignants du primaire
comme du secondaire (collège et lycée). Pour la première
fois, un groupe a été mis en place pour le premier degré,
sous la présidence du recteur Philippe Joutard, également
chargé d'une mission de réflexion sur le collège. Un autre
groupe, présidé par le recteur Joseph Losfeld, travaille sur les
nouvelles pratiques d'enseignement ayant une dimension interdisciplinaire (TPE,
travaux croisés...) ;
- la direction de l'enseignement scolaire assure un rôle de coordination
d'ensemble : elle organise et facilite l'activité des groupes d'experts.
En liaison avec le CNP, elle veille au respect de l'impératif de
cohérence dans leurs travaux en favorisant les échanges entre
eux. Elle organise les consultations publiques qui doivent permettre
l'actualisation régulière des « documents
d'accompagnement » favorisant la mise en application des
programmes ;
- l'inspection générale est consultée tout au long du
dispositif ;
- les recteurs ont une pleine responsabilité pédagogique : ils
mettent en oeuvre les consultations qui permettent d'associer les enseignants
à l'élaboration des programmes ;
- enfin, les projets de programmes seront systématiquement
présentés aux enseignants.
Une première vague de consultation a ainsi eu lieu au cours de l'automne
2000 sur les programmes des classes de première. Les programmes des
classes terminales ont été présentés au printemps
2001. Les programmes de l'école primaire doivent être
prochainement mis en consultation.
On peut toutefois regretter que cette refonte des modalités
d'élaboration des programmes ne soit pas accompagnée d'une
impulsion forte visant à ce que ceux-ci prennent mieux en compte notre
contexte européen
.
En effet, l'inspection générale de l'éducation nationale
(IGEN) soulignait dans un rapport rendu en septembre 2000 que les programmes
d'enseignement se caractérisaient par «
l'atonie relative
des contenus
» en matière de construction
européenne, et relevait notamment : «
on cherche en
vain le mot Europe dans les récents programmes pour l'école
élémentaire - hormis une définition
géographique avec l'Oural pour frontière qui fait aujourd'hui
sourire -... Au lycée, le nouvel enseignement d'éducation
civique, juridique et sociale ne s'est guère prononcé encore sur
la présentation en classe de la citoyenneté européenne
depuis Schengen, et pas davantage sur les contenus civiques des textes
fondateurs de l'Europe communautaire depuis un demi-siècle. On observe
aussi qu'aucun des thèmes nationaux retenus pour les futurs travaux
personnels encadrés ne fait appel à une vision européenne
des questions proposées...[De même], le concept de
« citoyenneté européenne » demeure aussi
vague qu'indéterminé au collège, sans que sa mise en
examen [sic] figure clairement dans les finalités avouées de
l'éducation civique
».
b) Le développement des langues régionales
Les orientations du gouvernement en matière de langues régionales sont exposées infra dans le cadre du commentaire de l'article 65 du projet de loi de finances pour 2002.
2. Les réformes pédagogiques par niveau d'enseignement
a) A l'école primaire
On peut
rappeler que le ministre de l'Education nationale a annoncé en l'an 2000
un plan pour l'école maternelle et élémentaire visant
notamment à «
gagner la bataille de la lecture et de
l'écriture
» et réaffirmant pour ce faire
«
la priorité accordée à la maîtrise de
la langue nationale et aux pratiques de lecture, d'écriture et
d'échanges oraux
».
A cette fin, il a lancé à la rentrée 2000 un plan de
développement des bibliothèques centres de documentation des
écoles primaires consistant à renforcer leur dotation de 500.000
ouvrages (soit 0,13 par élève).
Deux dispositifs nouveaux ont été mis en place à la
rentrée 2001 :
- le
repérage
systématique des compétences, des
difficultés ou des retards au début de la grande section de
maternelle et au début du cours préparatoire. Ces
évaluations, qui portent essentiellement sur le langage oral et sur les
premières phases d'entrée dans la maîtrise de
l'écrit, visent le repérage des acquis et des indices de
difficultés naissantes. Les résultats de ces évaluations
ne feront pas l'objet d'une collecte nationale, mais serviront à
l'équipe pédagogique pour adapter les parcours d'apprentissage et
seront communiqués et expliqués aux parents ;
- l'amélioration de l'exploitation des
évaluations
nationales existantes. En particulier, la circulaire n°2000-205 du 16
novembre 2000 prévoit la mise en place de programmes
personnalisés d'aide et de progrès pour les élèves
les plus en difficulté afin que l'année de CE2 leur permette de
renforcer leurs acquis et de compléter leurs lacunes.
On peut toutefois observer que ce plan « pour l'école
maternelle et élémentaire » comporte en fait peu
d'orientations pour
l'école maternelle
. Interrogé par
votre commission sur les suites qu'il entendait donner au rapport de l'IGEN de
janvier 2000 portant «
état des lieux
» pour
l'école maternelle en France, le ministre s'est ainsi contenté de
répondre que ce rapport «
[n'avait]
pas
été rendu public
». Ce rapport contenait pourtant
nombre de recommandations de bon sens, comme celles consistant à ce que
les spécificités des classes de maternelle soient prises en
compte dans le cadre de la formation initiale des professeurs des écoles
appelés à y enseigner.
b) Au collège
En
s'appuyant notamment sur le rapport qu'il avait commandé à
M. Philippe Joutard, le ministre de l'Education nationale a annoncé
le 5 avril 2000 ses
nouvelles orientations pour le collège
(«
le collège pour tous et pour chacun
»).
Contrairement aux préconisations formulées par M. Jean-Luc
Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement
professionnel, qui soulignait notamment les écarts d'âge
49(
*
)
dans les classes de 5
ème
et de
4
ème
, cette réforme a maintenu le principe
d'un
collège unique,
« lieu de tous les brassages et
impliquant le vivre ensemble
».
Afin de «
réaliser [cet] l'idéal du collège
unique
» et de démocratiser non plus seulement
l'accès au collège, mais aussi la réussite scolaire, ces
orientations pour le collège visent toutefois à
«
prendre en compte en compte et à valoriser les
différences individuelles
», c'est à dire
«
à
proposer aux collégiens un
véritable parcours de formation qui concilie un niveau
élevé d'exigences et une pluralité d'itinéraires
pour les atteindre
», «
les questions de
pédagogie et d'éducation, et non de structure, [étant]
prioritaires
».
Concrètement, il s'agit de mieux
gérer
l'hétérogénéité
des
élèves, non pas au travers de filières différentes,
mais grâce à la mise en place de
parcours individuels
différenciés
, à une meilleure prise en charge des
élèves en difficulté et à une meilleure
préparation aux choix d'orientation.
Pour atteindre ces objectifs, les établissements sont invités
à «
exercer leur responsabilité et à mettre
en place des dispositifs adaptés
», et leur
autonomie
est étendue à la gestion des moyens
destinés aux actions prioritaires prévues par le projet
d'établissement : ce principe de globalisation des moyens
délégués dans les collèges concerne la classe de
6
ème
à partir la rentrée 2001, et devrait
s'étendre progressivement à toutes les autres classes.
La
mise en oeuvre
des mesures annoncées pour le collège
doit se faire au rythme d'un cycle par année. La nouvelle
6
ème
fut donc mise en place à la rentrée 2001.
Les classes de 5
e
et de 4
e
seront concernées
à la rentrée 2002 et la classe de 3
e
à la
rentrée 2003. Enfin, la première session du «
brevet
d'études fondamentales
», qui remplacera le diplôme
national du brevet, aura lieu en juin 2004.
Année par année, ces orientations générales se
déclinent
de la manière suivante :
-
1a classe de 6
e
doit être «
un moment
d'adaptation et d'intégration
». Les collèges sont
donc «
invités à innover dans le domaine de
l'accueil des élèves
» et un horaire doit
être explicitement consacré à cet accueil et à cette
intégration de la rentrée à la Toussaint, afin d'une part
de permettre aux élèves de mesurer clairement les attentes du
collège en termes de savoirs, de méthodes, de
comportements ; d'autre part de donner confiance aux plus fragiles en
mettant en relief les éléments de continuité qui existent
d'un niveau d'enseignement à l'autre. Par ailleurs, l'apprentissage de
l'expression orale
sera conforté, et appuyé par la
prochaine généralisation, au niveau des programmes de toutes les
disciplines, d'une rubrique « maîtrise des langages »
telle qu'elle existe déjà en histoire-géographie. Enfin,
l'intérêt pédagogique de l'évaluation nationale
à l'entrée en 6
e
est réaffirmé et cette
évaluation sera étendue à d'autres disciplines que le
français et les mathématiques ;
- les
classes de 5
e
et de 4
e
doivent permettre la
«
reconnaissance de la diversité des goûts et des
aptitudes
». Les pratiques de
pédagogie
différenciée
mises en oeuvre depuis plusieurs années
dans le cadre des « parcours diversifiés » puis des
« travaux croisés » devraient ainsi connaître
un nouvel essor sous la forme d'
itinéraires de découverte
mis en place à partir de la rentrée 2002. Fondés sur une
approche interdisciplinaire, ils devront valoriser chez les
élèves le travail autonome autour de projets et favoriser le
travail en équipe des enseignants. Chaque élève choisira
plusieurs itinéraires de découverte parmi quatre
pôles : la nature et le corps humain, les arts et les
humanités, les langues et les civilisations, l'initiation à la
création et aux techniques. L'évaluation du travail
réalisé dans ces itinéraires sera l'une des composantes du
nouveau brevet d'études fondamentales ;
- la classe de 3
e
doit constituer «
une
préparation aux premiers choix d'orientation
». Cette
préparation s'inscrit dans le cadre de la circulaire n° 96-204
du 31 juillet 1996 relative à
l'éducation à
l'orientation
au collège. Cependant, cette préparation
à l'orientation devrait aussi s'appuyer sur les nouveaux
itinéraires de découverte choisis en 5
ème
et en
4
ème
et surtout sur
une nouvelle répartition des
enseignements
laissant une part de choix aux
élèves
: 15 % de l'horaire de la 3
e
seront
consacrés à des enseignements choisis par l'élève,
en plus des enseignements communs. Plusieurs domaines d'options seront
proposés : langues et cultures de l'Antiquité, langues et
cultures du monde, arts, sciences expérimentales, technologie,
découverte professionnelle. Sur la base de
quatre
heures
hebdomadaires
, chaque élève pourrait choisir deux domaines
représentant deux heures.
A partir de la rentrée 2003, le parcours de la scolarité au
collège sera par ailleurs couronné par un diplôme
unique :
le brevet d'études fondamentales.
Construit dans
l'esprit du baccalauréat, il remplacera l'actuel diplôme national
du brevet. Obligatoire pour tous les collégiens, et
«
symbole de la réussite au collège
»,
il «
sera un élément
déterminant
» pour la poursuite d'études en classes
de seconde générale, technologique ou professionnelle et portera
sur les enseignements suivis lors de toute la scolarité au
collège. Outre des épreuves communes, cet examen portera sur une
ou deux épreuves au choix dotées d'un fort coefficient, ce qui
sera une façon de valoriser les enseignements spécifiques choisis
par les élèves.
Ces orientations, au demeurant assez floues, appellent les trois observations
suivantes :
• En premier lieu, contrairement aux préconisations du rapport de
M. Joutard, qui estimait nécessaire, «
en rapport avec les
conclusions des réflexions en cours et du rapport récent [de
2000] des deux inspections générales, ... de
redéfinir clairement les missions
» des sections
d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA),
qui reçoivent des
élèves en grande difficulté
scolaire,
ces orientations se contentent d'en «
renforcer la
spécificité
» ;
• En second lieu, les orientations annoncées en faveur de
l'autonomie
des établissements demeurent extrêmement
modestes. En effet, si elle constitue un progrès, la globalisation des
moyens dans une même enveloppe (intégrant postes et heures
supplémentaires) contractualisée sur trois ou quatre ans et
modulée en fonction des établissements, n'est prévue que
pour les actions prioritaires prévues par le projet
d'établissement. En outre, si le protocole d'accord du 16 novembre 2000
relatif au statut des chefs d'établissements les a pour partie
déchargés de tâches administratives, il n'a presque pas
renforcé leurs prérogatives en matière d'animation
pédagogique (cf. encadré).
Le plan de revalorisation du rôle des chefs d'établissement de l'enseignement secondaire
A la
suite notamment des réflexions consécutives au rapport remis en
avril 1999 par le recteur BLANCHET, relatif à «
la
revalorisation du rôle des chefs d'établissement dans
l'enseignement secondaire
», le ministre de l'Education nationale
a signé le 16 novembre 2000 un protocole d'accord portant revalorisation
du rôle des chefs d'établissement, c'est à dire qui visait
plus précisément à :
- clarifier les missions et les responsabilités du chef
d'établissement ;
- créer les conditions d'un pilotage et d'un fonctionnement efficace de
l'établissement et de ses différentes instances, notamment en
installant une nouvelle organisation de la gestion matérielle et
financière pour alléger les tâches administratives du chef
d'établissement ;
- développer l'évaluation par objectifs des chefs
d'établissement ;
- enrichir et professionnaliser la formation initiale des personnels de
direction ;
- faire évoluer progressivement le recrutement en abaissant l'âge
maximum d'accès à 45 ans ;
- accroître la mobilité, qui sera rendue obligatoire à
l'issue de 9 ans dans le même poste ;
- accroître la déconcentration académique.
Parallèlement, la carrière des personnels de direction
était financièrement revalorisée (revalorisation des
indemnités, « repyramidage » du corps, etc.), pour
un surcoût annuel d'environ 24,4 millions d'euros (160 millions de
francs) d'ici 2004.
Enfin, les emplois de débouchés offerts était
élargis.
Dans le cadre de son rapport spécial au nom de la commission des
finances du Sénat sur les crédits de l'enseignement scolaire pour
2001, M. Jean-Philippe Lachenaud, alors rapporteur spécial total,
s'était félicité de la plupart de ces orientations,
notamment de l'amélioration de la formation, de l'évaluation et
de la mobilité de ces personnels indispensables au bon fonctionnement
des établissements locaux d'enseignement. Il était en effet
parfois peu satisfaisant que certains personnels de direction demeurent 20,
voire 25 ans dans le même établissement. De même,
l'amélioration de la formation initiale et continue des personnels de
direction pourrait permettre la diffusion de techniques modernes de management,
comme la construction de tableaux de bord.
Il avait toutefois souligné que protocole constituait à bien des
égards une
occasion
manquée
.
En premier lieu, le protocole ne prévoit d'ouvrir le recrutement des
personnels de direction qu'à des fonctionnaires détachés,
dans la limite de 5% de chacun des niveaux d'entrée des corps
concernés, et après la parution de nouvelles dispositions
statutaires toujours en examen un an après. Il était pourtant
envisageable d'élargir ce recrutement à des cadres issus du
secteur privé, au moins à titre expérimental.
En second lieu, la « clarification » annoncée des
personnels de direction relève plutôt d'un compromis flou.
En effet, si le protocole confirme que le chef d'établissement
« impulse et conduit une politique pédagogique et
éducative », il ne renforce aucunement le droit de regard et
d'évaluation des personnels de direction sur le travail des enseignants,
contrairement aux préconisations du rapport du recteur Monteil de 1999.
Par ailleurs, ce protocole tend à décharger les personnels de
direction des tâches d'administration et de gestion, alors même que
divers rapports de l'Inspection générale de l'administration de
l'Education nationale (IGAEN) soulignaient déjà que les chefs
d'établissement n'assumaient pas leurs responsabilités
d'ordonnateur de manière satisfaisante, les engagements de
dépense étant ainsi souvent signés par le gestionnaire
sans contrôle et sans délégation de signature.
Pour le reste, les orientations du ministère en matière
d'autonomie des établissement consistent selon le ministère
à développer les
« bassins de
formation
» (des «
structures non
hiérarchiques, niveau infra départemental d'animation de l'action
pédagogique et de la vie des établissements, qui offre aux
établissements qui les composent comme à leurs équipes de
direction un espace important d'échange, d'initiative qui contribue
à renforcer les capacités d'action des établissement et
donc leur autonomie
») ; à «
engager...
un travail visant l'amélioration, pour et dans l'établissement,
des outils de connaissance, d'analyse et de gestion de ses différentes
composantes
» ; enfin, à
«
envisager
la création d'un conseil
pédagogique chargé d'instruire les questions pédagogiques
soumises à l'examen du conseil d'administration, ...,
[et de
participer] au suivi de la mise en oeuvre du projet d'établissement et
à l'élaboration du rapport annuel sur le fonctionnement
pédagogique de l'établissement. Réuni sous la
présidence du chef d'établissement, il pourrait être
composé de 10 à 25 enseignants, désignés par les
équipes pédagogiques, à raison d'un enseignant pour chaque
discipline et d'un pour chaque niveau d'enseignement...
».
A bien des égards,
ces orientations paraissent en retrait par rapport
aux préconisations de M. Joutard,
selon lesquelles
« la
première condition [de réussite de la réforme] est
l'autonomie des établissements qui doit s'accompagner d'un meilleur
fonctionnement en réseau. Cette autonomie est assurée
- par deux globalisations distinctes de moyens : d'une part, ceux qui sont
accordés pour la réussite de tous ; d'autre part, ceux qui
sont prévus pour la diversification (parcours de
découverte) ;
- en donnant la possibilité au principal aidé par des professeurs
responsables en relation avec leurs collègues des lycées
professionnels et toute autre personne utile de trouver des dispositifs
adaptés pour les élèves en voie de rupture avec le
système scolaire sous la forme de contrats pédagogiques
personnalisés : classes relais, collèges
expérimentaux, internat, lycées professionnels, autres formules
plus souples encore...
L'instrument de ce projet reste le projet d'établissement... Il faut
donner au conseil d'administration une véritable fonction
pédagogique
».
Par ailleurs, le rapport de M. Joutard soulignait que cette autonomie devait
s'accompagner de quatre contreparties elles aussi partiellement absentes des
orientations ministérielles : «
une évaluation
rigoureuse, dont on tire les conséquences ; une formation initiale
et plus encore continuée de tous les acteurs de terrain ; une
attention particulière portée à la qualité des
chefs d'établissement ; [enfin] un pilotage clair, ferme et soutenu
de l'autorité tant ministérielle que
déconcentrée ».
• Enfin, on peut plus généralement
s'interroger sur la
capacité du ministère à mettre effectivement en oeuvre une
nouvelle réforme des collèges.
En effet, le rapport général de l'IGAENR pour 1999
soulignait
50(
*
)
que la rénovation du
collège engagée en 1994 «
avait quelque
difficulté à se mettre en place, faute sans doute d'avoir
été bien comprise... Certes les nouveaux programmes sont
entrés en application, mais les évolutions attendues en termes de
structures et de méthodes ne sont pas au rendez-vous
». En
particulier, comme le relevait un nouveau rapport de l'IGAENR en septembre
2000
51(
*
)
, «
le collège en
trois cycles n'est toujours pas assimilé, six ans après sa
création
».
De même, quoique « recentrées » par M. Lang
sur des priorités un peu mieux affirmées, les 40 mesures
annoncées en juin 2000 par Mme Ségolène Royal, alors
ministre déléguée à l'enseignement scolaire,
embrayent très inégalement sur les pratiques des
établissements et des enseignants. En particulier, les enseignants, et
a fortiori
les élèves et leurs parents éprouvent
toujours quelques difficultés à assimiler les subtiles
différences entre les heures normales, les heures de remise à
niveau, les heures dédoublées, l'enseignement modulaire, l'aide
individualisée, les parcours diversifiés, les groupes de
nouvelles technologies appliquées, la souplesse horaire, les travaux
croisés, les ateliers de lecture, les études dirigées ou
encadrées, le tutorat, les heures de vie de classe, etc., et ces
diverses modalités d'enseignement sont mises en oeuvre de manière
très inégale. L'IGAENR conclut
52(
*
)
d'ailleurs à cet égard que les
réformes du collège «
ont souffert à la fois
de [la] volonté de tout réglementer dans le détail, mais
aussi, parallèlement, de l'absence d'aide concrète et de soutien
apportés aux équipes enseignantes et aux équipes de
direction, en particulier en matière d'outils pédagogiques et de
formations
».
Tout en préconisant de nouvelles mesures pour le collège, M.
Joutard reconnaissait ainsi : «
on a parfois le sentiment
d'une accumulation de mesures superposées sans être
harmonisées ; L'exemple le plus clair réside dans la
succession mal comprise de parcours diversifiés en cinquième et
de travaux croisés en quatrième, sans que les acteurs de terrain
et encore moins les parents ou élèves comprennent la logique de
cette succession. Le système devient de plus en plus illisible. Tous les
observateurs insistent aussi sur la lassitude et le
désenchantement...
».
c) Au lycée
La mise
en place de la réforme amorcée à la rentrée 1999
dans les classes de seconde se poursuit, puisqu'elle s'étend à la
rentrée 2001 aux classes de terminale des séries
générales.
On peut rappeler que cette réforme consiste pour l'essentiel en la mise
en place de nouveaux programmes qui accordent une place plus importante
à l'initiative des enseignants, à l'accompagnement
personnalisé de chaque élève, à l'aide à
l'orientation progressive et au choix des options.
Les principales
novations
de la rentrée 2001-2002 sont
ainsi :
- la consolidation et extension progressive des
travaux personnels
encadrés
53(
*
)
(TPE) dans les
séries de la voie générale : confortés en
classe de première, ils sont introduits en terminale dans tous les
lycées et dans toutes les séries de la voie
générale. A titre transitoire et pour la seule année
scolaire 2001-2002, les élèves pourront choisir ou non de
s'engager dans un TPE et de présenter ou non le travail effectué
comme épreuve supplémentaire au baccalauréat
(c'est-à-dire en plus des deux options facultatives). Seuls les points
au-dessus de la moyenne seront comptabilisés à l'examen. En
première comme en terminale, les élèves auront à
mener un seul TPE qui croisera au moins deux disciplines. Pour la
réalisation des TPE, deux heures consécutives sont prévues
dans l'emploi du temps des élèves de première comme de
terminale. A chacun de ces deux niveaux, soixante-douze heures annuelles sont
donc à répartir entre les professeurs concernés, qui sont
choisis sur la base du volontariat. Le bilan des TPE est toutefois pour le
moins mitigé (cf. encadré) ;
Le bilan mitigé des TPE
La
direction de la programmation et du développement (DPD) du
ministère a publié en février 2001 une note d'information
sur la mise en oeuvre de la réforme des lycées à la
rentrée 2000
54(
*
)
.
Réalisée à partir d'un sondage par téléphone
d'un panel de 400 chefs d'établissement choisis par la DPD, selon une
méthodologie (questions ouvertes ou questions fermées notamment)
qui n'a pas été précisée, cette note
affirmait d'emblée : «
une conclusion se dégage
de cette enquête : les travaux personnels encadrés (TPE)
démarrent très bien et ils rencontrent l'adhésion massive
des proviseurs. Certes, certains se plaignent d'une mise en oeuvre
précipitée, des difficultés d'emplois du temps et surtout
du manque de petites salles pour les nombreux petits groupes
générés par les TPE mais, sur le fond, la plupart
soutiennent cette réforme avec enthousiasme
».
Cette même note relevait toutefois
in extremis
«
qu'une vingtaine de proviseurs pensent qu'une évolution
du statut des enseignants conditionne l'approfondissement des réformes
[et] que...le développement d'activités telles que les TPE
supposent un temps de présence plus élevé et une nouvelle
définition du service... les récriminations sont nombreuses sur
le caractère précipité des réformes ou les
décisions tardives, sur la mauvaise communication, le manque de
précision sur le comment faire... Enfin, 5 % des proviseurs,
plutôt peu favorables aux réformes, posent le problème de
la responsabilité et du contrôle de la présence des
élèves...
».
Ces appréciations nuancées ont été
confirmées en juin 2001 par un rapport de l'IGEN, à ce jour non
public. Tout en indiquant que les TPE avaient «
fait
l'unanimité
» à leur lancement et en invitant
à prendre «
avec quelques
précautions
» le «
pari
risqué
» consistant à les
généraliser, l'IGEN relevait en effet le caractère parfois
trop général et ambitieux des thèmes nationaux, une
perception peu claire de ce que devaient être les TPE, l'absence de
réflexion sur l'articulation entre les programmes et les TPE, le
débordement des CDI lors des séances de TPE, la
préparation insuffisante des enseignants, la surcharge de travail
induite pour les élèves sans que ceux-ci n'en voient toujours le
sens, enfin, les dérives auxquelles donnent lieu le travail en
autonomie en citant des élèves selon lesquels
«
pour le travail en autonomie, vous nous trouverez plus
facilement au baby-foot du café d'en face ou dans notre lit plutôt
qu'au lycée
». En conclusion, ce rapport soulevait ainsi
une question récurrente : «
l'Education nationale
a-t-elle les moyens de mener à bien les réformes qu'elle
promeut ?
»
- la diffusion aux classes de première des
lycées
technologiques
de certaines innovations de la réforme des
lycées généraux, comme les heures de vie de classe et les
ateliers artistiques et, à titre expérimental dans des
établissements volontaires, des travaux personnels encadrés et de
l'enseignement d'éducation civique, juridique et sociale ;
- la poursuite de la
rénovation des programmes
;
- la création d'un enseignement complémentaire de 4 heures par
semaine d'éducation physique et sportive pour les élèves
ayant suivi l'enseignement de détermination d'EPS en classe de seconde
et souhaitant le prolonger au cours du cycle terminal, l'objectif étant
d'offrir cet enseignement dans 200 établissements d'ici trois ans ;
- le
recentrage de l'aide individualisée
en classe de seconde
générale et technologique vers le public scolaire le plus en
difficulté. En effet, à l'issue de la première
année de fonctionnement, le dispositif s'est révélé
peu efficace sur les résultats des élèves, en raison,
selon une étude commanditée par la direction de l'enseignement
scolaire du ministère
55(
*
)
du
«
caractère peu ciblé du dispositif
»,
mais aussi «
[d'une] incohérence relative dans l'allocation
des moyens aux établissements et du faible nombre de séances
suivies par les élèves
».
- la mise en place d'une
expérimentation
dans des
établissements volontaires consistant à ménager plus de
souplesse dans la gestion des moyens horaires attribués aux
établissements pour les langues vivantes ;
- l'entrée en application de la nouvelle réglementation du
baccalauréat
.
Comme pour les mesures précédentes, comme pour la
rénovation du collège et comme l'illustre l'exemple des TPE (cf.
encadré ci-avant), on peut toutefois s'interroger sur la capacité
du ministère à mettre en oeuvre ces novations.
En effet, les premières évaluations
56(
*
)
de la réforme du lycée avaient
souligné les carences du ministère en matière de conduite
du changement : rafales de circulaires difficiles à
décrypter et à hiérarchiser, donc d'interprétations
aléatoires, et qui fixent précisément les finalités
générales et les objectifs organisationnels, tout en restant
discrets sur les méthodes pédagogiques à mettre en oeuvre
et sur les efforts de formation et d'information nécessaires ;
manque d'instances de pilotage, de suivi et d'évaluation, tant au niveau
des académies que des établissements ; etc.
Or, interrogé par votre commission sur les mesures prises pour
remédier à ses dysfonctionnements structurels, le
ministère n'évoque que des amodiations apportées à
la réforme elle-même...
d) Au lycée professionnel
Le
gouvernement a lancé en l'an 2000 une réforme de
l'enseignement professionnel
qui devrait se mettre en place en 2001-2002.
Cette réforme se traduit notamment par un
allégement des
horaires
hebdomadaires moyens des élèves grâce à
une meilleure répartition des périodes de stage en
entreprises ; par la création de projets pluridisciplinaires
à caractère professionnel dans toutes les formations conduisant
aux brevets d'études et aux baccalauréats professionnels et par
la mise en place d'un encadrement pédagogique plus personnalisé
dans le cadre de travaux en petits groupes et surtout durant les
périodes de formation en entreprise.
Défini par une circulaire du 26 juin 2000, l'encadrement
pédagogique des élèves à l'occasion des
périodes de formation en entreprise, qui recouvre les différentes
phases de préparation, de suivi et d'exploitation pédagogique des
stages, figure ainsi désormais dans le nouveau statut des professeurs de
lycée professionnel, où il est pris en compte dans le service des
enseignants (dont les horaires d'enseignement sont parallèlement
réduits).
Les principales
novations
annoncées en 2001 sont :
- la mise en place de
temps de concertation
de 10 ou 12 heures pour
l'équipe pédagogique dans le cadre
des projets
pluridisciplinaires à caractère professionnel (PPCP) ;
-
la généralisation de
l'éducation civique
,
juridique et sociale (à hauteur de 0,5 heure par semaine) pour les
élèves entrant en BEP et en baccalauréat
professionnel ;
- la généralisation en seconde professionnelle de
l'aide
individualisée
en français et en mathématiques ;
- la priorité accordée à la voie professionnelle pour la
mise en place des classes à
projet artistique et culturel
;
- la faculté offerte aux élèves de faire valider le
brevet informatique et Internet
(B2i) au cours de leur scolarité
en lycée professionnel ;
- enfin, la poursuite de la
rénovation des diplômes
.
CHAPITRE III :
L'ARTICLE 65 DU PROJET DE LOI DE FINANCES
RATTACHÉ AU BUDGET DE L'ÉDUCATION NATIONALE
A. LA MESURE PROPOSÉE : L'INTÉGRATION DANS L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DE PERSONNELS EN FONCTION DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES GÉRÉS PAR L'ASSOCIATION DIWAN
1. Une mesure qui s'inscrit dans le prolongement de la signature en 1999 de la charte européenne des langues régionales et minoritaires
a) La charte européenne des langues régionales et minoritaires
Le 7 mai
1999, le gouvernement a signé la
Charte européennes des
langues régionales et minoritaires
proposée en 1992 par le
Conseil de l'Europe, dont les
dispositions générales
prévoient notamment :
-
la reconnaissance des langues régionales ou minoritaires en tant
qu'expression de la richesse culturelle ;
- le respect de l'aire géographique de chaque langue régionale ou
minoritaire, en faisant en sorte que les divisions administratives existant
déjà ou nouvelles ne constituent pas un obstacle à la
promotion de cette langue régionale ou minoritaire ;
- la nécessité d'une action résolue de promotion des
langues régionales ou minoritaires, afin de les sauvegarder ;
- la facilitation et/ou l'encouragement de
l'usage
oral et écrit
des langues régionales ou minoritaires dans la vie publique et dans la
vie privée ;
- le maintien et le développement de relations, dans les domaines
couverts par la présente Charte, entre les groupes pratiquant une langue
régionale ou minoritaire et d'autres groupes du même Etat parlant
une langue pratiquée sous une forme identique ou proche, ainsi que
l'établissement de relations culturelles avec d'autres groupes de l'Etat
pratiquant des langues différentes ;
- la mise à disposition de formes et de moyens adéquats
d'enseignement
et d'étude des langues régionales ou
minoritaires à tous les stades appropriés, ainsi que la mise
à disposition de moyens permettant aux non-locuteurs d'une langue
régionale ou minoritaire habitant l'aire où cette langue est
pratiquée de l'apprendre s'ils le souhaitent.
On peut rappeler que les Etats signataires de cette Charte
s'engagent
:
- d'une part, à appliquer ces dispositions générales
(prévues par le préambule et par les deux premières
parties de la Charte) à
toutes
les langues régionales ou
minoritaires pratiquées sur leur territoire ;
- d'autre part, à appliquer aux langues régionales ou
minoritaires
expressément indiquées
au moment de la
ratification, de l'acceptation ou de l'approbation de la Charte, un minimum de
trente-cinq mesures
choisies parmi celles énumérées
dans la troisième partie de la Charte, dont au moins trois choisies dans
chacun des articles 8 et 12 (relatifs respectivement à l'enseignement et
à la culture) et un dans chacun des articles 9, 10, 11 et 13 (relatifs
respectivement à la justice, à l'administration, aux
médias et à la vie économique et sociale).
b) Les engagements du gouvernement lors de la signature de la charte
S'agissant des
mesures proposées par l'article 8 de
la
charte, relatif
à
l'enseignement
, le gouvernement
français s'est ainsi engagé :
-
à prévoir une
éducation préscolaire
assurée dans les langues régionales ou minoritaires
concernées
ou
à prévoir qu'une partie substantielle
de l'éducation préscolaire soit assurée dans les langues
régionales ou minoritaires concernées, pour les
élèves dont les familles le souhaitent et dont le nombre est
jugé suffisant ;
- à prévoir que
l'enseignement primaire, secondaire et
technique ou professionnel
soit en tout ou partie assuré dans les
langues régionales ou minoritaires concernées
ou
que
l'enseignement des langues régionales ou minoritaires concernées
fasse partie intégrante du curriculum, pour les élèves
dont les familles le souhaitent et dont le nombre est jugé suffisant ;
- à assurer la
formation
initiale et permanente des
enseignants
nécessaire à la mise en oeuvre des paragraphes
précédents ;
-
à créer un ou plusieurs organe(s) de contrôle
chargé(s) de suivre les mesures prises et les progrès
réalisés dans l'établissement ou le développement
de l'enseignement des langues régionales ou minoritaires, et à
établir sur ces points des rapports périodiques qui seront rendus
publics.
c) Les réserves d'interprétation du gouvernement français
Le
gouvernement français avait assorti sa signature de
déclarations
interprétatives précisant notamment :
- que l'emploi du terme de «
groupes
» de locuteurs
ne confère pas de droits collectifs pour les locuteurs des langues
régionales ou minoritaires ;
- que les dispositions de la Charte «
ne vont pas à
l'encontre de l'article 2 de la Constitution selon lequel l'usage du
français s'impose aux personnes morales de droit public et aux personnes
de droit privé dans l'exercice d'une mission de service public, ainsi
qu'aux usagers dans leurs relations avec les administrations et services
publics
».
Cette réserve retranscrivait en fait la
décision
n° 96-373 du Conseil Constitutionnel du 9 avril 1996
relative
à la loi organique portant statut d'autonomie pour la Polynésie
française ;
- que l'article 8 de la charte relatif à l'enseignement préserve
le caractère
facultatif
de l'enseignement et de l'étude
des langues régionales ou minoritaires, ainsi que de l'histoire et de la
culture dont elles sont l'expression, et que «
cet enseignement
n'a pas pour objet de soustraire les élèves scolarisés
dans les établissements du territoire aux droits et obligations
applicables à l'ensemble des usagers des établissements qui
assurent le service public de l'enseignement ou sont associés à
celui-ci
».
Cette réserve retranscrivait en fait la
décision
n° 91-290 du Conseil Constitutionnel du 9 mai 1991
relative
à la loi portant statut de la collectivité territoriale de
Corse.
d) La décision du Conseil constitutionnel : les dispositions générales de la Charte ne sont pas conformes à la Constitution
Saisi
le 20 mai 1999 par le Président de la République, le Conseil
constitutionnel a décidé le 15 juin 1999
(DC
n° 99-412) :
- qu'il résulte des dispositions combinées de portée
générale de la charte, «
qu'elle porte atteinte aux
principes constitutionnels d'indivisibilité de la République,
d'égalité devant la loi et d'unicité du peuple
français, en ce qu'elle confère des droits spécifiques
à des « groupes » de locuteurs de langues
régionales ou minoritaires, à l'intérieur de
« territoires » dans lesquels ces langues sont
pratiquées
;
- qu'en outre, «
ces dispositions sont contraires au premier
alinéa de l'article 2 de la Constitution en ce qu'elles tendent à
reconnaître un droit à pratiquer une langue autre que le
français non seulement dans la « vie privée »
mais également dans la « vie publique », à
laquelle la charte rattache la justice et les autorités administratives
et services publics
» ;
- qu'en revanche, «
n'est contraire à la Constitution, eu
égard à leur nature, aucun des autres engagements souscrits par
la France [dont ceux relatifs à l'enseignement] dont la plupart, au
demeurant, se bornent à reconnaître des pratiques
déjà mises en oeuvre par la France en faveur des langues
régionales
».
En conséquence, la Charte européenne des langues
régionales et minoritaires n'a pu être ratifiée.
2. Une mesure qui résulte du protocole d'accord signé le 28 mai 2001 entre le ministre de l'Education nationale et l'association Diwan
a) La signature de la charte européenne des langues régionales et minoritaires a été suivie de l'ouverture de négociations avec des mouvements d'enseignement associatifs
Dans le
prolongement de la signature de la charte européenne des langues
régionales et minoritaires, le Premier ministre a demandé au
ministre de l'Education nationale d'ouvrir des négociations avec les
associations gestionnaires d'écoles pratiquant l'immersion linguistique
en langue régionale (c'est à dire l'enseignement principalement
en
langue régionale) en vue de l'éventuelle
intégration
du réseau de leurs écoles,
collèges et lycées, dans l'enseignement public.
Les principales associations concernées étaient les associations
Diwan (pour le Breton), Seaska (pour le Basque), Calandretas (pour l'Occitan
langue-d'Oc), Bressolas (pour le Catalan) et A.B.C.M-Zweisprachigkeit ou
association de parents pour le bilinguisme en classe de maternelle (pour les
langues Alsaciennes).
b) A ce jour, seule l'association Diwan a signé un protocole avec le ministère de l'Education nationale
A ce
jour, seule l'association Diwan fédérant les
établissements d'enseignement privé « immersif en
langue bretonne » a été intéressée par
cette évolution.
Un
protocole d'accord
visant au passage sous statut public des
établissements de l'association Diwan a été signé
à Rennes le
28 mai 2001
entre le ministre de l'Education
nationale et le président de l'association.
Ce protocole couvre les domaines de la pédagogie, ainsi que du
recrutement, de la formation, de la gestion et du statut des personnels en
fonction.
On peut préciser que l'association Diwan, fondée en 1977, a
ouvert sa première école en 1980, son premier collège en
1987 et un lycée en 1994. Elle reçoit depuis 1983 des subventions
de l'Etat et bénéficie de contrats d'association depuis 1994.
Les établissements
d'enseignement privé sous contrat
fédérés par les établissements Diwan scolarisaient
ainsi en 2000-2001 environ
1.500 élèves
du
primaire
(dans 25 écoles) et
900 élèves du
secondaire
(dans 3 collèges et 1 lycée), répartis dans
cinq départements
(Côtes d'Armor, Finistère, Ille-et
Vilaine, Loire atlantique et Morbihan).
c) Les aspects du protocole du 28 mai 2001 relatifs au statut des personnels en place
D'un
point de vue
administratif
, les principales dispositions du protocole
signé le 28 mai 2001 visaient à
intégrer
dans
l'enseignement public les
établissements
et les personnels
actuellement gérés par l'association Diwan.
S'agissant des
personnels
, les principales modalités de ce
protocole sont les suivantes :
- l
es
instituteurs
, les
professeurs
des
écoles
et les
personnels
enseignants
du second
degré en contrat définitif ou provisoire pourront être
intégrés
dans les corps correspondants de l'enseignement
public. Il sera tenu compte du niveau de rémunération de ces
personnels lors de l'intégration ;
- l
es
enseignants
sur
contrat de droit public
précaire
(délégués auxiliaires et
délégués rectoraux) et les personnels exerçant dans
des classes
hors contrat
pourront être recrutés en
qualité de
non titulaires
(instituteurs suppléants). Ils
bénéficieront de formations spécifiques leur permettant de
se présenter dans des conditions favorables aux sessions 2002, 2003 et
2004 du concours spécial de recrutement des professeurs des
écoles chargés d'un enseignement de et en langue régionale
ou du CAPES de breton en vue de leur titularisation ;
-
les personnels intégrés dans un corps de titulaires
seront admis au bénéfice du régime spécial de
retraite
des fonctionnaires et ceux qui sont placés sur contrat
de droit public bénéficieront de la protection sociale des non
titulaires de l'Etat et cotiseront pour les différents risques à
l'IRCANTEC ;
- les personnels enseignants intégrés justifiant de 15
années en qualité de fonctionnaire cumuleront, lors de leur
cessation d'activité, une pension du régime spécial des
fonctionnaires, calculée à proportion de leurs années de
service public et une pension du régime général de la
sécurité sociale éventuellement accrue d'un régime
complémentaire pour les années effectuées dans
l'enseignement privé sous contrat ou dans d'autres activités
privées ;
- les personnels enseignants intégrés, qui à l'âge
de leur cessation d'activité ne bénéficieraient pas de 15
années en qualité de fonctionnaire, verront leurs cotisations
versées au titre du régime des fonctionnaires reversées au
régime général de la sécurité sociale
et seront affiliés à titre rétroactif au régime
général de la sécurité sociale et à
l'IRCANTEC pour cette période ;
-
les personnels non enseignants des établissements du premier
degré pourront être « contractualisés »
en qualité d'agent territorial
avec l'accord des
municipalités concernées ;
-
les personnels non enseignants du second degré seront
recrutés sur des contrats de droit public à durée
indéterminée et assimilés à une catégorie et
à un corps de fonctionnaires titulaire
, compte tenu de leurs titres,
diplômes et qualifications et selon la quotité de service
travaillée antérieurement à l'intégration des
établissements dans l'enseignement public ;
- enfin, les actuels
personnels de direction
des écoles
associatives seront intégrés dans les corps d'enseignant et
seront chargés de fonctions de direction.
d) Les dispositions du projet de loi de finances pour 2002 prévoyant l'intégration des personnels
Le
projet de loi de finances pour 2002 comporte
deux
types de
dispositions
visant à retranscrire ces modalités
d'intégration des personnels des établissements Diwan.
• En premier lieu, le budget de l'enseignement scolaire pour 2002
prévoit
la création
, à compter du 1
er
septembre 2002,
de 194 emplois
, au titre de l'intégration
sous statut public, des personnels exerçant dans les
établissements associatifs Diwan, dont 50 non titulaires, soit :
- 105 personnels enseignants du 1
er
degré ;
- 27 personnels enseignants du 2
nd
degré titulaires ;
- 38 personnels enseignants du 2
nd
degré non titulaires ;
- 5 personnels de direction ;
- 2 conseillers principaux d'éducation ;
- 5 ATOS ;
- 12 personnels de surveillance non titulaires.
Cette mesure s'accompagne, sur le chapitre 43-01 (Etablissements d'enseignement
privés-contrats des maîtres de l'enseignement privé) de la
suppression de 156 contrats
à compter du 1
er
septembre
2002.
Il convient de rappeler que l'inscription de ces créations d'emplois
dans le budget de l'enseignement scolaire était
indispensable
pour des raisons de fond comme de forme.
En effet,
dans sa décision n°85-203 du 28 décembre 1985
relative à la loi de finances rectificative pour 1985, le Conseil
constitutionnel avait déjà censuré pour vice de
procédure une première tentative d'intégration des
établissements Diwan
, en considérant que cette disposition
introduite dans la loi de finances rectificative pour 1985 était un
cavalier budgétaire, puisque cette loi ne prévoyait par ailleurs
ni création d'emplois, ni ouverture de crédits.
• En second lieu,
l'article 65 du projet de loi de finances pour
2002,
rattaché au budget de l'Education nationale,
retranscrit
les dispositions du protocole du 28 mai 2001 relatives
à l'intégration des personnels des établissements Diwan
dans l'enseignement public.
On peut rappeler à cet égard que ce type de disposition
législative n'est
a priori
pas nécessaire à
l'intégration dans l'enseignement public des personnels enseignants des
établissements privés sous contrat.
En effet, cette faculté est ouverte par les disposition de
la loi
Debré
du 31 décembre 1959, codifiées aux
l'article L. 442-4 et L. 914-2 du code de l'éducation, selon lesquelles
«
les établissements d'enseignement privés peuvent
demander à être intégrés dans l'enseignement
public
» et «
lorsque la demande
d'intégration des établissements d'enseignement privés
dans l'enseignement public est agréée, les maîtres en
fonction sont, soit titularisés et reclassés dans les cadres de
l'enseignement public, soit maintenus en qualité de
contractuels
».
Cependant, les dispositions du décret n° 60-388 du
22 avril 1960 d'application de la loi Debré emportent pour
l'intégration des personnels enseignants comme titulaires des
conditions
de titre et surtout d'ancienneté (cinq ans de services
effectifs)
plus restrictives
que celles du protocole du 28 mai 2001.
En outre, les dispositions de ce décret ne prévoient le
recrutement des personnels administratifs des établissements
d'enseignement secondaire que sur des contrats de cinq ans renouvelables (et
non pas sur des contrats à durée indéterminée).
On peut d'ailleurs remarquer que ce type de disposition législative
ad
hoc
n'est
pas sans précédent
, puisque la
plupart des opérations antérieures d'intégration
d'établissements privés (comme les établissements Michelin
en 1968, les écoles de la société des forges et
aciéries du Creusot en 1969, les établissements d'enseignement
technique de la SOLLAC et de SACILOR en 1978, le lycée d'enseignement
professionnel de la société nouvelle des aciéries de
Pompey et l'école hôtelière de la Martinique en 1983,
etc.), ont résulté de dispositions législatives
spécifiques.
Votre rapporteur spécial s'interroge d'ailleurs dans ces conditions sur
le maintien d'un dispositif législatif et réglementaire
obsolète et
regrette
que l'intégration du réseau
des établissements Diwan, qui présente une ampleur
inédite, puisque les opérations d'intégration
précitées ne concernaient qu'un nombre limité
d'établissements répartis sur une zone géographique
restreinte,
n'ait pas donné lieu à une refonte du dispositif
législatif et réglementaire relatif à l'intégration
des établissements d'enseignement privé, de manière
à ce que les règles du jeu soient à l'avenir plus
transparentes.
e) La nécessité de délibérations des collectivités locales concernées
Il
convient enfin de préciser que les dispositions législatures
ci-dessus ne règlent que partiellement la situation des
personnels
, puisqu'elles ne concernent ni les personnels administratifs
des écoles primaires (susceptibles toutefois d'êtres
intégrés en tant qu'agent territorial par les
municipalités concernées), ni les personnes employées en
contrats emploi solidarité.
En outre, ces dispositions ne règlent nullement la situation des
établissements eux-mêmes, qui ressort des compétences des
collectivités locales.
Conformément à la loi Debré, à la demande des
préfets et en liaison avec les autorités académiques, les
collectivités locales
concernées (communes pour les
écoles, conseils généraux pour les collèges et
conseil régional pour le lycée) étaient donc
invitées à instruire concomitamment les demandes
d'intégration des établissements (vérification des locaux,
détermination du cadre juridique de transfert des locaux et des biens
d'équipement), à prendre si elles le souhaitaient les
délibérations
nécessaires et, le cas
échéant, à
inscrire les dépenses correspondantes
dans leur budget pour 2002.
Ce processus d'intégration était ainsi susceptible de soulever
à la fois des
problèmes de calendrier
et des
difficultés financières
pour certaines communes.
B. LE DISPOSITIF D'ACCOMPAGNEMENT PÉDAGOGIQUE
1. De nouvelles orientations en faveur de l'enseignement des langues régionales
a) Les langues régionales sont déjà reconnues dans et par l'Education nationale
Comme le
relevait le Conseil constitutionnel dans sa décision du 15 juin
1999 (DC n°99-412), l'enseignement
des
langues régionales
est aujourd'hui largement reconnu et pratiqué en France.
On peut ainsi rappeler que
la loi Deixonne
n° 51-46 du
11 janvier 1951
, codifiée dans les articles L. 312-10
et L. 312-11 du code de l'éducation disposait déjà
«
qu'un enseignement de langues et cultures régionales peut
être dispensé tout au long de la scolarité
»
et que «
les maîtres sont autorisés à recourir
aux langues régionales dans les écoles primaires et maternelles
chaque fois qu'ils peuvent en tirer profit pour leur enseignement, notamment
pour l'étude de la langue française
».
En outre,
la loi Jospin
n° 89-487 du
10 juillet 1989
d'orientation sur l'éducation, codifiée notamment dans les
articles L 121-1 et L. 121-3 du code de l'éducation précise
que la formation dispensée dans les établissements scolaires
«
peut comprendre un enseignement, à tous les niveaux,
de
langues et cultures régionales
» et que
«
la langue de l'enseignement, des examens et des concours, ainsi
que des thèses et mémoires dans les établissements publics
et privés est le français, sauf exceptions justifiées par
les nécessités de l'enseignement
des
langues et
cultures régionales et étrangères...
»
Enfin, la
circulaire Bayrou
n° 95-806 du 7 avril 1995 a
opéré un saut qualitatif en reconnaissant que l'enseignement des
langues régionales pouvait emprunter deux modalités :
- l'initiation aux langues régionales, c'est à dire
l'enseignement
des
langues régionales proprement
dit ;
- l'enseignement bilingue, c'est à dire un enseignement partiellement
en
langue régionale.
Cette
reconnaissance
s'accompagne d'une
pratique
croissante.
En 2000-2001, plus de
152.000 élèves
ont ainsi reçu
un enseignement
de
langues et cultures régionales dans les
écoles, collèges et lycées publics ou privés sous
contrat, l'Occitan langue-d'oc (près de 71.912. élèves),
devançant le Corse (27.785), le Breton (20.697), le Basque (8.969), le
Catalan (8.907), les langues régionales d'Alsace (7.453), les langues
régionales des pays mosellans (5.823) et le Gallo (921).
Parmi ces élèves,
29.000
(soit 19 %) suivaient un
enseignement
bilingue
, dont 25.200 à l'école,
près de 3.400 au collège et près de 800 au lycée,
cet enseignement bilingue concernant principalement le
Breton
(2.165
dans le public, 1.455 dans le privé confessionnel et 2.347 dans les
établissements Diwan) et le
Basque
(2.921 élèves
dans le public, 1.295 élèves dans le privé confessionnel
et 1.881 dans le privé associatif).
S'agissant plus particulièrement du Breton, on peut également
souligner que l'un des axes du projet académique de l'académie de
Rennes est de «
promouvoir l'approche et l'étude des
langues régionales, Breton et Gallo, dans le cadre des instructions
officielles
», et que :
- la majorité des lycées et collèges de Basse-Bretagne
proposent déjà un enseignement de langue et culture
bretonnes ;
- l'enseignement bilingue du Breton se diffuse aujourd'hui rapidement dans les
établissements publics.
La diffusion du Breton dans l'enseignement ne se heurte donc pas tant à
des obstacles administratifs (défaut d'information, textes parfois peu
adaptés), qu'à la concurrence des autres langues vivantes, ainsi
qu'aux difficultés de recrutement et aux problèmes de partage de
service des enseignants (qui desservent parfois 4 ou 5 établissements
dans le cadre de leur horaire statutaire).
b) Le ministre de l'Education nationale a annoncé en avril 2001 de nouvelles mesures en faveur de l'enseignement des langues régionales
Le
ministre de l'Education nationale a annoncé le 25 avril 2001 de
nouvelles orientations en faveur des langues régionales, qui consistent
notamment à retranscrire et à
généraliser les
dispositions relatives à l'organisation pédagogique
prévues dans le protocole d'accord signé avec l'association
Diwan.
Ces orientations se sont d'ores et déjà traduites par les
mesures
suivantes :
- la création par le
décret
n°2001-733 du 31 juillet
2001 d'une instance consultative :
le conseil académique des langues
régionales
. Ce conseil doit participer à la réflexion
sur la définition des orientations de la politique académique des
langues régionales et veiller à la cohérence des
enseignements de langue régionale, notamment des enseignements bilingues
mis en place dans l'académie. Il donne son avis sur l'attribution ou le
retrait de la qualité d'établissement labellisé
« langues régionales » dispensant un enseignement
bilingue par la méthode dite de l'immersion.
Composé de représentants des collectivités territoriales,
des mouvements associatifs travaillant à la promotion des langues
régionales, des syndicats enseignants, des associations de parents
d'élèves, ce conseil doit selon le ministère
«
constituer un lieu d'expression privilégié du
partenariat qu'il souhaite développer dans ce domaine avec les
collectivités territoriales, à l'image de celui
déjà engagé avec l'Alsace, le Pays Basque [sic], la Corse
et la Bretagne
» ;
- la parution d'un
arrêté
en date du 31 juillet 2001 qui
définit le cadre général de l'enseignement des langues
et cultures régionales
, en clarifie les objectifs et annonce la mise
en oeuvre d'un
plan pluriannuel de développement
, publié
officiellement dans l'académie et objet d'une évaluation à
mi-parcours de sa réalisation.
Cet arrêté confère pour la première fois une
reconnaissance réglementaire à l'enseignement bilingue en langue
régionale
(qui n'était auparavant prévu que par des
circulaires) ;
- la parution de
trois circulaires
en date du 5 septembre 2001 relatives
respectivement à l'enseignement des langues et cultures
régionales ; aux modalités de mise en oeuvre de
l'enseignement bilingue à parité horaire Français-Langue
régionale ; et à l'enseignement bilingue dispensé
selon la méthode pédagogique dite de l'immersion dans les
établissements labellisés « langues
régionales » issus du mouvement associatif, comme les
établissements Diwan ;
- enfin, la mise en place d'un
concours spécial de recrutement
de
professeurs des écoles
chargés d'un enseignement
de
et en
langues régionales. Ce concours est destiné
à pourvoir, en personnels compétents, en priorité les
enseignements bilingues dans les langues suivantes : Basque, Corse, Breton,
Catalan, Créole, Occitan-langue d'oc, langues régionales
d'Alsace, langues régionales des pays mosellans. Dès la
rentrée 2001, les directeurs d'IUFM des académies
concernées ont été invités à mettre en place
les préparations correspondantes à ces concours dont la
première session devait se dérouler en 2002.
La politique de développement des langues régionales concerne
également les DOM-TOM qui bénéficient, en application de
l'article 34 de la loi n°2000-1207 du 13 décembre 2000
d'orientation pour l'outre-mer, des dispositions de la loi n°51-46 du 11
Janvier 1951 dite « loi Deixonne ». Elles s'appliquent aux
langues régionales en usage dans les quatre académies d'outre-mer
et auront des conséquences sensibles sur l'organisation de ces
enseignements et examens les sanctionnant.
Ainsi, l'insertion du
Créole
parmi les langues régionales
figurant dans la section langues régionales du concours externe et
interne du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second
degré devrait permettre de réaliser un meilleur accompagnement de
son développement dans les collèges et les lycées des
académies de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion et de
la Guyane.
Enfin, s'agissant de la
Guyane
, le ministère a entrepris une
réflexion visant à permettre aux langues amérindiennes
présentes dans l'académie de bénéficier
ultérieurement d'un traitement - et d'une reconnaissance - égal
à celui qui est accordé au Créole.
2. Les questions soulevées par la reconnaissance de l'enseignement en immersion
a) L'intégration des établissements Diwan est à court terme neutre d'un point de vue budgétaire pour l'Etat
Les
dispositions proposées dans l'article 65 du projet de loi de finances
pour 2002 sont, à court terme, pratiquement
neutres
pour l'Etat
d'un point de vue budgétaire.
En effet, les créations d'emplois budgétaires associées
à l'intégration des personnels des établissements Diwan
sont gagées à due proportion par la diminution des crédits
du chapitre 43-01 (rémunération des enseignants des
établissement d'enseignement privé sous contrat).
A plus long terme, le développement éventuel des
établissements Diwan pourrait toutefois se traduire par des
surcoûts de fonctionnement
, compte tenu de ce que les
critères d'encadrement de ces établissements doivent
«
[prendre] en compte les contraintes de fonctionnement d'un
établissement immersif
».
En revanche, l'intégration des établissements Diwan ne sera
évidemment pas neutre pour les collectivités locales qui
l'accepteraient, puisqu'elles seraient conduites à financer les
bâtiments correspondants : c'est d'ailleurs là l'un des
principaux avantages attendus de l'intégration par l'association Diwan,
qui rencontre périodiquement des difficultés
financières car elle propose un enseignement gratuit.
b) L'intégration des établissements Diwan consacre toutefois la reconnaissance accordée à l'enseignement par immersion en langue régionale
En revanche, si les dispositions du projet de loi de finances pour 2002 portant intégration des seuls personnels établissements Diwan ne sauraient évidemment former un écran législatif vis à vis des recours formulés par des organisations syndicales et des associations contre le protocole du 28 mai 2001 et les nouveaux textes réglementaires relatifs à l'enseignement des langues régionales par la méthode dite de l'immersion, dont la portée est plus large, leur adoption constituerait du moins une reconnaissance morale indirecte de cette méthode pédagogique, ainsi qu'un soutien financier apporté à la diffusion de ce type d'enseignement.
c) L'avis du Conseil supérieur de l'Education
Le
second alinéa de l'article L. 312-10 du code de l'éducation issu
de la loi Jospin du 10 juillet 1989 prévoit que le Conseil
supérieur de l'éducation, composé notamment de
représentants des personnels et des parents d'élèves, est
«
consulté, conformément aux attributions qui lui
sont conférées par l'article L. 231-1 sur les moyens de favoriser
l'étude des langues et cultures régionales dans les
régions où ces langues sont en usage
».
Or le Conseil supérieur de l'Education a émis le 3 mai 2001
des avis défavorables à l'ensemble des projets de textes relatifs
au développement des langues régionales
, en raison pour
l'essentiel de la reconnaissance par ces textes de l'enseignement par immersion
en langue régionale et des statuts dérogatoires accordées
aux établissements pratiquant ce type de pédagogie.
Le projet de circulaire relative aux modalités de mise en oeuvre de
l'enseignement par immersion fut ainsi repoussé à
l'unanimité
.
d) Les dispositions du protocole signé avec l'association Diwan
Il
est vrai que l'intégration dans l'enseignement public de l'enseignement
bilingue par la méthode dite de l'immersion, actuellement
pratiqué par environ 6.500 élèves au total (dont plus d'un
tiers dans les établissements Diwan) et qui se caractérise par
l'utilisation
principale de la langue régionale, non exclusive du
français,
comme langue d'enseignement, et comme langue de
communication au sein de l'établissement, constitue une novation dont
les extraits reproduits ci-après du protocole signé avec
l'association Diwan permettent de prendre la mesure
.
En effet, ce protocole dispose en matière
pédagogique
:
- «
pour des raisons pédagogiques inhérentes
à l'immersion,
le breton est la langue de vie, de travail et de
communication de tous les élèves et de tous les personnels de
l'établissement
selon les modalités définies par
l'arrêté relatif à la mise en place d'un enseignement
bilingue en langue régionale.
Ceci implique que toutes les classes de
l'établissement fonctionnent selon le système immersif
. Le
Breton est la langue principale, mais non exclusive, d'enseignement...
- l'école maternelle correspond à la phase la plus intensive
d'acquisition du Breton.
Ceci justifie une pratique de l'ensemble des
activités scolaires et de leur accompagnement en
intégralité en breton
...
la circulaire relative à
l'enseignement par immersion précisant que «
[le
Français n'est utilisé que] de façon exceptionnelle... par
exemple pour le réconfort d'un jeune élève ayant
récemment intégré l'école
».
-
le Français est introduit dans l'enseignement
élémentaire au cours du cycle 2
[en CE1] en tenant compte de
la spécificité de la pédagogie en immersion.
L'apprentissage de la lecture et de l'écriture se fait d'abord en
Breton.
Le volume horaire réservé aux autres disciplines
figurant au cursus de l'école élémentaire est identique
à celui qui est appliqué dans les classes correspondantes de
l'enseignement monolingue.
L'introduction du Français se fait d'une
façon progressive
, les horaires étant modulés
librement à chaque niveau ;
- comme en primaire,
l'enseignement est dispensé principalement en
Breton [dans l'enseignement secondaire],
mais il inclut aussi deux
disciplines enseignées en Français ainsi que l'utilisation d'une
langue vivante étrangère selon les mêmes dispositions que
celles qui sont en vigueur dans les sections européennes
».
Il convient en outre de rappeler que les nouvelles dispositions
réglementaires relatives à l'enseignement bilingue
prévoient que «
l'enseignement bilingue s'adresse en
priorité aux élèves ayant déjà suivi un
cursus bilingue »,
sauf exception
« après
avis de l'équipe pédagogique concernée... s'ils sont en
mesure de suivre avec profit l'enseignement de langue régionale et les
enseignements en langue régionale qui y sont
dispensés
».
Cela signifie que l'enseignement du Breton
par immersion sera
de
facto
réservé à ceux
qui l'auront suivi de manière continue depuis l'école maternelle
incluse.
Par ailleurs, le protocole prévoit des
dispositions
fortement
dérogatoires
en matière de
recrutement
et de
gestion des personnels, comme celles-ci :
- « ...
l'enseignement immersif en langue régionale se
définit par l'utilisation de la langue régionale dans l'ensemble
des activités conduites au sein de l'établissement.
Cela
suppose que l'ensemble des personnels (enseignants, ATOSS, agents
territoriaux), utilisent la langue régionale comme langue de travail et
de communication
selon les modalités définies dans
l'arrêté relatif à la mise en place d'un enseignement
bilingue en langues régionales. Les compétences en langue
régionale du personnel seront prises en compte dans les
opérations du mouvement...
- le
taux d'encadrement
est fixé selon des critères
établis au niveau académique. Ces critères prennent en
compte les contraintes de fonctionnement d'un établissement
immersif ;
- la nomination des
personnels de direction
tiendra compte de la
compétence en langue régionale, de la spécificité
pédagogique de l'enseignement immersif, ainsi que de l'expérience
acquise dans ce domaine
».
Enfin, partant de l'idée selon laquelle «
le passage sous
statut public des établissements pratiquant l'enseignement immersif en
langue régionale ne pourra être réussi sans prendre appui
sur l'expérience accumulée par les associations ayant
porté cet enseignement ces dernières
années
», le protocole accorde un
droit de regard
particulier à l'association Diwan sur le fonctionnement des futurs
établissements publics, ce qui ne fut pas le cas lors des
précédentes opérations d'intégration dans
l'enseignement public. En effet, le protocole prévoit notamment que
:
- «
l'association Diwan pourra être
représentée dans les conseils d'administration des E.P.L.E. et
dans les conseils d'école ;
- dans le cadre du Conseil académique des langues régionales,
Diwan participe au suivi et à l'évaluation du passage sous statut
public ainsi qu'au développement futur de cette filière
d'enseignement
;
-
Diwan pourra être associé à la formation initiale et
continue des enseignants en tant qu'intervenant extérieur ; les
associations représentatives de l'enseignement en langue
régionale (Div Yezh, Diwan et UGB) seront associées à la
réflexion pour la mise en oeuvre de cette formation et l'association
Diwan pourra être agréée comme association
complémentaire de l'enseignement public au niveau des académies
de Nantes et de Rennes après avis des CAACEP de ces académies...
À ce titre, l'association Diwan pourra bénéficier de
subventions et de personnels mis à disposition ;
- une convention pluriannuelle sera signée entre Diwan et l'Education
nationale précisant la participation de l'association aux
côtés de l'enseignement public des langues régionales en
immersion. La participation de Diwan portera notamment sur : la
création et l'expérimentation de matériel
pédagogique ; l'appui à la formation initiale et continue
des personnels enseignants et non-enseignants ; l'aide aux
élèves en difficulté ; la réflexion sur
l'évaluation de la filière immersive et sur son évolution
pédagogique ; le conseil linguistique ; la recherche
pédagogique sur les techniques de l'immersion ; la promotion de la
filière d'enseignement de langue régionale en immersion ;
-
enfin, un comité de suivi sera constitué afin de faire un
point régulier sur la mise en oeuvre du présent protocole
d'accord. Il sera composé pour moitié de représentants du
Ministère de l'Education nationale et pour moitié de
représentants de l'association Diwan. Il se réunira au moins deux
fois par an
».
Le protocole précise toutefois que «
l'enseignement par
immersion doit permettre aux élèves, à l'issue de
l'école primaire, de posséder une égale compétence
en langue régionale et en langue française, ainsi qu'une
compétence en Français identique à celle des
élèves scolarisés dans l'enseignement
monolingue
».
En outre, le protocole prévoit quelques
gardes-fous
:
- «
un suivi de cohorte des élèves inscrits dans les
établissements « langues régionales » sera
assuré par la direction de la programmation et du développement
[du ministère de l'Education nationale] ;
- un suivi des résultats de ce type d'enseignement sera
réalisé par le groupe technique sur l'immersion du Conseil
académique des langues régionales qui sera composé de six
membres désignés par le Recteur d'Académie, dont deux
seront désignés sur proposition de l'association Diwan et deux
seront issus des équipes pédagogiques et de direction des
établissements concernés désignés sur proposition
de l'Inspecteur d'Académie
;
-
la vérification des acquis dans les domaines de la formation
dispensée à l'école sera effectuée à
l'entrée en 6ème dans le cadre des évaluations existantes.
... Dans le cas où les résultats de cette évaluation
feraient apparaître pour l'ensemble des écoles de cette
filière des écarts notoires par rapport aux résultats
attendus en Breton ou aux résultats des évaluations du
Français et des mathématiques pratiquées à ce
même niveau pour les élèves des écoles publiques et
privées sous contrat, le Conseil académique des langues
régionales sera saisi. Si ces écarts portaient sur les
compétences exigibles en français, l'horaire consacré au
Français serait renforcé dans le cadre du volume horaire
hebdomadaire prévu par la réglementation
»
Enfin, il convient de signaler que les premiers résultats des
lycéens des établissements Diwan sont excellents, malgré
des conditions matérielles parfois difficiles (notamment l'absence de
manuels). Cependant, ces lycéens étaient aussi souvent issus de
milieux socio-économiques favorisés et
bénéficiaient parfois de taux d'encadrement très
élevés. En outre, les cohortes concernées étaient
jusqu'à présent très peu nombreuses, ce qui rend difficile
toute comparaison statistique toutes choses égales par ailleurs. Quoi
qu'il en soit, on peut d'ailleurs s'interroger sur les débouchés,
à part l'enseignement, offerts à ce type de compétences.
e) L'avis de sagesse formulé le 30 octobre par votre commission
On peut
regretter que le débat de fond relatif à l'enseignement par
immersion s'effectue dans le cadre peu adapté que constitue l'examen
d'un
article de circonstance
introduit dans une loi de finances.
En outre, on peut s'inquiéter des
risques de
ségrégation
induits par l'enseignement par immersion, puisque
les personnels enseignants et non enseignants et les élèves
francophones sont
de facto
, sinon
de jure
, exclus des
établissements concernés.
Enfin,
on peut s'interroger sur la constitutionnalité d'un dispositif
favorisant l'utilisation dans des établissements scolaires publics d'une
langue régionale comme langue d'enseignement à titre principal et
comme langue de vie à titre quasiment exclusif
.
On peut en effet rappeler que le Conseil à décidé dans ses
deux décisions du 9 mai 1991 (DC n° 91-290) et du 9 avril 1996
(DC n° 96-373) qu'un enseignement de langue régionale «
n'était pas contraire au principe d'égalité...
dès lors qu'il n'a pas ... pour objet de soustraire les
élèves scolarisés... aux droits et obligations applicables
à l'ensemble [des autres élèves]
» et que
«
la reconnaissance de la possibilité d'utiliser les
langues tahitiennes et polynésiennes ne saurait aller contre le principe
inscrit dans la Constitution selon lequel la langue de la
République est le Français »
.
Cependant, les établissements Diwan bénéficient
déjà pour la plupart du statut d'établissement
d'enseignement privé sous contrat. L'article 65 du présent projet
de loi de finances s'inscrit ainsi dans
une situation de fait
dans
laquelle l'intégration de ces établissements dans le service
public est d'ailleurs susceptible de conduire à un contrôle
renforcé de la part du ministère de l'Education nationale.
C'est dans ce contexte que la commission des finances du Sénat,
réunie le 30 octobre 2001 pour procéder à l'examen des
crédits de l'enseignement scolaire et du présent article 65
rattaché,
avait décidé de s'en remettre pour cet
article à la sagesse du Sénat
.
f) L'ordonnance du Conseil d'Etat statuant en référé suspendant le protocole du 28 mai 2001
Quelques instants après la réunion de votre
commission, le Conseil d'Etat, statuant en référé, a
toutefois rendu publique une ordonnance suspendant l'exécution
:
-
de la décision du ministre de l'Education nationale de signer le
protocole d'accord du 28 mai 2001 pour le passage sous statut public des
établissements Diwan
;
-
de l'arrêté
du 31 juillet 2001 «
en tant
qu'il concerne l'enseignement bilingue par la méthode dite de
l'immersion
» ;
-
de la circulaire
n° 2001-168 du 5 septembre du ministre de
l'Education nationale relative à la mise en oeuvre d'un enseignement
bilingue en langues régionales.
En se fondant notamment sur l'article 2 de la Constitution, sur la
décision du Conseil constitutionnel du 15 juin 1999 relative à la
Charte européenne des langues régionales et minoritaires et sur
la loi du 4 août 1994 relative à la langue française - la
« loi Toubon », qui dispose que le Français est
«
la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et
des services publics
» et que «
la langue de
l'enseignement, des examens et des concours... est le Français, sauf
exceptions justifiées par les nécessités de l'enseignement
des
langues et cultures régionales ou
étrangères
» - , le Syndicat national des
enseignements de second degré (SNES), l'Union nationale des syndicats
autonomes (UNSA-Education), la Fédération des conseils de parents
d'élèves (FCPE), la Ligue de l'enseignement et la
Fédération des délégués
départementaux de l'Education nationale avaient en effet
déposé des
recours
en référé contre
ces dispositions.
Dans ses mémoires en réponse, le ministère de l'Education
nationale avait déployé une double argumentation tendant :
- d'une part, à contester le caractère d'urgence invoqué
par les requérants, en indiquant notamment que la mise en place
effective de l'enseignement bilingue par la méthode de l'immersion
était subordonnée à l'interventions de plusieurs
décisions et avis ;
- d'autre part à établir la compétence du ministre pour
définir le contenu et l'organisation des formations, et à
affirmer que l'enseignement des langues régionales était
prévu par le code de l'éducation et que les établissements
« langues régionales » fonctionnaient selon les
modalités administratives habituelles.
Il convient toutefois d'observer que le ministère de l'Education
nationale n'avait avancé aucun argument de fond tendant à
suggérer la
conformité du dispositif relatif à
l'enseignement par immersion à la Constitution et à la
législation en vigueur.
Dans leurs mémoires en réplique, les requérants avaient
d'ailleurs souligné :
- d'une part, le caractère d'urgence de leur recours, des
collectivités locales ayant d'ores et déjà
délibéré pour intégrer des établissements
Diwan ;
- d'autre part que le ministère de l'Education nationale feignait de
confondre enseignement
des
langues régionales et enseignement
en
langues régionales.
Cette argumentation a été largement retenue par le juge des
référés, qui a suspendu le dispositif relatif à
l'enseignement par immersion, en :
- «
considérant que les organisations requérantes
font valoir plusieurs moyens, dont l'un, tiré de ce que les actes
contestés méconnaissent l'article 2 de la Constitution et les
articles 1
er
et 11 de la loi du 4 août 1994, est, en
l'état de l'instruction
, propre à faire naître un doute
sérieux sur leur légalité
;
- considérant... qu'il résulte de l'instruction et, en
particulier d'éléments recueillis au cours de l'audience
publique, que les procédures devant conduire à l'affectation
d'enseignants et d'autres personnels dans les établissements ou classes
« langues régionales » sont dès à
présent engagées ; que, s'agissant du protocole du 28 mai,
des mesures ont déjà été prises en vue de son
application effective, en particulier, l'inscription dans le projet de loi de
finances pour 2002 des crédits nécessaires à la
rémunération, à compter du 1
er
septembre 2002,
des personnels exerçant dans les établissements associatifs Diwan
après leur intégration dans l'enseignement public ; que, sur
invitation du préfet du Finistère, la commission permanente du
conseil général de ce département a, par une
délibération du 3 septembre 2001, accepté la prise en
charge par la collectivité des dépenses liées à
l'intégration au service public du collège Diwan de
Relecq-Kerhuon ; ... que la scolarité d'un nombre non
négligeable d'élèves serait gravement perturbée par
la mise en oeuvre de
méthodes d'enseignement susceptibles
d'être ensuite abandonnée... [ce qui] révèle...
une situation d'urgence
».
g) Les conséquences de l'ordonnance du Conseil d'Etat
A titre
liminaire, il convient d'observer que le Conseil d'Etat ne devrait statuer au
fond qu'en 2002 sur la décision du ministre de signer le protocole du 28
mai 2001 et sur les textes relatifs à l'enseignement des langues
régionales par la méthode de l'immersion, mais que l'ordonnance
du 30 octobre 2001 suggère que ce dispositif encourt de
sérieux risques d'annulation.
Dans ces conditions, l'examen de l'article 65 du présent projet de
loi de finances prend un tour particulier.
En effet, en droit strict, cet article portant exclusivement intégration
des personnels des établissements Diwan dans le service public peut
évidemment être adopté par le Parlement malgré
l'ordonnance du Conseil d'Etat suspendant la signature du protocole du 28 mai
2001 et les textes relatifs à l'enseignement par immersion.
Inversement, l'adoption éventuelle de l'article 65 ne ferait nullement
écran à l'annulation pour excès de pouvoir par le Conseil
d'Etat de la signature du protocole du 28 mai 2001, en tant qu'il concerne
l'organisation pédagogique et administrative des établissements
Diwan, ainsi que
de l'arrêté du 31 juillet 2001
«
en tant qu'il concerne l'enseignement bilingue par la
méthode dite de l'immersion
» et de la circulaire
n°2001-168 du 5 septembre 2001.
Compte tenu de l'ordonnance du Conseil d'Etat
,
l'adoption de
l'article 65 du présent projet de loi de finances conduirait toutefois
à un imbroglio majeur.
En effet, les personnels enseignants et de direction des établissements
Diwan seraient intégrés dans l'enseignement public à
compter du 1
er
septembre 2002, mais les personnels
administratifs des écoles Diwan ne pourraient pas être
contractualisés en qualité d'agent territorial et les
collectivités locales ne pourraient pas délibérer pour
intégrer les établissements Diwan, qui demeureraient des
établissements d'enseignement privé sous contrat.
On pourrait ainsi trouver une
situation ubuesque
, où des
établissements d'enseignement privé disposeraient, selon des
modalités qui restent d'ailleurs à définir, de personnels
enseignants et de personnels de direction presque entièrement publics.
Par surcroît, il est douteux que ces personnels pourraient alors
continuer à pratiquer la méthode d'enseignement par immersion.
Le ministre de l'Education nationale a réitéré le 14
novembre 2001, en réponse à une question au gouvernement de notre
collègue député Georges Sarre, qu'il
«
explorait les voies de droit de nature à assurer
l'intégration des écoles Diwan à la rentrée
prochaine
».
Cependant, les obstacles à lever ne sont pas minces, puisque cette
intégration selon les modalités prévues par le protocole
du 28 mai 2001 nécessiterait sans doute une
révision de
l'article 2 de la Constitution
.
Dès lors, plutôt que de laisser se développer une situation
juridiquement inextricable, ne vaudrait-il pas mieux maintenir temporairement
le statut quo ante et, comme le suggérait récemment notre
collègue député européen Bernard Poignant
57(
*
)
, reconsidérer le dispositif et reprendre les
négociations avec l'association Diwan ?
Cette solution de bon sens s'inscrirait d'ailleurs parfaitement dans l'esprit
de la loi Debré du 31 décembre 1959 qui dispose fort logiquement
que l'intégration des établissements d'enseignement privé
sous contrat est un préalable à celle de leurs personnels.
h) La décision de l'Assemblée nationale
On peut
ainsi regretter que l'Assemblée nationale, sans doute prise de court par
l'ordonnance du Conseil d'Etat, n'en ait pas vraiment apprécié
les conséquences, au point d'adopter le 8 novembre 2001 en
première lecture le présent article 65 sans réel
débat de fond.
On peut aussi regretter que le ministre de l'Education nationale ait à
cette occasion délibérément entretenu la confusion en
mettant sur le même plan l'enseignement des langues par la méthode
de l'immersion et l'enseignement bilingue à parité
horaire
58(
*
)
, de manière à
suggérer que l'enseignement bilingue qui rencontre un succès
croissant, notamment en Alsace, était menacé.
Votre rapporteur spécial rappelle en effet que, contrairement
à ce que voudrait faire croire le ministre de l'Education nationale, le
débat ne porte aucunement sur la nécessité de
préserver et d'enseigner les langues régionales ou sur
l'enseignement bilingue, mais seulement sur l'intégration, dans le
secteur public, de la méthode d'enseignement par immersion consistant
à ce que la langue régionale soit la langue principale
d'enseignement et la langue exclusive de communication au sein de
l'établissement.
Décision de votre commission : votre commission s'en remet pour cet
article à la sagesse du Sénat.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une réunion tenue le mardi 30 octobre 2001 sous la présidence
de
M. Alain Lambert, président
, la commission des finances du
Sénat a procédé à l'examen des crédits de
l'éducation nationale, I. - Enseignement scolaire et article
65 rattaché, sur le rapport de M. Adrien Gouteyron, rapporteur
spécial.
A titre liminaire, M
. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial
des
crédits de l'enseignement scolaire, a rappelé que les
crédits demandés pour l'enseignement scolaire en 2002
s'élevaient à 52,7 milliards d'euros
(soit 345,7 milliards de francs), en hausse de 4,1 % par rapport
à 2001, de sorte que le budget de l'enseignement scolaire aura
absorbé entre 1997 et 2002 près de 10 milliards d'euros (soit 65
milliards de francs) supplémentaires. Il a calculé que la
progression du budget de l'enseignement scolaire entre 1997 et 2002
représentait ainsi près de 40 % de la hausse du budget
général de l'Etat en francs courants et l'essentiel de la hausse
du budget général de l'Etat en volume entre ces deux dates, le
Gouvernement ayant donc alloué au seul enseignement scolaire la
quasi-intégralité de ses marges de manoeuvre budgétaires.
Il a ajouté que le nombre d'élèves de l'enseignement
scolaire s'était en revanche réduit de plus de 300.000 durant le
même laps de temps, de sorte que le coût annuel d'un
élève se sera accru, en cinq ans, de 18 % à prix constants.
Il a précisé que ces rappels ne visaient aucunement à
« diaboliser » les dépenses publiques en
matière d'enseignement scolaire, mais à souligner l'enjeu que
constitue leur bonne utilisation.
Or il a rappelé que la rénovation des locaux d'enseignement
résultait de l'action des collectivités locales et que, pour le
reste, de nombreux établissements scolaires étaient minés
par la violence et les incivilités ; que le nombre de jeunes
sortant chaque année du système éducatif sans aucune
qualification réaugmentait depuis 1996 et que les travaux de l'INSEE
démontraient que les inégalités ne se réduisaient
pas.
Il a indiqué que les crédits supplémentaires prévus
pour l'enseignement scolaire dans le projet de loi de finances pour 2002
appelaient ainsi quatre séries d'observations, relatives respectivement
aux réformes pédagogiques, à la gestion des personnels,
à la définition des tâches des enseignants, enfin à
l'allocation générale des ressources entre l'enseignement
scolaire et l'enseignement supérieur.
S'agissant en premier lieu des réformes pédagogiques, il a
précisé qu'il approuvait certaines orientations du budget de
l'enseignement scolaire pour 2002, notamment la relance de l'internat pour
aider les élèves et les familles en difficulté ; le
renforcement du dispositif médico-social en faveur des
élèves ; le développement des bourses de
mérite ; le renforcement des évaluations nationales ;
la rénovation de la formation initiale des enseignants ; enfin, la
poursuite du plan « Handiscol ».
Il s'est toutefois inquiété de l'absence de politique
générale en matière d'orientation, qui constitue pourtant
une modalité essentielle de lutte contre l'échec scolaire et
universitaire.
Il s'est également inquiété du flou des nouvelles
orientations en faveur du collège, tout en se demandant quand cette
nouvelle réforme serait effectivement mise en oeuvre, puisque que les
réformes de 1994 commençaient tout juste à s'appliquer et
que les réformes impulsées par Mme Ségolène
Royal embrayaient toujours inégalement sur les pratiques locales. Il a
ajouté que, plutôt que de nouvelles rafales de réformes
pédagogiques, l'éducation nationale avait surtout besoin de plus
de souplesse pour s'adapter au changement, pour favoriser les innovations et
surtout pour faire face à
l'hétérogénéité croissante des
élèves. En conséquence, il a regretté la
« timidité » des mesures annoncées en faveur
de l'autonomie des établissements et de la responsabilisation des
personnels.
Par ailleurs, il s'est inquiété de la multiplicité des
objectifs assignés à l'école primaire, à savoir
d'un côté, « gagner la bataille de la lecture et de
l'écriture », c'est-à-dire recentrer l'école sur
les savoirs fondamentaux ; de l'autre, promouvoir à la fois
l'apprentissage d'une langue étrangère, l'expérimentation
scientifique, l'initiation aux nouvelles technologies de la communication et de
l'information, l'éveil artistique et culturel et l'apprentissage de la
citoyenneté. Il a d'ailleurs regretté que l'objectif consistant
à améliorer les connaissances fondamentales en
mathématiques et en français ne figure plus parmi ceux qui sont
assignés à l'agrégat « enseignement
primaire » dans le bleu budgétaire, alors qu'il avait
été retenu dans le projet de loi de finances pour 2001.
S'agissant toujours des réformes pédagogiques, il s'est enfin
inquiété des conditions de mise en oeuvre de la
généralisation de l'enseignement des langues vivantes à
l'école primaire, cette mesure, souhaitée par les
élèves et les parents, se traduisant par le recours
désordonné à une multiplicité d'intervenants
extérieurs très mal préparés à ce type
d'enseignement et très difficiles à recruter dans certaines zones
rurales, et les premières évaluations pédagogiques de
l'initiation aux langues vivantes en classe de CE2 suggérant que la
différence entre les élèves ayant
bénéficié de cet enseignement et les autres était
très rapidement gommée en 6
e.
A l'issue de cette première série d'observations, le rapporteur
spécial a rappelé que l'ensemble des réformes
pédagogiques n'expliquaient que quelques pour cents de l'augmentation
des crédits de l'enseignement scolaire en 2002, tandis que les
créations d'emplois comptaient pour environ 10 % et la progression des
dépenses de retraite et les mesures de revalorisation des personnels
pour plus de 85 %.
M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial
, s'est alors
demandé à quoi servaient les 10.942 emplois budgétaires
supplémentaires prévus pour l'enseignement scolaire dans le
projet de loi de finances pour 2002. En effet, après avoir
indiqué que l'on pouvait a priori penser que la progression du nombre
d'enseignants, dans un contexte caractérisé par la baisse du
nombre d'élèves, permettait une réduction significative du
nombre d'élèves par classe, il a estimé que le lien entre
les emplois budgétaires et le nombre d'élèves par classe
était en fait parfois ténu.
Il a précisé que, selon la Cour des comptes, 12 % des
enseignants du second degré n'enseignaient pas et que le
« rendement moyen » des enseignants du second degré,
c'est-à-dire le nombre d'heures de cours qu'ils effectuaient en moyenne,
tendait à diminuer. A titre d'exemple, il a rappelé que la Cour
des comptes avait calculé que la diminution du rendement moyen des
emplois d'enseignant équivalait, pour la seule académie de
Nantes, à la perte de 1.180 emplois entre 1994 et 1998.
S'agissant de même des emplois créés dans l'enseignement
primaire, il a souligné que le rapport général pour 1999
de l'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale (IGAEN) observait dans les écoles primaires
« une diminution des moyens consacrés à l'enseignement
dans les classes », au profit notamment du remplacement, des
décharges et des fonctions d'animation et de soutien.
Il a conclu que ces constats expliquaient le faible repli du nombre moyen des
élèves par classe, en dépit de la baisse du nombre total
des élèves.
Or il a rappelé que le Haut conseil de l'évaluation de
l'école, créé en l'an 2000 par le ministre de
l'éducation nationale, avait conclu dans son premier avis, relatif aux
effets de la réduction de la taille des classes sur les progrès
des élèves : « il semble exister un effet positif -mais
faible- sur les progrès des élèves, effet observé
presque uniquement dans les petites classes de l'enseignement primaire, qui
semble ne se produire que si l'on procède à une forte
réduction de la taille des classes, et qui n'est vraiment visible que
pour les enfants de familles défavorisées, ce qui invalide la
pratique de réduction de la taille des classes au fil de l'eau ou
délibérée telle qu'elle a été
réalisée ces dernières années en mettant à
profit la baisse démographique, d'autant plus que certaines politiques
peuvent être plus efficientes que la réduction de la taille des
classes ».
Il a indiqué que la réponse à la question
« à quoi servent les créations
d'emplois ? » pouvait en fait, là encore, être
trouvée dans le rapport général de l'IGAEN pour l'an 2000,
qui montrait que les créations d'emplois d'enseignants servaient
à limiter les dysfonctionnements de la rentrée au prix d'une
surconsommation de moyens (surdimensionnement des effectifs de
remplaçants, enseignants sans élèves dans certaines
académies, etc.).
Il a précisé que cela résultait de ce que, malgré
une prise de conscience récente et de réels progrès dans
certains domaines, le ministère de l'éducation nationale
était toujours incapable de gérer quantitativement ses
personnels, le diagnostic formulé en 1999 par la commission
d'enquête du Sénat sur la gestion des personnels enseignants
demeurant malheureusement d'actualité, comme le soulignaient à la
fois la Cour des comptes et l'IGAEN.
Il a précisé que la Cour des comptes observait notamment dans son
rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat d'avril 2001 :
« aucune des académies contrôlées n'est en mesure
de fournir à une date donnée le nombre exact des enseignants
qu'elle est chargée de gérer et leur répartition en
fonction de leur affectation et de leur discipline. Cette méconnaissance
-qui fait écho à celle existant au niveau central- est
révélatrice d'un système qui n'est ni
maîtrisé, ni contrôlé ».
Il a ajouté que, selon la Cour des comptes, les sureffectifs et les
surnombres avaient ainsi atteint des niveaux records dans les académies
en l'an 2000.
Dans ces conditions,
M. Adrien Gouteyron
regretté que le ministre
de l'éducation nationale s'investisse si peu dans la modernisation de la
gestion de son administration et il s'est interrogé sur les
hypothèses sous-jacentes aux plans pluriannuels de recrutement et de
création d'emplois.
Il a ajouté que le ministère de l'éducation nationale,
incapable de gérer quantitativement ses personnels, était
évidemment bien en peine de les gérer qualitativement, de sorte
que l'on pouvait s'inquiéter, d'une part, des conséquences pour
le fonctionnement des établissements de la réduction du temps de
travail annuel des personnels administratifs et techniques ; d'autre part,
des perspectives ouvertes aux aides-éducateurs, compte tenu du
retournement du marché du travail et des précédents de
l'éducation nationale en matière d'emplois précaires.
Il a précisé que l'exemple des aides-éducateurs
était d'ailleurs emblématique des dysfonctionnements de la
formation continue des personnels de l'éducation nationale, qui
dépense beaucoup moins que les grandes entreprises pour la formation de
ses personnels, tout en gérant souvent mal ses programmes de formation,
alors même que les besoins en matière de formation continue se
font de plus en plus pressants, en raison de la diffusion de nouveaux outils et
de la nécessité d'enseigner des savoirs plus étendus,
comme les langues étrangères pour les enseignants du primaire.
Le rapporteur spécial a indiqué que l'enjeu de la formation
continue rejoignait celui de la rénovation des charges de service des
enseignants. A cet égard, il a rappelé que la hausse de la masse
salariale directe du budget de l'enseignement scolaire aura absorbé
à elle seule plus de 95 % de la progression de ce budget entre 1997 et
2002 et que cette hausse s'expliquait pour l'essentiel par l'augmentation de la
valeur du point de la fonction publique, par la progression des pensions, et
surtout par la mise en oeuvre des plans successifs de revalorisation des corps
du ministère, en particulier du plan Jospin et du protocole Durafour.
Or, il a estimé que, si la progression du pouvoir d'achat des
fonctionnaires au travers de la revalorisation du point de la fonction publique
était légitime, on pouvait regretter que les mesures de
revalorisation des corps d'enseignant ne se soient pas accompagnées
d'une réflexion sur la redéfinition et sur la modernisation de
leurs charges de service, le métier d'enseignant ayant d'ores et
déjà beaucoup changé avec le développement de
pratiques pédagogiques comme les travaux pratiques encadrés, la
constitution d'équipes pédagogiques, le travail en petits groupes
ou l'encadrement personnalisé des élèves et ces
évolutions étant appelées à se prolonger en raison
de la diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) et de l'importance croissante attachée aux projets
d'établissements et à la vie des établissements, tandis
que la définition du service des enseignants reposait toujours en France
sur la fiction selon laquelle l'enseignant était celui qui professe son
cours, puis qui rentre chez lui pour corriger ses copies.
Il a souligné que ce contraste entre l'évolution du métier
des enseignants et l'archaïsme de leurs obligations de service conduisait
d'ailleurs à des ajustements de moins en moins maîtrisés,
comme la multiplication des types de décharge ou la dérive des
heures supplémentaires, et que l'ampleur du renouvellement des
enseignants liés aux départs en retraite prévus au cours
de la prochaine décennie constituait une occasion historique pour la
rénovation du statut et de la gestion des enseignants, en même
temps qu'elle la rendait urgente.
En conclusion de cet exposé général, M
. Adrien
Gouteyron, rapporteur
spécial
, s'est étonné de
l'allocation des moyens au sein du ministère de l'éducation
nationale entre l'enseignement scolaire et l'enseignement supérieur. Il
a en effet indiqué qu'au-delà des difficultés
méthodologiques, personne ne pouvait aujourd'hui contester que la France
consacre proportionnellement déjà beaucoup plus de moyens
à l'enseignement scolaire qu'à l'enseignement supérieur,
de sorte qu'il semblerait logique d'accorder une priorité
budgétaire aux dépenses visant à faciliter la
démocratisation de l'enseignement supérieur, comme ce fut
d'ailleurs le cas pour tous les gouvernements successifs sur la période
1990-2000.
Or, il a souligné que le projet de budget pour 2002, comme le budget
pour 2001, se caractérisaient par une surprenante inflexion en faveur de
l'enseignement scolaire, dont les crédits, rapportés au nombre
d'élèves, augmentaient de 2,8 % à prix constants en
2002, alors que les crédits de l'enseignement supérieur,
rapportés au nombre d'étudiants, ne progresseraient que de
0,1 % à prix constants.
Il a estimé que la mauvaise gestion du ministère s'accompagnait
donc d'une mauvaise allocation globale des ressources et qu'il n'était
pas possible de cautionner la priorité accordée à
l'enseignement scolaire au détriment de la démocratisation des
universités.
M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial
, a ensuite
présenté ses observations sur l'article 65 rattaché.
Il a tout d'abord rappelé que cet article proposait, conformément
au protocole signé en mai 2001 entre le ministre de l'éducation
nationale et le président de l'association Diwan, d'intégrer dans
l'enseignement public les personnels des établissements
gérés par cette association dans des conditions plus
généreuses que celles prévues par les textes en vigueur.
Il a également rappelé que ce protocole s'inscrivait dans le
prolongement des engagements pris par le Gouvernement lors de la signature en
1999 de la Charte européenne des langues régionales et
minoritaires, dont les dispositions générales avaient
été toutefois jugées non conformes à la
Constitution par le Conseil constitutionnel saisi par le président de la
République.
Il a enfin rappelé qu'une précédente tentative
d'intégration des établissements Diwan dans le cadre de la loi de
finances rectificative pour 1985 avait été censurée, pour
des raisons de forme, par le Conseil constitutionnel.
Il a observé que l'intégration des personnels des
établissements Diwan dans l'enseignement public serait globalement
neutre pour le budget de l'Etat à court terme, puisque cette
intégration serait compensée à due proportion par la
diminution des crédits de rémunération des enseignants des
établissement privés sous contrat, mais que l'intégration
des établissements eux-mêmes, qui s'effectuerait dans le cadre de
la « loi Debré » de 1959, ne serait
évidemment pas neutre pour les collectivités locales, par
ailleurs appelées à délibérer pour inscrire les
crédits correspondants dans leur budget pour 2002.
Il a ensuite estimé que le présent article soulevait des
questions de principe, le ministre de l'éducation nationale soulignant
lui-même que l'intégration dans l'enseignement public des
établissements Diwan consacrerait la reconnaissance et favoriserait le
développement de l'enseignement des langues régionales par la
méthode dite de l'immersion.
Or il a rappelé que cette méthode se distinguait de celles des
cours de langue régionale, comme de celles des établissements
d'enseignement bilingue français-langue régionale, puisqu'elle
consistait, d'une part, à utiliser la langue régionale -en
l'espèce le breton- comme langue principale d'enseignement, le
français n'étant introduit progressivement, et seulement dans
certaines matières, qu'à partir du CM1 ; d'autre part,
à utiliser la langue régionale de manière quasiment
exclusive comme langue de vie pour les établissements
(c'est-à-dire à la cantine, pendant les sorties, en conseil de
classe, etc.), ce qui nécessitait des conditions particulières de
recrutement pour ces établissements de manière à ce que
l'ensemble de leurs personnels soient brittophones.
Au total, il s'est interrogé sur la conformité du dispositif
à l'article 2 de la Constitution, qui dispose que la langue de la
République est le français.
Après avoir souligné son attachement à la sauvegarde du
patrimoine culturel et linguistique des régions de France, il a
toutefois rappelé que les établissements Diwan
bénéficiaient déjà du statut d'établissement
d'enseignement privé sous contrat , de sorte que l'article 65 du
projet de loi de finances s'inscrivait dans une situation de fait. A cet
égard, il a ajouté que l'intégration des
établissements Diwan dans l'enseignement public ne pouvait conduire
qu'à un encadrement plus strict de la part de l'éducation
nationale, de sorte qu'il a préconisé que la commission s'en
remette pour cet article à la sagesse du Sénat.
A l'issue de cet exposé, un large débat s'est alors engagé.
A titre liminaire,
M. Alain Lambert, président
, a souligné
l'enjeu que constituait l'allocation des crédits de l'enseignement
scolaire pour l'avenir de notre pays et pour la lutte contre les
inégalités.
S'agissant de l'article 65 rattaché,
M. Yves Fréville
a
souligné qu'il n'y avait pas de vérité unique en
matière de pédagogie et que l'article 2 de la Constitution
devait être mis en balance avec le droit à la liberté
d'expression reconnu par la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1789. Il a ajouté qu'il ne fallait donc pas contrecarrer
l'expression des sensibilités culturelles bretonnes dès lors
qu'elle s'inscrit dans le cadre de la législation.
En réponse à
M. Jean-Pierre Demerliat
, qui avait pour sa
part estimé que le budget de l'enseignement scolaire pour 2002
était fort convenable en raison de la progression substantielle des
crédits, même si leur répartition géographique
pouvait sans doute davantage prendre en compte les spécificités
et les besoins locaux,
M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial
, a
indiqué que l'enjeu ne portait pas tant sur l'évolution des
crédits de l'éducation nationale que sur leur bonne
répartition entre l'enseignement scolaire et l'enseignement
supérieur et sur leur bonne utilisation.
Toujours en réponse à
M. Jean-Pierre Demerliat
, il a
précisé que le nombre de contractuels s'élèverait
selon le bleu budgétaire à 30.696 en 2002, en
légère baisse par rapport à 2001, et que les enseignants
de langue étrangère à l'école primaire
étaient notamment rémunérés sur des crédits
de vacation prévus à cet effet.
En réponse à
M. Joseph Ostermann
, il a
précisé que le plan d'intégration des instituteurs dans le
corps des professeurs des écoles se poursuivait à un rythme
accéléré et devrait être achevé en 2007, et
que la grève administrative des directeurs d'école trouvait
notamment sa source dans la lourdeur de leurs tâches administratives.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat de
rejeter les crédits de l'enseignement scolaire.
Elle a ensuite décidé de s'en remettre à la sagesse du
Sénat pour l'article 65 rattaché.
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE AU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Les
crédits du
titre III
ont été majorés de
739.995 euros (4,85 millions de francs) afin de tirer les
conséquences de la réforme des fonds spéciaux,
adoptée par l'Assemblée nationale au cours de l'examen des
crédits des services généraux du Premier ministre.
Ces crédits supplémentaires se répartissent de la
façon suivante :
- 526.719 euros sur le chapitre indemnitaire 31-91, article 10
« Ministres » ;
- 213.276 euros sur le chapitre de fonctionnement 34-98, article 80
« Administration générale ».
Par ailleurs, les crédits du
titre IV
ont été
majorés, à titre non reconductible, de 3.459.800 euros (22,69
millions de francs), répartis de la façon suivante :
- 4.500 euros sur le chapitre 43-02, article 10 « crédits
déconcentrés pour les établissements publics de
Polynésie française » ;
- 3.455.300 euros sur le chapitre 43-80 « Interventions
diverses », dont 140.600 euros sur l'article 10
« Ecoles : crédits
déconcentrés », 62.400 euros sur l'article 30
« Ecoles : crédits non
déconcentrés », 3.062.600 euros sur l'article 40
« Lycées et collèges : crédits
déconcentrés », 37.300 euros sur l'article 50
« Lycées et collèges : crédits non
déconcentrés » et 152.400 euros sur l'article 80
« Administration générale et inspection ».
ANNEXE :
LE CONTEXTE DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE POUR
2002
Cette annexe rassemble, en les commentant parfois brièvement, des éléments de contexte du projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2002 : des informations statistiques établies par le ministère de l'Education nationale ; les réponses apportées à certaines questions de votre commission ; enfin, des extraits ou des synthèses de divers rapports relatifs à l'enseignement scolaire avec, le cas échéant, les suites que le gouvernement indique vouloir leur donner.
A. LES ÉLÈVES ET LA VIE SCOLAIRE
1. La baisse du nombre des élèves
a) Les facteurs d'évolution du nombre des élèves
Rappelons que l'évolution du nombre des
élèves
dépend principalement de
trois facteurs
:
- le nombre de jeunes d'âge scolaire, qui résulte pour l'essentiel
du nombre de
naissances
passées. Or nombre de naissances en
France métropolitaine a progressivement diminué de 800.000 en
1980 à 711.000 en 1994, ce qui explique que le nombre de
collégiens et de lycéens potentiels s'inscrive aujourd'hui en net
repli.
Le nombre des naissances connaît toutefois un net rebond depuis 1994,
puisqu'il a atteint 744.000 en 1999 et 779.000 en l'an 2000. Dès lors,
le nombre de jeunes en âge d'aller à l'école
préélémentaire remonte après avoir connu une forte
baisse, et le nombre de jeunes en âge d'aller à l'école
primaire pourrait se stabiliser au cours des prochaines années, puis
réaugmenter légèrement ;
- le
taux de redoublement
, la baisse du taux de redoublement se
traduisant évidemment, toutes choses égales par ailleurs, par une
réduction des effectifs scolarisés. Ce taux de redoublement a
beaucoup baissé au cours des années 1990 (cf. encadré
ci-après), et il n'est pas certain que cette baisse se prolonge ;
- enfin le
taux de scolarisation
, qui joue surtout pour l'enseignement
préélémentaire d'un côté, pour le second
degré, de l'autre. La hausse du taux de scolarisation s'est ainsi
traduite, toutes choses égales par ailleurs, par une augmentation
significative des effectifs au cours des années 1990, notamment dans les
lycées.
La
baisse des taux de redoublement
Dans
l'enseignement élémentaire
, la mise en place des cycles s'est
accompagnée d'une réduction importante des retards scolaires dont
le rythme s'est ralenti au cours des dernières années. Le taux de
scolarisation des élèves de 11 ans en élémentaire
est passé de 23,2 % en 1992 à 20 % en 1997 ; la baisse
de ce taux reste très faible en 1998 (moins de 0,1 point). Pendant la
même période, le taux de scolarisation des enfants de 12 ans
(élèves ayant 2 ans de retard) est passé de 3 % à
1,4 %.
Au collège
, le taux de redoublement en classe de
6
ème
se maintient aux alentours de 10 % entre 1995 et
1999, nonobstant le pic de 1997. Lors de la rentrée 1998, il y a eu une
diminution de 1,7 point (effets de la réforme au collège) ;
à la rentrée 1999, ce taux perd encore 0,4 point, passant ainsi
légèrement en dessous de 10%. Cette tendance à la baisse
s'est poursuivie à la rentrée 2000 avec un taux de 9,2 %
(soit - 0,8 point).
Le taux diminue très fortement en cinquième : entre 1995 et
2000 il décroît et passe de 11,2 % à 4,95 %.
Cette baisse est liée au redécoupage des cycles en
collège : la cinquième fait maintenant partie du cycle
central.
En troisième , le taux de redoublement est resté stable
entre 1995 et 1996 ; il décroît ensuite et passe de 10,2 %
à 6,9 % en 2000 : soit une baisse de 3,3 points.
Dans les classes de
lycée
, le taux de redoublement en seconde a
augmenté entre les rentrées scolaires 1995 et 1996 passant de
16,7 à 17,2 pour revenir à sa valeur de 1995. Aux rentrées
1998 et 1999, il perd à nouveau 0,6 et 0,7 points mais il reste stable
à la rentrée 2000 (15,4 %). En première, ce taux, qui
avait diminué fortement entre 1993 et 1995, poursuit ce mouvement
jusqu'en 1999 ; sa valeur ne change pas à la rentrée 2000.
En terminale, le taux perd 2,8 points entre 1995 et 1999 et poursuit sa baisse
en 2000 perdant encore un point.
Les taux de redoublement dans les classes de première année de
CAP et de BEP ont baissé continûment entre 1989 et 1998,
l'année 1996 faisant exception. Le mouvement s'est inversé depuis
1999. Depuis ils croissent à nouveau. Les taux dans les classes
préparant à la seconde année de CAP et de BEP ont
progressé entre 1989 et 1993 et diminuent depuis.
Source : ministère de l'Education nationale.
Taux de redoublement au collège et au lycée (en %)
|
6ème |
5ème |
4ème |
3ème générale |
2nde |
1ère |
Term. |
1989 |
8,8 |
11,3 |
6,8 |
10,5 |
15,9 |
11,7 |
17,8 |
1990 |
8,6 |
11,0 |
6,8 |
9,6 |
15,8 |
12,0 |
18,3 |
1991 |
8,3 |
10,3 |
6,4 |
9,0 |
15,2 |
12,4 |
19,2 |
1992 |
8,6 |
10,3 |
6,6 |
9,2 |
15,9 |
13,6 |
19,9 |
1993 |
9,4 |
10,6 |
7,0 |
9,8 |
15,8 |
13,4 |
19,8 |
1994 |
10,3 |
11,5 |
7,7 |
10,4 |
16,8 |
8,4 |
17,6 |
1995 |
10,1 |
11,2 |
7,6 |
10,2 |
16,7 |
8,3 |
17,0 |
1996 |
10,1 |
10,9 |
7,6 |
10,2 |
17,2 |
8,1 |
15,9 |
1997 |
12,1 |
9,8 |
7,1 |
9,8 |
16,7 |
8,1 |
15,4 |
1998 |
10,4 |
5,5 |
6,8 |
8,6 |
16,1 |
7,9 |
13,8 |
1999 |
10,0 |
5,2 |
8,9 |
8,0 |
15,4 |
7,6 |
14,2 |
2000 |
9,2 |
4,9 |
8,7 |
6,9 |
15,4 |
7,6 |
13,2 |
Source : ministère de l'Education nationale
b) L'évolution récente du nombre des élèves
Le
nombre des élèves en France métropolitaine s'est
réduit
de
305.000
entre la rentrée 1996-1997 et la
rentrée 2000-2001, soit une baisse de 2,5 % en quatre ans.
En revanche, la progression du nombre des élèves est toujours
très dynamique dans les
départements d'outre-mer
, puisque
ce nombre s'est
accru
de
18.000
entre la rentrée 1996-1997
et la rentrée 2000-2001, soit une hausse de 3,7 % en quatre ans.
Au total, le nombre des élèves s'est toutefois réduit de
plus de 2 % entre la rentrée 1996-1997 et la rentrée
2000-2001, cette évolution étant plus marquée dans le
premier degré que dans le second degré.
Evolution des effectifs d'élèves dans les établissements publics et privés des premier et second degrés (en milliers d'élèves)
France métropolitaine |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
1999-2000 |
2000-2001 |
Préélémentaire |
2 448 |
2 403 |
2 391 |
2 417 |
2 443 |
Elémentaire |
3 947 |
3 919 |
3 885 |
3 828 |
3 783 |
Spécial 1 er degré* |
61 |
61 |
60 |
56 |
55 |
Total 1 er degré |
6 456 |
6 382 |
6 337 |
6 301 |
6 281 |
Collèges |
3 145 |
3 115 |
3 107 |
3 110 |
3 115 |
L.P. |
776 |
780 |
770 |
751 |
712 |
Lycées : 2nd cycle long |
4 484 |
1 490 |
1 477 |
1 464 |
1 451 |
SEGPA-EREA |
118 |
119 |
119 |
118 |
117 |
Prép. Diverses et F.C. |
5 |
5 |
5 |
5 |
6 |
Total second degré |
5 528 |
5 509 |
5 478 |
5 448 |
5 399 |
Enseignement post-baccalauréat** |
267 |
266 |
266 |
266 |
265 |
Total général |
12 251 |
12 157 |
12 081 |
12 016 |
11 946 |
Les
effectifs du public sont estimés en 2000 pour la majorité des
départements
**agriculture non comprise
DOM |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
1999-2000 |
2000-2001 |
Préélémentaire |
97,7 |
96,7 |
96,0 |
96,3 |
97,1 |
Elémentaire |
164,2 |
167,3 |
169,7 |
170,6 |
169,6 |
Spécial 1 er degré |
3,1 |
3,5 |
3,6 |
3,8 |
3,9 |
Total 1 er degré |
265,0 |
267,5 |
269,3 |
270,7 |
270,6 |
Collèges |
124,9 |
125,5 |
126,3 |
127,3 |
129,7 |
L.P. |
31,9 |
33,1 |
34,1 |
34,4 |
34,0 |
Lycées : second cycle long |
45,5 |
46,6 |
47,6 |
48,6 |
50,2 |
SEGPA-EREA |
5,5 |
5,4 |
5,5 |
5,6 |
5,7 |
Prép. Diverses et F.C. |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Total second degré |
307,8 |
210,6 |
213,4 |
216,0 |
219,5 |
Enseignement post-baccalauréat* |
5,7 |
5,7 |
5,8 |
5,8 |
6,1 |
Total général |
478,5 |
483,8 |
488,6 |
492,5 |
496,2 |
* agriculture non comprise
c) Les projections du nombre des élèves
Le ministère de l'Education nationale ne réalise des projections à moyen terme que pour la France métropolitaine ;
Evolution prévisionnelle des effectifs
d'élèves dans les établissements
des premier et second
degrés
Public + privé (France métropolitaine)
(en milliers d'élèves)
|
2000 |
Prévision |
Prévision |
Prévision |
Prévision |
Prévision |
|
2001 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2006 |
PREELEMENTAIRE |
2 443,1 |
2 459,8 |
2 488,4 |
2 543,5 |
2 580,1 |
2 576,6 |
ELEMENTAIRE |
3 783,2 |
3 750,8 |
3 732,2 |
3 721,1 |
3 747,3 |
3 847,7 |
SPECIAL 1er DEGRE |
54,7 |
53,3 |
52,4 |
51,6 |
51,4 |
51,5 |
TOTAL 1ER DEGRE |
6 281,0 |
6 263,9 |
6 273,0 |
6 316,2 |
6 378,8 |
6 475,8 |
COLLEGES |
3 114,5 |
3 107,4 |
3 100,2 |
3 079,3 |
3 032,0 |
2 956,9 |
L.P. |
711,6 |
694,1 |
686,3 |
690,9 |
683,2 |
677,2 |
LYCEES: 2nd cycle long |
1 451,1 |
1 456,9 |
1 463,4 |
1 465,8 |
1 464,9 |
1 459,1 |
SEGPA-EREA |
116,5 |
115,4 |
114,6 |
113,5 |
111,8 |
109,2 |
Prep. diverses & F.C. |
5,6 |
5,6 |
5,6 |
5,6 |
5,6 |
5,6 |
TOTAL 2nd DEGRE |
5 399,4 |
5 379,3 |
5 370,1 |
5 355,1 |
5 297,4 |
5 208,0 |
ENS. POST-BACCALAUREAT * |
265,2 |
|
|
|
|
|
TOTAL GENERAL |
11 945,6 |
11 643,2 |
11 643,1 |
11 671,3 |
11 676,2 |
11 683,8 |
* agriculture non comprise.
Source : ministère de l'Education nationale
La méthodologie et les hypothèses retenues pour ces projections
à cinq ans, qui sont extraites d'un exercice de projection à dix
ans, sont reproduites dans l'encadré ci-après.
La méthodologie et les hypothèses retenues par le ministère de l'Education nationale pour les projections d'effectifs
Pour
l'enseignement primaire
a) Méthodologie
La méthodologie utilisée pour les projections à un, deux
ou cinq ans est la méthode de l'observation des taux de scolarisation
par âge des années précédentes, sur l'ensemble
public + privé :
On définit d'abord les taux annuels de scolarisation par
âge par la formule suivante:
T
a, n
=
E
a, n
/
P
a, n
;
dans laquelle :
- T
a, n
est le taux de scolarisation des jeunes d'âge
(a) à la rentrée n (année) ;
-
E
a, n
est le nombre d'élèves d'âge (a)
à la rentrée (n), observé à partir de
l'enquête annuelle du premier degré (public + privé) ;
-P
a, n
est la population d'âge (a) l'année (n)
fournie par l'INSEE.
Les taux observés à chaque âge sont, en
préélémentaire et en élémentaire,
projetés pour les rentrées retenues. En
élémentaire, les taux sont calculés tous niveaux confondus.
Pour 2001 par exemple on estime le nombre d'élèves d'âge
(a) de la manière suivante :
E
a, 2001
=
T
a, 2001
*
P
a,
2001
Dans cette égalité, les deux termes de droite sont connus
(population) ou estimés (taux).
Le même calcul est effectué pour chacune des rentrées.
b) Hypothèses retenues
Les hypothèses faites sur les naissances ont des conséquences
importantes sur l'évolution des effectifs scolaires. En effet, des neuf
générations principales qui seront pour la plupart en CM2, une
seule celle de 2000 est assez précisément connue ; les
autres ne sont pas encore nées. Il est donc difficile de prévoir
à quelques milliers près la taille de ces
générations, la fécondité étant fluctuante.
Dans la prévision 2000-2009, il avait été supposé
une légère hausse de l'indicateur conjoncturel de
fécondité (ICF), de 1,77 en 1999 à 1,81 en 2009. Cependant
le nombre de naissances baissait du fait de la diminution de la population des
femmes en âge d'avoir des enfants.
Maintenir, sur toute la période, l'ICF au niveau de 2000, c'est à
dire à 1,89, semble optimiste, l'indicateur moyen des 25
dernières années étant de 1,80.
Un scénario moins optimiste consisterait à ramener, en 2008,
l'ICF à 1,80. La baisse du nombre de naissances qui en
résulterait serait très sensible (moins de 700.000 naissances en
2008).
C'est un scénario intermédiaire qui a été
retenu : l'ICF a été réduit à 1,84 en fin de
période, le nombre de naissances diminuant de 778.900 en 2000 à
712.400 en 2008. Dans ce scénario, les effectifs du premier degré
augmenteraient de 152.900 élèves entre 2000 et 2005 et de 184.100
élèves d'ici 2010 en France métropolitaine.
Avec le scénario le plus optimiste (ICF constant) et toutes choses
égales par ailleurs, le premier degré accueillerait, en 2005,
10.400 élèves de plus que dans le scénario choisi. Avec
l'hypothèse la moins optimiste (ICF=1,80), il accueillerait 8.200
élèves de moins. Ces écarts augmenteraient fortement entre
2005 et 2010, atteignant respectivement + 75.100 élèves et
- 59.500 élèves.
Pour l'enseignement secondaire
a) Méthodologie
La méthode utilisée pour les projections d'effectifs
d'élèves est la méthode dite « des flux ». Elle
repose sur la projection des séries de taux de redoublement, de passage
et de sortie aux différents niveaux. Ces taux, multipliés par les
effectifs par niveau scolaire de l'année
t
, fournissent les
différents flux d'élèves entre
t
et
t
+1. La
totalisation de ces flux pour chaque niveau scolaire « d'arrivée
» donne les effectifs de l'année
t
+1. Cette opération
est réitérée autant de fois qu'il y a d'années de
projection.
Les projections sont réalisées simultanément pour le seul
secteur public et pour les deux secteurs public et privé réunis.
Pour le secteur public les taux globaux de sortie, à un niveau
donné, sont décomposés en taux de passage vers le secteur
privé d'une part et en un taux résiduel de sortie « nette
» d'autre part (c'est à dire taux de sortie déduction faite
des passages vers l'autre secteur).
La projection des différentes séries de taux tient compte des
tendances observées les années précédentes, des
réglementations nouvelles et de l'orientation générale de
la politique éducative. Ces deux derniers éléments ne
peuvent, le plus souvent, être évalués qu'à court
terme.
b) Hypothèses retenues
Les principales hypothèses sur les prévisions du second
degré à court terme sont :
- la stabilisation des effectifs de 3
ème
technologique ;
- l'augmentation du taux de passage de 3
ème
générale vers la seconde professionnelle ;
- la réduction de la perte des élèves dans l'enseignement
professionnel en ramenant les principaux taux de passage et de redoublement au
niveau observé lors du constat 1999 ;
- le taux de passage de 6
ème
vers 5
ème
a
été volontairement augmenté à partir de 2003
(variation concomitante au taux de redoublement).
Ces hypothèses ont été prolongées pour les cinq
prochaines années de façon amortie pour chaque niveau de
formation.
Sur l'ensemble des établissements du second degré (hors
enseignements adaptés et formations post baccalauréat), les
effectifs diminueraient de 147.900 élèves d'ici la rentrée
2005 pour s'établir à 5.129.300, soit une baisse de 2,8 %.
Source : ministère de l'Education nationale
d) L'analyse rétrospective des écarts entre les projections du nombre d'élèves et son évolution effective
Afin
d'apprécier la fiabilité de ces projections, votre commission
avait demandé au ministère de l'Education nationale d'analyser
rétrospectivement
les
écarts
entre ces
prévisions à cinq ans et l'évolution réelle des
effectifs. La réponse du ministère est reproduite
in
extenso
dans l'encadré ci-après.
Les écarts entre les prévisions à cinq ans et
l'évolution réelle des effectifs scolaires
Pour l'enseignement scolaire
Les chiffres des rentrées 1995, 1996 et 2000 sont pour partie issus du
constat de rentrée et pour partie estimés suite à la
grève administrative de directeurs d'école. Ainsi le constat 1996
pour le public est égal à la projection réalisée en
1996. De même, le constat 2000 est estimé pour la majorité
des départements dans le public et pour quatre départements pour
le privé. En conséquence, les comparaisons entre les effectifs
constatés pour les rentrées allant de 1996 à 2000 et les
effectifs projetés pour ces années cinq ans auparavant ne
porteront que sur les années 1997, 1998 et 1999.
Cette comparaison fait apparaître :
Dans le préélémentaire, une surévaluation des
effectifs projetés dans les établissements du public et du
privé ; cette surévaluation étant plus importante pour la
rentrée 1997 que pour les deux rentrées suivantes. A la
rentrée 1999 les effectifs projetés sont inférieurs au
constat de 5.500 élèves dans le privé.
Dans l'enseignement élémentaire (CP-CM2), une sous
évaluation des effectifs projetés dans le public en 1998 et en
1999 : les écarts relatifs étant de 1,1 % et de 0,6 %
dans le public et de 0,26% dans le privé à la rentrée
1998. A la rentrée 1999, dans le privé, la projection est
inférieure de 0,86% au constat. La projection réalisée
pour la rentrée 1997 pour le public est satisfaisante.
Dans les formations regroupant les classes d'initiation, d'adaptation et
d'intégration scolaire, les écarts relatifs sont importants; ceci
est dû en partie au fait que les effectifs de ces classes sont de petits
effectifs (inférieurs à 60.000 dans le public et à 5.000
dans le privé). D'autres facteurs exogènes sont également
à invoquer. D'une part, ces classes sont constituées pour partie
de populations primo arrivantes dont les flux sont difficilement
prévisibles. D'autre part, ces classes scolarisent des
élèves présentant des handicaps ; leur nombre est
directement lié aux mesures éducatives engagées par le
ministère de l'Education nationale. Ainsi les mesures du plan Handiscol
favorisent-elles l'intégration en milieu scolaire ordinaire du plus
grand nombre d'enfants. De telles mesures ne sont pas nécessairement
connues cinq ans à l'avance.
Sur l'ensemble du premier degré, les prévisions sont très
bonnes en 1998 et en 1999 pour le public et en 1998 pour le privé.
Pour l'enseignement secondaire
Dans le second degré les projections sont effectuées dans un
premier temps pour l'agrégat public et privé et, ensuite, pour le
public. Leur méthodologie est restée la même sur la
période considérée.
Ensemble secteurs public et privé
La comparaison entre les effectifs constatés, pour les rentrées
1996, 1997, 1998, 1999 et 2000 (pour la métropole et pour l'ensemble des
secteurs), et les effectifs projetés pour chacune de ces rentrées
cinq ans auparavant fait apparaître :
Dans les collèges, une surévaluation des prévisions par
rapport au constat, importante lors des rentrées 1997 et 1998 (avec un
écart relatif de -1,37% et de -1,70%), moindre aux rentrées 1999
et surtout 2000 où les écarts relatifs sont
inférieurs à 1%.A la rentrée 1996, le constat était
supérieur à la prévision de 1,19 %.
Dans les lycées professionnels, les effectifs constatés,
à chacune des dernières rentrées, ont été
inférieurs aux prévisions. Les écarts les plus importants
ont été enregistrés aux rentrées 1996 et
2000 : 79.000 et 46.400 élèves de moins. Les projections
réalisées pour les rentrées 1999 et 1997 se rapprochent le
plus des effectifs constatés. Les écarts relatifs varient
fortement d'une année à l'autre, entre 0,73% et 10,19%
59(
*
)
.
Dans les lycées d'enseignement général et technologique,
les effectifs constatés étaient très largement en dessous
des effectifs projetés pour quatre des cinq rentrées. La
projection réalisée en 1995 pour la rentrée 1999 est quant
à elle la seule vraiment proche du constat avec un écart relatif
de -0,23%.
Sur l'ensemble du second degré, les effectifs constatés pour la
rentrée 1999 sont légèrement en dessous des effectifs
projetés. Pour les autres rentrées les constats se sont
révélés très en dessous des projections
réalisées cinq ans auparavant.
Secteur public
La situation n'est pas fondamentalement différente de celle
observée sur l'ensemble :
Dans les collèges, les projections sont surévaluées par
rapport aux effectifs constatés à toutes les rentrées
excepté à la rentrée 1996. Les écarts ne sont pas
trop importants ; ils varient de -0,20% à +1,87%.
Dans les lycées professionnels, les constats sont toujours en dessous
des projections et les écarts relatifs oscillent de -2,90%
(rentrée 1997) à -10,32% (rentrée 1995) ; à la
rentrée 2000, cet écart est de -9,13%.
Dans les lycées d'enseignement général et technologique,
les effectifs projetés sont (excepté à la rentrée
1999) supérieurs aux constats; les écarts relatifs
s'échelonnent de -13,44% (rentrée 1996) à +0,67%
(rentrée 1999).
Les projections 1999 effectuées sur la base du constat 1994 se sont
réalisées assez exactement : les écarts relatifs par
cycle sont en effet inférieurs à 1%. Il s'agit toutefois d'un cas
isolé. Les écarts entre constats et projections à cinq ans
aux autres rentrées dépassent généralement ce
seuil, parfois de beaucoup, dans le second cycle. Les projections d'effectifs
de collège semblent sensiblement moins éloignées des
constats.
Source : ministère de l'Education nationale
2. L'évolution des taux d'encadrement et de la taille des classes
a) L'évolution des taux d'encadrement et de la taille des classes dans l'enseignement primaire
La
diminution du nombre d'élèves de l'enseignement primaire s'est
accompagnée d'une amélioration des taux d'encadrement :
- 23,66 élèves par enseignant en 1996-1997 ;
- 23,47 en 1997-1998 ;
- 23,31 en 1998-1999 ;
- 23,20 en 1999-2000 ;
- 23,12 en 2000-2001 ;
- 22,99 et 22,95 en prévision pour les rentrées 2001 et 2002.
Cette amélioration des taux d'encadrement s'est traduite par un repli du
nombre d'élèves par classe :
Evolution du nombre d'élèves par classe dans l'enseignement primaire public 60( * )
Enseignement public (métropole) |
R 1994 (*) |
R 1997 |
R 1998 |
R 1999 |
Préélémentaire |
27,1 |
25,7 |
25,5 |
25,5 |
Elémentaire |
22,6 |
22,5 |
22,4 |
22,3 |
Source : DPD, extrait de Repères et références statistiques (R&RS, édition 2000).
b) L'évolution des taux d'encadrement et de la taille des classes dans l'enseignement secondaire
Les effets conjugués de la progression des effectifs de personnels et de la diminution du nombre d'élèves se sont traduits par une nette amélioration des taux d'encadrement dans l'enseignement secondaire :
Evolution des taux d'encadrement dans l'enseignement secondaire public
France métro + DOM |
1996-1997 |
1997-1998 |
1998-1999 |
1999-2000 |
2000-2001 |
2001-2002 (2) |
2002-03 (2) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Elèves (1) |
4 799 900 |
4 785 400 |
4 765 900 |
4 745 600 |
4 708 300 |
4 685 700 |
4 672 400 |
accroissement |
-17 500 |
-14 500 |
-19 500 |
-20 300 |
-37 300 |
-22 600 |
-13 300 |
accroissement en % |
-0,36 |
-0,30 |
-0,41 |
-0,43 |
-0,79 |
-0,48 |
-0,28 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Enseignants |
354 149 |
353 869 |
354 099 |
357 149 |
360 174 |
365 972 |
370 552 |
accroissement |
-1 367 |
-280 |
230 |
3 050 |
3 025 |
5 798 |
4 580 |
accroissement en % |
-0,38 |
-0,08 |
0,06 |
0,86 |
0,85 |
1,61 |
1,25 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Encadrement élèves/enseignants |
13,55 |
13,52 |
13,46 |
13,29 |
13,07 |
12,80 |
12,61 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Personnels non enseignants |
186 591 |
186 568 |
187 753 |
188 924 |
190 158 |
192 198 |
194 038 |
accroissement |
582 |
-23 |
1 185 |
1 171 |
1 234 |
2 040 |
1 840 |
accroissement en % |
0,31 |
-0,01 |
0,64 |
0,62 |
0,65 |
1,07 |
0,96 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Encadrement élèves/personnels non enseignants |
25,72 |
25,65 |
25,38 |
25,12 |
24,76 |
24,38 |
24,08 |
|
|
|
|
|
|
|
|
(1) Les
effectifs d'élèves correspondent à l'ensemble des
effectifs du second degré y compris les effectifs de STS et CPGE.
(2) Effectifs d'élèves prévus pour les rentrée 2001
et 2002.
Source : ministère de l'Education nationale
Cette nette amélioration des taux d'encadrement ci-dessus ne s'est
toutefois accompagnée que d'un modeste repli du nombre
d'élèves par classe :
Evolution du nombre d'élèves par division dans
le
second degré public
(France métropolitaine)
Enseignement public |
R 1995 |
R 1996 |
R 1997 |
R 1998 |
R 1999 |
R 2000 |
1er cycle |
24,5 |
24,4 |
24,3 |
24,3 |
24,2 |
24,1 |
Second cycle professionnel |
21,8 |
21,7 |
21,8 |
21,6 |
20,9 |
20,0 |
Second cycle général et technologique |
29,5 |
29,3 |
29,3 |
29,3 |
28,8 |
28,6 |
Source : ministère de l'Education nationale
c) L'avis du Haut conseil de l'évaluation de l'école (HCEE) sur la réduction de la taille des classes
Le Haut Conseil de l'évaluation de l'école a publié en mars 2001 un avis relativement critique sur la politique de réduction de la taille des classes au « fil de l'eau ».
L'effet de la réduction de la taille des classes
selon le
HCEE
(extraits)
« La question de l'influence de la taille des
classes sur
l'efficacité de l'enseignement et les progrès des
élèves est largement débattue dans notre système
éducatif. Il est assez couramment admis qu'une réduction de la
taille des classes doit entraîner des effets positifs, et sa
revendication fait souvent partie des mesures que les enseignants et les
parents d'élèves appellent de leurs voeux.
La France a consacré, de fait, des moyens importants à une
réduction sensible de la taille des classes : de 1966 à
1999, cette taille a diminué en moyenne de
43,7 élèves à 25,5 en maternelle, de 28 à
22,3 élèves en élémentaire, de 27,5 à
24,2 élèves dans le premier cycle du second degré et de
30,8 à 28,8 élèves dans le second cycle
général et technologique. Encore cette dernière
réduction sous-estime-t-elle l'effort réel, puisque, dans ces
lycées, le nombre d'élèves par enseignant a diminué
plus nettement, notamment parce que, au sein de classes aussi grandes
qu'auparavant, les élèves se voient proposer plus souvent des
enseignements en petits groupes ou optionnels (de 1990 à 1995, ce taux
est passé de 13,8 élèves pour un enseignant à
11,8. Le même type d'évolution peut être constaté
dans la plupart des pays développés. Par ailleurs, des politiques
volontaristes de réduction de la taille des classes sont conduites dans
certains de ces pays, en particulier aux Etats-Unis.
Le Haut-Conseil de l'évaluation de l'école a donc
décidé - répondant en cela à un souhait du ministre
de l'Education nationale - de faire le point sur ce que la recherche et les
études permettent de conclure sur cette question...
Une question qui appelle des recherches et des études dans notre
pays
... L'essentiel des travaux scientifiques de qualité sur lesquels il est
aujourd'hui possible d'asseoir des réflexions et des décisions
sur ce sujet est réalisé dans d'autres pays - notamment aux
Etats-Unis- et porte donc sur d'autres systèmes éducatifs que le
nôtre. Une question aussi débattue et dont les enjeux
éducatifs et financiers sont particulièrement
élevés devrait faire l'objet de davantage de recherches et
d'études dans le contexte spécifique du système
éducatif français...
Une forte réduction de la taille des certaines classes peut avoir des
effets positifs
... Bien que souvent conduites dans d'autres contextes que le nôtre, les
recherches actuellement disponibles - recherches qui portent surtout sur
l'enseignement primaire et secondairement sur le collège - convergent
vers quelques conclusions importantes. Ainsi il semble exister un effet positif
- mais faible - sur les progrès des élèves, effet
observé presque uniquement dans les petites classes de l'enseignement
primaire, qui semble ne se produire que si l'on procède à une
forte réduction de la taille des classes, et qui n'est vraiment visible
que pour les enfants de familles défavorisées. Cet effet semble
durable, même après que les élèves ont rejoint de
grandes classes.
Pour être efficace, une politique de réduction de la taille des
classes doit donc être très sélective...
Ainsi, si l'on décide de conduire une politique de réduction de
la taille des classes, il faut, pour qu'elle ait une chance d'être
efficace, qu'elle soit très « ciblée » en
direction des seules petites classes du primaire (pour nous le Cours
préparatoire) des écoles où est concentrée la
population la plus défavorisée. Encore faut-il, si l'on veut
bénéficier des effets positifs d'une telle politique, consentir
un effort important - donc coûteux - de réduction de la taille de
ces classes, en envisageant d'aller vers des classes ayant nettement moins de
20 élèves.
Il serait donc concevable d'expérimenter une disposition respectant ces
trois critères, de l'évaluer au bout de deux ans, puis de
l'étendre si elle est aussi efficace que ce que laissent attendre les
études.
En tout cas, une politique touchant d'autres niveaux de scolarité ou une
politique à visée plus générale n'ont pas,
d'après les recherches disponibles, d'effets positifs, ce qui invalide
la pratique de réduction de la taille des classes « au fil de
l'eau » ou délibérée, telle qu'elle a
été réalisée ces dernières années en
mettant à profit la baisse démographique.
...
d'autant plus que d'autres politiques peuvent être plus
efficientes
Il faut, de plus, se poser la question de savoir si une politique de
réduction de la taille des classes - même très
sélective - est plus intéressante, par rapport à son
coût, c'est-à-dire est plus « efficiente »,
que d'autres mesures de politique éducative, comme par exemple, l'aide
individualisée aux élèves ou des mesures en direction des
enseignants (formation, animation, évaluation, etc.).
On dispose de peu de travaux permettant des comparaisons fondées en la
matière. Tout au plus peut-on tirer des impressions de recherches
conduites - une fois encore - aux Etats-Unis et qui laissent penser que
certaines politiques s'avèrent plutôt plus efficientes, voire
efficaces ou équitables, que la réduction de la taille des
classes.
Cela incite, en tout cas, à n'envisager cette politique de
réduction de la taille des classes que de la façon très
sélective - et dans un premier temps, expérimentale - qui a
été évoquée plus haut, et après s'être
posé la question de savoir si les sommes qui y seraient
consacrées ne peuvent pas être mieux utilisées
autrement ».
Source : avis du HCEE de mars 2001
d) Les leçons tirées par le gouvernement de l'avis du HCEE
En
conséquence, votre commission a demandé au ministre de
l'Education nationale quelles étaient désormais les
orientations
du
gouvernement
en matière de nombre
d'élèves par classe.
La réponse du ministre est la suivante :
«
depuis de nombreuses années, on constate une baisse des
effectifs d'élèves dans le premier degré. Cette diminution
s'est traduite notamment par une baisse du nombre d'élèves par
classe.
Dans le cadre de la rentrée 2001, il a été
recommandé aux recteurs et aux inspecteurs d'académie de cesser
de diminuer le nombre d'élèves par classe, dès lors que,
en concertation avec les partenaires de l'école, ils jugeaient que le
niveau d'encadrement des classes était suffisant
.
Toutefois, dans les écoles maternelles et primaires en ZEP, la recherche
d'une amélioration de la scolarisation demeure liée à une
limitation du nombre d'élèves par classe. Ces mêmes
recommandations seront préconisées pour la rentrée
2002
».
3. L'efficacité de l'enseignement secondaire ne progresse plus
a) Le tassement de la proportion de bacheliers
Enoncé en 1985, l'objectif de conduire en 10 ans
80 %
d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat (niveau IV de
formation) a été confirmé par la loi d'orientation de
juillet 1989. Il constituait en 1989 un défi pour notre système
d'enseignement : la proportion de jeunes parvenant au niveau du
baccalauréat se situait alors aux environs de 51%. En raison d'une
politique volontariste, le taux d'accès au niveau du baccalauréat
a toutefois rapidement progressé pour atteindre 71 % dès
1994.
Depuis lors, ce taux s'est toutefois stabilisé autour de 69 %
(cf. tableau ci-après), tandis que l'on observe une recomposition
du flux d'effectifs, autour des caractéristiques suivantes :
- les formations dispensées par le ministère chargé de
l'agriculture et les formations en alternance (apprentissage) conduisent
aujourd'hui plus de 6 % des jeunes générations jusqu'au
niveau IV de formation, contre 2 % il y a une dizaine d'années ;
- par ailleurs, au sein des formations dispensées par le
ministère de l'éducation nationale, un
rééquilibrage s'établit entre les trois principales
filières conduisant au baccalauréat. L'afflux de jeunes en classe
de terminale générale a ainsi cessé au début des
années 1990 : le taux d'accès en terminale
générale est maintenant revenu en dessous des 35 %. En
revanche, ces dernières années, l'accès aux classes de
terminale technologique et aux terminales professionnelles a continué
à s'amplifier, ces classes accueillant aujourd'hui plus de 13 % des
jeunes générations contre seulement 5 %
en 1990 ;
- enfin, le taux d'accès des filles (76 % à la
rentrée 2000) dépasse de 13 points celui des garçons pour
l'enseignement général, et de seulement 3 points dans les
séries technologiques, tandis que l'écart est inverse dans les
filières professionnelles.
Evolution du taux d'accès au niveau IV de formation
(1)
(Toutes formations initiales comprises)
|
1980 |
1981 |
1982 |
1983 |
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Bac Général |
22,1 |
22,3 |
23,4 |
23,4 |
21,8 |
23,2 |
24,2 |
25,4 |
27,6 |
30,4 |
33,4 |
36,1 |
37,3 |
38,1 |
40,4 |
36,5 |
35,7 |
34,4 |
33,8 |
34,1 |
34,2 |
Bac Technologique |
11,9 |
12,3 |
13,3 |
13,8 |
13,2 |
14,3 |
15,1 |
15,7 |
16,4 |
17,1 |
17,6 |
18,2 |
18,8 |
19,3 |
20,7 |
20,9 |
21,0 |
20,8 |
21,4 |
21,4 |
21,7 |
Bac Professionnel |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,1 |
0,9 |
2,2 |
3,7 |
5,0 |
6,2 |
7,5 |
8,7 |
9,9 |
11,1 |
12,2 |
13,5 |
14,2 |
14,2 |
13,6 |
Ensemble |
34,0 |
34,6 |
36,7 |
37,2 |
35,0 |
37,5 |
39,4 |
42,0 |
46,2 |
51,2 |
56,0 |
60,5 |
63,6 |
66,1 |
71,0 |
68,5 |
68,9 |
68,7 |
69,4 |
69,7 |
69,5 |
MEN |
33,0 |
33,5 |
35,7 |
36,2 |
33,9 |
36,4 |
38,2 |
40,8 |
44,9 |
49,5 |
54,0 |
58,2 |
60,7 |
63,0 |
67,4 |
64,3 |
64,0 |
63,2 |
63,2 |
63,3 |
63,4 |
Agriculture |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,9 |
2,1 |
2,3 |
2,4 |
2,6 |
2,7 |
2,8 |
Apprentissage |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,7 |
2,1 |
2,6 |
3,1 |
3,6 |
3,7 |
3,4 |
(1) :
l'accès au niveau IV de formation comprend les élèves
entrant en terminale générale, technologique (y compris les
classes préparant au brevet de technicien) ou professionnelle, de
même que les candidats au brevet ou au baccalauréat professionnel
par la voie de l'apprentissage.
Le taux d'accès à ces diplômes ne saurait se confondre avec
leur taux d'obtention au baccalauréat : environ 62 % des jeunes ont
obtenu leur baccalauréat lors des dernières sessions.
Source : ministère de l'Education nationale
b) De fortes disparités régionales
Par ailleurs la proportion d'une génération titulaire du bac varie sensiblement d'une académie à l'autre (cf. tableau ci-après), ce qui reflète notamment des pratiques d'orientation différentes .
Résultats académiques aux différents
types
de baccalauréat. France métropolitaine et DOM
Session 2000 (résultats définitifs)
|
Baccalauréat général |
Baccalauréat technologique |
Baccalauréat professionnel |
Ensemble |
Proportion d'une génération titulaire du bac |
||
Académies |
% admis /présentés |
% admis /présentés |
% admis /présentés |
% admis /présentés |
2000(a) |
2000(b) |
1999(b) |
Aix-Marseille |
75,7 |
76,8 |
77,6 |
76,3 |
57,6 |
60,1 |
60,3 |
Amiens |
76,5 |
75,5 |
78,0 |
76,5 |
58,3 |
57,2 |
59,9 |
Besançon |
81,0 |
82,6 |
82,9 |
81,9 |
63,8 |
63,6 |
66,3 |
Bordeaux |
80,0 |
82,4 |
80,8 |
80,8 |
60,0 |
59,5 |
58,7 |
Caen |
76,7 |
82,5 |
80,8 |
79,2 |
58,3 |
58,5 |
61,2 |
Clermont-Ferrand |
81.9 |
84,2 |
81,4 |
82,4 |
64,7 |
63,7 |
64,7 |
Corse |
79,7 |
76,1 |
70,5 |
77,5 |
61,2 |
60,8 |
59,8 |
Créteil |
72,2 |
71,4 |
72,3 |
71,9 |
60,0 |
56,1 |
53,7 |
Dijon |
80,8 |
79,9 |
82,5 |
80,8 |
60,6 |
61,7 |
63,3 |
Grenoble |
86,2 |
84,5 |
81,7 |
85,0 |
64,9 |
65,4 |
66,3 |
Lille |
77,2 |
76,0 |
75,5 |
76,5 |
60,1 |
60,3 |
63,3 |
Limoges |
79,3 |
75,8 |
80,7 |
78,5 |
62,5 |
65,4 |
70,6 |
Lyon |
82,6 |
79,9 |
82,0 |
81,7 |
62,3 |
62,0 |
61,8 |
Montpellier |
79,6 |
78,7 |
78,8 |
79,2 |
57,2 |
55,5 |
55,9 |
Nancy-Metz |
80,8 |
78,8 |
83,1 |
80,6 |
62,8 |
63,0 |
64,1 |
Nantes |
84,0 |
85,5 |
82,6 |
84,2 |
64,9 |
64,6 |
65,6 |
Nice |
78,7 |
78,4 |
76,2 |
78,2 |
58,4 |
57,0 |
55,7 |
Orléans-Tours |
80,5 |
81,5 |
82,4 |
81,1 |
60,2 |
58,9 |
60,6 |
Paris |
78,0 |
73,7 |
75,4 |
76,8 |
63,1 |
80,2 |
67,8 |
Poitiers |
81,3 |
84,0 |
84,3 |
82,7 |
62,8 |
62,1 |
64,4 |
Reims |
79,5 |
80,2 |
79,3 |
79,7 |
59,5 |
59,5 |
60,7 |
Rennes |
86,3 |
85,7 |
85,4 |
86,0 |
70,0 |
70,8 |
70,4 |
Rouen |
75,9 |
74,8 |
78,7 |
76,0 |
60,4 |
60,8 |
61,5 |
Strasbourg |
84,1 |
83,7 |
81,5 |
83,4 |
57,0 |
57,2 |
56,5 |
Toulouse |
81,3 |
83,8 |
82,6 |
82,8 |
63,8 |
64,0 |
62,1 |
Versailles |
81,2 |
76,9 |
74,1 |
78,7 |
65,0 |
61,8 |
60,8 |
France métropolitaine |
80,1 |
79,4 |
79,5 |
79,8 |
61,7 |
61,7 |
61,8 |
Guadeloupe |
74,9 |
71,2 |
73,5 |
73,5 |
|
|
|
Guyane |
71,3 |
64,3 |
67,1 |
68,6 |
|
|
|
La Réunion |
76,2, |
72,0 |
69,0 |
73,1 |
|
|
|
Martinique |
72,5 |
65,6 |
65,5 |
68,9 |
|
|
|
France métro + DOM |
79,9 |
79,1 |
79,1 |
79,5 |
|
|
|
(a)
nouveau calcul : population classée par académie selon le
lieu de résidence
(b) ancien calcul : population classée par académie selon le
lieu de scolarisation
Source : ministère de l'Education nationale.
c) La stagnation du nombre de sorties du système éducatif sans diplôme ou sans qualification
Parallèlement au tassement du taux d'accès au bac, le nombre de jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans diplôme ou sans qualification a cessé de diminuer et s'inscrit même légèrement à la hausse 61( * ) .
Tableau 1 - Répartition des sortants de formation initiale selon le diplôme possédé(En milliers)
Diplôme obtenu : |
1980 |
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Aucun diplôme |
202 |
137 |
109 |
96 |
107 |
102 |
103 |
Brevet seul |
80 |
62 |
52 |
56 |
42 |
54 |
55 |
CAP BEP ou équivalent |
220 |
144 |
132 |
130 |
137 |
130 |
146 |
Baccalauréat général |
81 |
50 |
73 |
78 |
81 |
86 |
74 |
Baccalauréat technologique, |
32 |
65 |
89 |
92 |
103 |
93 |
103 |
professionnel et assimilés |
|
|
|
|
|
|
|
BTS, DUT et équivalents |
29 |
61 |
102 |
89 |
94 |
95 |
89 |
DEUG, Paramédical et social |
36 |
36 |
31 |
33 |
32 |
43 |
36 |
Licences, DEA, doctorats, diplômes de grandes écoles |
45 |
87 |
135 |
154 |
156 |
146 |
162 |
Total sortants de formation initiale |
725 |
642 |
723 |
728 |
752 |
749 |
768 |
Proportion de sortants sans diplôme |
28 % |
21 % |
15 % |
13 % |
14 % |
14 % |
13 % |
Source : enquêtes sur l'emploi (INSEE).
Tableau 2 - Répartition des sortants de formation initiale par niveau de formation(en milliers)
Niveau de formation : |
1990 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Non qualifiés (VI + Vbis) |
82 |
56 |
57 |
57 |
57 |
58 |
60 |
Niveau CAP BEP (V) |
216 |
182 |
194 |
179 |
188 |
187 |
206 |
Classes de terminales |
87 |
116 |
111 |
112 |
128 |
129 |
118 |
(IV secondaire) |
|
|
|
|
|
|
|
Non diplômés du supérieur |
73 |
89 |
93 |
104 |
97 |
91 |
97 |
(IV supérieur) |
|
|
|
|
|
|
|
Ensemble du "niveau IV" |
160 |
205 |
204 |
216 |
225 |
220 |
215 |
Diplômés de l'enseignement supérieur court (III) |
97 |
113 |
133 |
122 |
126 |
138 |
125 |
Diplômés de l'enseignement supérieur long (I-II) |
87 |
126 |
135 |
154 |
156 |
146 |
162 |
Total sortants de formation initiale |
642 |
682 |
723 |
728 |
752 |
749 |
768 |
Proportion de sortants sans qualification |
13 % |
8% |
8% |
8% |
8% |
8% |
8% |
Source : ministère de l'Education nationale
d) Le maintien des inégalités sociales
L'encadré ci-après reproduit la conclusion d'une étude de deux chercheurs de l'INSEE, parue dans l'édition 2000-2001 de la publication de l'INSEE « France, Portrait social ».
Les effets des réformes récentes du système éducatif selon une étude de l'INSEE
« En termes de politique sociale, les
résultats
précédents suggèrent que toute politique de redistribution
de revenus en direction des familles modestes aura pour effet
d'améliorer la performance scolaire relative de leurs enfants. Une autre
voie possible pour réduire l'inégalité des chances
consiste à réformer le système scolaire en sorte
d'accroître son action redistributive en direction des enfants
défavorisés. Plutôt que d'accroître les revenus des
familles modestes, le principe est d'accroître l'effort
pédagogique en direction de leurs enfants
62(
*
)
.
Traditionnellement les efforts en vue de réduire
l'inégalité des chances privilégient plutôt cette
voie. On peut sans doute inscrire dans ce type de démarche la
réforme mise en place en septembre 1991 organisant la scolarité
en cycles. A partir de cette date, les redoublements cessent d'être
possible (en théorie) à la fin de chaque année scolaire et
ne doivent plus prendre place qu'à la fin de cycles de 1, 2 ou
3 ans (décret 90-788 du 6 septembre 1990). Il s'agit alors
tout d'abord de réduire la fréquence des redoublements et leurs
effets potentiellement stigmatisants. Il s'agit également de mieux
s'adapter à l'hétérogénéité sociale
et aux différences de maturité des élèves, de
rendre possible de plus grandes différences dans les rythmes
d'acquisition des connaissances de base. Ce faisant, l'objectif est d'arriver
à offrir « les mêmes chances à chacun des
élèves » (article premier).
S'agissant des adolescents de 15 ans ayant répondu aux
enquêtes sur l'emploi de 1990 à 1999, ceux nés entre 1975
et 1978 n'ont pas connu la réforme au moment où ils sont
interrogés, tandis que ceux nés en 1984 ont passé
l'essentiel de leur scolarité dans le système
réformé au moment de l'enquête. Les
générations nées entre 1979 et 1983 ont quant à
elles passé une partie seulement de leur scolarité dans le
nouveau système. En d'autres termes, notre série d'enquêtes
sur l'emploi permet de tester la mesure dans laquelle l'inégalité
des chances est plus (ou moins) forte au sein des différences
générations en fonction du degré auquel ces
générations ont connu les règles mises en place en 1991.
Comme pouvaient le laisser pressentir nos précédentes
analyses, on ne constate en fait aucune baisse de l'inégalité des
chances après la réforme
. Les générations
nées après 1980, ayant connu la réforme, redoublent
beaucoup moins que leurs aînées, mais cette baisse est autant
perceptible chez les familles riches que chez les familles
défavorisées. La réforme atteint son objectif de faire
reculer la fréquence des redoublements, mais pas celui de limiter
l'inégalité devant l'échec scolaire : 53 % des
enfants nés en 1975 sont en retard scolaire à 15 ans, contre
41 % des enfants nés en 1984. Selon nous, il s'agit d'un indice
supplémentaire indiquant que la réduction de
l'inégalité des chances entre enfants passe sans doute d'abord
par une amélioration des conditions de vie matérielles de ces
enfants, avant d'être une question d'organisation du système
scolaire et de l'effort pédagogique.
Source : « La persistance du lien entre pauvreté et
échec scolaire », Dominique Goux et Eric Maurin, in
« France, Portrait social 2000-2001 », INSEE, 2000.
4. La vie scolaire
a) La réforme des procédures disciplinaires
Le
ministère de l'Education nationale a engagé en l'an 2000 une
refonte des procédures disciplinaires pour les élèves.
Cette réforme partait du constat selon lequel, face à la
diffusion de la violence à l'école, les réponses
classiques, c'est à dire les sanctions disciplinaires (en particulier
des exclusions définitives, de plus en plus nombreuses) et les
signalements en justice, ne réglaient pas le problème, ou bien le
reportaient ailleurs (dans un autre établissement ou dans la rue).
Par ailleurs, cette réforme reposait sur l'idée que la
reconnaissance de règles transparentes et justes, la présentation
de la sanction non pas comme un simple moyen de répression et
d'exclusion mais aussi de réintégration dans le milieu scolaire,
pouvaient contribuer à l'instauration d'un climat relationnel
apaisé.
Cette réforme visait donc à la fois à mieux ancrer la
sanction dans le respect du droit et à l'inscrire dans une
démarche éducative.
Pour ce faire, les décrets n°2000-620 du 5 juillet 2000 et
n°2000-633 du 6 juillet 2000 ont défini de nouvelles dispositions
réglementaires relatives aux sanctions et aux procédures
disciplinaires applicables dans les établissements du second
degré, et ces dispositions ont été précisées
par les circulaires n° 2000-105 et 2000-106 du 11 juillet 2000 relatives
respectivement à l'organisation des procédures disciplinaires et
au règlement intérieur des EPLE.
Concrètement, cette réforme se décline selon trois axes.
En premier lieu,
les sanctions doivent être davantage appliquer les
principes généraux du droit
, c'est à
dire respecter :
- le
principe de légalité des sanctions et des punitions
.
La liste des punitions est désormais fixée par le
règlement intérieur. Une liste indicative est proposée
dans la circulaire du 11 juillet 2000. L'exclusion de cours est admise mais
encadrée par des conditions précises. La distinction est
clairement faite par ailleurs entre ce qui relève de la sanction d'un
comportement et de l'évaluation du travail (il ne doit pas y avoir
d'abaissement de note ou de zéro pour motif disciplinaire). Dans la
liste des sanctions, sont ajoutés le blâme et la
possibilité d'assortir certaines sanctions d'un sursis. L'exclusion
temporaire est limitée à un mois. Le règlement
intérieur doit reprendre la liste fixée par l'article 3 du
décret du 30 août 1985 modifié par le décret du 5
juillet 2000, liste désormais exhaustive. Les sanctions sont
effacées automatiquement du dossier de l'élève au bout
d'un an (à l'exception des sanctions d'exclusion définitive).
Enfin, il est rappelé que leur effacement peut également
résulter d'une loi d'amnistie ;
- le
principe du contradictoire
. Désormais, dans tous les cas, un
dialogue devra s'établir avec l'élève concerné, et
s'ils le souhaitent, ses parents, avant qu'une sanction ne soit
prononcée ;
- le
principe de proportionnalité de la
sanction
, qui
être graduée en fonction du manquement à la règle.
Les établissements sont ainsi invités à tenir un registre
des sanctions pour servir de référence ;
- enfin, le
principe de l'individualisation des sanctions
. Toute
sanction concerne un individu déterminé (interdiction des
sanctions collectives). Ce principe implique la prise en compte de la
personnalité, du contexte, des antécédent, etc.
En second lieu, les
instances disciplinaires
ont été
réformées :
- la
composition du conseil de discipline
a été
modifiée. Il est désormais distinct de la commission
permanente ; le nombre de ses membres est réduit et sa composition
rééquilibrée au travers de l'augmentation sensible de la
représentation des parents et des élèves, ce qui visait
à prendre en compte la critique selon laquelle le conseil serait juge et
partie ;
- la plénitude de juridiction a été conférée
au conseil de discipline, qui peut désormais prononcer toutes les
sanctions, y compris celles qui pouvaient l'être par le seul chef
d'établissement ;
- enfin, il a été institué un
conseil de discipline
départemental
, qui est une émanation des conseils de
discipline d'établissement. Ce conseil ne peut être saisi que dans
des conditions très limitées : en cas d'atteintes graves aux
personnes ou aux biens et lorsque la sérénité du conseil
de discipline ou l'ordre et la sécurité seraient compromis. Il ne
peut concerner que deux catégories d'élèves (ceux ayant
déjà fait l'objet d'une sanction d'exclusion
définitive ou ceux faisant parallèlement l'objet d'une
poursuite pénale). Lorsque l'ensemble des conditions requises ne sont
pas réunies mais que l'ordre et la sécurité risquent
cependant d'être mis en cause, le chef d'établissement peut
toutefois décider de « délocaliser » le
conseil de discipline de l'établissement afin qu'il se tienne en dehors
de celui-ci.
Enfin, la réforme a réaffirmé l'intérêt des
commissions de la vie scolaire
instituées par la circulaire du 27
mars 1997, et a introduit, à côté des sanctions classiques,
des mesures de prévention et de
réparation
: le
travail d'intérêt scolaire.
Dans ce contexte de refonte des règlements intérieurs, votre
commission a demandé au ministre de l'Education nationale sa
position
sur le port de « piercings », tatouages et
scarifications à l'école.
La réponse transmise à votre rapporteur spécial est la
suivante : «
les « piercings » peuvent
être considérés comme des accessoires vestimentaires. Leur
port relève de l'exercice de la liberté d'expression qui est
régie, dans les collèges et les lycées, par l'article L.
511-2 du code de l'éducation, selon lequel ces élèves
« disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de
neutralité, de la liberté d'information et de la liberté
d'expression. L'exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux
activités d'enseignement ». La jurisprudence du Conseil
d'État (2 novembre 1992 Kherouaa et autres) considère que
l'exercice de la liberté d'expression par les élèves ne
doit pas, notamment, porter atteinte à la dignité de
l'élève ou compromettre sa santé ou sa
sécurité, ni perturber le déroulement des activités
d'enseignement. Une interdiction générale et absolue ne pourrait
que méconnaître le principe de la liberté d'expression
reconnue aux élèves.
En revanche, les élèves doivent porter une tenue
n'entraînant aucun danger pour eux-mêmes ou pour autrui au sein des
établissements. C'est notamment le cas lors des exercices
inhérents à l'éducation physique et sportive ou des
travaux pratiques ou d'atelier, activités pour lesquelles le port
d'accessoires constitue un facteur d'exposition à des risques au regard
de la sécurité et de l'hygiène. La circulaire n°
2000-106 du 11 juillet 2000, relative au règlement intérieur dans
les EPLE, précise que le règlement intérieur voté
par le conseil d'administration peut interdire « les tenues
incompatibles avec certains enseignements, susceptibles de mettre en cause la
sécurité des personnes ou les règles d'hygiène ou
encore d'entraîner des troubles de fonctionnement dans
l'établissement ». En la matière, l'équipe
éducative aura toujours recours à la persuasion plutôt
qu'à la contrainte en appréciant la situation concrète et
son contexte.
D'une manière générale, une campagne d'information a
été conduite par la direction générale de la
santé du ministère de l'emploi et de la solidarité
auprès des jeunes et des professionnels du
« piercing » et du tatouage par le biais de messages
diffusés sur des sites Internet et dans des revues destinées aux
jeunes.
Pour ce qui est des scarifications, il n'appartient pas au ministère de
l'éducation nationale de prendre des mesures particulières
à l'égard des porteurs de traces de scarifications, comme des
porteurs de tatouages, sauf à mettre en garde les élèves
dans le cadre de l'éducation à la santé
».
b) La mise en place des conseils de la vie lycéenne
On peut
rappeler que les conseils de la vie lycéenne (CVL) ont été
créés par le décret n°2000-620 du 5 juillet 2000
modifiant le décret n° 85-924 du 30 août 1985 sur le
fonctionnement des établissements publics locaux d'enseignement. Les
modalités de mise en place de cette nouvelle instance ont
été précisées par la circulaire n°2000-104 du
11 juillet 2000 : des élections devaient ainsi être
organisées les 17 et 19 octobre 2000 dans les établissements
scolaires concernés (lycées généraux et
technologiques, lycées professionnels, établissements
régionaux d'enseignement adapté - EREA -).
Ces conseils de la vie lycéenne bénéficient pour leur
fonctionnement d'une partie des 7,6 millions d'euros
(50 millions de
francs) de
crédits
inscrits au titre du fonds de vie
lycéenne pour les lycées publics. Ces crédits
doivent permettre aux représentants lycéens d'assurer pleinement
leur rôle en mettant à leur disposition les moyens financiers
nécessaires à l'exercice de leur mandat (organisation des
élections au conseil de la vie lycéenne, impression du
matériel de vote, frais de transport et d'hébergement des
élus aux différents conseils de la vie lycéenne). Par
ailleurs, les crédits du fonds de vie lycéenne sont
également destinés à financer des actions que les
lycéens auront souhaité mettre en oeuvre en matière
notamment d'actions de formation, d'information, d'expression, d'animations
culturelles ou éducatives.
En pratique, ces crédits sont mis à disposition des recteurs
d'académie, de façon globalisée, à partir du
chapitre 36-71, article 30, avec d'autres crédits destinés
à couvrir d'autres dépenses pédagogiques à charge
de l'Etat, au nombre desquelles, notamment, l'achat des logiciels
pédagogiques, la maintenance des technologies nouvelles et
l'éducation prioritaire. En 2001, Ces crédits ont
été délégués accompagnés d'une
clé indicative destinée à préciser la part à
réserver au fonds de vie lycéenne, afin de réserver
à ce fonds une proportion de crédits équivalente à
celle prévue nationalement, soit au total 50 millions de francs.
Dans ce cadre, il appartenait à chaque recteur d'académie, en
association avec le conseil académique de vie lycéenne, de
définir des critères de répartition entre les
établissements scolaires.
On peut par ailleurs indiquer que les
élections
des
élèves au conseil de la vie lycéenne (au scrutin
plurinominal à deux tours au suffrage direct), ont rencontré un
certain succès puisque le taux de participation des lycéens
au premier tour de l'élection a été de 46,46 %, soit
un taux de participation bien plus élevé que celui des
élections des représentants étudiants à
l'université (qui dépasse très rarement les 10 %).
Cependant, certains établissements ont connu un certain nombre de
difficultés pour organiser les élections et, notamment, pour
susciter suffisamment de candidatures chez les élèves. De
manière générale, la mise en place des conseils de la vie
lycéenne n'a d'ailleurs pas toujours été très
simple, compte tenu notamment de la complexité des modalités
d'élection des élèves au sein de cette nouvelle instance,
et même si ces élections ont été souvent
appréciées des élèves pour leur côté
« sérieux », puisque les modalités
d'organisation du scrutin étaient identiques à celles
utilisées pour les « vraies » élections
(candidatures, professions de foi, « campagne
électorales », bureaux de vote, isoloir, urnes, etc.).
Enfin, le recul manque pour apprécier le fonctionnement des conseils de
la vie lycéenne (CVL). On peut toutefois souligner que plusieurs CVL ont
souhaité aborder la question de la lutte contre la violence, que ce soit
spontanément, ou sur proposition d'une tierce partie (par exemple du
conseil régional en Ile-de-France, ou du recteur d'académie en
Martinique). En outre, les CVL ont été consultés cette
année sur la refonte des règlements intérieurs des
établissements, notamment sur les questions relatives aux nouvelles
procédures disciplinaires.
B. LES PERSONNELS
1. Le recrutement et la répartition des enseignants
a) La répartition fonctionnelle des emplois dans l'enseignement primaire selon le ministère
La répartition fonctionnelle des emplois du 1 er et du 2 nd degré pour l'année scolaire 2000-2001 figure dans les tableaux ci-après. Les emplois ont été agrégés selon la nature des fonctions, quelle que soit la position statutaire de l'enseignant qui dépend du support budgétaire et qui n'a pas pour effet de changer la nature de ses fonctions. Ainsi un enseignant peut exercer des fonctions d'enseignement en position d'activité, de mise à disposition ou de détachement.
RÉPARTITION FONCTIONNELLE DES EMPLOIS
DU PREMIER DEGRÉ - ANNÉE SCOLAIRE 2000-2001
|
|
|
R.S. 2000 |
94% devant élèves |
82% en classe |
Postes affectés, dans les écoles et établissements spécialisés, aux classes maternelles, élémentaires et spécialisées |
254 379 |
12% hors classe |
Postes affectés aux actions de soutien et aux aides spécialisées |
11 575 |
|
Postes affectés au remplacement des personnels (congés de maladie ou de maternité, formation continue et stages longs) |
24 364 |
||
6%
|
5% encadre-ment administratif ou pédagogique |
Postes affectés aux décharges de service (directeurs d'écoles et d'établissements) |
9 832 |
Maîtres formateurs et conseillers pédagogiques E.P.S. (actions de formation continue notamment) |
3 252 |
||
Postes affectés aux établissements médico-éducatifs, hospitaliers et sociaux (accueil des élèves en difficulté, enfants handicapés ou malades) |
1 817 |
||
1% actions diverses |
Autres situations : |
|
|
réadaptation et réemploi |
1 005 |
||
oeuvres post et périscolaires |
375 |
||
M.G.E.N |
172 |
||
actions spécifiques (CEFISEM, centres de classes de nature, itinérants en zone rurale, etc.) |
809 |
||
établissements pénitentiaires |
295 |
||
décharges syndicales |
609 |
||
emplois mis à disposition de certains organismes et donnant lieu à remboursement |
41 |
||
TOTAL FRANCE MÉTROPOLITAINE-D.O.M |
308 525 |
||
T.O.M + Andorre |
2 368 |
||
TOTAL France entière « postes délégués premier degré » |
310 893 |
La
rubrique « actions spécifiques » recouvre les
fonctions suivantes :
- centre de classes de nature,
- équipes mobiles académiques de liaison et d'animation,
- animation pour l'enseignement des langues étrangères,
- emplois itinérants pour l'enseignement des langues et cultures
régionales,
- animations pédagogiques, pour l'informatique, dans les musées,
les bibliothèques...
- centres d'études pour la formation et l'information à la
scolarisation des enfants de migrants (CEFISEM),
- centres départementaux de documentation pédagogique.
Source : ministère de l'Education nationale.
b) La répartition fonctionnelle des emplois d'enseignants dans le second degré selon le ministère
Le tableau ci-après précise la répartition fonctionnelle des emplois d'enseignants du second degré du chapitre 31-93.
REPARTITION FONCTIONNELLE DES EMPLOIS DU SECOND DEGRE
(chapitre 31-93)
Année scolaire 2000-2001- (France entière)
|
Année 2000-2001 |
|
I. EMPLOIS D'ENSEIGNEMENT DEVANT ELEVES * |
369 521 |
|
Enseignement |
|
364 275 |
Lycées |
|
116 545 |
Lycées professionnels |
|
63 120 |
Collèges |
|
170 287 |
|
|
|
Enseignement adapté |
|
14 032 |
Enseignement spécialisé |
|
291 |
Remplacement |
|
5 246 |
II. EMPLOIS DE DIRECTION ET D'ENCADREMENT |
35 912 |
|
Direction |
|
14 888 |
Education |
|
10 631 |
Documentation |
|
8 261 |
Chefs de travaux et aides chefs de travaux |
|
2 097 |
|
|
|
Instructeurs |
|
35 |
III. AUTRES FONCTIONS |
20 675 |
|
Formation des adultes |
|
1 305 |
Stagiaires (IUFM, éducation,...) |
|
13 439 |
Réadaptation |
|
1 175 |
Réemploi |
|
460 |
Orientation |
|
4 296 |
IV. DIVERS |
1 809 |
|
Etablissements pénitentiaires |
|
57 |
Emplois gagés auprès des collectivités locales |
|
40 |
Mutuelles |
|
41 |
OEuvres post et périscolaires |
|
89 |
Organismes divers |
|
164 |
Actions diverses * |
|
1 418 |
ENSEMBLE |
427 917 |
|
* Les emplois destinés aux actions diverses ne sont pas intégrés dans le calcul du potentiel d'enseignement des académies lors de chaque préparation de rentrée scolaire. Il s'agit d'activités à caractère pédagogique qui ne concernent pas l'ensemble des académies.
Répartition fonctionnelle des emplois du
2
nd
degré (chapitre 31-93)
Détail des actions diverses- Année scolaire 2000-2001
(France entière)
Intitulé |
Rentrée 2000 |
Action culturelle |
24,0 |
Actions spécifiques dont TICE |
101,0 |
Aide aux jeunes en difficultés et soutien |
14,0 |
Activité sportive et sport de haut niveau |
30,5 |
Attachés de laboratoire |
21,0 |
CEFISEM |
24,0 |
Collège de philosophie |
7,5 |
Contrôle continu en lycée professionnel |
142,0 |
Coordinateurs pédagogiques des CFA |
55,0 |
Divers |
227,0 |
Enseignements spéciaux de la Seine |
12,0 |
Etablissements publics (CIEP, CLEMI, CNDP, CRDP, CNED, INRP) |
148,0 |
Evaluation |
6,0 |
FNSU-UNSS |
235,0 |
Fonction administrative auprès des recteurs |
12,0 |
Formation continue |
54,0 |
Langues et cultures régionales |
174,0 |
Leonardo Socrates |
10,0 |
Lycée aquacole de Poitiers |
17,0 |
Professeurs de religion |
104,0 |
TOTAL |
1 418,0 |
Source : ministère de l'Education nationale
c) Les emplois vacants dans le second degré
Le tableau ci-après présente, académie par académie, le nombre d'emplois délégués et le nombre d'emplois effectivement consommés en 2001 (en équivalent-temps plein) et fait apparaître à la fois des sous-consommations dans certaines académies, des surnombres dans d'autres.
Chapitre 31-93- Bilan 2001
|
Personnels de Direction Titulaires |
Personnels enseignants Titulaires |
Personnels d'Education Titulaires |
Personnels d'orientation Titulaires |
||||
effectif |
Délégués |
Consommés |
Délégués |
Consommés |
Délégués |
Consommés |
Délégués |
Consommés |
AIX-MARSEILLE |
536 |
532 |
16 127 |
16 234 |
484 |
463 |
178 |
179 |
AMIENS |
448 |
428 |
13 438 |
12 992 |
350 |
315 |
153 |
135 |
BESANCON |
307 |
286 |
8 071 |
8 297 |
217 |
191 |
91 |
82 |
BORDEAUX |
633 |
615 |
16 713 |
17 389 |
481 |
483 |
190 |
182 |
CAEN |
347 |
338 |
8 955 |
8 939 |
239 |
235 |
100 |
93 |
CLERMONT-FERRAND |
309 |
281 |
7 591 |
7 591 |
221 |
211 |
89 |
84 |
CORSE |
67 |
57 |
1 841 |
1 898 |
69 |
56 |
21 |
17 |
CRETEIL |
960 |
855 |
26 420 |
26 663 |
814 |
729 |
299 |
281 |
DIJON |
390 |
360 |
10 784 |
10 565 |
292 |
287 |
125 |
116 |
GRENOBLE |
578 |
561 |
16 945 |
16 623 |
460 |
419 |
187 |
178 |
GUADELOUPE |
119 |
117 |
3 809 |
3 698 |
102 |
94 |
46 |
37 |
GUYANE |
54 |
47 |
1 429 |
1 299 |
50 |
42 |
16 |
8 |
LA REUNION |
220 |
217 |
6 869 |
7 163 |
186 |
178 |
69 |
64 |
LILLE |
948 |
922 |
28 656 |
28 126 |
733 |
641 |
327 |
294 |
LIMOGES |
177 |
172 |
4 724 |
4 743 |
159 |
146 |
55 |
44 |
LYON |
579 |
553 |
16 521 |
16 225 |
475 |
446 |
193 |
178 |
MARTINIQUE |
118 |
114 |
3 695 |
3 629 |
81 |
80 |
40 |
38 |
MONTPELLIER |
440 |
426 |
13 360 |
13 707 |
374 |
360 |
142 |
129 |
NANCY-METZ |
633 |
575 |
17 218 |
17 169 |
399 |
370 |
197 |
186 |
NANTES |
603 |
566 |
15 364 |
15 390 |
415 |
386 |
180 |
174 |
NICE |
348 |
345 |
10 743 |
10 855 |
287 |
283 |
111 |
108 |
ORLEANS-TOURS |
568 |
540 |
15 313 |
15 541 |
381 |
388 |
173 |
163 |
PARIS |
383 |
372 |
11 731 |
11 497 |
366 |
326 |
149 |
155 |
POITIERS |
387 |
366 |
10 009 |
10 077 |
271 |
251 |
120 |
101 |
REIMS |
355 |
329 |
9 569 |
9 459 |
245 |
253 |
113 |
97 |
RENNES |
499 |
474 |
13 851 |
14 199 |
357 |
359 |
154 |
145 |
ROUEN |
440 |
413 |
12 722 |
12 692 |
314 |
304 |
142 |
131 |
STRASBOURG |
391 |
376 |
11 502 |
11 780 |
297 |
279 |
127 |
115 |
TOULOUSE |
539 |
515 |
14 550 |
14 905 |
505 |
471 |
160 |
160 |
VERSAILLES |
1 127 |
1 079 |
32 179 |
31 853 |
906 |
804 |
357 |
325 |
MAYOTTE |
36 |
32 |
988 |
925 |
18 |
18 |
2 |
2 |
NOUVELLE CALEDONIE |
50 |
50 |
1 489 |
1 361 |
41 |
37 |
7 |
13 |
POLYNESIE FRANCAISE |
54 |
53 |
1 709 |
1 494 |
37 |
2 |
8 |
7 |
ST-PIERRE-ET-MIQUELON |
2 |
1 |
63 |
56 |
|
|
|
|
WALLIS ET FUTUNA |
9 |
9 |
188 |
170 |
2 |
3 |
1 |
0 |
Total |
13 654 |
12 974 |
385 129 |
385 206 |
10 624 |
9 912 |
4 311 |
4 022 |
Source : ministère de l'Education nationale
2. La gestion des personnels de l'Education nationale
a) La mise en oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail
On peut
rappeler que l'aménagement et la réduction du temps de travail
dans la fonction publique sont prévus par le décret
n°2000-815 du 25 août 2000, dont les dispositions entreront en
vigueur au 1
er
janvier 2002.
Ce texte, qui fixe un cadre général pour l'ensemble des
fonctionnaires de l'Etat, prévoit notamment une durée du travail
effectif de 35 heures par semaine dans les services et établissements
publics administratifs de l'Etat ainsi que dans les établissements
publics locaux d'enseignement, le décompte du temps de travail
étant réalisé sur la base d'une durée annuelle de
travail effectif de 1 600 heures maximum, sans préjudice des heures
supplémentaires susceptibles d'être effectuées.
Il incombait toutefois à chaque ministre, en accord avec les ministres
chargés du budget et de la fonction publique, d'adapter en tant que de
besoin cette réglementation générale aux
spécificités du service des différentes catégories
d'agents de son département ministériel.
S'agissant plus particulièrement de l'Education nationale, il convient
de préciser d'emblée que
les personnels enseignants et
assimilés n'entrent pas dans le champ d'application de la mesure
.
Seuls sont donc concernés les personnels de l'administration centrale et
les personnels non enseignants des services déconcentrés et des
établissements.
Par ailleurs, les résultats de
l'état des lieux
établi par le ministère du temps de travail de ses personnels non
enseignants sont les suivants :
-
dans l'administration centrale
, les horaires de travail applicables
ont été fixés par une instruction du directeur de
l'administration générale et des personnels administratifs du 29
décembre 1981. Elle indique que la journée de travail
débute à 8h45 et s'achève à 17h30 avec une pause
méridienne d'une heure. Les agents effectuent 38h45 par semaine et
bénéficient de 31 jours de congés annuels. Compte tenu
d'un nombre de huit jours fériés en moyenne par an, le temps de
travail annuel est donc à ce jour en principe de 1720 heures. En fait,
les éléments sur le temps de travail effectif des agents
tirés du diagnostic d'organisation conduit avec l'aide de l'encadrement
du ministère suggèrent que 55 % des personnels effectuent
les 38h45 hebdomadaires ; 24 % des personnels (notamment d'encadrement)
ont un temps de travail hebdomadaire supérieur à cette norme ;
21% des personnels travaillent moins de 38h45 par semaines (la plupart des
agents concernés étant soumis à des sujétions
particulières, telles que le travail en brigade ou en horaires
décalés, qui justifient ces aménagements) ;
- d'une enquête effectuée en janvier 2001 dans 125
services
académiques
(rectorats et inspections académiques), il
ressort que 35 services effectuent plus de 1650 heures annuelles, 64 services
de 1600 à 1649 heures annuelles et 26 services effectuent moins de
1600 heures (la plupart des agents concernés étant selon le
ministère soumis à des sujétions particulières).
Quoi qu'il en soit, sont annoncées les parutions prochaines d'un
arrêté ministériel qui arrêtera les modalités
d'application générale pour
l'administration centrale
des
ministères de l'éducation nationale et de la recherche, ainsi que
d'un arrêté interministériel (éducation nationale,
recherche, budget et fonction publique) qui fixera les régimes
dérogatoires de quelques catégories d'agents dont les
sujétions particulières, liées à la nature de leurs
missions, justifient des adaptations.
Enfin, le ministre de l'Education nationale a signé le 16 octobre avec
14 syndicats ou fédérations représentant 75 % des
personnels IATOSS un
accord cadre
relatif à l'aménagement
et à la réduction du temps de travail dans les services
déconcentrés.
Cet accord cadre repose sur trois grands principes :
- la reconnaissance de
45 jours de congés
annuels à tous
les agents (ce qui correspondait à la pratique de nombreux services,
compte tenu des périodes de fermeture des établissements pendant
les congés scolaires) ;
- le respect de la durée annuelle de référence de
1.600
heures
dans le cadre des horaires hebdomadaires inscrits à l'emploi
du temps, la durée hebdomadaire de travail, répartie en principe
cinq jours, ne pouvant être inférieure pour les agents à
temps complet à 32 heures (35 heures dans les filières
ouvrière et de laboratoire), ni supérieure à 44 heures
(40 heures dans les filières administrative, ouvrière et de
laboratoire), les heures effectuées le samedi matin lorsque les cinq
autres jours ont été travaillés étant
comptées pour 1,2 et les heures du samedi après-midi, du dimanche
et des jours fériés pour 1,5 ;
- l'organisation au début de chaque année scolaire d'une
séance de
concertation
tous les personnels sur l'organisation
collective du travail.
b) La rénovation des IUFM
Le Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE) a adopté le 18 janvier 2001 un rapport de synthèse sur les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), au nombre de 29, qui avaient été créés par la loi d'orientation de juillet 1989. Les principaux éléments de la synthèse de ce rapport sont reproduits dans l'encadré ci-après.
L'évaluation d'ensemble des IUFM par le Comité national d'évaluation (CNE)
« L'image d'ensemble des IUFM qui se dégage
des
évaluations conduites par le CNE dans vingt-deux d'entre eux est
positive. Pour l'essentiel, et dans un contexte souvent difficile, dont ce
rapport fait état, les IUFM remplissent les missions pour lesquelles ils
ont été créés. Les avis sur la qualité des
jeunes enseignants qui en sortent, recueillis auprès des inspecteurs et
des chefs d'établissement rencontrés, sont convergents : ils
sont mieux préparés à leur métier qu'avant...... En
réalité, les polémiques autour des IUFM masquent les vrais
problèmes qui s'y posent :
... 1 - Ce qui fait aujourd'hui le plus défaut, c'est un message fort
sur le métier d'enseignant. Seule une explicitation des
responsabilités et du rôle des enseignants au regard des missions
de l'école dans notre société peut donner du sens à
la formation, éclairer la démarche de ceux qui s'orientent vers
ce métier et qui s'y préparent, l'action de ceux qui ont la
responsabilité de recruter ou de former les maîtres...
...3 - Il apparaît assez clairement qu'aujourd'hui une politique de
recrutement et de formation doit inclure l'amont et l'aval de la formation
à l'IUFM. L'amont, c'est l'orientation des étudiants, la
constitution de viviers correspondant aux besoins de recrutement,
l'aménagement de cursus universitaires, y compris par rapport aux
besoins de l'enseignement technique et professionnel, dans la perspective d'une
ouverture à d'autres publics. L'aval, c'est l'accompagnement de jeunes
enseignants au cours des trois premières années d'exercice...
C'est le sens de la proposition du chapitre sur la formation d'une situation
intermédiaire entre celle d'étudiant et celle de professeur
stagiaire ; c'est aussi celui de la recommandation adressée aux
IUFM, d'une pédagogie plus proche des pratiques de formation des adultes.
4 - La nécessité d'un resserrement des liens entre les IUFM et
les universités de rattachement...
5 - D'une manière plus générale, ce rapport doit
questionner les IUFM et leurs formateurs sur leur volonté et leur
capacité de s'ouvrir sur leur environnement, universitaire, scolaire,
mais aussi culturel, social et économique et de s'appuyer davantage sur
lui pour assurer des missions de formation ; à former des
maîtres ouverts sur la cité, l'entreprise, le monde associatif, la
vie culturelle, les réalités multiples qui constituent le
contexte de l'école.
6 - L'incitation à associer davantage les établissements
scolaires, à instaurer d'autres relations entre les formateurs de l'IUFM
et les formateurs de terrain... participe de cette interpellation.
7 - L'évaluation de la politique et de l'activité de recherche
des IUFM met surtout en évidence les problèmes liés
à l'absence d'une politique de recherche en éducation en France
ou à la gestion de la carrière des enseignants-chercheurs qui
consacrent leurs travaux à la didactique de leur discipline.
8 - Evoqués en introduction, les problèmes
générés par le transfert des activités de formation
continue des maîtres des MAFPEN aux IUFM doivent alerter le
ministère...
... 9 - ... Le recours massif aux listes complémentaires des concours
est en train de modifier assez radicalement le rapport entre professeurs
stagiaires issus du concours de l'année et ceux du concours de
l'année d'avant. Ceci a des conséquences pédagogiques et
financières dont il ne semble pas que les pouvoirs publics aient pris
toute la mesure... »
Source : « Les IUFM au tournant de leur première
décennie », rapport du CNE du 18 janvier 2001.
Peu après la publication de cette évaluation, au terme d'une
réflexion engagée par le ministère dès 1998 et
à la suite des rapports remis par MM. Cornu et Brihault, le ministre de
l'Education nationale a annoncé le 27 février 2001 des
«
orientations sur la rénovation de la formation des
maîtres
», consistant notamment en :
la rénovation de la formation initiale :
- en proposant dès la licence aux étudiants qui se destinent aux
carrières de l'enseignement des compléments de formation dans
d'autres disciplines ou dans des aspects nouveaux de leur propre discipline.
Pour les futurs professeurs des écoles, des collèges et des
lycées, il s'agirait pour cela d'utiliser le cadre de l'option libre que
proposent de nombreuses licences et de développer les licences
pluridisciplinaires. Pour les futurs professeurs de lycée professionnel
de spécialité technique, il s'agirait de proposer des licences
adaptées, à l'instar de celles qui existent pour les futurs
professeurs de sport ;
- en proposant un stage court de sensibilisation au métier ;
la rénovation de l'année de préparation au
concours
:
- en recherchant une plus grande égalité devant la
préparation au concours, en supprimant dès 2002 la dimension
professionnelle des épreuves d'admissibilité aux concours des
professeurs des écoles de manière à ne pas avantager les
étudiants qui préparent ces concours en IUFM ;
- en fixant la date de ces épreuves d'admissibilité en
décembre ou en janvier afin de permettre aux candidats de mieux
préparer les épreuves d'admission et en permettant aux candidats
de tenter leur chance à 3 ou 4 concours, dont les dates seraient donc
décalées ;
- en transformant les programmes des concours,
via
notamment la mise en
place d'un programme national pour le concours de professeur des écoles
et l'obligation faite à tous les candidats au concours de professeur des
écoles, au plus tard à la rentrée 2003, d'être
titulaires avant l'oral du concours d'un certificat de langues de
l'enseignement supérieur (CLES) niveau 2 ou du diplôme de
compétence en langue (DCL) niveau 3 ou d'un certificat
équivalent ;
- en créant un comité de suivi des concours et en
établissant une carte des préparations aux concours ;
- en obligeant tous les candidats à effectuer avant l'oral du concours,
si ils ne l'ont pas déjà fait auparavant, un stage de
sensibilisation au métier d'une durée minimale de 20 heures ;
- en renouvelant l'entretien avec le jury de manière à ce que
cette épreuve prenne un tour professionnel et permette
d'apprécier la motivation, la qualité de l'expression orale, les
capacités de communication, la réflexion sur la discipline et la
connaissance du système éducatif des candidats ;
la « refondation » de l'année de
professionnalisation (la deuxième année d'IUFM) en la
recentrant sur la préparation au métier :
- via l'établissement d'un cahier des charges national
énonçant quatre principes (collaboration de tous les acteurs,
cohérence d'ensemble de la formation, une formation d'adultes et des
liens forts entre théorie et pratique). Concrètement, la
formation en IUFM comprendrait ainsi davantage de didactique, une initiation
aux nouvelles méthodes pédagogiques (comme l'aide
individualisée), une sensibilisation aux problèmes (notamment la
violence) posés par l'hétérogénéité
des publics, un travail sur la voix et la communication, enfin une formation
aux NTIC ;
- via l'amélioration des stages, les enseignants du second degré
devant désormais effectuer leur stage de responsabilité en
collège ; les professeurs des écoles devant effectuer un
stage d'observation en 6
ème
;
- via la libération de deux semaines pour la préparation du
mémoire professionnel ;
la réforme du recrutement des formateurs en IUFM :
- le recrutement des formateurs sera diversifié, et étendu
à des enseignants en service partagé (continuant
parallèlement d'enseigner) ;
- à l'exception des universitaires, les formateurs recrutés
devront désormais avoir une expérience préalable de
l'enseignement scolaire ;
l'accompagnement de l'entrée dans le métier :
- en proposant aux enseignants nouvellement nommés, dans le cadre de
leur service et dès l'année scolaire 2002-2003, une formation
d'une durée minimale de trois semaines au cours de leur première
année d'exercice et de deux semaines au cours de la seconde
année, dont le coût serait de 5,5 millions d'euros (36 millions de
francs) + 2.466 postes équivalent-temps plein ;
- en veillant à ce que la notation n'intervienne qu'au cours de la
seconde année d'exercice ;
enfin, la refondation de la formation continue .
Comme pour de nombreuses autres annonces du ministre, ces orientations,
pourtant longuement préparées, se sont toutefois incarnées
avec une extrême lenteur sous la forme de textes réglementaires et
de circulaires, et leur mise en oeuvre concrète est à ce jour
retardée
.
En effet, en octobre 2001, soit près de huit mois après l'annonce
du ministre, le haut comité de suivi des concours était
installé, mais des textes essentiels comme la définition du
programme national du concours de professeur des écoles ou la circulaire
relative au recrutement des enseignants formateurs en service partagé
n'étaient toujours pas parus. En outre, les universités et les
IUFM, qui étaient «
invités à se
mobiliser
», ne l'ont fait que de manière très
inégale, et, pour l'essentiel, expérimentale. Enfin, l'une des
principales mesures annoncée - l'organisation des épreuves
d'admissibilité du concours de professeur des écoles dès
décembre ou janvier - a d'ores et déjà été
repoussée
d'un an, à la rentrée 2003.
Par surcroît, on peut signaler que la formation continue est une
priorité des discours du ministre, mais pas une priorité de son
budget, comme l'illustre l'évolution des crédits de formation du
chapitre de fonctionnement 37-20. En effet, ces crédits sont
gelés
dans le projet de budget pour 2002.
Evolution des crédits de formation des enseignants inscrits en loi de finances initiale (en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1er degré |
106,73 |
95,92 |
130,45* |
130,45 |
130,45 |
134,36 |
134,36 |
2nd degré |
259,66 |
240,70 |
225,16 |
225,16 |
225,16** |
249,69 |
249,69 |
* Les
crédits du 1
er
degré ont intégré, en
1998, les moyens destinés à la formation continue et les
crédits destinés à la formation des enseignants qui se
spécialisent en AIS (formations longues) et des directeurs
d'école (ex. chapitre 37-10).
** Il faut ajouter aux crédits du 2nd degré pour l'année
2000, une enveloppe de 50 millions de francs votée au titre du collectif
budgétaire et destinée en priorité à accompagner
les réformes en cours, notamment en lycée et lycée
professionnel.
Source : ministère de l'Education nationale, DESCO
c) Les observations de la Cour des Comptes sur la gestion des personnels enseignants du second degré
Dans le
cadre du tome 2 de son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat
publié le 24 avril 2001, la Cour des Comptes a réalisé une
monographie sur la gestion des emplois et des personnels enseignants du second
degré, dont les principales observations et quelques extraits sont
reproduits dans l'encadré ci-après.
Ces observations confirment malheureusement le diagnostic établi en 1999
par la commission d'enquête du Sénat sur la gestion des personnels
enseignants
63(
*
)
.
Les conclusions de la Cour des Comptes sur la gestion des emplois et personnels enseignants du second degré
I. Les principales observations
« Après avoir analysé en 1999 la politique de
recrutement des enseignants au niveau du ministère de l'éducation
nationale et constaté le décalage entre les emplois
budgétaires autorisés et les effectifs réels,
conséquence de recrutements supérieurs aux besoins, la Cour s'est
penchée, dans le cadre d'une enquête approfondie menée dans
cinq académies (Rennes, Nantes, Limoges, Versailles et Nancy-Metz)
sur la gestion des enseignants du secondaire au niveau des rectorats. Elle tire
de cet examen les principales constatations suivantes :
1. Aucune des académies contrôlées n'est en mesure de
fournir à une date donnée le nombre exact des enseignants qu'elle
est chargée de gérer et leur répartition en fonction de
leur affectation et de leur discipline. Cette méconnaissance - qui fait
écho à celle existant au niveau central - est
révélatrice d'un système qui n'est ni
maîtrisé ni contrôlé.
2. La complexité des opérations de conversion des
emplois
budgétaires autorisés
par le Parlement en
postes
implantés
dans les établissements d'enseignement est telle
qu'elle ne garantit plus le respect de l'autorisation budgétaire
initiale. Cette mécanique inflationniste est le fruit de diverses
opérations de constitution de moyens (heures supplémentaires,
quotités d'heures libérées par des professeurs travaillant
à temps partiel...) qui permettent de créer artificiellement des
postes et d'utiliser le volant disponible d'enseignants recrutés par
excès au niveau central.
3. Paradoxalement, la souplesse ainsi obtenue ne garantit pas pour autant la
satisfaction des besoins d'enseignement. Le nombre des disciplines (350) et
leur cloisonnement, la lourdeur des procédures d'affectation, le fait
que les enseignants soient de plus en plus « monovalents »
et refusent d'enseigner dans des disciplines proches de la leur, la
difficulté pour les chefs d'établissements de pouvoir obtenir des
enseignants des heures supplémentaires sont autant de causes qui
expliquent que puissent coexister des professeurs sans élèves et
des élèves sans professeurs (dans des disciplines où les
enseignants ne sont pas en nombre suffisant).
4. La situation des enseignants du secondaire, telle qu'elle résulte des
obligations de service fixées par le décret de 1950, est
caractérisée par le fait que plus le concours initial est
réputé difficile, plus la rémunération est
élevée et plus le nombre d'heures d'enseignement à
effectuer est faible : un professeur agrégé effectue
généralement quinze heures, un professeur certifié
dix-huit, un professeur de lycée professionnel entre vingt et
vingt-deux. Cette situation est aggravée par l'attribution, qui n'est
jamais contrôlée, de décharges de service de nature diverse
qui amputent leurs obligations statutaires. Pour autant, il est fréquent
que des enseignants qui bénéficient d'une heure de
décharge, par exemple pour « heure de première
chaire », effectuent également une heure supplémentaire
pour compléter leur service. Le système des heures
supplémentaires est parfois utilisé pour octroyer à des
enseignants un avantage financier, comparable à celui que constituent
les primes pour d'autres catégories de fonctionnaires.
5. Malgré l'existence de moyens de remplacement croissants (titulaires
spécifiquement affectés en zone de remplacement, jeunes
enseignants titulaires en surnombre, maîtres auxiliaires....), le
remplacement des professeurs absents est loin d'être correctement
assuré en raison de la complexité du système d'affectation
par zones et du cloisonnement des disciplines.
6. La gestion très déconcentrée des recrutements et de
l'affectation des maîtres de l'enseignement privé permet aux
recteurs d'imposer un strict respect des enveloppes financières et des
postes créés. Il n'existe aucune possibilité de
création de postes en dehors de l'enveloppe attribuée classe par
classe à l'établissement et tous les enseignants
bénéficient d'un contrat de travail qui est limité au
nombre d'heures d'enseignement nécessaire à
l'établissement.
7. L'évolution des effectifs des élèves (qui doivent
baisser de 250 000 d'ici à 2006 ), l'accélération des
départs en retraite (41 % des enseignants d'ici à 2006), la
nécessité de revoir la carte des formations et d'assurer une
meilleure gestion des compétences des enseignants au regard des missions
qui leur sont confiées imposent la mise en place urgente d'une gestion
prévisionnelle des moyens et des personnels et l'ouverture d'une
réflexion sur les règles de gestion des enseignants du second
degré, qu'il s'agisse des règles de mutations, des
modalités d'affectation ou du contenu des obligations de service.
II. Extraits du rapport :
Sur l'organisation administrative des services chargés de la gestion
des emplois et des personnels.
... Depuis la déconcentration du mouvement intra-académique les
rectorats ont également la responsabilité des opérations
d'affectation de ces personnels, dans les établissements ou en zone de
remplacement. Cette réforme, qui confirme le rôle central des
rectorats dans la gestion des personnels enseignants, a été
opérée dans le courant de l'année scolaire 1998-1999, pour
la rentrée 1999. Si cette réforme présente l'avantage de
rapprocher les centres de décision des établissements, elle n'a
cependant pas permis de clarifier la répartition des compétences
entre les différents échelons de l'administration. La gestion des
moyens et des personnels demeure partagée entre le ministère, les
rectorats et les inspections académiques, selon des frontières
dont la logique, en matière de gestion des personnels, est parfois
incertaine :
- la gestion des personnels est plus ou moins déconcentrée selon
le corps de rattachement des enseignants... ;
- la gestion des emplois budgétaires est assurée par les
rectorats pour ce qui concerne les lycées et lycées
professionnels et par les inspections académiques pour ce qui concerne
les collèges ;
- depuis la déconcentration du mouvement, toutes les affectations dans
les établissements d'enseignement relèvent de la
compétence du recteur, à l'exception des affectations des
professeurs de chaire supérieure, qui demeurent prononcées par le
ministre.
Bien que la gestion des personnels enseignants du second degré soit
principalement de la compétence des académies, les crédits
de rémunération ne sont pas déconcentrés,
même lorsqu'il s'agit des enseignants contractuels dont le recrutement
est de la seule compétence du recteur...
Sur les outils de gestion des emplois et des personnels
... Enfin, les services gestionnaires maîtrisent mal les
procédures informatisées qu'ils utilisent. L'architecture globale
de ces procédures n'est connue que des seuls informaticiens et la
formation dispensée dans les académies est partout insuffisante.
La succession rapide des systèmes informatiques a laissé les
agents administratifs désemparés : ils n'ont pas le temps de
s'approprier des outils de plus en plus complexes et sans cesse
modifiés. Dans chaque rectorat, le nombre d'agents qui maîtrisent
ces systèmes et sont capables d'administrer les bases de données
et de structurer l'information pour en faire un outil d'aide à la
décision est, au mieux, limité à une ou deux personnes.
Les services sont donc généralement démunis face au
moindre incident...
Sur le calcul de la consommation des emplois et la mesure des
dépassements budgétaires.
Le nombre d'emplois délégués par le ministère dans
une académie varie selon les sources. A Rennes, Nancy et Versailles, des
écarts ont été constatés entre les données
dont dispose le contrôleur financier central du ministère et les
budgets des services académiques. Ces écarts portaient
respectivement sur 15, 52 et 568 emplois. Ils sont demeurés
inexpliqués.
Paradoxalement, alors que la transformation des emplois en heures puis en
postes constitue une procédure complexe qui mobilise plusieurs
directions de l'administration centrale et un service spécifique dans
chaque rectorat, les modalités de conversion demeurent approximatives.
Comme le souligne le ministère, « la saturation progressive
des emplois de titulaires, puis la décision prise en 1997 d'offrir une
garantie de réemploi à une grande majorité de
maîtres auxiliaires ont perturbé le fonctionnement de ce
système de gestion des moyens, qu'il faudrait sans doute aujourd'hui
repenser »...
Sur le rendement des emplois.
... Dans toutes les académies contrôlées, le rendement
horaire des emplois est en diminution. Dans l'académie de Limoges, ce
rendement est passé en un an, de 1997 à 1998, de 18,4 heures
à 18,38 heures, ce qui, appliqué au nombre d'emplois
délégués, équivaut à une perte de 20
emplois. Dans l'académie de Nancy-Metz, pour les seuls lycées, il
a diminué de 17,9 heures en 1994 à 17,23 heures en
1998, soit une perte de 191 emplois en quatre ans. Dans l'académie de
Nantes, le rendement horaire des emplois a diminué en cinq ans de
1,23 heures, soit 1180 emplois, représentant une perte de potentiel
égale à 8 % des moyens délégués
à l'académie.
Les promotions d'enseignants dans la catégorie immédiatement
supérieure, qui ont permis d'améliorer la
rémunération des enseignants et de leur offrir un
déroulement de carrière plus attrayant, ont eu un effet à
la baisse sur le rendement en heures des emplois. L'arrêt du recrutement
des « PEGC », ces anciens instituteurs qui
exerçaient en collège, et dont l'obligation de service
était de 21 heures hebdomadaires, a également contribué
à cette diminution. Enfin, les obligations de service de plusieurs
catégories d'enseignants ont été diminuées :
le service hebdomadaire des professeurs des lycées professionnels , des
PEGC et des maîtres auxiliaires (MA) est passé de 21 heures
à 18 heures. L'académie de Nantes a calculé que, sur la
base des effectifs d'enseignants de l'année scolaire 1982-83, cette
diminution équivaut en 1996-97 à une perte de 19 000 heures
d'enseignement (11 000 heures pour les PEGC, 6 500 heures pour les PLP et 1 500
heures pour les MA)...
Sur les heures supplémentaires.
... Les irrégularités constatées dans la gestion des
heures supplémentaires traduisent également le
décalage qui n'a cessé de croître entre la conception des
obligations de service, telles qu'elles résultent des décrets du
25 mai 1950, et l'évolution des conditions d'exercice du métier
d'enseignant. Alors que la conception du service hebdomadaire demeure
limitée aux heures de cours effectuées par un enseignant dans sa
discipline, les méthodes de travail évoluent rapidement.
L'exercice du métier d'enseignant doit désormais tenir compte de
l'émergence du travail de groupe, de l'utilisation de nouveaux supports
audiovisuels ou informatiques, de la multiplication des travaux
décloisonnés assurés conjointement par plusieurs
professeurs d'une même classe, de la nécessité,
parallèlement, d'assurer une plus grande coordination entre les
différentes disciplines, de la création des dispositifs de
soutien individualisé aux élèves en difficulté...
Cette diversification des pratiques d'enseignement n'étant pas prise en
compte dans les obligations réglementaires de service, seule
l'attribution d'heures supplémentaires permet de rémunérer
le travail fourni par les enseignants concernés. Outre que cette
rémunération est généralement forfaitaire, ce qui
est contraire à la réglementation relative au paiement des heures
supplémentaires, son montant varie de façon aléatoire d'un
établissement à l'autre, puisqu'il n'existe aucun barème
en la matière...
Sur les moyens consacrés au remplacement.
Les moyens affectés au remplacement, qui avaient récemment
diminué, connaissent depuis quatre ans une augmentation sensible mais
conjoncturelle, qui résulte mécaniquement de l'augmentation du
nombre d'enseignants en sureffectif. Au niveau national, le nombre
d'enseignants en sureffectif a doublé en quatre ans et peut atteindre
dans certaines académies 8 % des moyens totaux qui lui sont
attribués. Dans l'académie de Nantes, par exemple, le nombre
d'enseignants titulaires affectés en zone de remplacement a
augmenté de 72,5 % en deux ans, entre la rentrée 1997 et la
rentrée 1999. De ce fait, les nouveaux moyens ne correspondent pas
forcément aux besoins des académies par discipline et par zone
géographique. Au contraire, l'afflux d'enseignants en sureffectif dans
les zones de remplacement concerne des matières dont les besoins sont
par définition déjà largement pourvus dans les
établissements.
Dans ces conditions, il n'est guère surprenant que le taux effectif
d'utilisation des moyens affectés au remplacement soit parfois
très faible : à Versailles, il est évalué
à 65 % mais varie en fonction des matières et des statuts.
Dans certaines disciplines, ce taux est particulièrement bas :
5,7 % en russe ; 37,8 % en philosophie. De façon
générale, le taux d'utilisation des titulaires remplaçants
est nettement plus faible que celui des maîtres auxiliaires :
57,1 % contre 66,8 %. Soumis à des conditions d'emploi plus
précaires, les maîtres auxiliaires acceptent plus facilement de
procéder à des remplacements. Dans l'académie de
Nancy-Metz, le taux de remplacement atteint des taux très bas dans
certaines matières, qui sont parfois celles dans lesquelles le potentiel
de remplacement est très important. Dans l'académie de Nantes, le
taux s'élève à 62,1 %, et à 66,4 % si
l'on exclut les disciplines excédentaires, qui comptent par
définition des moyens supérieurs aux besoins réels. Dans
14 des 46 disciplines utilisées en zone de remplacement, le taux
d'utilisation est inférieur à 50 %...
Sur les sureffectifs.
... D'après le ministère, les enseignants en sureffectif,
calculés en ETP, seraient au nombre de 9690 en janvier 1999.
L'académie de Nantes est celle qui compte les sureffectifs les plus
nombreux, suivie par Lille (661 ETP), Toulouse (560 ETP), Versailles (560 ETP)
et Créteil (518 ETP). Dans l'académie de Versailles, il existe
des sureffectifs dans 62 disciplines différentes. Les disciplines les
plus concernées sont les lettres modernes, l'histoire géographie,
les mathématiques, la physique chimie, les arts plastiques et l'anglais.
Ces six disciplines représentent plus de la moitié des personnels
en sureffectif.
En dehors des périodes pendant lesquelles ils assurent
éventuellement des remplacements, les enseignants titulaires en
sureffectif sont mis à la disposition d'un chef d'établissement
qui leur propose, au mieux, des tâches diverses de documentation ou
d'animation scolaire. Dans certains établissements que la Cour a plus
particulièrement contrôlés, le service de certains
enseignants en poste est volontairement ramené en deçà de
leur obligation hebdomadaire pour parvenir à occuper au moins
partiellement de jeunes enseignants en sureffectif.
Dans la même discipline, il peut y avoir concomitamment des enseignants
en sureffectif et des recrutements d'enseignants non titulaires, maîtres
auxiliaires ou vacataires. Cette situation paradoxale résulte des
cloisonnements géographiques au sein de l'académie et de
l'impossibilité de déplacer au gré des besoins les
enseignants titulaires qui effectuent des remplacements.
Si l'accroissement du nombre d'enseignants en sureffectif constitue un confort
momentané dans les académies, il est à terme
préjudiciable à une bonne gestion des moyens : les chefs
d'établissements sont naturellement tentés de dédoubler
des classes, de créer des activités, des groupes de soutien, des
ateliers qui n'existeraient pas si les effectifs correspondaient aux seuls
besoins identifiés par la carte des formations. Ces marges de manoeuvre
devraient disparaître au fur et à mesure des départs en
retraite...
Sur la globalisation des moyens.
...La globalisation a induit une confusion sur la notion d'emploi
budgétaire, en intégrant de façon
indifférenciée dans un même budget des emplois
budgétaires autorisés par le Parlement et des crédits
affectés à la rémunération de personnels non
permanents, convertis en ETP. Le contrôle de la consommation des emplois,
dans ces conditions, ne peut plus être assuré de façon
satisfaisante, la notion d'emploi budgétaire étant diluée
dans celle, plus vague, des ETP. Cette difficulté n'a pas
été résolue par les services académiques
chargés de suivre la consommation des moyens.
La globalisation des moyens n'a pas été accompagnée
d'actions d'information suffisantes auprès des services
académiques concernés et ces derniers n'en ont souvent pas saisi
les enjeux, ni même parfois compris le dispositif technique. Dans
certaines académies contrôlées par la Cour, les services
ont été contraints de procéder à un suivi manuel du
budget des emplois délégués à l'académie.
Enfin, il faut souligner que cette réforme est intervenue alors que la
confusion sur le suivi des emplois budgétaires était
déjà forte, comme le soulignent les développements qui
précèdent. La poursuite des réformes engagées pour
renforcer l'autonomie de gestion des rectorats n'est pas envisageable sans une
révision des procédures et un renforcement des outils de
contrôle ayant pour objet de réintégrer le respect de
l'autorisation budgétaire dans les procédures de
gestion ».
Source : Cour des Comptes, rapport particulier sur la fonction publique
de l'Etat, avril 2001.
Dans le cadre de son questionnaire sur le projet de budget pour 2002, votre
commission avait demandé au ministre de l'Education nationale de
commenter ces observations et de préciser les suites qui avaient
été ou qui pourraient être données à ces
observations.
La
réponse
du ministre à cette question est reproduite
in extenso
dans l'encadré ci-après, de manière
à ce que chacun puisse apprécier si elle est à la hauteur
de l'enjeu.
Les suites données, selon le ministère de l'Education nationale, aux observations de la Cour des Comptes
« Dans son rapport particulier, la Cour a fait des observations sur
la gestion des personnels enseignants. Certaines de ces observations appellent
les remarques suivantes.
1) La répartition des emplois entre les académies et les
outils de suivi de la consommation des emplois
Les disparités constatées entre les académies ne peuvent
être corrigées qu'à moyen terme, compte tenu de l'impact
social des redéploiements. Pour sa part, le ministère approfondit
sa démarche de gestion prévisionnelle, au plan national, par une
programmation pluriannuelle des recrutements et, au plan
déconcentré, par une meilleure prise en compte des besoins
d'enseignants par discipline.
S'agissant des recrutements, le plan pluriannuel vise plusieurs objectifs :
- adapter la carte des emplois aux réformes
pédagogiques à venir ;
- mieux couvrir les sorties, jusqu'à présent
sous-estimées, dues aux phénomènes de travail à
temps partiel, aux départs anticipés, aux évolutions
professionnelles des enseignants (promotions dans les emplois de direction ou
de l'enseignement supérieur) ;
- favoriser les vocations au métier d'enseignant, et partant, maintenir
le niveau de qualité de recrutement et le rendement des concours
externes d'enseignants, par l'information faite autour de ce plan.
Au plan déconcentré, il est indispensable d'approfondir la
démarche de gestion prévisionnelle ; c'est à ce
niveau que se situent les principaux enjeux. Des points clés, comme la
ventilation de la demande d'enseignement par discipline en fonction de la carte
des formations, l'implantation des établissements et des zones de
remplacement, doivent être analysés. En effet, la
complexité du système disciplinaire du second degré
implique un travail très fin sur l'offre d'enseignement à court
et à moyen terme, travail rendu d'autant plus nécessaire que les
usagers du service public de l'enseignement exigent désormais une
présence permanente des enseignants dès les premiers jours de la
rentrée.
Dans le cadre de la déconcentration du mouvement et de la
contractualisation, les services centraux se sont engagés dans une
démarche de soutien auprès des services
déconcentrés et de mise à disposition d'outils
nécessaires à la gestion prévisionnelle. Ainsi les
services centraux, par une synthèse des besoins académiques,
pourront mieux définir le niveau de recrutement par discipline pour les
concours nationaux.
Cette démarche passe évidemment par une meilleure connaissance du
potentiel enseignant. Le système d'informatique de gestion très
développé du ministère rend parfois complexe le
dénombrement des effectifs qui peut s'effectuer selon de multiples
entrées (critères ou date d'observation à
déterminer). C'est pourquoi le ministère se dote d'outils communs
d'observation entre académies et services centraux portant sur les
données pertinentes pour la gestion prévisionnelle et le
contrôle de gestion. D'ores et déjà, la question du
remplacement, et celle de la définition du potentiel d'enseignement
(analyse des décharges de service, mises à disposition...), ont
fait l'objet en 2001 de travaux importants de définitions de concepts et
de recueil de données au sein du ministère.
2) Le potentiel d'enseignement
La répartition fonctionnelle des enseignants 1
er
et
2
nd
degré figurant en réponse à la question
n°83 [reproduit supra] permet de constater une quasi affectation des
enseignants devant les élèves. Dans les autres cas, il s'agit
soit de fonctions exercées à l'intérieur du système
éducatif et en relation directe avec l'enseignement
(maîtres-formateurs, fonctions à l'ONISEP, au CNED...), soit des
fonctions excluant tout lien avec l'enseignement. Ces dernières sont
infimes.
Concernant le dispositif mis en place pour améliorer le remplacement des
enseignants absents, il fait l'objet d'un suivi par un comité
réunissant des représentants du ministère et des
administrations déconcentrées. Une meilleure connaissance des
absences d'enseignants est obtenue par l'alimentation systématique des
bases de données académiques, grâce à la
généralisation des modules « congé »
et « remplacement ». L'utilisation de ces applications
nationales par les chefs d'établissements devrait notamment conduire
à mieux anticiper les remplacements nécessaires. Il reste
à améliorer ces applications pour accroître leur
rapidité, leur exhaustivité et rendre possible un suivi encore
plus précis des différents motifs d'absence dans chaque
établissement scolaire. La gestion prévisionnelle du remplacement
est amorcée avec l'utilisation des outils mis au point à cet
effet et les résultats d'enquêtes et d'indicateurs sur le
remplacement que le ministère (direction de la programmation et du
développement) communique régulièrement aux responsables
académiques et aux chefs d'établissement.
Parallèlement, l'ensemble des mesures arrêtées au niveau
académique et dans les établissements traduit une plus grande
diversité de pratiques visant à assurer le remplacement de courte
durée : prise en charge des élèves par
l'équipe pédagogique ou par l'équipe disciplinaire ou, en
dernier recours, par des aides éducateurs ; mise en place
d'activités pédagogiques ou éducatives ; recours aux
enseignants remplaçants en dehors de leur mission de remplacement
fixée par les autorités académiques, à des
vacataires ; à cet égard, dans quelques académies est
mis en place sur Intranet un service permettant aux établissements
d'identifier plus rapidement les vacataires disponibles dans la discipline
recherchée.
S'agissant des procédures d'affectation et de mutation des personnels
enseignants, le mouvement national à gestion déconcentrée
a pour principal objectif l'amélioration qualitative de la gestion des
personnels et notamment une connaissance plus rapide des affectations des
enseignants. Les nouvelles modalités offrent aux recteurs plus de
souplesse dans la gestion des besoins des établissements scolaires qui
relèvent de leur autorité et facilitent une meilleure
adéquation entre le profil des postes et la compétence des agents
les plus qualifiés pour les pourvoir.
Après la troisième année d'application, le bilan est
positif : le 22 juin 2001, 90 % des opérations du mouvement
intra-académique étaient réalisées pour 28
académies ; le 27 juin 2001, celui-ci était terminé.
Une réflexion est actuellement en cours au sein de la direction des
personnels enseignants et en liaison avec les services académiques sur
la révision globale des règles relatives aux conditions
d'affectation et de déroulement de carrière des personnels du
second degré. Les travaux menés dans le cadre d'un groupe
permanent de gestion des ressources humaines ont permis d'élaborer un
projet de charte pluriannuelle de la mobilité. Celui-ci est actuellement
en cours de concertation avec les représentants des
personnels. »
Source : ministère de l'Education nationale, réponse au
questionnaire de la commission des finances du Sénat.
d) Les observations de l'IGAENR sur la gestion des personnels enseignants
Les
observations de la Cour des Comptes sont à bien des égard
corroborées
par celles de
l'inspection générale
de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche
(IGAENR).
En effet, le rapport général 2000 de l'IGAENR
64(
*
)
titrait ainsi les sous parties d'un chapitre
consacré à la rentrée 1999-2000 :
«
Dans les académies, la rentrée a été
techniquement maîtrisée, mais au prix d'une surconsommation de
moyens : Une offre de formation plus coûteuse que
nécessaire... La notion de moyens a perdu de sa lisibilité... Le
respect des enveloppes de moyens n'est pas partout assuré... La gestion
prévisionnelle des emplois reste à affiner ... la gestion
individuelle des personnels est trop peu soucieuse du caractère
excédentaire ou déficitaire des disciplines... Un excès de
centralisme au coeur de la déconcentration
».
S'agissant plus particulièrement des enseignants du premier
degré, le rapport général 1999 de l'IGAENR soulignait
ainsi, dans le cadre d'un chapitre consacré à l'allocation des
moyens
,
que :
- «
le dispositif actuel de recrutement génère une
tendance inflationniste
», notamment parce que la fixation du
nombre de postes mis aux concours s'appuie tout d'abord sur les demandes des
inspecteurs d'académie et en raison du souci d'éviter des coups
d'accordéon en matière de recrutement ;
- «
les surnombres départementaux ne sont plus des
phénomènes exceptionnels
» ;
- la part des moyens consacrés à l'enseignement dans les classes
diminuent.
Ces dysfonctionnements sont précisés dans des rapports non
publics réalisés par l'IGAENR sur la rentrée 2000-2001, et
dont votre rapporteur spécial a pris connaissance. Ces rapports
soulignent par exemple que :
- «
traditionnellement, on mesure un écart important entre
prévisions [d'effectifs] en lycée professionnel, dû
à un affichage volontariste des recteurs qui, confondant souhaits et
prévisions, augmentent les taux d'accueil et minorent les taux de
sortie. Cette pratique fait au demeurant l'objet d'un consensus qui dispense de
recherche les vraies causes et les solutions adaptées à la
désaffection des élèves pour l'enseignement
professionnel ... [Cette] surestimation des effectifs a facilité la
rentrée, mais induit un coût et des risques non
négligeables » ;
- « le respect des enveloppes de moyens ne s'est pas
amélioré... La situation de l'académie de ... illustre
parfaitement le danger de perte de repères introduit par les
excédents disciplinaires de personnel de ces dernières
années. L'académie a choisi, lors des rentrées
précédentes, d'affecter en surplus ses surnombres disciplinaires
dans les établissements, ce qui a permis de dédoubler des
structures. On peut lire, dans une note relative à cette académie
« au fil du temps, l'académie a permis toute
référence à l'origine du phénomène. Si, au
départ, il y avait des disciplines en surnombre fonctionnel dont on ne
pouvait pas imputer la responsabilité à l'académie, on
découvre maintenant des surnombres dans des disciplines
déficitaires et on recrute des contractuels dans des disciplines
où il y a surnombre
».
3. La situation de certaines catégories particulières de personnels
Chaque année, le rapport sur les crédits de l'enseignement scolaire établi au nom de la commission des finances du Sénat présente des développements relatifs à quelques catégories particulières de personnels.
a) Les difficultés non traitées des maîtres d'internat et surveillants d'externats (MI/SE)
Le rapport de la commission des finances sur le budget de l'enseignement scolaire pour 2001 avait ainsi exposé l'an passé les difficultés des maîtres d'internat et surveillants d'externat (au nombre de 40.324 en 2000-2001).
La situation difficile des maîtres d'internat et surveillants d'externat
Les
maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI-SE), c'est à
dire les « pions », sont a priori recrutés avec un
double objectif :
- un objectif de
pré-recrutement
. L'article 1
er
du
statut des maîtres d'internat précise ainsi :
«
à égalité de titres, une priorité
sera accordée aux candidats aux carrières de
l'enseignement
» ;
- depuis les années 1960, et de manière souvent
prépondérante, un objectif
d'aide sociale
, ces emplois
devant bénéficier en priorité aux jeunes issus de milieux
modestes.
Par ailleurs, le niveau de recrutement des MI-SE s'étage le plus souvent
entre BAC et BAC+3, le niveau moyen étant très
différencié selon les académies, certaines d'entre elles
recrutant prioritairement des jeunes de niveau BAC ou BAC +1.
Enfin, il est à noter qu'un grand nombre de MI-SE doivent suivre leurs
études par correspondance, en raison de leurs contraintes de service,
comme de l'éloignement des centres universitaires.
Au total, le profil des MI-SE se rapproche fortement de celui des
aides-éducateurs, même si ces derniers sont sans doute en moyenne
un peu plus âgés, un peu plus motivés, et un peu moins bien
rémunérés (5800 francs par mois en 1999 pour les
aides-éducateurs, contre 6100 francs par mois pour les MI-SE).
Or un récent rapport
65(
*
)
de l'inspection
générale de l'administration de l'Education nationale (IGAENR)
souligne que le bilan de l'insertion professionnelle des MI-SE est
«
sombre
» :
- «
la qualité des études poursuivies est
médiocre et, en tout état de cause, le plus souvent mal prise en
compte dans la gestion des établissements
» ;
- les chances de réussite aux concours d'accès aux fonctions
d'enseignement sont «
faibles
» ;
- à l'issue de leur contrat, les MI-SE connaissent donc une insertion
professionnelle difficile : le ratio anciens MI-SE attributaires
d'allocations
chômage
/ MI-SE en poste serait ainsi de l'ordre de
20% à 30%.
Source : rapport de M. Jean-Philippe Lachenaud au nom de la commission
des finances du Sénat sur les crédits de l'enseignement scolaire
pour 2001.
Les observations de l'IGAENR reproduites ci-dessus appelaient réaction
et action de la part du ministre de l'Education nationale.
Dans le cadre d'un essai d'évaluation des suites apportées
à ses rapports, l'IGAENR relevait toutefois en juillet 2000 :
«
le rapport a été normalement diffusé dans
les services. Ceux-ci, interrogés dans le cadre de la présente
enquête, indiquent qu'ils n'ont engagé aucune étude de la
mise en oeuvre des conclusions présentées, dans l'attente d'une
directive du cabinet qui n'est pas venue
».
Interrogé de nouveau par votre commission des finances sur les suites
qu'il entendait au rapport de l'IGAENR, le ministère s'est un an plus
tard contenté dans un premier temps de répondre :
«
les suites données au rapport de l'IGAENR 99-0025 seront
communiquées ultérieurement
».
A la date du 25 novembre 2001, cette réponse
« ultérieure » n'avait cependant pas
été transmise : près de trois années et demi
après un diagnostic alertant, les problèmes des
« pions » semblaient renvoyés aux calendes
grecques.
b) Les difficultés de recrutement des assistants de langue
Dans le
cadre de ses orientations en faveur de l'enseignement des langues vivantes, le
ministre de l'Education nationale avait annoncé une forte augmentation
du nombre de postes d'assistants de langue, qui devait être portée
à 5.845 postes à la rentrée 2000-2001, dont 1.400 postes
destinés au premier degré (la durée des contrats
étant de 7 mois).
Une partie de ces postes a été pourvue par des recrutements
à l'étranger dans le cadre des programmes officiels
d'échange d'assistants pour un total de 3.700 postes.
Dans le cadre de ces programmes officiels, les candidats recrutés
à l'étranger sont en principe de jeunes étudiants, entre
20 et 30 ans, étudiants en langue française et se destinant
à l'enseignement.
Cependant, les démissions (notamment d'assistants anglophones) et la
pénurie de candidatures en provenance des pays partenaires a conduit
à élargir le profil de recrutement à des étudiants
dans d'autres langues et en sciences humaines ayant une connaissance suffisante
de la langue française (en général des étudiants
étrangers résidant en France et inscrits dans des formations
universitaires de second ou de troisième cycle).
Par ailleurs, les rectorats ont procédé à des
renouvellements dans leurs fonctions d'assistants ayant
bénéficié d'un contrat l'année scolaire
précédente.
Ces procédures ne suffisant pas, il a été fait appel, dans
les académies, à d'autres candidatures (locuteurs natifs, par
exemple des épouses de cadres expatriés, mais aussi
diplômés d'universités étrangères,
étudiants français diplômés en langue et ayant
effectué des séjours de longue durée à
l'étranger, etc.), pour des recrutements locaux sur des postes
demeurés vacants, les conditions d'aptitude de tous les candidats
recrutés au niveau local devant en principe faire l'objet d'une
vérification par les commissions académiques d'habilitation.
En dépit de ces diverses formes de recrutement, des postes n'ont pu
être pourvus, principalement en langue anglaise et allemande. Leur total
s'élevait à environ 1 400 au 10 octobre 2000, soit près
d'un poste sur quatre.
c) Les handicapés
On peut
rappeler que la loi n°87-517 du 10 juillet 1987 a imposé à
tous les employeurs de plus de vingt salariés une obligation d'emploi au
bénéfice des travailleurs handicapés, fixée
à 6 % minimum des effectifs totaux.
Comme le rappelait toutefois notre collègue député Alain
Tourret dans son avis sur la fonction publique et la réforme de l'Etat
dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2002, le taux
d'emplois de personnes handicapées dans la fonction publique a toutefois
faiblement progressé : hors Education nationale, il n'atteignait
ainsi en moyenne que 4,16 % au 31 décembre 1999 dans la fonction
publique d'Etat, soit un niveau inférieur à celui atteint dans le
secteur privé, dans la fonction publique hospitalière (4,73 %) et
surtout dans la fonction publique territoriale (5,12 %).
Le constat relatif au ministère de l'Education nationale est pire :
non seulement le taux d'emploi de personnes handicapées était
très insuffisant (2,13 %) en 1997, dernière année connue,
mais il a nettement baissé par rapport au niveau atteint en 1988 (3,00
%), alors même que les effectifs du ministère vieillissaient.
En particulier, selon les informations transmises à votre rapporteur
spécial, l'administration centrale du ministère, qui devrait
pourtant donner l'exemple, n'employait en l'an 2000 que 56 agents
handicapés soit :
- une baisse de 30 % par rapport à 1995 ;
- 1,5 % des effectifs (inspections générales incluses).
Invité par votre commission à détailler les actions
entreprises en faveur des personnels handicapés, le ministère de
l'Education nationale a détaillé dans sa réponse une
série d'actions dont le récapitulatif reproduit ci-après
reflète l'ampleur.
En effet, seuls 6,36 millions de francs ont été utilisés
en l'an 2000 par le ministère de l'Education nationale à
l'insertion des personnels handicapés : 2,71 millions de francs au titre
des crédits ministériels et 3,65 millions de francs au titre des
crédits interministériels.
Ces crédits auront permis :
- d'entreprendre des travaux d'accessibilité des locaux pour un total
de 2,362 millions de francs.
Académies |
Etablissements bénéficiaires |
Opérations retenues |
Bordeaux |
Université Bordeaux IV |
Dispositif d'accès aux chaires des amphithéâtres |
Caen |
CRDP de Caen |
Remise en conformité d'un ascenseur |
Clermont-Ferrand |
Université d'Auvergne |
*Rampes d'accès intérieurs et extérieurs |
|
|
* Installation d'une plate-forme monte escalier |
Créteil |
rectorat |
Aménagement de sanitaires pour handicapés |
Grenoble |
*université J. Fourier
|
*
Accès pour un agent handicapé du laboratoire CLIPS-IMAG
|
Lille |
Rectorat |
*Rampe
d'accès et aménagement du sas d'entrée
|
IA du Pas-de-Calais |
Aménagement de sanitaires pour handicapés |
|
|
IUFM Centre d'Outreau |
Création de sanitaires pour handicapés |
Nantes |
I.A. Loire-Atlantique |
*
Création d'un ascenseur, d'une rampe d'accès, d'un sas d'accueil
|
Paris |
Rectorat -site Gambetta |
Aménagement :
|
- d'aménager 123 postes de travail pour un coût total de 4,002 millions de francs :
-
• 8 pour l'administration centrale ;
• 115 pour les services déconcentrés.
Nature du handicap
Personnel concerné
cécité
32
enseignant
82
déficient visuel
40
administratif
40
dysphonie
11
ouvrier
1
handicap moteur
38
surdité
2
TOTAL
123
TOTAL
123
Les matériels le plus couramment financés se répartissent ainsi :
Informatique et informatique Braille
Téléagrandisseur et vidéo projecteur
Tableau à hauteur variable
Mobilier de bureau adapté au handicap
Fauteuil ergonomique
Logiciels pour déficient visuel et aveugle
Micro-cravate
Aménagement d'une voiture (treuil pour fauteuil)
Amplificateur téléphonique
Aménagement standard pour agents aveugles
Source : ministère de l'Education nationale, réponses au questionnaire de la commission des finances du Sénat.
Le montant des dépenses ainsi engagées (6,36 millions de francs, soit 970.000 euros) peut être rapporté :
- aux effectifs de l'enseignement public (1,2 millions de personnes, emplois jeunes compris)
- au nombre de personnes handicapées que le ministère devrait théoriquement employer, soit environ 70.000 ;
- au budget de fonctionnement du ministère de l'Education nationale, dont elles représentent moins de 0,002 %.
Ainsi perceptible au niveau budgétaire, ce défaut de volonté d'intégration des personnels handicapés se retrouve d'ailleurs dans les situations individuelles évoquées par le Médiateur de l'Education nationale.Les observations du Médiateur de l'Education nationale : l'absence de respect par le ministère de la législation sur l'emploi des personnes handicapées
Diverses réclamations dont a été saisi le médiateur conduisent à constater certains dysfonctionnements dans la façon dont le ministère applique la législation...
Il apparaît qu'un certain nombre d'académies ne respectent pas l'obligation législative et choisissent [pour les emplois réservés] d'opérer un tri dans les dossiers qui leur sont présentés...
... de nombreux cas sont signalés dans lesquels l'administration réduit de plus en plus, faute de crédits suffisants sans doute, l'aide apportée aux personnels enseignants handicapés, notamment visuels. Elle envisagerait même, dans certains cas, des mises à la retraite anctipée avec pension ou non d'invalidité, alors que ces enseignants sont encore tout à fait aptes à enseigner.
Source : rapport 2000 du Médiateur de l'Education nationale.d) Les collaborateurs de cabinet
Dans le cadre du projet de loi de finances, le Premier ministre publie désormais un « jaune » budgétaire relatif à la composition des cabinets ministériels. Etabli à partir des informations transmises par les ministères, ce document détaille le nombre et l'origine des cadres officiels de ces cabinets (directeur, directeur adjoint, chef et chef adjoint, conseillers et conseillers techniques, chargés de mission, attaché parlementaire, attaché de presse et chef du secrétariat particulier), à l'exclusion notamment des secrétaires, chauffeurs, cuisiniers et agents de sécurité.
Le recensement opéré en juillet 2001 fait ainsi apparaître que le cabinet du ministre de l'Education nationale comportait 34 cadres (à 79 % des hommes), soit 5 de plus qu'en juillet 2000, tandis que le cabinet du ministre délégué à l'enseignement professionnel comportait 11 cadres (à 73 % des hommes), soit 2 de moins qu'en juillet 2000.
Avec 34 cadres, le cabinet de M. Jack Lang était ainsi le plus étoffé de ceux des ministres de plein exercice exercice , devant ceux de Mme Elisabeth Guigou (31), de M. Laurent Fabius (30), M. Jean Glavany et Mme Marie-George Buffet (24), Mme Marylise Lebranchu (22), Mme Catherine Tasca et M. Daniel Vaillant et (21), Mme Dominique Voynet et MM. Alain Richard et Jean-Claude Gayssot (20), M. Hubert Vedrine (16), M. Michel Sapin (12), M. Roger-Gérard Schwartzenberg (11) et M. Jean-Jack Queyranne (7).C. LE COÛT ET L'ÉVALUATION DU SYSTÈME EDUCATIF
1. La dépense intérieure d'éducation
a) La notion de dépense intérieure d'éducation
La dépense intérieure d'éducation représente toutes les dépenses effectuées par l'ensemble des agents économiques, administrations centrales ou locales, entreprises et ménages, pour les activités d'éducation en métropole. Elle est évaluée à partir des comptes de l'éducation 2000, les derniers disponibles.
La notion de dépense d'éducation
La notion de dépense d'éducation recouvre :
• les activités d'éducation de type scolaire de tous niveaux (préélémentaire, élémentaire, second degré, supérieur, enseignement artistique, enseignement spécial) effectuées dans les établissements publics ou privés ;
• les dépenses pour les formations de type extra-scolaire (enseignement à distance, formation professionnelle y compris la formation interne aux entreprises et aux administrations, cours du soir,...) ;
• les dépenses pour les activités visant à organiser le système d'enseignement (administration générale, orientation, recherche sur l'éducation, documentation pédagogique et rémunérations des personnels d'éducation en formation) ;
• les dépenses pour les activités visant à favoriser ou accompagner la fréquentation scolaire (cantines et internats, médecine scolaire et transports scolaires) ;
• les dépenses liées à la fréquentation des établissements scolaires (achats de livres et de fournitures scolaires, d'habillement demandées par les institutions).
Les dépenses de l'Etat comprennent la totalité des charges sociales employeur, y compris celles intégrées au budget des charges communes.
La dépense d'éducation, au sens du compte de l'éducation, ne comprend pas la rémunération des élèves ou des stagiaires de la formation continue, sauf pour le personnel d'éducation en formation.b) L'évolution de la dépense intérieure d'éducation
En l'an 2000, la dépense intérieure d'éducation (DIE) a atteint 644,5 milliards de francs (98,2 milliards d'euros), ce qui correspond à 7,1 % de la richesse nationale (PIB). Pour l'éducation, la collectivité nationale, tous financeurs confondus, a ainsi réalisé ainsi un effort financier à hauteur de 10 900 francs par habitant, ou 40 000 francs par élève ou étudiant.
Evolution de la dépense intérieure d'éducation sur la période 1975-2000
Dépense d'éducation
1975
1985
1995
1999
2000
Dépense globale d'éducation en milliards de francs courants
100,1
333,7
585,7
653,8
672,9
Dépense Intérieure d'Education :
- aux prix courants (en milliards de francs)
95,9
319,3
560,2
625,7
644,5
- aux prix 2000 (en milliards de francs)
337,7
441,5
587,5
632,2
644,5
DIE/PIB en %
6,5
6,8
7,3
7,2
7,1
DIE/habitant aux prix 2000 (en francs)
6 400
8 000
10 100
10 700
10 900
Dépense moyenne par élève :
- aux prix courants (en francs)
6 200
20 400
33 800
38 700
40 000
- aux prix 2000 (en francs )
22 000
28 300
35 400
39 100
40 000
Source : ministère de l'Education nationale.
Sur la période 1974-2000, on a d'ailleurs assisté à une progression significative de la dépense intérieure d'éducation (+ 2,7 % par an en volume), supérieure à celle de la richesse nationale (+ 2,2 % par an).
On peut distinguer cinq périodes dans cette évolution :
- de 1975 à 1985, la part de la DIE dans le PIB croît et passe de 6,5 % en 1975 à 6,8 % en 1982, niveau auquel elle se maintient jusqu'en 1985 ;
- de 1986 à 1989, l'on assiste au retournement de cette tendance. La politique générale de maîtrise des finances publiques et particulièrement la politique de rigueur salariale ont pour conséquence une augmentation de la dépense d'éducation inférieure à celle du PIB. En 1989 la dépense d'éducation retrouve ainsi son niveau de 1979 dans la richesse nationale ;
- entre 1989 et 1994, sous les effets conjugués d'une politique volontariste et de la décélération de la croissance du PIB, la part de la dépense intérieure d'éducation s'élève jusqu'à 7,3 % en 1994 ;
- entre 1994 et 1997, la part de la dépense intérieure d'éducation dans le PIB se stabilise, malgré le ralentissement de la croissance, puis, en 1998, la croissance du PIB est deux fois supérieure à celle de la dépense intérieure d'éducation faisant passer la part de celle-ci dans la richesse nationale à 7,2 % ;
- dans un contexte de progression soutenue du PIB, la dépense intérieure d'éducation réaccélère en 1999 (+ 2,8% en volume), de sorte que sa part dans le PIB reste constante, puis ralentit en l'an 2000 (+1,9 % en volume), ce qui conduit alors à un repli de sa part dans le PIB.c) L'évolution de la dépense intérieure d'éducation par niveau d'enseignement
Notons que la progression de la dépense intérieure d'éducation s'explique moins par l'augmentation du nombre d'élèves que par celle du coût de chaque élève.
En effet, la dépense annuelle moyenne par élève ou étudiant augmente sur la période 1975-2000 de 2,4 % par an en francs constants, en raison de la proportion croissante des enseignements du second degré et du supérieur (en moyenne mieux rémunérés que ceux du premier degré), de l'amélioration de l'encadrement dans le premier degré, et de la revalorisation du statut des enseignants.
A prix constants , la dépense moyenne par élève a toutefois connu des évolutions extrêmement différenciées selon les niveaux d'enseignement :
- + 91 % pour le premier degré ;
- + 72 % pour le second degré ;
- + 27 % seulement pour l'enseignement supérieur .
En effet, dans le supérieur, la progression de la dépense d'éducation, qui a plus que doublé depuis 1975, a été largement absorbée par l'augmentation des effectifs d'étudiants.d) L'évolution du répartition de la dépense intérieure d'éducation par financeur
Sur longue période, on observe que la part de l'Etat dans le financement de la dépense intérieure d'éducation a tendance à se réduire :
Evolution de la structure du financement initial de la dépense d'éducation (en %)
Financeurs
1977
1983
1986
1989
1991
1995 (2)
1999
2000
Etat
69,6
69,0
66,5
64,3
63,3
64,9
64,5
64,5
Collectivités territoriales
Dont : communes
Départements
Régions14,0
15,0
13,5
1,1
0,416,3
12,3
2,9
1,118,7
12,7
3,7
2,320,2
12,3
4,0
3,920,0
12,3
4,1
3,620,9
12,9
4,2
3,821,0
13,0
4,2
3,8Autres (1)
16,4
16,0
17,2
17,0
16,5
15,1
14,6
14,5
Total
100
100
100
100
100
100
100
100
(1) - Autres financeurs : entreprises, ménages, caisses d'allocations familiales...
(2) - A partir de 1995, la part de l'Etat augmente du fait notamment de transferts plus importants vers les ménages (réductions d'impôts).
Source : ministère de l'Education nationalee) Les comparaisons internationales en matière de dépenses intérieures d'éducation
La source utilisée ici est l'indicateur de l'OCDE « dépense de l'éducation en pourcentage du PIB » extrait de la dernière édition de « Regards sur l'éducation. Les indicateurs de l'OCDE », parue en 2001. Il s'agit là des statistiques les plus récentes actuellement disponibles. Cependant, elles ne portent que sur l'année 1998. Les dépenses recensées par l'OCDE sont par ailleurs celles qui sont consacrées au seul financement des établissements.
En tenant compte des sources de financement publiques et privées, les pays de l'OCDE consacraient ainsi en moyenne 5,7 % de leur PIB aux établissements d'enseignement, tous niveaux confondus. Ce pourcentage variait de 4,6 % (Pays Bas) à 7,2 % (Danemark). La France (6,2 %) se situait au dessus de la moyenne . Elle précédait notamment l'Allemagne et l'Espagne (5,5 % et 5,3 %).
Les dépenses en faveur des établissements primaires et secondaires (y compris les dépenses privées et les subventions publiques en faveur des établissements d'enseignement du secteur privé) s'élevaient à 3,7 % du PIB pour l'ensemble des pays de l'OCDE, avec des niveaux s'étageant entre 3,0 % et 4,5% selon les pays. La France (4,4%) était l'un des pays qui dépensent le plus en faveur des établissements d'enseignement scolaire : elle était seulement précédée par la Suède (4,5%) mais elle devançait nettement les Etats-Unis (3,7%), l'Allemagne (3,7%), l'Italie (3,5%) et le Japon (3,0%), dont les performances sont pourtant souvent au moins égales aux nôtres.
C'est surtout dans l'enseignement secondaire que le coût moyen par élève était élevé (6.564 dollars par an en parité des pouvoirs d'achat en France en 1997contre 5.507 dollars pour la moyenne de l'OCDE).
Ce coût élevé est selon le ministère le résultat de plusieurs facteurs. En particulier ::
- le taux d'encadrement dans l'enseignement secondaire se situe en France à 12,8 élèves par enseignant alors que la moyenne des pays de l'OCDE est à 14,6 élèves par enseignant ;
- le salaire des enseignants en fin de carrière serait plus élevé en France dans le second degré que dans la plupart des pays de l'OCDE.
On pourra enfin noter qu'au sein de l'enseignement secondaire, c'était pour le premier cycle (le collège) que l'écart était le plus élevé : en 1997, le coût moyen par élève s'élevait à 6.087 dollars par an en parité des pouvoirs d'achat en France contre 4.175 dollars pour la moyenne de l'OCDE, soit un « surcoût » de 46 %, alors que ce surcoût n'était que de 24 % pour le lycée, et que le coût d'un élève était à l'inverse moins élevé de 6 % à l'école primaire.
Inversement, avec 1,8 % du PIB, la France consacrait proportionnellement moins de ressources que la moyenne (2,0 %) aux établissements d'enseignement supérieur, alors même qu'elle comportait proportionnellement davantage d'étudiants : en parité des pouvoirs d'achat, la France dépensait ainsi en 1997 près de 17 % de moins que la moyenne des pays de l'OCDE par étudiant de l'enseignement supérieur tertiaire.
Ces éléments soulignent s'il en était encore besoin, l'absence de lien mécanique entre les dépenses et les performances.2. L'évaluation du système éducatif
a) Les comparaisons internationales des acquis des élèves
A la demande de votre commission, le ministère de l'Education nationale a établi une note relative aux comparaisons internationales des acquis des élèves, qui est reproduite dans l'encadré ci-après.
Les comparaisons internationales des acquis des élèves
« Les comparaisons internationales des résultats des élèves sont devenues un sujet de préoccupation majeur des responsables des systèmes éducatifs dans le monde entier. Paradoxalement, peu d'études internationales ont été menées à ce jour dans ce domaine pour fournir des chiffres permettant d'illustrer plus ou moins objectivement les disparités. Au cours de la décennie écoulée, trois études de ce type, d'inégale ampleur, ont été conduites.
La plus importante par sa dimension est l'étude TIMSS ( Third International Maths and Science Survey ), organisée par l'IEA ( International Association for the Evaluation of Educational Achievement ). Elle a porté de 1994 à 1996 sur les connaissances en mathématiques et en sciences des élèves de 45 pays au niveau de la classe de quatrième/cinquième et de 24 pays au niveau de la classe terminale.
On observe très globalement que les Français réussissent honorablement en mathématiques (voir très bien pour les sections scientifiques de terminale), mais sont nettement moins bien placés en sciences, surtout au niveau du collège, en raison pour partie de la différence des contenus des programmes entre les pays.
Des indicateurs globaux issus des données chiffrées de ces études, publiées dans un premier temps par l' IEA , ont été ensuite repris dans la publication de l'OCDE « Regards sur l'Education ».
Deux autres études, dont la France est à l'origine, de portée plus modeste, sont également à signaler.
La première porte sur une comparaison faite en 1994 des acquis en mathématiques des élèves des niveaux CE2 et 6ème en Ecosse et en France à partir des protocoles d'évaluation utilisés par chaque pays pour ses évaluations nationales. D'une manière générale l'étude a montré que, en CE2, et surtout en 6ème, les élèves français sont meilleurs que les Ecossais.
La seconde est une comparaison des acquis en anglais des élèves de 15/16 ans en France, en Espagne et en Suède faite en 1995/96 . Il en ressort que les niveaux des français et des espagnols sont très proches, alors que les suédois sont nettement meilleurs, notamment en expression écrite et en compréhension orale.
Le manque de données dans ce domaine crucial pour la construction européenne et la mobilité a conduit le Réseau européen des responsables des politiques d'évaluation des systèmes éducatifs , que pilote le ministère de l'éducation nationale français, à décider de reconduire cette étude en 2002 et à l'élargir aux autres Etats membres qui le souhaiteront.
Devant la demande internationale croissante, l'OCDE a mis en chantier de nouvelles enquêtes. Notamment, l'étude PISA ( Program for International Student Achievement ) de l'OCDE fournira sur la base de cycles de 3 ans, des données sur les compétences en lecture, en mathématiques et en sciences des élèves de 15 ans dans une trentaine de pays, dont la France. Le rapport international du premier cycle sera publié par l'OCDE en décembre 2001.
Il faut cependant souligner que la méthodologie d'évaluation en vigueur est loin d'être totalement fiable en raison notamment des biais linguistiques (induits par la traduction des protocoles d'évaluation) et culturels inhérents à ce type d'étude et à la diversité géographique des pays concernés. Une approche qui prenne davantage en compte ces facteurs, dans le cadre plus restreint de l'Union européenne, serait sans doute à développer.
Par ailleurs, il n'est pas exclu que la Commission européenne soit amenée, à moyen terme, à lancer des recueils de données nouvelles, notamment dans le domaine des acquis et compétences des élèves en langues vivantes. Il s'agirait de construire les indicateurs nécessaires au suivi de deux contributions : le rapport sur les objectifs concrets futurs des systèmes éducatifs, issu du Sommet de Lisbonne ; le mémorandum sur l'éducation et la formation tout au long de la vie. Des groupes d'experts nationaux portent leurs réflexions, à partir de septembre 2001, sur les données disponibles et nécessaires et sur les indicateurs qui permettent d'apprécier les acquis des élèves et leurs compétences de base (lire et compter, capacité à apprendre à apprendre, apprentissage des langues et éducation à la citoyenneté).
A plus long terme, des indicateurs portant sur l'utilisation des TICE par les élèves seront sans doute nécessaires dans le cadre communautaire. Une étude sur ce sujet devrait être lancée par l' IEA en 2002, qui pourrait apporter les premières données indispensables ».
Source : ministère de l'Education nationale.b) Le rapport du HCEE sur le dispositif d'évaluation
S'agissant plus généralement de l'évaluation du système éducatif, le Haut conseil de l'évaluation de l'école a publié en octobre 2001, sur le rapport de M. Claude Pair, un avis dont les principaux extraits sont reproduits dans l'encadré ci-après.
Les forces et les faiblesses de l'évaluation du système éducatif français selon le HCEE
« L'appréciation des forces et des faiblesses de l'évaluation du système éducatif français peut être considérée comme la tâche permanente du Haut Conseil de l'évaluation de l'école. C'est pourquoi, il lui a paru important, dès sa création, d'esquisser un premier tableau général de ces forces et faiblesses, tableau qui se précisera chaque fois qu'il abordera des thèmes nouveaux et qui devrait évoluer en fonction des échos que rencontreront ses recommandations.
Pour étayer son premier avis sur ce sujet d'ensemble, le Haut Conseil a demandé un rapport de synthèse à Claude Pair, rapport public qui peut être consulté sur le site du Haut Conseil : http://cisad.adc.education.fr/hcee à la rubrique « publications ».
En France, des pratiques diversifiées d'évaluation de l'école sont aujourd'hui largement développées.
Les deux formes principales d'évaluation que connaît traditionnellement le système éducatif sont la notation des élèves et l'évaluation individuelle des prestations professionnelles des personnels. Leur validité est certainement discutable et elles n'ont jamais fait l'objet, elles-mêmes, d'une véritable évaluation. Le système éducatif français a préféré, plutôt qu'améliorer ces deux formes traditionnelles, les compléter par des travaux et des outils nouveaux...
... Aujourd'hui, le système éducatif français présente, relativement à la plupart des systèmes éducatifs étrangers et par rapport aux autres services publics nationaux, une image favorable quant à la variété et à la qualité des évaluations qui y sont conduites...
... Ceci dit, l'évaluation du système éducatif français se présente sous la forme d'un foisonnement de travaux et de dispositifs variés qui se sont ajoutés les uns aux autres, sans constituer véritablement un ensemble organisé et cohérent qui permette de répondre, à la fois et à tous les niveaux, aux deux objectifs de l'évaluation : rendre compte aux citoyens et aux « usagers » de l'état du système éducatif, et donner aux responsables et aux acteurs les moyens d'une régulation et d'un pilotage.
La question majeure, aujourd'hui, est celle du très faible usage de ces évaluations.
La variété des dispositifs en place et la richesse de leurs résultats contrastent avec la faiblesse de leurs usages.
A part la notation des élèves qui intervient très fortement, en particulier dans la certification et l'orientation et qui mériterait d'être améliorée, les diverses évaluations sont en effet très peu utilisées. Deux exemples de dispositifs dont la nature et les promoteurs sont différents l'illustrent. L'évaluation des personnels, qui mobilise une part importante de la force de travail des corps d'inspection et qui n'est ni assez homogène ni fondée sur les résultats, ne sert guère qu'à la notation « statutaire » de ces personnels et débouche rarement sur des infléchissements de leurs pratiques. Les indicateurs de performance des lycées, régulièrement rendus publics depuis huit ans, n'ont pas encore été utilisés comme point d'appui pour développer un processus de régularisation du fonctionnement de ces établissements...
... Le dispositif d'évaluation lui-même a des points faibles qui constituent autant de marges de progrès à explorer.
Tout d'abord, dans le légitime souci de rendre compte, qui constitue l'un des objectifs de l'évaluation, le ministère de l'éducation nationale a engagé un effort important -et positif- pour apprécier et faire connaître les résultats du système éducatif et de ses composantes.
Le fait que ces travaux restent trop peu utilisés pour la régulation et le pilotage tient, pour une part, à ce qu'ils éclairent sur les résultats, mais pas encore -ou tout au moins pas encore assez- sur les processus qui conduisent à ces résultats, processus dont la connaissance et l'analyse sont indispensables pour réguler et agir. L'exemple de l'évaluation des lycées, déjà évoqué plus haut, illustre bien ce constat.
Au-delà de cette appréciation générale, et sans qu'il soit question ici de prétendre à l'exhaustivité, le Haut Conseil estime que parmi les marges à explorer figurent la question de l'évaluation des pratiques éducatives, pédagogiques ou non, ainsi que celle de l'évaluation des établissements scolaires qui est beaucoup moins abordée en France qu'à l'étranger...
... Il faut multiplier les travaux d'évaluation du système éducatif, accroître le nombre et la diversité des lieux où ils peuvent être réalisés.
Le Haut Conseil ne peut qu'approuver et soutenir la volonté ministérielle clairement affichée de confirmer et renforcer un puissant « pôle d'évaluation » au sein du ministère de l'éducation nationale. La proximité d'un tel pôle avec les lieux où se décide et se réalise à tous les niveaux l'action éducative est certainement un facteur qui doit favoriser le développement des usages effectifs des travaux réalisés et une bonne adéquation de ceux-ci aux questions que le système éducatif doit résoudre.
Encore faut-il que l'on veille à organiser et exploiter des synergies entre les différentes instances qui, d'une façon ou d'une autre, y contribuent : corps d'inspection, direction de la programmation et du développement, rectorats et organismes tels le Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui...
... Mais il semble également au Haut Conseil qu'il serait souhaitable que d'autres « pôles », de toute nature -universitaires, administratifs ou privés- développent des travaux d'évaluation du système éducatif qui viendraient compléter et conforter ceux conduits au sein du ministère ou à sa périphérie. Ce sont la multiplication de tels travaux, leur confrontation et leur mise en perspective qui permettront, de façon relativement assurée, d'une part, un compte rendu du fonctionnement et des résultats du système éducatif aux « usagers » de l'école et à l'opinion, et, d'autre part, une régulation et une amélioration du fonctionnement de ce système.. ».
Source : avis n°3 du HCEE, octobre 2001c) L'efficacité des préconisations de l'IGAENR
On peut toutefois s'interroger sur les suites qui seront données à cet avis. On peut en effet rappeler que le rapporteur, M. Claude Pair, avait déjà remis en 1998 au ministre de l'Education nationale un rapport demeuré sans suites.
Par ailleurs, l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) a réalisé en l'an 2000 une enquête sur les suites données à un échantillon des rapports réalisés sur la période 1995-1999, dont les résultats n'invitent guère à l'optimisme.
En effet, sur un échantillon de 28 rapports « généraux » (c'est à dire consacrés à un thème d'étude, à l'analyse d'une fonction ou à l'évaluation d'un établissement) :
- 6 seulement ont été réellement exploité, mais ce sont ceux qui « rencontraient une volonté [politique] marquée » ;
- 9 ont été « partiellement utilisés, à des degrés divers, par l'autorité destinataire » ;
- 12 ont rejoint « le fort bataillon des rapports sans suites ».
Par surcroît, les conditions d'élaboration de ce rapport illustrent de manière emblématique les réticences des directions du ministère devant les préconisations de l'IGAENR, qui a éprouvé les plus grandes difficultés à obtenir de la part des services à obtenir les éléments d'information qu'elle sollicitait.
On notera d'ailleurs que l'IGAENR évoquait, parmi les moyens susceptibles de favoriser la mise en oeuvre de ses recommandations, une plus large diffusion de ses rapports, dont seule une très faible partie sont mis en ligne sur le site du ministère.
Cette idée trouve un large écho dans le présent rapport, qui expose des constats et des recommandations sans suites de l'IGAENR.
Encore eut-il fallu que la liste des rapports de l'IGAENR lui ait été intégralement transmise.
On peut d'ailleurs rappeler que les rapports des inspections générales sont sauf exceptions limitativement énumérées, des documents administratifs communicables à tous les citoyens en vertu de la loi du 17 juillet 1978 relative à l'accès aux documents administratifs, qui prévoit par surcroît que ces documents doivent être « signalés », c'est à dire que leur existence doit être portée à la connaissance du public.
Pour l'avenir, la nouvelle loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances devrait quoi qu'il en soit remédier à ces difficultés en explicitant en son article 57 le fait que « tous les documents [que demandent les rapporteurs spéciaux, y compris tout rapport établi par les organismes chargés du contrôle de l'administration, réserve faite des sujets à caractère secret concernant la défense nationale et la sécurité intérieure ou extérieure de l'Etat, et du respect de l'instruction et du secret médical, devront leur être fournis ».
S'agissant plus généralement des suites données aux rapports de l'IGAENR, on peut par ailleurs souligner que M. Jack Lang, ministre de l'Education nationale, a indiqué le 8 novembre 2001 lors de l'examen par l'Assemblée nationale du budget de l'enseignement scolaire pour 2002 qu'il « lisait attentivement » ces rapports et qu'il « essayait d'en tirer toutes les conséquences possibles ». Dès lors, on ne peut douter que l'ensemble des dysfonctionnements relevés par l'IGAENR seront bientôt traités...
1 Selon les calculs effectués par le ministère de l'Economie et des finances et complétés par votre rapporteur, le budget de l'enseignement scolaire a progressé à structure de 1998 constante et à prix du PIB de 1997 constants de 42,3 milliards d'euros en 1997 à 48,3 milliards d'euros en 2002 (emplois jeunes compris), soit une hausse de 6,0 milliards d'euros , tandis que le budget général de l'Etat a progressé à structure de 1998 constante et à prix du PIB de 1997 constants de 238,5 milliards d'euros en 1997 à 245,6 milliards d'euros en 2002, soit une hausse de 7,0 milliards d'euros.
2 Cf. notamment l'édition 2001-2002 de « France, portrait social », par l'INSEE.
3 Cf. « La persistance du lien entre la pauvreté et l'échec scolaire », Dominique Goux et Eric Maurin, in « France, portrait social », 2000-2001.
4 Cf. notamment le rapport pour l'année 2000 du Médiateur de l'Education nationale, pp.76-77.
5 « Les IUFM au tournant de leur première décennie, panorama et perspectives », rapport du CNE de février 2001.
6 Cf. le rapport IGAEN/IGEN de septembre 2000 portant état des lieux des SEGPA.
7 Cf. « Jack LANG veut restaurer le B-A BA de la pédagogie », Le Dauphiné libéré du 28 octobre 2000.
8 Cf. les déclarations de M. Jack Lang, ministre de l'Education nationale, en date du 22 octobre 2001.
9 Cf. le rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat, tome 2, avril 2001.
10 Cf. le rapport général de l'IGAENR pour 2000, p. 83.
11 Cf. notamment le Rapport général de l'IGAEN pour 1998 et celui pour l'an 2000.
12 Cf. les actes du colloque du 22 novembre 2000 sur l'e-éducation, page 64.
13 Selon les calculs publiés par l'OCDE en l'an 2000 (mais portant sur 1997).
14 Pour l'année scolaire en cours.
15 La progression apparente du budget de l'enseignement scolaire en 2001 (soit + 7,6 %) s'expliquait en fait aux deux-tiers (à hauteur de 2,277 milliards d'euros) par l'inscription au budget du ministère de l'Education nationale du financement des cotisations patronales d'assurance maladie des fonctionnaires du ministère, alors que cette opération faisait jusqu'à l'an 2000 l'objet d'un transfert en gestion à partir du budget des charges communes.
16 Discours en date du 18 septembre 2001, page 5.
17 Y compris pour les établissements d'enseignement privé sous contrat.
18 A structure constante.
19 Déflaté de l'indice implicite des prix du PIB.
20 A structure constante pour 2001.
21 D'une très grande richesse et d'une très grande clarté, cette brochure mériterait sans nul doute une plus large diffusion.
22 Déflaté de l'indice des prix à la consommation.
23 Les effectifs réels sont très difficiles à dénombrer, comme l'avait mis en évidence en 1999 le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur la gestion des personnels enseignants (« Mieux gérer, mieux éduquer, mieux réussir » , rapport n°328, 1998-1999)
24 Chiffre pour 1998.
25 Néanmoins, au 31 décembre 2000, seuls 62.225 emplois d'aides éducateurs étaient effectivement pourvus.
26 Dont 705 millions d'euros (-0,6 %) pour les heures supplémentaires des enseignants des lycées et collèges et 195 millions d'euros ( +2,2 %) pour les heures supplémentaires des enseignants des classes préparatoires et des sections de techniciens spécialisés, soit en moyenne plus de 2.500 euros par enseignant du 2 nd cycle.
27 Il convient toutefois de rappeler que les dépenses de personnel ne sont pas toutes retracées dans ces chapitres.
28 En l'an 2000, les créations d'emplois budgétaires se sont toutefois accompagnées du transfert sur crédits de la rémunération de 4.270 maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI-SE), de sorte que le nombre total d'emplois budgétaires fut finalement quasiment inchangé.
29 Ce chiffre théorique ne prend toutefois pas en compte le fait que nombre des postes correspondants, notamment pour les emplois jeunes et les assistants de langue, ne sont pas pourvus.
30 Indexés sur le SMIC, selon des modalités qui n'ont pas été précisées à votre rapporteur spécial, les plafonds de ressources pour les bourses de collège ont été revalorisés de 1,24 % pour l'année scolaire 2000-2001 par rapport à l'année scolaire 1999-2000. Indexés sur les prix, selon des modalités qui n'ont pas non plus été précisées à votre rapporteur spécial, les plafonds de ressources pour les bourses de lycée ont été revalorisés de 0,5 % pour l'année scolaire 2000-2001 par rapport à l'année scolaire 1999-2000.
31 L'article 7 de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances dispose en effet que les crédits sont spécialisés par programmes (de 100 à 150 pour l'ensemble du budget de l'Etat) aux quels « sont associés des objectifs précis, définis en fonction de finalités d'intérêt général, ainsi que des résultats attendus et faisant l'objet d'une évaluation ».
32 Le budget du CEREQ pour 2001 est couvert à hauteur de 21,0 % par un prélèvement exceptionnel sur fonds de roulement, qui explique un taux de subvention significativement plus faible qu'en l'an 2000.
33 De même, le budget du CNED pour 2001 est couvert à hauteur de 13,0 % par un prélèvement exceptionnel sur fonds de roulement, qui explique un taux de subvention légèrement plus faible qu'en l'an 2000.- 34 L'IGAEN indique à cet égard qu'il existe des gisements de productivité latents dans les rectorats, mais souligne aussi que l'amélioration du traitement des dossiers de pension supposerait une refonte de la réglementation.
36 En application de la loi organique du 19 mars 1999, 39 millions d'euros de crédits destinés à la constitution de la DGF des provinces de la Nouvelle-Calédonie ont toutefois été transférés au secrétariat d'Etat à l'Outre-mer en 1999.
37 De rentrée à rentrée.-
38
«
Parmi les grandes orientations définies
dans le plan pour l'école présenté le 20 juin 2000
occupe la toute première place. Le travail conduit pour améliorer
les pratiques de lecture, d'écriture et les échanges oraux
s'appuie à la fois sur des champs disciplinaires et sur des
activités transversales à l'ensemble des enseignements.
C'est au travers de situations authentiques de dialogues, d'activités motivantes et de projets partagés que les maîtres peuvent équilibrer les différents apprentissages, en montrant bien aux élèves l'intérêt, par exemple, de transférer des compétences langagières d'une langue à une autre, d'utiliser les connaissances acquises en français pour relater, par écrit, une expérience en sciences, d'appliquer des consignes pour réaliser un parcours ou participer à un jeu collectif en éducation physique et sportive. Les activités scolaires sont ainsi mieux ancrées dans la vie des élèves qui trouvent un sens aux activités proposées et plus de motivation pour apprendre.
Favoriser, dans tous les champs disciplinaires, les rencontres avec les livres permet d'ouvrir largement l'accès des élèves aux ressources culturelles de domaines divers. Conforter la capacité de comprendre des textes variés développe le goût pour la lecture et stimule les échanges à propos des histoires et des textes. Des sélections d'ouvrages récents et de qualité -albums, contes, documentaires, recueils ou anthologies poétiques- ont été proposées au cours de l'année scolaire aux écoles ; des crédits pédagogiques permettent d'aider à financer des achats de livres pour les bibliothèques centres documentaires. Les classes à projet artistique et culturel, dans le domaine de la littérature, conforteront cette approche culturelle et artistique de la lecture, grâce aux rencontres avec des auteurs, des illustrateurs ou des éditeurs.
Les nouveaux programmes font de la maîtrise de la langue une facette des enseignements de tous les champs disciplinaires en précisant les compétences qui peuvent être développées dans ces situations. Ils structurent aussi des moments spécifiques de travail sur la langue française, sur la lecture ou la production d'écrits.
Pour ce domaine comme pour les autres, les enseignants sont invités à mieux prendre en compte certaines caractéristiques de l'apprentissage : la rigueur des progressions, la régularité des entraînements, la nécessité de retours périodiques sur les connaissances en cours d'acquisition. ».
40 On peut observer à cet égard que les mesures récurrentes de transformation des crédits d'heures supplémentaires en emplois ne s'accompagnent guère d'une baisse du coût de ces heures supplémentaires (les crédits afférents ne diminuent ainsi que de 0,1 % dans le projet de loi de finances pour 2002).
41 Cf. le rapport de M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial des crédits de l'enseignement scolaire, sur le projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2001.
42 Créé par la loi du 16 décembre 1996, le CFA permet sous certaines conditions à des fonctionnaires ou à des agents publics de cesser l'exercice de leurs fonctions tout en percevant jusqu'à leur retraite d'une rémunération équivalente à 75 % de leur traitement brut.
43 Une formation sur deux ans étant offerte à 200 professionnels pour leur permettre de se préparer au concours externe de recrutement, ce qui se traduit par la création - par transformation d'emplois - de 200 emplois d'élève de cycle préparatoire au concours externe du CAPLP.
44 Un protocole d'accord a été signé à cette fin avec le groupe Pinault-Printemps-Redoute, qui a créé une association à but non lucratif susceptible d'apporter son soutien à des actions individuelles ou collectives (soutien scolaire, activités culturelles, sorties, transports, etc.) dans le cadre de conventions avec les établissements.
45 Cf. communiqué de l'AFP en date du 8 janvier 2001.
46 Cf. communiqué AFP en date du 28 novembre 2000.
47 L'appel est facturé au tarif d'un appel local selon le principe du numéro AZUR. Ce service mobilise deux équivalents temps plein.
48 Deux guides ont déjà été publiés, l'un pour la scolarisation des jeunes malvoyants, l'autre pour celle des jeunes déficients auditifs. Un troisième est en cours de publication pour la scolarisation des jeunes déficients moteurs.
49 47.000 élèves ont quatorze ans ou plus en 5 ème , où ils côtoient des élèves âgés de douze ans.
50 Page 93.
51 Rapport sur le suivi des EPLE pour l'année scolaire 1999/2000.
52 Id.
53 Les TPE visent à développer chez les élèves l'autonomie dans le travail et les capacités d'initiative. Il s'agit d'une réalisation à long terme menée par les élèves individuellement ou en groupe, construite autour d'un sujet choisi par chaque élève avec l'aide de ses professeurs, qui prend appui sur les connaissances du programme, dans une démarche interdisciplinaire. Ils aboutissent à une réalisation concrète (dont les formes peuvent être variées et originales) qui fait l'objet d'une présentation sous forme de communication orale et écrite.
54 Note d'information 01.07.
55 Cf. « L'aide individualisée en seconde », M. Danner, M. Duru-Bellat, S. Le-Bastard et B. Suchaut, in Education&formations n°60, juillet-septembre 2001, pp.55-65.
56 Cf. par exemple le rapport de l'IGEN de janvier 2000.
57 Cf. Le Télégramme du 14 novembre 2001.
58 « Et sur ce sujet qui fait aujourd'hui l'objet de polémiques, je rappellerai que nous avons en grande partie réalisé, en Alsace, ce que nous appelons la pédagogie de l'immersion. J'en félicite d'ailleurs les élus de votre belle région, les présidents des conseils généraux des deux départements et le président du conseil régional, notamment, car nous avons pu avec leur aide imaginer une politique ambitieuse en faveur du bilinguisme », cf. JO AN du 9 novembre 2001, p.7399.
59 NDLR : Ces erreurs de prévisions résultent pour partie de dysfonctionnements décrits dans les développements relatifs à la gestion des personnels.
60 A la suite de la grève administrative des directeurs d'école, les statistiques pour les rentrées 1995, 1996 et 2000 n'ont pu être recueillies.
61 D'un point de vue statistique, cette hausse est toutefois peu significative. On peut en effet rappeler que les quantités de sortants sont ne sont qu'approchées à partir des statistiques scolaires et des enquêtes générales auprès de la population, telles que les enquêtes annuelles sur l'emploi de l'INSEE. Les jeunes qui ont récemment changé de pays ne sont pas pris en compte. Les statistiques sur les sortants de formation initiale sont des approximations, actuellement à +/- 20 000 près pour le total. En conséquence, pour une catégorie donnée (niveau de formation ou diplôme obtenu), les variations de moins de 10 000 sont peu significatives.
62 Les deux politiques seraient équivalentes si l'effet revenu correspondait simplement à la possibilité d' « acheter » des services substituables à l'effort pédagogique des enseignants.
63 « Mieux gérer, mieux éduquer, mieux réussir », rapport du Sénat n°328, 1998-1999.
64 Ce document est publié par La documentation française.
65 « le recrutement et l'insertion des maîtres d'internat et des surveillants d'externat », IGAENR, avril 1999.