Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 16 - Éducation nationale : Enseignement supérieur

LACHENAUD (Jean-Philippe), Rapporteur spécial

RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 16 - COMMISSION DES FINANCES



N° 87

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002

Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

Par M. Philippe MARINI,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 16

ÉDUCATION NATIONALE :

II.- ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


Rapporteur spécial : M. Jean-Philippe LACHENAUD

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 3262 , 3320 à 3325 et T.A. 721

Sénat
: 86 (2001-2002)


Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

Votre rapporteur spécial souhaite formuler cinq observations sur le budget de l'enseignement supérieur pour 2002.

Votre rapporteur approuve certaines orientations de ce budget, comme la priorité accordée aux dépenses d'équipement des laboratoires, aux dépenses de maintenance des locaux et aux subventions de fonctionnement des universités, ainsi que le rééquilibrage de la structure des emplois au profit des personnels techniques et d'administration.

Votre rapporteur se félicite plus particulièrement de l'accélération des efforts consentis, tant en emplois qu'en moyens de fonctionnement, pour moderniser les bibliothèques universitaires , pour améliorer leurs conditions d'accueil et pour accroître l'amplitude de leurs horaires d'ouverture. Ces efforts devront bien sûr être poursuivis pour faciliter leur intégration dans la société de l'information.

Votre rapporteur se félicite également des avancées du plan social étudiant , notamment de la revalorisation des plafonds et des taux des bourses : ce plan aura permis d'améliorer l'autonomie et les conditions de vie des étudiants issus des familles les plus modestes ou des classes moyennes, qui étaient pénalisées par le système antérieur, sans pour autant se traduire par la création d'un statut spécifique de l'étudiant susceptible de créer de nouvelles inégalités au détriment des autres jeunes.

Votre rapporteur souligne par ailleurs son attachement au développement des bourses attribuées selon des critères de mérite .

Votre rapporteur se réjouit des progrès de la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur , notamment de la hausse du nombre d'étudiants étrangers accueillis en France et de la mise en place de bourses de mobilité, et approuve les principales mesures annoncées par le ministre de l'Education nationale en application de la résolution du Conseil européen du 14 décembre 2000 portant plan d'action pour la mobilité, notamment la diffusion du système européen d'unités capitalisables et transférables (système ECTS).

Enfin, les observations formulées en l'an 2000 par votre rapporteur ont été entendues sur deux points particuliers au moins.

En premier lieu, le projet de budget pour 2002 prévoit 26 créations de postes d'infirmière et 10 créations de postes d'assistante sociale pour pallier l'insuffisance des services médico-sociaux (une infirmière pour 4.000 étudiants et une assistante sociale pour 20.000 étudiants en moyenne), dans un contexte où les pratiques sanitaires des étudiants se dégradent (tabagisme, alcoolisme, pratiques à risques).

En second lieu, la présentation de l'information budgétaire , dont votre rapporteur dénonçait l'an passé la mauvaise qualité, le manque de clarté et les inexactitudes, s'améliore : la transmission du budget coordonné de l'enseignement supérieur fut cette année moins tardive ; le fléchage des crédits correspondant aux engagements de l'Etat pour les contrats de plan Etat-Régions progresse et les données retranscrites dans le bleu budgétaire sont plus précises et plus lisibles.

Votre rapporteur s'inquiète de la déshérence des oeuvres universitaires, dont les crédits n'auront progressé que de 0,2 % par an en volume durant la législature 1997-2002, alors que leurs coûts unitaires (notamment leurs coûts salariaux) connaissaient une hausse soutenue et que les CROUS sont désormais confrontés à de nouvelles difficultés, comme le passage aux 35 heures et la diffusion d'un sentiment d'insécurité parmi leurs résidents et leurs personnels.

Tous les indicateurs sans exception retenus par le bleu budgétaire en matière d'aides indirectes aux étudiants se dégradent

Il semble ainsi que le gouvernement néglige , sans doute au profit de mesures plus spectaculaires, les chantiers de longue haleine que sont la réhabilitation de la restauration universitaire et la rénovation des résidences universitaires , où sont pourtant logés les étudiants les plus modestes et les étudiants étrangers, notamment ceux qui sont accueillis dans le cadre du programme ERASMUS. En atteste de manière anecdotique la réponse adressée à votre rapporteur concernant l'état de mise en oeuvre des préconisations de l'audit des restaurants universitaires effectué en 1998-1999 : au mot près, cette réponse est identique à celle de l'an dernier.

Votre rapporteur rappelle par ailleurs que l' entretien des locaux universitaires demeure insuffisant. En effet, l'Etat possède aujourd'hui, notamment grâce aux efforts financiers des collectivités locales, plus de 14 millions de mètres carrés de locaux universitaires, hors CROUS. Compte tenu du coût actuel d'un mètre carré universitaire (environ 1.500 euros plus 500 euros d'équipement), et des durées conventionnelles d'amortissement des bâtiments (30 ans) et des équipements (5 ans), l'Etat devrait ainsi prévoir plus de 2 milliards d'euros par an de dotation aux amortissements pour ces bâtiments. Or l'Etat ne consacrera en 2001 que 232 millions d'euros de crédits de paiement à l'entretien, aux travaux de mise en sécurité et la maintenance des bâtiments (désamiantage de Jussieu compris) et 321 millions d'euros aux équipements de recherche universitaire. Dans ces conditions, l'état de délabrement de certains bâtiments n'est guère surprenant, et on peut s'inquiéter de la pérennité des nouveaux locaux cofinancés à grands frais par les collectivités locales.

Enfin, votre rapporteur s'inquiète des retards pris par le désamiantage du campus de Jussieu et par la mise en oeuvre des contrats de plan Etat-Régions.

Le désamiantage du campus de Jussieu est tellement lent que la date prévue d'achèvement des travaux a reculé de deux ans depuis l'an dernier : de 2006-2007 à 2008-2009. En fait, au rythme actuel de consommation des crédits, l'achèvement de ces travaux pourrait prendre encore deux ou trois décennies.

De même, la mise en oeuvre effective des projets inscrits dans les contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 prend un retard considérable : les crédits de paiement mis en place à cet effet depuis l'an 2000 ne représenteront à la fin de 2002 que 12 % des engagements de l'Etat sur toute la période 2000-2006. Pour respecter ses engagements contractualisés, l'Etat devra ainsi multiplier par cinq en moyenne à partir de 2003 les crédits de paiement consacrés chaque année aux CPER en matière d'enseignement supérieur, ce qui constitue une bombe à retardement budgétaire .

Ces retards trouvent pour une large part leur origine dans les carences des systèmes d'information , du contrôle de gestion , des procédures de pilotage et de la réflexion prospective du ministère de l'enseignement supérieur, carences que votre rapporteur avait déjà soulignées l'an passé.

La Cour des Comptes a d'ailleurs confirmé dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'an 2000 qu' « il n'existe actuellement aucune procédure formelle pour le contrôle de gestion et pour le pilotage et le suivi des crédits. L'absence d'outils de gestion et d'indicateurs permettant de mesurer la réalisation des objectifs budgétaires et financiers est illustrée par la sobriété des comptes rendus budgétaire... limités à trois pages [en l'an 2000] ».

Dans son avis 1( * ) au nom de la délégation du Sénat à l'aménagement et au développement durable du territoire sur le projet de schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche, notre collègue Mme Yolande Boyer concluait parallèlement que la démarche soulignait de même « le manque de capacités de projection et de prospective du ministère ».

Enfin, un rapport 2( * ) publié par le Comité national d'évaluation en février 2001 attirait de manière convergente l'attention sur « les problèmes liés à l'absence d'une politique de recherche en éducation en France ».

Votre rapporteur déplore donc que le ministre de l'Education nationale ne se préoccupe guère de l'amélioration de la gestion et de l'administration de l'enseignement supérieur, comme en témoignent les objectifs assignés aux grands agrégats du projet de budget pour 2002.

On peut en effet rappeler que les objectifs assignés à chaque agrégat depuis le projet de loi de finances pour 2002 doivent être en principe déclinés selon trois axes : l'efficacité socio-économique (quel est le bénéfice final de l'action de l'Etat ?), la qualité du service rendu aux usagers , enfin l'efficacité de la gestion (progresse-t-on vers l'optimisation des moyens employés ?).

Or aucun objectif d'amélioration de la gestion n'est associé aux deux agrégats (« enseignement supérieur » et « action sociale ») du budget 2002 et aucun objectif visant à améliorer la qualité du service rendu aux usagers n'est associé à l'agrégat « action sociale », qui recouvre pourtant la gestion des bourses, les résidences universitaires et les restaurants universitaires.

Par surcroît, les objectifs et les indicateurs d'efficacité socio-économique associés à l'agrégat « enseignement supérieur » sont mal formulés . Par exemple, l'indicateur « évolution du taux d'accès en second cycle universitaire », qui est associé à l'objectif « favoriser l'accès en deuxième cycle universitaire » n'est guère significatif puisqu'il tend à se dégrader lorsque la proportion des titulaires d'un DEUG qui poursuivent leurs études hors de la sphère universitaire (grandes écoles, écoles paramédicales et sociales, etc.) augmente.

De même, on peut s'étonner du manque d'indicateurs relatifs à l'évolution des inégalités , comme de l'absence d'objectifs relatifs à la formation tout au long de la vie et à l'ouverture de l'enseignement supérieur à de nouveaux publics, qui constituent pourtant des priorité affichées dans le schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Dans ces conditions, on peut s'inquiéter de la capacité du ministère de l'Education nationale à mettre en oeuvre la réforme de l'ordonnance organique relative aux lois de finances.

Votre rapporteur regrette de même que l'accélération des créations d'emplois (1.000 postes d'enseignants-chercheurs et 1.000 postes de personnels administratifs et techniques) et la progression soutenue des subventions de fonctionnement aux universités (qui augmentent de 7 % dans le projet de budget pour 2002), ne se soient pas accompagnée d'une refonte d'ensemble de leurs critères de répartition .

En effet, le système mathématique San Remo (acronyme de « système analytique de répartition des moyens ») est obsolète . Le CNESER estimait ainsi en 2001 que « les graves déficiences que génère ce système, comme l'opacité des critères de détermination qu'il utilise ne sauraient perdurer ou se reproduire sans mettre en cause l'unité, le développement et la démocratisation du service public ». La Cour des comptes a d'ailleurs montré 3( * ) que le ministère de l'enseignement supérieur était conduit à opérer des « corrections » aux résultats issus du système San Remo, mais le faisait sans continuité, sans règle du jeu claire et parfois sans logique apparente. Enfin, la portée de la procédure est étroitement limitée par la méconnaissance des effectifs réels de la part du ministère et par le fait qu'elle ne joue qu'à la marge, aucun redéploiement de postes d'enseignants-chercheurs n'ayant été opéré entre établissements au cours des dix dernières années.

La progression des emplois et des subventions de fonctionnement dans un contexte de quasi-stabilisation de la population étudiante rendait pourtant une réforme d'ensemble moins difficile.

Il s'agit là sans nul doute d'une occasion manquée .

Au total, compte tenu du défaut de volonté politique visant à résorber ces carences en matière de systèmes d'information, de contrôle de gestion et de capacités de pilotage du ministère, il n'est guère étonnant :

- que l'exécution de certains chapitres budgétaires fasse régulièrement apparaître des mauvaises estimations récurrentes des dépenses ;

- que le ministère ne puisse ou ne veuille s'assurer du respect effectif de certaines obligations réglementaires, comme l'anonymat des copies d'examen, en principe obligatoire depuis 1984 ;

- que les rapports commandés par le ministre constatent sans relâche, à l'instar de celui de M. Fitoussi 4( * ) sur l'enseignement de l'économie, que des mesures théoriquement impulsées depuis plus dix ans, comme le tutorat, sont modérément appliquées et, à l'instar du rapport de M. Petit sur « les améliorations pédagogiques à l'université », proposent de les « réactiver » ;

- que « le volet évaluation de la politique contractuelle [entre l'Etat et les établissements] (dont dépend pourtant la pertinence et la réussite de la démarche) apparaisse encore marginal, ... le flou des procédures, l'absence de réelles sanctions et la faiblesse des indicateurs ne permettant pas, en particulier, d'apprécier l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et des priorités qui ont été arrêtés », comme le souligne la Cour des Comptes ;

- de manière plus générale, que les conclusions des évaluations ne soient presque jamais tirées, de sorte que les appels de la conférence des présidents d'universités en faveur du renforcement du dyptique évaluation / autonomie des établissements demeurent pour l'essentiel sans écho.

Après le défi de la quantité, l'enseignement supérieur français doit pourtant relever le défi de la qualité .

Le nombre d'étudiants de l'enseignement supérieur est globalement stable depuis le milieu des années 1990 - il aura baissé de 0,3 % entre la rentrée 2001 et la rentrée 1995 - et, selon les projections du ministère, cette situation pourrait se prolonger.

Votre rapporteur s'en félicite. En effet, cette évolution ne résulte pas seulement des évolutions démographiques, mais d'un coup d'arrêt à la course au diplôme qu'a connue la France au début des années 1990, lorsque la dégradation des perspectives d'insertion professionnelle des jeunes, et la baisse corollaire du coût d'opportunité des études, se sont traduites par un allongement incontrôlé de la durée moyenne des études (plus de deux ans et demi en moyenne entre 1986 et 1995), à l'origine d'un gâchis social (le déclassement des jeunes diplômés), d'inégalités accrues (l'allongement de la durée moyenne des études les plus prestigieuses pénalisant, toutes choses égales par ailleurs, les étudiants issus de familles modestes, et la banalisation des diplômes renforçant l'importance relative des facteurs sociaux pour l'accès à l'emploi), et de l'affaiblissement de la notion de seconde chance (en raison de la diminution du rendement relatif des formations continues longues).

La baisse de la pression quantitative sur notre système d'enseignement supérieur (les taux d'encadrement étant revenus au niveau de 1987) rend aujourd'hui les réformes de fond beaucoup plus aisées .

Ces réformes n'en sont pas moins nécessaires . En effet, l'enseignement supérieur français doit désormais relever le défi de la qualité , c'est à dire s'adapter à une population étudiante désormais diversifiée et développer son attractivité internationale.

Le défi de la qualité concerne d'ailleurs aussi bien le système dans son ensemble, que chaque établissement pris individuellement : la diminution des effectifs tend en effet à accroître la concurrence entre établissements.

Or les premiers travaux réalisés à ce sujet suggèrent que les taux de réussite du DEUG en deux ans , corrigés du profil des étudiants (série et âge d'obtention du baccalauréat) et de la répartition disciplinaire, varient du simple au double entre les universités , sans d'ailleurs que les étudiants n'en soient informés.

Votre rapporteur regrette ainsi que le ministre de l'Education nationale, avant tout soucieux de satisfaire tout le monde, diffère les décisions relatives aux réformes de structure.

Certes, son discours lyrique et mobilisateur emporte souvent l'adhésion, et le projet de budget pour 2002 comporte un foisonnement de micro-mesures sympathiques, comme la création de bureaux de la vie étudiante, le doublement des crédits de formation des élus alloués aux associations représentatives des étudiants ou la mise en place d'une indemnité significative pour les membres du Conseil national des universités.

Avec le recul, on s'aperçoit toutefois que de nombreuses mesures annoncées il y a un an par le ministre de l'Education nationale dans son discours d'orientation du 11 octobre 2000 sont toujours en tout ou partie dans les limbes : l'institutionnalisation d'une fonction de directeur des études de première année, « des efforts importants » pour accroître les capacités d'hébergement des CROUS ; les mesures d'harmonisation pour un accès universel des étudiants aux bibliothèques en Europe ; « une réalisation rapide, efficace, exemplaire de projets importants... comme... Jussieu » ; l'ouverture de 56.000 m2 de bibliothèques universitaires supplémentaires en 2001 5( * ) ; la mise en place d'un dispositif de cautionnement mutuel pour aider les étudiants à se loger, etc.

Certes, le ministre de l'Education nationale multiplie les nouveaux organismes , par exemple en créant un haut comité de suivi des concours de recrutement de l'enseignement scolaire, un Institut français des Amériques et, dans un secteur déjà caractérisé par la profusion de structures mal coordonnées, un Conseil pour l'accueil des étudiants étrangers.

Il poursuit également avec constance sa politique de commandes de rapports à des personnalités prestigieuses. Certains rapports, comme celui confié à Mme Blandine Kriegel sur « les nouvelles voies qui s'ouvrent aux étudiants s'orientant vers les filières de lettres et de sciences humaines » sont pourtant toujours en cours depuis plus d'un an. Quant à ceux qui ont été rendus, ils ont été pour la plupart suivis du lancement de réflexions complémentaires ou de l'annonce de que le ministre demandait à ses services de formuler des propositions sur les propositions énumérées par les rapporteurs.

Pour le reste, à l'exception des évolutions proposées en matière de décentralisation, qui ont été écartées, le ministre « lance des pistes » mais esquive ou repousse les principales décisions .

Ainsi, les orientations relatives à l'avenir des IUT et des sections de techniciens supérieur dans le cadre de l'évolution vers un système 3/5/8 ne sont pas connues.

De même, le ministère n'a pas vraiment répondu à la question de votre rapporteur lui demandant de détailler, mesure par mesure, les suites données aux préconisations formulées en mai 2000 par la mission d'évaluation et de contrôle (MEC) de l'Assemblée nationale en matière de modernisation de la gestion des universités 6( * ) . Et pour cause, puisque aucune suite n'a été donnée à nombre de ces préconisations, parfois pourtant aisées à mettre en oeuvre, comme la parution rapide des décrets d'application de la loi du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche.

Cette combinaison d'un discours mobilisateur et d'une politique temporisatrice est dangereuse, car elle est de nature à susciter des frustrations chez les acteurs et à décourager durablement les bonnes volontés.

Dans certaines domaines, comme la redéfinition des tâches des enseignants-chercheurs, les décisions concrètes sont pourtant urgentes , en raison :

- de l'ampleur des dérives et des dysfonctionnements actuels, longuement exposés dans le dernier rapport 7( * ) de la Cour des Comptes sur la fonction publique de l'Etat ;

- de ce que, comme le souligne le rapport de la commission animée par M. Eric Espéret 8( * ) , de très nombreux recrutements seront réalisés dans les années à venir pour compenser les départs à la retraite (près d'une moitié des enseignants étant renouvelés en dix ans).

A cet égard, on peut également s'étonner de l'écart entre les intentions affichées dans le schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche - la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse de lissage des recrutements - et les moyens effectivement alloués au développement de la gestion prévisionnelle des enseignants chercheurs, un seul agent étant en charge de ce dossier au sein des services centraux du ministère 9( * ) ?

Enfin, votre rapporteur déplore que le nouveau ministre de l'Education nationale, en rupture sur ce point avec ses prédécesseurs, accorde nettement la priorité à l'enseignement scolaire par rapport à l'enseignement supérieur.

On peut en effet rappeler qu'entre 1975 et 1999, la dépense intérieure d'éducation par élève avait déjà augmenté, à prix constant, de 86 % pour le premier degré et de 68 % pour le second degré, contre seulement 25 % pour l'enseignement supérieur. En l'an 2000 la dépense moyenne pour un étudiant de l'université était en France inférieure de 19 % à la dépense consentie pour un lycéen de l'enseignement général. De même, la dépense en faveur d'un étudiant d'IUT est sensiblement inférieure à la dépense consentie pour un élève de lycée professionnel ou technologique.

Comme le soulignait M. Claude Allègre lors de son audition par votre commission des finances le 11 octobre 2001, la France est ainsi dans une situation singulière parmi les pays développés, puisqu'elle est un des pays de l'OCDE qui dépensent le moins pour l'enseignement supérieur, tout en dépensant plus que la moyenne pour l'enseignement scolaire.

Ces constats, qui font l'unanimité des observateurs, ne sont pas sans conséquences concrètes. Par exemple, en l'an 2000, selon les estimations effectuées par le ministère à partir d'un échantillon d'établissements, les universités ne disposaient en moyenne que d'un ordinateur pour 27 étudiants, soit nettement moins que les lycées. Compte tenu des horaires d'ouverture des salles, cela ne représente en moyenne qu'environ 2 heures par semaine et par étudiant d'accès à un ordinateur. En outre, les besoins non satisfaits en matière de vie associative, de sport, d'accessibilité aux handicapés, etc. sont considérables.

En conséquence, votre rapporteur est surpris que les crédits de l'enseignement scolaire progressent près de deux fois plus vite que ceux de l'enseignement supérieur dans le projet de budget de loi de finances pour 2002 (+ 4,1 % contre + 2,2 %).

AVANT-PROPOS

Les crédits demandés pour l'enseignement supérieur dans le projet de loi de finances pour 2002 s'élèvent à 8,736 milliards d'euros (soit 57,31 milliards de francs) contre 8,546 milliards d'euros en l'an 2001, soit une augmentation de 2,22 %. A structure constante, cette progression est la plus faible depuis plus de quinze ans.

Evolution du budget de l'enseignement supérieur

(en milliards d'euros)

LFI

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Montant total

6,02

6,14

6,43

6,79

7,17

7,39

7,79

8,00

8,54

8,74

Augmentation en %

+9,6

+1,9

+4,8

+8,3

+5,5

+3,1

+5,5

+2,6

+6,8 10( * )

+2,2

Augmentation à structure constante en %

+9,2

+5,7

+4,9

+7,0

+4,5

+3,2

+5,7

+2,6

+2,7

+2,2

Augmentation à structure constante et en volume 11( * ) en %

+6,9

+4,0

+3,2

+5,5

+3,2

+2,4

+5,2

+1,7

+1,1

+0,5

Part en % du budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'éducation nationale

14,0

13,8

13,9

14,0

14,5

14,5

14,6

14,5

14,4

14,2

Sources : ministère de l'Education nationale, Cour des Comptes, Rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2002.

En outre, la progression « réelle » du budget de l'enseignement supérieur ressort à environ + 1,3 % en francs courants dans le projet de loi de finances pour 2002, ce qui correspond à une baisse en francs constants , s i l'on tient compte de ce que les crédits destinés à la rémunération des personnels en activité et aux charges sociales avaient été sous-estimés dans le budget de l'enseignement supérieur pour 2001.

On peut en effet rappeler que ce budget avait été construit sous l'hypothèse, qui ne sera pas confirmée, de non revalorisation du point de la fonction publique en 2001.

Entre 1990 et 2002 , le budget de l'enseignement supérieur aura toutefois augmenté , à structure constante, de 96 % à prix courants, et de 65 % à prix constants .

Cette progression s'est accompagnée d'une modification de la structure des dépenses caractérisée par :

- la part croissante des dépenses d'action sociale , qui représentent 19 % des crédits demandés pour 2002, contre 15 % en 1990 ;

- la diminution du poids des dépenses directes de personnel , qui représentent 58 % des crédits demandés pour 2002 12( * ) , contre 62 % en 1990 ;

- les fluctuations importantes des dépenses d'investissement .

La progression du budget de l'enseignement supérieur doit cependant être rapportée à l'évolution des effectifs d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur (Universités, IUFM, IUT).

Evolution des effectifs de l'enseignement supérieur

(en milliers)

Année universitaire

1992-1993

1993-1994

1994-1995 13( * )

1995-1996

1996-1997

1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

2001-2002

2002-2003

Effectifs dépendants du budget de l'enseignement supérieur 14( * )

1.387

1.504

1.554

1.591

1.575

1.547

1.526

1.523

1.529

1.538

1.544

dont IUT

85

93

99

103

109

113

115

117

119

nc

nc

dont IUFM

59

75

83

86

86

83

82

82

80

nc

nc

Nombre total d'étudiants

1.957

2.080

2.134

2.169

2.155

2.132

2.119

2.128

2.143

2.160

nc

Source : ministère de l'Education nationale (prévisions pour les années universitaires 2001-2002 et 2002-2003).

Ce rapprochement permet de distinguer trois sous-périodes :

- sur la période 1993-1996 , le budget de l'enseignement supérieur s'accroît en moyenne de 6,7 % par an à prix courants (et de 4,9 % par an à prix constants), dans un contexte caractérisé par la poursuite de la démocratisation rapide de l'accès aux universités (le nombre d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur progressant ainsi de 3,2 % par an en moyenne). Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur n'augmente ainsi que de 1,7 % par an en moyenne à prix constants et les dépenses totales par étudiant demeurent inférieures de 20 à 40 %, selon les modes de calcul, par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE ;

- les années 1997-1999 permettent un certain rattrapage . En effet, la progression du budget de l'enseignement supérieur se ralentit à 4,3 % par an en moyenne à prix courants (et de 3,6 % par an à prix constants), mais dans un contexte nouveau de décroissance des effectifs, puisque le nombre des étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur baisse de 1,1 % par an en moyenne entre la rentrée universitaire 1996 et la rentrée universitaire 1999. Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur augmente ainsi de 4,8 % par an à prix constants ;

- enfin, la période 2000-2002 est caractérisée par un effet de ciseaux. En effet, la progression du budget de l'enseignement supérieur se ralentit continûment à structure et prix constants (+ 1,1 % par an en moyenne), cependant que les effectifs étudiants dépendants du budget de l'enseignement supérieur repartent à la hausse (+ 0,5 % par an en moyenne) sans que cela n'ait été anticipé. Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur ne progresse donc plus que de 0,6 % par an à prix constants .

Evolution du ratio budget de l'enseignement supérieur/ effectifs d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur

PLF

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Evolution du budget à structure et à prix 15( * ) constants (en %)

+6,9

+4,0

+3,2

+5,5

+3,2

+2,4

+5,2

+1,7

+1,1

+0,5

Effectifs dépendants du budget de l'enseignement supérieur à la rentrée de septembre (en milliers)

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

Evolution des effectifs (en %)

+8,4

+3,2

+2,4

-1,0

-1,8

-1,6

-0,2

+0,4

+0,6

+0,4

Evolution du ratio budget à prix constants /effectifs d'étudiants (en %)

-1,5

+0,8

+0,8

+6,6

+5,1

+4,1

+5,4

+1,3

+0,5

+0,1

Source : ministère de l'Education nationale (prévisions pour les années universitaires 2001-2002 et 2002-2003), calculs du Rapporteur spécial.

PREMIÈRE PARTIE :

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

Avec 8,736 milliards d'euros de crédits demandés pour 2002, le budget de l'enseignement supérieur représente 14,4 % du budget de l'Education nationale et 3,3 % du budget général de l'Etat.

Le budget de l'enseignement supérieur constitue d'ailleurs une part croissante du budget de l'Etat , puisqu'il a progressé à structure constante de 17,5 % au cours de la législature 1997-2002, contre une hausse de 8,9 % à structure de 1998 constante pour le budget général de l'Etat.

En revanche, la part budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'Education nationale s'est repliée de 14,5 % en 1997 à 14,2 % en 2002. En d'autres termes, la législature 1997-2002 a accordé la priorité au budget de l'enseignement scolaire (en hausse de 19 % à structure constante et de 21,6 % si l'on rattache à l'enseignement scolaire le coût des aides éducateurs pris en charge par le ministère de l'emploi et de la solidarité) par rapport au budget de l'enseignement supérieur.

Quoi qu'il en soit, on peut rappeler que le budget de l'enseignement supérieur ne recouvre pas seulement des dépenses de formation, puisqu'il supporte toutes les dépenses de personnel et d'infrastructure liées à la double vocation de recherche et d'enseignement des universités.

Inversement, le budget de l'enseignement supérieur ne représente qu'environ la moitié des dépenses publiques en faveur de l'enseignement supérieur.

En effet, l'ensemble des dépenses d'administration générale afférentes à l'enseignement supérieur (rémunérations et pensions des personnels d'administration centrale et d'inspection, action sociale, frais de justice et réparations civiles, etc.), sont imputées sur le budget de l'enseignement scolaire , qui prend également à sa charge les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles, ainsi que celles des sections de techniciens supérieurs situées dans les lycées, soit un total de 319.000 élèves à la rentrée 2000-2001, pour un coût annuel de l'ordre de 2,3 milliards d'euros (une quinzaine de milliards de francs).

En outre, le budget coordonné de l'enseignement supérieur annexé au projet de loi de finances pour 2002 montre que les budgets de onze autres ministères participent au financement de l'enseignement supérieur, pour un total de 1,49 milliards d'euros de crédits de paiement en 2002, dont 0,36 milliard d'euros pour le ministère de l'Agriculture et de la Pêche (notamment pour les écoles d'ingénieurs agronomes) ; 0,22 milliard d'euros pour le ministère de l'Emploi et de la Solidarité (notamment pour les formations aux métiers de la santé) ; 0,25 milliard d'euros pour le ministère de la Culture et de la communication (notamment pour les écoles d'architectes) et 0,16 milliard d'euros pour le ministère de la Défense (notamment pour les écoles d'officiers), ces chiffres constituant d'ailleurs des estimations a minima .

Enfin, les collectivités locales , et plus particulièrement les Régions, contribuent de manière croissante au financement des dépenses d'investissement de l'enseignement supérieur, notamment dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions.

I. ANALYSE DES CRÉDITS PAR NATURE

Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits du budget de l'enseignement supérieur au cours de la présente législature et met en évidence l'évolution particulièrement heurtée des dépenses en capital.

Récapitulation des crédits du budget de l'enseignement supérieur.

(en milliards d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

Titre III (Moyens des services)

5,385

5,601

5,770

6,373

6,661

Evolution

+5,3 %

+4,0 %

+6,0 %

+10,4 % 16( * )

+4,5 %

dont rémunérations des personnels en activité

4,026

4,210

4,346

4,407

4,561

Evolution

+4,1 %

+4,6 %

+3,2 %

+1,4 %

+3,5 %

Titre IV (interventions)

1,226

1,329

1,405

1,336

1,352

Evolution

+0,4 %

+8,4 %

+5,7 %

-4,9 % 17( * )

+1,2 %

Total Dépenses ordinaires

6,611

6,930

7,175

7,708

8,013

Evolution

+4,4 %

+4,8 %

+3,5 %

+7,4 %

+4,0 %

Dépenses en capital (crédits de paiement)

0,776

0,863

0,825

0,838

0,723

Evolution

-6,9 %

+11,3 %

-4,5 %

+1,6 %

-13,7 %

Total (DO + CP)

7,387

7,793

7,999

8,545

8,736

Evolution

+3,1 %

+5,5 %

+2,6 %

+6,8 %

+2,2 %

A. LES DÉPENSES ORDINAIRES

Les dépenses ordinaires s'élèvent à 8,013 milliards d'euros (soit 52,6 milliards de francs) dans le projet de budget pour 2002, en hausse de 4,0 % par rapport à l'an 2001 et de 24 % à structure constante sur la législature 1997-2002.

1. Les moyens des services (titre III)

Les moyens des services représentent 83,1 % des dépenses ordinaires. Ils s'établissent dans le projet de budget pour 2002 à 6,661 milliards d'euros (soit 43,7 milliards de francs) en progression de 4,7 % par rapport au budget 2001.

Les moyens des services se répartissent pour l'essentiel entre :

- les rémunérations , pensions et cotisations sociales des personnels, à hauteur de 5,223 milliards d'euros en 2002 (soit 34,3 milliards de francs), en hausse de 4,0 % sur un an (contre + 3,4 % par an en moyenne sur la période 1997-2001 à structure constante) ;

- les subventions de fonctionnement aux établissements d'enseignement supérieur et de recherche, à hauteur de 1,155 milliard d'euros en 2002 (soit 7,6 milliards de francs), en hausse de 7,8 % sur un an (contre + 4,6 % par an en moyenne sur la période 1997-2001) ;

- le fonctionnement du réseau des oeuvres universitaires (centre national et centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires, CNOUS et CROUS), à hauteur de 269 millions d'euros en 2002 (soit 1,76 milliard de francs), en hausse de 1,5 % sur un an (contre + 1,3 % par an en moyenne sur la période 1997-2001) . Au total, les subventions de fonctionnement au CNOUS et aux CROUS n'auront ainsi progressé que de 1 % à prix constants entre 1997 et 2002.

2. Les crédits d'intervention publique (titre IV)

Avec 1,352 milliards d'euros dans le projet de budget pour 2002, les crédits d'intervention publique représentent 15,5 % du budget du département ministériel.

Composés pour l'essentiel des bourses et secours d'études accordés aux étudiants, ces crédits s'inscrivent en hausse de 1,2 % par rapport au budget pour 2001, contre + 6,7 % par an sur la période 1999-2001 et + 0,5 % par an en 1998.

Ce ralentissement s'explique par l'achèvement du « plan social étudiant » triennal lancé à la rentrée universitaire 1998.

B. LES DÉPENSES EN CAPITAL

1. Les dépenses en capital inscrites dans le projet de loi de finances initiale pour 2002

Les dépenses en capital représentent un peu moins d'un douzième des dépenses du budget de l'enseignement supérieur : elles s'élèvent pour 2002 à 723 millions d'euros de crédits de paiement (soit 4,74 milliards de francs) en baisse de 13,7 % par rapport au budget pour 2001, et à 904 millions d'euros (soit 5,93 milliards de francs) d'autorisations de programmes, en baisse de 8,1 % par rapport au budget pour 2001.

Les crédits de paiement demandés pour 2002 s'établiraient ainsi à un niveau inférieur de 12,5 % au niveau moyen atteint sur la période 1997-2001, tandis que les autorisations de programme s'établiraient à un niveau supérieur de 11 % au niveau moyen atteint sur la période 1997-2001.

2. Les autorisations de programme supplémentaires demandées dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001

On peut toutefois noter que les montants précédents ne tiennent pas compte des crédits qui pourraient être accordés en loi de finances rectificative pour 2001, alors que celui-ci propose l'ouverture de 263,4 millions d'euros (soit 1,728 milliards de francs) d'autorisations de programmes supplémentaires afin d'accélérer l'achèvement du plan de mise en sécurité des établissements, conformément aux annonces faites à la rentrée par le ministre de l'Education nationale.

En outre, dans le cadre du plan d'aide et d'action consécutif aux évènements dramatiques survenus à Toulouse , le gouvernement avait annoncé le 28 septembre la mise en place de crédits destinés :

- à la reconstruction de l'université du Mirail et du département de chimie de l'Institut national polytechnique de Toulouse (à hauteur de 69 millions d'euros, soit 450 millions de francs) ;

- à la réparations des bâtiments universitaires endommagés (notamment le département chimie de l'IUT, l'IUFM et des résidences et restaurants universitaires) et au déploiement de bâtiments provisoires (à hauteur de 23 millions d'euros au total, soit 150 millions de francs).

Le projet de loi de finances rectificative pour 2001 propose ainsi pour les établissements d'enseignement supérieur de Toulouse :

- l'abondement à hauteur de 7,32 millions d'euros (48 millions de francs) au titre de 2001 des crédits de fonctionnement du chapitre 36-11 ;

- 13,72 millions d'euros (90 millions de francs) d'autorisations de programme supplémentaires sur le chapitre 56-10 «  Investissements sous maîtrise d'ouvrage de l'Etat » ;

- 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) d'autorisations de programme supplémentaires sur le chapitre 66-72 « Maintenance des bâtiments » ;

- 64,79 millions d'euros (425 millions de francs) d'autorisations de programme supplémentaires sur le chapitre 66-73 « Construction et équipement » sous maîtrise d'ouvrage déléguée.

Comme l'Assemblée nationale a par ailleurs transféré lors de l'examen du présent projet de loi de finances pour 2002 4,6 millions d'euros (30,174 millions de francs) du chapitre 43-71 vers le chapitre 36-11, ce sont bien un peu plus de 600 millions de francs de crédits supplémentaires qui auront été mis en place à la suite des évènements de Toulouse.

Cependant, l'essentiel de ces crédits (à hauteur de 535 millions de francs) ne sont à ce jour que des autorisations de programme et non pas des crédits de paiement.

II. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT

Le budget de l'enseignement supérieur se compose depuis le projet de loi de finances pour 2001 de deux agrégats :

11- « Enseignement supérieur », auquel a été intégré l'ancien agrégat « recherche universitaire » ;

21- « Action sociale », qui regroupe l'ensemble des aides sociales du département ministériel en faveur des étudiants.

Il est à noter que le projet de loi de finances assigne désormais à chaque agrégat depuis le projet de loi de finances pour 2001 des objectifs assortis d'indicateurs quantitatifs.

A. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (AGRÉGAT 11)

Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens en personnel et ceux consacrés au fonctionnement et à l'investissement dans les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que l'ensemble des actions en faveur de la recherche universitaire.

Récapitulation des crédits pour l'agrégat « enseignement supérieur »

(en milliards d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

Titre III (Moyens des services)

5,132

5,338

5,502

6,107

6,392

Evolution

+5,4 %

+4,0 %

+3,1 %

+11,0 %

+4,7 %

dont personnel

4,126

4,311

4,449

5,021

5,223

Evolution

+4,4 %

+4,5 %

+3,2 %

+12,9 % 18( * )

+4,0 %

dont fonctionnement

1,006

1,027

1,053

1,086

1,169

Evolution

+10,1 %

+2,1 %

+2,5 %

+3,1 %

+7,6%

Titre IV (interventions) 19( * )

0,034

0,038

0,039

0,036

0,036

Evolution

-4,6 %

+12,8 %

+2,3 %

-7,4 %

+0,0 %

Total Dépenses ordinaires

5,166

5,376

5,541

6,143

6,428

Evolution

+5,3 %

+4,1 %

+3,1 %

+10,9 %

+4,6 %

Dépenses en capital (crédits de paiement)

0,776

0,863

0,825

0,838

0,723

Evolution

-6,9 %

+11,3 %

-4,5 %

+1,6 %

-13,7 %

Total (DO + CP)

5,942

6,239

6,366

6,981

7,152

Evolution

+3,5 %

+5,0 %

+2,0 %

+9,7 %

+2,5 %

1. Les objectifs assignés à l'agrégat

Les deux grands objectifs assignés à cet agrégat par le projet de loi de finances pour 2002 sont « la qualité du service », d'une part, « l'efficacité socio-économique » de l'enseignement supérieur, d'autre part.

Comme dans le projet de loi de finances pour 2001, le second objectif, relatif à la « qualité du service », se décline en deux-sous objectifs :

- « assurer un encadrement approprié », les indicateurs associés à cet objectif étant le nombre d'étudiant par enseignant-chercheur (qui pourrait baisser en 2002 de 4 % par rapport à 1998, à 19 étudiants pour un enseignant chercheur) et le nombre d'étudiants par personnel non-enseignant (qui pourrait baisser en 2002 de 5 % par rapport à 1998, à 28 étudiants par ATOS) ;

- « mettre à disposition des étudiants les fonds documentaires » , les indicateurs associés à cet objectif étant désormais le nombre d'étudiants par place assise en bibliothèque (en baisse de 20 % en 1999 par rapport à 1995, à 14,6 étudiants par place assise), le nombre d'agents des bibliothèques universitaires pour 1.000 étudiants (en progression de 32 % en 1999 par rapport à 1995, à 3,07 agents pour 1.000 étudiants), enfin la durée moyenne d'ouverture hebdomadaire et annuelle des bibliothèques universitaires pondérée par le volume de leurs collections.

La présentation des sous-objectifs et des indicateurs associés à l'objectif « d'efficacité socio-économique » a par ailleurs été refondue.

En effet, dans le projet de loi de finances pour 2001 , l'efficacité socio-économique consistait à élever le niveau général des connaissances apprécié au regard du taux de scolarisation dans le supérieur, du taux de scolarisation dans l'université, de la proportion de sortants du système éducatif titulaire d'un diplôme du supérieur et du devenir professionnel des jeunes docteurs.

En revanche, le projet de loi de finances décline la notion d'efficacité économique autour des quatre sous-objectifs suivants :

- « lutter contre l'échec en premier cycle », l'indicateur associé à cet objectif étant le devenir (passage ou redoublement dans la même filière ou dans une autre filière, sortie du système universitaire), un an après, des bacheliers entré en première année de premier cycle universitaire ;

- « favoriser l'accès en deuxième cycle universitaire », l'indicateur associé à cet objectif étant l'évolution du taux d'accès en 2 nd cycle universitaire des bacheliers entrés à l'université dans une filière générale (hors IUT et santé) deux à cinq ans auparavant ;

- « accroître le niveau de formation des sortants de l'enseignement supérieur », l'indicateur associé à cet objectif étant la répartition des sortants de l'enseignement supérieur (sans diplôme, avec diplôme de l'enseignement supérieur court - DEUG, DUT, BTS ou diplôme paramédical ou social - ou avec diplôme de l'enseignement supérieur long). En 1999, les sortants de l'enseignement supérieur se répartissaient ainsi entre 25 % de non diplômés, 33 % de titulaires d'un diplôme « court » et 42 % de titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur « long » ;

- « insérer professionnellement les étudiants » l'indicateur associé à cet objectif étant le statut socio-professionnel des diplômés de l'enseignement supérieur cinq ans après la fin de leurs études.

Comme le souligne votre rapporteur spécial dans ses observations, la formulation de ces sous-objectifs et de leurs indicateurs associés demeure toutefois pour le moins maladroite et incomplète .

2. Les dépenses de rémunération

Les crédits demandés pour la rémunération des personnels non enseignants et enseignants chercheurs (y compris les primes d'encadrement doctoral), ainsi que les indemnités, cotisations et prestations sociales s'élèvent à 5,223 milliards d'euros (soit 34,26 milliards de francs) pour 2002, en augmentation de 202 millions d'euros (soit 1,33 milliard de francs) par rapport à 2001, soit une hausse de 4,0 %.

A structure constante, cette augmentation est d'ailleurs légèrement supérieure à 210 millions d'euros, puisque les crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités (à hauteur de 6,5 millions d'euros) seront transférés à partir du 1 er septembre 2002 vers le chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement aux établissements » et que 2 millions d'euros de crédits de rémunération ont été transférées vers la section enseignement scolaire du budget de l'Education nationale

Quoi qu'il en soit, l'augmentation des seuls crédits de rémunération de personnel (202 millions d'euros) est supérieure à l'augmentation de l'ensemble du budget de l'enseignement supérieur (188 millions d'euros). En d'autres termes, les crédits de paiement hors rémunération des personnels s'inscrivent en repli dans le projet de loi de finances pour 2002 par rapport au budget pour 2001.

Hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique notamment comme suit :

- à hauteur de 90 millions d'euros , par « l'effet de base » résultant des mesures de revalorisation du point de la fonction publique intervenues en 2000 et en 2001 , alors que le budget de l'enseignement supérieur avait été construit sur l'hypothèse d'une absence de revalorisation du point de la fonction publique. Il résulte d'ailleurs de cette hypothèse que les crédits de rémunérations prévus en loi de finances pour 2001 seront insuffisants et devront sans doute être abondés d'ici la fin de l'année par des dotations en provenance de chapitres « réservoirs » du budget des charges communes ;

- à hauteur de 27 millions d'euros , par la réévaluation des besoins de crédits afférents aux cotisations et aux prestations sociales payées par l'Etat, qui sont régulièrement sous-estimés ;

- à hauteur de 25 millions d'euros par les effets en fraction d'année des revalorisations du point de la fonction publique prévues en mars 2002 et en décembre 2002 ;

- à hauteur de 31 millions d'euros par l'effet en année pleine des créations d'emplois intervenues au 1 er septembre 2001 20( * ) ;

- à hauteur de 19 millions d'euros par l'effet en tiers d'année des créations d'emplois budgétaires prévues pour le 1 er septembre 2002 , soit 1 000 emplois d'enseignants (600 enseignants chercheurs, 100 professeurs agrégés - PRAG -, 261 attachés temporaires d'enseignement et de recherche - ATER- et 39 assistants des disciplines médicales) et 1 000 emplois non enseignants (dont 150 emplois pour les bibliothèques, 26 emplois d'infirmières et 10 emplois d'assistante sociale) ;

- à hauteur de 18 millions d'euros , par des mesures d'ajustement, par l'effet en année pleine des mesures catégorielles intervenues en 2001 et par l'effet en fraction d'année de nouvelles mesures catégorielles , notamment la poursuite du repyramidage des corps d'enseignants-chercheurs, d'ingénieurs de recherche, d'ingénieurs d'études et d'agents des services techniques ; la revalorisation de l'indice terminal du corps (en voie d'extinction) des assistants de l'enseignement supérieur ; la transformation de 130 emplois d'assistant de bibliothèque en emplois de bibliothécaire adjoint spécialisé ; la revalorisation de la carrière des personnels de magasinage ; l'achèvement du plan d'intégration de la filière ouvrière et de service dans les corps techniques de la recherche et de la formation ; la transformation de 736 agents administratifs en adjoints administratifs ; enfin la création à partir du 1 er septembre 2002 d'une indemnité pour les membres du Conseil national des universités (à hauteur de 0,30 million d'euros en tiers d'année).

Au total, hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique ainsi à hauteur de 142 millions d'euros par la progression mécanique des rémunérations des emplois budgétaires, à hauteur de 50 millions d'euros par les créations d'emplois budgétaires et à hauteur de 18 millions d'euros par les mesures d'ajustement ou catégorielles.

Compte tenu notamment de son impact sur les crédits de fonctionnement des établissements ou des CROUS destinés à la rémunération des emplois non budgétaires, la progression mécanique des rémunérations représente ainsi les 5/6èmes de la progression du budget de l'enseignement supérieur .

3. Les emplois budgétaires

Compte tenu des créations d'emplois détaillées supra, l es emplois budgétaires de l'enseignement supérieur s'élèveraient à 136.132 en septembre 2001 (+ 1,5 % par rapport à septembre 2000).

Au total, les emplois budgétaires du ministère se seront ainsi accrus de 41,5 % entre 1990 et 2002, et de 12,2 % entre 1997 et 2002. Cette progression fut beaucoup plus rapide pour les enseignants (+ 34 %) que pour les IATOS entre 1990 et 1997 ( + 15 %), mais la législature 1997-2002 aura été caractérisée au contraire par une moindre progression des emplois d'enseignants (+ 10 %) que celle des emplois d'IATOS 21( * ) (+ 17 %).

Dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la Cour des Comptes soulignait toutefois que « contrairement aux emplois de personnel non enseignant dont l'utilisation est quasi totale , tous les emplois de personnel enseignant ne sont pas utilisés . Le recensement opéré en l'an 2000 montre que ...1421 emplois n'étaient pas utilisés au 1 er janvier 2000 pour des recrutements. Selon les informations remontées des établissements, ils se répartissaient entre 737 emplois délégués mais utilisés pour gager des heures complémentaires et 684 emplois délégués et non utilisés pour des raisons diverses (attente de recrutement sur un poste libéré par un départ en retraite, gel provisoire de l'emploi pour des personnels en détachement ou en mobilité, ...) ». La Cour des Comptes ajoutait d'ailleurs : « alors que tous les emplois ne sont pas occupés, la prévision budgétaire s'est avérée erronée... l'exécution [2000] ayant montré que les crédits étaient insuffisants en fin d'année ».

Evolution des emplois budgétaires recensés par le ministère de l'Education nationale
pour l'enseignement supérieur

(en milliers)

Rentrée

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Enseignants

64,5

68,0

69,1

70,2

72,8

74,2

77,1

78,6

79,8

80,3

81,3

IATOS

44,8

46,0

46,1

47,0

48,4

47,0

51,3

52,2

52,8

53,8

54,8

Total

109,3

114,0

115,2

117,2

121,2

121,2

128,4

130,8

132,6

134,1

136,1

Etudiants 22( * )

1387

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

Source : ministère de l'Education nationale.

Les quinze dernières années auront été également caractérisées par des fluctuations de grande amplitude des taux d'encadrement .

En effet, entre 1987 et 1995 , la progression du nombre des étudiants des établissements dépendant du budget de l'enseignement supérieur fut plus rapide que celle des emplois budgétaires du département ministériel, conduisant à une forte dégradation des taux d'encadrement , notamment en personnel administratif et technique.

Mais les emplois budgétaires du département ministériel ont poursuivi leur progression depuis 1995 (+ 16 %), alors que les effectifs étudiants se repliaient de 3 %, ce qui a permis une nette amélioration des taux d'encadrement.

Au total, le taux d'encadrement en enseignants chercheurs (ratio emplois d'enseignants-chercheurs /étudiants) se sera ainsi dégradé de 19,25 en 1987 à 22,62 en 1995, avant de redescendre à 19,14 à la rentrée 2001 (ce qui correspond aux niveaux atteints au début des années 1980 (c'est à dire d'avant l'accélération du nombre des étudiants).

Comme le souligne la Cour des Comptes, « les créations d'emplois sont ainsi intervenues de façon décalée par rapport à l'évolution de la démographie étudiante... ce lissage, [étant], selon le ministère, volontaire » .

4. Les moyens de fonctionnement

Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002 prévoit d'accroître les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur de 84 millions d'euros (soit 550 millions de francs), à 1,169 milliard d'euros, (soit 7,67 milliards de francs).

Ces moyens de fonctionnement sont constitués à près de 99 % de subventions de fonctionnement aux établissements.

Les subventions de fonctionnement aux établissements (chapitre 36-11)

Les subventions de fonctionnement du chapitre 36-11 constituaient en 1999 (dernière année connue) près de 44 % des ressources des universités , les subventions de recherche et les autres subventions d'Etat et des organismes publics en constituant par ailleurs 13 %, les droits universitaires 10 %, les ressources en formation continue 7 %, la rémunération des travaux et études 6 %, les contrats de recherche 6 %, les subventions des collectivités locales 5 %, la taxe d'apprentissage 2 % et les autres ressources 7 %.

En l'an 2000, un septième de ces subventions ont été attribuées dans le cadre de la politique contractuelle entre l'Etat et les établissements, selon la clef de répartition suivante :

Répartition par type d'action des subventions de fonctionnement contractuelles aux établissements

Chapitre, article et type d'actions

1998

1999

2000

Titre III Subventions de fonctionnement

 
 
 

36-11-10 : pédagogie, amélioration de la réussite, vie étudiante, nouvelles technologies

596 338 000 F

618 218 000 F

699 942 200 F

36-11-20 : politique documentaire et muséologie

181 472 200 F

213 677 100 F

211 948 410 F

36-11-50 : recherche universitaire

64 932 500 F

65 045 750 F

66 759 760 F

36-11-60 : politique des ressources humaines

18 815 000 F

19 230 000 F

20 870 000 F

36-11-70 : relations internationales

30 525 000 F

31 950 000 F

34 165 000 F

Sous-total titre III

892 082 700 F

948 120 850 F

1 033 685 370 F

 
 
 
 

Source : ministère de l'Education nationale.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait toutefois que « le volet évaluation de la politique contractuelle (dont dépend pourtant la pertinence et la réussite de la démarche) apparaît encore marginal. Le flou des procédures, l'absence de réelles sanctions et la faiblesse des indicateurs ne permettent pas, en particulier d'apprécier l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et des priorités qui ont été arrêtés ».

En outre, la Cour des Comptes indiquait de manière plus générale que « le chapitre 36-11 illustre la difficulté que rencontre l'administration centrale à suivre l'utilisation des crédits qu'elle alloue aux universités et donc à mettre en place un contrôle de gestion qui suppose des données certaines. En effet, les crédits sont certes définis par leur objet pour certains d'entre eux dans les arrêtés de notification, mais en fait, une fois intégrés dans les budgets des universités, leur utilisation se fond avec celle des autres ressources disponibles dans les établissements. Par ailleurs, les comptes financiers des universités ne sont pas assez fins ni fiables pour connaître avec précision l'utilisation qu'elles font de leurs ressources. Ainsi, les crédits d'heures supplémentaires réellement dépensés par les établissements ne sont pas connus par l'administration centrale, dont les dotations ne couvrent vraisemblablement qu'un quart environ de ce type de dépense ».

Les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur progresseraient ainsi de 7,6 % en 2002, après une hausse de 3,0 % en 2001.

En fait, cette progression résulterait à hauteur de 6,5 millions d'euros d'une opération de déconcentration : le transfert à partir du 1 er septembre 2002 des crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités pédagogiques du chapitre 31-12 « indemnités et allocations diverses » au chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement », ce qui donnera plus de souplesse aux établissements.

Compte tenu par ailleurs d'autres opérations de transfert de moindre importance, l'augmentation des moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur ressort ainsi à structure constante à 78 millions d'euros dans le projet de budget pour 2002, soit une hausse de 7,1 % , imputable en totalité à la progression des subventions aux établissements, puisque les crédits demandés pour les autres chapitres (notamment pour les examens et concours et pour le comité national d'évaluation) sont reconduits à l'identique par rapport à ceux prévus dans le budget pour 2001.

Il convient toutefois de remarquer qu'au cours des quinze dernières années, les fluctuations des « réserves » des établissements ont partiellement amorti celles des subventions de fonctionnement. On peut ainsi craindre que l'accélération des subventions de fonctionnement ne conduise à une nouvelle hausse de ces « réserves ».

Or, le fonds de roulement des établissements a déjà progressé de 23 % entre 1995 et 1999 pour atteindre 993 millions d'euros (soit 6,517 milliards de francs), ce qui équivalait à presque un an de subventions de fonctionnement ou à 230 jours de dépenses de fonctionnement , alors que la norme retenue pour le niveau du fonds de roulement par le ministère de l'Education nationale est de 90 jours de dépenses de fonctionnement.

La Cour des Comptes concluait ainsi la monographie consacrée au budget de l'enseignement supérieur dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 2000 : « ... ce montant signifie que les ressources disponibles dans les établissements d'enseignement supérieur représenteraient ainsi un volume de près de 4 milliards de francs. Un tel montant, qui ne peut [certes] pas être assimilé à la seule thésaurisation des subventions reçues de l'Etat, appelle [toutefois] analyse et action de la part du ministère ».

Invité par votre rapporteur spécial à commenter cette conclusion et à exposer les suites qui lui avait été données, le ministère de l'Education nationale a apporté la réponse suivante : « depuis 1997 le ministère mène en liaison avec les établissements une politique visant à une meilleure connaissance et utilisation des réserves. Cette politique s'est déjà traduite par la modernisation de la gestion financière des universités, à travers notamment la refonte de la réglementation comptable et financière et la mise en place de l'application informatique NABUCO (nouvelle approche budgétaire et comptable) qui ont conduit les établissements à réfléchir sur leurs orientations et leur organisation en la matière. Des avancées concrètes sont désormais visibles, par exemple avec la conception d'outils modernes, facilitant une meilleure définition des objectifs, une allocation des ressources plus efficiente et des bilans d'activités mieux à même de déterminer les besoins futurs.

Dans ce nouveau contexte, la mobilisation des réserves s'opère progressivement. Elle est fortement recommandée par le ministère, dans le cadre de l'autonomie des établissements, à la fois au travers de la politique contractuelle, le niveau des réserves constituant un élément des discussions entre l'administration et chaque établissement, et des réflexions qui peuvent être menées conjointement par le ministère et les universités afin de mieux connaître la composition de ces réserves et donc, les réelles disponibilités de financement qu'elles peuvent offrir
».

Quoi qu'il en soit, on peut préciser que l'augmentation des moyens de fonctionnement des établissements prévue dans le projet de budget pour 2002 (soit 78 millions d'euros à structure constante) se décompose pour l'essentiel entre :

- la hausse de 65 millions d'euros (+ 7,6 %, après + 2,2 % en 2001), à 931 millions d'euros, des subventions de fonctionnement aux universités , dont 9 millions d'euros au titre de l'impact mécanique de la revalorisation du point de la fonction publique sur les rémunérations versées sur les crédits de subvention (notamment les heures complémentaires) et 2,1 millions d'euros au titre du financement d'une expérimentation de dévolution du patrimoine à certains établissements ;

- la hausse de 6 millions d'euros (+ 5,3 %, après + 2,6 % en 2001), à 121 millions d'euros, des crédits de fonctionnement des bibliothèques universitaires ;

- la hausse de 2,4 millions d'euros (+ 26 %, après + 23 % en 2001), à 11,6 millions d'euros, des crédits réservés à l'action internationale . Alors que la forte progression de 2001 avait principalement bénéficié à EduFrance, à l'agence Socrates-Leonardo da Vinci et aux universités franco-allemande et franco-italienne, l'augmentation demandée pour 2002 devrait notamment permettre le développement des « universités européennes d'été » ;

- la hausse de 1,2 millions d'euros (+ 8 %), à 16,5 millions d'euros, des subventions de fonctionnement de fonctionnement de l'Institut national de la recherche pédagogique (INRP) ;

- l'augmentation de 1,2 millions d'euros (+ 23 %), à 5,3 millions d'euros, des crédits de fonctionnement de l'établissement public du musée des arts et civilisations Paris (le musée des arts premiers), cofinancé par l'enseignement supérieur ;

- la hausse de 0,6 millions d'euros (+ 1,6 %, après + 13 % en 2001), des subventions de fonctionnement accordées aux laboratoires universitaires de recherche.

5. Les dépenses d'intervention

Les dépenses d'intervention de l'agrégat (titre IV), qui avaient baissé de 9 % en 2001, sont stables à 36,2 millions d'euros (soit 235 millions de francs).

Cette stabilité recouvre en fait deux évolutions divergentes :

- d'un côté, la réduction à 16.190 euros (contre 0,9 million d'euros en 2001 et 3,8 millions d'euros en l'an 2000) des crédits demandés pour l'article 43-11.20 « Activités de bibliothèques et muséologie », le ministère ayant désormais entièrement achevé sa participation au budget d'acquisition du musée des arts premiers (soit 75 millions de francs sur trois ans) ;

- de l'autre, la progression de 0,9 million d'euros (+ 2,6 %, après + 2,5 % en 2001), à 35,5 millions d'euros, des crédits destinés à l'enseignement supérieur privé et aux subventions aux associations , qui constituent désormais 98 % des crédits d'intervention de la section budgétaire. Cette progression pourrait notamment permettre le doublement des crédits destinés à la formation des élus étudiants (0,96 million d'euros, soit 6 millions de francs).

6. Les dépenses en capital

Les crédits d'investissement (titres V et VI) demandés pour 2002 représentent un peu plus de 8 % du budget de l'enseignement supérieur, à 723 millions d'euros, soit une baisse de 13,7 % (après une hausse de 1,6 % en 2001).

Ces crédits sont répartis sur quatre chapitres : deux chapitres de construction à maîtrise d'ouvrage Etat (chapitre 56-10) ou à maîtrise d'ouvrage déléguée (66-73) et deux chapitres consacrés respectivement à l'équipement (chapitre 66-71) et à la maintenance (chapitre 66-72).

a) Les investissements en faveur de la recherche universitaire

Les subventions d'équipement demandées pour la recherche universitaire, qui s'apparentent pour partie à des subventions de fonctionnement, s'élèvent en 2002 à 321 millions d'euros de crédits de paiement (soit 2,11 milliards de francs), en hausse de 5,9 % après une progression de 7,3 % en 2001, et à 330 millions d'euros d'autorisations de programmes (soit 2,17 milliards de francs), en hausse de 5,8 % après une progression de 10,7 % en 2001.

Au total, la progression des subventions d'équipement accordées à la recherche universitaire aura été dynamique et régulière sur la période 1997-2002 (+ 4,6 % par an en moyenne).

Par ailleurs, les subventions prévues pour l'entretien et la maintenance des laboratoires universitaires (article 66-72.50) baissent de 2,8  % en crédits de paiements, à 20,4 millions d'euros (après une baisse de 5  % en 2001), et sont stables en autorisations de programme à 19,8 millions d'euros.

Au total, la recherche universitaire bénéficiera de 341 millions d'euros de crédits de paiements en 2002, contre 325 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 5,0 %.

b) Les dépenses de maintenance et de mise aux normes de sécurité des bâtiments

En revanche, les dépenses de maintenance et de mise aux normes de sécurité des bâtiments d'enseignement supérieur s'inscrivent en repli en 2002 à 211 millions d'euros de crédits de paiements , soit une baisse de 12,3 % après une baisse de 9,4 % en 2001, et à 150 millions d'euros d'autorisations de programmes, soit une baisse de 44 %, après - 4 % en 2001.

Cette baisse globale recouvre des évolutions divergentes.

En premier lieu, les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de maintenance , qui s'apparentent aussi pour une large part à des subventions de fonctionnement, augmentent de 12 millions d'euros de crédits de paiements, à 112 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 12 %, après une progression de 19 % en 2001.

En revanche, même si l'on ne prend pas en compte l'évolution des dotations prévues pour le campus de Jussieu, les crédits de paiement 23( * ) demandés pour les travaux de mise aux normes de sécurité , qui recouvrent  à la fois la participation de l'Etat au volet sécurité du plan « Université du troisième millénaire » (U3M) et les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de mise aux normes de sécurité, connaissent une nette diminution, à 77 millions d'euros en 2002, contre 96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 20 %.

Enfin, les crédits de paiement demandés pour le désamiantage du campus de Jussieu s'inscrivent en très net repli : de 88 millions d'euros en l'an 2000 à 46 millions d'euros en 2001, puis à 22,9 millions d'euros en 2002 . En deux ans, ces crédits auront donc été divisés par quatre .

Cette baisse s'explique selon le ministère par les difficultés techniques rencontrées dans les opérations de désamiantage, qui se traduisent par d'importants reports de crédits de paiement.

Au 31 décembre 2000, le fonds de roulement de l'établissement public du campus de Jussieu (EPCJ) s'élevait ainsi à 101 millions d'euros (662 millions de francs), ce qui correspond au double des crédits de paiements demandés pour 2001 ou à 1,24 fois l'ensemble des crédits engagés sur toute la période 1997-2000.

La situation de l'établissement public du campus de Jussieu (EPCJ)

Le fonds de roulement de l'Etablissement public du campus de Jussieu, au 31 décembre 2000, se décomposait de la façon suivante :


Fonds de roulement sur opérations de fonctionnement de l'EPCJ (en francs

5 858 134 F

Fonds de roulement sur opérations de désamiantage, remise en sécurité et opérations complémentaires

656 000 562 F

Fonds de roulement global

661 858 996 F

La situation des crédits au 31 décembre 2000 correspondant au financement des opérations de désamiantage et de remise en sécurité (et opérations complémentaires) pouvait être résumée de la façon suivante :

Autorisations de programme :

1 396 000 000 F

1997

22 000 000 F

1998

230 000 000 F

1999

560 000 000 F

2000

584 000 000 F

Crédits de paiements :

1 096 300 000 F

1997

22 000 000 F

1998

111 000 000 F

1999

447 000 000 F

2000

516 300 000 F

Engagements

534 135 408 F

Mandatements

441 681 778 F



Par ailleurs, l'évolution des dépenses de fonctionnement de l'EPCJ peut être retracée comme suit :


En francs

1998

1999

2000

Dépenses de personnel

5 658 238

7 664 193
10 269 745

Dépenses de fonctionnement

1 616 624

2 246 624

2 577 465

Investissement

1 134 873

974 365

527 952

Enfin, la répartition prévisionnelle des crédits de paiements 2001 est la suivante :


Désamiantage rénovation

138,49 MF

Autres travaux

64,48 MF

Déménagement

7,70 MF

Loyers charges

64,50 MF

Autres interventions

38,83 MF

TOTAL

318,00MF

Source : ministère de l'Education nationale

On peut rappeler que le coût total de ce programme avait été estimé à 3,8 milliards de francs en 1999. Au rythme de la période 1997-2000, les travaux pourraient ainsi se poursuivre au moins jusqu'en 2025.

Depuis l'an dernier, la date d'achèvement des travaux annoncée par le ministère a d'ailleurs reculé de deux ans, de 2006-2007 à 2008-2009.

Les dépenses de personnel de l'EPCJ, qui employait 27 personnes à la fin de l'an 2000, ont pourtant doublé entre 1998 et l'an 2000.

c) Les constructions nouvelles

Les évolutions précédentes confirment les difficultés du ministère à maîtriser la gestion de ses crédits d'investissement, qui avaient relevées par la Cour des Comptes pour les chapitres de construction dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000 (cf. encadré ci-après).

Les conclusions de la Cour des Comptes sur la gestion des crédits d'investissement du budget de l'enseignement supérieur.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait (pages 206-207) d'une synthèse consacrée au budget de l'enseignement supérieur que :

«... les conditions d'utilisation des crédits sur [les chapitres] 56-10 et 66-73 [constructions universitaires] ne cessent de se dégrader. Le niveau des reports sur ces deux chapitres atteint en 2000, 1 596 millions de francs, contre 668 millions de francs en 1997, ce qui représente pour l'exercice sous revue [2000], un montant équivalent à celui des dotations initiales.

La période 1997-2000 montre l'accélération du phénomène : les crédits de paiement disponibles, sous l'effet de reports de plus en plus abondants, augmentent de façon régulière (+ 23  ) et ce en dépit d'un ajustement à la baisse des dotations initiales ; le tassement des dépenses (- 17 %) accélère la diminution du taux de consommation qui passe en 4 ans de 75 % à 50 %...

... Cette sous-utilisation des moyens , si elle tient pour partie à des raisons conjoncturelles (lancement du projet Université du troisième millénaire) et des nouveaux contrats de plan Etat-Régions (CPER), reprise économique du bâtiment, défaut de prévision sur les dépenses de l'exercice 2000...) traduit également une maîtrise d'ouvrage défaillante . La multiplicité des intervenants, les difficultés rencontrées dans les marchés publics et l'insuffisante finalisation de nombreuses opérations se conjuguent pour retarder la mise en oeuvre des travaux et la consommation des crédits ».


Cette critique est d'ailleurs réitérée et précisée par la Cour des Comptes quelques pages plus loin pour les crédits du chapitre 56-10 (sous maîtrise d'ouvrage Etat) :

« La gestion du chapitre 56-10 est insuffisante ... La consommation des autorisations de programmes (AP) affectées ne cesse de se dégrader et il faut [en moyenne] 2,6 années pour engager des AP... Si un certain nombre de difficultés techniques, nées de la complexité des projets ou des effets conjoncturels de l'amélioration de la situation des bâtiments peuvent être invoquées, il apparaît surtout que l'insuffisante finalisation des projets, dont les financements sont mis en place alors que les conditions de leur réalisation ne sont pas toutes réunies est pour une part importante à l'origine de cette situation ... le suivi approximatif par l'administration centrale de la gestion des crédits en région ne permet pas encore une nette amélioration de la gestion du chapitre . »

Enfin la Cour des Comptes relève une irrégularité significative dans l'exécution du chapitre 56-10 en l'an 2000 :

« Par un arrêté du 15 novembre 2000, 59 millions de francs ont été annulés en crédits de paiement et en autorisations de programmes afin de régler le coût de l'acquisition par le ministère de l'Education nationale des bâtiments de la rue de Grenelle affectés jusqu'alors au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie... L'opération a ainsi conduit à détourner des crédits affectés aux constructions universitaires , dont les dotations étaient certes importantes, au profit des équipements de l'administration centrale moins bien dotés sur la section scolaire. ».

Invité par votre rapporteur spécial à commenter ces observations et à exposer les mesures prises afin de remédier à ces dysfonctionnements, le ministère a apporté les réponses suivantes :

« La comptabilité spéciale des investissements laisse apparaître un montant très important de reports de crédits de paiement , tant sur le chapitre 56-10 (881,45 MF pour 2001) que sur le chapitre 66-73 (714,05 MF pour 2001). Afin de comprendre cette situation, et d'essayer d'y remédier, la Direction de la Programmation et du Développement du Ministère a souhaité recevoir chaque Ingénieur Régional de l'Equipement (IRE) en collaboration avec la Direction des Affaires Financières. D'avril 2000 à juillet 2000, 25 IRE ont ainsi pu présenter les éléments d'explications concernant leur académie.

Les principaux facteurs de retard dans la consommation des crédits de paiement semblent tenir : à la hausse des prix du BTP qui induit de nombreux appels d'offre infructueux ; aux difficultés relationnelles avec les maîtrises d'oeuvre qui se traduisent par un développement des contentieux ; à la complexité du bouclage de certaines opérations.

Ainsi, la reprise économique a-t-elle induit une moindre disponibilité des entreprises. Celle-ci a généré une hausse importante des prix, qui contraint à réduire le dimensionnement des opérations et induit une généralisation des appels d'offre infructueux : Orléans-Tours (UFR sciences de l'université de Tours), Rouen (espace Blondel ; institut de thermique), Paris, Strasbourg (ENSIT de Mulhouse), Rennes (BU de Vannes, BU de Lorient), Caen (BU), Poitiers (université), Clermont Ferrand (pôle tertiaire), Toulouse (BU Mirail), Réunion, Grenoble (extension BU droit Lettres). Le retard lié aux appels d'offre infructueux se répercute sur d'autres opérations lorsqu'il s'agit de dispositifs en cascade (Poitiers ; Rouen, Pôle des sciences du tertiaire).

Par ailleurs, le recours quasi systématique à la sous-traitance crée fréquemment des difficultés  (moindre qualité des prestations impliquant des travaux complémentaires, donc une augmentation des coûts...).

Des difficultés de relations avec la maîtrise d'oeuvre peuvent engendrer d'importants retards.

On note, d'une façon générale, un fort développement des contentieux (BU de Corté, Corse ; Université de La Rochelle ; UFR sciences sportives d'Amiens ; université de Tours).

Certains IRE ont déploré la production tardive des situations de travaux par les maîtres d'oeuvre (Nantes, Paris)...

[Par ailleurs], la Cour évoque la régularité budgétaire d'un arrêté d'annulation pris en novembre 2000 sur l'initiative du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, qui a eu pour effet de ponctionner 59 MF (8,99M€) sur les crédits des contrats de plan Etat-régions.

Il s'agissait de régler le tiers de la dette du ministère de l'éducation nationale à l'égard du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie pour l'acquisition d'un immeuble situé rue de Grenelle. L'impact de cette mesure non sollicitée par le ministère de l'éducation nationale a été minoré par l'affectation de produits de cessions provenant de la section scolaire, permettant de préserver pour partie le financement sur 2000 de certaines opérations prévues au titre des C.P.E.R
».

On noter que ces réponses tentent exclusivement de dédouaner le ministère de la responsabilité des retards observés en matière d'investissement universitaire, et n'exposent aucune mesure prise ou envisagée afin d'en prévenir la répétition.

• S'agissant des crédits de paiement, le budget de l'enseignement supérieur pour 2002 tient compte de ce constat d'échec, au contraire du budget précédent.
En effet, les crédits de paiements demandés pour la construction de nouveaux bâtiments diminuent à 150 millions d'euros (0,99 milliard de francs) en 2002, contre 272 millions d'euros (1,79 milliard de francs) en 2001, soit une baisse de 45 %, contre une hausse de 7 % en 2001.

En d'autres termes, comme l'indique le ministère de l'Education nationale 24( * ) « le volume des crédits de paiement a été recalibré pour tenir compte du rythme effectif d'engagement des travaux ».

Ces crédits de paiement peuvent être décomposés comme suit :

- 74 millions d'euros (484 millions de francs) pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage Etat , contre 92 millions d'euros en 2001 (603 millions de francs), soit une baisse de 20 %.

Au total, les crédits de paiement de ce chapitre auront ainsi connu des fluctuations de grande ampleur au cours de la législature 1997-2002, comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Evolution des crédits de paiement du chapitre 56-10
constructions sous maîtrise d'ouvrage Etat (en millions d'euros)

LFI

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Crédits de paiement

197

141

132

70

92

74

Evolution

 

-27,9 %

-5,9 %

-47,6 %

+31,5 %

-20,0 %



- 97 millions d'euros (634 millions de francs) pour les autres travaux de construction, contre 180 millions d'euros en 2001 (1 180 millions de francs), soit une baisse de 46 %.

Ces dotations se subdivisent elles-mêmes entre 35,1 millions d'euros pour le musée du quai Branly  (contre 13 millions d'euros en 2001), 14,2 millions d'euros pour la rénovation du Museum d'histoire naturelle (contre 12 millions en 2001), et 47,6 millions d'euros pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage des établissements ou des collectivités locales proprement dits 25( * ) (contre 155 millions d'euros en 2001, dont 9,15 millions d'euros ont toutefois été annulés en mai 2001, en contrepartie d'une ouverture de crédits d'un montant équivalent au chapitre 56-10).

•  Au contraire des crédits de paiement ainsi recalibrés à la baisse pour tenir compte du retard des travaux en cours, les autorisations de programme destinées aux constructions nouvelles s'inscrivent en hausse de 5 % dans le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002, à 404 millions d'euros (2,65 milliards de francs), contre 385 millions d'euros en 2001 (2,52 milliards de francs).
Ces autorisations de programme se répartissent entre :

- 363,6 millions d'euros (2,39 milliards de francs), contre 313 millions d'euros en 2001, dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, dont 317,9 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière d'enseignement supérieur et 45,7 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière de recherche ;

- 40,55 millions d'euros hors contrats de plan Etat-Régions, dont 18,75 millions d'euros pour le musée des arts premiers (contre 49,3 millions d'euros en 2001) et 21,8 millions d'euros pour le Museum d'histoire naturelle (comme en 2001) ;

Compte tenu des observations précédentes sur les retards et les difficultés de pilotage des programmes d'investissement du ministère cette accélération des autorisations de programmes pourrait toutefois davantage constituer une mesure d'affichage qu'une réelle impulsion en faveur du développement universitaire.

A cet égard, on peut d'ailleurs rappeler que l'ouverture d'autorisations de programmes n'est rien d'autre qu'une reconnaissance de dette de la part de l'Etat lorsqu'elle ne s'accompagne pas de la mise de place de crédits de paiements.
d) L'état d'avancement des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006

On peut ainsi s'inquiéter du rythme de financement par le ministère de l'enseignement supérieur de ses engagements au titre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006.

En effet, sur la période 2000-2002, le ministère de l'Education nationale aura certes mis en place 980 millions d'euros (6,427 milliards de francs) d'autorisations de programmes correspondant à des projets inscrits dans les CPER 2000-2006, soit un peu plus des trois-septièmes des engagements du ministère au titre de l'enseignement supérieur (2180 millions d'euros, soit en moyenne 14,3 milliards de francs sur sept ans).

Néanmoins, le ministère de l'Education nationale n'aura mis en place à ce titre que 77 millions d'euros de crédits de paiement en l'an 2000, 78 millions d'euros de crédits de paiement en 2001 et 100 millions d'euros de crédits de paiement en 2002, soir un total cumulé de 255 millions d'euros sur la période 2000-2002, qui ne représente que 12 % des engagements de l'Etat au titre des CPER 2000-2006.

A ce rythme, le ministère de l'Education nationale aura mis en place les crédits de paiement correspondant à ses engagements contractualisés en 2025.

Certes, ce retard est pour partie imputable aux délai de lancement de certains travaux.

Cela signifie toutefois que le ministère de l'Education nationale devra désormais consacrer en moyenne chaque année sur la période 2003-2006 environ 0,48 milliard d'euros (soit plus de 3,15 milliards de francs) de crédits de paiements aux opérations prévues dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, soit près 5 fois plus que les crédits de paiement prévus à cet effet dans le projet de budget pour 2002.

Il s'agit là d'une « bombe à retardement » budgétaire .

Le plan U3M et les contrats de plan Etat-Régions 2000-2006

Entre 1991 et 1999, l'Etat et les collectivités locales ont financé à parité, à hauteur de 40 milliards de francs, le plan U2000 , qui a principalement permis la construction de 3,5 millions de m 2 de locaux universitaires permettant de pallier les principales carences en capacité d'accueil des étudiants.

Le plan U3M 2000-2006 se veut plus global , et ne concernera pas seulement la construction de locaux universitaires, mais aussi la restructurations des sites existants (notamment à Paris-centre et à Toulouse), la vie étudiante (notamment les bibliothèques, le logement et la restauration), la recherche et le transfert de technologie. Son application relève à la fois du ministère de l'Education nationale et du ministère de la Recherche.

Les financements mobilisés dans le cadre du plan U3M s'établissent comme suit :

- 42,5 milliards de francs dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 , dont 18,2 milliards de francs pour l'Etat, parmi lesquels 14,3 milliards de francs pour le ministère de l'Education nationale. 25 % de ces crédits seront consacrés à la vie étudiante et aux bibliothèques ;

- 3,8 milliards de francs de l'Etat pour le campus de Jussieu ;

- 2,7 milliards de francs de l'Etat pour le plan de sécurité, qui s'inscrit notamment dans le cadre des contrats Etat-Universités et poursuit le plan 1996-1999 ;

- 1 milliard de francs de l'Etat pour la rénovation du museum d'histoire naturelle ;

- 0,6 milliards de francs de l'Etat pour le musée du quai Branly.

Hormis les opérations récurrentes de maintenance courante et les subventions d'équipement aux laboratoires universitaires, le plan U3M, à travers les grands travaux, le plan sécurité et les contrats de plan Etat-Régions, absorbe dès aujourd'hui la totalité des autorisations de programmes du budget de l'enseignement supérieur.

B. ACTION SOCIALE

Composé exclusivement de dépenses ordinaires, cet agrégat connaît dans le projet de loi de finances pour 2002 une progression nettement ralentie à 1,581 milliard d'euros (10,37 milliards de francs), contre 1,565 milliard d'euros en 2001(10,26 milliards de francs), soit une hausse de  1,3 % .

Après avoir augmenté de 8,2 % en 1999 et en 2000, puis de 6,8 % en 2001, soit au total de 25 % sur la période 1999-2001, en raison de la mise en place du « plan social étudiant », les dépenses d'action sociale inscrites au budget de l'enseignement supérieur atteignent donc un palier.

La part des dépenses d'action sociale dans les dépenses de fonctionnement et d'intervention du budget de l'enseignement supérieur se replie ainsi à 19,8 %, après avoir augmente de 19,1 % en 1998, à 20,3 % en 2001.

Ce ralentissement concerne davantage les aides directes (dont la hausse est limitée à + 1,2 % en 2002, contre + 29,7 % sur la période 1999-2001), puisque la progression des aides indirectes est identique à celle des trois années précédentes (+ 1,6 % par an).

Récapitulation des dépenses d'action sociale

au titre du budget de l'enseignement supérieur

(en millions d'euros)

 

LFI1998

LFI1999

LFI2000

LFI2001

PLF 2002

Aides indirectes (fonctionnement du CNOUS et des CROUS)

253

263

269

265

269

Evolution en %

+ 0,2

+ 4,0

+ 2,1

- 1,2

+1,6

Nombre de lits subventionnés (en milliers) 26( * )

100,1

99,5

99,8

99,4

99,4

Nombre de repas subventionnés (en millions)

63,3

62,1

60,7

 
 

Aides directes (bourses, secours d'étude et contribution de l'Etat aux transports collectifs parisiens)

1002

1094

1197

1299

1315

Evolution en %

+0,7

+9,3

+9,4

+8,5

+1,2

Etudiants boursiers 27( * ) (en milliers)

410

454

476

nc

 

Taux d'étudiants boursiers 28( * )

24,1%

27,2%

28,2%

30 ,0%

 

Total pour l'action sociale

1255

1367

1466

1564

1584

Source : ministère de l'Education nationale

1. Les objectifs assignés à cet agrégat

Les objectifs assignés à l'action sociale du ministère ne répondent qu'à la seule préoccupation « d'efficacité socio-économique ».

Contrairement aux préconisations conjointes du bon sens et de la direction du budget (cf. les observations de votre Rapporteur spécial), ces objectifs ne répondent ainsi ni à des préoccupations de bonne gestion, ni à des préoccupations de « qualité du service ».

En matière d'aide sociale, la qualité du service offert aux usagers, par exemple les délais d'octroi et de paiements des bourses, sont pourtant essentiels.

Quoi qu'il en soit, le projet de budget pour 2002 décline cet objectif « d'efficacité socio-économique » en quatre sous objectifs .

a) Les objectifs assignés aux aides indirectes

Trois de ces sous objectifs concernent les aides indirectes . Ils consistent respectivement à :

- « offrir aux étudiants des logements à prix modérés », les indicateurs associés étant le loyer résiduel à la charge des étudiants ;

- « remettre à un niveau le patrimoine » des résidences universitaires, les indicateurs associés étant le nombre de lits crées ou rénovés, ces indicateurs de flux s'étant substitués à l'indicateur de stock utilisé dans le budget pour 2001 (le nombre de lits subventionnés), qui s'inscrivait en diminution ;

- enfin « offrir aux étudiants un repas équilibré à prix modéré », les indicateurs associés étant le prix et le coût moyen du repas en restaurant universitaire au 1 er janvier. Ces indicateurs se sont substitués dans le projet de loi de finances pour 2002 à l'évolution du nombre de repas servis. Il est vrai que cet indicateur, retenu en 2001, mettait tout particulièrement en relief la désaffection des étudiants envers les restaurants universitaires.

Les évolutions de ces indicateurs, telles qu'elles sont retracées dans le bleu budgétaire, sont édifiantes : tous ces indicateurs se sont dégradés entre 1997 et l'an 2000 .

En effet, le loyer résiduel en chambre de cité universitaire a augmenté de 25 % et le loyer résiduel d'un studio de résidence universitaire, ainsi que le prix et le coût d'un repas en restaurant universitaire ont augmenté de 8 % ; alors que l'indice des prix à la consommation n'a progressé que de 4 % en glissement annuel sur la même période. En outre, le nombre de lits créés a baissé de 15 % et le nombre de lits rénovés a baissé de 47 %.

En fait, ces évolutions traduisent bien la priorité exclusive accordée aux aides directes au détriment des aides indirectes.

La réponse à la question de votre rapporteur spécial relative à l'état de mise en oeuvre des recommandations de l'audit des restaurants universitaires réalisé en 1998-1999 atteste d'ailleurs de l'absence d'orientations claires en ce domaine, puisqu'elle est identique, à un chiffre près, à celle de l'an passé.

b) Les objectifs assignés aux aides directes

S'agissant des dépenses d'aide directes (soit près de 1,4 milliards d'euros), un seul sous-objectif leur est assigné : « atteindre un taux de 30 % d'étudiants aidés », l'indicateur associé étant le ratio étudiants boursiers / étudiants des formations du ministère de l'Education nationale susceptibles d'accueillir des boursiers.

Cet objectif est en fait la transcription directe de l'un et d'un seul des deux objectifs qui avaient été assignés au plan social étudiant lancé à la rentrée 1998, à savoir accroître de 23 % en 1997-1998 à 30 % en 2001-2002 la proportion d'étudiants bénéficiant d'une aide directe et augmenter de 15 % le niveau des aides.

Cet objectif appelle trois remarques :

- en premier lieu, entre les années universitaires 1997-1998 et 2000-2001, le montant moyen des bourses ne s'est accru que de 2,5 % en francs courants (de 16 100 francs à 16 507 francs), ce qui correspond à une baisse en francs constants. Contrairement aux assertions du dossier de presse 29( * ) de la rentrée universitaire 2001, le niveau moyen des aides n'aura donc pas augmenté de 15 % entre 1997 et 2001. Cela résulte d'un effet de structure : la création de bourses à taux zéro et l'élargissement de la proportion d'étudiants aidés tendent spontanément, à freiner le montant moyen des bourses (les nouveaux étudiants aidés disposant, toutes choses égales par ailleurs, de ressources supérieures et donc de montants de bourses inférieures), malgré le relèvement des taux de 15 % ;

- en second lieu, votre rapporteur spécial avait souligné dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2001 que les statistiques publiées par le ministère de l'Education nationale relatives au nombre et à la proportion de boursiers étaient incohérentes et probablement fausses.

On peut ainsi rappeler que les estimations du nombre de boursiers pour l'année universitaire 1999-2000 s'établissaient ainsi à la rentrée 2000-2001 à 459.718 dans le dossier de présentation de la loi de finances réalisé par la mission de la communication du ministère, mais à 457.719 dans le bleu budgétaire et à 453.442 dans la réponse du ministère au questionnaire de la Commission des finances, trois documents pourtant concomitants. Un an plus tard, dans sa réponse au questionnaire de la commission des finances sur le projet de budget pour 2002, le ministère estime désormais très précisément le nombre de boursiers en 1999-2000 à 447.955.

On ne peut ainsi que s'étonner de l'incapacité du ministère à dénombrer rétrospectivement les boursiers de manière fiable ;

- on peut surtout s'étonner de ce que le ministère soit incapable d'estimer de manière satisfaisante le nombre d'étudiants boursiers de l'année universitaire en cours .

Dans le projet de loi de finances pour 2001 publié à la rentrée universitaire 2000-2001, le nombre d'étudiants boursiers était ainsi prévu à 490.000 en 2000-2001, alors qu'il est aujourd'hui estimé à 467.000, soit un écart de près de 5 %, que ne justifie aucunement l'évolution de la démographie étudiante (plus dynamique qu'escompté). Cette surestimation du nombre de boursiers s'est notamment traduite par une dotation excessive des crédits d'aide directe.

Au total, les systèmes d'information et les capacités de pilotage du ministère en matière de bourses semblent particulièrement défaillants .

2. Les crédits d'aides indirectes

Les aides indirectes sont désormais regroupées au chapitre 36-14 du titre III, qui recouvre l'ensemble des moyens de fonctionnement (y compris les rémunérations des personnels) du centre national des oeuvres universitaires (CNOUS), des vingt-huit centres régionaux (CROUS), de la Cité internationale universitaire de Paris, et de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE), soit 269 millions d'euros en 2002 (+ 1,6 %).

Ces aides recouvrent pour l'essentiel :

- la rémunération des personnels du CNOUS et des CROUS , à hauteur de 96,9 millions d'euros en 2002 , contre 93,9 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 3,2 % (contre + 0,6 % en 2001). Cette hausse s'explique notamment par la création de 42 emplois non budgétaires dans les CROUS à partir du 1 er septembre 2002 ;

- les subventions de fonctionnement aux restaurants universitaires , à hauteur de 95,1 millions d'euros prévus pour 2002 (sans changement par rapport à 2001), sur la base d'une subvention par repas de 10,27 F, et sous l'hypothèse de stabilité du nombre de repas d'étudiants constaté en l'an 2000, soit 60,8 millions.

Rappelons à cet égard que le nombre de repas étudiants servis par les restaurants universitaires s'est toutefois réduit de 6,2 % entre 1997 et 2000, en raison notamment du repli du nombre d'étudiants (- 1,2 %) de la transformation des pratiques alimentaires des jeunes (déstructuration des repas), mais aussi d'une certaine désaffection envers ce type de restauration, qu'un audit réalisé en 1998-1999 imputait notamment aux files d'attente et au manque de place. Au total, sur la base de deux repas par jour, les restaurants universitaires ne servent environ que 5 % des repas des étudiants durant l'année universitaire ;

- les subventions de fonctionnement aux résidences universitaires (environ 99 000 lits). Ces subventions, qui pourraient atteindre 29,5 millions d'euros en 2002, se réduisent depuis 1995, en raison de la baisse du nombre de lits en résidence universitaires traditionnelles (- 9 % entre 1990 et 2000), d'une part, de la diminution de la part du fonctionnement pris en charge par l'Etat (de 26  % en 1995 à 19 % en 2002), au profit d'une hausse des redevances versées par les étudiants (+ 18% depuis 1995), d'autre part.

Néanmoins, le potentiel total d'accueil des étudiants (environ 149 500 lits, soit + 20 % par rapport à 1990, mais - 0,1 % par rapport à 1997), pourrait se stabiliser en raison de la légère augmentation du nombre de studios et d'appartement nouvellement construits en application de la loi du 15 juillet 1985, dont l'équilibre financier est assuré par les seules recettes provenant des étudiants, mais qui ouvrent droit à l'aide personnalisée au logement (APL) ;

- les subventions prévues pour la rénovation et l'entretien des restaurants et résidences universitaires, qui s'élèvent à 38,4 millions d'euros en 2002 (sans changement par rapport à 2001).

Ces subventions ne sont pas à la hauteur des besoins . En effet, selon le ministère de l'Education nationale, les besoins restant à satisfaire en matière de logement des étudiants sont les suivants :

- en matière de construction, les besoins sont évalués sur 20 ans à 20.000 logements (y compris les résidences internationales destinées à l'accueil des étudiants étrangers) : 15.000 logements en Ile de France et 5 000 en Province. Cette estimation est modulable selon l'évolution démographique revue à la baisse de la population étudiante et les tensions propres au marché du logement étudiant, où la concurrence du secteur privé est très forte. Un tiers de ces 20.000 logements (6.700) devrait présenter un caractère très social : 5.000 en Ile de France y compris Paris et 1.700 en Province.

- en matière de rénovation, environ 78.000 chambres en résidences traditionnelles restent à réhabiliter. Le coût de réhabilitation est estimé à environ 6 milliards de francs, à raison de 80.000 F par chambre. Ce montant correspond à une rénovation incluant dans les chambres l'implantation d'une cabine 3 fonctions (wc, douche, lavabo), le remplacement du mobilier d'origine par un mobilier neuf et les prises d'accès aux réseaux informatiques
».

3. Les crédits d'aides directes

Les aides directes constituent désormais la totalité du titre IV de cet agrégat. Elles sont regroupées dans un seul chapitre (43-71), pour lequel le projet de budget pour 2002 demande 1,315 milliard d'euros (8,63 milliards de francs) de crédits de paiement, soit une progression de 1,2 %, contre + 8,5 % en 2001.

• Ce chapitre recouvre en fait quatre articles d'importance très inégale :
- l'article 43-71.20 regroupe les crédits demandés pour le fonds de solidarité universitaire , soit 3,5 millions d'euros (22,8 millions de francs) en l'an 2002 (sans changement par rapport à 2001) ;

- l'article 43-71.40 regroupe les crédits destinés aux prêts d'honneur sans intérêt, remboursables au plus tard 10 ans avant la fin des études et accordés par un comité académique spécialisé. Les crédits demandés pour cette action s'élèvent à 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) d'euros en 2002 (contre 3,96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 23 %). En cours de gestion, ces crédits sont traditionnellement abondés par les fonds de concours résultant des remboursements effectués par les étudiants (à hauteur de 3,05 millions d'euros en l'an 2000) ;

- l'article 43-71.70 regroupe l'ensemble des « bourses spéciales pour l'étranger », c'est à dire les bourses associées aux stages industriels et commerciaux (à hauteur de 914.691 euros en l'an 2001), les « bourses d'enseignement supérieur et frais de voyage à l'étranger, notamment dans les pays de langue arabe » (à hauteur de 99.275 euros en l'an 2001), les autres secours exceptionnels aux enfants de familles françaises résidant à l'étranger (à hauteur de 2.623 euros seulement en l'an 2001), enfin et surtout les aides complémentaires aux bourses ERASMUS (à hauteur de 1,524 million d'euros en l'an 2001, soit en moyenne moins d'un euro par an par étudiant des universités).

Les crédits demandés pour cet article augmentent de 3,96 millions d'euros en 2002, pour atteindre 6,50 millions d'euros (soit 42,6 millions de francs), en raison notamment du doublement des aides complémentaires aux bourses ERASMUS à partir de la rentrée 2001. L'aide complémentaire reçue par les étudiants demeure toutefois très modeste (de l'ordre d'une trentaine d'euros par mois durant un semestre) ;

- l'article 43-71.10 comprend en fait en fait 99 % des crédits de ce chapitre, dont la nomenclature est sans doute à revoir . En effet, cet article regroupe à la fois des crédits destinés à des actions sociales diverses (« voyages de port à port », frais de transport des étudiants étrangers vers les établissements universitaires, etc.), pour un montant cumulé de 2 millions d'euros ; la contribution de l'Etat au financement de la carte « Imagine R » permettant aux étudiants franciliens de voyager avec 40 % de réduction dans les transports collectifs parisiens (290.000 étudiants étant concernés en 2000-2001), à hauteur de 11,4 milllions d'euros en 2001, enfin les bourses proprement dites, à hauteur de 1.276 millions d'euros en 2001, soit 99 % de l'article et 98 % du chapitre.

Les crédits demandés pour cet article s'élèvent à 1.302 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 1 %.
• L'évolution des crédits demandés pour l'article 43-71.10 appelle quatre séries de remarques :
- les crédits demandés pour cet article ont progressé de 30 % entre 1997 (988 millions d'euros) et 2001 (1289 millions d'euros) ;

- la Cour des Comptes a toutefois souligné dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'an 2000 que les dépenses n'ont pas suivi le même rythme de progression sur la période 1998-2000, le taux de consommation des crédits du chapitre 43-71 s'établissant ainsi à 98 % en 1999 et à 95 % en l'an 2000.

La Cour des comptes conclut à cet égard : « certes, cette évolution est vraisemblablement due à un « effet retard » du plan étudiant, dont les crédits ont été mis en place en fonction de l'échéancier prévu, alors que le rythme de consommation habituel des crédits et la nouveauté de certaines mesures ont été un frein à leur mise en oeuvre. Mais on doit aussi remarquer que la sur-dotation des chapitres concernés est un phénomène ancien, constaté dès avant l'existence du plan social, qui n'a donc pas été résorbé, malgré les mesures successives d'annulation ayant concerné ce même chapitre depuis plusieurs années [8,28 millions d'euros en 1999 et 15,24 millions d'euros en l`an 2000] » ;

- à la fin de l'an 2000, le reliquat de fin de gestion des crédits du chapitre 43-71 atteignait ainsi 59 millions d'euros, soit près de 5 % des dotations initiales. Ce reliquat a été entièrement reporté le 22 mars 2001 sur les crédits pour 2001, une fraction (10,75 millions d'euros) en étant toutefois annulée le 21 mai 2001. Malgré cette nouvelle annulation, les crédits disponibles pour l'exercice 2001 demeuraient ainsi supérieurs de 4 % aux crédits votés en loi de finances initiale ;

- les crédits demandés pour 2002 pour le chapitre 43-71 ne progressent que de 16 millions d'euros 30( * ) . Cette faible progression est étonnante compte tenu des montants cumulés (environ 100 millions d'euros) de l'effet en année pleine des mesures déjà annoncées l'an passé pour la rentrée 2001 31( * ) (environ 76 millions d'euros) et de l'effet des mesures qui viennent être annoncées (26 millions d'euros). Ce paradoxe ne peut trouver que deux explications : ou bien les crédits demandés pour 2002 sont sous-estimés ; ou bien les crédits demandés pour 2001 ont été de nouveau grossièrement surestimés et les mesures d'ajustement prévues dans le projet de budget pour 2002 (- 10 millions d'euros) sont insuffisantes.

Dans les deux cas la gestion de ce chapitre soulève un problème de sincérité budgétaire (le chapitre servant délibérément de chapitre « réservoir ») et/ou de maladministration du dispositif d'aide sociale du ministère.

Les bourses d'enseignement supérieur,

le plan social étudiant et les autres aides en faveur des étudiants.

Les bourses d'enseignement supérieur financées par l'article 43-71.10 sont accordées par le recteur, après instruction des dossiers par les CROUS, aux étudiants suivant des formations habilitées (soit 1,7 million d'étudiants sur 2,1 millions).

Ces bourses se décomposaient traditionnellement comme suit :

- des bourses sur critères sociaux (environ 453.000 en 2000-2001) attribuées en fonction des ressources et des charges des parents ou du tuteur légal appréciées en fonction du barème national. Ces bourses ne concernaient pas les étudiants de troisième cycle. Leur montant maximum était de 21.402 francs par an en 2000-2001;

- des bourses sur critères universitaires (environ 15. 000 en 2000-2001) accordées sur proposition des présidents d'université en fonction de critères universitaires et sociaux à des étudiants suivant des formations particulières (bourses de DEA et d'agrégation, d'une part, bourses de services public pour des étudiants préparant des concours de la haute fonction publique, au nombre de 577 en 2000-2001, d'autre part).

Composé d'un ensemble de mesures de portée inégale, le plan social étudiant lancé à la rentrée universitaire 1998 a consisté  jusqu'aux nouvelles mesures annoncées à la rentrée 2001 à :

- relever les plafonds de ressources ouvrant droit à l'octroi d'une bourse ;

- augmenter les taux nominaux des bourses (de 15 % au total en quatre ans, dont + 3 % à + 5 % selon les échelons à la rentrée 1998 ; + 0 % à la rentrée 1999 ; + 0 % à +3,5 % à la rentrée 2000, et + 7,5 % à la rentrée 2001), ce qui correspond à une revalorisation du pouvoir d'achat d'environ 10 %, la progression du montant moyen des bourses allouées étant toutefois nettement plus faible en raison d'un effet de structure ;

- créer la carte de transport « Imagine R » pour les étudiants franciliens ;

- mettre en place à partir de la rentrée 1999 des nouvelles bourses sur critères sociaux (des bourses à taux zéro, au nombre de 30.000 en 2000-2001, permettant seulement aux étudiants de bénéficier de l'exonération des droits d'inscription et de sécurité sociale, et des bourses de cycle, au nombre de 36.000 en 2000-2001, permettant aux étudiants de conserver leur bourse alors même qu'ils rencontrent des « difficultés dans leurs études », le plus souvent un redoublement) ;

- mettre en place à partir de la rentrée des « allocations d'études » destinées à aider les étudiants confrontées à des situations personnelles difficiles (par exemple la rupture des liens familiaux) mais ne répondant pas aux critères sociaux (notamment lorsque les ressources de leurs parents sont au dessus des plafonds prévus). Le contingent de ces allocations d'études fut porté de 7.000 à la rentrée 1999 à 11.000 à la rentrée 2001.

Comme votre rapporteur l'avait déjà souligné, ces contingents ne sont toutefois pas entièrement consommés , seules 5.368 bourses sur 7.000 en 1999-2000 et 8.009 bourses sur 9.000 en 2000-2001 ayant été effectivement attribuées. Cela résulte à la fois d'un défaut d'information des étudiants et des difficultés de gestion d'un dispositif par essence relativement discrétionnaire, dont certaines académies ont fait un usage très parcimonieux ;

- créer des bourses de mérite d'un montant maximum de 40.005 francs par an pour les étudiants bacheliers avec mention très bien issus de familles modestes et se destinant aux études de médecine ou aux études menant vers les concours d'entrée à l'ENA, à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) ou aux grandes écoles scientifiques. Le nombre de ces bourses a été progressivement porté de 200 à la rentrée 1998 à 800 à la rentrée 2001, le taux de consommation de ces bourses étant toutefois en repli (95 % en 1998-1999; 91 % en 1999-2000 ; 83 % en 2000-2001).

Les mesures nouvelles annoncées à la rentrée universitaire 2001 , qui sont d'effet immédiat, visent à :

- l'extension aux étudiants inscrits en DESS du système des bourses sur critères sociaux, pour un coût de 18,6 millions d'euros en 2001, le dispositif antérieur de bourses sur critères « sociaux et universitaires » étant toutefois maintenu ;

- la création d'un contingent de 36.000 mois de bourses de mobilité destinées à permettre à environ 12.000 étudiants déjà boursiers sur critères sociaux de suivre une formation à l'étranger en bénéficiant d'un complément de bourse de 384 euros (2.519 francs) par mois durant en moyenne trois mois. Le coût de ce dispositif est en de 13,8 millions d'euros en année pleine ;

- la revalorisation du taux des bourses de 1,2 % à la rentrée 2002.

Au total, le dispositif mis en place par le plan social étudiant apparaît très touffus , un même étudiant pouvant parfois bénéficier de cinq ou six dispositifs alternatifs ou complémentaires, ce qui soulève des problèmes d'information .

Pourtant, ce dispositif ne recouvre qu'une minorité des aides allouées aux étudiants . Alimenté par une fraction des droits universitaires (55 francs), le fonds d'aide à la vie étudiante (FAVE), mis en place à la rentrée 1991 consacre ainsi environ un tiers de ses ressources (85 millions de francs en 1998, dernière année connue avec précision) à des actions sociales.

Surtout, comme le rappelait notre collègue M. Roland MUZEAU dans son rapport au nom de la commission des affaires sociales sur « l'allocation autonomie des jeunes de moins de vingt-cinq ans » 32( * ) , les étudiants bénéficient d'aides au logement majorées par rapport au droit commun et de nombreuses aides sont déployées indirectement (c'est à dire par l'intermédiaire de leurs familles) ou directement en faveur des jeunes de 16 à 25 ans : allocations familiales et complément familial versées aux familles au titre des jeunes de moins de 20 ans, majoration des aides au logement attribuées aux familles du fait des enfants âgées de moins de 21 ans, majoration du RMI du fait d'un enfant à charge de moins de 25 ans, avantages fiscaux au titre du quotient familial ou au titre de la déduction d'une pension alimentaire, exonération sous un certain plafond des revenus perçus à l'occasion d'emplois occasionnels, etc.

Le dispositif d'aide aux étudiants apparaît ainsi d'une extrême complexité .

Cependant, le rapport « regards sur l'Education » publié en l'an 2000 par l'OCDE suggérait que les aides publiques attribuées aux étudiants en France étaient sensiblement inférieures à celles attribuées à leurs homologues en Allemagne et aux Etats-Unis.

C'est dans ce contexte que des rapports successifs du Commissariat général du Plan (en février 2001) et du Conseil économique et social (en mars 2001) ont prôné la création respectivement d'une allocation d'autonomie pour les jeunes (18-25 ans) en contrepartie d'une formation et/ou d'un travail et d'une contribution de formation insertion, puis que fut créée par voie législative une « Commission nationale pour l'autonomie des jeunes » chargée en principe de rendre ses conclusions avant le 31 décembre 2001, délai qui ne semble pas pouvoir être respecté.

SECONDE PARTIE :

LE CONTEXTE DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR POUR 2002

A. LES ÉTUDIANTS ET LA VIE ÉTUDIANTE

1. L'évolution récente du nombre des étudiants

Rappelons que le nombre des étudiants avait augmenté de 76 % entre les rentrées 1980-1981 et 1994-1995.

Cette forte progression, qui résultait des effets combinés de la démographie, d'une part, des progrès de la scolarisation dans le second degré général et technologique, d'autre part, ne fut d'ailleurs pas propre à la France, comme le montre le tableau ci-après.

Progression du nombre des étudiants entre les rentrées 1980-1981 et 1994-1995

Portugal

234%

Autriche

71%

Grèce

145%

Belgique

63%

Irlande

121%

Italie

59%

Royaume-Uni

119%

Danemark

48%

Espagne

119%

Suède

45%

Finlande

81%

Allemagne

41%

France

76%

Pays-Bas

38%

Union européenne à 15

75%

 
 

Source : Eurostat

La progression du nombre des étudiants s'est toutefois ralentie à la rentrée 1994-1995 (+2,1 %) et à la rentrée 1995-1996 (+1,7 %), et le nombre d'inscrits dans l'enseignement supérieur s'est replié lors des rentrées 1996-1997, 1997-1998 et 1998-1999, avant de s'infléchir de nouveau légèrement à la hausse lors des rentrées 1999-2000 et 2000-2001.

Evolution des effectifs d'étudiants de l'enseignement supérieur

(France métropolitaine + DOM)

TYPE D'ETABLISSEMENT

1992-93

1993-94

1994-95

1995-96

1996-97

1997-98

1998-99

1999-00

2000-01

Universités (hors IUT ; ingénieurs universitaires compris)

1 225 554

1 318 129

1 353 445

1 382 491

1 360 836

1 331 181

1 309 808

1 302 228

1 307 693

Accroissement en nombre

66 767

92 555

35 316

29 046

-21 655

-29 655

-21 373

-7 580

5 465

Accroissement en %

5,8%

7,6%

2,7%

2,1%

-1,6%

-2,2%

-1,6%

-0,6%

0,4%

IUT

84 918

92 878

98 620

103 092

108 587

112 857

114 587

117 407

119 246

Accroissement en nombre

6 109

7 960

5 742

4 472

5 495

4 270

1 730

2 820

1 839

Accroissement en %

7,8%

9,4%

6,2%

4,5%

5,3%

3,9%

1,5%

2,5%

1,6%

IUFM

59 142

74 616

82 966

86 068

85 885

83 134

81 602

81 981

80 184

Accroissement en nombre

3 361

15 474

8 350

3 102

-183

-2 751

-1 532

379

-1 797

Accroissement en %

6,0%

26,2%

11,2%

3,7%

-0,2%

-3,2%

-1,8%

0,5%

-2,2%

Ecoles d'ingénieurs

38 194

40 889

42 357

43 836

44 646

46 218

48 542

50 340

52 537

Accroissement en nombre

2 945

2 695

1 468

1 479

810

1 572

2 324

1 798

2 197

Accroissement en %

8,4%

7,1%

3,6%

3,5%

1,8%

3,5%

5,0%

3,7%

4,4%

- dont universitaires

21 167

22 264

23 257

24 186

24 839

25 979

27 520

29 378

30 795

- dont indép. des universités

17 027

18 625

19 100

19 650

19 807

20 239

21 022

20 962

21 742

Ecoles normales supérieures

2 742

2 794

2 970

3 051

3 065

3 215

3 246

3 209

3 159

Accroissement en nombre

15

52

176

81

14

150

31

-37

-50

Accroissement en %

0,6%

1,9%

6,3%

2,7%

0,5%

4,9%

1,0%

-1,1%

-1,6%

Ensemble budget ens. supérieur (2)

1 389 403

1 507 042

1 557 101

1 594 352

1 578 180

1 550 626

1 530 265

1 525 787

1 532 024

Accroissement en nombre

76 939

117 639

50 059

37 251

-16 172

-27 554

-20 361

-4 478

6 237

Accroissement en %

5,9%

8,5%

3,3%

2,4%

-1,0%

-1,7%

-1,3%

-0,3%

0,4%

STS

235 829

236 725

232 675

230 239

235 843

238 907

240 067

242 385

242 620

CPGE (3)

72 658

72 810

71 553

76 417

78 839

79 439

77 856

77 302

76 492

Ecoles d'ing. publiques autres min.

12 243

12 724

12 985

13 115

13 202

13 496

13 928

14 219

14 670

Ecoles d'ingénieurs privées

16 635

17 660

18 461

18 689

18 993

19 384

20 484

21 192

22 106

Préparations intégrées

3 128

2 297

2 151

2 209

2 445

2 380

2 639

2 926

3 571

Ecoles de commerce

59 804

57 445

54 595

50 668

47 293

46 987

51 329

56 303

63 905

Etablissements universitaires privés (5)

20 279

20 989

21 867

22 129

22 327

21 893

22 397

22 237

21 623

Ecoles d'architecture

17 678

18 304

18 620

18 988

18 787

18 564

18 176

17 408

15 997

Ecoles sup.artistiques et culturelles (1)

28 261

30 325

30 886

31 308

28 344

30 406

30 336

31 715

31 631

Ecoles paramédicales et sociales (4)

79 013

82 924

84 047

86 429

86 234

84 036

83 614

86 327

86 327

Autres écoles de spécialités diverses

30 079

31 026

28 753

24 992

25 265

26 315

28 071

30 462

32 225

Ensemble autres établissements

575 607

583 229

576 593

575 183

577 572

581 807

588 897

602 476

611 167

Accroissement en nombre

30 231

7 622

-6 636

-1 410

2 389

4 235

7 090

13 579

8 691

Accroissement en %

5,5%

1,3%

-1,1%

-0,2%

0,4%

0,7%

1,2%

2,3%

1,4%

Ensemble (2)

1 964 990

2 090 271

2 133 694

2 169 535

2 155 752

2 132 433

2 119 162

2 128 263

2 143 191

Accroissement en nombre

101 150

125 261

43 423

35 841

-13 783

-23 319

-13 271

9 101

14 928

Accroissement en %

5,8%

6,4%

2,1%

1,7%

-0,6%

-1,1%

-0,6%

0,4%

0,7%

(1) Estimation des effectifs en 1995-1996 et en 2000-2001.

(2) Sans double compte des écoles d'ingénieurs dépendantes des universités.

(3) Y compris les effectifs de DECF (France métro : 6 045, DOM : 184, en 2000-2001).

(4) Les résultats de l'année 2000-2001 n'étant pas disponibles, les données définitives de l'année précédente ont été reportées.

(5) Estimation des effectifs en 2000-2001.

On peut toutefois noter que ces statistiques sont sans double compte (ou double inscription) au sein du monde universitaire (Instituts Universitaires de Technologie inclus), mais comportent des doubles comptes entre, d'une part les universités, d'autre part, les autres établissements d'enseignement supérieur. Ces doubles comptes sont généralement évalués à 5 % des effectifs universitaires.

L'évolution des effectifs par type d'établissement est la suivante :

- le nombre d'inscrits à l'université , de l'ordre de 1,1 million en 1990, est passé par un maximum proche de 1,4 million à la rentrée 1995. Cette croissance a concerné surtout les premier et deuxième cycles des disciplines générales. Elle résultait à la fois de la préférence manifestée par des bacheliers généraux, plus nombreux pour ce type d'études longues, et de l'amélioration sensible du taux d'accès en licence. Cette tendance était nette à la rentrée 1993, tout particulièrement en lettres et sciences humaines. La création des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) avait entraîné un afflux d'étudiants dans ces formations. La croissance des effectifs universitaires s'est réduite en 1994 et 1995. Une rupture s'est produite en 1996. Le recul des effectifs universitaires, confirmé en 1997 et 1998, a affecté d'abord le premier cycle puis les deuxième et troisième cycles. Cependant, le nombre d'étudiants en troisième cycle, stable en 1998, est en hausse sensible à la rentrée 1999. Globalement, à la rentrée 2000, le nombre d'inscrits à l'université s'élève à 1.307.693, en légère hausse (+ 0,4 %), n'atteint pas le niveau observé en 1993 (1.318.129). La diminution du premier cycle s'atténue progressivement (- 0,5 % en 2000). Les effectifs de deuxième cycle progressent de 0,7 %, après plusieurs années de baisse. Enfin, l'essor du troisième cycle se poursuit (+ 3,8 %) ;

- la montée en puissance des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), créés en 1991, s'est nettement ralentie à la rentrée 1995 et les effectifs ont légèrement diminué depuis la rentrée 1996 ;

- les formations technologiques courtes (IUT et Sections de Techniciens Supérieurs) ont bénéficié d'un regain d'intérêt de la part des jeunes bacheliers. Après quatre années de croissance, les effectifs d'inscrits en STS sont stables à la rentrée 2000 alors que l'essor des IUT se ralentit à partir de la rentrée 1998 ;

- le succès manifesté pour les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), à la suite de la réforme de 1995, s'est prolongé en 1996 et 1997. Depuis 1998, les effectifs sont stables ;

- le développement spectaculaire des formations d'ingénieurs , notamment universitaires et privées, s'est infléchi en 1994. La croissance s'est ensuite atténuée, puis a repris à la rentrée 1998 ;

- enfin, pour les écoles de commerce , gestion, vente et comptabilité, la désaffection survenue à la rentrée 1993 s'est ensuite ralentie, mais la reprise est nette depuis 1998.

2. Les prévisions de court terme du nombre des étudiants

Les effectifs réels de l'enseignement supérieur à la rentrée 2001 ne sont pas encore connus avec précision. En revanche, selon les prévisions de court terme publiées en juillet 2001 par le ministère de l'Education nationale pour les principales filières de l'enseignement supérieur (IUT, Universités, IUFM, écoles d'ingénieurs, classes préparatoires et sections de techniciens supérieurs, qui recouvrent au total environ 89 % des étudiants), le nombre global d'inscriptions devrait légèrement augmenter (+ 10 000 en 2001 et + 8 000 en 2002). Le fléchissement du nombre de bacheliers, lié à l'évolution démographique, leur permettrait d'être mieux accueillis dans les filières sélectives (IUT, STS et CPGE) et leur taux de poursuite d'études progresserait. Grâce au développement des licences professionnelles, le deuxième cycle universitaire accueillerait plus d'étudiants et le succès du troisième cycle se maintiendrait à court terme.

Ces prévisions reposent toutefois sur une hypothèse déterminante : la baisse du taux d'accueil global des bacheliers généraux et technologiques dans les six principales filières du supérieur, observée depuis la rentrée 1996, n'a pas été prolongée. En effet, en 2001 et 2002, le nombre de bacheliers devrait baisser et, dans le même temps, le nombre de places offertes en IUT, CPGE et STS devrait progresser. Aussi, dans ces filières sélectives, la « concurrence » serait-elle moins importante et les bacheliers seraient relativement plus nombreux à pouvoir s'y inscrire. En conséquence, dans les filières sélectives, les bacheliers généraux seraient relativement plus nombreux à entrer en IUT (+ 0,5 point en 2001 après + 0,3 en 2000) et en CPGE (+ 0,5 point après une stabilité en 2000), tandis que les STS accueilleraient relativement plus de bacheliers technologiques (+ 1,7 point en 2001 et + 0,7 point en 2002 après une baisse de 0,4 point en 2000). A l'université hors IUT, la baisse des taux de poursuite des bacheliers généraux et technologiques se prolongerait en 2001 et 2002, mais serait moins prononcée (- 1,2 puis - 0,4 point après une baisse de 1,9 point en 2000). Pour les bacheliers généraux, la baisse du taux de poursuite d'études proviendrait du moindre attrait des sciences pour les bacheliers scientifiques (- 1 point en 2001), et des disciplines littéraires pour les bacheliers L (- 0,2 point en 2001). Les nouveaux bacheliers technologiques seraient, eux aussi, moins attirés par les disciplines littéraires.

Cycle par cycle, les évolutions seraient par ailleurs contrastées :

- la baisse globale du nombre d'inscrits en premier cycle des principales filières du supérieur s'accentuerait en 2001 et 2002 (- 0,6 % puis - 0,8 %). Les tendances observées en 2000 se retrouveraient : baisse en université hors IUT, stabilité en CPGE et STS et progression en IUT ;

- en revanche, après trois années de baisse, le nombre d'étudiants en deuxième cycle a légèrement progressé en 2000 (+ 0,7 %), particulièrement en Sciences économiques et AES (+ 5,9 %). Cette hausse est la conséquence d'une croissance de 19,7 % des entrants directs (première inscription à l'université en deuxième cycle), soit + 4 800 étudiants, et des arrivées d'IUT (+ 2.200 étudiants). Ces progressions s'expliquent vraisemblablement par la mise en place des licences professionnelles (4 400 étudiants s'y sont inscrits à la rentrée 2000). Par contre, le taux d'accès global en deuxième cycle diminue de 1,7 point. Quant aux effectifs de troisième cycle , ils progressent pour la 3ème année consécutive, et encore plus fortement qu'en 1999 (+ 3,9 %). Ces tendances, sur les deuxième et troisième cycles, ont été prolongées pour les deux rentrées à venir. Aussi, grâce au développement des licences professionnelles, les effectifs du deuxième cycle progresseraient-ils successivement de 1,4 % puis 1,9 %. La croissance du nombre d'étudiants en troisième cycle devrait légèrement s'atténuer pour atteindre 2 % en 2002

3. Les perspectives d'évolution de long terme du nombre des étudiants

Les projections de long terme réalisées par le ministère de l'Education nationale ne portent que sur les quatre principales filières le l'enseignement supérieur (Universités, IUT, classes préparatoires et STS), à l'exception notamment des IUFM et des écoles d'ingénieurs.

Selon les dernières projections réalisées, dont les résultats devraient être publiés d'ici la fin 2001 :

- après une baisse de 2,1 points en 2000, le taux d'accueil des bacheliers généraux et technologiques dans les principales filières du supérieur augmenterait pendant deux ans (+ 0,5 point en 2 ans). En effet, la diminution du nombre de bacheliers et les ouvertures prévues de classes en IUT, STS et CPGE devraient réduire la « concurrence » à l'entrée de ces filières sélectives. Puis, jusqu'en 2005, la tendance à la baisse des taux de poursuite en université ne serait plus compensée par des entrées relativement plus nombreuses en filières sélectives et le taux de poursuite global fléchirait pour se stabiliser, ensuite, au niveau de celui de l'année 2000. En conséquence des évolutions du nombre de bacheliers et des taux d'accueil sur 10 ans, il y aurait 10.600 jeunes de moins en 2010 qu'en 2000 à entrer dans les 4 principales filières du supérieur. Cette baisse toucherait essentiellement les universités hors IUT. Elle serait importante les deux premières années ; puis l'augmentation du nombre de bacheliers généraux et technologiques se traduirait par une progression des flux d'entrée en 2003 et 2004. Après une période de stabilité, l'effectif des nouveaux entrants fléchirait à nouveau à partir de 2008 ;

- le nombre d'étudiants en université hors IUT progresserait à peine, en moyenne sur la période de projection et cette filière accueillerait 1 800 étudiants de plus en 2010 (+ 0,1 %). Au total, les effectifs universitaires, hors IUT, pourraient s'établir aux environs de 1.310.000. Cependant, l'évolution des effectifs universitaires serait contrastée selon les cycles et selon les disciplines. En effet, en lien avec les évolutions des flux d'entrée, les effectifs du premier cycle universitaire diminueraient les trois premières années (- 6 800 étudiants par an, en moyenne, sur 3 ans). Puis ce cycle connaîtrait 5 années de stabilité avant de décroître à nouveau, en fin de période. Au total, il y aurait 22.200 étudiants de moins en 1 er cycle, en 2010 par rapport à 2000. En revanche, ce mouvement à la baisse ne se retrouverait pas dans les deux autres cycles : en 2010, il y aurait 10.400 jeunes de plus qu'en 2000, poursuivant des études en deuxième cycle universitaire et le nombre d'étudiants inscrits en troisième cycle serait plus élevé de 13 600. Sous l'angle des disciplines , les effectifs devraient progresser fortement en sciences économiques et Administration Economique et Sociale (+ 14,6 % sur 10 ans) et, dans une moindre mesure, en Sciences (+ 1,9 %) et en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (+ 1,3 %). En revanche, les formations littéraires verront sans doute leurs effectifs totaux diminuer ( - 4,9 % sur 10 ans).

Projections d'effectifs dans les principales filières de l'enseignement supérieur

 

1990

1995

2000*

2001

2002

2005

2010

Université (hors IUT et IUFM)

1 108 456

1 382 492

1 307 687

1 310 500

1 315 400

1 315 600

1 309 500

- dont premier cycle

549 334

686 353

600 223

590 700

581 700

582 100

578 000

- dont deuxième cycle

376 011

490 090

487 583

494 500

504 000

497 400

498 000

- dont troisième cycle

183 111

206 049

219 881

225 300

229 700

236 100

233 500

 
 
 
 
 
 
 
 

IUT

74 328

103 092

119 246

122 200

123 300

125 100

124 500

- dont IUT secondaire

35 504

47 256

51 917

53 200

53 800

54 600

54 300

- dont IUT tertiaire

38 824

55 836

67 329

69 000

69 500

70 500

70 200

 
 
 
 
 
 
 
 

CPGE

64 514

70 288

70 263

70 100

70 200

71 200

70 600

 
 
 
 
 
 
 
 

STS

204 920

236 426

248 889

249 300

248 900

251 200

249 000

- dont STS production

63 809

87 049

89 686

89 700

89 800

89 900

89 000

- dont STS services (**)

141 111

149 377

159 203

159 600

159 100

161 300

160 000

Ensemble

1 452 218

1 792 298

1 746 085

1 752 100

1 757 800

1 763 100

1 753 600

Source : ministère de l'Education nationale

Projections d'effectifs universitaires par discipline

 

1990

1995

2000*

2001

2002

2005

2010

Droit

161 004

197 664

182 542

181 600

180 600

179 400

178 600

Sc. Eco., AES

126 907

161 709

165 329

173 000

180 600

189 600

189 500

Lettres, Sc. Humaines

410 739

529 412

489 850

486 200

482 300

471 500

466 000

Sciences

245 025

320 346

284 156

284 400

285 800

288 600

289 700

STAPS

11 716

20 549

45 141

45 500

46 300

45 900

45 700

Santé

153 065

152 811

140 669

139 800

139 800

140 600

140 000

Toutes disciplines

1 108 456

1 382 492

1 307 687

1 310 500

1 315 400

1 315 600

1 309 500

Source : ministère de l'Education nationale

Il convient toutefois de souligner que ces résultats sont issus d'un scénario « tendanciel » , c'est à dire ne reflètent que les tendances à l'oeuvre en matière de démographie et de choix d'orientation, à l'exclusion de toute inflexion des politiques publiques.

En particulier, ces projections ne prennent pas en compte le développement potentiel de la formation tout au long de la vie et des reprises d'études.

4. Les mesures prises contre la désaffection des études scientifiques

Les études scientifiques connaissent depuis plusieurs années une certaine désaffection : entre 1994 et 1999, les effectifs des premiers cycles scientifiques se sont ainsi repliés de 23 % sans que cette baisse ne puisse entièrement s'expliquer par la diminution du nombre de bacheliers scientifiques. En outre, les candidats aux classes préparatoires scientifiques sont moins nombreux. Enfin, les filles s'orientent presque moitié moins que les garçons vers les filières scientifiques.

Confronté à ce constat, le ministre de l'Education nationale annonçait dans son discours d'orientation du 11 octobre 2001 : « en tout cas, des mesures ont été prises : le ministère a mis en place une rénovation des DEUG scientifiques dans une quinzaine d'universités et ce, avec succès. De nouvelles méthodes pédagogiques ont été mises en oeuvre, un travail en petits groupes a permis de faire progresser efficacement les étudiants : l'Université Lille I, par exemple a vu ses effectifs remonter. Il faut donc étendre cette expérience : cela sera fait dès cette année. Mais ceci reste insuffisant puisqu'il apparaît que ce phénomène mondial a plusieurs origines qu'il s'agit d'identifier et de nombreux effets négatifs qu'il convient de corriger. Dans cet esprit, je peux vous annoncer la mise en place d'un dispositif ambitieux, visant à produire une analyse claire des causes de cette désaffection de la science et de la technologie, et de proposer un ensemble de mesures propres à lutter contre cette évolution très inquiétante. Sous l'égide d'un groupe de pilotage composé de personnalités éminentes, le travail à réaliser portera à la fois sur la dimension formation et sur la dimension « science et société ».

En décembre 2000, le ministre de l'Education nationale chargeait de cette mission le président de l'Académie des sciences, en indiquant que celui-ci remettrait la première partie de ses travaux (sur l'analyse des causes du phénomène) en mai 2001 et son rapport définitif en septembre 2001.

En conséquence, votre rapporteur spécial a demandé au ministre dans le cadre de son questionnaire sur le projet de budget pour 2002 de préciser le « dispositif ambitieux » et « l'ensemble de mesures propres à lutter contre cette évolution très inquiétante » annoncés en octobre 2000.

La réponse transmise à votre rapporteur spécial est intégralement reproduite dans l'encadré ci-après, afin que chacun puisse apprécier les suites apportées un an après à cette annonce:


Le nouveau « dispositif ambitieux » visant à lutter contre la désaffection des filières scientifiques selon le ministère de l'Education nationale

« La baisse d'effectifs dans certaines filières scientifiques est un phénomène complexe qui peut être mieux approché en examinant à la fois les évolutions du vivier des candidats concernés et celles des formations concurrentes.

La diminution des flux d'entrée en sciences provient d'abord de la baisse du nombre de bacheliers scientifiques et, ensuite, de leur moindre propension à s'orienter vers l'université. En effet, l'orientation des bacheliers scientifiques ne se fait plus en priorité vers les Diplômes d'Etudes Universitaires Générales (DEUG) scientifiques. Les classes préparatoires (CPGE), les filières courtes (Section de Techniciens Supérieurs, Institut Universitaire de Technologie), les écoles d'ingénieurs et même quelques filières longues, telles que la médecine ou le droit, sont privilégiées par ces bacheliers dans leur choix d'orientation.

La rénovation des DEUG scientifiques

Dès 1998, face à la baisse continue du flux des entrants et aux taux d'échec élevés dans les filières scientifiques, le ministère de l'éducation nationale a initié à titre expérimental dans six universités (Bordeaux 1, Grenoble 1, Lille 1, Littoral, Montpellier 2 et Paris 11) la rénovation de leurs DEUG scientifiques.

Les campagnes d'habilitation 1999, 2000 et 2001 ont permis d'examiner les maquettes des DEUG scientifiques élaborées par les universités en phase contractuelle. L'expertise de ces maquettes a permis de constater que l'organisation des formations présentées a été le plus souvent rénovée dans une optique d'amélioration des méthodes d'enseignement et des pratiques pédagogiques et de diversification des moyens d'enseignement, prenant en compte l'hétérogénéité des étudiants. L'accent est porté sur le travail en «petit groupe» et sur le recours aux technologies multimédia.

Ce dispositif a donné des résultats très positifs : c'est ainsi que, depuis 1998, le taux de réussite aux différentes mentions du DEUG sciences et technologies de Bordeaux 1 et le taux de réussite au DEUG mention sciences de la matière de Grenoble 1 et de Lille 1 se sont accrus de 15 à 20%.

Perspectives

Ce mouvement de rénovation des DEUG scientifiques, qui touche aujourd'hui toutes les universités scientifiques, s'est accompagné d'opérations de sensibilisation des lycéens : des universitaires se sont rendus dans des lycées et, à l'inverse, des lycéens ont participé à des travaux pratiques à l'Université.

Enfin la mise en place dans chaque académie d'un schéma de formation post baccalauréat contribue à améliorer nettement l'orientation des étudiants. Dans le cadre de la mise en oeuvre de ces schémas, le développement des DEUG scientifiques revêt un caractère prioritaire.

De manière à soutenir ces évolutions, de favoriser l'extension des initiatives prises ici où là, le ministre a annoncé dans sa conférence de presse de rentrée :

- l'organisation, confiée à l'Agence de modernisation des Universités, en novembre 2001, d'un séminaire public qui rendra compte de ces diverses réussites et qui pourra inspirer d'autres initiatives ;

- l'organisation par l'Université Lille 1, à la fin du mois de février 2002, avec le concours de la Direction de la programmation et du développement, d'un colloque permettant d'examiner les raisons qui limitent l'attrait des jeunes pour les études scientifiques universitaires longues ;

- enfin, Monsieur Maurice Porchet, professeur de biologie à l'Université de Lille I, est chargé d'une mission d'information sur la nature des problèmes que rencontrent ses collègues étrangers, de réalisation d'une synthèses des études menées sur ce sujet et d'une synthèse des actions entreprises, de contact avec les acteurs concernés de l'enseignement scolaire, de mise en cohérence de toutes les initiatives lancées.

Les propositions d'action rapides, formulées à la suite de cette mission, viendront compléter les mesures qui sont déjà mises en oeuvre.

Source : ministère de l'Education nationale, réponse au questionnaire budgétaire de la commission des finances du Sénat.

5. L'évolution du nombre des étudiants étrangers

Il convient de souligner que la hausse du nombre d'étudiants observée à la rentrée 2000-2001 s'expliquait entièrement par la forte progression du nombre d'étudiants étrangers (+ 9,4 %), tandis que le nombre des étudiants français s'incrivait en repli (-0, 4 %).

Cette progression est principalement due aux étudiants originaires d'un Etat européen non-membre de l'Union européenne (+ 16,4 %) - notamment des pays de l'Est-, d'Asie (+ 16 %) ou d'Afrique (+ 11,4 %). En revanche, on observe un léger repli des ressortissants de l'Union européenne (- 1,6 %).

Cette progression contraste avec le déclin de la part des étudiants étrangers dans les universités de France métropolitaine entre 1985 et 1997 (cf. tableau ci-après). On peut en effet rappeler que le ralentissement du flux des étudiants africains à partir 1985 avait provoqué une baisse de la population étrangère à l'université, puis que de 1988 à 1993, la mise en place des programmes d'échanges communautaires avait favorisé la venue, en France, d'étudiants européens ; les inscriptions d'étudiants étrangers ayant donc connu une période d'augmentation, mais que la diminution de l'effectif étudiant de nationalité étrangère a été régulière de 1994 à 1997 et qu'elle résultait surtout de la chute du nombre des étudiants d'origines africaine et asiatique, les effectifs européens restant stables.

Les étudiants étrangers à l'université : évolution 1985-2000

France métropolitaine

1985-1986

1992-1993

1993-1994

1994-1995

1995-1996

1996-1997

1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

Effectifs

131 979

138 477

139 563

134 418

129 761

125 205

121 624

121 582

128 788

140 849

Variation annuelle en %

 

1,1

0,8

-3,7

-3,5

-3,5

-2,9

0,0

5,9

9,4

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Proportion d'étudiants étrangers en %

13,6

10,7

10,0

9,4

8,9

8,6

8,5

8,7

9,2

10,0

Source : ministère de l'Education nationale

La répartition des étudiants étrangers par type d'études et par nationalité est reproduite dans le tableau ci-après. On peut ainsi remarquer qu'à la rentrée 2000, la proportion d'étudiants étrangers la plus élevée est observée en sciences économiques et dans les filières de la santé. Cependant, le choix de la discipline varie selon l'origine géographique des étudiants. Ainsi, six étudiants américains sur dix sont inscrits en lettres et sciences humaines. Cette discipline est également privilégiée par les Européens et les Asiatiques - 48 % des premiers et 42 % des seconds suivent des études littéraires à l'université - bien que les ressortissants de certains Etats, comme le Liban ou la Syrie, s'orientent davantage vers des études médicales ou scientifiques. Quant aux Africains, ils se dirigent, de manière équivalente, vers les disciplines littéraires, scientifiques et économiques. Par ailleurs, l a présence d'étudiants étrangers s'accroît sensiblement selon le cycle . En premier cycle, les étudiants étrangers ne représentent, en 2000-2001, que 7,3 % des effectifs ; en deuxième cycle, leur part passe à 9,5 % et dépasse les 20 % en troisième cycle.

Quoi qu'il en soit, le redressement du nombre des étudiants étrangers trouve sans doute pour partie son origine dans la prise de conscience récente de la nécessité de promouvoir l'attractivité de notre enseignement supérieur, et des premières mesures prises en ce sens.

On peut en effet rappeler que les ministères des Affaires étrangères, d'une part, de l'Enseignement supérieur, d'autre part, ont récemment mis en oeuvre les réformes suivantes :

- la simplification des procédures d'obtention des visas étudiants en application de la loi n° 98-349 du 11 mai 1998 relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d'asile ;

- l'élargissement pour les étudiants étrangers des possibilités d'accès à un emploi à temps partiel ;

- la création au sein de la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) du ministère des affaires étrangères d'un Bureau de la formation des étrangers en France qui marque cette priorité désormais accordée à la formation des étrangers en France ;

- la création du programme de bourse d'excellence « Eiffel », destiné à former des décideurs étrangers de l'entreprise et de l'administration et à soutenir l'action internationale des établissements d'enseignement supérieur français. Les candidatures à ces bourses sont présentées exclusivement par les établissements d'accueil et les candidats sont sélectionnés par un comité national représentatif de ces établissements. Depuis son lancement début 1999, ce programme a permis de sélectionner plus de 900 étudiants ;

- le lancement de grands programmes de formation, très ciblés, mis en place en collaboration avec des partenaires étrangers, cofinancés par les deux pays et dont la gestion est confiée à des opérateurs français publics ou privés (Brésil, Chili, Colombie, Malaisie, Syrie, Vietnam) ;

- enfin, la création de l'Agence EduFrance en 1998 pour coordonner notre offre internationale de services éducatifs. Principalement financée par ses deux ministères de tutelle, cette Agence est un groupement d'intérêt public (GIP), qui réunit les établissements d'enseignement supérieur qui le souhaitent, aux côtés des ministères de l'Education nationale, de la Recherche et des Affaires étrangères, et qui a pour mandat la promotion de l'enseignement supérieur français. Elle est devenue opérationnelle début 1999. En 2000, l'agence a pris en charge directement l'accueil en France de 359 étudiants étrangers, auxquels elle a vendu un « produit complet » incluant une formation supérieure et les prestations d'accueil proposées par ses partenaires (EGIDE, CNOUS...). Les « produits » vendus ont concerné pour 75 % les formations longues (1 an ou plus), la moitié de ces formations longues étant du français langue étrangère, pour 20 % les universités d'été, et pour 5 % les étudiants du programme « N+1 » (programme regroupant des écoles d'ingénieurs de plusieurs pays européens). La répartition géographique de ces étudiants montre l'importance des étudiants d'origine asiatique (226 étudiants dont 201 chinois, soit 63 % de l'effectif accueilli). Viennent ensuite les étudiants d'Amérique latine (28 %, surtout Mexique et Brésil), puis ceux originaires de pays européens (8 %).

Origine géographique et répartition par discipline des étudiants étrangers à l'université en 2000-2001

France métropolitaine

Droit

Sciences éco, AES

Lettres, sciences humaines

Sciences et STAPS

Médecine, pharmacie, dentaire

IUT

Total

% Nation

Europe

6 299

5 356

19 508

5 363

3 149

899

40 574

28,8

- Union européenne

4 244

2 984

13 463

3 614

1 864

629

26 798

19,0

dont :

 
 
 
 
 
 
 
 

Allemagne

903

597

2588

786

406

98

5378

3,8

Italie

493

385

1769

644

348

86

3725

2,6

Espagne

460

329

1996

572

240

52

3649

2,6

Grande-Bretagne

577

271

1536

260

63

81

2788

2,0

Grèce

540

262

1470

199

99

8

2578

1,8

Portugal

326

274

1029

343

122

124

2218

1,6

Belgique

312

272

776

313

299

82

2054

1,5

Luxembourg

214

236

538

221

189

6

1404

1,0

- hors Union européenne

2 055

2 372

6 045

1 749

1 285

270

13 776

9,8

dont :

 
 
 
 
 
 
 
 

Roumanie

449

446

697

538

681

49

2860

2,0

Pologne

363

272

1118

180

80

74

2087

1,5

Bulgarie

350

558

674

198

100

16

1896

1,3

Russie

185

360

903

167

72

16

1703

1,2

Asie

1 804

2 966

8 467

3 290

2 984

644

20 155

14,3

dont :

 
 
 
 
 
 
 
 

Chine

160

1092

1468

533

105

93

3451

2,5

Liban

277

372

513

672

949

29

2812

2,0

Turquie

322

363

670

248

105

107

1815

1,3

Corée du Sud

123

101

1389

127

30

30

1800

1,3

Japon

101

60

1326

48

25

6

1566

1,1

Viet Nam

89

341

417

323

212

90

1472

1,0

Syrie

52

40

219

288

814

3

1416

1,0

Afrique

8 762

14 584

17 602

16 221

9 071

3 527

69 767

49,5

dont :

 
 
 
 
 
 
 
 

Maroc

2 101

4 473

4 963

5 631

2 465

1 705

21 338

15,1

Algérie

1 091

1 377

3 419

2 885

2 893

332

11 997

8,5

Tunisie

702

1 250

1 685

1 679

888

134

6 338

4,5

Sénégal

743

1 361

1 476

1 051

176

335

5 142

3,7

Cameroun

644

654

652

771

505

154

3 380

2,4

Côte d'Ivoire

591

790

456

516

232

83

2 668

1,9

Madagascar

199

670

491

432

495

95

2 382

1,7

Congo

462

595

523

325

229

184

2 318

1,6

Gabon

306

359

660

534

97

27

1 983

1,4

Amériques

1 164

734

5 995

1 400

585

115

9 993

7,1

dont :

 
 
 
 
 
 
 
 

États-Unis d'Amérique (USA)

246

105

2 088

96

19

9

2 563

1,8

Brésil

158

73

778

273

99

10

1 391

1,0

Océanie

32

28

120

15

9

1

205

0,1

Apatrides ou non déclaré

16

16

67

26

16

14

155

0,1

Toutes nationalités

18 077

23 684

51 759

26 315

15 814

5 200

140 849

100,0

Proportion d'étrangers

10,1

14,6

10,8

8,1

11,3

4,4

10,0

 

Il convient toutefois de souligner que notre enseignement supérieur demeure peu attractif pour étudiants des pays anglo-saxons, comme le montre le tableau précédent.

En outre, le ministère des affaires étrangères réduit globalement le nombre des bourses qu'il accorde.

Evolution du nombre de boursiers des gouvernements français et étrangers gérés par le CNOUS

Origine des boursiers

1997

1998

1999

2000

Ministère des Affaires Etrangères

8.900

9.215

7.953

7.442

Agence pour l'enseignement du français à l'étranger (AEFE)

212

222

288

252

Ministère de la Coopération et Francophonie

17

4

0

0

Co-financés par les gouvernements français & étrangers

343

324

467

618

Conventions

275

1.758

2.009

2.381

TOTAL

9.747

11.523

10.717

10.693

Source : ministère de l'Education nationale.

C'est dans ce contexte que le Ministre de l'Education Nationale et celui des Affaires Etrangères ont confié une mission d'étude sur l'accueil des étudiants au professeur Elie Cohen, ancien président d'université, dont les propositions sont exposées dans l'encadré ci-après.

Les propositions du rapport de M. Elie Cohen sur l'accueil des étudiants étrangers

Les dispositions proposées s'articulent autour de quatre lignes d'action :

Une première ligne d'action concerne des dispositions incitant les établissements à formuler une politique de développement de leurs actions internationales et à adopter des mesures d'amélioration des conditions d'accueil des étudiants étrangers. Ces mesures portent à la fois sur la formulation d'un plan d'action à l'international, la structuration des services chargés de l'accueil des étudiants étrangers et la généralisation des guichets uniques ou des dépôts groupés de demandes de titres de séjour. Le rapport recommande que la déclaration internationale puisse servir de support à la négociation du contrat quadriennal non seulement entre les établissements et le ministère de l'Education nationale, mais également avec le ministère des Affaires étrangères. En outre, l'usage par les tutelles de dispositifs incitatifs portant sur le lancement d'appels à projets assortis de soutiens financiers ou de bourses destinées aux étudiants étrangers présenterait certainement un caractère mobilisateur et structurant. Enfin, le rapport souligne la nécessité de la mise en place d'un système d'information interne aux établissements permettant le suivi des réalisations en matière de mobilité entrante ou sortante.

Une deuxième ligne d'action vise à mettre en place ou à renforcer les instruments d'information , de coordination, d'orientation et d'évaluation concernant les politiques d'accueil des étudiants étrangers. Elle propose notamment la mise en place d'instances de coordination entre les acteurs intervenant en matière d'accueil des étudiants étrangers et le renforcement du système d'information concernant leur population et son évolution.

Une troisième ligne d'action porte sur l'amélioration de la cohérence de la chaîne de l'accueil . En amont du cursus, elle propose de porter une attention particulière aux procédures de préinscription, notamment dans le cas des élèves des lycées français de l'étranger dont les candidatures devraient être traitées de façon plus rapide. En cours de cursus, les efforts recommandés concernent tant les aspects pédagogiques (généralisation des systèmes de crédits, semestrialisation véritable, effort de lisibilité sur la gamme des diplômes, tutorat) que des aspects administratifs (notamment avec la facilitation de l'accès à un emploi à temps partiel). En aval du cursus, les mesures proposées visent à aider les étudiants étrangers à préparer leur retour dans le pays d'origine grâce à une aide à l'élaboration de projets d'activité, à assurer un meilleur suivi des anciens élèves de l'enseignement supérieur français, à faciliter l'accès à une première expérience professionnelle au terme de la formation suivie.

Une quatrième ligne d'action recommandée porte sur l'effort nécessaire pour améliorer l'hébergement des étudiants étrangers . Le rapport recommande notamment qu'un point soit réalisé sur les projets inscrits dans le cadre du plan "Université du troisième Millénaire" et que des inflexions soient apportées à ce dernier, si nécessaire, pour traduire dans les faits le caractère prioritaire reconnu à l'amélioration des conditions d'accueil des étudiants étrangers.

La dernière version de ce rapport a été remise aux ministres signataires de la lettre de mission au cours du mois de juillet 2001, et, s'agissant des suites données à ce rapport, le ministère de l'Education nationale a indiqué en réponse à votre rapporteur spécial que «  le processus d'évaluation et de mise en oeuvre des propositions [était] en cours ».

On pouvait toutefois s'interroger sur la nécessité d'un rapport supplémentaire sur le sujet, après le rapport de M. Albert Prévos, Inspecteur Général de l'Education Nationale (mars 1999), le rapport de M. Bernard Dufourg (avril 1999) et les rapport d'information de nos collègues député Alain Claeys (septembre 1999) et Odette Trupin (juin 2001), dont le rapport de M. Elie Cohen reprend à son compte de nombreuses propositions.

En outre les recommandations des rapports précédents avaient connu des suites incertaines, alors même qu'elles n'impliquaient pour la plupart que des réformes d'organisation et non des dépenses supplémentaires.

En particulier, l'appel à une meilleure coordination des intervenants ou à une clarification de leurs responsabilités respectives est devenu un refrain sans effet.

6. La mobilité internationale des étudiants français

Il n'existe à ce jour aucun dispositif de suivi statistique de la mobilité internationale des étudiants français, ce que l'on ne peut que regretter.

Selon les estimations de l'EAIE (European association for international education), reprises par notre collègue députée Odette Trupin dans son rapport d'information 33( * ) « La France et le défi mondial de l'éducation » présenté en juin 2001 au nom de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, la France se situerait dans la moyenne européenne (environ 10 % des étudiants effectuant au moins un séjour à l'étranger dans le cadre de leurs études), mais serait caractérisée par de grandes disparités entre les grandes écoles, d'un côté, les universités de l'autre.

En termes de flux, la proportion d'étudiants français effectuant une année donnée un séjour à l'étranger serait ainsi de l'ordre de 2 % (Eurostat ayant ainsi recensé 31.000 étudiants français dans d'autres pays européens en 1997-1998, dont 15.000 dans le cadre du programme ERASMUS), ce qui semble en tout état de cause très faible.

Au demeurant, les raisons en sont bien connues.

En premier lieu, comme le soulignait notre collègue députée Odette Trupin, les universités avaient jusqu'à une période récente tendance à considérer la mobilité comme la résultante d'un projet individuel des étudiants, en dehors de toute politique volontariste de l'établissement. En outre, les séjours à l'étranger demeuraient difficile à valider.

En second lieu, les bourses allouées sont très loin de couvrir les surcoûts liés à la mobilité internationale et les gains liés à un séjour à l'étranger sont incertains. Une enquête récemment conduite à la demande de la Commission européenne sur l'insertion professionnelle des étudiants bénéficiaires d'ERASMUS trois ans après leur séjour suggérait en effet que 20 % de ceux-ci travaillaient à l'étranger (contre 5 % des non-mobiles), 22 % y étaient envoyés régulièrement par leur employeur (contre 10 % des non-mobiles), mais que moins de la moitié des anciens étudiants ERASMUS qui souhaitaient travailler à l'étranger y étaient parvenus, que la qualité de leur insertion professionnelle n'était guère différente de celle des autres étudiants et que leur rémunération n'était en moyenne supérieure que de 8 %, malgré un taux d'expatriation plus élevé.

Les bourses d'aide à la mobilité internationale

La Commission européenne alloue à chaque Etat membre un montant destiné à être réparti par allocations entre les étudiants candidats à la mobilité. Le bénéfice d'une allocation ERASMUS implique la pleine reconnaissance par l'université d'origine de la période d'étude effectuée dans un établissement d'un autre pays de l'Union. Les étudiants ERASMUS sont dispensés des frais de scolarité dans leur établissement d'accueil. Les principaux pays de destination des étudiants français ERASMUS sont le Royaume-Uni (36,86 % en 1998-1999), l'Espagne (18 %) et l'Allemagne (15,96 %). Le montant moyen de l'allocation mensuelle octroyée aux étudiants français ERASMUS s'élevait à 125 euros en 1999-2000.

Depuis 1990, le ministère de l'Education nationale complète l'aide communautaire en allouant aux étudiants concernés une somme supplémentaire prélevée sur un budget annuel de 10 millions de francs. En 2001, ce budget annuel a été porté à 20 millions de francs (soit environ 200 francs par mois et par étudiant).

Par ailleurs, de nombreux conseils régionaux soutiennent la mobilité étudiante en accordant des allocations d'un niveau très variable selon les régions.

Enfin, le contingent des bourses ERASMUS demeure très limité si on le rapporte au nombre total d'étudiants, comme le montre le tableau ci après.

Répartition par pays des étudiants ERASMUS français

Pays

1995/1996

1996/1997

1997/1998

1998/1999

1999/2000

Royaume-Uni

5 688

5 175

6 148

6 028

5 794

Espagne

2 179

2 042

2 653

2 947

3 114

Allemagne

2 002

1 829

2 426

2 611

2 814

Irlande

744

709

806

869

953

Italie

743

674

809

868

1 016

Pays-Bas

431

458

566

649

694

Suède

385

342

414

551

649

Finlande

191

203

277

333

324

Danemark

153

181

196

288

285

Autriche

218

210

239

269

304

Portugal

221

192

216

257

247

Belgique

304

257

240

245

301

Grèce

159

135

158

137

132

Norvège

66

91

108

123

136

Hongrie

 
 
 

46

74

Rép.Tchèque

 
 
 

37

69

Pologne

 
 
 

34

92

Roumanie

 
 
 

33

58

Islande

5

6

4

14

8

Luxembourg

2

1

3

5

2

Europe

3

 
 

4

1

Chypre

 
 
 

2

3

Slovaquie

 
 
 

1

4

Bulgarie

 
 
 
 

7

Estonie

 
 
 
 

1

Lettonie

 
 
 
 

1l

Total

13 494

12 505

15 263

16 351

17 093

Source : ministère de l'Education nationale

C'est dans son contexte que le projet de loi de finances pour 2002 prévoit l'octroi de 12.000 bourses de mobilité d'un montant mensuel de 384 euros (2.519 francs) pendant trois mois réservées aux étudiants boursiers sur critères sociaux (et cumulables avec leur bourse sur critères sociaux).

En outre, la mise en oeuvre des projets de réorganisation de enseignements en semestres et en crédits transférables et capitalisables (système ECTS) se poursuit doucement : définie lors des sommets de la Sorbonne (1998) et de Bologne (1999), cette réforme a été esquissée par le ministre de l'Education nationale en octobre 2000, annoncée en avril 2001, retardée à la suite notamment des réticences exprimées par certaines organisations étudiantes, qui craignaient qu'elles ne s'accompagne de la suppression des épreuves de rattrapage, et n'a été présentée au CNESER qu'en novembre 2001.

Cette réforme favoriserait cependant de manière considérable la mobilité des étudiants, aussi bien entre établissements français qu'à l'échelle européenne.

7. La mobilité régionale des étudiants français

Votre rapporteur spécial avait demandé au ministère de l'Education nationale de lui transmettre les résultats des études en sa possession sur la mobilité géographique des étudiants. En effet, la connaissance de ces flux est importante dans une perspective d'aménagement du territoire.

Les seuls résultats récents disponibles sont toutefois ceux, reproduits ci-après, d'une étude relative à la mobilité inter académique des jeunes bacheliers lors de leur entrée dans l'enseignement supérieur.

Mobilité inter académique des bacheliers 2000

 

Poids de

 

Part des

Part des

Part des

Académie

l'académie

 

entrants

sortants

stables

Aix-Marseille

4,3

 

16,5

11,3

88,7

Amiens

2,9

 

11,6

28,8

71,2

Besançon

2,0

 

16,3

19,6

80,4

Bordeaux

4,1

 

21,2

12,7

87,3

Caen

2,3

 

9,8

16,9

83,1

Clermont-Ferrand

2,0

 

15,0

18,7

81,3

Corse

0,4

 

2,9

33,1

66,9

Dijon

2,5

 

13,8

25,5

74,5

Grenoble

5,1

 

10,3

21,9

78,1

Ile-de-France

19,0

 

13,0

2,9

97,1

Lille

7,5

 

8,2

3,2

96,8

Limoges

1,0

 

25,0

23,0

77,0

Lyon

4,9

 

32,9

9,0

91,0

Montpellier

3,5

 

25,6

11,4

88,6

Nancy-Metz

4,1

 

10,9

9,9

90,1

Nantes

5,1

 

12,9

13,4

86,6

Nice

2,8

 

12,5

15,6

84,4

Orléans-Tours

3,8

 

12,2

18,0

82,0

Poitiers

2,1

 

34,5

20,3

79,7

Reims

2,2

 

18,4

21,5

78,5

Rennes

5,4

 

11,0

8,6

91,4

Rouen

2,9

 

8,8

14,5

85,5

Strasbourg

2,7

 

18,0

6,3

93,7

Toulouse

4,2

 

19,7

9,4

90,6

Total France métropolitaine

96,8

 

15,2

11,7

88,3

Antilles-Guyane

1,4

 

1,5

22,6

77,4

La Réunion

1,3

 

2,1

11,0

89,0

TOM

0,5

 

1,4

24,7

75,3

Total France entière

100,0

 
 
 
 

Définitions :

Le poids de l'académie est la proportion du nombre de bacheliers de l'académie sur l'ensemble des bacheliers de la France entière.

Les bacheliers « stables » ont eu leur baccalauréat dans une académie et poursuivent leurs études dans la même académie ; les « entrants dans l'académie A » sont constitués par les bacheliers qui ont eu leur baccalauréat dans une académie différente de A et qui poursuivent leurs études dans l'académie A et les « sortants de l'académie A » sont les bacheliers qui ont eu leur baccalauréat dans l'académie A et qui poursuivent leurs études dans une académie différente de A.

La part des « stables » est calculée par rapport aux bacheliers de l'académie A qui poursuivent dans le supérieur, soit les stables + les sortants.

8. Le cumul études/activités salariées

Dans le cadre des réflexions en cours sur la situation sociale des étudiants, votre rapporteur spécial avait demandé au ministère de l'Education nationale les données disponibles en matière de cumul d'études et d'activités salariées. Les réponses du ministère sont détaillées dans l'encadré ci-après.

Les étudiants salariés

« D'une manière générale, 48 % des étudiants travaillent durant l'année universitaire, et 63% pendant les vacances d'été.

Par rapport aux chiffres issus de l'enquête de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) de 1997, on constate, en 2000, une forte augmentation de la proportion d'étudiants qui exercent une activité rémunérée durant l'année universitaire en dehors des vacances d'été : ils étaient 37,2 % en 1997, et 47,9 % en 2000. Mais cet accroissement est dû en grande partie à l'augmentation du nombre d'étudiants qui travaillent moins d'un mi-temps, moins de six mois par an.

Ils sont 21% à travailler à temps plein, 19 % au moins à mi-temps au moins six mois par an, 30 % régulièrement mais moins longtemps, et 30 % occasionnellement.

Pour 12 % des étudiants qui travaillent pendant l'année universitaire, il s'agit d'une activité intégrée à leurs études, 15 % occupent un emploi de cadre (animateur, enseignant, cadre, profession libérale), 16 % exercent un 'petit boulot' (baby-sitter, cours particuliers), 7 % sont surveillant, 24 % sont employés de commerce ou de bureau, 9 % sont ouvriers, et enfin 17 % exercent une autre activité.

Avec la progression en âge, les activités rémunérées deviennent peu à peu la principale source de revenus monétaires des étudiants :

- le pourcentage d'étudiants exerçant une activité rémunérée en période de cours progresse avec l'âge : légèrement supérieur à 20% chez les moins de 18 ans, il devient majoritaire (51 %) à 22 ans et continue d'augmenter au point d'atteindre 74 % chez les plus de 26 ans ;

- les actifs en cours d'études ne sont pas seulement plus nombreux, ils travaillent également plus longtemps. La proportion d'actifs exerçant leur activité au moins à mi-temps au moins six mois par an est de 4 % chez les moins de 18 ans, elle atteint 30 % à 22 ans, et dépasse les 80 % à plus de 26 ans ;

- enfin, la structure des activités se modifie. Les jobs chez les particuliers qui représentaient plus d'un tiers des activités chez les 18 ans et moins, n'occupent plus qu'une faible part (4 %) chez les 27 ans et plus, et inversement les activités liées aux études et les emplois de cadres augmentent avec l'âge (respectivement 2 % et 17 % chez les 18 ans et moins, et 23 % et 30 % chez les 27 ans et plus).

S'agissant enfin des comparaisons internationales, les quelques données disponibles sont celles de l'enquête de « l'Euro Student report » de 1994, le rapport relatif à l'enquête 2000 n'étant pas achevé. Elles font apparaître qu'en 1993-1994, le taux d'activité rémunérée des étudiants varie nettement d'un pays à l'autre : 65 % en Allemagne, 60 % en Autriche, 46 % en Italie et 40 % en France, qui a le taux d'activité le plus bas des pays comparés. »

Source : ministère de l'Education nationale

Ces données contrastent avec celles publiées par l'INSEE en juillet 2001 34( * ) , qui portaient en fait sur les années 1994 à 1996. Elles suggèrent ainsi qu'une proportion croissante d'étudiants exercent une activité salariée. Cependant, ces données ne précisent pas la distribution du temps de travail et des revenus d'activité des étudiants concernés (selon l'INSEE, les étudiants salariés percevaient en moyenne sur la période 1994-1996 un revenu d'activité de 17.000 francs par an, mais seuls la moitié d'entre eux percevaient plus de 6.800 francs par an). En outre, il est difficile d'apprécier dans quelle mesure cette hausse du salariat étudiant résulte des opportunités offertes par l'amélioration de la situation d'ensemble du marché du travail. Invité à préciser les mesures envisagées pour faciliter les conditions d'exercice de ce cumul, le ministère de l'Education nationale n'a d'ailleurs apporté aucune réponse.

9. La situation des CROUS

Le tableau ci-après montre que la fréquentation des restaurants universitaires poursuit son déclin :

L'évolution de la fréquentation des restaurants universitaires

 

Nombre de repas étudiants

Subvention restauration

Subvention par repas

Coût du repas

Prix du ticket au 1er janvier

1997

64 798 986

564 720 000 F

8,71 F

24,73 F

13,70 F

1998

63 323 571

564 720 000 F

8,92 F

25,36 F

14,10 F

1999

62 110 285

605 220 139 F

9,74 F

26,56 F

14,50 F

2000

60 754 690

624 204 205 F

10,27 F

26,86 F

14,90 F

Source : ministère de l'Education nationale

On peut rappeler que les restaurants universitaires avaient fait en 1998-1999 l'objet d'un audit externe dont les résultats et les suites sont exposées dans l'encadré ci-après.

Les principaux résultats de l'audit des restaurants universitaires de 1998-1999

• La disponibilité des étudiants pour le déjeuner semble supérieure à l'estimation empirique habituellement annoncée. Le temps disponible pour le déjeuner est ainsi de plus d'une heure pour 65 % des étudiants, 10 % disposant de moins de 45 minutes. Ce second facteur permet d'expliquer pour partie la faible fréquentation des restaurants universitaires : les étudiants ont le temps de déjeuner ailleurs.

• Par ailleurs, les étudiants estiment que la restauration universitaire répond aux objectifs de base qui lui sont assignés. En outre, le rapport qualité/prix de la restauration universitaire est jugé supérieur ou égal à la restauration commerciale dont la clientèle cible est comparable. L'analyse de la dépense moyenne confirme ces jugements subjectifs : c'est dans les restaurants universitaires que le prix moyen d'un déjeuner est le plus modique (15,10 F). Il s'élève à 32,30 F dans le cadre de la restauration commerciale (+ 114 %) et à 17 F dans les cafétérias des universités (+ 12 %).

Ce n'est donc pas la restauration commerciale qui concurrence le plus les restaurants universitaires, mais le domicile. En effet, si 60 % des étudiants interrogés déjeunent sur le site d'enseignement (dont 49 % au restaurant universitaire -RU-), 35 % se restaurent à leur domicile ; la restauration commerciale ne représente que 4 % des repas pris à midi.

Les principaux reproches adressés par les étudiants à la restauration universitaire sont : l'attente et le manque de place (44 %) ; la qualité et la variété des prestations (28 %) ; l'ambiance, le confort et l'accueil (25 %).

La restructuration des restaurants a permis de répondre à certaines de ces critiques : la prestation (qualité, diversité, présentation) et la fonction accueil se sont notablement améliorées et sont mieux perçues par les consommateurs. Mais demeure le problème de fond de la saturation des salles à manger, dont la surface n'a pas toujours pu être augmentée.En effet, si le temps disponible pour le repas semble suffisant, la simultanéité des heures de pause méridienne est un facteur d'accroissement des files d'attente.

• Les principales préconisations de l'audit sont les suivantes :

- à court terme, il peut être envisagé d'accroître l'amplitude horaire d'ouverture ; une large information sur le temps d'attente par tranche horaire pourrait par ailleurs inciter les étudiants à modifier leurs habitudes ;

- afin de faciliter le choix et, corrélativement, la gestion des flux, le self doit proposer plusieurs formules nettement identifiées et la cafétéria doit être une offre alternative, dédiée exclusivement à la restauration rapide ;

- par ailleurs, la contradiction apparente entre le jugement des étudiants (variété insuffisante) et celui de l'audit (offre parfois pléthorique) s'explique par le fait qu'une trop grande richesse de l'offre engendre une faible rotation des produits et crée une sensation de lassitude. Il paraît donc utile de réduire l'offre quotidienne dans chaque gamme de produits, afin de privilégier un renouvellement des prestations d'un jour à l'autre ;

- enfin, il semble nécessaire d'aller au-delà du caractère souvent trop fonctionnel des rénovations et d'apporter un effort additionnel, d'une part à une décoration plus conviviale et chaleureuse, d'autre part à l'atténuation des niveaux sonores.

Les suites données à cet audit

Sur la base des résultats de cet audit, une commission restauration a été instituée par décision du conseil d'administration du CNOUS (17 novembre 1999), et le ministère indiquait en l'an 2000 que plusieurs plusieurs améliorations étaient ainsi proposées : «  les CROUS pourraient être associés à la définition des schémas régionaux de l'enseignement supérieur et aux décisions d'implantation des locaux d'enseignement ou de services aux étudiants,  afin qu'ils ne soient plus confrontés à certaines situations inadaptées (établissements trop petits ne permettant pas d'accueillir les étudiants dans de bonnes conditions, restaurants surdimensionnés entraînant de lourdes charges d'entretien) ; le partenariat entre les CROUS et les universités pourrait être renforcé, afin de faciliter la régulation des flux des convives, et de rationaliser l'ouverture des restaurants en période de faible fréquentation (soir, week-end, congés universitaires) ; pour l'ensemble des prestations proposées, une plus grande homogénéité des prix et des prestations sera recherchée, au moins au plan régional ; enfin, les CROUS sont invités à développer une approche globale de la fonction alimentaire, compte tenu des habitudes des étudiants (« grignotage »), et ainsi entrer dans une logique de service en lieu et place d'une logique unique de production »

Un an après, la réponse du ministère à la question relative à la mise en oeuvre de ces préconisations est toutefois exactement identique à celle de l'an passé, ce qui suggère que cette mise en oeuvre se fait attendre ou bien n'est guère suivie.

De même, le CNOUS a commandé à l'association ERAVIS une étude sur la sécurité des résidences universitaires . Cette étude, réalisée au premier semestre de l'an 2000, soulignait le sentiment d'insécurité des résidents et des personnels et préconisait une réglementation intérieure plus efficiente, une meilleure coordination avec les autorités locales, la mise en place de systèmes d'information et de communication appropriés, des réformes en matière de gestion des personnels (notamment la rotation des veilleurs de nuit afin de les protéger des pressions), ainsi que d'importants travaux de mise en sécurité (éclairage des voies d'accès, dispositifs de contrôle des accès, rénovation rapide des partie communes dégradées et des sanitaires, etc.) dans le cadre d'un plan pluriannuel.

A ce jour, le ministère de l'Education nationale indique que « des observateurs locaux de la sécurité travaillant avec des fiches de signalement d'incident, à l'exemple du CROUS de Strasbourg, sont mis en place dans le réseau des oeuvres afin de mesurer le niveau d'insécurité, [et que] des dispositifs de contrôle d'accès et de vidéo-surveillance sont mis en place dans un nombre croissant de résidences ».

On peut toutefois se demander si cette réponse est à la hauteur de l'enjeu.

On peut d'ailleurs rappeler à cet égard que les subventions consacrées à la rénovation du patrimoine immobilier des oeuvres universitaires (résidences et restaurants) stagnent , alors même que plusieurs rapports de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) avaient déjà souligné le caractère « critique » de la sécurité des résidences universitaires (couloirs en cul de sac, évacuations insuffisantes, armoires électriques hors normes, intrusions extérieures, délinquance, etc.), celles-ci accueillant pourtant les étudiants les plus modestes ou ceux qui ont les conditions d'études les plus difficiles (éloignement de leur famille, isolement, étudiants étrangers, etc.)

10. La vie étudiante

Le gouvernement a mis en oeuvre ou annoncé diverses mesures visant à promouvoir la vie associative étudiante. Ces mesures consistent :

- à améliorer les conditions d'exercice des mandats des élus étudiants . Selon le ministère : « il est ainsi prévu que les autorités universitaires assurent aux élus étudiants l'usage d'un local adéquat et la disposition de moyens de communication suffisants et appropriés (ordinateurs, téléphones, télécopies) [et] une disponibilité suffisante de l'élu étudiant, qui relève d'une action concertée de l'ensemble des autorités universitaires (administratives et pédagogiques) et de l'intéressé doit également être recherchée. [Par ailleurs], des autorités administratives sont fortement incitées à prendre en compte la difficulté, naturelle pour un nouvel élu, d'évoluer au sein d'institutions universitaires dont le fonctionnement lui est le plus souvent inconnu. Des sessions de formation permettant la bonne compréhension du fonctionnement de l'Université ou des problématiques évoquées lors des réunions des différents conseils devront ainsi être organisées régulièrement ou à la demande des représentants étudiants. Cette action concertée pourrait déboucher sur l'élaboration d'un « statut de l'élu étudiant » propre à l'université et qui concrétiserait la volonté de l'ensemble des acteurs de veiller au respect du bon exercice de la démocratie universitaire » ;

- à promouvoir les engagements associatifs des étudiants. Selon le ministère : « une circulaire en cours de rédaction propose aux universités de créer des services qui y contribueront, de mettre en oeuvre une reconnaissance de ces engagements et de financer ces projets. A cet égard, dans chaque établissement, seront constitués des bureaux de la vie étudiante dont l'objectif est de permettre aux étudiants de trouver en un lieu bien identifié, l'ensemble des informations utiles à leur vie d'étudiant et à la réalisation de leurs projets. Composés de personnes ressources, ces bureaux apporteront conseils et assistances et aideront à la création de réseaux et à la recherche de partenariat. Les établissements réfléchiront à des systèmes de validation, selon des modalités qu'ils leur appartient de définir, de ces engagements et des compétences acquises. Au-delà de la reconnaissance dans les cursus, ils veilleront à attribuer aux associations, des moyens logistiques sous forme de locaux, panneaux d'affichage, moyens de communication et salles de réunion. Les contrats quadriennaux seront l'occasion d'accorder des crédits aux projets étudiants. Le ministère a accompagné et encouragé, dans cette optique, la constitution de « Maisons de l'Etudiant ». Bien qu'elles ne représentent pas une solution unique, il sera bon de s'interroger sur la possibilité de relancer les maisons de l'étudiant tout en veillant à ce qu'elles soient des lieux à l'usage des étudiants c'est à dire des lieux de réunions, d'expression et non pas simplement des lieux d'offre de services aux étudiants ».

- à réformer le fonds d'amélioration de la vie étudiante (FAVE) de manière à réserver 70 à 80% de ses crédits au financement des projets étudiants. (cf. encadré).

La réforme du fonds d'aide à la vie étudiante (FAVE)

Le FAVE est alimenté par une partie des droits d'inscription acquittés par les étudiants auprès de leur université, dont le montant est fixé chaque année par l'arrêté qui détermine les taux de droits de scolarité dans les établissements publics d'enseignement de l'éducation nationale (55 francs au minimum pour l'année universitaire 2000/2001), quelques universités complétant ce fonds par des crédits propres ou obtenant des subventions de collectivités territoriales. Au total, les sommes recueillies au titre du FAVE représentent environ 90 millions de francs par an, et financent :

- pour 63 %, des projets présentés par les étudiants et réalisés au bénéfice des étudiants (ciné-club, théâtre, organisation d'expositions, aménagement d'un garage à vélo, aménagements en faveur des handicapés, aménagements d'une cafétéria, etc.) ;

- pour 5 % , des « actions individuelles» c'est à dire des aides accordées pour des séjours ou des stages à l'étranger ;

- pour 32 % des « aides sociales » attribuées par l'intermédiaire du fonds social universitaire (CROUS) ou par l'université, le FAVE jouant ainsi un rôle de « filet de sécurité » en matière de bourses.

Le fonctionnement du FAVE se caractérisait depuis plusieurs années par trois types de dérives par rapport aux objectifs initialement assignés :

- une baisse des dépenses collectives au profit de l'aide sociale ;

- le financement par le FAVE de dépenses d'aménagement ou de fonctionnement qui auraient dû être prises en charges par le budget général des établissements (notamment des dépenses de réfection de locaux) ;

- des reports de crédits parfois importants.

Compte tenu de ce que la hausse des subventions de fonctionnement des universités, ainsi que la création des allocations d'études et des bourses de mobilité, devraient permettre de répondre à des besoins jusque là pris en charge par le FAVE, celui-ci sera renommé « fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes » et réformé à partir de la rentrée 2001 de manière à limiter l'aide sociale dans une fourchette de 20 à 30% de l'ensemble des crédits, afin de revenir à l'intention initiale qui était prioritairement le financement des projets étudiants.

11. Les équipements informatiques accessibles aux étudiants

Votre rapporteur spécial avait demandé au ministère de l'Education nationale les premiers résultats d'une enquête sur les équipements informatiques accessibles aux étudiants et qui avait été réalisée lors de la préparation des contrats quadriennaux signés entre l'État et les établissements d'enseignement supérieur relevant de la vague 2000.

L'équipement informatique à la disposition des étudiants dans les établissements d'enseignement supérieur en l'an 2000.

EQUIPEMENT INFORMATIQUE ET MULTIMEDIA

Existant (2000)

Objectif fin de contrat

(2004)

(sélection de dix-sept établissements représentatifs)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Valeurs moyennes par établissement

nombre

capacité totale

nombre

capacité totale

 
 

d'accueil

 

d'accueil

 
 
 
 
 

Salles et/ou amphithéâtres équipés audiovisuel et/ou visioconférence

14

1 753

24

3 138

Salles informatiques (libre-service et/ou dédiées à un enseignement)

42

1 726

65

2 925

Durée moyenne hebdomadaire d'ouverture des salles multimédia

40 h

 

52 h

 

Centre de ressources multimédia

2

396

6

1 495

 
 
 
 
 

Nombre d'étudiants par poste de travail

 

nb. étudiants

 

nb. étudiants

 
 

par poste

 

par poste

 
 
 
 
 

Total des postes de travail réservés aux étudiants

 

27

 

15

Documentation : postes d'accès aux ressources destinés aux étudiants

 

398

 

112

 
 
 
 
 

Pourcentage de la population étudiante touchée

 

%

 

%

 
 
 
 
 

Nombre d'adresses @mail actives distribuées aux étudiants

 

8%

 

61%

Source : ministère de l'Education nationale

Ces résultats, établis à partir d'un échantillon de 17 établissements représentatifs, montrent une très sensible progression d'ensemble sur la période 1997-2000.

On peut toutefois formuler trois observations :

- selon les données recueillies par le ministère de l'Education nationale, le nombre d'étudiants par postes était nettement moins bon en l'an 2000 dans les universités (27) que dans les écoles (25), les collèges (14) et surtout les lycées (6). En outre, les objectifs prévus pour 2004 demeurent en deçà des niveaux atteints dans les collèges et les lycées dès l'an 2000. Cela résulte de ce que les établissements d'enseignement supérieur ne disposent pas de ressources suffisantes pour répondre de façon satisfaisante à ces besoins. Ainsi, la demande d'équipement des établissements a fortement cru ces dernières années, passant globalement de 150 à 400 millions de francs entre 1996 et 2001 dans les projets de contrats quadriennaux années, mais seulement 200 millions de francs ont été attribués aux établissements de la vague contractuelle 2000. Cependant, le ministère indique que « à l'instar de ce qui se fait dans les principaux pays développés, dans un avenir proche, les conditions de l'accessibilité aux ressources numérisées des étudiants seront sensiblement différentes. En effet, un nombre grandissant d'étudiants sont équipés d'ordinateurs portables personnels. A moyen terme, l'ouverture de salles informatiques équipées de machines ne sera plus aussi nécessaire qu'aujourd'hui. Il s'agit donc d'anticiper la multiplication des accès à l'Internet dans les espaces de travail et de vie des étudiants » ;

- les étudiants sont moins bien lotis que les personnels , qui se partageraient les deux tiers des postes disponibles, les enseignants-chercheurs disposant ainsi d'à peu près un ordinateur par personne, selon une enquête complémentaire réalisée en 2000 par la revue 35( * ) « Vie Universitaire » ;

- les disparités entre établissements sont considérables, puisque le nombre d'étudiants par poste informatique s'étageait en l'an 2000 dans l'échantillon étudié par le ministère entre 5 et 51, et la proportion d'étudiants disposant d'une adresse électronique de 2 % à 100 % ;

- enfin, comme l'indique le ministère, « l'amélioration des infrastructures et du parc des ordinateurs et matériels informatiques installés et mis à disposition des étudiants, n'est qu'une des conditions nécessaires à la modernisation de la qualité de l'enseignement supérieur. L'intégration des technologies de l'information et de la communication dans les pratiques d'enseignement et de recherche, mais aussi dans l'administration et la gestion nécessite un effort de technicité et d'encadrement. Il pose ainsi la question des ressources humaines, notamment en matière de personnels techniques. Malgré l'effort budgétaire pourtant significatif de ces 4 dernières années, les difficultés à recruter des ingénieurs et techniciens (ITRF) dans les branches d'activités professionnelles (BAP) informatique, audiovisuel et multimédia ainsi que la réponse trop partielle à la nécessité d'une formation continue efficace des personnels en activité sont autant de handicaps qui pèsent lourdement sur les années à venir ».

B. LES PERSONNELS

1. L'évolution des emplois et des taux d'encadrement

Le tableau ci-après reproduit l'évolution des emplois budgétaires et des taux d'encadrement depuis 1989.

Evolution des emplois et des taux d'encadrement

 

1989

1990

1995

1996

1996

1997

1997

1998

1998

1999

1999

2000

2000

2001

2001

2002

(prév.)

2002

2003

(prév.)

 

Universités

1 028 501

1 358 323

1 335 997

1 305 203

1 282 288

1 273 206

1 276 892

1 278 500

1 282 200

I.U.T.

69 927

103 092

108 587

112 857

114 587

117 407

119 246

122 200

123 300

Filières universitaires d'ingénieurs

16 358

24 186

24 839

25 979

27 520

29 378

30 795

32 000

33 200

Autres formations d'ingénieurs

15 040

19 650

19 807

20 239

21 022

20 962

21 742

22 500

23 200

I.U.F.M.

 

86 068

85 885

83 134

80 869

82 184

80 373

82 500

82 500

Total étudiants

1 129 826

1 591 319

1 575 115

1 547 412

1 526 286

1 523 137

1 529 048

1 537 700

1 544 400

accroissement

77 713

37 189

-16 204

-27 703

-21 126

-3 149

5 911

8 652

6 700

% accroissement

7,4%

2,4%

-1,0%

-1,8%

-1,4%

-0,2%

0,4%

0,6%

0,4%

Enseignants chercheurs

43 340

51 260

52 356

53 311

55 218

55 230

58 656

58 967

59 856

Enseignants du second degré et divers

5 583

12 193

13 529

14 025

15 167

15 135

14 964

14908

15.008

Assistants

1 324

1 549

5 578

5 473

5 345

5 326

1 573

1600

1350

Personnels contractuels (ATER,PAST, ASSOCIES, contractuels du 31-96)

5 207

1 359

1 407

1 407

2 912

4 585

4860

5 121

Total Enseignants (2)

54 234

70 209

72 822

74 216

77 137

78 603

79 778

80 335

81 335

% accroissement

3,9%

1,6%

3,7%

1,9%

3,9%

1,9%

1,5%

0,7%

1%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Créations emplois enseignants

1 000

1 150

2 606

1 488

3 000

1502,5

1 293

606

1 000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Encadrement Etudiants/Enseignants

20,83

22,67

21,63

20,85

19,79

19,38

19,17

19,14

18,99

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

I.A.T.O.S. (3)

40 515

47 037

48 839

50 043

51 332

52 160

52 830

53 797

54 797

% accroissement

0,0%

2,0%

3,8%

2,5%

2,6%

1,6%

1,3%

1,8%

2%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Créations emplois non enseignants

242

215

1 850

1 200

1 200

823

501

1 000

1 000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Encadrement Etudiants/ IATOS

27,89

33,83

32,25

30,92

29,73

29,20

28,94

28,58

28,18

(2) : Chapitres 31-11 et 31-96, non compris élèves E.N.S. et Ecole des Chartes.

(3) : Chapitre 31-05. Y compris 50 emplois I.T.A. en surnombre en 1994 et 1995 ; y compris 490 personnels ATOS supplémentaires autorisés à compter de la rentrée 1995.

2. La répartition des enseignants en fonctions par catégorie et discipline

Le tableau ci-après indique, pour l'année 2000-2001, la répartition des enseignants en fonctions, selon le ministère de l'Education nationale.

Disciplines et corps

Position administrative

Titulaires et stagiaires

Enseignants du 2nd degré affectés dans le supérieur et titulaires d'autres corps détachés dans le supérieur

Non foncti-onnai-res

SOUS-TOTAL Activité d'enseigne-ment

Détache-ment hors enseigne-ment supérieur

Autres

SOUS-TOTAL hors enseigne-ment supérieur

TOTAL

 
 
 

(1)

(2)

 

(3)

(4)

 
 

DROIT

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Professeurs

 

2 035

11

406

2 452

52

18

70

2 522

Maîtres de conférences

3 902

10

736

4 648

41

68

109

4 757

Assistants titulaires

595

 
 

595

12

28

40

635

Attachés et Moniteurs (5)

 
 

2 637

2 637

 
 
 

2 637

Autres (6)

 
 

1 506

 

1 506

 
 
 

1 506

 

T O T A L

6 532

1 527

3 779

11 838

105

114

219

12 057

LETTRES

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Professeurs

 

3 930

19

292

4 241

52

26

78

4 319

Maîtres de conférences

8 879

44

633

9 556

116

118

234

9 790

Assistants titulaires

270

 
 

270

3

11

14

284

Attachés et Moniteurs (5)

 
 

2 753

2 753

 
 
 

2 753

Autres (6)

 
 

7 088

1 027

8 115

 

4

4

8 119

 

T O T A L

13 079

7 151

4 705

24 935

171

159

330

25 265

SCIENCES

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Professeurs

 

7 188

57

374

7 619

121

80

201

7 820

Maîtres de conférences

15 646

40

479

16 165

123

240

363

16 528

Assistants titulaires

441

 
 

441

9

55

64

505

Attachés et Moniteurs (5)

 
 

5 662

5 662

 
 
 

5 662

Autres (6)

 
 

4 929

 

4 929

3

14

17

4 946

 

T O T A L

23 275

5 026

6 515

34 816

256

389

645

35 461

SANTE

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Professeurs

 

4 624

2

53

4 679

14

26

40

4 719

Maîtres de conférences

3 183

 

18

3 201

10

54

64

3 265

Assistants titulaires

154

 
 

154

 

34

34

188

Chefs de clinique, AHU, PHU (7)

 
 

4 193

4 193

 
 
 

4 193

Attachés et Moniteurs (5)

 
 

109

109

 
 
 

109

Autres (6)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

T O T A L

7 961

2

4 373

12 336

24

114

138

12 474

Ensemble

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Professeurs

 

17 777

89

1 125

18 991

239

150

389

19 380

Maîtres de conférences

31 610

94

1 866

33 570

290

480

770

34 340

Assistants titulaires

1 460

 
 

1 460

24

128

152

1 612

Chefs de clinique, AHU, PHU (7)

 
 

4 193

4 193

 
 
 

4 193

Attachés et Moniteurs (5)

 
 

11 161

11 161

 
 
 

11 161

Autres (6)

 
 

13 523

1 027

14 550

3

18

21

14 571

 

TOTAL

50 847

13 706

19 372

83 925

556

776

1 332

85 257

(1) - Titulaires d'autres corps détachés dans l'enseignement supérieur (exemple : chargé de recherche, directeur de recherche ....) ; (2) - Associés et personnels temporaires (en particulier en médecine) ; (3) - Détachés auprès d'organismes de recherche, d'organismes internationaux, à l'étranger, en coopération ou auprès d'autres ministères ; (4) - Congé longue durée, disponibilités, service national actif, congé parental  ; (5) - Attachés temporaires d'enseignement et de recherche et moniteurs ; (6) - Professeurs du second degré ou d'ENSAM, fonctions spécifiques des grands établissements ou des écoles françaises à l'étranger,lecteurs et maîtres de langue étrangère. (7) - AHU : Assistants hospitalo-universitaires, PHU : Praticiens hospitalo-universitaires.

Source : ministère de l'Education nationale

3. Le plan pluriannuel de création d'emplois

Le tableau ci-après rappelle les engagements pris en novembre 2000 par le ministre de l'Education nationale dans le cadre du plan pluriannuel (2001-2003) de création d'emplois.

Créations d'emplois inscrites au PLAN PLURIANNUEL (2001-2003)

Nature des mesures

2001

2002

2003

 

Total des créations 2001/2003

Enseignants chercheurs

300

700

700

 

1 700

Personnels ATOS & ITA

1 000

1 000

1 000

 

3 000

Attachés temporaires d'enseignement et de recherche (ATER sur crédits)

300

300

300

 

900

TOTAL ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

1 600

2 000

2 000

 

5 600

Source : ministère de l'Education nationale

On peut noter que le projet de loi de finances pour 2002 prévoit de respecter ce plan a minima pour l'enseignement supérieur, alors que les créations d'emplois dépassent sensiblement celles prévues par le plan pluriannuel pour l'enseignement scolaire.

4. Les observations de la Cour des Comptes sur la gestion des enseignants-chercheurs

Dans le cadre de son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat d'avril 2001, la Cour des comptes a réalisé une monographie sur la gestion des enseignants-chercheurs, dont des extraits sont reproduits dans l'encadré ci-après.

Les observations de la Cour des Comptes sur la gestion des enseignants-chercheurs (extraits)

Sur le respect de l'autorisation budgétaire

« La compréhension des autorisations ouvertes en loi de finances s'avère malaisée pour quatre raisons : ... Si des crédits spécifiques sont ouverts au chapitre 31-96 pour le recrutement d'environ 1 400 associés à temps partiel (PAST), le budget voté ne comporte aucune estimation du nombre d'associés à temps plein ou d'invités dont la rémunération est gagée par des emplois de titulaires sur le chapitre 31-11. Enfin, le financement de la rémunération des quelques 600 enseignants-chercheurs maintenus en activité après 65 ans n'est pas identifié dans la loi de finances ».

Sur la gestion des emplois

« La gestion des emplois reste centralisée au ministère, les crédits n'étant pas déconcentrés et les dépenses correspondantes ne figurant pas dans les comptes des établissements. L'administration centrale a l'entière maîtrise de l'ensemble des opérations de délégation d'emplois, d'affectation des personnels titulaires ou associés et de publication des postes vacants.

Or, de fait, les services ne disposent pas d'une information complète et sûre sur le lien emplois-postes-personnes. La Cour a constaté la difficulté du rapprochement des données de chacun des fichiers d'emplois et de personnel. Certes, un dispositif de contrôle national des emplois rapprochant les délégations et le niveau de consommation des emplois a été mis en place en 1997. Mais, malgré d'indéniables progrès, ce contrôle est effectué sur la base des déclarations des établissements universitaires et les résultats ne peuvent être considérés comme totalement fiables ».

Sur les outils statistiques nécessaires à la gestion prévisionnelle des effectifs

« ... Le système GESUP, mis en place au milieu des années 1980, qui permet d'effectuer un recensement du personnel enseignant exerçant dans les établissements de l'enseignement supérieur, est insuffisant. Les rubriques concernant les enseignants non titulaires, nombreux dans les établissements, ne sont ainsi pas renseignées. De plus, ce système a dû faire l'objet d'adaptations pour lui permettre de fonctionner au-delà de l'an 2000... Comme le note l'IGAEN en réponse à la Cour, dans le cadre des diplômes nationaux, il appartient à chaque université de définir librement ses enseignements dans des organisations nécessairement et heureusement mouvantes. Or, il n'existe pas de remontée d'informations des établissements d'enseignement supérieur sur les volumes horaires réellement dispensés par les enseignants. Seule l'application APOGEE, utilisée par les établissements et à laquelle les services ministériels n'ont pas accès, permettrait une telle analyse. Encore cette dernière serait-elle malaisée, les établissements ayant développé des applications locales d'APOGEE et rendu ainsi délicate une éventuelle consolidation des informations ».

Sur les instruments de gestion prévisionnelle des effectifs

« Au sein des services centraux du ministère, le développement de la gestion prévisionnelle des effectifs d'enseignants-chercheurs est très limité, un seul agent étant en charge de ce dossier pourtant essentiel... »

Sur la mobilité

« ... Une analyse de la mobilité interne des enseignants-chercheurs présents en 1985 montre que 72,5 % des professeurs et 89,3 % des maîtres de conférences n'ont connu ni mobilité géographique, ni mobilité fonctionnelle au cours des quinze dernières années, en dépit pour nombre d'entre-eux de leur accès au corps supérieur. Les pourcentages sont respectivement de 80,5 % et 91,4 % entre 1990 et 1998 et de 89,8 % et 95 % entre 1994 et 1998.

En 1999, 11 % des postes vacants ont été pourvus par mutation (448 sur 4.099). Le taux de mobilité constaté cette année-là était de 1,7 % pour le corps des professeurs et de 0,7 % pour les maîtres de conférences....

... Le développement de la recherche dans certains pôles universitaires faiblement attractifs, tant en matière de recrutement que de mobilité, rend pourtant nécessaire l'articulation des politiques d'aménagement du territoire en équipements ou centres de ressources avec une politique active de la mobilité ».

Sur l'application du régime disciplinaire


« ... Les statistiques disponibles montrent que les sanctions disciplinaires sont rarement mises en oeuvre. Les décisions dont la sous-direction de gestion des personnels enseignants a eu à connaître depuis 1995 (c'est-à-dire celles qui ont une incidence sur la situation de l'enseignant concerné, donc en pratique toutes sauf l'avertissement) sont au nombre de 9 : aucune en 1995 et 1996 ; 4 en 1997, 2 en 1998 (dont un avertissement) et 3 en 1999, la commission compétente pour les PU-PH ayant prononcé un acquittement. Un seul cas répertorié concerne un cumul non autorisé.

Le faible nombre de sanctions, rapporté à une population nombreuse, ne peut qu'être relevé. Ce constat se double de celui de l'absence d'informations du ministère sur les procédures engagées n'ayant pas débouché sur une sanction, absence plus marquée encore pour les cas pouvant donner lieu à sanction et n'ayant été à l'origine d'aucune procédure ».

Sur le respect des obligations de service

« ... Comme le notait l'IGAEN dans son rapport de 1997, les universités prennent des libertés plus ou moins grandes avec la réglementation ou certaines obligations de service : les enseignants ne sont pas astreints à signer des déclarations d'emploi du temps, la durée de l'année universitaire est « évaluée souplement », les durées de référence sont modulées pour certaines catégories d'enseignants sans référence à la réglementation.

La Cour a pu, à diverses reprises constater les mêmes défaillances : les universités n'effectuent pas un strict contrôle du respect des prescriptions réglementaires et vérifient rarement que les obligations de service ont été remplies. Quelques universités ont bien entrepris de mettre en place des procédures pour fixer le service des enseignants, mais les contrôles montrent que la fiabilité des outils utilisés n'est pas totale.

Sur les heures complémentaires


« .... de manière générale, les contrôles montrent que le recours aux heures complémentaires permet souvent soit d'améliorer la rémunération des enseignants, soit de faire face à des situations non prévues par la réglementation. Comme a pu le faire de son côté l'IGAEN, la Cour a constaté les différences existant entre composantes d'une même université tant en matière de consommation d'heures complémentaires que de principes appliqués. Elle a relevé les montants irréalistes d'indemnités perçus par certains enseignants (supérieurs à 300 heures), ;l'octroi d'heures complémentaires à des enseignants bénéficiant par ailleurs de décharges de service. L'irrégularité la plus flagrante et la plus répandue concerne l'octroi d'heures complémentaires à titre d'indemnisation de tel ou tel service, et notamment de l'acceptation par les enseignants-chercheurs d'enseigner dans les antennes délocalisées.

La circulaire du 5 novembre 1999 vise ainsi précisément « la moralisation et la maîtrise des heures complémentaires ». Elle reste cependant très sibylline sur l'ensemble des remarques qu'appelle l'utilisation des heures complémentaires à d'autres fins que la rémunération des enseignements complémentaires. »

Sur les cumuls d'emploi

« Le ministère recensait en 1999 vingt deux cas de cumuls d'emplois. La faiblesse de ce chiffre laisse à penser que les situations de cumul sont très inégalement déclarées.

La réglementation ne paraît pas appliquée de manière rigoureuse. L'examen des dossiers a en effet montré que lorsque le ministère est saisi d'une demande, souvent avec retard, il délivre généralement son autorisation puis la renouvelle avec constance pendant toute la durée qu'il sied à l'intéressé, en dépit du caractère exceptionnel et limité dans le temps que devraient revêtir de telles situations. Une autorisation a été accordée régulièrement mais prorogée alors même que son objet initial avait cessé. Lorsque le ministère n'accorde pas l'autorisation, il ne prend aucune disposition pour s'assurer que ce refus est respecté. Les arrêtés d'autorisation sont systématiquement rétroactifs, ce qui vide de sens le principe d'autorisation préalable...

... La Cour a par ailleurs constaté que des enseignants-chercheurs avaient été nommés sur des emplois de direction dans des établissements nationaux, sans que les actes nécessaires au règlement de leur situation, détachement ou autorisation de cumul d'emploi, soient intervenus. »

Source : Cour des Comptes.

Invité par votre rapporteur spécial à commenter ces observations et à préciser les suites qui leur avaient été données ou qui pourraient l'être, le ministère a adressé une réponse brève (moins d'une page), dont les extraits correspondants aux observations reproduites ci-dessus sont reproduits in extenso dans l'encadré suivant.

Les suites apportées par le ministère de l'Education nationale
aux observations de la Cour des Comptes

S'agissant de la gestion prévisionnelle

« Elle doit évoluer par la mise en place d'un nouveau système d'information et de gestion appelé à remplacer l'actuel système. Les travaux sont en cours, le nouveau système devant être fondé sur une base de données plus complète comportant trois niveaux (administration centrale, établissements, enseignants du supérieur) et permettre, selon la formulation de la requête, aux acteurs de l'administration centrale d'assurer leurs missions de pilotage dans des conditions plus satisfaisantes.

L'outil dénommé GESTPREV permet d'analyser les besoins de renouvellement des corps des enseignants chercheurs à l'identique ou en intégrant les hypothèses d'évolution. Cet outil a intégré la programmation pluriannuelle de créations d'emplois. »

S'agissant de la mobilité des enseignants-chercheurs

« Des modifications récentes apportées par le décret n°2001-429 du 16 mai 2001 ont pour objet de favoriser la mobilité des enseignants chercheurs et de pallier les éventuelles difficultés de recrutement que connaîtraient certains établissements.

Ainsi la durée et les conditions d'exercice en délégation ont été modifiées : la délégation prononcée pour l'application de l'article 25-1 de la loi n°82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France peut être renouvelée jusqu'à 6 ans. Par ailleurs, les récents aménagements ont prévu des possibilités d'effectuer la délégation à temps incomplet dans certaines conditions.

Afin d'encourager la mobilité européenne, une bonification d'un an est accordée aux enseignants chercheurs après un an de mobilité effectuée dans un organisme d'enseignement supérieur ou de recherche d'un Etat de la communauté européenne ou d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique européen autre que la France. Les services effectués dans ce cadre sont également pris en compte au titre de l'ancienneté exigée des candidats pour se présenter aux concours de professeurs des universités offerts dans la limite du neuvième des emplois (article 46 3° du décret n°84-431 du 6 juin 1984 modifié).

En revanche, n'est pas considérée comme une mobilité toute mutation vers un établissement situé dans l'académie de Paris ou toute mutation à l'intérieur de cette académie. Cette dernière disposition devrait aplanir les difficultés de recrutement que pouvaient connaître les établissements situés hors de cette académie. »

Source : ministère de l'Education nationale, réponse au questionnaire de la commission des finances du Sénat

5. Les perspectives de départs en retraite des enseignants-chercheurs

Les tableaux ci-après présentent la répartition, pour les dix prochaines années, des effectifs prévisibles de départ à la retraite des enseignants-chercheurs, par âge de départ théorique (60 et 65 ans) et par grande discipline et corps (hors hospitalo-universitaires), telles qu'établies en mai 2001 par la direction des personnels enseignants du ministère de l'Education nationale. Ces tableaux mettent en évidence l'accélération prévisible des départs en retraite au milieu de la décennie 2000-2010, conséquence du vieillissement des corps d'enseignants-chercheurs.

Départs en retraite de PROFESSEURS DES UNIVERSITES

Age théorique de départ

Grande discipline

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

Total

60 ans

DROIT

86

80

92

92

135

157

106

88

63

53

53

1 005

 

LETTRES

200

245

228

209

245

280

219

188

157

132

112

2 215

 

SCIENCES

398

423

449

440

500

489

381

299

221

165

153

3 918

 

PHARMACIE

35

34

43

31

35

43

28

37

27

26

10

349

TOTAL

 

719

782

812

772

915

969

734

612

468

376

328

7 487

65 ans

DROIT

42

57

56

72

62

86

80

92

92

135

157

931

 

LETTRES

131

151

153

167

192

200

245

228

209

245

280

2 201

 

SCIENCES

155

225

260

333

352

398

423

449

440

500

489

4 024

 

PHARMACIE

25

19

28

28

29

35

34

43

31

35

43

350

TOTAL

 

353

452

497

600

635

719

782

812

772

915

969

7 506

Départs en retraite de MAITRES DE CONFERENCES

Age théorique de départ

Grande discipline

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

Total

60 ans

DROIT

73

80

82

89

140

129

132

122

94

81

83

1 105

 

LETTRES

240

256

246

275

345

358

321

292

309

277

249

3 168

 

SCIENCES

437

500

555

467

546

542

392

332

253

195

197

4 416

 

PHARMACIE

40

46

53

37

42

55

53

41

40

25

31

463

TOTAL

 

790

882

936

868

1073

1084

898

787

696

578

560

9 152

65 ans

DROIT

20

18

34

39

52

73

80

82

89

140

129

756

 

LETTRES

87

118

142

180

188

240

256

246

275

345

358

2 435

 

SCIENCES

131

176

238

321

356

437

500

555

467

546

542

4 269

 

PHARMACIE

8

10

20

22

28

40

46

53

37

42

55

361

TOTAL

 

246

322

434

562

624

790

882

936

868

1073

1084

7 821

6. Le rapport Espéret sur les tâches des enseignants et des enseignants chercheurs

C'est dans ce double contexte des critiques adressées aux modalités actuelles de gestion des enseignants-chercheurs, d'une part, de la perspectives d'un renouvellement important des corps d'enseignants-chercheurs au cours de la prochaine décennie, d'autre part, qu'une commission instituée par le ministre de l'Education nationale, animée par M. Eric Espéret, président de l'université de Poitiers, et composée notamment de représentants de toutes les directions du ministère concernées, a remis en juillet 2001 un rapport intitulé « nouvelle définition des tâches des enseignants et des enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur français ».

L'état des lieux dressé par le rapport est le suivant :

- « à l'heure où la demande sociale à l'égard de l'enseignement supérieur se fait plus forte, au travers notamment des besoins d'une « formation tout au long de la vie » ou d'une recherche très performante, il est devenu nécessaire de dresser un bilan de la situation d'une partie de ses personnels et de proposer quelques scénarios permettant au service public de l'enseignement supérieur de faire face aux nouveaux défis. Il est d'autant plus urgent de le faire maintenant que de très nombreux recrutements seront réalisés dans les années à venir pour compenser les départs en retraite (renouvellement de la moitié des enseignants en dix ans) et que certains signes laissent à penser que, dans plusieurs secteurs disciplinaires, l'attractivité relative des métiers de l'enseignement supérieur s'affaiblit » ;

- certaines tâches (relations internationales, contribution au développement local, valorisation de la recherche, expertise, évaluation des formations, ont pris une importance nouvelle (en temps et en coût). En outre les enseignants sont confrontés au développement des besoins des étudiants (encadrement accru, suivi des stages, aide à l'insertion professionnelle, appui à l'orientation, etc.) et la transformation des activités de formation (vers l'ingénierie de formation, la formation continue, la formation à distance ou la validation des acquis professionnels). Enfin, certaines fonctions de responsabilité (directeurs de composantes, de services transversaux, d'écoles doctorales, etc.) sont appelées à se professionnaliser. Or ces évolutions ne sont quasiment pas prises en compte dans les déroulements de carrière et « cette situation est de plus en plus mal ressentie par les intéressés, qui ont le sentiment de sacrifier leur carrière quand ils acceptent de responsabilités dans leur établissement. Il faut savoir aussi que la politique ambitieuse du ministère de l'Education nationale en matière d'organisation des enseignements (semestrialisation, découpage des formations en crédits, mise en place de stages, direction d'études...) et de suivi des étudiants ne pourra mobiliser les enseignants-chercheurs que si le travail important qui leur est demandé est réellement apprécié et valorisé et surtout ne compromet pas leur carrière » ;

- le système statutaire de définition des obligations de service n'apparaît « malheureusement plus adapté au métier actuel des enseignants du supérieur » ;

- « le système actuel de primes et décharges, bien qu'ayant récemment évolué, ne répond que très partiellement aux changements constatés et aux nécessités d'adaptation dans la conception des services. Ses modalités d'attribution et de convertibilité seulement partielle en décharge de service empêche une adaptation de qualité au fonctionnement des établissements » ;

- « pratiquement tous les établissements, en France, sont amenés à compenser partiellement les charges nouvelles par des artifices plus ou moins réglementaires (heures supplémentaires, décharges, comptabilisation forfaitaire dans les services), artifices qui font de plus en plus l'objet de remarques, voire d'injonctions, de la part des instances de contrôle (chambres régionales des comptes, Cour des comptes) » ;

- « il devient de plus en plus difficile de trouver des « volontaires » pour assurer ces tâches, souvent sans impact réel sur les promotions ou les rémunérations » ;

- « tous les pays européens présentent une grande variété de réponse à cette question, depuis la négociation globale des charges assurées entre l'établissement recruteur et l'enseignant recruté, en passant par la définition de fourchettes d'heures de cours, jusqu'à la définition d'un régime unique (cas de la France), national, et ne concernant que l'enseignement en présentiel », la situation de la France étant ainsi extrêmement rigide.

Les conclusions du rapport Espéret étaient ainsi les suivantes :

- « ... il est urgent de revoir la liste des tâches officiellement (statutairement) prises en compte, afin que la nouvelle définition des services permette de mieux assurer les différentes missions listées » ;

- cependant « toutes les tâches apparues dans l'université n'ont pas à être effectuées par des enseignants-chercheurs ». En effet, le rapport relève une certaine confusion des tâches : glissement des fonctions de décision et de conception dévolues aux président d'université et aux directeurs d'UFR vers leur mise en oeuvre administrative, ce qui « suscite un malaise de la part des personnels « dépossédés » de leurs responsabilités spécifiques, démotivation, et même parfois, conflits ». De même « la passion peut parfois entraîner certains enseignants-chercheurs à installer eux-mêmes des applications ou à gérer des systèmes et réseaux alors que des spécialistes pourraient en être chargés [et] bien d'autres tâches relèvent de personnels non-enseignants que des enseignants-chercheurs conservent parfois jalousement : c'est le cas de l'acquisition et de la gestion de certains matériels, de la recherche de partenariats ou de financements. Les enseignants-chercheurs ne peuvent pas être exclus de ces activités, mais il faudrait que les habitudes de travail en équipe se développent, permettant à chacun, en fonction de sa qualification, de concourir à la réalisation des projets de l'établissement » ;

- mais « il est vrai que les enseignants-chercheurs sont parfois contraints de se substituer à des spécialistes qui peuvent faire défaut au sein de l'université... La réponse aux charges nouvelles... n'est donc pas toute située dans une nouvelle définition des services ou un assouplissement des régimes indemnitaires et de décharges, elle réside aussi dans la dotation suffisante, qualitative et quantitative, des établissements en personnels IATOS ».

En conséquence, le rapport formulait les propositions suivantes :

- « l'intégration, dans les charges statutairement définies, des tâches nouvelles : formation à distance, suivi individualisé (tutorat, stages, projets tutorés), valorisation de la recherche, responsabilité de filières ou administrative, etc. selon un tableau d'équivalence (volume horaire) établi par l'établissement ;

- l'affichage et le vote, par chaque établissement, de ce tableau d'équivalence des tâches (anciennes et nouvelles), dans le cadre d'une liste définie nationalement, liste comportant éventuellement des fourchettes horaires (minima et maxima autorisés) pour chaque type de tâche retenue ;

- le maintien d'une norme (référentiel national) relative à la charge statutaire de travail (192 heures d'enseignement ou 1.600 heures de travail total), servant de base au contrat individuel de service
;

- la mise en place d'un contrat pluriannuel, entre chaque enseignant et son établissement, avec compensation possible des tâches entre elles, sur la base du tableau d'équivalence évoqué, contrat faisant l'objet d'un bilan et d'une évaluation par des instances à préciser ;

- ... une décharge partielle de service, systématique, pour les enseignants débutants ... ;

- ... la suppression de la distinction entre travaux pratiques et travaux dirigés ... ;

- la fongibilité totale des différentes catégories de primes permettant indifféremment le paiement, soit de primes, soit d'heures complémentaires (pour dépassement du référentiel national ou compensation d'une décharge), sous la forme d'une enveloppe globale attribuée à l'établissement ;

- l'attribution à l'établissement d'une enveloppe complémentaire forfaitaire (par exemple au prorata de l'équivalent budgétaire de la dotation théorique en postes, modulé par l'écart entre cette dotation théorique et la dotation réelle)


S'exprimant le 5 juillet 2001 devant la conférence des présidents d'université (CPU), le ministre de l'Education nationale annonçait à ce sujet :

« l'une de vos propositions concerne une nouvelle définition des tâches des enseignants et enseignants-chercheurs : j'ai demandé à Eric Espéret de mener une réflexion à ce sujet et je me réjouis de voir ce travail concrétisé en un rapport qu'il m'a remis. Je demande à Monsieur le Directeur des personnels enseignants d'étudier de près toutes ses suggestions.

Je ne puis m'engager aujourd'hui sur l'ensemble des mesures proposées. Mais d'ores et déjà je retiens l'idée d'un « contrat » (je mets volontairement le mot contrat entre guillemets), quelque chose comme un engagement réciproque entre un enseignant nouvellement recruté et son établissement concernant les tâches attendues et acceptées.

Par ailleurs, je partage tout à fait le point de vue selon lequel on ne peut plus définir le service des enseignants, dans un certain nombre de cas, uniquement par référence à une présence devant les étudiants. Ce mode de calcul est d'un autre âge ; il n'est plus adapté aux missions des universités modernes. Ainsi, il est clair que, par exemple, les travaux liés au suivi des stages, à l'élaboration de logiciels, à l'enseignement à distance, doivent pouvoir être comptabilisés, pour ceux qui les réalisent, dans leur temps de service. Vous suggérez des méthodes de calcul. Nous allons les étudier de près
».

A ce jour, les seules décisions prises sont toutefois :

- l'attribution de décharges de service d'enseignement aux enseignants-chercheurs et aux enseignants qui assument les charges administratives les plus lourdes : outre les présidents, les vice-présidents des trois conseils d'université et les chefs des autres établissements qui sont d'ores et déjà dispensés depuis 1997 de la totalité de leur service, les directeurs d'institut, d'école ou d'unité de formation et de recherche pourront être déchargés d'au maximum les deux-tiers de leur service ;

- le transfert aux établissements sur leur budget propre des crédits de primes , ce qui leur permettra, les primes étant convertibles en décharges de service, de gérer de façon globale l'attribution des primes et des décharges ;

- enfin, l'ouverture d'une voie de promotion réservée aux enseignants-chercheurs qui se consacrent, pour la majorité de leur temps, à des fonctions autres que d'enseignement ou de recherche, et l'interversion de l'ordre d'examen des candidatures pour les corps de maîtres de conférences et de professeurs, les établissements se prononçant désormais après le conseil national des universités (CNU) de manière à ce que, agissant en dernier ressort, ils doivent définir leurs critères de sélection et notamment la part qu'ils accordent à l'investissement pédagogique local.

Ces réformes sont timides. Notre collègue Yves Fréville a d'ailleurs présenté le 29 novembre 2001, au nom du comité d'évaluation des politiques publiques du Sénat un rapport 36( * ) sur « le recrutement et la gestion des enseignants-chercheurs et des chercheurs », qui dénonce les impasses de la gestion centralisée des emplois, et qui préconise notamment une plus grande autonomie de gestion des universités, ainsi que le recentrage de l'administration centrale sur les fonctions de régulation du système universitaire.

C. L'EFFICIENCE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

1. La dépense en faveur de l'enseignement supérieur

En l'an 2000, la collectivité nationale a dépensé 111,2 milliards de francs (soit 16,95 milliards d'euros) pour l'ensemble de l'éducation supérieure en métropole. Par grand domaine, cet effort se décompose de la façon suivante :

- 93,9 milliards de francs (14,32 milliards d'euros, soit 84,5 % de la dépense) ont été consacrés aux activités de formation proprement dites (formation initiale mais également autres activités de formation) ;

- les 15,5 % restants ont été utilisés à hauteur de 8,8 milliards de francs (1,34 milliard d'euros) pour les activités annexes (administration générale, orientation, restauration et hébergement scolaires et universitaires, médecine scolaire et universitaire), et de 8,5 milliards de francs (1,30 milliard d'euros) pour l'achat de livres ou matériels nécessités par la fréquentation des établissements d'enseignement ainsi qu'à la rémunération des personnels en formation.

Le financement des activités d'enseignement supérieur et des achats des biens et services liés est détaillé dans le tableau ci-après.

Les activités de formation constituent l'essentiel des dépenses et, parmi elles, les dépenses dites d'enseignement supérieur. Il convient à cet égard de noter que les activités d'enseignement dispensées dans les classes préparatoires aux grandes écoles et les sections de technicien supérieur (CPGE et STS) sont financées sur le budget de l'enseignement scolaire.

Enfin, les financements publics constituent une part prépondérante des financements (86,9 % en l'an 2000), l'Etat contribuant à hauteur de 78,4 %, dont 69,2 % provenant du ministère de l'éducation nationale et 9,2 % d'autres ministères. Parmi ces derniers, les plus importants financeurs sont les ministères chargés de la défense, de l'agriculture et de la santé. Les collectivités locales participaient pour 6,2 %.

Par ailleurs, la dépense moyenne par étudiant s'établissait en l'an 2000 à :

- 12.620 euros pour les classes préparatoires aux grandes écoles ;

- 11.550 euros pour les formations d'ingénieurs ;

- 10.220 euros pour les sections de techniciens supérieurs ;

- 8.620 euros pour les IUT ;

- 6.470 euros pour les universités.

Ces montants peuvent être rapprochés de la dépense moyenne par élève en l'an 2000 :

- 10.000 euros pour les lycées d'enseignement technologique ;

- 9.000 euros pour les lycées d'enseignement professionnel ;

- 8.000 euros pour les lycées d'enseignement général ;

- 6.700 euros pour les collèges ;

- 4.200 euros pour les écoles primaires ;

- 4.000 euros pour les écoles maternelles.

Dépense totale en faveur de l'enseignement supérieur-France métropolitaine-2000

Compte provisoire de l'éducation supérieure 2000

Financement des activités d'éducation et des achats des biens et services liés

(en millions d'euros)

Dépenses totales en M€ (courantes et en capital)

STS-CPGE


(a)

Enseigne-ment supérieur

(b)

Autres activités de forma-tion

(c)

Total activités de formation

(d) =

(a+b+c)

activités annexes

(e)

Total activités de formation et annexes

(f)=(d+e)

Autres acti-vités

(g)

Total dépenses financeurs finals

(h) = (f+g)

Transferts bourses et autres transferts versés (1)

(i)

Trans-ferts reçus

(j)

Total dépenses financeurs initiaux

(k) =

(h+i+j)

Participation des différents financeurs initiaux en%

Education nationale

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Budget scolaire

1 427

76

212

1 715

295

2 010

34

2 044

0

0

2 044

12,1%

C.S.R scolaire

472

1

56

529

75

604

15

619

0

0

619

3,6%

Budget supérieur

0

5 692

89

5 781

316

6 097

75

6 172

1 244

23

7 393

43,6%

C.S.R supérieur

0

1 608

24

1 632

13

1 645

34

1 679

0

0

1 679

9,9%

Total MEN

1 899

7 377

381

9 657

699

10 356

158

10 514

1 244

23

11 735

69,2%

Agriculture

109

94

0

203

3

206

0

206

33

0

239

1,4%

Défense

0

308

0

308

41

349

0

349

14

0

363

2,1%

Santé

0

143

0

143

0

143

0

143

52

0

195

1,2%

Autres ministères

20

434

19

473

54

527

0

527

34

0

561

3,3%

C.S.R autres ministères

35

160

0

195

9

204

0

204

0

0

204

1,2%

Total autres ministères

164

1 139

19

1 322

107

1 429

0

1 429

133

0

1 562

9,2%

Total ETAT

2 063

8 516

400

10 979

806

11 785

158

11 943

1 377

23

13 297

78,4%

Communes

41

58

1

100

36

136

0

136

5

0

141

0,8%

Départements

38

94

0

132

18

150

0

150

2

0

152

0,9%

Régions

257

339

152

748

4

752

0

752

16

0

768

4,5%

Total Collectivités territoriales

336

491

153

980

58

1 038

0

1 038

23

0

1 061

6,2%

Autres Administrations publiques

0

377

0

378

5

383

0

383

0

0

383

2,3%

Total Financeurs publics

2 399

9 384

554

12 337

869

13 206

158

13 364

1 400

23

14 741

86,9%

Entreprises

98

503

209

810

0

810

0

810

0

0

810

4,8%

Ménages

177

828

171

1 176

467

1 643

1 138

2 781

0

1 377

1 404

8,3%

TOTAL GENERAL

2 674

10 715

934

14 323

1 336

15 659

1 296

16 955

1 400

1 400

16 955

100,0%

Légende

* Autres activités d'enseignement : enseignement à distance, formation continue, autre extra-scolaire.

* Activités annexes : administration générale, orientation, restauration scolaire et hébergement, médecine scolaire et universitaire.

* Autres activités : matériels, livres, habillement, rémunération des personnels en formation.

* C.S.R : charges sociales rattachées.

* Financeur final : les transferts entre agents sont pris en compte.

* Financeur initial : financement avant prise en compte des transferts existant entre les différents agents économiques ; l'optique « financement initial » rend compte de la source réelle du financement.

(1) : A partir de 1993, aux bourses effectivement versées par le budget de l'enseignement supérieur, a été rajoutée une somme fictive de transferts versés, correspondant à la part du montant de crédits d'impôts imputable aux étudiants.

Source : ministère de l'Education nationale

2. La répartition des moyens : le système SANREMO

Dans le cadre de son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat d'avril 2001, la Cour des Comptes a dressé un bilan sévère de la mise en oeuvre du système analytique de répartition des moyens entre les établissements (le système SANREMO).

Les observations de la Cour des Comptes sur la répartition géographique des emplois

1. Les principes de la répartition des emplois

« La loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 relative à l'enseignement supérieur définit les principes de la répartition des emplois d'enseignants-chercheurs : concourir à l'aménagement du territoire et permettre de répartir équitablement les moyens sur la base de critères nationaux tout en prenant en compte la politique contractuelle engagée par le ministère avec les établissements.

Ces dispositions ne sont que partiellement respectées. La méthode utilisée en matière de répartition des emplois par le ministère n'est en effet pas fondée sur une approche territoriale et se réduit à une répartition des moyens entre établissements qui ne tient pas compte des enjeux à l'échelle des régions et des bassins de formation. Les contrats signés entre les établissements et leur tutelle ne comportent pas de volet relatif aux dotations en emplois budgétaires d'enseignants. Les taux d'encadrement pédagogique sont très hétérogènes, entre catégories d'établissement et au sein d'une même catégorie. Ainsi, pour l'année universitaire 1997-1998, on constatait des écarts très importants entre universités à dominante scientifique (15 étudiants par enseignant), universités à dominante littéraire (35) et universités à dominante juridique (40). Dans la catégorie des universités pluridisciplinaires, pour une moyenne de 24 étudiants par enseignant, trois universités avaient des taux d'encadrement de 35, 36 et 37 étudiants par enseignant.

Ces disparités doivent être d'autant plus relevées que l'enseignement supérieur a bénéficié, en une décennie, de créations massives d'emplois budgétaires qui auraient dû permettre de les réduire. »



2. - La mise en oeuvre : le modèle SAN REMO



« Depuis 1993, le ministère utilise un outil mathématique, dénommé SAN REMO (système analytique de répartition des moyens), pour répartir les emplois d'enseignants-chercheurs.

a) Ce modèle particulièrement complexe vise, sur la base d'une analyse des besoins de chaque établissement, à calculer l'écart entre une dotation théorique et un potentiel réel en emplois budgétaires. Pour ce faire, le modèle SAN REMO compare la demande d'enseignement du côté des étudiants et l'offre d'enseignement du côté des enseignants, cette confrontation permettant de déduire les besoins pédagogiques restant à couvrir, car non assurés par le potentiel d'enseignement dont dispose l'établissement.

Depuis sa création, le modèle SAN REMO a connu de très nombreuses évolutions. Celles-ci qui, prises isolément, ont sans nul doute leur pertinence, contribuent à limiter les possibilités d'évaluer les effets de leur application dans le sens d'une réduction des déséquilibres entre les établissements. En effet, ces déséquilibres étant appréciés, d'une année sur l'autre, à l'aune de critères évolutifs, il est difficile de fonder une opinion objective sur l'efficacité du modèle SAN REMO. Au demeurant, certains établissements ont connu une dégradation de leur taux de couverture d'enseignement au cours des trois dernières années, tel que calculé par le modèle SAN REMO. Si 61 universités ont vu s'améliorer leur taux, 20 autres ont connu une évolution contraire.

Aussi plusieurs éléments conduisent-ils à s'interroger sur la pertinence de ce modèle et sur la fiabilité de ses résultats :

Le calcul de la dotation théorique des moyens d'enseignement dont l'établissement devrait être doté, compte tenu de ses emplois d'enseignants existants et en vue de répondre de façon optimale à ses besoins d'enseignement, ne se fonde pas sur une projection de ses effectifs à la rentrée suivante mais sur des effectifs constatés deux années avant cette échéance. Dès lors, la baisse des effectifs d'étudiants, constatée depuis 1996, n'est pas prise en compte dans la réalité de son impact sur les besoins d'enseignement. En revanche, le calcul du potentiel supplémentaire d'emplois d'enseignants pour l'année universitaire en préparation se trouve de fait surestimé.

Le recensement des étudiants pris en compte n'est pas exempt d'incertitudes, toutes les inscriptions principales étant dénombrées, y compris des inscriptions de pure forme, telles celles d'élèves des classes préparatoires aux grandes écoles qui, inscrits en université pour obtenir des équivalences de diplôme, n'assistent à aucun cours. Le nombre de telles inscriptions peut être élevé, notamment à Paris et dans les grandes métropoles régionales et vient dans ce cas alourdir fictivement les effectifs d'étudiants et, de fait, accroître artificiellement les besoins en enseignants.

b) Comme le souligne le ministère, le modèle SAN REMO constitue un outil d'aide à la décision qui ne saurait dicter, à lui seul, les décisions qui sont prises en matière d'allocation des moyens aux établissements. Mais l'application qui est faite par le ministère des résultats du modèle ne montre pas de continuité dans les mesures de rééquilibrage.

Tout d'abord, les corrections qui sont apportées par la répartition des emplois sont limitées par le fait que seuls les moyens supplémentaires font l'objet d'une répartition : aucun redéploiement d'emploi d'enseignants-chercheurs n'a été opéré, depuis 1992, entre établissements. Cette absence de volontarisme, liée aux fortes réticences des établissements les plus dotés à se voir retirer des emplois, limite de fait la portée de cette procédure.

L'adaptation qualitative a été tout autant limitée lors de l'élaboration du plan de rattrapage des universités décidé en 1995 afin de remédier aux besoins les plus urgents. Or, à cette date, la mesure n'avait pas encore été prise de la décrue des effectifs d'étudiants, ni de ses effets contrastés sur les établissements. Ceci a conduit à allouer aux établissements 3 709 emplois d'enseignants de 1996 à 1998, sans prendre en compte l'évolution inégale des besoins des établissements au cours des exercices considérés.

En revanche, pour la préparation de la rentrée universitaire 1998, sur les 3 000 emplois inscrits au budget 1998, la moitié a été réservée aux universités, les autres emplois étant destinés aux IUT, IUFM et écoles d'ingénieurs afin de tenir compte d'éléments qualitatifs afférents à la politique scientifique des établissements, à la formation continue et aux axes prioritaires des contrats ou des projets d'établissement.

Enfin, s'agissant de la campagne pour 1999, l'application stricte du modèle SAN REMO démontrait que 899 emplois supplémentaires d'enseignants étaient nécessaires pour rééquilibrer l'ensemble des universités au regard de leur dotation théorique en emplois. En réalité, 1 061 emplois ont été délégués, certaines dotations ayant connu de fortes augmentations, voire doublé sinon décuplé comme ce fut le cas pour une université de l'Est. En revanche, des établissements ont vu leur dotation amputée au regard des dotations calculées par SAN REMO.

Globalement, on constate au demeurant que la mesure par le modèle SAN REMO de l'évolution du taux de couverture des besoins des établissements en emplois d'enseignants-chercheurs démontre que certaines universités ont connu une dégradation de ce taux.


 

Taux de couverture 1997

Taux de couverture 1998

Taux de couverture 1999

Bordeaux II

86,15 %

77,95 %

79,00 %

Clermont-Ferrand I

69,96 %

63,58 %

63,16 %

Lille I

85,52 %

79,85 %

78,38 %

Montpellier I

76,41 %

70,33 %

65,56 %

Ces exemples conduisent à s'interroger sur la possible conjugaison d'un modèle purement quantitatif de gestion lourde et l'introduction au cas par cas d'ajustements qualitatifs, même inspirée par des motifs légitimes d'adaptation à la diversité des situations locales ou disciplinaires, en l'absence d'une règle du jeu claire. »

Source : Cour des Comptes

En conséquence, votre rapporteur spécial avait demandé au ministre de l'Education nationale les suites qu'il entendait donner à ces observations et, le cas échéant, les améliorations qu'il entendait apporter au dispositif de répartition des moyens. La réponse à ces questions est reproduite dans l'encadré ci-après.

Les perspectives de réforme de système SANREMO selon le ministère de l'Education nationale

« Après cinq années d'application, SANREMO a fait l'objet au 1er semestre 2001 d'une réflexion [le rapport « Laugénie »] au sein d'un groupe de travail, et constitué du bureau de la conférence des présidents d'université, de l'association des secrétaires généraux d'universités, des directions concernées de l'administration centrale et de conseillers d'établissements de la direction de l'enseignement supérieur.

L'objectif du groupe de travail, dans le délai imparti, n'a pas été de procéder à une refonte complète de Sanremo, mais de réfléchir à quelques pistes qui iraient dans le sens :

- d'une clarification du dispositif actuel ;

- d'une simplification à l'égard de critères jugés trop compliqués et ne répondant plus à la réalité des besoins des établissements ;

- d'une plus grande justice dans la répartition des moyens proprement dite.

Pour 2002, le mécanisme général reste le même, à savoir le calcul pour chaque établissement de dotations théoriques qui, comparées au potentiel existant, permettent d'évaluer un besoin. Il est cependant prévu d'introduire des novations allant dans le sens évoqué et surtout de situer la répartition des moyens dans une démarche plus qualitative, moins dépendante du seul calcul issu des critères du modèle SANREMO.

II - 1. Trois catégories d'aménagements techniques du modèle Sanremo sont proposées :

la simplification et le réajustement des coûts par étudiant (H/E) servant de base au calcul des charges théoriques d'enseignement : la grille des H/E serait réorganisée autour de 6 classes de H/E pour les formations initiales et 6 classes pour les formations professionnalisantes, dans le souci de mieux prendre en compte les besoins des formations, littéraires notamment.

une plus juste appréciation des besoins en personnels IATOSS

Un consensus s'est dégagé pour reconnaître que l'appui des personnels IATOSS aux diverses missions des universités est à l'heure actuelle, mal ou insuffisamment assuré par le modèle ; d'où la décision de réévaluer le soutien à la fonction "enseignement du secteur tertiaire non professionnel" dans le calcul théorique, en passant de 1 IATOS pour 450 étudiants à 1 IATOS pour 300 étudiants dans ce secteur.

Par ailleurs, une fonction "aide à la documentation" sera introduite, sur la base d'1 IATOS pour 1000 étudiants.

Enfin, une simplification et un renforcement de l'appui à la recherche sont parus indispensables : jusqu'à aujourd'hui, le calcul des besoins IATOS liés à la recherche était fondé exclusivement sur le critère de la production de thèses, particulièrement complexe dans son application détaillée. Aussi, a-t-il été décidé de simplifier l'économie générale du calcul, en combinant un critère stabilisant -nombre d'IATOS par enseignant chercheur (1 IATOS pour 13 enseignants-chercheurs dans le secteur secondaire et pour 26 dans le secteur tertiaire)- à celui de la production de thèses (1,3 thèse dans les disciplines secondaires et 4 thèses dans les disciplines tertiaires).

une approche plus fine des corrections de taille

Les dispositions visées concernent plus particulièrement les universités pluridisciplinaires : dans le système actuel, des charges complémentaires d'enseignement sont calculées pour les universités situées en dessous de 120 000 heures. Il est proposé d'appliquer, chaque fois que cela est favorable, ces corrections par grands champs disciplinaires (35 000 heures en droit, 50 000 heures en lettres et 65 000 heures en sciences) pour introduire une plus grande justice entre établissements, selon la dominante disciplinaire.

II - 2. Mieux dissocier le calcul des dotations théoriques et la répartition des moyens

En effet, lorsque le dispositif d'analyse et d'évaluation des besoins est jugé négativement par les établissements, le système de répartition est alors englobé dans cette critique générale (et inversement). L'écart entre besoin théorique/potentiel ne suffit pas pour allouer des moyens. Le besoin théorique est un indicateur utile pour différencier les situations respectives des établissements mais ne peut en aucun cas, compte tenu de son mode de calcul normé, constituer une cible idéale ou un outil d'appréciation absolue de la situation véritable d'un établissement. Deux orientations parmi d'autres méritent à ce sujet d'être privilégiées :

la réintégration de la question des moyens dans la démarche contractuelle

Point de rencontre entre la politique nationale et le champ du local, le contrat doit se voir assigner une place dans le domaine des moyens. Sans réintroduire des engagements sur des attributions de postes et de crédits que l'annualité budgétaire ne permet pas de tenir, le contrat de développement doit être l'occasion d'une évaluation et d'une analyse partagée entre l'Etat et l'établissement de la situation de celui-ci ; il s'agit d'introduire une dimension qualitative pour permettre d'orienter la répartition des moyens vers plus d'équité entre établissements, en favorisant ceux dont le contrat comprend des engagements pluriannuels allant dans ce sens (existence d'une politique de gestion des ressources humaines, efforts de redéploiement de personnels selon les besoins disciplinaires et des composantes, niveau des réserves réelles des établissements... ).

la recherche d'une méthodologie d'attribution des moyens

Il s'agit dans cette perspective, de pouvoir distinguer entre le volume de la répartition sur critères, qui procède pour l'essentiel d'une logique de rattrapage, et celui de la répartition sur projets qui tient compte des efforts réels réalisés par certains établissements et méritant, à ce titre, des moyens supplémentaires ».

Source : ministère de l'Education nationale, réponse au questionnaire de la commission des finances du Sénat.

On peut regretter que ces mesures reproduisent les deux travers dénoncées par la Cour des Comptes, puisqu'elles consistent à effectuer des ajustements techniques de détail du modèle SANREMO sans vision d'ensemble, tout en amodiant les préconisations qui en sont issues par des considérations qualitatives aux fondements plus ou moins incertains.

3. Les écarts entre les dotations théoriques et les dotations réelles en personnels

Quoi qu'il en soit, le tableau ci-après reproduit, université par université, pour 2001, les dotations réelles en personnels et les dotations théoriques résultant du modèle SANREMO.

Dotations théoriques et potentiels enseignants en heures) et IATOS (en ETP)

Etablissements

Charges

Potentiel

Besoins

Potentiel

 

d'enseignement

Enseignant

en IATOS

IATOS

AIX-MARSEILLE I

243 612

205 792

553

496

AIX-MARSEILLE II

207 965

150 432

731

856

AIX-MARSEILLE III

225 644

168 480

566

483

AMIENS

244 834

200 352

537

470

ANGERS

186 715

146 016

404

351

ANTILLES-GUYANE

109 680

86 976

225

217

ARTOIS

159 865

118 752

277

238

AVIGNON

95 668

62 880

166

134

BESANCON

257 422

224 608

640

576

BORDEAUX I

183 329

175 296

558

553

BORDEAUX II

95 966

76 992

479

532

BORDEAUX III

142 450

120 672

259

265

BORDEAUX IV

128 225

85 344

222

203

BREST

196 615

171 552

501

457

BRETAGNE SUD

134 379

93 888

199

158

CAEN

289 250

231 552

715

608

CERGY-PONTOISE

139 497

107 712

292

245

CHAMBERY

185 224

124 128

323

257

CLERMONT-FERRAND I

132 129

86 400

311

327

CLERMONT-FERRAND II

207 465

181 472

503

477

CORSE

60 704

46 368

108

90

DIJON

316 702

248 640

745

685

EVRY-VAL D'ESSONNE

152 995

96 864

278

198

GRENOBLE I

277 600

227 200

855

748

GRENOBLE II

212 708

148 320

348

379

GRENOBLE III

76 676

60 192

144

153

LA REUNION

110 760

75 840

211

176

LA ROCHELLE

110 251

80 064

188

167

LE HAVRE

141 887

98 112

218

187

LE MANS

134 685

111 360

266

248

LILLE I

354 049

280 128

889

778

LILLE II

170 370

111 456

565

515

LILLE III

194 312

153 312

365

323

LIMOGES

172 734

139 488

439

396

LITTORAL

157 434

108 672

286

228

LYON I

354 729

279 072

1 166

1 073

LYON II

194 807

138 432

388

321

LYON III

167 848

108 192

311

247

MARNE-LA-VALLEE

137 050

87 264

242

185

METZ

202 670

154 368

436

356

MONTPELLIER I

152 982

97 152

521

558

MONTPELLIER II

256 476

198 720

692

635

MONTPELLIER III

156 318

117 408

296

246

MULHOUSE

147 677

98 208

272

223

NANCY I

243 042

204 000

787

789

NANCY II

189 692

144 864

349

343

NANTES

388 069

295 584

933

794

NICE

291 001

218 304

732

625

NOUVELLE-CALEDONIE

15 068

13 056

42

31

ORLEANS

243 726

189 120

487

436

PARIS I

263 064

189 216

542

502

PARIS II

126 239

84 288

262

272

PARIS III

130 265

99 072

272

275

PARIS IV

179 592

140 352

363

337

PARIS V

218 191

172 320

816

1 094

PARIS VI

247 629

313 728

1 587

1 844

- Dotations théoriques et potentiels enseignants et IATOS (suite)

Etablissements

Charges

Potentiel

Besoins

Potentiel

 

d'enseignement

Enseignant

en IATOS

IATOS

PARIS VII

177 330

208 416

882

1 096

PARIS VIII

233 866

171 744

416

358

PARIS IX

102 397

73 824

198

186

PARIS X

301 109

226 048

575

527

PARIS XI

354 157

326 880

1 281

1 238

PARIS XII

270 086

184 416

572

485

PARIS XIII

239 750

184 320

513

449

PAU

166 169

140 448

342

297

PERPIGNAN

117 248

80 736

207

184

POITIERS

294 309

261 888

803

699

POLYNESIE FRANCAISE

19 196

13 824

58

39

REIMS

264 415

225 312

604

575

RENNES I

298 186

256 896

920

891

RENNES II

181 568

136 800

323

285

ROUEN

253 279

221 952

667

557

SAINT-ETIENNE

171 618

136 608

358

319

STRASBOURG I

179 392

179 437

883

833

STRASBOURG II

106 054

86 458

212

220

STRASBOURG III

113 573

75 418

199

188

TOULON

148 450

101 184

246

219

TOULOUSE I

136 883

87 936

277

247

TOULOUSE II

231 869

182 016

433

379

TOULOUSE III

410 308

348 416

1 189

1 115

TOURS

270 069

208 032

595

555

VALENCIENNES

186 627

133 536

349

285

VERSAILLES-SAINT-QUENTIN

145 164

110 400

297

266

TOTAL

15 889 008

12 510 977

39 261

36 852

Source : ministère de l'Education nationale

4. L'évaluation des établissements : l'exemple du taux de réussite au DEUG

En réponse à une demande votre rapporteur spécial, le ministère de l'Education nationale lui a transmis, avant leur publication dans la notre d'information 01.47 d'octobre 2001, les résultats d'une étude sur la réussite au DEUG par université.

La méthodologie de cette étude était la suivante :

- en premier lieu, elle calculait le taux de réussite au DEUG par établissement en rapportant le nombre de diplômés d'une université au nombre d'entrants « confirmés » en première année de premier cycle de cette université (c'est à dire ceux qui ont poursuivi leurs études, en premier cycle, un an après leur entrée), les étudiants en double cursus étant éliminés, mais les réorientations étant prises en compte (un étudiant entrant dans une discipline A, mais se réorientant au cours de l'une des deux années suivantes vers la discipline B, étant comptabilisé comme entrant dans la discipline B). Ce taux de réussite était alors décliné sur deux, trois, quatre et cinq ans 37( * ) . Au niveau national, le taux de réussite ainsi obtenu était de 45,5 % en deux ans (la durée normale), de 68,8 % en trois ans et de 79,7 % après cinq ans. Cependant, le taux de réussite en deux ans variait du simple au triple entre Paris-VIII (22 %) et Paris-IX (80 %) ;

- dans un second temps, cette étude s'efforçait d'éliminer l'incidence de certains facteur pour calculer un taux de réussite attendu ou simulé, compte tenu du profil des étudiants entrants à l'université. Les facteurs pris en compte étaient au nombre de trois : la série du baccalauréat (littéraire, économique, scientifique ou technologique), l'âge au baccalauréat selon trois modalités (« à l'heure » ou en avance, en retard d'un an, en retard de plus d'un an) et la discipline d'inscription selon sept modalités (droit, économie, et AES, lettres, langues, sciences humaines, sciences et STAPS). L'écart entre le taux de réussite effectif et le taux de réussite « attendu » correspondait alors à la « valeur ajoutée » de l'université.

Les résultats ainsi obtenus sont reproduits dans les tableaux ci-après.

Taux de réussite réels et simulés à la session 1999 par établissement pour tous bacheliers (hors professionnels) inscrits dans toutes les disciplines du DEUG

ETABLISSEMENT

Taux de réussite au DEUG

Valeur ajoutée

Taux en 2 ans

Valeur ajoutée

Réels

Simulés

Réels

Simulés

 
 
 
 
 
 
 

AIX I

87,5

82,1

5,4

50,4

49,4

1,0

AIX II

88,7

84,7

4,0

49,8

48,1

1,7

AIX III

70,6

73,8

-3,2

37,3

37,8

-0,5

AMIENS

77,0

80,7

-3,7

44,9

46,4

-1,5

ANGERS

85,3

80,0

5,3

53,5

45,7

7,8

ANTILLES-GUYANE

57,6

71,8

-14,2

27,6

38,4

-10,8

ARTOIS

78,1

79,4

-1,3

46,5

45,3

1,2

AVIGNON

99,4

76,6

22,8

55,8

42,5

13,3

BESANCON

81,9

79,1

2,8

49,7

45,0

4,7

BORDEAUX I

79,6

84,2

-4,6

37,1

41,1

-4,0

BORDEAUX II

100,0

84,2

15,8

54,0

51,0

3,0

BORDEAUX III

72,2

82,5

-10,3

41,8

51,4

-9,6

BORDEAUX IV

58,6

70,3

-11,7

29,0

40,1

-11,1

BREST

89,5

79,4

10,1

53,0

45,3

7,7

BRETAGNE SUD

74,5

76,8

-2,3

48,8

43,1

5,7

CAEN

68,9

81,1

-12,2

37,5

46,9

-9,4

CERGY PONTOISE

86,2

76,1

10,1

45,4

40,7

4,7

CHAMBERY

85,0

81,0

4,0

51,4

46,6

4,8

CLERMONT I

72,7

72,7

0,0

42,3

40,2

2,1

CLERMONT II

75,9

84,7

-8,8

48,5

49,7

-1,2

CORSE

84,3

78,2

6,1

47,7

44,4

3,3

DIJON

82,6

82,3

0,3

47,8

47,8

0,0

EVRY VAL D'ESSONNE

81,2

71,4

9,8

49,0

37,3

11,7

GRENOBLE I

67,2

87,6

-20,4

39,7

47,4

-7,7

GRENOBLE II

73,4

76,9

-3,5

42,9

44,3

-1,4

GRENOBLE III

86,2

82,4

3,8

56,3

51,1

5,2

LA REUNION

76,1

78,7

-2,6

40,5

44,5

-4,0

LA ROCHELLE

82,7

78,0

4,7

39,0

41,7

-2,7

LE HAVRE

90,7

75,6

15,1

61,6

42,1

19,5

LE MANS

79,3

82,5

-3,2

47,2

47,8

-0,6

LILLE I

71,0

83,7

-12,7

41,3

44,4

-3,1

LILLE II

60,6

76,1

-15,5

32,3

43,0

-10,7

LILLE III

80,4

80,9

-0,5

48,6

49,6

-1,0

LIMOGES

80,8

81,3

-0,5

40,3

46,6

-6,3

LITTORAL

74,0

77,7

-3,7

45,6

44,1

1,5

LYON I

88,5

83,3

5,2

50,6

42,2

8,4

LYON II

99,7

81,3

18,4

64,1

50,0

14,1

ETABLISSEMENT

Taux de réussite au DEUG

Valeur ajoutée

Taux en 2 ans

Valeur ajoutée

Réels

Simulés

Réels

Simulés

LYON III

84,0

76,6

7,4

49,5

44,2

5,3

MARNE LA VALLEE

80,2

79,1

1,1

42,6

44,6

-2,0

METZ

82,5

79,3

3,2

48,4

45,5

2,9

MONTPELLIER I

70,6

77,5

-6,9

35,0

44,0

-9,0

MONTPELLIER II

84,4

82,6

1,8

36,4

39,9

-3,5

MONTPELLIER III

94,2

81,6

12,6

50,4

50,4

0,0

MULHOUSE

65,8

79,5

-13,7

42,5

45,6

-3,1

NANCY I

83,4

88,1

-4,7

44,1

46,7

-2,6

NANCY II

85,7

78,5

7,2

43,4

46,6

-3,2

NANTES

78,8

82,3

-3,5

45,5

47,8

-2,3

NICE

73,5

79,7

-6,2

41,4

45,5

-4,1

ORLEANS

77,9

80,9

-3,0

42,4

46,3

-3,9

PACIFIQUE

51,7

62,2

-10,5

25,5

31,5

-6,0

PARIS I

85,7

79,1

6,6

51,2

46,6

4,6

PARIS II

71,0

74,3

-3,3

45,0

40,1

4,9

PARIS III

59,2

80,8

-21,6

41,3

49,6

-8,3

PARIS IV

82,0

83,2

-1,2

55,6

52,0

3,6

PARIS IX

99,1

93,4

5,7

80,7

59,4

21,3

PARIS V

84,5

75,1

9,4

40,7

41,8

-1,1

PARIS VI

82,1

83,7

-1,6

38,8

39,1

-0,3

PARIS VII

82,8

80,7

2,1

42,2

44,4

-2,2

PARIS VIII

41,8

69,8

-28,0

22,9

40,5

-17,6

PARIS X

79,8

75,0

4,8

52,9

43,1

9,8

PARIS XI

81,9

79,2

2,7

41,7

40,6

1,1

PARIS XII

86,2

75,8

10,4

43,5

42,3

1,2

PARIS XIII

79,2

67,9

11,3

43,4

36,0

7,4

PAU

81,6

79,5

2,1

43,0

44,8

-1,8

PERPIGNAN

100,0

76,4

23,6

65,1

42,9

22,2

POITIERS

77,9

81,7

-3,8

46,9

47,8

-0,9

REIMS

77,5

79,0

-1,5

39,1

45,2

-6,1

RENNES I

79,8

78,7

1,1

40,4

41,1

-0,7

RENNES II

81,8

82,8

-1,0

57,0

50,8

6,2

ROUEN

84,9

77,6

7,3

41,7

44,4

-2,7

ST-ETIENNE

79,2

81,6

-2,4

49,5

47,7

1,8

STRASBOURG I

82,6

86,2

-3,6

36,7

46,8

-10,1

STRASBOURG II

81,2

87,3

-6,1

44,4

55,4

-11,0

STRASBOURG III

63,9

74,4

-10,5

32,0

40,4

-8,4

TOULON

90,8

77,7

13,1

47,3

43,2

4,1

TOULOUSE I

77,4

72,1

5,3

46,4

39,3

7,1

TOULOUSE II

89,1

81,3

7,8

49,0

49,9

-0,9

TOULOUSE III

89,5

85,9

3,6

38,0

45,0

-7,0

TOURS

86,0

81,7

4,3

49,0

47,7

1,3

VALENCIENNES

72,5

80,7

-8,2

38,6

45,7

-7,1

VERSAILLES

71,0

78,8

-7,8

46,2

42,0

4,2

FRANCE ENTIERE

79,7

 

45,5

 

La publication de cette étude a eu un impact considérable , nombre de présidents d'université étant ainsi sommés par les média de s'expliquer sur les mauvaises performances des universités.

De fait, les chiffres ci-dessus sont sans aucun doute plus satisfaisants que les chiffres bruts qui avaient été collectés et publiés en avril 2001 par un grand hebdomadaire.

La méthodologie retenue par cette étude appelle toutefois les observations suivantes :

- les indicateurs proposés sont restrictifs . En effet, l'étude ne porte que sur le seul taux de réussite au DEUG alors que les universités peuvent avoir des pratiques d'évaluation et des performances différenciées selon les niveaux ;

- en outre, cette étude ne fournit aucune explication sur l'origine (pédagogie plus ou moins adaptée, examens plus ou moins sévères, critères d'évaluation différents, etc.) des écarts constatés, alors même que le taux de succès à un examen est un critère très ambigu , puisqu'il peut refléter aussi bien l'efficacité des pratiques pédagogiques qu'un plus ou moins grand laxisme en matière d'évaluation : à la limite, toutes les universités qui le souhaitent pourraient très rapidement délivrer 100 % de DEUG en deux ans. En conséquence, le terme retenu de « valeur ajoutée » est sans doute maladroit ;

- par surcroît, et au contraire de la méthode utilisée pour évaluer la valeur ajoutée des lycées, cette étude ne retient pas le critère de la catégorie sociale des parents pour apprécier la valeur ajoutée des établissements. Or les différences sociales produisent des effets continus bien au delà du bac. De même, l'étude n'élimine pas l'impact des ressources financières des étudiants ;

- enfin, si le fait d'exclure des statistiques les étudiants abandonnant au cours de la première année ne modifie guère, selon le ministère de l'Education nationale, la position relative des établissements, il n'en majore pas moins de façon importante les taux de réussite au DEUG . En effet, une étude publiée en août 2000 et réalisée sur une cohorte longitudinale d'étudiants montrait que le taux de réussite au DEUG en deux ans, abandons compris, n'était que de 37 %, et non pas de 45 %. A la limite, la récurrence de ce type de palmarès pourrait d'ailleurs présenter des effets pervers en incitant les universités à décourager précocement ceux de leurs étudiants qu'elles estiment les moins doués.

Ces imperfections ne doivent pas conduire à réitérer le précédent de 1997, lorsque la réalisation d'une étude semblable par la direction de la programmation et du développement du ministère de l'Education nationale avait fait long feu, en raison notamment des pressions exercées par des universités mécontentes de leurs résultats.

En effet, la publication d'enquêtes plus frustes encore par des grands média démontre que ce type de données correspond à une demande sociale forte et, au demeurant, légitime .

En outre, ce type d'évaluation peut constituer un puissant levier de modernisation, comme ce fut le cas pour les lycées.

Cependant, les observations précédentes illustrent à certains égards les carences du dispositif d'évaluation de l'enseignement supérieur, et invitent à un approfondissement des méthodes employées, ce qui requiert sans doute des progrès sensibles en matière de systèmes d'information.

En particulier il semble aujourd'hui indispensable de développer les travaux sur les liens entre l'insertion professionnelle des étudiants, leurs acquis, les taux de réussite aux examens, les pratiques pédagogiques et les moyens mis en oeuvre (ces derniers paraissant au premier abord entretenir des liens incertains avec les taux de réussite tels que définis ci-dessus).

Examen en commission

Au cours d'une réunion tenue le mardi 23 octobre 2001 sous la présidence de M. Roland du Luart , vice-président , la commission a procédé à l'examen des crédits de l'éducation nationale : II - Enseignement supérieur, sur le rapport de M. Jean-Philippe Lachenaud , rapporteur spécial.

A titre liminaire, M. Jean-Philippe Lachenaud a rappelé que les crédits demandés pour l'enseignement supérieur dans le projet de loi de finances pour 2002 s'élevaient à 8,736 milliards d'euros, en progression de 2,2 % par rapport au budget pour 2001. Il s'est ensuite félicité de la priorité accordée aux dépenses d'équipement des laboratoires, de l'augmentation des subventions de fonctionnement aux universités, du rééquilibrage de la structure des emplois au profit des personnels techniques et d'administration, des avancées du plan social étudiant, des progrès de la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur, et de l'accélération des efforts consentis, tant en emplois qu'en moyens de fonctionnement, pour moderniser les bibliothèques universitaires.

Il a toutefois regretté la sous-estimation des crédits d'entretien des bâtiments, ainsi que l'insuffisance des dotations en faveur des restaurants et des résidences universitaires. En outre, il s'est inquiété des retards pris par le désamiantage du campus de Jussieu et par la mise en oeuvre des contrats de plan Etat-Régions.

Il a estimé que ces retards trouvaient pour une large part leur origine dans les carences des systèmes d'information, du contrôle de gestion et des procédures de pilotage du ministère de l'enseignement supérieur.

Il a également regretté que la progression des emplois budgétaires et des subventions de fonctionnement ne se soient pas accompagnée d'une refonte de leurs critères d'allocation, ces derniers étant unanimement reconnus comme obsolètes, et il a ajouté qu'il s'agissait là d'une occasion manquée.

Il a ensuite rappelé qu'après avoir relevé le défi de la quantité, l'enseignement supérieur devait désormais relever le défi de la qualité, et il s'est inquiété, à cet égard, du contraste entre un discours volontariste et le manque de mise en oeuvre effective des réformes annoncées. A titre d'exemple, il a indiqué que les préconisations formulées par la mission de contrôle de l'Assemblée nationale en matière de gestion des universités avaient été modérément prises en compte.

En conclusion, M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial, a déploré que le Gouvernement accorde plus de priorité à l'enseignement scolaire qu'à l'enseignement supérieur.

Un large débat s'est ensuite engagé.

M. Yves Fréville a souligné le défaut de vision claire de ce que l'on voulait faire des universités, les discours en faveur de l'autonomie des universités contrastant avec les faiblesses de leur encadrement de gestion. Il a ajouté que perduraient de très fortes inégalités de dotation, notamment en détriment des universités littéraires, et que les dysfonctionnements de la répartition des subventions allouées aux établissements conduisaient à ce que ceux-ci se retournent vers les collectivités locales. Il a regretté les modalités d'élection et le manque de pouvoirs réels des présidents d'université.

MM. Yves Fréville et Eric Doligé ont ensuite confirmé les observations du rapporteur spécial relatives aux crédits d'investissement et aux retards apportés à la mise en oeuvre des contrats de plan Etat-Région.

Pour sa part, M. François Marc a estimé que le niveau des moyens accordés aux universités étaient globalement satisfaisants, même si ceux-ci étaient mal répartis.

En réponse à ces premières observations, M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial, a précisé que la baisse des crédits d'investissement en 2001 avait été de bonne gestion, puisque ces crédits étaient sous-consommés, mais que le faible niveau des crédits de paiement en 2002 résultait de la mauvaise organisation de la maîtrise d'ouvrage en matière d'enseignement supérieur. Il a, à cet égard, regretté les conditions restrictives imposées aux collectivités locales pour récupérer la TVA sur les concours qu'elles apportent aux investissements universitaires.

En réponse à M. François Marc et à M. Roland du Luart , président, qui s'inquiétaient de la multiplication des « turbo-profs », il a indiqué que l'on ne disposait pas de statistiques à ce sujet et que ce problème recouvrait ceux de la définition des tâches des enseignants et de la constitution d'équipes pédagogiques.

En réponse à M. François Trucy , le rapporteur spécial a précisé que le budget de l'enseignement supérieur ne retraçait pas les efforts de la Nation en faveur de la protection sociale des étudiants et était loin de recouvrir l'ensemble des crédits de l'Etat dans l'enseignement supérieur.

En réponse à M. Aymeri de Montesquiou , qui s'interrogeait sur la position des syndicats d'enseignants vis-à-vis de l'autonomie des universités, il a rappelé que le développement de l'autonomie des universités était possible sans aucune remise en cause du caractère national des diplômes et du recrutement des enseignants-chercheurs et des diplômés, comme le montrait d'ailleurs le développement des politiques contractuelles.

Enfin, en réponse à M. Adrien Gouteyron , il a précisé que la désaffection des étudiants envers les filières scientifiques s'était ralentie en raison notamment des efforts de certaines universités pour réformer l'organisation pédagogique de leur premier cycle, et que le nombre d'étudiants étrangers s'inscrivait désormais en nette progression.

Au terme de ce débat, la commission a réservé son vote sur le budget de l'enseignement supérieur jusqu'à l'examen des crédits de l'enseignement scolaire.

MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE AU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L'Assemblée nationale a adopté deux amendements présentés par le gouvernement tendant à transférer 4,6 millions d'euros (30,174 millions de francs) de crédits du chapitre 43-71 « Bourses, secours d'études et contributions de l'Etat aux transports collectifs parisiens » vers le chapitre 36-11 « Enseignement supérieur et recherche, subventions de fonctionnement ».



1 Rapport du Sénat n°395, 2000-2001.

2 « Les IUFM au tournant de leur première décennie ».

3 Dans le tome II de son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat publié en avril 2001.

4 Page 152.

5 Seulement 37.000 m2 supplémentaires sont aujourd'hui prévus pour 2001.

6 Cf « Moderniser la gestion des universités : quels outils pour quels enjeux ? » , Alain Claeys, rapport n°2357 de l'Assemblée nationale.

7 « La fonction publique de l'Etat », tome 2, rapport particulier de la Cour des Comptes, avril 2001.

8 « Nouvelle définition des tâches des enseignants et des enseignants-chercheurs » dans l'enseignement supérieur français », septembre 2001.

9 Cf. à cet égard les observations de la Cour des Comptes, in « La fonction publique de l'Etat », tome 2, rapport particulier de la Cour des Comptes, avril 2001, page 201.

10 La forte progression du budget de l'enseignement supérieur entre l'an 2000 et 2001 résulte pour une large part de l'inscription au budget de l'enseignement supérieur, à partir de 2001, à hauteur de près de 330 millions d'euros, du financement des cotisations patronales d'assurance maladie des fonctionnaires du département ministériel, alors que cette opération faisait jusqu'en l'an 2000 l'objet d'un transfert en gestion à partir du budget des charges communes.

11 Déflaté de l'indice implicite des prix du PIB.

12 En neutralisant l'impact du changement de structure intervenu en 2001 (cf. note de bas de page n°1 de la page précédente).

13 Changement de source statistique et de périmètre à partir de 1994-1995.

14 Hors territoires d'Outre-mer.

15 Déflaté de l'indice implicite des prix du PIB.

16 Cette augmentation résulte à hauteur de 168 millions d'euros d'une opération de transfert interne, les oeuvres sociales en faveur des étudiants étant portées à partir de 2001 au titre III et non plus au titre IV.

17 Cette baisse résulte de l'opération de transfert interne ci-dessus.

18 Cette hausse résulte pour une large part de l'inscription au budget de l'enseignement supérieur, à partir de 2001, à hauteur de près de 330 millions d'euros, du financement des cotisations patronales d'assurance maladie des fonctionnaires du département ministériel, alors que cette opération faisait jusqu'en l'an 2000 l'objet d'un transfert en gestion à partir du budget des charges communes.

19 A structure 2002 constante.

20 soit 983 nouveaux emplois d'IATOS (dont 314 emplois de personnels administratifs, 201 ingénieurs d'études et de recherche, 77 assistants ingénieurs, 191 techniciens de recherche et adjoints techniques de recherche, 150 emplois de personnels de bibliothèques et 30 infirmières), ainsi que 300 emplois de maître de conférences, 256 postes d'allocataires temporaires d'enseignement et de recherche (ATER) et 19 postes d'élèves d'Ecole normale supérieure, auxquels on peut ajouter le recrutement de 60 enseignants associés à temps partiel supplémentaires (dont 16 associés de médecine générale).

21 Ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers et de service.

22 Etudiants des seuls établissements dépendant du budget de l'enseignement supérieur.


23 Le projet de budget pour 2002 ne prévoit aucune ouverture d'autorisations de programme pour ces opérations, mais le ministre de l'Education nationale a annoncé l'inscription dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001 de 263,4 millions d'euros d'autorisations de programme (soit 1,73 milliards de francs) correspondant à l'intégralité du solde des autorisations de programme nécessaires à la mise en oeuvre du plan de sécurité des établissements du programme U3M (2000-2006).

24 Cf. le dossier de presse de la rentrée universitaire 2001, page 11.

25 Ces 47,6 millions d'euros se subdivisent eux-mêmes entre 28,4 millions d'euros pour les constructions universitaires et 19,2 millions d'euros pour la recherche.

26 Prévisions pour 2001 et pour 2002.

27 Y compris les allocations d'étude effectivement allouées et les bourses de mérite (contrairement aux chiffres retenus par le bleu budgétaire, qui ne comprennent pas les allocations d'étude et les bourses de mérite)

28 Nombre d'étudiants boursiers / nombre d'étudiants dans les formations du ministère de l'Education nationale et susceptible d'accueillir des boursiers (soit environ 1 700 000 étudiants), tel que calculé par le ministère de l'Education nationale.

29 Page 21.

30 Par surcroît, l'Assemblée nationale a adopté un amendement du gouvernement réduisant encore ces crédits de 4,6 millions d'euros.

31 C'est à dire le relèvement des plafonds de ressources du 1 er échelon, la hausse de 7,5 % des taux des différentes aides, la création de 1.000 bourses universitaires et 200 bourses de mérite supplémentaires, ainsi que l'accroissement de la participation du ministère au complément ERASMUS.

32 Rapport du Sénat n°371, 2000-2001.

33 N°3204.

34 In INSEE Première n°795.

35 Septembre 2000.

36 Rapport du Sénat n° 54, 2001-2002

37 Le taux de réussite sur cinq ans ne peut pas s'interpréter exactement comme une probabilité de réussite, puisqu'il correspond à la somme des taux de réussite en deux, trois, quatre et cinq ans, qui sont indépendants et calculés sur des populations différentes. Ce mode de calcul surestime le taux de réussite lorsque le rythme de réussite a ainsi eu tendance à s'accélérer. Il peut même de la sorte dépasser 100 %.

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