Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 17 : Emploi et solidarité : Emploi
OSTERMANN (Joseph), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 17 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 407 Ko )Table des matières
-
UN RETOURNEMENT DURABLE
DU MARCHÉ DU TRAVAIL ? - AVANT-PROPOS
- LA GESTION DES CRÉDITS DE L'EMPLOI EN 2000
-
CHAPITRE PREMIER
LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI- I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
- II. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT
- III. LES SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
-
CHAPITRE DEUX
LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT
À LA FORMATION PROFESSIONNELLE -
CHAPITRE TROIS
L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES -
CHAPITRE QUATRE
LA PROMOTION DE L'EMPLOI ET LES ADAPTATIONS ÉCONOMIQUES -
CHAPITRE CINQ
LE FINANCEMENT DU RETRAIT D'ACTIVITÉ ET LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE CHÔMAGE - EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
- EXAMEN EN COMMISSION
-
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE -
Réponses de la ministre de l'emploi et de la
solidarité
au questionnaire que votre rapporteur spécial lui avait adressé,
le 5 juillet 2001, et portant sur le référé de la Cour des comptes
du 16 mars 2000 relatif aux actions de communication
et d'information du ministère de l'emploi et de la solidarité
(exercices 1992 à 1998)
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 17
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
I.- EMPLOI
Rapporteur spécial
: M. Joseph OSTERMANN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
principales observations
Votre rapporteur spécial est amené à formuler
trois
principales observations
sur le budget de l'emploi pour 2002.
A. UN PROJET DE BUDGET 2002 PARADOXAL ADRESSANT UN MESSAGE
BROUILLÉ
Depuis 1998, le budget de l'emploi n'a porté aucune réforme
structurelle susceptible d'avoir un impact sur son montant.
L'année dernière, votre rapporteur spécial notait que
«
les économies dégagées sur le budget de
l'emploi sont de simples économies de constatation, liées
à la bonne tenue de la conjoncture, et, par conséquent, à
l'amélioration de la situation du marché du travail. En cas de
retournement conjoncturel, et de hausse du chômage, les dépenses
du budget de l'emploi augmenteraient de nouveau
».
Or, le projet de budget de l'emploi pour 2002 se présente en
légère diminution, alors que la situation sur le marché du
travail ne s'améliore plus, connaissant au contraire depuis quelques
mois une dégradation inquiétante. Comment expliquer cette
évolution contradictoire ?
C'est que les crédits prévus pour l'emploi en 2002 sont
fondés, comme l'ensemble du présent projet de loi, sur une
prévision de croissance aléatoire, avec les conséquences
que ce manque de prudence implique, en l'occurrence sur le niveau de l'emploi.
Les dotations allouées à l'emploi sont ainsi mal
calibrées, dans la seule perspective de dégager des
« économies »
, ce poste budgétaire
étant, régulièrement depuis 1998, une source
d'économies de constatation pour le gouvernement.
Or, la situation de l'emploi étant désormais nettement plus
défavorable qu'au cours des années précédentes,
la diminution du montant de certaines dotations paraît peu
crédible.
Il convient en effet de noter que, depuis le début de la
législature, le gouvernement a programmé une diminution
régulière des entrées dans les principaux dispositifs de
l'emploi, comme le montre le tableau ci-après :
Ainsi,
le nombre total d'entrées dans les dispositifs de la politique de
l'emploi aura diminué de plus de 45 % depuis 1997. L'ensemble de ces
dispositifs est concerné, à l'exception des contrats
emploi-consolidé, le nombre des contrats initiative-emploi reculant
même de plus de la moitié. Il n'est donc pas étonnant, dans
ces conditions, que le budget de l'emploi permette la réalisation
d'économies.
Alors que de nombreuses incertitudes demeurent sur l'évolution de
l'emploi au cours des prochains mois, le gouvernement a encore réduit le
nombre de bénéficiaires de ces dispositifs en 2002, de 7 %.
Votre rapporteur spécial souhaite mettre en évidence le
message brouillé
que le gouvernement adresse aux salariés et
aux entreprises, comme à l'ensemble des agents économiques, par
ce projet de budget de l'emploi :
- le gouvernement fait un
pari risqué sur la poursuite de
l'amélioration de la situation de l'emploi
, en inscrivant des
crédits alloués aux principaux dispositifs de la politique de
l'emploi en baisse ;
- puis il a lui-même ôté toute crédibilité
à ce message, en présentant quelques jours après la
présentation en conseil des ministres du projet de loi de finances pour
2002, un
plan qui renoue avec le traitement social du
chômage
: la ministre de l'emploi et de la solidarité a
en effet annoncé au début du mois d'octobre la création de
30.000 CES et 20.000 SIFE supplémentaires pour 2001, pour un coût
de 180 millions d'euros, qui devrait être financé dans le prochain
collectif.
Si une « rallonge » budgétaire est nécessaire
pour 2001, en raison de la détérioration, récente mais
rapide, de l'emploi,
il paraît dès lors probable que les
dotations pour 2002 ne seront pas suffisantes
.
B. LE BUDGET DE L'EMPLOI A PROGRESSIVEMENT PERDU SA COHÉRENCE AU
COURS DE LA LÉGISLATURE
Alors que la forte croissance des crédits alloués à la
politique de l'emploi résulte essentiellement de la politique,
engagée en 1993, de réduction des charges sociales, et donc de
leur compensation par le budget de l'Etat auprès des organismes de
sécurité sociale,
le budget de l'emploi a subi de multiples
modifications de son périmètre qui en ont fortement restreint la
cohérence et qui nécessitent de procéder à un
calcul consolidé, afin d'obtenir une vue d'ensemble et à peu
près sincère du coût de la politique de l'emploi
.
1. La disparition de la compensation des exonérations de charges
sociales du budget de l'emploi
La politique d'allègement des charges sociales pesant en particulier sur
les emplois peu qualifiés a connu une montée en charge
progressive, notamment à partir de la mise en place, en 1993, de la
ristourne dégressive sur les bas salaires, dite « ristourne
Juppé ».
La compensation par le budget de l'Etat de ces exonérations de
cotisations sociales est, en très grande partie, à l'origine de
la croissance du budget de l'emploi, passé de 12,87 milliards d'euros
(84,42 milliards de francs) en 1993 à 22,93 milliards d'euros (150,41
milliards de francs) en 1997, soit une progression de 78,2 % en quatre ans.
Au cours de la même période, en effet, le montant des
exonérations de cotisations sociales compensées est passé
de 1,84 milliard d'euros (12,07 milliards de francs) à 10,17
milliards d'euros (66,71 milliards de francs), en hausse de 452,7 % !
Logiquement, une part croissante des crédits inscrits au budget de
l'emploi était consacrée au financement de ces compensations
d'exonérations de charges sociales, de 14,3 % en 1993 à 44,4 % en
1997.
Toutefois, la politique de réduction uniforme et autoritaire du temps de
travail décidée par le gouvernement à partir de 1997 a
conduit ce dernier à procéder à de multiples modifications
du périmètre du budget de l'emploi.
Certes, la première, intervenue en loi de finances initiale pour 1999,
allait dans le bon sens, puisqu'elle consistait en un transfert des
crédits finançant la « ristourne
Juppé », soit environ 6,10 milliards d'euros
(40 milliards de francs), du budget des charges communes vers le budget de
l'emploi.
Mais, dès l'année suivante, la création du fonds de
financement de la réforme des cotisations patronales de
sécurité sociale (FOREC), destiné à financer les
allégements de charges liés aux 35 heures, s'est traduite par une
débudgétisation massive, le budget de l'emploi se voyant priver,
au profit du FOREC, des crédits destinés à compenser les
exonérations de cotisations sociales. Cette orientation a
été systématisée en 2001.
Dès lors, non seulement le montant du budget de l'emploi a
diminué, mais surtout, il a de moins de moins reflété le
principal axe de la politique de l'emploi, c'est-à-dire la
réduction du coût du travail désormais liée à
la réduction du temps de travail.
Alors que la compensation des exonérations de charges
représentait 38,5 % des crédits du budget de l'emploi en 1999,
elle n'en représentera plus que 14,8 % en 2002.
2. Le
coût total de la politique de l'emploi
Dès lors, le budget de l'emploi a indéniablement perdu en
cohérence, au point d'être devenu peu lisible : il est devenu
muet sur le coût des 35 heures, présentées comme la
principale mesure gouvernementale en faveur de l'emploi.
Le tableau ci-après illustre les conséquences pratiques de cette
débudgétisation massive :
le coût de la
réduction du temps de travail comme celui des allégements du
coût du travail n'ont plus aucune signification à la lecture du
budget de l'emploi :
Cet
indicateur de coût montre bien que le budget de l'emploi ne finance plus
les dispositifs de réduction du temps de travail qu'à hauteur de
39,33 millions d'euros (258 millions de francs) en 2002, soit le montant des
aides au conseil, alors que le coût des 35 heures devrait
s'établir en 2002 à 15,55 milliards d'euros (102 milliards de
francs), c'est-à-dire 0,25 % du total...
Votre rapporteur spécial considère, dans ces conditions, que
le budget de l'emploi n'est pas sincère, et estime que le coût de
la politique de l'emploi, en 2002, doit prendre en compte les crédits du
budget de l'emploi mais aussi ceux du FOREC, soit 32,33 milliards d'euros
(212,07 milliards de francs), après 31,60 milliards d'euros
(207,26 milliards de francs) en 2001, soit une
progression de 2,3 %
.
3. Comme prévu, les 2,29 milliards d'euros de l'UNEDIC ne seront pas
affectés à l'emploi
Conformément à la loi portant diverses dispositions d'ordre
social, éducatif et culturel,
l'UNEDIC doit procéder, à
la suite de la nouvelle convention d'assurance-chômage, au versement
à l'Etat de 2,29 milliards d'euros
(15 milliards de francs), soit
1,07 milliard d'euros (7 milliards de francs) rattachés à
l'exercice 2001, et 1,22 milliard d'euros (8 milliards de francs)
rattachés à l'exercice 2002.
Ces recettes non fiscales viendront abonder le budget général,
et, dès lors, ne seront pas affectées, comme l'avait
démontré le Sénat, à des mesures en faveur de
l'emploi
, conformément aux souhaits exprimés par les
partenaires sociaux à l'occasion de la conclusion de la nouvelle
convention d'assurance-chômage, mais aussi aux précisions du
gouvernement qui, dans l'exposé des motifs du projet de loi
susmentionné, donnait de claires indications dans ce sens.
Une fois encore, le gouvernement a volontairement cherché à
tromper la représentation nationale.
C. LES EMPLOIS-JEUNES : UN DOSSIER LAISSÉ AU PROCHAIN
GOUVERNEMENT
1. Des crédits importants mais traditionnellement mal calibrés,
finançant un nombre d'emplois-jeunes incertain
Pour la première fois depuis le lancement du dispositif, les dotations
allouées aux emplois-jeunes diminuent, de 3,6 %, s'établissant
à 3,23 milliards d'euros (21,19 milliards de francs).
Il convient toutefois de noter que ce chapitre budgétaire fait
traditionnellement l'objet d'une
importante surdotation, puis d'une
régulation non moins importante en cours d'exercice
. Ainsi, la Cour
des comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2000, note que «
les dépenses nettes ont été
inférieures de plus de 610 millions d'euros (4 milliards de francs)
aux crédits ouverts en LFI 2000
».
De surcroît, selon des informations communiquées à votre
rapporteur spécial par le ministère de l'emploi et de la
solidarité, la gestion 2000 s'est soldée par 53,40 millions
d'euros (environ 350 millions de francs) de crédits non utilisés,
reportés sur 2001. En outre, les versements effectués au CNASEA
en 2000 ont dégagé un reliquat de 4,24 millions d'euros (27,81
millions de francs).
L'année 2001 ne fait pas exception à la règle, puisque,
jusqu'à présent, environ 230 millions d'euros n'ont pas
été consommés.
Cette surdotation régulière suscite une double interrogation, la
première sur la capacité du gouvernement à atteindre les
objectifs qu'il s'est fixés en matière d'embauches
d'emplois-jeunes, la seconde sur le nombre réel d'emplois-jeunes.
En effet, le gouvernement a régulièrement modifié ses
objectifs en matière d'emplois-jeunes. Au départ, notamment lors
de l'examen de la loi du 16 octobre 1997, il avait affiché
l'ambition de parvenir, à la fin 2002, au recrutement de 350.000
emplois-jeunes. Puis cet objectif a été avancé à la
fin 2000, puis de nouveau repoussé, en renvoyant la réalisation
à la date initialement fixée, soit fin 2002 ! Il convient de
rappeler que, l'année dernière, le gouvernement avait
affirmé qu'il parviendrait à atteindre son objectif de 350.000
emplois-jeunes à la fin 2001...
Désormais, son objectif a changé de nature : il ne s'agit
plus de mesurer le dispositif en stock mais en flux.
Ainsi les documents
budgétaires pour 2002 indiquent-ils que ce dispositif doit viser
à «
porter à 360.000 à la fin 2002, le nombre
des jeunes qui auront bénéficié du programme depuis sa
création
»
1(
*
)
.
Le tableau ci-dessous indique le nombre d'emplois-jeunes embauchés au 30
juin dernier, sans que l'on ne sache plus très bien s'il s'agit d'un
stock ou d'un flux :
Il convient par ailleurs de garder à l'esprit que le budget de
l'emploi ne regroupe pas l'ensemble des crédits destinés au
financement des emplois-jeunes.
Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des sections
budgétaires qui supportent le coût des emplois-jeunes en
2002 :
Le coût total des emplois jeunes en 2002 s'élève donc
à 3,67 milliards d'euros (24,05 milliards de francs).
Encore ne s'agit-il là que du coût supporté par le budget
général. Il conviendrait d'y ajouter les diverses sources de
cofinancements.
Sur l'ensemble de la législature, ce dispositif aura
coûté plus de 13 milliards d'euros (près de 86
milliards de francs).
2. La question toujours non réglée de l'avenir des emplois-jeunes
La question essentielle concerne toutefois le devenir des jeunes ainsi
recrutés.
Le 6 juin dernier, le gouvernement a annoncé un plan de
« consolidation » visant à pérenniser le
dispositif.
Différentes mesures sont prévues en fonction des secteurs
concernés : les associations, les collectivités
territoriales, les entreprises et les établissements publics.
Il s'agit généralement d'accorder des aides modulables au cas par
cas en fonction des besoins des services et des activités, plus ou moins
solvabilisables. D'une manière générale, ces dispositions,
visiblement non finalisées, sont d'une grande complexité, et vont
très certainement se traduire par une intense activité
administrative...
En outre, certaines de ces mesures d'aides financières,
entraîneront des dépenses nouvelles, non pas en 2002 mais à
compter de 2003.
Bref, les emplois seront consolidés - et les dépenses
pérennisées ! - mais on ne sait toujours pas ce que
deviendront les jeunes.
Il faut d'ailleurs probablement voir dans cette
incertitude quant à leur avenir la raison de la récente
manifestation des aides-éducateurs...
Votre rapporteur spécial en vient donc une fois encore à
s'inquiéter de la
probable intégration d'une part
conséquente des emplois-jeunes dans la fonction publique
, d'autant
plus que de très fortes pressions syndicales ne manqueront probablement
pas de s'exercer en ce sens. Du reste, dans la fonction publique territoriale
notamment, il est déjà prévu que les cadres d'emploi
seront adaptés afin d'offrir un débouché statutaire aux
emplois-jeunes, tandis que des concours spécifiques, dits de
« troisième voie », seront organisés dans le
même but.
UN RETOURNEMENT DURABLE
DU MARCHÉ DU TRAVAIL ?
I. LA
FIN DE L'AMÉLIORATION DE LA SITUATION DE L'EMPLOI
A. LA PERSPECTIVE DU PLEIN EMPLOI S'ÉLOIGNE
Depuis juin 1997, la situation du marché du travail s'est nettement
améliorée, le taux de chômage passant de 12,3 % à
cette date à 8,8 % en juin dernier, soit un recul de 3,5 points en
quatre ans.
Par ailleurs, le nombre de demandeurs d'emploi en fin de mois inscrits à
l'ANPE (catégorie 1) a suivi la même tendance : ils
étaient 3,14 millions en juin 1997, et 2,08 millions en juin 2001
(2,33 millions en juin 2000).
Le gouvernement, sans doute quelque peu grisé par ces bons
résultats de nature conjoncturelle, s'était alors fixé
comme objectif de parvenir au plein emploi. La forte incertitude
économique consécutive aux attentats du 11 septembre dernier
aux Etats-Unis a mis en évidence le caractère présomptueux
de ces déclarations hâtives.
En effet, depuis le mois de mai dernier, les chiffres du chômage se
détériorent régulièrement
, le nombre de
chômeurs ayant progressé de 5.500 en mai, de 8.500 en juin,
de 39.600 en juillet, de 11.100 en août, de 13.100 en septembre et
de 26.900 en octobre.
La France a donc vu le nombre de ses chômeurs
croître de 104.700 en six mois
, alors que l'amélioration des
chiffres du chômage avait été quasiment ininterrompue
depuis l'été 1997.
Cette évolution a ramené le taux de chômage à 9
%
2(
*
)
de la population active, soit le niveau
atteint à la fin de l'année 2000, tandis que de nombreux
économistes prévoient un taux de chômage de 9,5 % à
la fin du 1
er
semestre 2001.
B. EN FAIT, LA SITUATION DE L'EMPLOI EN FRANCE N'A JAMAIS
ÉTÉ AUSSI BONNE QUE LE GOUVERNEMENT A BIEN VOULU LE DIRE
1. Le chômage français reste à un niveau
élevé
Selon Eurostat, l'office statistique des Communautés européennes,
le taux de chômage au mois d'août dernier était de 8,5 % de
la population active en France.
Il reste donc supérieur tant au taux de chômage dans l'Union
européenne, 7,6 %, qu'à celui de la zone euro, 8,3 %.
Au sein de la zone euro, la France a le taux de chômage le plus
élevé, juste derrière l'Espagne (13 %) et la Finlande (9
%), tandis que certains Etats-membres ont de bien meilleurs
résultats : 7,9 % en Allemagne, 6,8 % en Belgique, 3,8 % en
Irlande, 2,2 % aux Pays-Bas. Au Royaume-Uni, le taux de chômage est de
5,1 %, et de 4,8 % en Suède. Or, dans tous ces pays, les gouvernements
n'ont ni créé des emplois-jeunes, ni imposé la
réduction du temps de travail.
Hors d'Europe, le Japon bénéficie d'un taux de chômage de 5
%, et les Etats-Unis de 4,6 %, bien que la tendance, dans ces deux pays, soit
à la remontée du chômage.
Le graphique ci-dessous illustre bien la position de la France en
matière d'emploi au sein de l'Union européenne,
c'est-à-dire « en fin de classe », devançant
seulement la Finlande et l'Espagne :
2.
L'amélioration de la situation de l'emploi est relativement
inégale
En effet, si le taux de chômage s'établissait, en moyenne,
à 9 % de la population active en août dernier, celui des hommes
s'élevait à 7,5 % mais celui des femmes à 11 %. Les femmes
de 25 ans à 49 ans, avec un taux de chômage de 110,6 % à
cette époque, connaissaient également une situation plus
défavorable que la moyenne.
Par ailleurs, si le chômage des jeunes a diminué, grâce
à la création massive d'emplois-jeunes en particulier, il reste
plus élevé que la moyenne nationale : 16,8 % pour l'ensemble
des moins de 25 ans, 15,2 % pour les hommes de la même tranche
d'âge, et 18,8 % pour les femmes, soit plus du double de la moyenne.
Comme l'a lui-même indiqué le ministère de l'emploi et de
la solidarité, à l'occasion de la présentation des
chiffres du chômage en août 2001, «
le chômage
de longue durée cesse de diminuer
», le nombre de
demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus à l'ANPE ayant
augmenté de 0,8 % entre la fin juillet la fin août 2001.
L'analyse du Conseil économique et social :
relativiser l'amélioration de la situation de l'emploi
Dans son
rapport sur la conjoncture au 1
er
semestre 2001, le Conseil
économique et social, sur les conclusions de M. Pierre Gadonneix,
considérait que «
ce récent retournement de
tendance, toutefois, ne doit pas faire illusion : plus de 80 % des emplois
créés depuis 1997 dans le secteur marchand l'ont
été à un niveau de salaire inférieur à 1,3
fois le SMIC
[...]
. Par ailleurs, la précarité de l'emploi
reste un phénomène très préoccupant, qui se
transforme sans doute plus qu'il ne se résorbe. En témoigne,
notamment, la constitution progressive d'une catégorie de
« travailleurs pauvres », pour la plupart titulaires d'un
emploi à temps partiel, que la croissance a sauvés du
chômage, mais pas du dénuement
».
De surcroît, le rapport insistait sur le fait que «
le recul
simultané du chômage et de la précarité de l'emploi
ne doit pas faire oublier la persistance d'un chômage de
masse
», avec l'existence de plus de 2 millions de chômeurs.
Le rapport mettait également en évidence «
l'ampleur
du phénomène de sous-activité en France
».
En effet, le taux d'activité demeure à un niveau faible en
France, soit 68,8 % de la population active totale en 1999, contre 80,6 % au
Danemark, 75,1 % au Royaume-Uni, 74 % aux Etats-Unis, 72,6 % aux Pays-Bas.
Les taux d'activité «
apparaissent particulièrement
bas aux âges de transition entre activité et inactivité,
c'est-à-dire au début et à la fin de la vie
active
». Ainsi, en 1999, le taux d'activité
s'établissait à 36 % chez les 15-24 ans. Pour les 55-64 ans, il
était de 40 % chez les hommes et de 25 % chez les femmes, contre 63 % et
49 % aux Etats-Unis.
3. Le niveau élevé du chômage structurel en France
Si le taux de chômage a reculé de plus de trois points depuis
1997, il semble que ce mouvement se heurte au socle du chômage
structurel, évalué à 8 % de la population active en
France par la Caisse des dépôts et consignations, contre 3 % aux
Etats-Unis.
Le taux de chômage structurel en France
Le taux
de chômage structurel est une notion difficile à définir
ainsi qu'à mesurer. Dans la plupart des cas, le chômage structurel
est assimilé au NAIRU
3(
*
)
,
c'est-à-dire la taux de chômage qui ne provoque ni fortes tensions
salariales ni accélération de l'inflation. Son évaluation
s'appuie sur des estimations économétriques de salaires en
fonction de l'inflation et du taux de chômage.
Le tableau suivant récapitule les estimations récentes du NAIRU
pour la France. On s'aperçoit qu'elles se situent dans une fourchette
relativement large, allant de 8 % à 12 %.
Estimation récente du NAIRU en France
Cotis (1997) |
10 % |
Heyer (1999) |
9,1 % |
FMI (1999) |
10 % |
Irac (1999) |
10/11 % |
L'Horty-Rault (1999) |
12 % |
Artus (2000) |
8 % |
Richardson (2000) |
10,1 % |
L'OCDE, sous la direction du professeur Richardson, a réalisé des comparaisons internationales en matière de NAIRU. Si les comparaisons internationales sont toujours délicates à manier, elles présentent pourtant le mérite d'indiquer une tendance. Or, il apparaît que le NAIRU, en France, se situe à un niveau bien plus élevé que celui d'autres pays industrialisés :
Japon |
États-Unis |
Allemagne |
France |
Italie |
Espagne |
3,9 % |
5,2 % |
7,8 % |
10,1 % |
10,4% |
15,4 % |
Ainsi,
la baisse actuelle du chômage serait de nature conjoncturelle, la
croissance permettant des créations d'emplois jusqu'au seuil de 8 % de
chômage. En deçà, le chômage ne diminuerait plus.
En revanche, comme le montre la situation actuelle, il peut de nouveau
croître, en cas de ralentissement de la croissance.
II. LES 35 HEURES : QUELS EFFETS SUR L'EMPLOI ?
A. DES PROCÉDÉS MÉTHODOLOGIQUES TRÈS
CONTESTABLES
Le rapport économique, social et financier, accompagnant le projet de
loi de finances pour 2002, comporte une fiche intitulée « les
effets de la réduction du temps de travail entre 2000 et
2002 ».
Cette fiche comporte quatre points, dont un consacré aux emplois
créés par les 35 heures. Or, ce point, s'il indique que
«
la RTT permettrait de créer plus de 300.000 emplois sur
la période 1999-2000
», est rédigé en termes
extrêmement généraux.
La même fiche souligne que, «
en glissements annuels, la
baisse de la durée effective du travail serait de 1,7 % en 2000, 0,8 %
en 2001 et 0,7 % en 2002
».
Par ailleurs, elle chiffre les effectifs (en millions) des entreprises
passées aux 35 heures de la façon suivante :
Il convient toutefois de rappeler que, au cours de l'année 2001, votre
rapporteur spécial a effectué un contrôle sur pièces
et sur place relatif aux modalités de financement, aux effets sur
l'emploi et à la mise en oeuvre par les services de l'Etat de la
réduction du temps de travail
4(
*
)
.
Il a notamment montré que le « bilan » des 35
heures présenté par le gouvernement est sujet à caution.
Un mode de calcul invérifiable
Votre
rapporteur spécial, dans son rapport précité, portait le
jugement suivant sur la comptabilisation des emplois liés aux 35
heures :
«
En réalité, cette belle architecture
technocratique dissimule une réalité beaucoup plus simple,
tellement simple que votre rapporteur pourrait la qualifier d'
artisanale
.
En effet, si le ministère de l'emploi et de la solidarité ne
parvient pas à distinguer les emplois créés et les emplois
préservés par la réduction du temps de travail, c'est que
ce décompte ne repose, contrairement à ce qu'il voudrait faire
croire, sur rien de scientifique.
Au contraire, le bilan dressé chaque mois par le ministère
s'appuie sur le dénombrement des accords et des conventionnements
intervenus au sein des entreprises. Or, ce recensement n'aboutit qu'à
additionner des données administratives telles qu'elles apparaissent
dans les accords conclus au sein des entreprises entre la direction et les
syndicats.
Si ces accords mentionnent la création ou la préservation d'un
certain nombre d'emplois, ces informations purement indicatives seront
avancées par le ministère comme autant de résultats
à mettre au compte des 35 heures.
Mais jamais la
réalité du contenu des accords n'est vérifiée, car
elle ne peut pas l'être, sauf à soumettre les entreprises à
de multiples contrôles tatillons : à la limite, les emplois
dont la création est prévue par les accords pourraient ne jamais
être effectivement créés.
Comme l'a indiqué un haut-fonctionnaire auditionné par votre
rapporteur,
le bilan ministériel des 35 heures
« ne
donne que des chiffres apparents de créations
d'emplois » : en réalité, il
ne résulte
pas de l'observation mais de la « spéculation ».
Il a d'ailleurs expliqué que ce phénomène était
davantage marqué pour la « loi Aubry II », dont le
suivi statistique est plus indicatif encore que celui de la première loi.
Il a ainsi pu conclure : « dans les faits, la réduction
du temps de travail est moindre que dans les chiffres ».
Et il est à craindre qu'il n'en soit de même pour ses effets
sur l'emploi...
D'ailleurs, le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie, dans ses hypothèses de travail, réduit de
moitié le nombre des emplois apparemment créés ou
préservés, pour approcher la connaissance des effets nets de la
réduction du temps de travail.
Ainsi, pour une entreprise de 100
salariés qui conclut un accord de réduction du temps de travail
prévoyant la création de 6 emplois, Bercy considère que
l'effet des 35 heures n'est pas de 6 %, mais de
3 % !
».
B. LE RECUL DU GOUVERNEMENT SUR LE CAS DES PETITES ENTREPRISES
Un débat s'était engagé, y compris au sein du
gouvernement, sur la nécessité d'assouplir le passage aux 35
heures des entreprises de 20 salariés. Il convient de rappeler que le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, M. Laurent
Fabius, a été le porte-parole de ceux qui militaient en faveur
d'un tel assouplissement
5(
*
)
.
Le Premier ministre a finalement arbitré en ce sens. En effet, le
décret n° 2001-941 du 15 octobre 2001 précise le dispositif
transitoire dont bénéficie les entreprises de 20 salariés
et moins, soumises aux « lois Aubry » au
1
er
janvier prochain.
Désormais, pour ces entreprises, le décret relève, de
façon transitoire, le contingent auquel elles sont soumises
(actuellement 130 heures).
Ce contingent est fixé, sauf accord collectif étendu fixant un
contingent inférieur ou supérieur :
- pour 2002, à 180 heures ;
- pour 2003, à 170 heures ;
- à compter de 2004, à 130 heures.
Le tableau ci-après récapitule l'application des 35 heures dans
les petites entreprises :
III.
LE PROJET DE LOI DE MODERNISATION SOCIALE
En premier lieu, le projet de loi de modernisation sociale vise à mettre
fin au recours de travailleurs temporaires ou de travailleurs sous contrat
à durée déterminée comme mode permanent de gestion
des effectifs. On observe en effet des situations prolongées de recours
excessif à l'emploi temporaire qui se traduit par le fait que 10 %
des entreprises de plus de 20 salariés ont en permanence plus de
20 % de leurs effectifs occupés sous une forme temporaire d'emplois.
Le projet de loi vise à prévenir cet abus et à favoriser
l'accès à des emplois durables de salariés en situation
précaire : calcul plus strict du délai de carence entre deux
contrats sur un même poste ; relèvement du taux de
l'indemnité de précarité pour les contrats à
durée déterminée de 6 à 10 % ;
amélioration de l'égalité de traitement entre travailleurs
permanents de l'entreprise et travailleurs précaires ;
possibilité pour un salarié en contrat limité de rompre
avant le terme pour être embauché en contrat à durée
indéterminée ; information du salarié sur les emplois
permanents disponibles dans l'entreprise.
Il est enfin prévu de donner aux institutions représentatives du
personnel la possibilité de saisir l'inspecteur du travail en cas d'abus
afin d'engager l'employeur dans un plan de résorption de l'emploi
précaire établi avec le comité d'entreprise.
En second lieu, le projet de loi de modernisation sociale comprend un important
volet relatif à la prévention des licenciements et au traitement
des restructurations économiques et sociales. Il propose des solutions
conformes au projet de la directive européenne sur l'information et la
consultation des travailleurs.
Le projet de loi de modernisation sociale tend à améliorer la
prise en compte des conséquences des restructurations sur l'emploi
à travers deux orientations :
créer les conditions d'une concertation accrue dans
l'entreprise à la hauteur des enjeux soulevés par les
restructurations
, ce qui conduit à préciser le droit
d'information et d'intervention des salariés et de leurs
représentants.
Les compétences des instances représentatives du personnel sont
renforcées, puisque le comité d'entreprise doit être
informé préalablement à toute annonce publique et
consulté sur le motif économique d'un projet de restructuration
et de compression d'effectifs, puis sur la qualité du plan de sauvegarde
de l'emploi. Ainsi, au cours de la consultation préalable, le
comité d'entreprise peut formuler des propositions alternatives en
étant assisté d'une expertise. L'employeur doit fournir une
argumentation motivée sur ces propositions. Lorsque le projet concerne
plus de 100 salariés, le comité d'entreprise peut saisir un
médiateur pour appuyer par un avis les organes de direction de
l'entreprise, dont le chef gardera toute la responsabilité, et
établir une étude d'impact social et territorial. L'entreprise
est, en outre, dans l'obligation d'informer immédiatement les
sous-traitants de tout projet de restructuration.
étendre la responsabilité sociale des chefs d'entreprise
et la protection de l'emploi des salariés
L'idée force du projet de loi de modernisation sur cette question des
restructurations est :
- d'une part, qu'il convient de renforcer la logique de prévention
en amont : dispositions relatives à la validation des acquis de
l'expérience ou dispositions visant à favoriser en continu le
comportement d'anticipation de l'évolution des compétences,
collectives au niveau des branches et des entreprises ou individuelles, pour
assurer le maintien de l'employabilité et encourager le
développement professionnel de chaque salarié (gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences) ;
- d'autre part, qu'il convient de proposer et d'étudier toutes les
solutions alternatives aux suppressions d'emploi. Les licenciements
économiques constituent l'ultime recours. Il s'agit notamment d'engager
les employeurs à conclure ou négocier un accord sur la
réduction du temps de travail, préalablement à tout plan
social.
Le projet de loi renforce par ailleurs la responsabilité des entreprises
à l'égard des salariés et des territoires affectés
par les restructurations.
La définition du licenciement économique est resserrée.
Celle-ci prend en compte les difficultés économiques et admet
également pour l'entreprise la nécessité de s'adapter aux
évolutions technologiques et de se réorganiser pour assurer son
activité et la sauvegarder à court et à moyen terme.
Le projet de loi vient donner plus de force au droit au reclassement des
salariés pour motif économique. Le devoir de formation et
d'adaptation de l'employeur est accru, et le droit au reclassement se traduit
par une proposition d'accès au congé de
« reclassement » d'une durée maximale de 9 mois
pour les salariés des entreprises de 1.000 salariés ou plus,
financé par l'employeur. Dans les petites et moyennes entreprises, les
salariés pourront engager, avec l'aide de l'ANPE et de l'UNEDIC, des
actions de préparation au reclassement, pendant la durée de leur
préavis, leur permettant de démarrer les bilans
nécessaires d'évaluation de compétences et un
accompagnement personnalisé au cours de cette période. Ce dernier
aspect a été introduit après discussion avec les
partenaires sociaux lors du dernier examen du projet de loi au Sénat. Il
autorise ainsi une mise en oeuvre anticipée du PARE favorable à
un retour plus rapide à l'emploi.
Le doublement de l'indemnité minimum légale de licenciement en
cas de licenciement économique renforce également les
responsabilités des entreprises.
Enfin, l'entreprise doit apporter une contribution à la
réactivation du bassin d'emploi frappé par des fermetures totales
ou partielles de sites de production et d'emploi, soit directement, soit au
travers d'une participation financière auprès d'organismes
s'engageant à respecter un cahier des charges.
Au total, ce projet de loi va considérablement allonger les
procédures de licenciement, sans rien changer sur le fond,
c'est-à-dire la situation économique des entreprises, et va se
traduire par une « judiciarisation » accrue des relations
du travail. Ses conséquences seront donc inverses de celles qui sont
poursuivies par le gouvernement, puisqu'il va rendre plus complexes et plus
longues les mesures de redressement de l'entreprise.
C'est d'ailleurs pour cette raison, que le projet de loi de modernisation
sociale a fait la quasi-unanimité contre lui, non seulement de la part
des chefs d'entreprise, mais aussi d'un grand nombre de responsables
politiques, à commencer par le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie.
AVANT-PROPOS
Dans le
projet de loi de finances pour 2002, les crédits du ministère de
l'emploi s'élèvent à
16,78 milliards d'euros
(110,07 milliards de francs). Ils s'établissaient à 17,05
milliards d'euros (111,83 milliards de francs) en 2001, et à 18,61
milliards d'euros (122,07 milliards de francs) en 2000.
Ces crédits connaissent donc une
diminution de 1,6 %
,
après une baisse de 1,9 % l'année dernière.
En dépit des déclarations gouvernementales
, probablement
liées à l'inquiétude sur les perspectives de
l'évolution du marché du travail,
le budget de l'emploi ne
constitue plus une priorité budgétaire
, les dépenses
du budget général devant augmenter, en moyenne, de 2 % en 2002.
Les dépenses du budget de l'emploi sont à hauteur de 10,6 % (9,6
% en 2001 et 8,1 % en 2000) consacrées aux moyens de
fonctionnement, et de 88,9 % (près de 90 % en 2001 et 91,4 % en 2000)
aux dépenses d'intervention. Le montant des dépenses en capital
n'est que de 76,29 millions d'euros (500,43 millions de francs), soit
moins de 0,5 % de l'ensemble des crédits.
Le titre III
comporte l'essentiel
des moyens de gestion de
la politique de l'emploi
: il s'agit essentiellement des
crédits de fonctionnement des services du ministère de l'emploi
et de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE).
Le titre IV
regroupe les crédits du ministère
consacrés aux
mesures pour l'emploi
, qu'il s'agisse de la
formation professionnelle, de l'insertion des jeunes, des aides
apportées aux publics en difficulté ou de la lutte contre le
chômage.
Le titre V
retrace les investissements pris directement en
charge par l'Etat. La dépense concerne presque exclusivement les
services déconcentrés.
Le titre VI
retrace les subventions d'investissement
accordées dans le cadre des contrats de plan Etat-régions, ainsi
qu'à l'Association nationale pour la formation professionnelle des
adultes (AFPA) et à l'ANPE.
LA GESTION DES CRÉDITS DE L'EMPLOI EN 2000
Depuis
l'année dernière, le gouvernement établit et communique au
Parlement des comptes rendus de gestion budgétaire portant sur
l'exécution du budget clos. Les éléments qui suivent sont
extraits du compte rendu de gestion budgétaire du budget de l'emploi
2000.
Les crédits inscrits en loi de finances initiale s'établissaient
à 122,07 milliards de francs (18,61 milliards d'euros), mais les
crédits ouverts en fin d'année se sont élevés au
total à 121,91 milliards de francs (18,59 milliards d'euros),
soit 160 millions de francs (24,40 millions d'euros (160 millions de
francs) de moins que les dotations ouvertes.
Réponse du ministère de l'emploi à une question de votre rapporteur spécial
Votre
rapporteur spécial a posé au ministère de l'emploi la
question suivante : «
Dans son rapport sur l'exécution
des lois de finances pour 2000, la Cour des comptes indique (page 215) que le
budget de l'emploi s'élevait, en 2000, à 122,07 milliards de
francs, mais que le total des ouvertures nettes de crédits
s'établissait à 129,91 milliards de francs, soit une augmentation
de 6,4 % par rapport à la dotation initiale. Dans le même temps,
le total des dépenses nettes a été de 121,56 milliards de
francs, soit 93,6 % du montant des crédits ouverts, et moins que le
montant de la dotation initiale, pourtant abondée en cours
d'année. Comment expliquer cette situation
paradoxale ?
».
La réponse suivante lui a été apportée :
«
1. Les crédits inscrits en loi de finances initiale
pour 2000 s'élevaient à 122,067 milliards de francs.
Les crédits ouverts en fin d'année se sont élevés
au total à 129,91 milliards de francs (y compris les crédits
rattachés sur les chapitres 43-72 et 37-61 au titre du fonds social
européen - FSE), soit une augmentation de 6,4 % par rapport
à la dotation initiale.
Cet écart n'est pas anormal. Il s'explique par :
- des reports de la gestion 1999 (FSE inclus) à hauteur de
8,63 milliards de francs ;
- 7,46 milliards de francs de transferts, dont 7,14 milliards de francs
concernant les emplois-jeunes au profit des ministères de
l'éducation nationale, de la justice et de l'intérieur ;
- 1,35 milliard de francs d'annulations nettes de crédits ;
- 8,11 milliards de francs de rattachements de fonds de concours (FSE
inclus).
2. Le montant des dépenses nettes (121,56 milliards de francs)
indiqué par la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution
des lois de finances pour 2000 correspond à l'ensemble des paiements du
budget de l'emploi, FSE y compris. Rapporté au niveau des crédits
ouverts (129,91 milliards de francs), le taux de paiement est égal
à 93,6 % des crédits ouverts.
Ce taux diminue légèrement par rapport au taux de paiement 1999
(crédits ouverts, FSE inclus : 166,81 milliards de francs,
paiements : 158,77 milliards de francs, soit un taux de paiement de
95,1 %). Cette dégradation n'est qu'apparente et s'explique par
l'augmentation des reports sur les crédits FSE dans le cadre de la mise
en oeuvre de la nouvelle programmation 2000-2006 : le rattachement tardif
d'une partie des fonds de concours sur le budget de l'emploi n'a pas permis
d'engager ou de mandater l'intégralité des crédits FSE
pendant l'exercice, ce qui a conduit à un accroissement automatique des
reports de fin de gestion.
Le niveau de consommation sur le chapitre 37-61, articles 12 et 14
(assistance technique FSE) est de 27 % seulement. 91 millions de francs
(57 % du total des rattachements de fonds de concours sur ces articles au titre
de 2000) de crédits n'ont pu être engagés en raison de leur
rattachement trop tardif.
Sur le chapitre 43-72, 3,5 milliards de francs ont été
dépensés sur un total de 7,63 milliards de crédits
ouverts, soit un niveau de consommation de 46 %. 2,07 milliards de
francs (37 % du total des rattachements de fonds de concours sur ce
chapitre en 2000) n'ont pu être engagés en 2000 en raison de leur
rattachement trop tardif.
3. Hors crédits du FSE, les crédits ouverts au titre de
l'exercice 2000 se sont élevés à 121,91 milliards de
francs et les paiements ont atteint 117,95 milliards de francs. Le taux de
paiement hors FSE s'élève donc à 96,8 % des
crédits ouverts. Ce taux de paiement est normal et s'explique par :
- chapitre 37-62 « Élections
prud'homales » : la mise en réserve de 290 millions
de francs, soit 93,2 % des crédits ouverts en 2000, au titre des
élections prud'homales de 2002 ;
- chapitre 34-98 « Administrations centrale. Moyens de
fonctionnement » : la mise en réserve de crédits
au titre du projet de relogement de plusieurs directions du secteur emploi sur
le même site et l'arrivée tardive de factures n'ayant pu
être acquittées avant la fin de l'année ;
- chapitre 44-01 « nouveaux services-nouveaux
emplois » : une consommation de crédits inférieure
aux prévisions en raison de l'accroissement du taux de sortie du
dispositif emplois-jeunes, les embauches s'étant maintenues en 2000
à un niveau élevé.
Hors FSE, on peut constater que le niveau de paiement progresse
légèrement par rapport à 1999 (taux de paiement hors
FSE : 96,3 %) . Il apparaît donc que l'accroissement des
reports FSE liés à la nouvelle programmation est bien l'unique
cause de la dégradation apparente des taux de paiement en
2000
».
Les principaux mouvements de crédits correspondent à :
- 6,39 milliards de francs (974,60 millions d'euros) de reports de la gestion
1999
, hors chapitre 43-72 Fonds social européen (FSE) ;
- 2,55 milliards de francs (388,90 millions d'euros) de fonds de
concours
, hors chapitre 43-72 (en provenance du FSE, de la contribution des
entreprises aux allocations spéciales du FNE et aux préretraites
progressives, de l'AGEFAL et des collectivités locales) ;
- 7,46 milliards de francs (1,14 milliard d'euros) de transferts
, dont
7,14 milliards de francs (1,09 milliard d'euros) concernant les emplois-jeunes
au profit de l'éducation nationale, de la justice et de
l'intérieur ;
- 1,44 milliard de francs (219,22 millions d'euros) d'annulations nettes de
crédits
, à raison de 5,61 milliards de francs (855,54
millions d'euros) d'annulations par arrêté du 15 novembre 2000 et
4,18 milliards de francs (636,93 millions d'euros) d'ouvertures en collectif,
dont 140 millions de francs (21,34 millions d'euros) au printemps pour les
dépenses supplémentaires de chômage partiel liées
aux intempéries et 4,04 milliards de francs (615,59 millions d'euros) en
fin d'année au titre de la compensation aux organismes sociaux des
exonérations de charges sociales.
Les crédits disponibles en fin de gestion 2000, après
annulations nettes, représentent 4,43 milliards de francs (675,81
millions d'euros) hors chapitre 43-72
, soit un niveau moindre que celui des
fins de gestion 1998 - 5,94 milliards de francs (904,94 millions d'euros) - et
1999 - 6,39 milliards de francs (974,61 millions d'euros).
Agrégat 1 - Gestion de la politique de l'emploi
Des redéploiements internes à l'agrégat ont permis le
financement d'actions de communication dans le cadre de la présidence
française de l'Union européenne et d'une partie du projet de
relogement des services centraux du ministère.
Agrégat 2 - Participation de l'Etat à la formation
professionnelle
L'exécution 2000 a été marquée par un niveau de
dépenses relatives à l'apprentissage supérieur aux
crédits inscrits en loi de finances initiale. L'écart a
été partiellement compensé par la mobilisation des
disponibilités sur d'autres lignes, laissant un report de charges de 500
millions de francs (76,22 millions d'euros) sur 2001, correspondant au montant
de la contribution prévue du COPACIF et non versée par cet
organisme.
Agrégat 3 - Action de l'Etat en faveur des publics prioritaires
La gestion 2000 des crédits relatifs aux publics prioritaires a fait
apparaître une insuffisance de crédits concernant la GRTH - due
à l'écart existant entre les effectifs budgétés et
les effectifs réels, elle a été comblée par
décret de virement à hauteur de 120 millions de francs (18,29
millions d'euros) - et des excédents sur les emplois-jeunes et sur le
programme territorialisé, qui ont fait l'objet d'un virement vers le
chapitre 46-71 Fonds national de chômage pour 650 millions de francs
(99,09 millions d'euros) et d'annulations pour 5,33 milliards de francs
(811,94 millions d'euros).
Agrégat 4 - Promotion de l'emploi et adaptations
économiques
L'exécution 2000 s'est traduite par une insuffisance de crédits
sur le chapitre 44-77 Exonérations de charges sociales, à hauteur
de 4,38 milliards de francs (667,12 millions), comblée en grande partie
par les crédits ouverts en collectif.
Agrégat 5 - Financement du retrait d'activité et participation
de l'Etat aux dépenses de chômage
Un virement de 650 millions de francs (99,09 millions d'euros) a
été réalisé pour financer le versement, à
due concurrence, à l'AGIRC et l'ARRCO au titre des points de retraites
complémentaires des chômeurs et des préretraites.
Réponse du ministère de l'emploi à une question de votre rapporteur spécial
Votre
rapporteur spécial a posé la question suivante au
ministère de l'emploi : «
Dans son rapport
précité, la Cour des comptes souligne (page 223) la faible
consommation des dépenses en capital, des autorisations de programme en
particulier : 72 % en moyenne sur le titre V, 47 % pour le fonds de la
formation professionnelle, 30 % pour les équipements administratifs. Sur
le titre VI, 6,40 milliards de francs en AP n'ont pas été
affectés. Enfin, seuls 52 % du montant des crédits de paiement
des titres V et VI ont été consommés. Donner les raisons
de la faible consommation de ces crédits
».
La réponse suivante lui a été apportée :
«
Les autorisations de programme du chapitre 57-92 sont
destinées au financement de travaux d'entretien, de rénovation ou
d'extension des locaux de l'administration centrale et des services
déconcentrés. Ces travaux d'un coût très
élevé (plusieurs millions de francs) font parfois l'objet d'un
décalage dans le temps. Ainsi, en 2000, des travaux de relogement de
services déconcentrés prévus en cours d'année
ont-ils été reportés en 2001. C'est le cas du relogement
de la direction départementale du travail, de l'emploi et de la
formation professionnelle de l'Isère (coût estimé entre 45
et 50 millions de francs), dont les crédits ont été
engagés en 2001, ou de celle de la Haute-Garonne (pour un coût de
35 millions de francs), ce qui explique la faible consommation des
crédits sur les articles 57-92 « Équipements
administratifs ».
D'autre part, la faible consommation des crédits de paiement s'explique
en majeure partie par le fait que ceux-ci sont disponibles à hauteur de
50 % des autorisations de programme nouvelles la première
année, et à hauteur de 50 % la seconde année. Cette
clé de répartition exige des services une consommation des
crédits de paiement sur deux ans. Hors la durée des travaux
réalisés en services déconcentrés excède
souvent deux ans, compte tenu de leur importance et parfois de leur
décalage dans le temps. Les crédits de paiement non
consommés sont donc reportés très fréquemment d'une
année sur l'autre.
Pour remédier à cet état de fait, une nouvelle clef
d'ouverture de crédits de paiement a été mise en place
dans le projet de loi de finances pour 2002. Les crédits de paiement
sont dorénavant répartis sur 3 ans selon une clef de
30 % des autorisations de programme nouvelles la première
année, 40 % la seconde et 30 % la troisième. Cette
nouvelle clef devrait éviter les reports en fin d'année de
crédits de paiement non consommés et assurer une exécution
plus linéaire des travaux
».
CHAPITRE PREMIER
LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
Cet
agrégat regroupe les moyens de fonctionnement du ministère de
l'emploi, la subvention versée à des organismes qui concourent au
service public de l'emploi, celle versée à divers organismes
d'étude et de recherche, ainsi que les moyens d'intervention de la
politique des relations du travail.
Les crédits relatifs à la gestion de la politique de l'emploi
s'élèvent à
2,63 milliards d'euros
(17,23
milliards de francs),
en progression de 6,3 %
par rapport à
2001. Ils représentent 15,7 % de l'ensemble des dépenses du
budget de l'emploi (14,5 % en 2001).
I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les dépenses de personnel du ministère (administration centrale et services déconcentrés) évoluent en 2002 de la façon suivante :
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
2002/2001 |
Rémunérations |
302,7 |
306,5 |
+ 1,3 % |
Pensions |
63,8 |
65,7 |
+ 3,0 % |
Charges sociales |
49,7 |
50,3 |
+ 1,2 % |
Total |
416,3 |
422,8 |
+ 1,6 % |
Il convient de constater que la progression de 3 % des crédits de pensions est la plus importante, deux fois plus élevée que la progression totale des dépenses de personnel.
Des
dysfonctionnements dans la gestion des personnels
de l'administration centrale du ministère de l'emploi
Dans le
tome 2 de son rapport public particulier consacré à
La
fonction publique de l'Etat
, publié en avril 2001, la Cour des
comptes a contrôlé la gestion des emplois, des effectifs et des
rémunérations des personnels des deux administrations centrales
du ministère de l'emploi et de la solidarité, entre 1996 et 1999.
Les développements ci-dessous ne concernent que le secteur emploi dudit
ministère.
Il apparaît clairement que les conclusions de la Cour confirment celles
auxquelles votre rapporteur spécial avait abouties dans son rapport
consacré à la gestion des personnels du ministère de
l'emploi, établi conjointement avec notre collègue Gérard
Braun, rapporteur spécial des crédits de la fonction publique et
de la réforme de l'Etat
6(
*
)
.
1) Les emplois et les effectifs des administrations centrales
La Cour des comptes, rappelant que la gestion des emplois relevant de deux
secteurs, dont la direction de l'administration générale et de la
modernisation des services (DAGEMO) pour les personnels du secteur emploi,
considère que «
le processus de scission de la direction de
l'administration générale, du personnel et du budget (DAGPB) pour
donner naissance à la DAGEMO n'a pas été mené
à son terme
», chacune des deux directions gérant
des personnels qui devraient logiquement relever du champ de compétences
de l'autre direction. Par ailleurs, l'outil de gestion du ministère est
obsolète : «
la base actuelle du personnel est commune
aux deux secteurs du ministère et comprend les personnels des services
centraux et des services déconcentrés, mais elle ne permet qu'une
gestion statutaire et non une gestion des emplois et des effectifs ou une
gestion prévisionnelle
». Certes, si le ministère
de l'emploi a décidé de se doter d'un nouveau système de
gestion informatisée du personnel, normalement opérationnel en
2002, la Cour estime que «
des économies d'échelle
auraient sans doute pu être obtenues par une démarche
commune
». Surtout, la Cour des comptes note que
«
les moyens humains des deux administrations centrales du
ministère ne sont pas répartis en fonction d'une analyse des
besoins
», mais «
sur la base d'une situation
existante que les deux directions d'administration générale
tentent de faire évoluer
».
La Cour des comptes souligne l'importance des écarts entre emplois
budgétaires et effectifs réels sur emplois budgétaires.
Cette situation résulte notamment de l'importance du nombre des agents
contractuels, le ministère estimant que ce phénomène
résulte de sa sous-dotation en agents titulaires au regard de
l'évolution de ses missions. Pourtant, le taux de vacances des emplois
budgétaires est élevé, de près de 10 % sur la
période 1996-1999.
S'agissant des effectifs réellement en place, la Cour des comptes
indique que,
« au-delà des effectifs
rémunérés sur emplois budgétaires, les
administrations centrales du ministère
[...]
disposent de
personnels financés sur d'autres supports
». Pour les deux
secteurs du ministère, il existe ainsi des agents des services
déconcentrés qui servent en administration centrale, alors qu'ils
sont normalement affectés à la direction régionale
d'Ile-de-France, dont 83 pour le secteur emploi. Ce dernier
bénéficie également d'un nombre important - 160 - de mises
à disposition. Ainsi, la Cour indique que, «
alors que les
914 emplois dotés en loi de finances correspondaient à un
effectif de 827,18 agents en équivalent temps plein, l'administration
centrale comptait un effectif réel total au 31 décembre 1999 de
1.124,5, soit près de 300 agents de plus ; les 243 agents
rémunérés par une autre source que le budget de
l'administration centrale représentaient 21,6 % de l'ensemble des
effectifs
». Elle porte un jugement sévère sur les
pratiques du ministère : «
le ministère se dote
de moyens supplémentaires et d'un moindre coût - pour lui - sans
avoir à en référer à la représentation
nationale, qui peut seule autoriser la création des emplois. Une telle
pratique, organisée par l'autorité de tutelle
[...]
nuit
à la transparence des comptes et à la signification des
dépenses de personnel tant pour l'Etat que pour les organismes
dotés de l'autonomie juridique et financière qui mettent à
titre gracieux des agents à disposition
». Elle
conclut : «
une remise en ordre s'impose
». Le
ministère a d'ailleurs commencé à prendre des mesures
correctrices.
2) Les rémunérations et indemnités
La Cour des comptes note que, «
dans le secteur emploi, les
dépenses de rémunérations principales sont restées
pratiquement stables alors que les indemnités progressaient de 11,6 %.
Les indemnités forfaitaires pour travaux supplémentaires (IFTS)
et les primes de rendement ont augmenté respectivement de 14,6 % et de
9,3 %
». Dans le même temps, «
les
crédits pour rémunérations principales n'ont
été utilisés qu'à 89,3 % en 1999 pour les
personnels titulaires alors que les dotations se révélaient
insuffisantes pour les agents contractuels (taux d'utilisation de 108,3 % en
1999)
». Constatant que «
le ministère de
l'emploi et de la solidarité a rencontré des difficultés
pour mettre en oeuvre la nouvelle bonification indiciaire (NBI) qui n'a
été appliquée qu'avec retard
», la Cour des
comptes indique que, «
sans référence explicite aux
critères de la circulaire du 14 décembre 1990 qui
précisait que les emplois éligibles à la NBI devaient soit
comporter une responsabilité particulière en termes de fonctions
exercées, de moyens mis en oeuvre ou d'encadrement et d'animation
d'équipe, soit impliquer une technicité particulière, les
bénéficiaires de points de NBI ont été en
majorité
[...]
des agents de catégorie B dans le secteur
emploi. La NBI a été très fréquemment
appliquée à des emplois qui bénéficiaient
déjà d'indemnités spécifiques (traitement de
l'information, travaux dangereux et insalubres)
».
En ce qui concerne la modification des modalités d'attribution de la
prime de rendement, la Cour des comptes considère que «
le
changement de dispositif a eu principalement pour effet un relèvement
des attributions les plus faibles et, de façon moins prononcée,
des attributions les plus fortes. Mais la marge de manoeuvre laissée par
le nouveau système
[...]
est sans doute plus limitée que
dans l'ancien système de parts variables et bride la progression
éventuelle des attributions maximales
».
Enfin, s'agissant des régimes indemnitaires, la Cour des comptes a
relevé trois principales irrégularités :
- l'absence de base juridique de certaines indemnités et de certains
compléments de rémunérations : par exemple, le
ministère octroie à certains agents des compléments
exceptionnels de rémunération sur la base d'autorisations
données par le ministre chargé du budget ; de même,
les indemnités horaires pour travaux supplémentaires sont, dans
les faits, gérés sur une base forfaitaire pour les agents de
catégorie C, aucune solution n'ayant encore été
trouvée depuis le précédent rapport de la Cour qui avait
déjà mis ce point en évidence ;
- la fragmentation du cadre des indemnités forfaitaires ;
- les plafonds non respectés de la prime de rendement.
En conclusion, la Cour des comptes estime que les contrôles qu'elle a
effectués font «
apparaître les inconvénients
du système de gestion partagée mis en place en 1990 entre deux
secteurs ministériels désormais distincts, celui de l'emploi et
celui de la santé et de la solidarité. Ce dispositif fait en
effet obstacle à une gestion cohérente des personnels de chacun
des deux secteurs, qui ont relevé de surcroît de ministères
distincts durant une partie de la période
examinée
».
La progression des dépenses de personnel correspond, pour l'essentiel,
à :
- la création nette de 140 emplois, contre 194 en 2001 - pour
un effectif total de 10.339 emplois budgétaires au
31 décembre 2001 -, qui se décompose en la
création de 24 emplois à l'administration centrale, et de
116 emplois au sein des services déconcentrés du
ministère, pour un coût de 5,21 millions d'euros (34,18 millions
de francs) ;
- la régularisation de 130 emplois, essentiellement au titre de la
résorption et de la consolidation d'emplois précaires, pour un
coût de 3,34 millions d'euros (21,91 millions de francs) ;
- une revalorisation indemnitaire, intervenant notamment dans le cadre de la
mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, à hauteur de
5,59 millions d'euros (36,67 millions de francs);
- une provision de 1,22 millions d'euros (8 millions de francs) pour la mise en
oeuvre de mesures statutaires au profit du corps des inspecteurs du
travail ;
- une dotation de 929.939 euros (6,10 millions de francs) au titre du
renforcement des moyens des services pour la mise en oeuvre de la
réforme sur la validation des acquis professionnels.
Le passage aux 35 heures des agents du ministère de l'emploi
La mise
en oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail
au ministère de l'emploi et de la solidarité constitue un enjeu
majeur dans un contexte de développement de ses missions, notamment dans
les domaines de l'insertion sociale et professionnelle ainsi que de la
sécurité sanitaire.
Avec des services qui emploient plus de 25 000 agents, deux objectifs
majeurs ont été pris en considération pour engager, avec
le concours d'une « équipe projet » placée
sous la responsabilité d'un inspecteur général des
affaires sociales, la réflexion préalable au respect de
l'échéance du 1
er
janvier 2002 fixée par le
décret du 25 août 2000 :
- assurer la qualité des prestations offertes aux
bénéficiaires et aux partenaires en analysant et
réorganisant les conditions de fonctionnement quotidien des services
centraux et déconcentrés ;
- privilégier un dialogue social renouvelé en vue de permettre
aux agents de bénéficier de cette avancée sociale avec le
maximum de souplesse compatible avec les nécessités du meilleur
service à rendre.
Après proposition d'un projet de cadre national en avril,
l'administration a ouvert la négociation nationale avec les
organisations syndicales représentatives du ministère le
15 mai.
Dans un premier temps, comme dans les autres ministères, les discussions
se sont fixées sur les questions d'évolution des effectifs et de
maintien des avantages acquis. Cependant, de véritables
négociations ont pu réellement se nouer fin juin, et
l'administration, prenant en compte certaines demandes des organisations
syndicales, a pu arrêter le 26 juillet une position
définitive portant sur les nouvelles conditions de l'organisation du
temps de travail.
Ainsi, compte tenu du souhait des personnels de privilégier le recours
à des jours de repos supplémentaires au titre de l'ARTT, la
durée du travail sera organisée, dans le cadre du cycle
hebdomadaire, sur la base de 38 heures 30 à compter du
1
er
janvier 2000 avec octroi de 20 jours de repos par
an incluant une semaine octroyée dans les services depuis 1969. Par
ailleurs, la généralisation des horaires variables apporte une
souplesse supplémentaire aux personnels pour la gestion
individualisée de leur temps de travail.
Des dispositions spécifiques, portant notamment sur les conditions de
prise des jours de repos, permettent de garantir que ces droits nouveaux ne
perturberont pas le fonctionnement des services. La qualité de l'accueil
du public dans les services déconcentrés sera en particulier
privilégiée.
Les organisations syndicales ont reconnu que ces dispositions constituaient des
avancées positives. Elles continuent de contester le niveau des
effectifs malgré la création projetée en 2002 de
125 créations nettes pour le ministère de l'emploi obtenues
au titre du renforcement des effectifs des services pour faire face aux
missions nouvelles qui leur sont assignées.
Mme la ministre a personnellement présidé le 6 septembre un
comité technique paritaire et a notamment proposé aux
organisations syndicales une méthode claire d'examen régulier de
cette question de l'adéquation entre nos missions et nos moyens humains.
Un comité technique paritaire ministériel de consultation
officielle des organisations syndicales sur les textes réglementaires
d'application du nouveau régime de travail est convoqué pour le
18 octobre.
Les négociations se poursuivent actuellement sur des thèmes
particuliers comme la prise en compte des déplacements professionnels,
les incidences de la réduction du temps de travail pour les agents
à temps partiel ou encore la définition précise des agents
d'encadrement qui verront leur temps de travail annuel décompté
en jours. L'administration souhaite terminer les négociations sur ces
sujets à la fin octobre. Les questions relatives au nouveau
régime des heures supplémentaires ainsi qu'à la mise en
place d'un compte épargne-temps seront abordées
ultérieurement en fonction des positions interministérielles qui
doivent être prochainement arbitrées pour permettre la parution de
textes réglementaires attendus d'ici à la fin de l'année.
Parallèlement à ces négociations, depuis juin, l'ensemble
des services centraux et déconcentrés, avec le concours d'un
« chef de projet ARTT » identifié sur chaque site et
de consultants, poursuit une démarche méthodique de diagnostic de
son organisation et de son fonctionnement quotidien en vue de procéder,
après une analyse des points à améliorer, à
l'élaboration d'un plan d'action permettant, au-delà de
l'application du nouveau régime de la durée du temps de travail,
de simplifier, rationaliser, voire supprimer certaines procédures,
tâches ou activités en vue de rendre plus efficace notre action
sur les missions prioritaires.
Une enveloppe de 1,07 million d'euros (7 millions de francs) a
été prévue en 2001 pour assurer le financement par les
services d'un recours à des consultants. Une enveloppe de 7.622,45 euros
(50 000 francs) par direction départementale ou
régionale a été déléguée aux
directions régionales du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle, à charge pour elle de les répartir entre les
directions départementales.
Source : ministère de l'emploi
II. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT
Les dépenses de matériel et
fonctionnement
des services
diminuent de 19,2 %, en raison de plusieurs modifications de
la nomenclature
7(
*
)
, et atteignent 67,66 millions
d'euros (443,82 millions de francs). Il convient de préciser qu'une
mesure nouvelle de 10,31 millions d'euros (67,63 millions de francs) est
consacrée à des dépenses d'informatique et de
télématique.
Les crédits d'équipement
passent de 9,68 millions
d'euros (63,50 millions de francs) à 4,58 millions d'euros (30,04
millions de francs), soit une diminution de 52,7 %. L'essentiel des
crédits, soit 4,01 millions d'euros (26,30 millions de francs), est
consacré à l'entretien, la rénovation et l'extension des
locaux des services déconcentrés.
III. LES SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
A. L'AGENCE NATIONALE POUR L'EMPLOI
1. Le 3ème contrat de progrès
Ce
contrat s'inscrit dans la suite logique des deux précédents, mais
il s'en distingue par l'effort entrepris pour réussir l'insertion
professionnelle des jeunes, prévenir le chômage de longue
durée et lutter contre l'exclusion, conformément aux engagements
pris dans le cadre du plan national d'action pour l'emploi (PNAE).
• Prévenir et réduire le chômage de longue
durée
La prévention du chômage de longue durée, c'est pouvoir
apporter le plus tôt possible une réponse
différenciée à chaque demandeur d'emploi. Pour y parvenir,
l'Agence s'appuie sur sa nouvelle offre de service, et en particulier sur les
prestations d'accompagnement qu'elle propose dans le cadre du service
personnalisé pour un nouveau départ vers l'emploi (SPNDE).
Depuis octobre 1998, l'Agence met en oeuvre ce programme, en application des
lignes directrices 1 et 2 du PNAE. Durant le dernier trimestre 1998, ce
sont 120.000 demandeurs d'emploi qui en ont
bénéficié, 841.000 en 1999, 1.130.000 en 2000 et
705.755 durant le premier semestre 2001.
Le SPNDE a permis d'obtenir une baisse significative du chômage de longue
durée : 15 % en 1999, puis 24,8 % en 2000 pour les
adultes, 19 % en 1999 pour 32,5 % en 2000 pour les jeunes.
A partir du 1
er
juillet 2001, le programme SPNDE prend une nouvelle
ampleur, puisque tous les demandeurs d'emploi, dès leur inscription,
bénéficient du projet d'action personnalisé pour un
nouveau départ (PAP-ND) qu'ils soient ou non indemnisés par le
régime d'assurance chômage.
• Faciliter les recrutements
L'ANPE a recueilli, en 2000, 3.232.577 offres d'emploi, soit une
progression de 6,6 % par rapport à l'année
précédente. La part des offres durables est en hausse par rapport
à 1999, l'Agence ayant proposé 1.068.200 contrats à
durée indéterminée, soit une progression de 19 % par
rapport à 1999.
Afin de
faciliter les recrutements, l'Agence, dans le cadre de son observatoire du
marché du travail, interroge régulièrement les employeurs,
afin de mieux cerner leurs anticipations d'activité et d'embauche. Au
niveau local, 80 % des agences locales sont désormais
engagées dans la démarche « marketing » qui
leur permet de mieux appréhender les besoins des entreprises et les
potentialités d'emploi sur leur bassin.
Face au double problème des entreprises qui peinent à trouver des
candidats et des demandeurs d'emploi qui ne profitent pas de la reprise,
l'Agence a développé une nouvelle méthode de recrutement
basé sur les « habiletés »,
c'est-à-dire sur les capacités d'une personne à occuper
tel ou tel poste et non pas sur les critères habituellement retenus,
c'est-à-dire les diplômes et l'expérience.
• Développer des outils performants
L'Agence poursuit le développement de ses outils à distance
(Internet, 3614 ANPE, serveurs vocaux) ainsi que des services de
proximité dans le cadre d'un partenariat avec les collectivités
locales.
Le système Internet propose en permanence 125.000 offres d'emploi
actualisées et le nombre de visiteurs atteint 740.000 par mois. En 2000,
165 agences locales disposaient d'un accès public et gratuit
à Internet : à fin 2001, 1.500 nouvelles bornes seront
installées dans les agences locales. Les nouvelles
fonctionnalités d'Internet permettent depuis mi-2001 aux employeurs de
diffuser directement leurs offres, aux demandeurs de s'abonner à un
service d'offres d'emploi personnalisé.
Le système propre d'information de l'Agence est en train de faire
l'objet d'un important effort de modernisation. Un nouveau dispositif de
gestion du fichier des demandeurs d'emploi est en cours d'élaboration
(projet GEODE) ainsi qu'un système d'aide à la décision,
à disposition des responsables locaux.
L'ANPE : quelle efficacité ?
La Cour
des comptes a effectué un contrôle des comptes et de la gestion de
l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) sur la période 1992-1998, dont
elle a publié les conclusions dans son rapport public 2000.
Rappelant que l'ANPE intervenait dans le cadre d'un service public de l'emploi
caractérisé par l'éclatement et la complexité de
son organisation, elle a considéré que l'agence
«
peut aujourd'hui mobiliser des moyens
importants
», mais que «
ses résultats bien
qu'en progrès peuvent encore être
améliorés
», concluant qu' «
il est
assurément malaisé d'évaluer avec précision et
objectivité son efficacité
».
1) La mobilisation des moyens
La Cour des comptes a indiqué que le cadre budgétaire de l'ANPE
«
donne une image difficile à déchiffrer des
prévisions de recettes et de dépenses afférentes à
sa seule gestion
», et que «
le résultat de
l'exécution budgétaire de l'établissement en est
affecté et son fonds de roulement, artificiellement
gonflé
». Le décalage observé entre le
budget voté et le budget exécuté, selon la Cour, «
trouve son origine dans la gestion des mesures pour
l'emploi
», l'ANPE inscrivant à son budget annuel la
totalité des recettes et des engagements prévisibles à ce
titre, alors que ces mesures s'exécutent sur plusieurs exercices. Elle
conclut : «
cette pratique, qui traduit une application
quelque peu relâchée du principe d'annualité
budgétaire, n'est pas cohérente avec les règles
applicables au budget de l'Etat d'où proviennent les
ressources
».
De surcroît, la Cour des comptes a mis en évidence le gonflement
du fonds de roulement de l'ANPE, qui «
a conduit l'agence et ses
autorités de tutelle à perdre de vue le caractère
limitatif que doit avoir un budget et à se soustraire aux rigueurs de la
règle de spécialité budgétaire. Les
disponibilités versées au fonds de roulement devenaient en effet
à leurs yeux fongibles et pouvaient ainsi trouver une autre destination
que celle initialement prévue
».
S'agissant de la gestion financière de l'agence, la Cour des comptes
relève l'absence d'un suivi rigoureux des flux financiers et d'un
apurement régulier des opérations, pour ce qui concerne les
interventions de l'Etat transitant dans ses comptes. Elle observe ainsi
«
la constitution d'une trésorerie substantielle dont le
placement a permis à l'agence de dégager, avec l'accord des
autorités de tutelle, des produits financiers certes non
négligeables, mais qui auraient pu être accrus
». La
Cour déplore ainsi l'absence d'une gestion active de la
«
trésorerie abondante
» que s'est
constituée l'ANPE.
Elle note également la forte progression des dépenses de
personnel, ainsi que l'application bienveillante du décret du 29 juin
1990 qui tend à aligner sur le régime de la fonction publique le
statut des personnels de l'agence.
La Cour des comptes critique également «
le processus
budgétaire peu satisfaisant
» applicable aux
dépenses informatiques, caractérisé par «
un
recours systématique à des décisions modificatives
opérant des prélèvements sur le fonds de
roulement
». Par ailleurs, rappelant que chaque direction de
l'ANPE est responsable de ses procédures d'achat, elle estime
qu'à «
il résulte de cette organisation des
dysfonctionnements nombreux, tenant à une attention inégale
portée aux règles du code des marchés
publics
». Elle recommande donc «
un réexamen
rigoureux des pratiques suivies en ce domaine par l'agence
».
Enfin, elle considère que, en ce qui concerne la conclusion des contrats
de progrès, «
la prévision est dans la plupart des
cas incomplète, parfois évolutive et souvent
incertaine
». Elle relève notamment «
un
manque de réflexion préalable à la conclusion de ces
accords et une insuffisante articulation du suivi de leur mise en oeuvre avec
le dispositif de contrôle de gestion de
l'établissement
».
2) L'efficacité de l'agence
La Cour des comptes rappelle que l'ANPE intervient dans un service public de
l'emploi éclaté, aux côtés de l'UNEDIC, de l'AFPA
ainsi qu'en partenariat avec les missions locales ou avec des
collectivités territoriales.
Elle constate «
des dysfonctionnements qui affectent la gestion de
la liste des demandeurs d'emploi et réduisent son caractère
opérationnel
», notant par exemple que
«
l'ANPE n'est pas informée en temps réel de la
disponibilité réelle des demandeurs d'emploi
».
Elle estime ainsi que
de tels dysfonctionnements contribuent
«
à due proportion à l'amélioration de
l'indicateur le plus médiatisé de la situation de la demande
d'emploi
».
La Cour des comptes souligne également les
«
résultats contrastés
» des efforts
entrepris par l'agence en faveur des entreprises, observant, par exemple, que,
«
quant aux jugements portés par les employeurs en ce qui
concerne le moyen de recrutement le plus efficace, l'ANPE voit son rang
décliner régulièrement depuis 1995
». Elle
insiste également sur «
les difficultés
rémanentes
» relatives à l'appui aux demandeurs
d'emploi, portant notamment ses critiques sur la qualité du premier
entretien, la mise en place d'indicateurs permettant d'évaluer
l'efficacité des prestations de services dont elle fait
bénéficier les demandeurs d'emploi, les prestations d'orientation
et d'aide à la mobilité, le suivi des dispositifs de formation
gérés par l'agence pour le compte de l'Etat...
Enfin, la Cour considère que «
les instruments permettant
d'apprécier objectivement l'impact des interventions de l'agence sont
souvent défaillants
» dans le domaine des actions
spécifiques en faveur des publics prioritaires, les chômeurs de
longue durée en particulier.
Source : Cour des comptes, rapport public 2000.
2. Les crédits demandés pour 2002
La
subvention de fonctionnement de l'ANPE, inscrite au chapitre 36-61, est d'un
montant de 1,17 milliard d'euros (7,67 milliards de francs), en augmentation de
11,3 %. Cette augmentation est la plus forte jamais enregistrée.
Les moyens supplémentaires ainsi dégagés sont
destinés à mettre en oeuvre le programme d'action
personnalisé pour un nouveau départ (PAP-ND) pour permettre le
suivi individualisé de tous les demandeurs d'emploi jusqu'à leur
retour à l'emploi.
L'Agence mobilisera dans ce cadre l'ensemble de son offre de service :
dispositifs d'évaluation, de formation, d'accompagnement et d'appui
social, ainsi que les aides à l'emploi du secteur marchand et non
marchand. L'offre de service de l'Agence sera renforcée à tous
les niveaux pour offrir à l'ensemble des demandeurs d'emploi :
- un diagnostic approfondi permettant de déterminer un axe d'action
prioritaire du PAP lors des entretiens initiaux ;
- un suivi continu et régulier dans le cadre des actualisations du
PAP et ceci jusqu'au retour à l'emploi ;
- un recours plus intensif aux prestations d'accompagnement.
Pour les publics en difficulté, une nouvelle prestation d'accompagnement
dans l'emploi après reprise d'emploi sera également mise en
place, afin de favoriser une insertion professionnelle durable et s'assurer que
le salarié s'adapte à l'entreprise et au poste de travail pendant
les premiers temps de la reprise d'emploi.
Afin de réaliser l'ensemble de ces services, le budget de prestation
2002 de l'ANPE est renforcé de 65,71 millions d'euros (431,03
millions de francs). En outre, pour mettre en oeuvre cette politique,
570 emplois sont créés en 2002 contre 433 en 2001.
La mise en oeuvre du plan d'aide au retour à l'emploi (PARE)
La
convention tripartite État/UNEDIC/ANPE du 13 juin 2001 relative à
la mise en oeuvre du Plan d'aide au retour à l'emploi (PARE) est
complétée par une convention bipartite entre l'ANPE et l'UNEDIC
relative à la mise en oeuvre du PARE et du projet d'action
personnalisé (PAP).
Le projet d'action personnalisé, prévu par la convention
d'assurance chômage pour les demandeurs indemnisés, s'appuie sur
un appui individualisé du demandeur d'emploi jusqu'à son retour
à l'emploi. Il s'inscrit dans la logique du service personnalisé
pour un nouveau départ vers l'emploi initié en 1998 et inscrit
dans le plan national d'action pour l'emploi (PNAE).
La convention bipartite définit les conditions de mise en oeuvre
opérationnelles du PAP par l'ANPE et les ASSEDIC. Elle
précise :
- les modalités d'élaboration du PAP lors d'un entretien
à l'ANPE, dans le mois suivant l'inscription ou dans les cas de
réinscription du demandeur d'emploi ;
- les modalités d'actualisation du PAP, tous les six mois ;
- les échanges d'information entre ANPE et ASSEDIC pour le suivi du
PAP ;
- les aides au retour à l'emploi des demandeurs d'emploi
financées par l'UNEDIC : actions de formation préalables
à l'embauche, actions de formation spécifiques, aides à la
mobilité, aide dégressive à l'employeur.
Pour ce qui concerne le suivi du PAP, la réalisation des actions
prévues lors de son initialisation et de son actualisation peut
être confié à des partenaires de l'Agence en raison de leur
savoir-faire pour des publics spécifiques. Il s'agit du réseau
d'accueil des jeunes, des structures « Cap emploi », et de
l'APEC. Des conventions nationales puis régionales avec l'ANPE
préciseront les modalités de mise en oeuvre.
Conformément à ses missions, l'ANPE a un rôle de
prescripteur pour l'ensemble des mesures d'aide au retour à l'emploi.
Les frais exposés par l'ANPE pour la mise en oeuvre du PAP et des
prestations, examen des capacités professionnelles, bilans de
compétences approfondis, accompagnement renforcé, sont pris en
charge par l'UNEDIC.
Par ailleurs, les échanges d'information entre l'Agence et les ASSEDIC
suppose que le fichier des demandeurs d'emploi (GIDE) soit adapté.
Un comité stratégique ANPE/UNEDIC est chargé du suivi de
la convention.
Sur les deux premiers mois de mise en oeuvre, en juillet et août 2001,
679.031 PAP ont été élaborés. Ces
entrées dans le dispositif concernent : les nouveaux inscrits
(400.638 personnes), ainsi que les personnes inscrites avant le
1
er
juillet 2001 et les personnes relevant des publics cible du
SPNDE (238.393 personnes).
B. LES AUTRES ORGANISMES
Les subventions aux autres organismes évoluent de la manière suivante :
Évolution des crédits des autres organismes
|
En millions d'euros |
2002/2001 |
Centre d'études de l'emploi |
5,41 |
+ 2,0 % |
Centre d'études et de recherches sur les qualifications |
|
|
Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail |
|
|
Autres |
2,27 |
+ 0 % |
TOTAL |
21,4 |
+ 2,4 % |
Il convient de noter que la dotation de l'Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI), d'un montant de 1,14 million d'euros (7,50 millions de francs), est transférée, en 2002, au budget du ministère de l'environnement.
C. L'ASSOCIATION NATIONALE POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES ADULTES
1. Le contrat de progrès 1999-2003
Le
contrat de progrès signé entre l'État et l'AFPA en janvier
1999 contient cinq orientations majeures :
1. Permettre l'accès des actifs en situation de fragilité sur le
marché du travail à la qualification et principalement des
demandeurs d'emploi de plus de 25 ans, afin de favoriser leur accès
à l'emploi.
En 2000,
l'AFPA a accueilli en formation 91.691 demandeurs d'emploi, dont 59.068 sur la
commande publique. La part des adultes entrés en formation sur la
commande publique atteint 72,3 %.
2. Mettre en complémentarité les missions confiées
à l'AFPA dans le champ de l'aide à la construction d'un parcours
de formation avec celles dévolues à l'ANPE en termes d'appui au
projet professionnel des demandeurs d'emploi, en vue de leur retour à
l'emploi.
En 2000, l'AFPA a reçu 194.060 demandeurs d'emploi pour un service
d'appui à la définition du projet de formation, dont 100.325
adressés par l'ANPE. Parmi les demandeurs d'emploi accueillis, 160.426
ont eu une solution construite (accès à la formation ou solution
alternative hors formation recherchée avec l'ANPE).
La part
des demandeurs d'emploi entrés en formation à l'AFPA dans le
cadre de la relation organisée avec l'ANPE (service
intégré d'appui au projet professionnel) a augmenté
fortement sur l'année 2000, 48,1 % en décembre 2000 (soit
7,9 points par rapport à fin 1999).
3. Ancrer plus fortement l'activité de l'AFPA dans les objectifs et les
priorités des politiques de l'État pour l'emploi et pour la
formation professionnelle.
La part des publics prioritaires du SPNDE dans le service d'appui à la
définition d'un projet de formation et dans les entrées en
formation dépasse 33 % en fin d'année 2000, les
résultats étant sensiblement identiques à ceux de
l'année 1999.
Toutefois, un effort particulier a été accompli en faveur des
bénéficiaires du RMI qui représentent le quart des
bénéficiaires du service personnalisé d'appui à la
définition du projet de formation et 27 % des entrées en
formation.
4. Renforcer les liens de l'AFPA avec les deux autres composantes du service
public de l'emploi (SPE) : les services déconcentrés de
l'État (DDTEFP et DRTEFP) et l'ANPE.
L'AFPA est impliquée dans le programme de prévention et de lutte
contre les exclusions, mis en oeuvre dans le cadre du programme de
prévention et de lutte contre le chômage de longue durée et
contre les exclusions, et de l'action territorialisée du SPE.
A ce titre, elle mobilise largement son dispositif, tant sur le volet
orientation, notamment en lien avec l' ANPE dans le cadre du service
intégré d'appui au projet professionnel, que sur le volet
formation comme indiqué ci-dessus.
En 2000
et 2001, l'AFPA est par ailleurs fortement mobilisée sur les plans
d'action locaux mis en oeuvre par le SPE pour aider les entreprises à
résoudre leurs difficultés de recrutement.
5. Appliquer et clarifier ses modes de relations avec les régions et les
branches professionnelles et travailler avec les entreprises au plus
près du terrain.
Pour établir, à l'échelon territorial, une concertation
plus étroite avec les régions, le contrat de progrès
1999-2003 prévoit la création de comités régionaux
consultatifs placés auprès des directeurs régionaux de
l'AFPA.
En 2000, 11 comités consultatifs se sont constitués en
région, et 3 l'ont été au cours des premiers mois
2001.
Les thèmes de travail ont notamment porté sur l'articulation
entre l'ANPE et l'AFPA, les relations avec les branches professionnelles ou la
recherche d'une plus grande cohérence entre l'évolution du
dispositif de formation de l'AFPA et le plan régional de
développement des formations des conseils régionaux. Les autres
régions abordent ces thèmes au sein du COREF.
Par ailleurs, la loi quinquennale du 20 décembre 1993 (article 77)
a posé le principe de la formalisation de conventions tripartites
à conclure entre l'État, la région et l'AFPA en vue de
l'adaptation de son contrat de progrès à la situation
particulière des régions. En 2000, 6 régions
s'étaient dotées de conventions tripartites, et
1 région, déjà dotée d'une convention
tripartite dans le cadre de l'ancien contrat de progrès, a vu cette
convention arriver à échéance.
Enfin, dans le champ des relations avec les branches professionnelles, on peut
souligner l'implication de l'AFPA dans la mise en oeuvre des contrats de
qualification jeunes et adultes ainsi que dans les opérations
menées au plan local auprès des entreprises présentant des
difficultés de recrutement, notamment dans le bâtiment, la
mécanique et la réparation automobile.
Les indicateurs de résultat du contrat de progrès
En lien
avec ses missions centrales, l'AFPA s'engage à atteindre sept objectifs
de progrès traduits en indicateurs selon une nomenclature
présentée à l'annexe 3 du contrat de progrès.
Synthèse des résultats
a) l'AFPA s'est mobilisée sur l'orientation globale du contrat de
progrès et produit des résultats intéressants en ce qui
concerne le ciblage des publics et les conditions d'entrée en
formation :
• Taux d'alimentation du dispositif AFPA par l'ANPE : la part des
demandeurs d'emploi entrés en formation à l'AFPA dans le cadre du
service intégré d'appui au projet professionnel mis en place
entre l'ANPE et l'AFPA progresse : le taux d'alimentation du dispositif de
formation AFPA est de 48,1 % à fin décembre 2000 (soit +7,9
points par rapport à fin décembre 1999).
• Taux d'adultes : la part des demandeurs d'emploi adultes
(bénéficiaires âgés de plus de 25 ans à
l'entrée en stage) parmi les demandeurs d'emploi accueillis en formation
à l'AFPA, dans le cadre de sa commande publique, a dépassé
l'objectif fixé à 72 % en atteignant à fin
décembre 2000 72,3 %, contre 70,1 % à fin
décembre 1999.
• La part des publics prioritaires du SPNDE dans le service
intégré d'appui au projet professionnel et dans les
entrées en formation à l'AFPA atteint près de 34 %
à fin décembre (33,8 % pour le service d'appui à la
définition du projet de formation contre 33,9 % à fin
décembre 1999, et 34 % pour les entrées en formation, contre
33,2 % à fin décembre 1999).
• L'affectation des effectifs aux services directs aux
bénéficiaires : la part des emplois affectés aux
services directs aux bénéficiaires au regard de l'ensemble des
emplois, qui doit augmenter, évolue dans le bon sens, atteignant en
2000, 63,50 % des ETP contre 62,85 % en 1999 et 62,14 % en 1998
(base ETP moyen annuel CDI + CDD).
• En 2000, le délai d'entrée en formation diminue
(c'est le délai entre le début du service d'appui à la
définition du projet de formation, dit S2, et la première
entrée en formation à l'AFPA pour une action financée par
la commande publique).
En 2000 : 62,9 % des bénéficiaires sont entrés
en formation dans les quatre mois qui suivent le début du S2, contre
58,1 % à fin décembre 1999 ; 78 % des
bénéficiaires entrent en formation dans les six mois (75 %
en 1999). Enfin, le délai moyen entre le début du S2 et
l'entrée en formation s'établit à 115 jours contre
123 en 1999. L'association se rapproche ainsi de l'objectif de 70 % de
bénéficiaires entrés en formation dans les 4 mois, qui lui
était assigné sans toutefois l'atteindre.
b) l'AFPA doit en revanche progresser sur d'autres indicateurs :
• Le taux d'encadrement des formations (rapport entre le stock moyen
de stagiaires au nombre d'équivalent temps plein formateur)
s'établit en 2000 à 9,6 bénéficiaires par
formateur, contre 9,8 en 1999. Cette baisse s'explique en partie par les
difficultés de recrutement de stagiaires que l'AFPA a rencontrées
au cours du premier trimestre, mais qu'elle a su redresser au cours du second
trimestre 2000. Elle s'explique aussi par l'accroissement du taux d'abandon en
cours de stage pour des motifs de reprise de l'emploi.
• Le taux de poursuite de pré-qualification en formation
qualifiante (proportion des bénéficiaires qui, après avoir
réalisé une étape de pré-qualification, ont
poursuivi leur parcours en formation) se situe à 40,0 %, contre 40,7 %
en 1999. Dans le même temps, la proportion des parcours financés
par la commande publique comportant une étape de
pré-qualification dans l'ensemble des parcours de formation est de 9,5
%, soit 0,4 % de plus qu'en 1999.
• Le taux de sortie anticipée augmente : 18 % contre
16,4 % en 1999. Cette augmentation est essentiellement due à la reprise
d'emploi (3.805 personnes contre 3.244 à la fin décembre
1999), soit une augmentation de 3 points sur ce motif (28 % du total des
sorties anticipées en 1999 sont dues à une reprise d'emploi, 31 %
en 2000).
• Le taux de diplômes diminue : c'est le nombre de
bénéficiaires qui ont obtenu un titre homologué du
ministère rapporté à l'ensemble des
bénéficiaires qui ont réalisé une formation
financée par la commande publique. Ce taux est de 45,3 % à fin
décembre 2000, contre 47,6 % à fin décembre 1999. Cette
diminution s'explique largement par l'augmentation de sorties anticipées
en cours de stage.
En revanche, le taux de réussite aux examens progresse (85,8 %, soit 2
points de plus qu'en 1999), ce qui témoigne du maintien de la
qualité des formations dispensées.
2. Les crédits demandés pour 2002
Les
moyens globaux alloués à l'AFPA par l'Etat ont
évolué de la manière suivante :
- maintien en euros constants de la subvention principale pour la
période d'activité 1994-1998 ;
- progression de 15,24 millions d'euros (100 millions de francs) en 1999, 31,54
millions d'euros (206,89 millions de francs) en 2000, 29,73 millions
d'euros (195,02 millions de francs) en 2001 et 15,34 millions d'euros
(100,62 millions de francs) en 2002 ; cette évolution est
liée aux orientations du contrat de progrès 1999-2003, avec
notamment le développement du service d'aide à
l'élaboration du parcours de formation en lien avec le plan national
d'action pour l'emploi (PNAE) et la mise en oeuvre du nouveau schéma
directeur du système d'information de l'AFPA.
Le
projet du budget de fonctionnement est de 705,93 millions d'euros (4,63
milliards de francs), dont 1,61 million d'euros (10,56 millions de
francs) au titre des contrats de plan Etat-régions (CPER).
Comme dans les budgets précédents, le projet de budget pour 2002
traduit les orientations définies dans le contrat de progrès
signé avec l'Etat en 1999, lequel prend en compte le PNAE 1998-2002
consécutif à la résolution du Conseil européen sur
l'emploi de Luxembourg des 20 et 21 novembre 1997. Il permet de resituer l'AFPA
dans son rôle au sein du service public de l'emploi.
Les demandes budgétaires 2002 s'inscrivent également dans un
contexte nouveau marqué :
par l'application de la nouvelle convention d'assurance chômage et la
décision prise par le gouvernement d'offrir à tous les demandeurs
d'emploi la possibilité de contractualiser avec l'ANPE, un projet
d'action personnalisé ;
par la décision d'élargir cette démarche à tous
les bénéficiaires du RMI dès 6 mois d'allocation ;
par l'application des nouvelles dispositions législatives relatives
à la validation des acquis d'expérience.
Parmi les mesures nouvelles, il convient de citer :
1°) l'appui personnalisé à la définition du projet de
formation, pour 4,57 millions d'euros (30 millions de francs)
L'appui au projet professionnel a comme finalité d'aider les personnes
à élaborer et mettre en oeuvre leur projet personnel et
professionnel, par l'information et le conseil sur les réalités
du travail, l'évolution des métiers et des professions, le
marché de l'emploi et les formations professionnelles adaptées
aux compétences à acquérir. L'AFPA assure cette mission en
partenariat avec l'ANPE et les réseaux existants au plan local pour
assurer la complémentarité des services nécessaires au
plus près des besoins exprimés.
Ainsi, l'AFPA, sur sa commande publique, apportera une aide à la
construction de projets de formation pour des demandeurs d'emploi jeunes et
adultes, ayant des déficits de compétences ou des qualifications
inadaptées aux besoins des entreprises, en fonction des besoins
repérés par l'ANPE. Elle les accompagnera jusqu'à leur
entrée en formation, à l'AFPA ou dans un autre organisme de
formation.
La mise en oeuvre du PAP sera l'occasion de construire, avec l'ANPE, une
politique plus active de coopération dans la résolution des
besoins de formation. En effet, le PAP par sa généralisation
pourrait révéler un besoin accru de formation pour
répondre à la fois aux besoins d'adaptation des
compétences liées à la diffusion des nouvelles
technologies de l'information et de la communication et aux pénuries de
main d'oeuvre qualifiée sur un grand nombre de métiers.
2°) la validation des acquis
Par redéploiement de sa commande publique, dans le cadre de la politique
de certification, l'AFPA va contribuer à la mise en oeuvre de la
validation des acquis.
Ces mesures s'inscrivent dans l'évolution actuelle du cadre
législatif relatif à la validation des acquis (projet de loi de
modernisation sociale, arrêté du 1
er
mars 2001 relatif
aux conditions de délivrance des certificats de formation
professionnelle du ministère de l'emploi et de la solidarité).
Elles se traduiront par :
• une montée en charge des certificats de compétences
professionnelles délivrés ;
Les expérimentation menées depuis 1999 ont permis de tester un
mode de reconnaissance des compétences professionnelles acquises par
l'expérience. Les travaux d'évaluation conduits par des experts
indépendants ont révélé la pertinence des approches
proposées par l'AFPA et sa capacité de réponse à un
besoin réel de validation des acquis exprimé tant par les actifs
demandeurs d'emploi ou salariés que par les entreprises.
• la construction d'un service d'appui au projet de validation des
acquis visant à accompagner les personnes dans leur projet ;
• la mise en place de cellules techniques pour faire fonctionner le
dispositif de validation.
D. UNE EXPÉRIMENTATION INTÉRESSANTE : LA GLOBALISATION DES CRÉDITS DES SERVICES DE LA RÉGION CENTRE
Les
services déconcentrés du ministère disposent de
compétences d'administration générale pour gérer
les crédits de fonctionnement qui leur sont
délégués par l'administration centrale.
A titre expérimental, une mesure de globalisation des crédits
de personnel et de fonctionnement sera lancée au cours de l'année
2002 : elle concernera la région Centre.
Un nouveau chapitre budgétaire 37-63 a ainsi été
créé, d'un montant de 14,88 millions d'euros (97,61 millions de
francs), répartis en 12,05 millions d'euros (79,04 millions de francs)
au titre des dépenses de personnel, et 2,83 millions d'euros (18,56
millions de francs) au titre de la dotation globale de fonctionnement.
Dans le cadre des décisions du comité interministériel
pour la réforme de l'Etat du 12 octobre 2000, appelant chaque
ministère à conduire au cours de l'année 2001 une
démarche de contractualisation et de globalisation des moyens de
fonctionnement et de rémunération avec certains services
déconcentrés, le ministère de l'emploi a
décidé d'engager dans le cadre du projet de loi de finances pour
2002 une expérimentation couvrant la période 2002-2004 sur la
base d'une contractualisation avec les services déconcentrés de
la région Centre.
Cette expérimentation vise, par une déconcentration accrue
fondée sur la globalisation des crédits et la
pluriannualité, à responsabiliser les services
déconcentrés et positionne le niveau régional comme
instance d'animation et de pilotage de l'expérimentation et de mise en
oeuvre du contrôle de gestion.
L'expérimentation prendra la forme d'un contrat de trois ans
signé par le CTRI de la région Centre et l'administration
centrale. Le contrat définira les priorités d'action
assignées à la région, ainsi que les résultats
attendus assortis d'indicateurs. Il fixera les moyens correspondants sur une
base régionale, au vu d'un budget triennal élaboré en
collaboration entre les services déconcentrés de la région
Centre et l'administration centrale. Sur cette base, le CTRI disposera de la
plus grande latitude possible pour répartir les moyens entre services
déconcentrés, en fonction des priorités retenues.
La contractualisation s'appuie sur la mise en place d'une fongibilité
locale des crédits du titre III. Ainsi, un chapitre unique (chapitre
37-63), dédié à l'expérimentation en région
Centre, sera-t-il créé dans le cadre du projet de loi de finances
pour 2002, regroupant deux articles :
- article 10 « Personnel, rémunérations
d'activité et charges sociales », regroupant les
crédits de rémunération et d'action sociale des personnels
en place en 2001, pour une dotation globale de 12 millions d'euros ;
- article 20 « Dotation globale de fonctionnement »,
regroupant les crédits logistiques relatifs aux locaux (2,29 millions
d'euros), les crédits de statistiques et d'études
(0,91 million d'euros), de communication et d'information
(0,137 million d'euros), de modernisation (0,076 million d'euros) et
d'informatique (0,305 million d'euros).
Au total, la dotation affectée au chapitre 37-63 « Dotation
globalisée expérimentale de la région Centre »
s'élève à 14,88 millions d'euros (97,61 millions de
francs).
Conformément aux dispositions de la loi organique portant réforme
de l'ordonnance sur les lois de finances, un principe de fongibilité
asymétrique entre articles sera appliqué. En vertu de ce
principe, l'article 20 pourra être abondé en gestion à
partir des excédents constatés sur l'article 10. Les
crédits de l'article 20 seront en outre reportables d'un exercice
à l'autre.
Le contrat sera signé avant la fin de l'année 2001. Sa
préparation donne lieu à des réunions hebdomadaires entre
des représentants des services déconcentrés de la
région Centre et les représentants de l'administration centrale,
dans le but de bâtir le budget triennal. La mise en oeuvre d'une
fongibilité portant sur les crédits du titre III ne constitue
qu'une première étape, puisqu'il a été convenu avec
la direction du Budget d'étudier dès 2002 les modalités
d'une fongibilité étendue aux crédits d'intervention des
services déconcentrés, dans le cadre de la préparation du
projet de loi de finances pour 2003.
*
* *
Les indicateurs de coût ont évolué de la manière suivante depuis 1999 :
CHAPITRE DEUX
LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT
À LA
FORMATION PROFESSIONNELLE
Les
crédits relatifs à la formation professionnelle
s'élèvent à
3,91 milliards d'euros
(25,62
milliards de francs) en 2002, en diminution de 3,67 % par rapport à
2001. Ils représentent, comme l'année dernière,
23,3 % de l'ensemble des dépenses de ce budget.
Cet agrégat regroupe l'ensemble des crédits destinés aux
actions de soutien à la formation professionnelle : formation en
alternance, actions de formation à la charge de l'Etat, et dotation
globale de décentralisation.
I. LA FORMATION EN ALTERNANCE
Les crédits alloués à la formation en alternance passent de 2 milliards d'euros (13,13 milliards de francs) en 2001 à 2,07 milliards d'euros (13,57 milliards de francs) en 2002 , soit une progression de 3,3 % .
A. LES CONTRATS D'APPRENTISSAGE
Depuis
1979, l'Etat compense auprès des régimes sociaux
l'exonération des cotisations salariales et patronales assises sur les
rémunérations des apprentis. En outre, dans le cadre de la loi du
6 mai 1996, l'Etat verse à l'entreprise une aide à l'embauche,
« recentrée » en 1999 sur les publics de niveau de
formation correspondant au BEP ou au CAP, ainsi qu'une indemnité de
soutien à la formation à l'issue de chaque année du cycle
de formation. Depuis 2001, l'aide à l'embauche est
réservée aux entreprises de moins de 20 salariés.
Les crédits affectés aux contrats d'apprentissage
s'établissent à 1,61 milliard d'euros (10,57 milliards
de francs), répartis en 786,03 millions d'euros (5,16 milliards de
francs) pour les primes, et 824,75 millions d'euros (5,41 milliards de
francs) au titre de l'exonération de cotisations sociales, soit une
hausse de 3,3 % par rapport à 2001.
Il convient de noter les évaluations visiblement difficiles qui
président à la budgétisation initiale de ce type de
crédits.
En 1999, la loi de finances initiale avait évalué à
230.000 le nombre de nouveaux contrats, mais cet objectif n'avait pas
été tout à fait tenu. Une diminution des entrées
dans ce type de contrat avait été prévue par la loi de
finances initiale pour 2000, avec 220.000 nouveaux contrats, mais plus de
12.500 supplémentaires ont finalement été
réalisés. Le projet de loi de finances pour 2001 retenait un flux
d'entrée plus important, soit 230.000 nouveaux contrats ; les
résultats ne sont pas encore connus. Le présent projet de budget
prévoit 240.000 nouveaux contrats, ce qui explique la hausse des
crédits alloués à ce dispositif, même s'il convient
de s'interroger sur la pertinence de l'inscription de contrats
budgétaires supplémentaires alors qu'un nombre moindre
d'entreprises pourra en bénéficier, du fait du
« recentrage » du dispositif.
Une insuffisance de crédits sur les articles consacrés à l'apprentissage en 2000
Les
dépenses concernant les formations en alternance font apparaître
des insuffisances de crédits sur l'apprentissage. Cette situation
résulte principalement de l'absence de versement du COPACIF au fonds de
concours pour couvrir une partie des exonérations, soit
76,2 millions d'euros (500 millions de francs), du nombre d'entrées
supérieur à celui prévu par la loi de finances pour 2000
(230 000 prévues contre 240 675) ainsi que d'une
prévision budgétaire d'évolution du SMIC inférieure
à la réalité. Par ailleurs, un report de charges de la
gestion précédente concernant les exonérations d'un
montant de près de 297,25 millions d'euros (1,95 milliard de
francs) a été payé en 2000.
Source : ministère de l'emploi
B. LES CONTRATS DE QUALIFICATION - JEUNES
Le
contrat de qualification a pour objet d'assurer à des jeunes une
formation conduisant à un titre ou un diplôme de l'enseignement
technologique ou professionnel, un titre homologué ou une qualification
reconnue dans les classifications des conventions collectives. Les jeunes sont
rémunérés par référence au SMIC, et
reçoivent une formation correspondant à 25 % du temps de travail.
L'aide de l'Etat à la formation en alternance dans le cadre des contrats
de qualification prend la forme d'exonération de charges sociales aux
entreprises : la dotation prévue pour 2002 s'établit
à 423,7 millions d'euros (2,78 milliards de francs), soit une
quasi-stabilisation (- 0,17 %) par rapport à l'année
précédente.
Le nombre d'entrées prévu est de
135.000 en 2002, après 123.000 en 2001.
La dotation pour les primes de qualification, qui s'établissait à
23,93 millions d'euros (près de 157 millions de francs) en
2001, est désormais supprimée.
• Contrat de qualification
La hausse des entrées de jeunes en contrat de qualification se
poursuit : 134 306 contrats ont été signés
en 2000, soit une progression de 13 %, après 2 % en 1999 et
15 % en 1998.
• Contrat d'adaptation
Les entrées en contrat d'adaptation passent de 56 261 en 1999 à
64 975 en 2000, soit une hausse de 15,5 % en un an.
• Contrat d'orientation
Avec 7 900 nouvelles entrées en 2000, le contrat d'orientation
a poursuivi son développement à un rythme plus soutenu qu'en 1999
(+ 20 % contre + 18 % en 1999).
La reprise de l'emploi laisse présager un développement de ces
trois types de contrats pour les années 2001 et 2002, notamment du
contrat de qualification.
L'Etat finance ces contrats de deux manières :
- par la compensation des exonérations de charges sociales (part
patronale) pour les contrats de qualification (chapitre 44-78,
article 10, en loi de finances pour 1998 et chapitre 43-70,
article 22, depuis 1999) :
- par une aide aux entreprises : prime à l'embauche
(chapitre 43-05, article 20, en 1998 et chapitre 43-70, article
21, depuis 1999). Il s'agissait d'une prime unique de 1.67,14 euros
(7 000 francs) pour les contrats de qualification de plus de
18 mois ou de 762,25 euros (5 000 francs) pour ceux d'une
durée inférieure à 18 mois.
La reprise économique ayant contribué largement à la
diminution du chômage des jeunes ces dernières années, il
ne s'avérait plus nécessaire, dans ces conditions, de maintenir
l'aide à l'embauche pour les employeurs recrutant des jeunes en contrat
de qualification.
Le décret n° 2000-1323 du 26 décembre 2000,
entré en vigueur le 1
er
janvier 2001, a donc
abrogé le décret n° 98-909 du 12 octobre 1998
qui ciblait l'aide à l'embauche sur les contrats de qualification
conclus avec des jeunes de bas niveau de formation initiale.
En revanche, les employeurs continuent de bénéficier de
l'exonération des cotisations patronales de sécurité
sociale au titre des contrats de qualification et d'orientation, les
régimes spécifiques d'exonération de charges s sociales
étant maintenus en 2002.
C. LES CONTRATS DE QUALIFICATION - ADULTES
Le
contrat de qualification destiné aux adultes a été
institué, à titre expérimental, par la loi de lutte contre
les exclusions du 29 juillet 1998. Il est destiné aux demandeurs
d'emploi de plus de 25 ans rencontrant des difficultés
particulières d'insertion sociale et professionnelle.
Les crédits destinés à ce dispositif
s'élèvent à
34,61 millions d'euros
(227,03 millions
de francs), 31,71 millions d'euros (208 millions de francs) au titre de
l'exonération de cotisations sociales, et 2,9 millions d'euros
(19,02 millions de francs) pour le financement de primes,
en recul
très important de près de 54 %.
Ce dispositif avait été présenté comme l'une des
principales mesures de la loi contre les exclusions précitée. Il
convient ainsi de rappeler que, lors de l'examen du projet de loi, le
gouvernement entendait consacrer à ce dispositif plus de 228 millions
d'euros (1,5 milliard de francs) en 2000. Or, les objectifs ont
été constamment revus à la baisse, notamment en ce qui
concerne les flux annuels d'entrées : 14.000 entrées sont
ainsi prévues l'année prochaine, comme en 2001, mais seules 6.548
entrées avaient été réalisées en 2000 alors
que 15.000 avaient été budgétées.
L'expérimentation du dispositif avait été prorogée,
l'année dernière, jusqu'au 30 juin 2002.
En revanche, les employeurs continuent de bénéficier de
l'exonération des cotisations patronales de sécurité
sociale au titre des contrats de qualification et d'orientation, les
régimes spécifiques d'exonération de charges sociales
étant maintenus en 2002.
Cette année encore, le dispositif va connaître une modification,
puisque le régime d'exonération spécifique relatif aux
contrats de qualification adultes est remplacé par les
allégements de charges sociales liés à la réduction
du temps de travail. En contrepartie, une revalorisation de la prime est
prévue à compter du 1
er
janvier 2002.
Les
prélèvements sur les fonds de la formation professionnelle :
une affaire intéressante pour l'Etat
1. - En
1996, 1997 et 1998, les fonds de la formation professionnelle continue ont fait
l'objet de trois prélèvements exceptionnels :
a) au titre du COPACIF
Le comité paritaire du congé individuel de formation (COPACIF)
est un fonds national habilité à recueillir les excédents
financiers des organismes collecteurs gérant les contributions des
employeurs au financement du congé individuel de formation, et, en
application de l'article 131 de la loi de finances pour 2000, les
excédents financiers dégagés au titre du capital de temps
de formation.
En 1996, l'article 29 de la loi de finances pour 1996 a soumis le fonds
à une contribution exceptionnelle au budget de l'Etat égale
à 60 % de la différence entre, d'une part, le cumul des
montants de la trésorerie des fonds au 31 décembre 1995
et des excédents financiers recueillis au 31 mars 1996 et,
d'autre part, le montant des sommes versées à des organismes
collecteurs, après constatation de leurs besoins de trésorerie
entre le 1
er
janvier 1996 et le
1
er
août 1996. Cette contribution s'est
élevée à 223,34 millions d'euros (1,465 milliard
de francs).
b) au titre de l'AGEFAL
L'association de gestion du fonds des formations en alternance (AGEFAL),
association loi 1901, est chargée de réguler le
système de financement de l'alternance. Elle a fait l'objet de deux
prélèvements :
- l'article 40 de la loi de finances pour 1997 a institué une
contribution exceptionnelle au budget de l'Etat égale à 40 %
de la trésorerie nette de l'organisme au 31 juillet 1997, soit
208,86 millions d'euros (1,37 milliard de francs) ;
- l'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions
d'ordre économique et financier a institué une contribution
exceptionnelle au budget de l'Etat de 76,22 millions d'euros
(500 millions de francs), devant être versée avant le
1
er
septembre 1998. Le paiement a été
effectué auprès des services du Trésor public le
31 juillet 1998.
Ces trois prélèvements, liés à l'existence d'une
trésorerie excédentaire, ont été institués
par voie législative, sous la forme de contributions exceptionnelles au
budget de l'Etat.
Les prélèvements de 1996 et 1997 ont été pris en
compte dans l'équilibre des décrets d'avances prévoyant au
profit du budget de l'emploi une ouverture de crédits pour financer
l'apprentissage et, en 1997, les contrats de qualification.
Le prélèvement de 1998 a contribué à
l'équilibre général de la loi de finances.
2) - En 1999, une contribution de 76,22 millions d'euros (500 millions de
francs) a été versée par l'AGEFAL, via la procédure
de fonds de concours, et rattachée sur le budget de l'emploi, sur la
ligne finançant les primes d'apprentissage (chapitre 43-70,
article 11).
3) - L'article 131 de la loi de finances pour 2000 prévoit que les
excédents du COPACIF peuvent «
exceptionnellement concourir
aux actions de l'Etat en matière de formation
professionnelle
» (article L. 961-13 complété
du code du travail).
Dans ce cadre, pour 2000, était prévu le versement d'une
contribution de 76,22 millions d'euros (500 millions de francs) du
COPACIF, rattachée par voie de fonds de concours au chapitre 43-70,
article 11 finançant les primes d'apprentissage.
Le COPACIF refusant d'effectuer spontanément ce versement,
l'article 50 de la loi de finances rectificative pour 2000 l'a soumis
à une contribution obligatoire au budget de l'Etat du même
montant, avant le 30 juin 2001. Le paiement a été
effectué auprès des services du Trésor public par
chèque du 26 juin 2001.
Ce décalage de paiement a effectivement conduit, comme l'a
souligné la Cour des comptes, à un manque à gagner de
76,22 millions d'euros (500 millions de francs) sur la gestion 2001, la
loi de finances ayant été calculée en prenant en compte ce
versement.
Ce décalage s'est traduit par le report sur la gestion 2001 du paiement
à l'ACOSS des remboursements d'exonération de charges sociales
dues au titre de l'apprentissage.
4) - Pour 2001, une participation du COPACIF au financement des primes
d'apprentissage (chapitre 43-70, article 11), par voie de fonds de
concours, est prévue à hauteur de 22,87 millions d'euros
(150 millions de francs). Elle n'a pas encore été versée
au 1
er
septembre 2001.
II. LA FORMATION DES SALARIÉS PRISE EN CHARGE PAR L'ÉTAT
Les crédits consacrés aux actions de formation à la charge de l'Etat représentent 4.691,8 millions de francs en 2001, contre 5.720,1 millions de francs en 2000, soit un recul de près de 18 %.
A. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Elles baissent de 1,9 %, pour s'établir à 172,85 millions d'euros (1,13 milliard de francs) en 2002.
1. La politique contractuelle
La
politique contractuelle de formation des salariés vise à
anticiper les besoins de compétences et à développer la
formation continue des entreprises en lien avec leurs stratégies de
développement économique.
L'objectif est de connaître l'évolution des métiers et des
qualifications afin de favoriser l'adaptation des compétences des
salariés confrontés à des mutations économiques,
organisationnelles ou technologiques fortes - c'est le contrat d'études
prospectives - et d'accompagner ou d'encourager les démarches
d'investissement en formation dans les entreprises, d'enrichir le dialogue
social sur les métiers et sur la formation professionnelle au sein des
entreprises et des branches - ce sont les engagements de développement
de la formation.
Les crédits passent de 43,30 millions d'euros (284 millions de francs)
en 2001 à 41,92 millions d'euros (près de 275 millions de franc
en 2002, soit une diminution de 3,2 %.
2. Les contrats de plan Etat-régions (CPER)
Le volet
formation professionnelle de la nouvelle génération de contrats
de plan Etat-régions (2000-2006) comporte des actions conjointes de
l'Etat et des régions, en fonctionnement et en investissement.
Les crédits de fonctionnement à la charge de l'Etat inscrits en
2002 s'élèvent à 53,51 millions d'euros (351 millions de
francs), soit une diminution de 16,7 %.
3. Les autres dispositifs
Il
s'agit de formations financées par le fonds de la formation
professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS), destinées, soit
à des publics particulièrement défavorisés -
illettrés, réfugiés, détenus -, soit à
développer la promotion sociale au sein des entreprises, notamment
à l'égard des cadres moyens, ou d'aides versées à
des organismes de formation ou d'information sur la formation.
Ces crédits augmentent de 12,8 %, et représentent 77,42 millions
d'euros (507,84 millions de francs).
Il convient de préciser qu'est créé un nouvel article 43,
doté de 3,64 millions d'euros (23,88 millions de francs),
destiné à la validation des acquis de l'expérience :
en effet, le droit reconnu à toute personne par le projet de loi de
modernisation de faire valider les acquis de son expérience en vue de
l'obtention d'un diplôme ou d'un titre nécessite la mise en place
de plates-formes régionales d'information et d'orientation vers la
validation, qui réaliseront des prestations de conseils.
B. LES DÉPENSES DE RÉMUNÉRATION
Les
dépenses de rémunération regroupent :
- la rémunération des stagiaires de l'AFPA - allocation de
stage prévue par le livre IX du code du travail -, qui progresse
très légèrement de 0,6 %, à 153,32 millions
d'euros (1,01 milliard de francs) ;
- la rémunération des stagiaires relevant du programme
national de formation professionnelle, et des actions en faveur des jeunes de
Mayotte et de Corse, qui restent à la charge de l'Etat : 155,44
millions d'euros (1,02 milliard de francs) pour le premier (+ 1,4 %), et 1,79
million d'euros (11,74 millions de francs) pour les secondes (+ 6,5 %) ;
- l'allocation de formation-reclassement, et l'allocation de fin de
formation : l'AFR est un dispositif institué en 1988,
destiné à assurer la rémunération des demandeurs
d'emploi entrant en formation ; il est ouvert aux chômeurs
indemnisés par l'UNEDIC bénéficiaires de l'allocation
unique dégressive (AUD) depuis moins de six mois, et leur offre la
possibilité de suivre une formation afin de faciliter leur
reclassement ; l'entrée en formation ouvre droit au versement par
l'UNEDIC d'une allocation de formation-reclassement, dont le montant est
égal à celui de l'AUD et dont la caractéristique
essentielle est la non-dégressivité. La dotation
budgétaire qui lui est allouée s'établit à 38,11
millions d'euros (près de 250 millions de francs), en très
fort recul de 83,3 % par rapport à 2001 : en effet, dans le cadre
de la nouvelle convention d'assurance chômage, les demandeurs d'emploi
qui engageront des formations dans le cadre du programme d'aide au retour
à l'emploi (PARE) seront pris en charge par le régime d'assurance
chômage ; l'allocation de fin de formation permettra à ceux
d'entre eux qui auront épuisé leurs droits à indemnisation
à ce titre de poursuivre la formation en cours en maintenant un revenu
de remplacement.
C. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Il s'agit des dotations en capital figurant dans les contrats de plan Etat-régions : 12,29 millions d'euros (80,64 millions de francs), en progression de 190,3 %.
III. LES DOTATIONS DE DÉCENTRALISATION
Les
dotations de décentralisation résultent, d'une part, de la loi du
7 janvier 1983 transférant aux régions la compétence
de droit commun en matière de formation professionnelle continue et
d'apprentissage, d'autre part, de la loi du 23 juillet 1987 portant
réforme de l'apprentissage destinée à compenser
l'allongement de la durée des formations en CFA et, enfin, de la loi
quinquennale du 20 décembre 1993 en ce qui concerne les actions de
formation destinées à l'insertion professionnelle des jeunes de
16 à 26 ans.
L'ensemble des crédits destinés à la dotation de
décentralisation relative à la formation professionnelle et
à l'apprentissage s'élève à
1,30 milliard
d'euros
(8,55 milliards de francs)
en 2002, contre 1,25 milliard
d'euros (8,21 milliards de francs) en 2001, soit une
progression de 4 %.
A. L'APPLICATION DE LA LOI DU 7 JANVIER 1983
Cette
loi, complétée par celle du 23 juillet 1987 portant
réforme de l'apprentissage, transfère aux régions la
compétence de droit commun en matière de formation
professionnelle continue et d'apprentissage, et vise par ailleurs à
compenser l'allongement de la durée des formations en centre de
formation des apprentis.
Les crédits s'élèvent à 550,57 millions d'euros
(3,61 milliards de francs), soit une progression de 4,1 %, dont 17,71 millions
d'euros (116,17 millions de francs) au titre de la loi du 23 juillet
1987.
B. LA LOI QUINQUENNALE DU 20 DÉCEMBRE 1993
Cette
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle pose le principe de la décentralisation des
actions de type qualifiant pour les jeunes de 16 à 25 ans, à
compter du 1
er
juillet 1994.
Elle comporte une dotation globale calculée à partir des
dépenses des régions au titre du fonctionnement des actions de la
rémunération des stagiaires, et des frais de gestion des
conventions. Cette dotation représente 305,57 millions d'euros (2
milliards de francs) en 2002, en hausse de 4,1 %. Elle est
complétée par une enveloppe de rééquilibrage
géographique versée sur des critères d'aménagement
du territoire, pour compenser les coûts supplémentaires des
actions de formation en milieu rural. Son montant est de 9,20 millions d'euros
(60,35 millions de francs) en 2002.
C. LA DÉCENTRALISATION DES AUTRES ACTIONS
Depuis
le 1
er
janvier 1999, toutes les actions pré-qualifiantes, de
mobilisation ainsi que les mesures d'accompagnement sont
décentralisées au niveau des régions. Entre 1994 et 1999,
les crédits avaient fait l'objet de délégations de
compétence qui permettaient aux régions d'anticiper ainsi sur ce
mouvement de décentralisation.
Les crédits représentent 437,29 millions d'euros (2,87 milliards
de francs), en progression de 4,1 %, dont 223,90 millions d'euros (1,47
milliard de francs) au titre des dépenses de fonctionnement et 213,39
millions d'euros (1,40 milliard de francs) pour les rémunérations.
Depuis le 1
er
janvier 1999, l'ensemble du dispositif de formation
continue des jeunes est de la compétence des régions.
*
* *
Les dotations allouées à cet agrégat ont évolué de la manière suivante depuis 1999 :
CHAPITRE TROIS
L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS
PRIORITAIRES
Cet
agrégat regroupe les actions consacrées à l'insertion
professionnelle spécifique en faveur des jeunes, des publics en
difficulté et des travailleurs handicapés.
L'ensemble des crédits alloués à ces actions en 2002
s'élève à
7,76 milliards d'euros
(50,90 milliards de francs), en
baisse de près de 1 %
par rapport à l'année dernière, après une
diminution de 2,7 % en 2001. Ils représentent
46,2 % de l'ensemble
des dépenses du budget de l'emploi
(45,9 % en 2001).
I. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES JEUNES
Ces crédits s'établissent à 3,41 milliards d'euros (22,40 milliards de francs) , soit une augmentation de 3,3 % par rapport à 2000.
A. LE RÉSEAU D'ACCUEIL ET TRACE8( * )
Le
réseau d'accueil des jeunes est composé des missions locales et
des permanences accueil-information-orientation (PAIO). Il est chargé de
définir et de mettre en oeuvre des parcours personnalisés
d'insertion au profit des jeunes en difficulté sociale ou
professionnelle.
Les subventions versées par l'Etat aux missions locales et PAIO
progressent en 2002 de 23,5 %, et s'établissent à
79,87
millions d'euros
(523,91 millions de francs)
en raison du
renforcement du réseau d'accueil des jeunes.
Les dysfonctionnements du réseau d'accueil, d'information et d'orientation des jeunes
Le
réseau d'accueil, d'information et d'orientation des jeunes est
constitué de deux types de structures, créées par
l'ordonnance du 26 mars 1982 : les permanences d'accueil, d'information et
d'orientation des jeunes (PAIO), portées par des organismes publics ou
privés préexistants, et les missions locales, associations
créées à l'initiative des communes pour assurer
spécifiquement cette mission. Partie prenante du service public de
l'emploi, ce réseau a pour mission d'accueillir et d'informer les jeunes
de 16 à 25 ans en difficulté, et à les accompagner
individuellement dans les différentes étapes de leur parcours
vers l'insertion. En avril 2000, il existait 254 PAIO et 352 missions locales,
employant plus de 8.000 personnes. 1.230.000 jeunes avaient été
accueillis au cours de l'année 1999. A l'échelon national, le
réseau est animé et contrôlé par la
délégation interministérielle à l'insertion des
jeunes (DIIJ), placée auprès du ministre de l'emploi et de la
solidarité.
1) L'organisation et le fonctionnement du réseau
La Cour des comptes constate un rapprochement progressif des deux types de
composantes du réseau, à tel point que, sur le plan juridique
comme en ce qui concerne leurs missions et leurs actions, «
leurs
différences se sont aujourd'hui estompées
». Si
l'Etat a incité l'évolution de la composition du réseau
par la mise en oeuvre «
à plusieurs reprises des plans de
réduction du nombre des PAIO et d'augmentation de celui des missions
locales
», «
leurs objectifs n'ont jamais
été atteints selon le calendrier prévu
», en
raison, essentiellement, des règles de financement
édictées par l'Etat lui-même. Par ailleurs, les composantes
du réseau présentent une
hétérogénéité relativement forte et, selon
la Cour des comptes, «
inévitable
», su fait
qu'elles résultent d'initiatives locales. Toutefois,
«
l'absence de « système de
référence »
[...]
est très regrettable et
nuit globalement à l'efficacité du réseau
».
Le financement du réseau, qualifié de
«
complexe
», est exclusivement assuré sur
des crédits publics. La Cour des comptes déplore l'insuffisance
de «
considérations rationnelles
» dans la
répartition des subventions de fonctionnement entre les structures, mais
aussi le manque de précision des conventions annuelles encadrant le
versement de ces subventions qui, dès lors, empêche
«
d'évaluer l'efficacité des structures
subventionnées à partir des résultats
présentés dans les rapports d'activité
».
Quant au concours apporté au réseau par les collectivités
territoriales, il «
est mal connu
». Dès
lors, la Cour des comptes considère que «
le coût
total du réseau, compte tenu de ces incertitudes, ne peut être
qu'estimé
» : en 1998, il atteignait environ 1.400
millions de francs, dont la plus grande partie provient des crédits du
fonds social européen (FSE). Surtout, la Cour estime que ce financement
«
est mal adapté aux missions du
réseau
» : qualifié d'
«
inégalitaire, complexe, instable et
tardif
», il «
n'est pas adapté et ne
favorise pas leur bonne gestion
».
La gestion du personnel du réseau, enfin, est également
très critiquable. Certes, «
les structures du réseau
se caractérisent par une grande
hétérogénéité, tant quantitative que
qualitative, de leurs moyens en personnels
». Mais
«
l'absence de ratio, même indicatif, relatif au nombre de
jeunes que devrait suivre un conseiller,
[...]
, ne facilite pas les
analyses sur l'adéquation des moyens aux missions
». De
surcroît, «
en matière de statut et de
rémunération, en l'absence de tout accord cadre régissant
le réseau, aucune consigne ni même aucun conseil n'ayant
été donnés sur ce sujet, chaque structure est, à ce
stade, libre d'agir à sa guise
». Enfin, une plus grande
professionnalisation des personnels souffre de l'inexistence de
«
définition des métiers, de profil de poste de
référence, ou de modèle d'organisation type des structures
du réseau précisant les missions à assurer
».
2) L'efficacité du réseau
L'efficacité du réseau est délicate à
évaluer. Le logiciel PARCOURS, qui permet d'assurer le suivi
informatisé des résultats du réseau, comporte un certain
nombre de défaillances, la Cour des comptes observant que
«
l'insuffisante précision des rubriques et l'absence de
contrôle quant à la manière dont sont saisies les
informations rendent difficilement utilisables ou peu fiables les tableaux
statistiques tirés de son utilisation
». Elle
conclut : «
les comparaisons des données entre
structures sont ainsi rendues malaisées, voire
impossibles
». La même appréciation peut être
portée sur les panels mis en place pour suivre chaque année
l'évolution de l'activité du réseau. La Cour estime ainsi
qu' «
il faudra probablement plusieurs années et la mise en
place d'un véritable système de contrôle avant de disposer
d'un ensemble d'informations fiables et cohérentes
».
En effet, la Cour des comptes considère que les données
collectées «
permettent de mesurer le niveau de
l'activité du réseau mais non d'en apprécier
l'efficacité au regard de la situation des jeunes
suivis
», et regrette que «
le suivi statistique des
actions menées par le réseau est très peu éclairant
au niveau national, en raison de modalités de saisie d'informations peu
homogènes
».
Elle va même jusqu'à s'interroger sur l'utilité de l'action
du réseau, notant que «
les informations disponibles
actuellement
[...]
ne permettent pas de porter un jugement objectif sur
l'efficacité, voire l'utilité, de l'action du réseau, ni
sur son évolution
».
3) L'animation et le contrôle du réseau par l'Etat
La Cour des comptes estime que «
l'animation du réseau ne
peut relever que de l'Etat
», précisant que
«
la DIIJ, en particulier, devrait à la fois jouer un
rôle d'appui aux structures du réseau, favoriser la diffusion des
leçons tirées des expériences, enfin être une force
de définition des objectifs et d'impulsion des actions
».
Elle regrette, à cet égard, que «
les constats faits
précédemment montrent que ses résultats restent
limités
». Elle porte également un regard critique
sur «
les insuffisances en matière de coordination et
d'animation comme l'hétérogénéité des
structures
», ce qui l'amène à s'interroger sur
«
le bien-fondé du terme de
« réseau » utilisé pour désigner cet
ensemble d'organismes, qui se connaissent peu et qui ont, dans certains cas,
plutôt tendance à cultiver leurs
différences
».
Enfin, la Cour des comptes juge insuffisant le contrôle exercé sur
le réseau : «
la DIIJ ne donne aucune orientation
concernant ces contrôles et n'est pas, en général,
informée de leurs résultats, alors que leurs conclusions
pourraient constituer d'utiles éléments d'information et de
pilotage du réseau. En tout état de cause, ces contrôles ne
sont guère nombreux
». Elle a également
observé que «
certaines règles comptables et de
financement n'étaient pas respectées sans que les services de
l'Etat aient réagi
».
Source : Cour des comptes, rapport public 2000.
Le programme TRACE, mis en place par la loi d'orientation du 29 juillet
1998 de lutte contre les exclusions, est un programme d'accompagnement
personnalisé vers l'emploi d'une durée maximum de 18 mois en
faveur des jeunes confrontés à de graves difficultés
sociales ou familiales ou d'accès à l'emploi, jeunes sortis du
système éducatif sans diplôme ou qualification (niveaux VI
et V bis). La réalisation du programme est confiée aux missions
locales et PAIO ainsi qu'à des opérateurs externes. 18,35
millions d'euros (120,37 millions de francs) sont prévus à ce
titre (+ 56,3 %).
En 2002, le programme TRACE deviendrait la principale mesure du «
nouveau » programme de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion. Le nombre de jeunes dans le dispositif devrait être
porté de 60.000 en 2001 à 120.000 d'ici la fin de
l'année 2002. Dans ce cadre,
est créée une bourse
d'accès à l'emploi
pour les jeunes inscrits dans un parcours
TRACE, qui pourra être attribuée pendant les périodes du
parcours non rémunérées ni indemnisées au titre du
chômage. Cette bourse permettrait d'assurer des ressources d'un montant
mensuel de 300 euros (1.967,87 francs) ; elle serait versée dans la
limite de 900 euros (5.903.61 francs) par semestre, et de 1.800 euros
(11.807,23 francs) pour la totalité du parcours.
Une dotation de
76,22 millions d'euros
(environ 500 millions de francs)
est inscrite à ce titre au projet de budget 2002.
B. LES EMPLOIS-JEUNES
Le
projet de loi de finances pour 2002 prévoit l'inscription de
3,23 milliards d'euros
(21,19 milliards de francs)
correspondant au financement de la loi du 16 octobre 1997, soit, pour la
première fois depuis le lancement du programme, une
diminution des
crédits, de 0,9 %
(après + 3,1% en 2001).
L'Etat fournit une aide par emploi égale à 80 % du SMIC
charges sociales comprises - soit 15.551,32 euros (102.010 francs) au
1
er
juillet 2001 - pour des contrats de droit privé conclus
avec des associations ou des collectivités locales, en vue de
répondre à des besoins non satisfaits ou émergents. Cette
aide atteint 100 % pour les emplois jeunes recrutés directement par
le ministère de l'éducation nationale, et par celui de
l'intérieur.
Depuis son lancement, ce programme a concerné, au 30 juin dernier,
328.000 jeunes. Le gouvernement a pour objectif de porter à 360.000
à la fin 2002 le nombre des jeunes qui auront
bénéficié du dispositif depuis sa création.
Le 6 juin dernier, il a présenté un plan de « consolidation » du programme. 10.000 entrées supplémentaires sont ainsi inscrites au projet de budget, soit une mesure nouvelle de 47,57 millions d'euros (312,04 millions de francs), même si ces mêmes crédits sont réduits de 175,33 millions d'euros (1,15 milliard de francs) au titre d'un « ajustement aux besoins ».
C. LES EMPLOIS DE VILLE
Étant considéré comme devant être absorbé par le programme plus général des emplois jeunes 9( * ) , le dispositif des emplois de ville voit ses crédits régulièrement diminuer. Ils s'établissent ainsi à 6,71 millions d'euros (44,01 millions de francs) en 2002, en baisse de près de 38 %.
II. LES ACTIONS EN FAVEUR DES PUBLICS EN DIFFICULTÉ
Évolution des crédits
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
2002/2001 |
Contrat retour à l'emploi |
9,91 |
9,91 |
- |
Programme chômage longue durée |
387,56 |
394,87 |
+ 1,9 % |
Insertion par l'économie |
146,49 |
164,64 |
+ 12,4 % |
Contrats
initiative emploi
|
428,84
|
353,53
|
- 7,5 %
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
995,49 |
1.015,62 |
+ 2 % |
Emplois consolidés (CEC) |
849,75 |
999,00 |
+ 17,6 % |
TOTAL |
3.474,94 |
3.365,49 |
- 3,1 % |
A. LE CONTRAT INITIATIVE-EMPLOI
Le CIE
est un instrument de lutte contre le chômage de longue durée par
la réinsertion dans le secteur marchand. Le dispositif a
été recentré en 1997 sur les publics connaissant les plus
graves difficultés d'accès à l'emploi, et la prime a
été réservée et modulée en fonction des
catégories de publics embauchés.
Ses crédits s'établissent à
781,45 millions d'euros
(5,13 milliards de francs), soit une
diminution de 28 %
par rapport
à 2001.
Le montant des primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation
et aide au tutorat) diminue en raison d'un flux d'entrées dans le
dispositif en 2002 prévu à la baisse (90.000, après
125.000 entrées prévues en 2001).
Par ailleurs, le montant des crédits au titre de l'exonération
des charges patronales de sécurité sociale diminue très
fortement, du fait de la suppression de l'exonération de cotisations
sociales spécifique à ce type de contrat et au passage
concomitant au régime d'exonération de droit commun
(modifications proposées par l'article 68 du présent projet de
loi).
A leur création, à partir du 1
er
juillet 1995, les CIE
ont remplacé les contrats de retour à l'emploi. Le solde de ces
contrats continue d'être financé au titre des exonérations
pour un montant de crédits de 9,91 millions d'euros (65 millions de
francs) en 2002.
B. LES CONTRATS EMPLOI-SOLIDARITÉ ET EMPLOI CONSOLIDÉ
1. Les contrats emploi-solidarité
De 1990
à fin décembre 1995, le nombre annuel d'entrées en contrat
emploi-solidarité a été multiplié par 2,8, passant
de 253.000 en 1990 à 720.000 en 1995. Depuis 1995, le nombre de
conventions contrat emploi-solidarité conclues chaque année
diminue régulièrement.
En 2000, 370.000 conventions ont été signées, ce qui
représente 36.000 conventions de moins par rapport à
l'année 1999 (données CNASEA France métropolitaine). Au
premier semestre 2001, 143.000 conventions ont été conclues.
Crédits consacrés au CES et effectifs concernés par année
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépenses ACCT
|
1,648 |
1,586 |
1,410 |
1,231 |
Effectifs (milliers) |
502 |
441 |
401 |
370 |
France métropolitaine
Pour faire face à l'évolution du marché du travail, le
gouvernement a décidé d'ouvrir 80.000 places nouvelles en
CES au 2
ème
semestre 2001, s'ajoutant aux 260.000
budgétées sur l'année.
• Perspectives budgétaires
Les crédits demandés en 2002 s'élèvent à
1,015 milliard d'euros (6,66 milliards de francs) pour
260.000 entrées, soit une légère hausse par rapport
à 2001 (995 millions d'euros, soit 6,53 milliards de francs) pour
un même nombre d'entrées en loi de finances.
Compte tenu de l'amélioration de la situation économique sur ces
trois dernières années, le maintien du volume des moyens en CES
en 2002 permet de prendre en compte les besoins encore importants de personnes
en très grande difficulté et les fortes disparités qui
existent entre les territoires au regard de leur situation. Les 80.000 CES
supplémentaires ouverts au second semestre 2001 seront également
occupés au premier semestre 2002.
Ainsi, conformément à la loi d'orientation et de lutte contre les
exclusions du 29 juillet 1998, et son décret d'application du
9 décembre 1998, le dispositif CES doit être
réservé aux seules personnes qui ne sont pas susceptibles
d'occuper un emploi ordinaire ou de participer à une formation
qualifiante, et aux employeurs qui mettent en place les moyens d'accompagnement
nécessaires pour réussir l'insertion de leurs salariés en
CES.
• Évolution des caractéristiques des publics en 2000
La part des adultes d'âge moyen (tranche d'âge 26-49 ans) a
crû de façon significative (elle est passée de 57 % en
1993 à 66,6 % en 2000) de même que celle des salariés
de plus de cinquante ans (qui est passée de 7 % en 1993 à
12 % en 2000). Depuis la mise en oeuvre du dispositif « nouveaux
services - emplois jeunes », la part des jeunes dans le dispositif a
diminué et ne représente plus que 21,2 % en 2000 contre
29 % en 1997.
Les femmes restent les principales bénéficiaires du contrat
emploi-solidarité (63 %).
En 2000, 80 % des bénéficiaires sont des chômeurs de
longue durée. Parmi eux, plus de 35 % sont au chômage depuis
plus de trois ans et 37 % des contrats sont conclus avec des
bénéficiaires du RMI.
36,8 % des conventions sont conclues par des associations, 20,5 % par
des collectivités territoriales et 37 % par des
établissements publics.
Catégories |
18/25 ans |
26/49 ans |
50 ans et + |
Hommes |
Femmes |
CLD |
TH |
Bénéficiaires du RMI |
1999 |
22,5 % |
66,2 % |
11,3 % |
37,3 % |
62,7 % |
80 % |
9,2 % |
37,7 % |
2000 |
21,2 % |
66,6 % |
12 % |
37% |
63 % |
80 % |
9,3 % |
37 % |
2001
|
20 % |
66,5 % |
13,3 % |
37,3 % |
62,7 % |
78,2 % |
10% |
38 % |
Source : CNASEA, données France
entière
• Réforme des CES issue de la loi d'orientation et de lutte
contre les exclusions du 29 juillet 1998
La loi d'orientation et de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998
et son décret d'application du 9 novembre 1998 ont réformé
le dispositif CES, réaffirmant notamment l'intérêt de
recentrer le dispositif au bénéfice des personnes qui ne sont pas
susceptibles d'occuper un emploi ordinaire ou de participer à une
formation qualifiante, mais qui peuvent envisager un retour à l'emploi
à moyen terme (dans les trois à vingt-quatre mois).
Le CES doit demeurer un contrat court, au cours duquel les salariés
bénéficient d'actions d'orientation professionnelle ou de
formation, et d'un accompagnement vers l'emploi.
Pour s'assurer de l'implication des employeurs, des chartes de qualité
ont été instituées : elles peuvent être
passées entre les DDTEFP et les employeurs et peuvent comprendre des
clauses relatives au dépôt des offres d'emploi à l'ANPE,
à l'organisation du suivi individualité du salarié dans
l'organisme employeur ainsi qu'à la mise en oeuvre d'actions de
formation et d'accompagnement vers l'emploi.
L'accompagnement des salariés est obligatoire pour tous les employeurs
et prévoit une sanction particulière à l'égard des
employeurs de droit public : le renouvellement d'un CES ne peut être
accordé si le salarié n'a pas bénéficié d'un
dispositif de formation ou d'accompagnement. En cas de non respect de cette
obligation, il ne peut obtenir un nouveau CES pendant six mois sur le
même poste.
Un programme particulier d'accompagnement des bénéficiaires de
CES a été mis en place fin 1998. Des moyens ont
été dégagés sur les crédits du fonds social
européen jusqu'à la fin de l'année 2000.
Un premier bilan, encore incomplet, peut être dressé des actions
menées en 2000 :
Publics concernés |
|
|
Moins de 25 ans |
Travailleurs handicapés |
Participation à tout le programme |
en % |
26,5 |
73,5 |
14,7 |
10,7 |
75,1 |
Le taux d'insertion en emploi par rapport au nombre d'accompagnements réalisés est en moyenne de 30 %.
Types de contrats |
|
CDD 3 à 6 mois |
CDD 6 à 9 mois |
CDD 9 à 12 mois |
CDD plus de 12 mois |
Autres (formation, etc.) |
en % |
19,7 |
9,8 |
14,4 |
19 |
23,8 |
13,3 |
Enfin, les salariés en CES peuvent, depuis l'adoption de la loi du 29 juillet 1998, cumuler celui-ci avec une activité complémentaire, à l'issue du troisième mois de CES, et pendant douze mois.
2. Les contrats-emploi consolidé
Les CEC ont été créés par la loi n° 92-722 du 29 juillet 1992 relative au revenu minimum d'insertion et ils se sont fortement développés depuis cette date. Le tableau ci-après recense le nombre de CEC et les dépenses au titre des contrats emploi consolidé.
Crédits consacrés au CEC et effectifs concernés par année
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépenses ACCT (en euros) |
398 380 000 |
459 220 000 |
632 278 683 |
682 690 074 |
Effectifs (1) |
94 680 |
107 604 |
127 277 |
165 977 |
dont nouvelles entrées |
34 582 |
32 254 |
48 322 |
50 420 |
(1)
données France métropolitaine à partir de 2000
Les dépenses engagées au titre des contrats-emploi
consolidé progressent régulièrement d'une année sur
l'autre : 10,39 millions d'euros (68,15 millions de francs) en 1993,
632 millions d'euros (4,15 milliards de francs) en 1999 et
682 millions d'euros 4,47 milliards de francs) en 2000. Cette progression
s'explique surtout par l'augmentation du nombre de conventions signées
d'une année sur l'autre.
135.977 contrats-emploi consolidé, dont 50.420 conventions
initiales et 85.557 conventions avenants, ont été conclu ou
renouvelés en 2000.
Au 30 juin 2001, 68.602 contrats-emploi consolidé, dont
25.287 conventions initiales, ont été conclu ou
renouvelés.
Les crédits demandés en 2002 s'élèvent à
999 millions d'euros (6,55 milliards de francs) pour
45.000 conventions nouvelles.
• Évolution des caractéristiques des publics
La part des adultes est majoritaire, puisqu'elle représente 68,5 %
des bénéficiaires de CEC alors que les jeunes ne sont que 7,5 %
et les personnes de plus de 50 ans, 24 %. Ce sont toutefois ces
personnes dont la part s'accroît le plus au cours de ces deux
dernières années. En outre, les CEC sont principalement conclus
en faveur des femmes (61 % des conventions).
Les bénéficiaires du CEC sont chômeurs de longue
durée à 72,8 %, et 31,2 % ont plus de trois ans
d'ancienneté au chômage. Par ailleurs, 27 % sont allocataires
du RMI et 12,5 % sont des travailleurs handicapés. On observe une
progression des publics les plus en difficulté.
Les principaux employeurs sont les associations, puisqu'elles embauchent
41,8 % des CEC, puis les collectivités locales à 38,2 %
et enfin les établissements publics (17,7 %) dont 12,3 % sont
des établissements publics locaux d'enseignement.
Les frais de formation pris en charge par l'État et engagés au
bénéfice des titulaires de contrat-emploi consolidé ont
représenté, en 1999, 7,87 millions d'euros (51,62 millions
de francs), chiffre stable par rapport aux années
précédentes.
• Réforme des CEC issue de la loi du 29 juillet 1998
relative à la prévention et la lutte contre les exclusions
La loi n° 98-567 du 29 juillet 1998 relative à la
prévention et à la lutte contre les exclusions, et son
décret d'application n° 98-1109 du 9 décembre
1998, ont reconfiguré le dispositif CEC.
Le champ des publics éligibles à la mesure a été
élargi.
L'aide de l'État a été modulée en fonction des
difficultés d'accès à l'emploi. Ainsi, il a
été créé un CEC avec un taux de prise en charge
constant par l'État de 80 % pendant toute la durée du
contrat, en plus de CEC à taux dégressif (de 60 % à
20 %). Dans tous les cas, l'aide de l'État intervient sur la base
d'un salaire plafonné à 120 % du SMIC et pour une
durée maximale de travail de 30 heures hebdomadaires. Le CEC pris
en charge à 80 % vise à aider les personnes
dénuées de toute autre perspective d'emploi ou de formation en
raison d'un cumul de difficultés liées notamment à
l'âge, à l'état de santé ou à la situation
matérielle.
En outre, il est désormais possible d'entrer en CEC sans CES
préalable.
Ainsi, le bilan de l'année 2000 fait apparaître le
développement de la formule du CEC pris en charge à 80 %
puisqu'elle concerne 68,5 % des conventions initiales conclues en 2000
avec une montée en charge progressive en 1999 et 2000.
Par ailleurs, le pourcentage de CEC conclus directement, sans CES
préalable, représente 32,5 % du nombre de conventions
initiales de CEC, soit un chiffre en progression par rapport à 1999.
La réforme du dispositif CEC a aussi été l'occasion de
rappeler le rôle des employeurs en faveur de l'insertion des
salariés qu'ils accueillent. C'est pourquoi le décret du
9 décembre 1998 relatif au CEC prévoit la mise en oeuvre de
chartes de qualité. Cette disposition vise à modifier le
comportement des employeurs, notamment par une responsabilisation accrue et un
meilleur usage de la mesure CEC.
La convention de CEC prévoit désormais des actions d'orientation
professionnelle et de validation des acquis en vue de construire et de
faciliter la réalisation d'un projet professionnel. Si celui-ci
n'aboutit pas avant la fin du vingt-quatrième mois, un bilan de
compétences doit être réalisé pour le
préciser.
C. LES STAGES POUR CHÔMEURS DE LONGUE DURÉE
Il
s'agit principalement des stages d'insertion et de formation à
l'emploi
10(
*
)
qui peuvent être à
accès individuel ou à entrées collectives et sont
destinés aux chômeurs de longue durée ou menacés par
le chômage de longue durée pour lesquels un besoin de formation a
été diagnostiqué.
Le nombre d'entrées prévues dans ces stages reste stable, soit
135.000 en 2002, et les dépenses
progressent de 1,9 %
pour s'établir à 394,87 millions d'euros (2,59 milliards de
francs). Elles se répartissent entre 193,31 millions d'euros
(1,27 milliard de francs) de dépenses de fonctionnement et 198,05
millions d'euros (1,30 milliard de francs) de dépenses de
rémunération.
En outre, il convient de relever l'inscription d'une mesure nouvelle d'un
montant de 3,51 millions d'euros (23,02 millions de francs), ces crédits
devant être consacrés au parrainage, au titre de mesures
d'accompagnement de la globalisation !
D. LES ACTIONS EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
En 2002,
les crédits consacrés aux travailleurs handicapés
progressent de 7,3 %
, principalement sous l'effet de la garantie de
ressources qui s'établit à
911,10 millions d'euros
(5,98 milliards de francs).
Cette augmentation correspond à la création de 1.500 places
dans les centres d'aide par le travail, et de 500 places en ateliers
protégés.
La prise en compte de l'incidence de la réduction du temps de travail sur la GRTH, dans le cadre de la loi 2000-37 du 19 janvier 2000, a fait l'objet de deux circulaires dont l'objectif principal est d'assurer aux travailleurs handicapés des ateliers protégés et des CAT le maintien de leur rémunération antérieure.
*
* *
Le tableau ci-dessous récapitule l'évolution des crédits de cet agrégat depuis 1999 :
CHAPITRE QUATRE
LA PROMOTION DE L'EMPLOI ET LES ADAPTATIONS
ÉCONOMIQUES
Cet
agrégat regroupe traditionnellement les dispositifs d'incitation
à la réduction du temps de travail, les mesures
d'allégement du coût du travail, les dispositifs pour la promotion
de l'emploi et l'accompagnement des restructurations.
Les crédits relatifs à la promotion de l'emploi et aux
adaptations économiques, qui représentent
5,4 % de l'ensemble
du budget de l'emploi
, s'élèvent à
912,04 millions
d'euros
(5,98 milliards de francs), soit une
progression de 5,1
%
par rapport à 2001 (après une diminution supérieure
à 55 % l'année dernière, consécutive à la
suppression, à hauteur de 1,07 milliard d'euros (7,02 milliards de
francs), de la subvention du budget de l'Etat au fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociales,
le FOREC).
I. LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
Depuis
2001, le budget de l'Etat, au titre du financement de la réduction du
temps de travail, ne supporte plus que les dotations allouées à
l'appui-conseil à la réduction du temps de travail.
Ces crédits s'établissent en 2002 à
39,33 millions
d'euros
(258 millions de francs), en
diminution de 7,9 %
, alors
qu'ils avaient progressé de près de 87 % en 2001.
Il convient de préciser que une dotation supplémentaire de
1,52 million d'euros (un peu moins de 10 millions de francs) est inscrite
au budget de l'emploi, au titre de la
création d'une aide au conseil
à la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences
dans les petites et moyennes entreprises (PME).
Il convient en effet
de souligner, comme le fait lui-même le
gouvernement dans l'annexe « bleue » au présent
projet de loi de finances consacrée à l'emploi, que
«
la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail
peut être complexe compte tenu des enjeux touchant à la
négociation sociale et la réorganisation du
travail
».
Il paraît pour le moins difficile de penser qu'une aide de
1,5 million d'euros facilitera le passage des PME aux 35 heures !
II. L'ALLÉGEMENT DU COÛT DU TRAVAIL
Les
crédits consacrés à l'allégement du coût du
travail représentent pour 2002,
731,85 millions d'euros
(4,80 milliards de francs), contre 607,66 millions d'euros (environ
4 milliards de francs) en 2001, soit une
progression de 20,4 %.
Il convient de faire trois observations :
- une mesure nouvelle, à hauteur de 22,87 millions d'euros
(150 millions de francs), a été décidée au
titre des exonérations de cotisations sociales sur la totalité
des avantages en nature dans les hôtels, cafés, restaurants, suite
au décret du 13 juin 2001, pris pour faciliter le passage de ces
commerces aux 35 heures ;
- les exonérations au profit de certains secteurs de production dans les
DOM bénéficient également d'une mesure nouvelle d'un
montant de 45,73 millions d'euros (300 millions de francs) ;
- l'article 71 du présent projet de loi de finances propose de proroger
le dispositif d'exonération de cotisations sociales patronales
applicable en zone franche urbaine, cette mesure se traduisant par un
coût de 49 millions d'euros (321,42 millions de francs).
Les effets sur l'emploi des allégements de charges sur les bas salaires
Le
conseil supérieur de l'emploi a proposé une évaluation des
mesures mises en oeuvre en France et ciblées sur les bas salaires
(1)
. Compte tenu de la fragilité des estimations du lien
entre l'emploi et son coût du travail, il a proposé une fourchette
de créations (ou de préservations) d'emplois de 50 à
70.000 emplois pour une baisse de 1,52 milliard d'euros (10 milliards de
francs) des cotisations sociales sur les emplois dont le salaire est
inférieur à 1,33 SMIC. La DARES a fourni une
évaluation de 60.000
(2)
. Sur la base de 6,10 milliards
d'euros (40 milliards de francs) d'allégement, les
évaluations des effets sur l'emploi seraient de 40.000 à 200.000
selon que l'on prenne en compte l'effet du financement de la mesure ou non. Ces
résultats sont des résultats de moyen terme, car les
délais d'action de cette politique sont lents à se faire sentir.
Aujourd'hui, compte tenu de ces évaluations, les mesures
d'exonération des cotisations sociales sur les bas salaires mises en
place depuis 1993 pourraient avoir eu un effet cumulé sur l'emploi de
l'ordre de 200.000.
Le rapport « Malinvaud » a abordé la question de
l'effet des allégements de cotisations. Il a montré que les
exonérations de cotisations sur les bas salaires trop ciblées
(c'est le cas de l'allégement « Juppé »
jusqu'à 1,3 SMIC) pouvaient créer des « trappes
à bas salaires » en pénalisant financièrement
les entreprises qui accordent des hausses de revenu. Pour cette raison, et
selon le gouvernement, les allégements mis en place dans le cadre de la
réduction du temps de travail ont été mis en place pour
les salaires jusqu'à 1,8 SMIC.
Les allégements « 35 heures » sont
également conditionnés à des engagements sur l'emploi des
entreprises et à l'existence d'un accord de réduction du temps de
travail. Cette condition n'existait pas dans les allégements
jusqu'à 1,3 SMIC, qui ne posait aucune condition en matière
de volume ou de qualité de l'emploi.
Au-delà des chiffrages d'effet sur l'emploi, un faisceau d'indices
montre que ces mesures ont joué un rôle dans le
développement de l'emploi. D'abord, une série de travaux montre
qu'il y a eu enchérissement de la croissance en emplois. Le seuil de
création d'emplois est ainsi passé de 2,3 % dans les
années 1980 à 1,5 % dans la seconde partie des années
1990. Le développement du temps partiel explique une partie de ce
résultat mais une autre partie peut s'expliquer par les politiques
d'allégement. Ensuite, des travaux montrent que la part de l'emploi non
qualifié dans l'emploi total a commencé à se redresser
après une longue période de baisse tendancielle. De ce point de
vue la baisse des charges sur les bas salaires semble donc avoir rempli son
objectif initial : celui d'améliorer la situation du marché
du travail des moins qualifiés.
D'autres pays mettent en oeuvre des exonérations de cotisations
sociales, mais il y a assez peu d'études empiriques portant sur les
effets sur l'emploi de ces mesures. Ce sont la Belgique et les Pays-Bas qui
mettent en oeuvre des politiques de réduction du coût du travail
sur les bas salaires les plus significatives.
En Belgique, depuis 1981, l'opération Maribel donne lieu à un
allégement de cotisations sociales pour les travailleurs manuels de
certains secteurs. Elle a ensuite été étendue à
l'ensemble des secteurs. En 1997, pour un travailleur manuel payé au
SMIC, la mesure permet de réduire de 4 à 7 points le taux de
cotisation. Au niveau du salaire minimum, la réduction des cotisations
sociales atteint 50 %. Au total, l'allégement a permis de baisser
de 2 points le coût salarial moyen, et il était prévu
de le baisser de 3,4 points à l'horizon 2004. Le bureau du plan a
fourni une évaluation selon laquelle un allégement de
30 milliards de francs belges financé par un impôt sur le CO2
(760 millions d'euros, soit 5 milliards de francs environ) créerait
20.000 emplois à terme
(3)
.
Au Pays-Bas, le programme « SPACK » a été mis
en oeuvre depuis 1996 à l'intention des salariés ayant un salaire
inférieur à 1,15 salaire minimum. Ce programme réduit
globalement de 10 % environ le coût du travail. Des travaux
économétriques cités par l'OCDE
(4)
montrent que
ce programme a permis de créer 60.000 emplois depuis 1997.
(1) CSERC 1996, L'allégement des charges sur les bas salaires. La
documentation française.
(2) DARES, La politique de l'emploi, la Découverte, 1997.
(3) Études économiques de l'OCDE, Belgique, janvier 1999.
(4) Études économiques de l'OCDE, Pays-Bas, mars 2000.
III. LA PROMOTION DE L'EMPLOI
Ces
crédits visent à accompagner les chômeurs créateurs
ou repreneurs d'entreprise, sous la forme d'une exonération temporaire
de charges sociales ainsi que de l'octroi de
« chèques-conseil » permettant à l'Etat de
soutenir financièrement la formation à la gestion des personnes
qui créent leur emploi.
Par ailleurs, les bénéficiaires de minima sociaux peuvent, dans
certaines conditions, continuer de percevoir, pendant les six premiers mois de
leur nouvelle activité, leur allocation, ASS ou RMI.
Ces crédits comprennent également l'encouragement au
développement d'entreprises nouvelles (EDEN), instauré au profit
des jeunes par la loi en faveur de l'emploi des jeunes, et de
bénéficiaires de minima sociaux, en application de la loi de
lutte contre les exclusions. Ce dispositif a été prorogé
l'année dernière jusqu'au 31 décembre 2002.
En 2002, ils représentent
71,50 millions d'euros
(469 millions de
francs), soit une
augmentation de 2,6 %
.
Le nouveau dispositif EDEN en cours de création
Le
gouvernement a annoncé, lors des états-généraux de
la création d'entreprise, la prolongation de l'expérimentation
EDEN au-delà du terme initialement fixé (31 décembre
2000), ainsi que la création du prêt à la création
d'entreprise (PCE) qui constitue désormais l'outil de base de l'aide
financière de l'Etat à la création d'entreprise. Bien
entendu, les personnes en difficulté, éligibles aux dispositifs
de l'article L.351-24 du code du travail peuvent avoir accès au PCE qui
est cumulable avec d'autres aides financières et notamment celles mises
en place pour des publics spécifiques (projets initiatives jeunes, aides
de la DIV, aides aux harkis...) ou par les collectivités territoriales.
Pour lutter plus efficacement contre une forme d'exclusion des dispositifs
bancaires traditionnels et une absence de fonds propres,
il est donc apparu
nécessaire de transformer l'avance remboursable EDEN, qui constituait
pour les personnes les plus défavorisées l'un des seuls moyens
d'accès au financement de leur projet, en un dispositif de prime.
Un décret en Conseil d'Etat, en cours de publication, définit les
nouvelles modalités de mise en oeuvre de l'aide financière que
l'Etat met en place au profit des personnes en difficulté.
Ce nouveau décret vise à transformer en une prime l'aide
financière EDEN et définit les conditions dans lesquelles elle
sera délivrée. Des arrêtés préciseront le
montant maximal de la prime, les modalités spécifiques pour la
reprise de leur entreprise par les salariés et le contenu du dossier de
demande.
Outre les composantes de l'ACCRE gérée par les DDTEFP
(exonération de charges sociales pendant 12 mois, accès au
bénéfice des chèques-conseil, maintien d'un revenu
équivalent à celui de l'ASS à taux plein, pendant six
mois, pour les créateurs bénéficiaires de cette
allocation), le nouveau dispositif consiste en :
- une aide financière prenant la forme d'une prime modulée
en fonction des caractéristiques financières du projet. Le
montant de l'aide est plafonné à 6.098 euros (40.000 francs)
pour un projet individuel, à 9.47 euros (60.000 francs) pour un
projet présenté par plusieurs demandeurs, à 76.225 euros
(500.000 francs) pour un projet de reprise par les salariés de leur
entreprise en situation de liquidation ou de redressement judiciaire.
Elle est assortie de l'exigence d'un prêt consenti par un organisme de
crédit ou une institution habilitée à délivrer des
prêts d'honneur. Le maintien de l'exigence d'une bancarisation effective
du dossier vise à la responsabilisation du créateur et à
faciliter les relations ultérieures avec les institutions
financières nécessaires au développement de
l'entreprise ;
- un accompagnement post-création : suivi renforcé
d'une durée moyenne de 35 heures, pouvant être mis en oeuvre
pendant les trois premières années de la nouvelle activité.
La délivrance de cette prime par les principaux réseaux d'aide et
d'appui aux créateurs est conservée. Le recours au marché
public pour la désignation des organismes délégataires est
abandonné au profit du recours au mandat de gestion. L'administration,
pour la désignation du mandataire, aura recours à une
consultation préalable des organismes susceptibles d'être
intéressés afin de choisir celui ou ceux auxquels sera
confié le mandat. La passation et l'exécution du mandat de
gestion ne seront pas soumises à la procédure des marchés
publics.
60,98 millions d'euros (400 millions de francs) ont été
inscrits en loi de finances initiale pour l'année 2000. Les
dépenses pour cette même année se sont
élevées à 30,16 millions d'euros
(197,84 millions de francs).
52,44 millions d'euros (344 millions de francs) ont été
inscrits pour 2001.
Outre le financement de la prime, des crédits spécifiques ont
été prévus pour financer l'accompagnement pendant les
premières années suivant la création ou la reprise
d'entreprise : cet accompagnement joue un réel rôle de
prévention, en divisant par deux les risques de difficultés ou de
cessation d'activité, mais il était jusqu'à présent
rarement mis en oeuvre par les créateurs les plus en difficulté,
faute de financements mobilisables.
Pour l'avenir, les services du ministère de l'emploi et de la
solidarité souhaitent améliorer le soutien en amont et en aval
aux projets de création : d'une part, en développant une
démarche-qualité quant au suivi des créateurs, et, d'autre
part, en mettant l'accent sur l'accompagnement.
Les crédits inscrits au projet de loi de finances pour 2002, d'un
montant de 52,29 millions d'euros (345 millions de francs), devraient
notamment permettre d'octroyer 7.000 primes au titre d'EDEN d'un montant
moyen de 4.573 euros (30.000 francs), tout en assurant la
rémunération des organismes mandatés pour l'expertise des
dossiers de demande EDEN ainsi que le suivi post-création.
IV. L'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS
La
dotation diminue fortement, de 54,1 %, et s'établit à
67,84 millions d'euros
(445 millions de francs) en 2002,
après une diminution de 31 % en 2001.
Il s'agit :
- des allocations temporaires dégressives (4,57 millions d'euros) ;
- de l'allocation spécifique pour privation partielle d'emploi
(20,58 millions d'euros) ;
- de la dotation globale déconcentrée de restructuration
(42,69 millions d'euros).
Il convient de noter que la forte diminution de ces crédits
résulte, en grande partie, du non-renouvellement, à partir du
1
er
juillet dernier, des conventions de conversion dans le cadre de
la nouvelle convention d'assurance chômage, les conventions de conversion
ayant bénéficié de 76,22 millions d'euros (environ
500 millions de francs) en 2001.
CHAPITRE CINQ
LE FINANCEMENT DU RETRAIT D'ACTIVITÉ ET LA
PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE
CHÔMAGE
Cet
agrégat regroupe les dépenses d'indemnisation accordées
dans le cadre des mesures de cessation anticipée d'activité, de
la participation au financement de l'indemnisation chômage et de certains
régimes de retraite. Ces dépenses, qui financent des revenus de
remplacement, s'opposent aux dépenses dites
« actives », qui visent à soutenir le marché
de l'emploi et à développer les formations professionnelles.
Les crédits s'élèvent à
1,58 milliard
d'euros
(10,36 milliards de francs) en 2002, contre 1,91 milliard d'euros
(12,53 milliards de francs) en 2001, soit une
diminution de 17,2 %
,
après une autre baisse de plus de 18 % l'année dernière.
Ils représentent
9,4 % de l'ensemble des dépenses du budget de
l'emploi
(11,2 % en 2001).
I. LES DÉPENSES DE PRÉRETRAITE
Évolution des crédits
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
2002/2001 |
Les « préretraites » du FNE |
400,94 |
295,75 |
- 26,2 % |
Les « préretraites » progressives |
216,33 |
192,09 |
- 11,2 % |
Mesures particulières |
30,10 |
16,42 |
- 45,4 % |
TOTAL |
647,37 |
504,26 |
- 22,1 % |
La
contribution de l'Etat au financement des préretraites passe de 647,37
millions d'euros (4,25 milliards de francs) en 2001 à 504,26 millions
d'euros (3,31 milliards de francs) en 2002, en
diminution de
près de 22 %, après une baisse de près de 30 %
l'année dernière.
Les préretraites FNE
sont octroyées essentiellement
dans le cadre de plans sociaux, et permettent à leurs
bénéficiaires de percevoir environ 65 % de leur salaire brut
antérieur. Elles sont ouvertes aux salariés de plus de
57 ans (56 ans à titre dérogatoire), et sont
cofinancées par l'Etat et les entreprises. La diminution des
crédits n'est pas due à la diminution du nombre d'entrées,
qui reste fixé à 7.200, comme en 2001, mais à la plus
juste évaluation de la réalité de ces
entrées : il convient en effet de rappeler que le projet de budget
pour 2000 prévoyait 19.000 entrées, alors que seules 8.000 ont
effectivement été réalisées, les dotations ayant
alors, cette année-là, été visiblement
surévaluées.
Le nombre de nouveaux bénéficiaires de l'ASFNE relativement
stable depuis 1996 (20.015 en 1996 et 21.669 en 1997), a accusé une
diminution de 13,8 % et atteint 18.672 entrées en 1998. Depuis
lors, cette érosion se poursuit avec seulement 7.920 entrées
en 2000.
Le
nombre total d'allocataires indemnisés au titre de l'ASFNE (stock)
s'élève à 65.160 personnes au 31 décembre
2000, ce qui représente une diminution de 19,33 % par rapport
à 1999.
Ces résultats
, qui
ont des répercussions directes en
termes de réduction de crédits
, s'expliquent par une
conjoncture économique favorable se traduisant par des licenciements
économiques à un niveau historique très bas, mais
également par la politique de resserrement des conditions d'accès
aux ASFNE, menée par l'Etat depuis plusieurs années (plafonnement
de l'allocation, augmentation du taux des contributions des entreprises...).
Comme les années précédentes, la
prépondérance des hommes se confirme : ils
représentent 70,3 % des nouveaux bénéficiaires en
2000.
47,3 % des salariés concernés sont des ouvriers. La part des
employés est de 23,8 %. La catégorie des cadres et
professions intermédiaires représente 28,6 % des
entrées (alors qu'elle représentait près d'un tiers des
nouveaux bénéficiaires en 1999).
65,1 % des bénéficiaires proviennent du secteur industriel
(industries extractives comprises). Ce secteur représentait 55 % des
bénéficiaires en 1999.
Les autres secteurs sont peu représentés : 7,7 % des
bénéficiaires étaient des salariés du secteur de la
construction, et 26,8 % des personnes provenaient des entreprises de
services.
Pour 2001, une dépense totale de 914,85 millions d'euros
(6.001 milliards de francs) a été prévue, dont 259,01
millions d'euros (1,70 milliard de francs) au titre de la contribution
UNEDIC. En conséquence, le montant des crédits inscrits en loi de
finances sont de 339,96 millions d'euros (2,23 milliards de francs).
7.200 nouvelles entrées ont été prévues.
Sur le premier semestre 2001, 1.104 conventions ont été
conclues (contre 1.383 pour la même période en 2000) et
3.255 entrées ont été enregistrées (contre
4.447 entrées en 2000).
Pour 2002, le projet de loi de finances prévoit des crédits
à hauteur de 152,45 millions d'euros (1 milliard de francs). La
demande est fondée sur un nombre d'entrées dans le dispositif
ASFNE de 7.200 personnes en 2001 et 2002. Sa diminution s'explique par
l'importance des sorties du dispositif liées aux entrées plus
nombreuses des années antérieures.
Les préretraites progressives
concernent les personnes
de plus de 55 ans acceptant la transformation de leur emploi à temps
plein en emploi à temps partiel. Elles perçoivent alors, outre
leur rémunération au titre de ce temps partiel, une allocation
représentant environ 30 % de leur salaire brut antérieur prise en
charge par l'Etat. En 2002, le nombre de bénéficiaires devrait
diminuer, passant de 16.000 en 2001 à 11.000
11(
*
)
.
- • Les cessations d'activité de certains travailleurs salariés (CATS) ont été mises en place par décret du 9 février 2000 : il s'agit d'un nouveau dispositif de préretraite réservé, lorsqu'il y a participation financière de l'Etat, à des salariés âgés ayant pendant plus de 15 ans effectué des travaux pénibles ou ayant été reconnus travailleurs handicapés. Pour ouvrir droit à l'aide de l'Etat, cette cessation d'activité doit être organisée par un accord de branche et un accord d'entreprise, avec des engagements sur la fixation de la durée du travail à 35 heures et sur des dispositions relatives à la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences.
II. LES DÉPENSES D'INDEMNISATION
L'indemnisation du chômage « de solidarité » est assurée par une subvention de l'Etat au fonds de solidarité.
Le fonds de solidarité
En 2001,
la prévision de dépenses du fonds de solidarité
s'élève à 2,17 milliards d'euros (14,24 milliards de
francs) en ce qui concerne les allocations de solidarité
spécifique (ASS), et à 76,07 millions d'euros
(499 millions de francs) pour les allocations d'insertion (AI).
L'évaluation des dépenses relatives à l'allocation
spécifique d'attente en 2001 est de 78,05 millions d'euros
(512 millions de francs) et de 7,62 millions d'euros
(50 millions de francs) pour les ASS versées aux
bénéficiaires de l'ACCRE.
Au total, le budget modifié du fonds de solidarité fait
apparaître une prévision de dépenses de 2,33 milliards
d'euros (15,30 milliards de francs). Les ressources propres du fonds de
solidarité (contribution de solidarité des fonctionnaires) sont
estimées à 1,08 milliard d'euros (7,07 milliards de francs) pour
2001. La subvention de l'Etat pourrait donc atteindre 1,26 milliard
d'euros (8,23 milliards de francs).
Pour 2002, la prévision de dépenses est évaluée
à 2,20 milliards d'euros (14,44 milliards de francs), correspondant
à :
- 1,99 milliard d'euros (13,07 milliards de francs) pour l'allocation de
solidarité spécifique
(367.100 bénéficiaires) ;
- 124,05 millions d'euros (814 millions de francs) pour
l'allocation d'insertion (35.000 bénéficiaires) ;
- 78,09 millions d'euros (512 millions de francs) pour
l'allocation spécifique d'attente
(24.150 bénéficiaires) ;
- 7,62 millions d'euros (50 millions de francs) pour l'ASS
versée aux bénéficiaires de l'ACCRE.
Le montant des ressources propres est estimé à 1,13 milliard
d'euros (7,41 milliards de francs) et le montant de subvention de l'Etat
prévu au projet de loi de finances pour 2002 s'élève en
conséquence à 1,07 milliard d'euros (7,03 milliards de francs).
Toute personne justifiant de 5 ans d'activité salariée durant les
10 dernières années, et ayant épuisé ses
droits à indemnisation dans le cadre du régime d'assurance
à l'UNEDIC, perçoit l'allocation de solidarité
spécifique (ASS).
Par ailleurs, le fonds de solidarité attribue également
l'allocation d'insertion à certaines catégories de demandeurs
d'emplois qui n'ont pu acquérir des droits d'indemnisation
supérieurs à 3 mois au titre du régime d'assurance
chômage (détenus, réfugiés, apatrides).
Enfin, le fonds de solidarité finance également l'allocation
spécifique d'attente (ASA) destinée aux personnes
âgées de moins de 60 ans justifiant d'au moins 160 trimestres de
cotisations validés dans les régimes de base obligatoires
d'assurance vieillesse et percevant l'ASS ou le RMI dans l'attente du versement
de leur pension.
L'article 131 de la loi d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions a posé le principe de l'indexation annuelle de ces
allocations sur l'évolution des prix.
Les recettes du fonds de solidarité sont constituées par le
produit de la contribution de solidarité des fonctionnaires, soit 1 % de
leur traitement brut, et par une subvention de l'Etat.
En 2002,
cette dernière s'élève à 1,07 milliard d'euros
(7,02 milliards de francs), en
diminution de 14,6 %.
En outre, l'Etat verse 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) à
l'UNEDIC au titre des allocations complémentaires.
Les allocations de solidarité : l'ASS et l'AI
. Base
de calcul de l'ASS et de l'AI
En application de l'article 131 de la loi n° 98-657 du
29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions, les taux des allocations d'insertion (AI) et de solidarité
spécifique (ASS) prévus aux articles L.351-9 et L.351-10 du code
du travail, sont révisés une fois par an en fonction de
l'évolution des prix.
Auparavant, la revalorisation de ces allocations ne faisait l'objet d'aucune
disposition particulière du code du travail. Les revalorisations ont
ainsi été très irrégulières et même
inexistantes entre le 1
er
juillet 1994 et le
1
er
juillet 1997, date à laquelle l'ASS a
augmenté de 2 %.
Afin d'assurer un rattrapage du pouvoir d'achat perdu par les
bénéficiaires de l'AI et de l'ASS, les taux ont été
revalorisés de 7,36 % depuis le 1
er
janvier 1998
pour l'AI et de 13,80 % depuis le 1
er
juillet pour l'ASS.
Le décret n° 2000-1260 du 26 décembre 2000 fixe le taux
de l'allocation d'insertion à 9,23 euros (60,52 francs) par
jour, soit 276,69 euros (1.815 francs) par mois, et le taux de
l'allocation de solidarité spécifique à 13,10 euros
(85,91 francs) par jour à compter du 1
er
janvier 2001,
soit 392,86 euros (2.577 francs) par mois.
La majoration est fixée à 5,72 euros (37,49 francs) par
jour pour les allocataires âgés de cinquante cinq ans ou plus et
justifiant de vingt années d'activité salariée ainsi que
pour les allocataires âgés de cinquante sept ans et demi ou plus
et justifiant de dix années d'activité salariée. La
majoration est également accordée aux allocataires justifiant
d'au moins soixante trimestres validés dans les régimes de base
obligatoires d'assurance vieillesse ou de périodes reconnues
équivalentes en application du décret n° 95-455 du
12 juin 1998. Le montant mensuel total de l'ASS est alors de
564,37 euros (3.702,00 francs).
. Conditions d'attribution des allocations de solidarité
L'attribution de l'ASS est subordonnée notamment à une condition
de ressources. Celles-ci ne doivent pas excéder le plafond visé
à l'article R. 351-13-3° du code du travail.
Le plafond de ressources, calculé à partir du montant journalier
de l'allocation de solidarité spécifique, est actuellement par
mois :
- pour une personne seule, de 70 fois le montant journalier de
l'allocation de solidarité spécifique au taux simple, soit
916,78 euros (6.013,70 francs) ;
- pour un couple :
* de 110 fois le montant journalier de l'allocation de solidarité
spécifique au taux simple pour les personnes qui
bénéficient de l'allocation de solidarité
spécifique à compter du 1
er
janvier 1997, soit
1.440,66 euros (9.450,10 francs) ;
* de 140 fois le montant journalier de l'allocation de
solidarité spécifique au taux simple pour les personnes qui
bénéficient de l'allocation de solidarité
spécifique antérieurement à la date du 1
er
janvier 1997, soit 1.833,57 euros (12.027,40 francs).
Pour une personne seule, l'allocation différentielle est versée
lorsque les ressources sont comprises entre un plancher fixé à
40 fois le taux de l'ASS et un plafond fixé à 70 fois
ce taux. Dans le cas d'un couple, une allocation différentielle est
versée lorsque les ressources mensuelles du couple sont comprises entre
un plancher fixé à 80 fois ou 110 fois le taux
journalier de l'ASS, et un plafond fixé à 110 fois ou
140 fois le taux de l'ASS, selon la date d'admission à l'ASS.
De même, l'allocation d'insertion est versée à la condition
que les ressources mensuelles soient inférieures à un plafond de
1.660,72 euros (10.893,60 francs) pour un couple et 830,36 euros
(5.446,80 francs) pour une personne seule.
*
* *
Le tableau ci-dessous récapitule, sur les années 1999 à 2002, les dotations allouées à cet agrégat :
EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
A.
ARTICLE 68
L'article L. 322-4-2 du code du travail régit les principes du contrat
initiative-emploi (CIE), créé par la loi du 4 août 1995. Il
énumère notamment les publics éligibles au CIE, et indique
que ce dernier donne droit :
- à une aide de l'Etat pour les catégories de
bénéficiaires rencontrant les difficultés d'accès
à l'emploi les plus graves ;
- à une exonération des cotisations patronales de
sécurité sociale visée à l'article L. 322-4-6 du
code du travail.
Le présent article propose de modifier les dispositions relatives au
CIE.
Afin de «
poursuivre et renforcer la mobilisation du dispositif en
faveur des publics les plus éloignés de l'emploi
»,
il tend à « recentrer » le CIE sur les demandeurs
d'emploi de longue et très longue durée, sur les
bénéficiaires de minima sociaux, ou encore sur certaines
catégories de travailleurs handicapés. Il permet également
de mettre en oeuvre un accompagnement dans l'emploi, une aide à la
formation liée à l'activité de l'entreprise ainsi qu'une
aide au tutorat.
Mais surtout, le présent article vise à «
mettre en
cohérence
[le CIE]
avec la politique d'allégement de
charges associé aux 35 heures
». Son II propose en effet
de supprimer l'article L. 322-4-6 susmentionné, et donc, pour les
conventions relatives au CIE conclues après le 1
er
janvier
2002, de
substituer à l'exonération de cotisations sociales
spécifique au CIE les allégements de charges liés aux 35
heures
.
L'aide de l'Etat, sous forme de primes, subsiste, mais son montant peut
être modulé en fonction de la gravité des
difficultés d'accès à l'emploi, afin de
«
maintenir un avantage supplémentaire au contrat
initiative-emploi par rapport au droit commun
».
Le présent article serait à l'origine d'une économie de
77,6 millions d'euros (509,02 millions de francs) en 2002,
dégagée sur le chapitre 44-70 « Dispositifs d'insertion
des publics en difficulté », article 32, du budget de l'emploi.
Votre rapporteur spécial constate ainsi que cette économie est
d'un montant finalement modique eu égard aux crédits
alloués à certains dispositifs de la politique de l'emploi.
Il
paraît pour le moins paradoxal de chercher à dégager des
économies de quelques millions d'euros sur des dispositifs
d'exonérations de cotisations sociales, alors que les allégements
liés aux 35 heures coûtent des milliards d'euros !
B. ARTICLE 69
L'article 5 de la loi d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative
à la lutte contre les exclusions
dispose, dans son I, que
«
l'Etat prend l'initiative d'actions d'accompagnement
personnalisé et renforcé ayant pour objet l'accès à
l'emploi de jeunes de 16 à 25 ans en difficulté et
confrontés à un risque d'exclusion
professionnelle
». Il
pose ainsi les principes du programme
TRACE.
Son III précise que «
les jeunes qui rencontrent des
difficultés matérielles, notamment en matière de logement,
pendant les périodes durant lesquelles ils ne bénéficient
pas d'une rémunération au titre d'un stage, d'un contrat de
travail ou d'une autre mesure dans le cadre des actions d'accompagnement
personnalisé organisées en application du présent article
bénéficient de l'accès aux fonds départementaux ou
locaux d'aide aux jeunes
» prévus par la loi du
1
er
décembre 1988 relative au revenu minimum d'insertion
(RMI).
C'est cette disposition que le présent article propose de supprimer
et de remplacer par une autre modalité d'aide pour les jeunes
engagés dans le programme TRACE, l'institution d'une bourse
d'accès à l'emploi.
Cette bourse, financée par l'Etat à hauteur de 76,22 millions
d'euros (environ 500 millions de francs), inscrits sur le chapitre 44-70
Dispositifs d'insertion des publics en difficulté, article 63, du projet
de budget de l'emploi pour 2002, serait incessible et insaisissable.
Elle serait instituée à titre expérimental, à
compter du 1
er
janvier 2002, et bénéficierait aux
jeunes qui, à cette date, sont déjà engagés dans le
programme TRACE, ainsi qu'à ceux qui s'y engageraient avant le
1
er
janvier 2003, et leur serait versée pendant les
périodes durant lesquelles ils ne perçoivent ni
rémunération au titre d'un emploi ou d'un stage, ni allocation.
Son montant sera de 300 euros (1.967,87 francs) par mois, dans la limite de 900
euros (5.903,61 francs) par semestre et de 1.800 euros (11.807,23 francs) pour
la totalité du parcours.
Selon le gouvernement, la bourse d'accès à l'emploi permet aux
jeunes concernés de «
bénéficier d'une
relative sécurité financière pendant toute la durée
de leur parcours d'insertion
», et «
garantit ainsi
une égalité des chances pour l'accomplissement du parcours TRACE
au profit des jeunes en situation de rupture ou que leur famille ne peut aider
financièrement
».
Elle s'inscrit dans le cadre des moyens supplémentaires mis en oeuvre en
faveur du programme TRACE.
C. ARTICLE 70
L'article 25 de la loi d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative
à la lutte contre les exclusions a institué une disposition
expérimentale consistant à permettre aux demandeurs d'emploi de
26 ans et plus rencontrant des difficultés sociales et professionnelles
de bénéficier d'un contrat de qualification, communément
appelé « contrat de qualification-adulte », qui
devait initialement prendre fin le 31 décembre 2000.
L'article 121 de la loi de finances pour 2001 a donc, d'une part,
prorogé de 18 mois, jusqu'au 30 juin 2002, le dispositif du contrat de
qualification-adulte, et, d'autre part, fixé au 30 juin 2001 la date
à laquelle les partenaires sociaux devaient avoir terminé leur
négociation en vue de pérenniser ce dispositif
expérimental. Ils sont parvenus à la conclusion d'un tel accord,
le 6 juin dernier.
Le présent article vise à rendre applicable cet accord et
pérennise le dispositif des contrats de qualification-adulte, tout en
adaptant les modalités financières des aides de l'Etat.
Il apporte
quatre principales modifications
:
- ces contrats peuvent prendre la forme d'un contrat de travail à
durée indéterminée (CDI), même si la durée de
la période de qualification, étant comprise par l'article L.
981-1 du code du travail entre 6 mois et 2 ans, est maintenue ;
- les entreprises de travail temporaire peuvent conclure des contrats de
qualification-adulte ;
- l'UNEDIC et les ASSEDIC ont la possibilité de financer les actions de
formation dispensées au titre d'un contrat de qualification-adulte qui
aura été conclu dans le cadre d'un projet d'action
personnalisé (PAP) établi au titre du PARE, ce dernier,
principale innovation de la nouvelle convention d'assurance chômage,
ayant reçu une base législative dans l'article 2 de la loi du 17
juillet 2001 portant diverses dispositions d'ordre social, éducatif et
culturel ;
- les allégements de charges sociales liés aux 35 heures
remplacent, à compter du 1
er
janvier 2002, le régime
d'exonération spécifique relatif aux contrats de qualification,
qui était prévu à l'article L. 981-4 du code du travail,
ce dernier continuant de s'appliquer aux contrats conclus avant cette
date : cet alignement sur ce qui est devenu, depuis les « lois
Aubry », le droit commun des allégements de charges
entraîne la réalisation d'économies d'un montant de 17,33
millions d'euros (113,68 millions de francs) en 2002, sur le chapitre 43-70
« Financement de la formation professionnelle », article
32, du budget de l'emploi.
Votre rapporteur spécial regrette que le gouvernement saisisse
l'occasion de la réforme et de la pérennisation du contrat de
qualification-adulte pour chercher à réaliser une économie
d'un montant finalement modique. Il formule la même observation, sur ce
point, que sur l'article 68 ci-dessus.
De surcroît, il convient de s'interroger sur le fait de savoir si le
présent article n'a pas aussi pour objet de rattraper des oublis et des
erreurs dans la coordination et la modification des textes relatifs aux
allégements de charges sur les bas salaires.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa
réunion du mercredi 31 octobre 2001
, la commission,
présidée par M. Alain Lambert, président, a
procédé à l'examen des
crédits de l'emploi et de
la solidarité : I. - Emploi
, et des
articles 68 à 70
rattachés
, sur le
rapport de M. Joseph Ostermann, rapporteur
spécial
.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a indiqué que les
crédits du ministère de l'emploi s'élevaient, dans le
projet de loi de finances pour 2002, à 16,78 milliards d'euros,
alors qu'ils s'établissaient à 17,05 milliards d'euros en 2001,
cette diminution de 1,6 %, après une baisse de 1,9 % l'année
dernière, montrant que le budget de l'emploi ne constituait plus une
priorité pour le Gouvernement, en dépit de ses
déclarations, probablement liées à l'inquiétude sur
les perspectives de l'évolution du marché du travail. Il a
précisé que ces crédits étaient consacrés
aux moyens de fonctionnement à hauteur de 10,6 % (après
9,6 % en 2001 et 8,1 % en 2000), et aux dépenses
d'intervention à 88,9 %.
Il a ensuite souhaité faire part des quatre observations que lui
inspirent les dotations allouées à l'emploi pour 2002.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a d'abord noté
que l'amélioration de la situation de l'emploi semblait malheureusement
terminée. Alors que, depuis juin 1997, la situation du marché du
travail s'était nettement améliorée, le taux de
chômage étant revenu de 12,3 % à cette date à 8,8 %
en juin dernier, le Gouvernement, probablement grisé par ces bons
résultats de nature conjoncturelle, s'était fixé comme
objectif de parvenir au plein emploi au cours des prochaines années. Les
attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre dernier ont mis en
évidence le caractère présomptueux de ces
déclarations hâtives. Le rapporteur spécial a en effet
constaté que, depuis le mois de mai dernier, les chiffres du
chômage se détérioraient régulièrement, le
nombre de chômeurs ayant progressé de 5.500 en mai, de 8.500 en
juin, de 39.600 en juillet et de 11.100 en août, soit 64.700
chômeurs supplémentaires en quatre mois. Cette évolution a
ainsi remonté le taux de chômage à 9 % de la population
active, soit le niveau atteint à la fin de l'année 2000. Il a
estimé qu'une analyse fine de la situation de l'emploi montrait que le
Gouvernement n'avait pas de véritables raisons de se gargariser de la
diminution du chômage.
Il a en effet rappelé que le chômage français restait
à un niveau élevé, soit 8,5 % de la population active,
contre 8,3 % dans la zone euro, 7,6 % dans l'Union européenne, 5,1
% au Royaume-Uni, 3,8 % en Irlande, 2,2 % aux Pays-Bas, 5 % au Japon, 4,6 % aux
Etats-Unis. En outre, l'amélioration de la situation de l'emploi est
relativement inégale, les femmes, les jeunes, les non ou peu
diplômés, les salariés précaires, les chômeurs
de longue durée continuant d'être touchés plus
sévèrement que la moyenne nationale par le chômage.
Surtout, un recul important du chômage se heurte au niveau
élevé du chômage structurel. Si le taux de chômage a
reculé de plus de 3 points depuis 1997, ce mouvement se heurte
visiblement au socle du chômage structurel, évalué à
8 % de la population active en France par la Caisse des dépôts et
consignations, mais à 3 % aux Etats-Unis. Notre pays se trouve donc dans
une situation délicate, puisque, hors les effets de la conjoncture sur
l'emploi, qu'ils soient positifs ou défavorables, le chômage ne
diminuerait plus guère en France, le seuil du chômage structurel
ayant été globalement atteint.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a ensuite
considéré que le projet de budget 2002 apparaissait paradoxal et
adressait un message brouillé aux agents économiques. Il a en
effet constaté que, depuis 1998, le budget de l'emploi n'avait
porté aucune réforme structurelle susceptible d'avoir un impact
sur son montant. Au cours des dernières années, des
économies importantes avaient certes été
réalisées sur les crédits de l'emploi, mais il s'agissait
de simples économies de constatation résultant d'une conjoncture
favorable. Ainsi, par exemple, le nombre total d'entrées dans les
dispositifs de la politique de l'emploi a diminué de plus de 45 % depuis
1997. Il a pourtant relevé que la conjoncture était actuellement
nettement moins bien orientée, alors que le projet de budget de l'emploi
continuait de diminuer, et s'est interrogé sur cette contradiction
apparente. Il a jugé que la prévision de croissance retenue pour
2002 était en fait aléatoire, avec les conséquences que
cela implique notamment sur le niveau de l'emploi l'année prochaine.
Il a dès lors conclu que la budgétisation des crédits 2002
était erronée, la diminution affichée de certaines
dotations budgétaires apparaissant peu crédible, et qu'il
était donc probable que le retournement conjoncturel en cours se
traduirait in fine par une hausse des crédits de l'emploi, notamment du
traitement social du chômage, comme les récentes annonces de la
ministre sur des ouvertures supplémentaires de contrats aidés le
laissaient entendre. A ce propos, il a considéré que le
Gouvernement avait fait un pari risqué sur la poursuite de
l'amélioration de la situation de l'emploi, en inscrivant des
crédits à la baisse, puis avait lui-même ôté
toute crédibilité à ce message, en présentant
quelques jours après le Conseil des ministres un plan renouant avec le
traitement social du chômage, la ministre ayant annoncé des
entrées supplémentaires pour 2001, pour un coût de
180 millions d'euros, en principe supporté par le prochain
collectif. Il a dès lors paru probable au rapporteur spécial que
les dotations pour 2002 ne seraient pas suffisantes.
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a, en troisième
lieu, considéré que le budget de l'emploi avait progressivement
perdu sa cohérence au cours de la législature. Rappelant que la
forte croissance des crédits de l'emploi depuis plusieurs années
résultait essentiellement de la politique de réduction des
charges sociales, engagée en 1993, et donc de leur compensation par le
budget de l'Etat auprès des organismes de sécurité
sociale, il a indiqué que, surtout depuis 1999, le budget de l'emploi
avait subi de multiples modifications de son périmètre,
considérables en montant, qui en avaient fortement restreint la
cohérence et qui nécessitaient de procéder à un
calcul consolidé, afin d'obtenir une vue d'ensemble à peu
près sincère du coût de la politique de l'emploi. Il a
noté que la compensation des exonérations de charges sociales
avait ainsi quasiment disparu du budget de l'emploi, notamment depuis la
création du fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales de sécurité sociale, le FOREC, destiné à
financer les 35 heures et les allégements de charges qui leur sont
liés. Dès lors, le budget de l'emploi, suite à cette
débudgétisation massive, a vu son montant diminuer de
façon artificielle, mais, surtout, reflète de moins en moins le
principal axe de la politique de l'emploi : il reste notamment muet sur le
coût des 35 heures. En fait, seuls 39,3 millions d'euros sont inscrits,
en 2002, au budget de l'emploi au titre des aides au conseil dans le cadre des
35 heures, alors que les dotations du FOREC devraient s'établir à
15,55 milliards d'euros : le budget de l'emploi supportera donc seulement
0,25 % du coût total des 35 heures ! Il a
considéré, par conséquent, que le coût total de la
politique de l'emploi, en 2002, devait prendre en compte les crédits du
budget de l'emploi, mais aussi ceux du FOREC, soit un total de
32,33 milliards d'euros, en progression de 2,3 % par rapport à
2001.
Il a également observé que, comme le Sénat l'avait
pressenti, les 2,29 milliards d'euros de l'UNEDIC ne seraient pas
affectés à l'emploi. Il a rappelé que, dans le cadre de la
nouvelle convention d'assurance chômage, l'UNEDIC devait procéder
au versement à l'Etat de 2,29 milliards d'euros, soit 1,07 milliard
en 2001 et 1,22 milliard en 2002. Il a précisé que ce versement
serait toutefois traité comme une recette non fiscale de l'Etat venant
abonder le budget général : il ne sera donc pas
spécifiquement affecté à des dispositifs de la politique
de l'emploi, en dépit des déclarations rassurantes, mais
finalement fausses, du Gouvernement sur ce point.
Enfin,
M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial
, a
considéré que les emplois-jeunes constituaient un dossier que le
prochain gouvernement devrait traiter. En 2002, le coût des
emplois-jeunes diminue de 3,6 %, pour la première fois depuis le
lancement du dispositif, s'établissant à 3,23 milliards d'euros.
Il a toutefois noté que ce chapitre budgétaire faisait
traditionnellement l'objet d'une importante surdotation, puis d'une
régulation non moins importante en cours d'exercice, comme l'avait
d'ailleurs relevé la Cour des comptes dans son rapport relatif à
l'exécution des lois de finances pour 2000. En outre, jusqu'à
présent, environ 230 millions d'euros n'auraient pas
été consommés en 2001.
Il a noté que cette surdotation récurrente suscitait une double
interrogation, la première sur la capacité du Gouvernement
à atteindre les objectifs qu'il s'était fixés en
matière d'embauches d'emplois-jeunes, la seconde sur le nombre
réel de ces derniers. Le Gouvernement a en effet
régulièrement modifié ses objectifs en ce qui concerne les
emplois-jeunes. Il s'agissait d'abord de parvenir à recruter 350.000
jeunes dans ce dispositif à la fin 2002, puis cet objectif a
été avancé à la fin 2000, puis de nouveau
repoussé ! Par ailleurs, cet objectif a changé de
nature : il ne s'agit plus de mesurer le dispositif en stock mais en flux,
le nombre de jeunes ayant bénéficié de ce programme depuis
sa création devant s'élever à 360.000 à la fin
2002. Il a précisé que le budget de l'emploi ne regroupait pas
l'ensemble des crédits destinés au financement des
emplois-jeunes, les budgets de l'éducation nationale, de
l'intérieur, de la justice, et de l'outre-mer étant
également sollicités. Le coût total du dispositif
s'établirait donc à 3,67 milliards d'euros en 2002. Sur
l'ensemble de la législature, il s'est élevé à plus
de 13 milliards d'euros. Enfin, il a déploré que la question de
l'avenir des emplois-jeunes n'était toujours pas réglée,
en dépit de l'annonce, le 6 juin dernier, du plan gouvernemental de
« consolidation » du dispositif : si les emplois
seront pérennisés, on ne sait toujours pas ce que deviendront les
jeunes qui les occupent.
Un large débat s'est ensuite instauré.
M. Gérard Miquel
a noté que la conjoncture
économique se dégradait, notamment, depuis les attentats
perpétrés au Etats-Unis le 11 septembre dernier, et a voulu
savoir l'analyse qu'en faisait le rapporteur spécial sur l'emploi. Il a
estimé que l'effort supplémentaire annoncé par le
Gouvernement en matière de contrats aidés devrait être
encore amplifié. Il a noté que le Gouvernement s'employait
à assurer l'avenir des jeunes engagés dans le dispositif des
emplois-jeunes, considérant que cette expérience avait de toute
manière été particulièrement intéressante
car elle a permis a ses bénéficiaires de s'insérer dans le
monde du travail. Enfin, il a jugé qu'il était indispensable
à l'avenir de développer le volet insertion du revenu minimum
d'insertion (RMI).
M. René Trégouët
, notant que l'Institut national des
statistiques et des études économiques (INSEE) venait de changer
son mode de calcul du chômage, s'est interrogé sur
l'opportunité de cette modification au moment même où la
situation de l'emploi se retournait. Il a également souhaité
obtenir des informations supplémentaires sur le calcul du nombre des
emplois-jeunes, en stock et en flux.
M. Alain Joyandet
a regretté que le Gouvernement, depuis 1998,
ait diminué les crédits relatifs aux contrats
emploi-solidarité (CES) ou aux contrats emploi consolidés (CEC),
un nombre important des bénéficiaires de ces contrats
aidés devant alors de nouveau s'inscrire au RMI.
M. Jacques Oudin
a noté que les résultats de la politique
de l'emploi en France n'étaient guère favorables en comparaison
des politiques entreprises à l'étranger. Il a d'ailleurs
considéré qu'il était indispensable de réaliser des
comparaisons internationales sur ce point. Enfin, il s'est interrogé sur
les conséquences en termes d'amélioration de la situation de
l'emploi, de la forte augmentation des effectifs de l'agence nationale pour
l'emploi (ANPE), rappelant par ailleurs que les départements
conduisaient des actions essentielles en faveur de l'emploi, par exemple par la
création de maisons de l'emploi.
M. Alain Lambert, président
, a souhaité savoir si, selon
le rapporteur spécial, le Gouvernement avait pris en
considération ses observations suite aux rapports de contrôle
qu'il avait effectués sur les personnels du ministère de l'emploi
et sur les 35 heures. A ce titre, il a regretté que le Parlement ne
dispose pas des instruments nécessaires à l'évaluation de
l'impact de la réduction du temps de travail en termes de
création d'emplois, cette carence appauvrissant nécessairement le
débat budgétaire, faute de chiffres valables.
En réponse aux différents intervenants,
M. Joseph Ostermann,
rapporteur spécial
, a dû constater que ses rapports n'avaient
guère été pris en compte par le Gouvernement, la ministre
de l'emploi s'étant contentée de lui adresser un courrier prenant
acte de la publication de ces travaux. Il a noté que les 35 heures
avaient surtout pour conséquence d'être à l'origine de
délocalisations de production à l'étranger. Il a lui aussi
estimé qu'il était préférable de financer des
contrats aidés plutôt que de laisser de nombreuses personnes
toucher le RMI, et a ajouté que la question de fond était celle
du caractère incitatif du travail. S'agissant des emplois-jeunes, il a
noté que le Gouvernement, n'ayant pu atteindre son objectif initial de
350.000 jeunes recrutés dans ce dispositif, affichait désormais
un objectif en flux, donnant une impression plus favorable. Il a
précisé que le changement statistique apporté au calcul du
taux de chômage visait notamment à exclure les intérimaires
des chiffres du chômage, mais que cette modification n'avait pas de
véritable impact sur l'appréciation du niveau de l'emploi, ni sur
l'évolution en tendance de ce dernier, d'autant plus que l'office des
statistiques de l'Union européenne, Eurostat, retraitait les
différents chiffres nationaux pour les harmoniser. Les 35 heures
constituent une parfaite illustration de l'extrême difficulté
à évaluer les performances de la politique de l'emploi en France
puisque cette mesure, dont le coût est exorbitant, ne peut donner lieu
à la distinction par les services du Gouvernement entre les emplois
créés et les emplois préservés par les
35 heures. Il a confirmé que les actions des collectivités
territoriales en matière d'emploi étaient essentielles, d'autant
plus que celles-ci nouent très souvent des relations avec les
entreprises.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé de
réserver son vote sur les crédits du budget de l'emploi, ainsi
que sur les articles 68, 69 et 70 rattachés
, jusqu'à
l'audition de la ministre de l'emploi et de la solidarité.
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- I. MODIFICATION DES CRÉDITS
Ces crédits supplémentaires se répartissent de la façon suivante :
- 858.907 euros (5,63 millions de francs) sur le chapitre 31-62 « Indemnités et allocations diverses », article 02 « Administration centrale » ;
- 123.941 euros (0,81 million de francs) sur le chapitre 34-98 « Administration centrale. - Moyens de fonctionnement », article 10 « Ministre, secrétaires d'État et cabinets ministériels ».
Les crédits du titre IV sont majorés de 45,73 millions d'euros (environ 300 millions de francs), inscrits sur le chapitre 46-71 « Fonds national de chômage », article 50 « Subvention de l'État au fonds de solidarité », afin de supporter le financement de la nouvelle allocation de solidarité créée par l'article 70 bis (cf. infra), dénommée allocation équivalent retraite (AER).
Ce dispositif nouveau serait financée par des économies réalisées sur le chapitre 44-79 « Promotion de l'emploi et adaptations économiques », pour un montant équivalent ainsi réparti :
- 7,62 millions d'euros (50 millions de francs), au titre des allocations spéciales du FNE, grâce à une augmentation supplémentaire de la contribution des employeurs au financement de ces dispositifs;
- 38,11 millions d'euros (250 millions de francs), au titre de moindres entrées dans les dispositifs de cessation d'activité de certains travailleurs salariés (CATS) pour des personnes pouvant prétendre à la nouvelle allocation (AER).
Par ailleurs, les crédits du titre IV ont été majorés, à titre non reconductible, de 873.900 euros (5,73 millions de francs), répartis de la façon suivante :
- 9.100 euros (59.692,09 francs) sur le chapitre 43-70 « Financement de la formation professionnelle », article 43 « Validation des acquis de l'expérience » ;
- 57.000 euros (0,37 million de francs), sur le chapitre 44-70 « Dispositifs d'insertion des publics en difficulté », dont 15.200 euros (99.705,46 francs) sur l'article 52 « Fonds départemental pour l'insertion », et 41.800 euros (0,27 million de francs) sur l'article 80 « Réseau d'accueil, d'information et d'orientation des jeunes » ;
- 762.100 euros (environ 5 millions de francs), sur le chapitre 44-73 « Relations du travail et amélioration des conditions de travail », article 11 « Formation économique et sociale des travailleurs appelés à exercer des responsabilités syndicales et actions d'études et de recherche syndicales » ;
- 45.700 euros (0,30 million de francs) sur le chapitre 44-79 « Promotion de l'emploi et adaptations économiques », article 15 « Promotion de l'emploi : dotations déconcentrées pour la promotion de l'emploi ».
-
II. MODIFICATION DES ARTICLES
A. MODIFICATION DE L'ARTICLE 68
L'amendement adopté étant rédactionnel, il ne modifie en aucune façon les critiques que la commission avait formulées à l'endroit de cet article. Il convient donc de confirmer sa suppression.
B. MODIFICATION DE L'ARTICLE 70
L'Assemblée nationale a adopté un amendement rédactionnel à cet article pérennisant le contrat de qualification-adultes.
Il convient donc de confirmer l'amendement adopté par la commission, qui vise à maintenir le système d'exonération de charges sociales existant plutôt que de l'aligner sur les allégements liés aux 35 heures.
- C. ADOPTION D'UN ARTICLE 70 BIS
L'ASA a été instituée par la loi n° 98-285 du 17 avril 1998 ouvrant le droit à une allocation spécifique aux chômeurs âgés de moins de 60 ans ayant moins de 40 annuités de cotisations vieillesse 12( * ) . Elle bénéficie aux personnes âgées de moins de 60 ans qui perçoivent l'allocation de solidarité spécifique (ASS) et justifiant d'au moins 160 trimestres d'assurance vieillesse.
Le présent article prévoit que l'allocation équivalent retraite « se substitue, pour leurs titulaires, à l'allocation de solidarité spécifique [...] ou à l'allocation de revenu minimum d'insertion [...] . Elle prend la suite de l'allocation d'assurance chômage pour ceux qui ont épuisé leurs droits à cette allocation. Elle peut également la compléter lorsque cette allocation ne permet pas d'assurer à son bénéficiaire un total de ressources égal à celui prévu à l'alinéa suivant [soit 877 euros (5.752,74 francs)] ».
Cet article a été introduit par le gouvernement afin de sortir de l'inconstitutionnalité du dispositif dont il est à l'origine dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2002.
En effet, le 26 octobre dernier, l'Assemblée nationale adoptait l' article 26 A du PLFSS pour 2002 , qui institue une garantie de ressources pour les demandeurs d'emploi ayant cotisé au moins 160 trimestres à l'assurance vieillesse mais qui ne peuvent partir à la retraite parce qu'ils n'ont pas encore 60 ans.
Or, cette garantie de ressources serait financée par le fonds de solidarité , établissement public à caractère administratif créé par le décret n° 82-1001 du 26 novembre 1982 et chargé de financer les allocations chômage de solidarité (ASS, ASA et allocation d'insertion). Ses ressources sont donc constituées, notamment, d'une subvention de l'État, inscrite au budget de l'emploi (1,07 milliard d'euros - 7,02 milliards de francs - inscrits au chapitre 46-71 article 50 du projet de budget de l'emploi pour 2002). Elle relève donc, non pas du PLFSS, mais du PLF : elle constitue donc un « cavalier social » , comme l'a très justement relevé notre collègue Alain Joyandet, rapporteur pour avis du PLFSS au nom de la commission des finances 13( * ) . La secrétaire d'État aux droits des femmes et à la formation professionnelle, qui présentait le présent article à l'Assemblée nationale, indiquait d'ailleurs que cette mesure « est étrangère aux régimes de sécurité sociale » 14( * ) .
Elle justifiait l'introduction de ce dispositif en arguant que cette allocation, qui serait versée de façon dégressive jusqu'à un plafond de 1.372,04 euros (9.000 francs) pour une personne seule et de 1.981,84 euros (13.000 francs) pour un couple, est assortie de plafonds « relevés par rapport à ceux qui figurent dans l'amendement du gouvernement adopté en PLFSS [l'article 26 A] - respectivement 7.300 et 12.000 francs 15( * ) - qui auraient produit un effet de seuil trop important ». Elle concluait : « l'allocation équivalent retraite sera donc une allocation spécifique, elle touchera plus de personnes et leur offrira une garantie de ressources supérieure au régime antérieur de l'ASA ».
A la question posée par M. Gérard Bapt, rapporteur spécial des crédits de l'emploi de l'Assemblée nationale, de préciser les différences existant entre le dispositif de l'article 26 A du PLFSS et celui du présent article, la secrétaire d'État a donné l'explication suivante : « l'amendement du gouvernement reprend le dispositif voté il y a quelques jours, en le simplifiant. Il fusionne dans une allocation spécifique nommée allocation équivalent retraite, les deux constituants ASS majorée et ASA ». Le coût de cette nouvelle allocation est estimé à 45,73 millions d'euros (300 millions de francs) en 2002, et le nombre de ses bénéficiaires potentiels entre 50.000 et 100.000, soit du simple au double!
Ainsi, l'article 26 A n'a plus lieu d'être, et le gouvernement a donné un avis favorable à l'amendement de suppression de cet article, adopté par le Sénat au cours de l'examen du PLFSS pour 2002. Il apparaît ainsi que le gouvernement avait présenté dans la précipitation un dispositif mal conçu, contraire à la constitution, et dont les modalités de financement n'étaient pas précisées, mais qui lui paraissait sans doute tenir lieu de réforme des retraites...
Il convient d'ajouter que la question de la garantie de ressources des bénéficiaires de l'ASA est déjà traitée par l'article 66 bis du projet de loi de modernisation sociale, du reste adopté dans les mêmes termes par les deux assemblées.
Enfin, l'essentiel des dispositions du présent article relèvent du domaine réglementaire. En effet, pourquoi le gouvernement ne publierait-il pas un nouveau décret d'application de la loi du 17 avril 1998 précitée, afin de modifier les dispositions actuelles régissant cette question ?
Ce faisant, il aurait bien sûr perdu le principal avantage de cette manoeuvre législative peu glorieuse, à savoir un affichage politique destiné à sa majorité plurielle, au groupe communiste en particulier 16( * ) .
Dès lors, votre commission ne peut que vous proposer de supprimer le présent article, car il ne lui paraît pas acceptable de cautionner les acrobaties législatives et politiques du gouvernement, en particulier le choix qu'il a volontairement assumé, dans un souci de pur affichage, de présenter une disposition inconstitutionnelle, non financée, et présente dans une loi en vigueur ainsi que dans un texte en navette.
Réponses de la ministre de l'emploi et de la solidarité
au
questionnaire que votre rapporteur spécial lui avait
adressé,
le 5 juillet 2001, et portant sur le
référé de la Cour des comptes
du 16 mars 2000 relatif
aux actions de communication
et d'information du ministère de
l'emploi et de la solidarité
(exercices 1992 à
1998)
Question n° 1
Indiquer, pour chaque année depuis 1992 et jusqu'en 2001, le montant
des dotations budgétaires, initiales et effectivement
dépensées, consacrées aux actions de communication et
d'information du ministère de l'emploi et de la solidarité
(section emploi). Préciser leur part au sein de l'ensemble des
dépenses de communication et d'information des départements
ministériels.
Réponse
Question n° 2
Présenter la direction de la communication du ministère de
l'emploi : organigramme, nombre d'emplois budgétaires et effectifs,
budget de fonctionnement...
Réponse
La faiblesse de la consommation au 1
er
semestre 2001 est
justifiée par le report des actions de communication 2001 au second
semestre. Les campagnes lancées au 2
ème
semestre
concernent les 35 heures dans les PME, la consolidation des nouveaux services
emplois-jeunes et la validation des acquis de l'expérience.
Question n° 3
Présenter les principaux axes du plan de communication du
ministère de l'emploi.
Réponse
Le programme des actions nationales d'information et de communication pour
l'année 2001 s'appuie sur les axes prioritaires du programme pluriannuel
de modernisation (PPM) du ministère, les objectifs prioritaires de la
politique de l'emploi et de la formation professionnelle ainsi que le
développement du dialogue social. Les axes prioritaires du PPM sont
déclinés en objectifs prioritaires, objectifs qui se traduisent
essentiellement par le développement des sites Internet et Intranet et
l'optimisation des crédits pour la sous-direction de la communication.
1. Les moyens budgétaires disponibles
Il convient de rappeler, tout d'abord, que le budget de communication
s'élève cette année à 13,40 millions d'euros (87,9
millions de francs) contre 14,64 millions d'euros (96,06 millions de
francs) en 2000. La diminution apparente du budget s'explique par le fait qu'en
loi de finances 2001, les dépenses relatives aux travaux d'impression et
de personnalisation du chèque emploi-service, jusqu'alors pris en charge
par le ministère, ont été transférés sur le
budget de l'ACOSS. L'économie réalisée par le
ministère (2,29 millions d'euros, soit 15 millions de francs) a permis
de redéployer une partie de ces crédits au sein du budget de
communication. De ce fait, le budget est à structure constante en
augmentation de 7,1 %. D'autre part, le ministère poursuit depuis
plusieurs années un objectif de déconcentration des actions de
communication au niveau régional pour permettre aux services
déconcentrés de mener des actions de communication de plus en
plus nombreuses à destination du public. C'est la raison pour laquelle
chaque année une partie du budget de communication du ministère
est déléguée aux services déconcentrés. En
2001, ce sont 25 % des crédits de communication disponibles qui ont
été ainsi réservés aux actions de communication
locales et délégués aux services
déconcentrés du ministère.
La volonté d'optimisation des moyens dont dispose le ministère
conduit à développer la recherche d'économies
d'échelle lors de la passation de commandes répétitives
telles que les prestations d'impression et de diffusion. Plusieurs
marchés-cadres ont donc été passés ou
renouvelés afin d'obtenir la fourniture de prestations de qualité
aux meilleures conditions. Après les marchés relatifs à
l'impression de brochures et documents d'information, celui relatif à
l'organisation de la présence du ministère sur les
différents salons professionnels, sur les marchés relatifs au
routage des documents et à l'achat d'espaces publicitaires dans les
médias ont complété en 2001 la gamme des outils de
communication qui peuvent être utilisés dans des conditions
optimales de rapidité et de qualité au meilleur prix.
2. L'usager au coeur de l'action du service public de l'emploi
La nécessité qui s'impose au ministère de poursuivre un
certain nombre d'actions d'information, de renseignement et d'édition
constitue un élément déterminant dans la définition
de la politique de communication. Ceci concerne le renseignement
téléphonique (service Info-Emploi et le service
spécialisé Info-Emploi 35 heures) qui représente une
dépense de 1,22 million d'euros (8 millions de francs) par an, les
développements du site Internet et de ses sous-domaines, la maintenance
du service télématique, l'édition des deux bulletins
officiels, les développements de l'Intranet, l'édition des
périodiques et publications officielles (Revue Travail-Emploi ;
Diagonales ; Bilans et Rapports annuels, etc.) en particulier. Ces efforts
sont démultipliés en région par la publication
régulière des études et statistiques sur les
marchés du travail locaux, les résultats d'études
spécifiques (particulièrement en matière de santé
et sécurité au travail), la diffusion de bonnes pratiques et
celle des documents d'information pour le grand public en relation avec les
services locaux (droits et mesures pour les travailleurs handicapés,
aides à la création d'entreprise, mesures pour l'insertion
professionnelle des jeunes et des chômeurs de longue durée,...).
Dans ce contexte, les actions prioritaires ont été fixées
de la manière suivante après consultation des directions
opérationnelles :
- le renforcement de la communication sur la mise en place des 35 heures
dans les entreprises de 20 salariés et moins, tant au plan national
qu'au niveau local ;
- l'accompagnement, là encore tant national que local, des mesures de
consolidation du programme nouveaux services-emplois jeunes ;
- le lancement d'une nouvelle campagne d'information relative à
la validation des acquis de l'expérience ;
- le lancement d'une campagne d'information sur la
lutte contre
l'exclu
sion
, mettant l'accent plus particulièrement sur
l'accès aux droits et aux dispositifs d'insertion ;
- l'accompagnement par une campagne d'information nationale de la nouvelle
programmation du Fonds social européen
;
- la préparation des prochaines élections prud'homales de
décembre 2002 ;
- l'accompagnement du programme prioritaire de l'action de l'inspection du
travail notamment en matière de prévention des risques
professionnels et de santé au travail (agents
cancérogènes, éthers de glycol, etc.).
L'ensemble de ces priorités va donc structurer l'ensemble des actions
externes de communication, la politique éditoriale, la politique
audiovisuelle ainsi que la communication interne.
Celle-ci se traduira également par des actions spécifiques
liées à la mise en place de la réduction du temps de
travail au sein du ministère, au passage de la monnaie unique ainsi
qu'à l'accompagnement du nouveau schéma directeur des
systèmes d'information et de la réforme du corps des
contrôleurs du travail en particulier.
L'annexe ci-jointe retrace l'essentiel des actions envisagées cette
année, ainsi que les manifestations spécifiques qui pourront
être prises en charge (séminaires inter-régionaux ;
colloques scientifiques...).
Question n° 4
Quelles sont les cinq principales campagnes d'information et
opérations de communication actuellement conduites par le
ministère de l'emploi ? Préciser leur objet, les objectifs
poursuivis, le calendrier, le coût, les prestataires retenus, les
modalités de passation des marchés publics
déterminées...
Réponse
Il convient au préalable de signaler la préparation d'une action
nationale d'information pour accompagner la RTT dans les petites
entreprises : la mobilisation enclenchée avec les plans d'action
locaux à la rentrée 2001 se poursuivra et sera accompagnée
par la diffusion d'une information de qualité, mettant notamment
à profit les opportunités offertes par le site Internet (guide 35
heures « pas à pas » avec une ergonomie
adaptée aux préoccupations des PME, service de traitement des
messages dédié aux 35 heures). Un dépliant
actualisé présentant de manière simple les
opportunités du passage aux 35 heures dans les très petites
entreprises devrait être diffusé courant novembre 2001, avec une
série d'annonces dans la presse quotidienne régionale, une fois
défini le nouveau cadre réglementaire.
Les modalités précises de cette campagne n'étant pas
arrêtées, la présentation ne peut en être faite de
manière précise.
Les cinq actions sélectionnées relèvent par contre de
procédures de consultation en cours ou terminées.
Action n° 1 : Prévenir l'exclusion et lutter contre la
pauvreté : améliorer l'accès aux droits
fondamentaux
Le rapport 2000 de l'Observatoire de la pauvreté et de l'exclusion
sociale confirme que les droits fondamentaux restent encore insuffisamment
connus. D'une manière générale, comme le souligne le
rapport précité, «
le manque d'information, la
complexité des procédures, l'éparpillement des guichets
sociaux, les conditions de versement des aides inadaptées à
l'urgence du besoin sont autant d'obstacles à l'accès aux droits
des personnes en difficulté
».
Le Gouvernement réaffirme la nécessité de
développer dans le domaine de l'exclusion, des actions de
sensibilisation et d'information vers les usagers, les publics relais, les
associations, afin de faire reculer l'exclusion, de mieux accompagner les
demandeurs d'emploi. Cela ne peut se faire sans une mobilisation de tous :
Etat, collectivités territoriales, acteurs sociaux...
1. Les objectifs poursuivis
L'Etat et ses services déconcentrés (DRASS, DDASS, DRTEFP,
DDTEFP) ont un rôle déterminant à jouer en liaison avec les
principaux acteurs de la lutte contre les exclusions que sont les
« prescripteurs » (ANPE, CAF, ASSEDIC, missions locales),
les collectivités territoriales (communes/CCAS, départements) et
le monde associatif. La mobilisation de l'ensemble des services
concernés se heurte à la multiplicité des guichets et
lieux d'accueil qui rendent complexes l'accès à l'information et
sa diffusion. Une stratégie globale de communication assortie d'un
dispositif tenant compte des liens existants entre les enjeux du programme sera
mise en oeuvre avec le soutien d'une agence de communication qui aura pour
mission de fournir les outils adaptés permettant :
- d'informer sur l'ensemble des droits fondamentaux que sont l'accès aux
ressources, au logement, à la santé, à l'éducation
et à la participation à la vie sociale, à la culture, aux
vacances... ;
- favoriser l'accès aux dispositifs existants en s'appuyant en
priorité sur le réseau de proximité que constituent les
acteurs locaux et partenaires de l'Etat, au niveau national et local ;
- donner une information homogène à l'ensemble des acteurs
intervenant dans la lutte contre les exclusions.
2. Les axes de communication
? Coordonner les actions de communication mises en oeuvre au niveau national
par l'Etat et les services déconcentrés. Il est essentiel, d'une
part, d'assurer la déclinaison locale de la communication nationale,
mais également de valoriser et développer les initiatives locales
de proximité dont l'objet est l'information des publics
concernés, voire de s'appuyer sur celles déjà mises en
oeuvre et de renforcer la cohérence globale de l'ensemble du dispositif.
? Tenir compte des inégalités d'accès à
l'information et faire en sorte de ne pas les aggraver. Dans cette perspective,
les outils de communication présentant les droits devront être
clairs, faciles d'accès et adaptés aux publics rencontrant des
difficultés particulières (situations de grande
précarité et également handicaps sensoriels,
difficultés de lecture,...).
Le ministère (secteurs emploi et solidarité) engagera une
campagne nationale d'information qui devra s'inspirer de ces principes. Elle ne
pourra atteindre les objectifs fixés sans la participation active des
services déconcentrés et l'affectation d'une part importante des
crédits de fonctionnement à la réalisation d'actions de
communication qui complèteront et enrichiront les actions
engagées au plan national selon des modalités adaptées aux
spécificités locales.
3. Indicateurs de résultat
Niveau d'information des chômeurs sur les mesures d'insertion et de
réinsertion professionnelle (baromètre de la communication
gouvernementale).
Coût : 1,83 million d'euros (12 millions de francs) pour le secteur
emploi
Prestataire retenu : sélection en cours
Calendrier : démarrage en 2002
Modalités de passation des marchés publics : appel d'offre
sur performance
Action n° 2 : la consolidation du programme « nouveaux
services-emplois jeunes »
Les décisions de juin 2001 nécessitent une communication
importante sur le programme. Une brochure avec l'exhaustivité des
annonces a d'ores et déjà été diffusée aux
services et partenaires institutionnels.
Il est utile de rappeler également que le service de la communication du
ministère a d'ores et déjà réalisé une
nouvelle série de films autour de la consolidation des activités
et l'avenir des nouveaux services.
Un court métrage d'une dizaine de minutes présente les temps
forts des expériences filmées. La lettre nouveaux services, dont
la parution a été suspendue au premier semestre dans la
période de préparation des mesures, va également reprendre
son rythme habituel de parution avec un numéro spécial
consacré à l'avenir du programme qui sera diffusé en
octobre 2001. L'attachement des lecteurs et des services à cette
publication témoigne bien de son ancrage dans la vie du programme.
Il va de soi que les supports habituels de diffusion des informations ne seront
pas négligés (dépliants, brochures, guides pratiques) et
un nouvel effort sera fait par le service de communication pour la
réédition du guide du salarié, déjà
largement diffusé, et celle du mode d'emploi du programme en
intégrant les dispositions annoncées.
Le service communication proposera également avant la fin de
l'année et en liaison avec les correspondants régionaux, la mise
à disposition de cédéroms intégrant des
présentations adaptables des différentes mesures que les services
du ministère pourront personnaliser localement.
Le site Internet du programme sera également dynamisé en offrant
des services personnalisés et un forum d'expression : les dossiers
employeurs
y seront directement téléchargeables.
Le calendrier : octobre 2001/fin 2002
Le budget :
- les crédits de communication déconcentrés au niveau
régional seront utilisés en tant que de besoin pour le
financement des actions d'information organisées localement
conformément aux priorités définies pour l'année
2001 et qui seront poursuivies en 2002 ;
- les crédits nationaux sont mobilisés pour la publication de La
lettre nouveaux services, la confection d'un cédérom et la
réédition du guide du salarié.
Le prestataire de la lettre « emploi-jeune » : la
société Citizen Press à la suite d'un appel d'offre sur
performance réalisé en 2001. Les marchés d'impression
seront utilisés pour l'édition des dossiers diffusés aux
employeurs.
Action n° 3 : Accompagner le développement des
compétences et des qualifications des salariés
1. Objectifs poursuivis
A l'occasion de la promulgation de la loi de modernisation sociale, le
secrétariat d'Etat aux droits des femmes et à la formation
professionnelle mettra en place, fin 2001, une action d'information large sur
la validation des acquis de l'expérience. Cette action a pour objectif,
d'une part, d'informer et de valoriser auprès des prescripteurs et des
bénéficiaires finaux l'existence et les moyens d'accès
à la valorisation des acquis de l'expérience, et, d'autre part,
de sensibiliser et de mobiliser les relais qui peuvent devenir des
prescripteurs.
Le plan hors média : l'agence retenue fera une proposition, en
matière de stratégie hors média, étant
précisé que la diffusion d'une information complète et
rapidement accessible aux prescripteurs et aux bénéficiaires
finaux (salariés, travailleurs indépendants, demandeurs
d'emploi), constitue un préalable à la réussite de cette
opération.
L'agence devra proposer un concept créatif intégrant un visuel
ainsi qu'une signature spécifique au dispositif validation des acquis de
l'expérience, qui devra être déclinable en fonction du
niveau de mise en oeuvre (national/région). L'agence prendra à sa
charge la création, à partir du concept
sélectionné, la maquette, l'exécution graphique, le
secrétariat de rédaction et la fourniture des
éléments numériques d'un guide pratique d'information
(base environ 40 à 50 pages, format A5) à destination des
relais prescripteurs. L'agence fournira les mêmes prestations pour la
réalisation d'un dépliant d'information générale (3
ou 4 volets maximum, format A4). Ce document sera édité à
destination de l'ensemble des bénéficiaires potentiels. Un projet
d'affichette devra être également proposé.
L'impression et l'acheminement seront effectués dans le cadre des
marchés existants.
Le plan média : Le secrétariat d'Etat aux droits des femmes
et à la formation professionnelle prévoit d'insérer des
annonces dans la presse, courant novembre et décembre 2001. Pour ce
faire, l'agence devra fournir dans son offre des projets d'annonces. Elle
prendra à sa charge la conception l'exécution, la gravure
(couleur et noir et blanc), la fabrication des éléments
techniques, la réalisation, l'achat d'art et les droits.
La prestation d'achat d'espaces prévue dès janvier 2002 sera
effectuée directement par l'administration dans la cadre d'un
marché existant entre le ministère de l'emploi et de la
solidarité et la société Initiatives Média.
L'ensemble des réalisations et des visuels seront gravés et
dupliqués sur des cédéroms (150 exemplaires) qui
seront diffusés par l'administration, aux chargés de
communication des directions régionales du travail, de l'emploi et de la
formation professionnelle, aux rectorats d'Académies ainsi qu'aux
directions régionales de l'AFPA. La jaquette, conçue comme un
livret d'accompagnement, devra être suffisamment explicative.
Calendrier : cette action d'information débutera en
novembre/décembre 2001 pour se terminer début 2002.
Budget : le budget maximum ne devra pas dépasser 0,76 million
d'euros (5 millions de francs) TTC. Le budget hors média de la campagne
est de 0,09 million d'euros (0,6 million de francs).
La sélection du prestataire est en cours.
Action n°4 : information sur les élections
prud'homales de décembre 2002
L'enjeu majeur fixé pour le scrutin de 2002 est d'obtenir une
augmentation du taux de participation et d'inverser sa tendance constante
à la baisse constatée lors des derniers scrutins.
Le marché passé avec l'agence Young et Rubicam à la suite
d'un appel d'offre sur performance comporte deux niveaux d'intervention.
L'objectif fondamental de ces actions est d'inciter les cibles
concernées à l'inscription et au vote. Cet objectif se
décline en objectifs opérationnels et prévoit
différents axes de communication.
?
Objectifs : l'incitation à l'inscription et au vote, qui se
décline en trois objectifs opérationnels :
- mobiliser tous les acteurs concernés à chaque étape de
l'opération : le plan de campagne visera à obtenir la
participation optimale de l'ensemble des acteurs externes (déclarants et
électeurs) tant en ce qui concerne la constitution des listes
électorales que le scrutin. La campagne portera de manière
équilibrée sur les deux phases clés du scrutin ;
- valoriser l'institution prud'homale au-delà des seuls enjeux des
élections : les conseils de prud'hommes sont l'institution de
défense et de recours des salariés la moins connue des
Français, même s'ils sont tous susceptibles d'y avoir recours dans
le cadre de leur relations de travail. Un défaut d'information important
porte également sur l'organisation et le fonctionnement de cette
juridiction ainsi que sur ses compétences exactes ;
- soutenir la mission des différents acteurs locaux qui devront
participer activement, dans le cadre de leur ressort, à l'information
des différents publics : un dispositif d'information est
prévu par le titulaire du marché afin de permettre aux mairies,
aux préfectures et aux services déconcentrés du
ministère de l'emploi, ainsi qu'aux différents relais, de
transmettre ces informations.
• Axes de communication
- Une campagne informative et pédagogique : la mobilisation de
l'électorat est fortement corrélée à son niveau
d'information. Un axe majeur de la nouvelle campagne devra reposer sur la mise
en valeur du rôle de l'institution prud'homale, à la fois dans sa
réalité quotidienne et dans sa signification sociale.
- Une campagne facilement « relayable » : la
finalité est de sensibiliser les relais d'opinion aux enjeux
prud'homaux, afin de susciter débats et réflexions de
manière autonome. A ce titre, le thème des prud'hommes et des
élections prud'homales sera mis en perspective dans un contexte
élargi aux problèmes de société (le civisme, la
parité, la lutte contre la discrimination...).
- Obtenir l'implication des acteurs institutionnels : il s'agit à
la fois de leur fournir des informations claires et précises pour leur
permettre de mener à bien les différentes missions qui leur sont
confiées et de susciter l'adhésion de ces partenaires aux
nouveautés du processus, afin d'en garantir sa bonne utilisation et son
efficacité. L'information à diffuser est d'ordre
général, juridique ou technique selon le public visé. Son
niveau de complexité est souvent élevé. Il faudra savoir
moduler l'information aux différents types de demandeurs.
Calendrier : fin 2001/décembre 2002
Budget
: 5,11 millions d'euros (33,5 millions de francs)
imputés sur le chapitre 37-62 « Élections
prud'homales » destiné au financement des opérations
relatives à l'organisation des élections prud'homales qui auront
lieu en 2002.
Action n° 5 : l'intervention du Fonds social européen en
France
1. Objectifs poursuivis
1/ Présenter le Fonds social européen en France et expliquer ses
enjeux et les modalités de son intervention, l'objectif
étant :
- de favoriser une meilleure visibilité de l'impact de l'action de
l'Union européenne en faveur des politiques d'emploi et de formation en
France, en complément des politiques nationales ;
- mais également de faire progresser l'idée de citoyenneté
européenne, en renforçant le sentiment d'appartenance à la
Communauté européenne grâce à une meilleure
visibilité des actions cofinancées dans les domaines de l'emploi,
de la formation, de la lutte contre les discriminations et les
inégalités sur le marché du travail.
2/ Informer l'ensemble des acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du
FSE sur les principes et les modalités de la nouvelle période de
programmation, ainsi que les bénéficiaires directs, les relais
d'information et le grand public sur l'impact de son intervention auprès
des citoyens.
3/ Soutenir le ministère de l'emploi et de la solidarité
(délégation générale à l'emploi et à
la formation professionnelle (DGEFP), le département FSE et les services
déconcentrés de l'Etat, notamment les directions
régionales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle
et, le cas échéant, les autres institutions du service public de
l'emploi (ANPE et AFPA), en dotant le niveau national d'outils de communication
et d'information, en facilitant leur démultiplication au plan
régional et en favorisant la capitalisation des actions menées
par ces services, en interne et en externe.
2. Les axes de communication
1/ Le plan hors média : la diffusion en nombre d'une information
complète et rapidement accessible aux acteurs impliqués dans la
mise en oeuvre du FSE au plan national comme au plan régional constitue
une condition de la réussite de l'opération. L'agence proposera
des documents d'information
de toute nature selon les cibles
identifiées tels que des documents de présentation
générale déclinables par région, des documents
spécifiques par programme, des supports simplifiés, des
illustrations des bonnes pratiques...
Afin de décliner les différents documents nationaux
réalisés dans le cadre de la campagne, l'agence devra faire des
propositions en matière d'appui technique à la réalisation
sous forme de conseils et de kits de communication. Ces outils pourront
être utilisés par les partenaires institutionnels régionaux
pour des réunions à vocation interne comme externe ou pour la
réalisation de supports spécifiques à destination des
bénéficiaires « ultimes ». Ces
déclinaisons sont également mises à disposition de
l'ensemble des partenaires nationaux en charge d'informer les
bénéficiaires finaux, dans le cadre de leur domaine
d'intervention.
2/ Le plan média devra toucher le grand public, les
bénéficiaires potentiels et les organismes relais en ayant une
couverture nationale. L'agence retenue sera chargée d'établir la
recommandation stratégique d'ensemble et de proposer les supports, les
formats et les partenariats avec les médias qui lui paraissent les plus
adaptés pour atteindre les objectifs de la campagne.
Calendrier : février 2002/décembre 2003
Budget : 2,44 millions d'euros (16 millions de francs) sur 2 ans, dont 50
% financés par le FSE
Mode de passation du marché : appel d'offre sur performance
Prestataire retenu : sélection en cours
Question n° 5
Quelles sont les méthodes utilisées par le ministère de
l'emploi pour évaluer l'impact de ses campagnes d'information et
opérations de communication ?
Réponse
La sous-direction de la communication du ministère de l'emploi
étant divisée en trois bureaux, respectivement en charge de la
communication externe (BCE), des éditions et de la communication interne
(BECI), et de la gestion administrative et comptable ainsi que de l'audiovisuel
(BMDC), il est loisible d'observer que les évaluations sont
menées par chacun des bureaux dans le domaine qui le concerne.
Ainsi, conformément aux diverses circulaires du service d'information du
gouvernement (SIG), le bureau chargé de la communication externe fait
réaliser à l'occasion de chaque grande campagne, les
pré-tests et les post-tests permettant d'en mesurer les effets, ou a
fait réaliser une étude qualitative sur le site Internet du
ministère qui a conduit à sa refonte partielle un an après
son ouverture... Pour sa part, le bureau chargé des éditions a
fait réaliser une étude de lectorat du journal interne
Diagonales, tandis que le bureau responsable de l'audiovisuel a eu recours
à un sondage pour évaluer la satisfaction des utilisateurs de la
vidéothèque « Modes d'emplois » et, plus
généralement, des audiovisuels produits par le ministère.
Il a également fait réaliser par un consultant l'analyse des
coûts exposés par certaines opérations importantes
(campagne 35 heures de 1998). Les études qualitatives sont
systématiquement menées par des instituts
spécialisés dans les enquêtes d'opinion après mise
en concurrence et en liaison avec le SIG.
Hormis ces opérations, le suivi de l'impact des actions d'information et
de communication est la participation au baromètre mis en place par le
SIG pour une dizaine de départements ministériels. Celui-ci
permet de mesurer, de manière régulière, l'impact de
l'information diffusée ainsi que le degré de
notoriété atteint par les dispositions émanant du
ministère et par ses services et ses établissements sous tutelle.
Il convient de relever que, du fait du caractère global et
régulier de cette évaluation, elle permet de tirer des
enseignements qui constituent un premier élément de
détermination des priorités en matière de communication
dans la mesure où elle indique les attentes du public et son
degré de satisfaction dans les domaines d'intervention concernés.
La situation est généralement similaire dans les services
déconcentrés. Ceux-ci entreprennent des actions de communication
dont les thèmes sont définis en référence à
la fois aux nécessités locales et aux politiques nationales. Dans
ce contexte, la sous-direction de la communication assure une fonction
d'animation et de coordination. Cette position centrale lui assure une vision
générale de ce qui est conduit régionalement. Le suivi et
l'évaluation des actions des services déconcentrés
s'inscrivent, en conséquence, dans le cadre général de
cette démarche de la sous-direction.
Question n° 6
Quelles mesures ont été ou seront prises afin
d'améliorer les études-bilans des résultats
obtenus ?
Réponse
Outre la systématisation des études ponctuelles depuis 1994,
rendue possible par un accroissement de la dotation budgétaire initiale
affectée aux actions d'information et de communication, la
sous-direction de la communication s'investit de manière plus active
dans le baromètre de la communication gouvernementale. Y ajoutant des
questions précises sur l'évolution de la connaissance et du
comportement du public, notamment sur les sujets prioritaires de la
période, la sous-direction de la communication l'utilise aujourd'hui
comme un des instruments de pilotage de ces actions.
Au-delà de ces démarches traditionnelles, une réflexion de
fond a été entreprise en 2001 pour la mise en place d'indicateurs
pérennes qui permettraient le développement d'un suivi
régulier et une orientation générale des actions
subséquentes. A titre d'illustration, est envisagée la mise en
place d'une analyse systématique des lectorats des ouvrages et
périodiques édités par le ministère. Un tel choix
intervient dans le contexte plus large d'une réflexion
interministérielle sur la communication publique dans laquelle
apparaissent des préoccupations du même ordre dans des
départements ministériels tels que le ministère de la
défense ou celui de l'économie. En tout état de cause, ce
développement devrait donner dans l'avenir à la communication
publique un caractère de pertinence accru.
Question n° 7
Présenter un bilan très complet (calendrier, coût,
prestataires, public concerné et touché, résultats
obtenus...) du plan de communication réalisé sur la
réduction du temps de travail.
Réponse
1. Avant la promulgation de la loi
En amont de la discussion et de l'adoption de la loi du 13 juin 1998
relative à la réduction du temps de travail, des réunions
nationales et locales organisées par le ministère et son cabinet
pour informer et débattre du projet de loi après la
conférence nationale du 10 octobre 1997 ont été
menées avec les partenaires sociaux, les employeurs et les services
déconcentrés du ministère durant le dernier trimestre 1997.
Au moment de la présentation du projet de loi en conseil des ministres,
le 10 décembre 1997, un dossier élaboré par le
service de presse du Cabinet en liaison avec les services compétents de
la DGEFP et de la DRT a été établi. Constitué
notamment d'une brochure pédagogique et accompagné d'une lettre
conjointe de la ministre de l'emploi et de la solidarité et du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, ce
dossier édité à près de 600.000 exemplaires a
été diffusé aux entreprises de plus de
20 salariés en décembre 1997 et janvier 1998.
En 1998, deux réunions nationales de travail sur le thème de la
réduction du temps de travail ont été organisées en
janvier et février par le ministère, à l'attention des
directeurs départementaux et régionaux du travail et des ARACT,
d'une part, et à l'attention des agences et sociétés de
conseil, d'autre part.
2. La campagne nationale d'information
Le lancement, dès la fin 1997, d'une campagne nationale d'information
sur la réduction du temps de travail a permis sa mise en oeuvre
dès le lendemain de la promulgation de l'ensemble des textes
législatifs et réglementaires d'application à la fin juin
1998.
La campagne nationale d'information mise en oeuvre par l'agence de
communication Stratéus de la fin juin 1998 à la fin
février 1999 s'est déroulée en trois phases successives.
La première phase (fin juin/début juillet 1998) avait pour
objectif de rendre possible le lancement effectif des négociations au
sein des entreprises en mettant à disposition des acteurs de la
négociation et des services de l'Etat les « outils »
d'explication de la loi du 13 juin.
Cette phrase s'est traduite à la foi par une série d'insertions
dans la presse quotidienne régionale et nationale valorisant le message
général de la campagne : « 35 heures, du temps
pour soi, une chance pour l'emploi » et par la production et la
diffusion d'une brochure « 35 heures, mode d'emploi »
éditée à 700.000 exemplaires.
Cette brochure, diffusée en interne au sein des services du
ministère, aux préfectures, à l'ANPE, à l'ANACT (et
dans les ARACT) et dans les autres services de l'Etat (DRASS, DDE...) a
été adressée à la fin août 1998 aux
organisations syndicales, aux représentants du personnel et aux
employeurs de vingt salariés et plus.
Durant l'été, étaient mis en place un renforcement du
service de renseignements téléphoniques par mise à
disposition d'une ligne dédiée (08.03.35.2000), une extension du
service télématique 36-15 Emploi et l'ouverture d'un sous-domaine
du site Internet du ministère consacré aux 35 heures avec
accès direct (www.35h.travail.gouv.fr) et ouverture d'un forum
(questions/réponses).
La seconde phase de la campagne (fin août/début septembre 1998),
prenant appui sur les premiers accords conclus par les entreprises, avait pour
objectif d'inciter les acteurs de la négociation à
« passer à l'acte ».
Cette phase a consisté à déployer dans l'ensemble des
villes de plus de 60 000 habitants des affiches
(4 différentes) mettant en scène des acteurs (chefs
d'entreprises et salariés) d'entreprises ayant conclu un accord de RTT
et à diffuser sur les principales stations de radio des messages
présentant des cas réels de réduction du temps de travail.
Ces supports médiatiques renvoyaient systématiquement sur les
dispositifs de renseignement (téléphone, Minitel et Internet).
A partir de la rentrée de septembre, était assurée la
diffusion d'une dépêche hebdomadaire destinée à
10 000 relais, informant de l'avancement de la loi.
Parallèlement à cette phase nationale de la campagne, l'ensemble
des services déconcentrés a décliné les actions
d'informations nationales à partir des supports techniques mis à
disposition (visuels, charte graphique, textes adaptés au plan local
avec personnalisation).
Par ailleurs, les services régionaux, avec le réseau des
chargés de communication auprès des directeurs régionaux
du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, ont organisé
des rencontres et réunions locales notamment avec les employeurs,
participé à des salons professionnels ou aux salons de
comités d'entreprises de l'automne 1998.
La troisième phase de la campagne d'information de la fin 1998 et du
début 1999 a consisté à valoriser les premiers
résultats et les premiers exemples concrets de la mise en oeuvre de la
loi du 13 juin et à permettre l'approbation globale de la
démarche par les acteurs.
Ceci s'est traduit notamment par une diffusion à
500.000 exemplaires d'une brochure présentant des exemples
d'accords (« 35 heures en pratique ») par la
production et par la déclinaison en région des supports
d'information (édition de lettres régionales sur les
35 heures comme en Alsace ou en Bretagne), et par la production et
déclinaison d'un document tiré à plus de
20 000 exemplaires et plus particulièrement destiné aux
entreprises de moins de 20 salariés (document
« 35 heures spécial petites entreprises »).
Une actualisation permanente des données consultables sur Internet fut
assurée ainsi qu'une augmentation sensible des appels au service de
renseignement téléphonique dédié aux 35 heures.
Durant la fin 1998 et le début 1999, le ministère a
organisé en partenariat avec sept stations locales de Radio France des
journées spéciales sur la RTT et diffusé un CD de
questions-réponses sur la loi à plus de 700 stations
radiophoniques.
Renforcée par un transfert d'un million de francs du SIG en août
1998, la campagne nationale d'information consacrée aux 35 heures a
occasionné une dépense totale de 4,54 millions d'euros (29,8
millions de francs), dont 2,52 millions d'euros (16,5 millions de francs)
d'achats d'espaces (presse, radio et affichage) durant la période fin
juin 1998/fin février 1999.
3. Les actions complémentaires menées par le
ministère
Sur le plan éditorial, outre les documents précités mis en
place dans le cadre de la campagne proprement-dite, le ministère a
assuré l'édition de l'ensemble des textes de
référence regroupés dans un numéro spécial
du Bulletin Officiel, et l'édition d'un guide de sa collection
Transparences à la Documentation Française, consacré
à l'aménagement et à la réduction du temps de
travail.
Au début de 1999, dans la collection « le Point
sur » le ministère publia aux éditions des Journaux
Officiels, l'ensemble des textes applicables replacés dans le contexte
général du code du travail.
En avril 1999, le ministère a édité et diffusé
à 30.000 exemplaires un document intitulé « 35
heures Forum » présentant des points de vue d'experts de la
RTT afin de contribuer au débat autour de cette politique.
A la fin du premier semestre, le ministère a élaboré et
diffusé à 500.000 exemplaires un premier bilan de la loi de
juin 1998.
A l'issue de la campagne menée dans le cadre du marché
passé avec l'agence de communication, l'administration (DAGEMO) a
assuré la maintenance et le développement des principaux supports
d'information, en particulier la diffusion hebdomadaire de la
Dépêche 35 heures, la co-maintenance du site Internet du forum
dédié ainsi que la plate-forme téléphonique
« Info emploi 35 heures ». Les résultats de la
fréquentation sont les suivants :
Site 35 heures 67 500 visites
1998 1 094 700 pages vues
1
er
semestre 1999 1 944 600 pages vues
Info emploi 35 heures 115 100 visites
1998 16 300 appels reçus
1
er
semestre 1999 26 700 appels reçus
4. Évaluation de la campagne
En termes d'évaluation, grâce à des études conduites
par le SIG en liaison avec le ministère, notamment en ce qui concerne
les phases « média » (insertions presse de juillet
1998 puis affichages et radio de septembre 1998), l'on peut
apprécier l'impact de cette campagne nationale.
• Un impact en progression
La deuxième vague de la campagne d'information sur les 35 heures
(septembre 1998) obtient un impact très supérieur à celui
des annonces parues dans la presse quotidienne au début de
l'été 1998 : 35 % contre 23 %.
Comme en juin, la campagne est à la fois mieux mémorisée
(score de mémorisation : 50 %) et plus souvent reconnue
(score global de reconnaissance : 37 %). Par rapport à la
première vague, les gains en matière de perception de la campagne
sont un peu plus nets chez les premiers (+ 17 points de
reconnaissance globale) que chez les seconds (+ 15). Ces résultats
sont dus pour partie à des effets de capitalisation de la
notoriété et de l'appropriation du thème de la RTT.
• Les indicateurs de satisfaction privilégient le contenu du
message
La campagne bénéficie dans l'ensemble de la population d'un
agrément global de 69 %, ce score atteignant 72 % pour les
affiches et 76 % pour les spots radio, taux supérieurs aux scores
moyens campagnes d'intérêt général (60 % et
72 %).
Si les indicateurs portant sur la forme sont un peu décevants, les
salariés jugent la campagne compréhensible (84 %), utile
(80 %) et informative (71 %), même si, dans le même
temps, 37 % la jugent confuse. Ils en apprécient le ton
(« juste » : 68 %) et la trouvent plutôt
convaincante (57 %), dans des proportions qui correspondent sur chacun de
ces points aux scores moyens des campagnes d'intérêt
général.
Les employeurs, quant à eux, sont 74 % à juger la campagne
compréhensible (standard : 85 %), 64 % utile
(standard : 85 %) et 59 % informative (standard : 70 %).
Ces jugements relativement réservés s'expliquent d'abord par
l'attitude des patrons à l'égard de la mesure annoncée,
qui alimente pour moitié les raisons pour lesquelles la campagne leur
déplaît.
Les patrons sont également moins satisfaits que les salariés de
la forme des messages : le ton est jugé
« juste » par 55 % d'entre eux (standard :
70 %), 39 % qualifient la campagne d'originale (standard :
68 %) et 38 % la trouve confuse.
Néanmoins, quels que soient le média (affichage ou radio) et la
population, la forme des messages semble en réalité assez peu
intervenir dans la détermination des jugements. Les différences
d'appréciation portées par les salariés et les employeurs,
ou les modulations d'impact entre les deux médias, semblent en effet
essentiellement liées aux attitudes à l'égard de la RTT
elle-même, ou aux bénéfices supposés en terme
d'emploi ou de temps pour soi.
• Une évolution positive des attitudes à l'égard
de la RTT
Cette deuxième vague a fait progresser les effets de sensibilisation du
public. En effet, le nombre de salariés que la campagne amène
à réfléchir sur l'organisation de leur travail passe de
49 % en juin à 61 %. La progression est elle aussi sensible
(de 48 % à 59 %) en ce qui concerne leur vie professionnelle.
Le volume des discussions générées par la campagne ne
change pas. Elles concernent 40 % des salariés mis en contact avec
les messages - un résultat honorable -, mais seulement 25 % des
entrepreneurs. C'est plutôt la nature de ces discussions qui semble
évoluer puisqu'elles paraissent se produire un peu plus qu'en juin au
sein de l'entreprise, avec les collègues (75 %, + 2 points)
et, en progrès assez net, avec les représentants du personnel ou
les syndicats (20 %, + 13 points) ou les employeurs (7 %, + 4 points).
Autre effet possible de la campagne, l'image des 35 heures
s'améliore. La prise de conscience par les salariés des
bénéfices en termes de conditions de travail (47 %, +
8 points), d'emploi (58 %, + 6 points) et de temps pour soi et sa
famille (86 %, + 2 points) progresse. Les craintes d'une
contrepartie sur les salaires baissent mais restent cependant majoritairement
partagées (58 % des salariés, - 6 points). Les
menaces sur la compétitivité des entreprises semblent elles aussi
moins présentes : 28 % l'évoquent
(- 13 points).
Chez les chefs d'entreprises, les effets possibles de la campagne sont
sensiblement plus atténués, même si leur attitude à
l'égard des 35 heures semble évoluer de manière
plutôt favorable. Ils s'accordent avec les salariés pour
reconnaître (à 84 %) la possibilité grâce à la
RTT d'avoir plus de temps pour soi et sa famille. Moins majoritaires quant aux
conséquences en matière d'emploi (32 % y pensent), leurs opinions
s'améliorent cependant de 5 points sur le premier thème et
de 1 point sur le second par rapport à juin dernier. Ils semblent
aussi un peu moins certains de l'obligation de contreparties salariales qu'au
début de l'été (65 %, - 6 points).
En outre, leur pessimisme quant aux risques de moindre
compétitivité pour les entreprises s'atténue (60 %,
- 6 points), surtout lorsqu'il s'agit de leur propre entreprise
(42 % craignent une fragilisation face à la concurrence
extérieure, 42 % ne la craignent pas).
Enfin, une opinion paraît largement partagée : celle que la
RTT entraînera plus de flexibilité, chefs d'entreprise (à
77 %) et salariés (71 %) s'accordant pratiquement sur ce
point.
1
Dans son rapport sur l'exécution
des
lois de finances pour 2002, la Cour des comptes note que « il avait
été prévu en 1997 que 350.000 emplois à temps plein
serait créés d'ici 2002. Selon la direction du budget, ce chiffre
n'est plus considéré comme un objectif de postes à
créer mais de jeunes à faire transiter par le
dispositif ».
2
Ou plutôt 8,9 % après la modification technique
apportée par l'INSEE à la méthode de calcul du taux de
chômage.
3
Non accelerating inflation rate of unemployment.
4
Rapport n° 414 ; 2000-2001.
5
Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
l'année dernière déjà, dans un article
intitulé « La politique économique de
l'emploi », paru dans le quotidien Libération du 16 octobre
2000, avait exprimé tout le mal qu'il pensait de l'application des 35
heures dans les PME !
6
Rapport d'information n° 65, « Mieux employer les
personnels du ministère de l'emploi » (2000-2001).
7
Les crédits de fonctionnement de l'Institut national du
travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (INTEFP) font l'objet
d'un regroupement, tandis que les crédits de communication sont
intégrés dans les moyens de fonctionnement de l'administration
centrale. Par ailleurs, des moyens de fonctionnement des services
déconcentrés font l'objet d'une globalisation.
8
Trajet d'accès à l'emploi
9
A compter du 1
er
janvier 1998, en application de
l'article 114 de la loi de finances pour 1998, les emplois villes ont
été supprimés
10
SIFE
11
Leur nombre est en diminution depuis 1996, notamment du fait de
la mise en place de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE). Il
convient de relever que le dispositif de l'ARPE ne donne pas lieu à
inscription budgétaire car il résulte d'un accord entre
partenaires sociaux.
12
Cette loi, résultant d'une proposition de loi du groupe
communiste de l'Assemblée nationale, avait été
adoptée dans les mêmes termes par les deux assemblées.
13
Rapport n° 61, Sénat, 2001-2002.
14
Journal Officiel, Débats parlementaires n° 71,
Assemblée nationale, page 7238.
15
Soit 1.112,88 euros et 1.829,39 euros.
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A cet égard, il convient de rappeler que M. Alain Bocquet
et l'ensemble des membres du groupe communiste et apparentés de
l'Assemblée nationale ont déposé, le 7 novembre dernier,
une proposition de loi (n° 3370) tendant à ouvrir le droit à
la retraite à taux plein pour les salariés ayant cotisé 40
annuités avant d'atteindre l'âge de 60 ans.