EXAMEN EN COMMISSION

La commission a procédé le mercredi 24 octobre 2001, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, à l'examen des crédits de l'équipement, des transports et du logement : IV.- Mer et article 73 rattaché,

M. Marc Massion, rapporteur spécial,
a tout d'abord signalé que le budget de la mer ferait désormais l'objet d'un seul et unique rapport, son collègue Claude Lise ayant accepté de lui céder ses attributions concernant la marine marchande.

Il a ensuite évoqué l'article 73 rattaché qui vise à étendre le bénéfice de la cessation d'activité anticipée aux marins ayant été exposés à l'amiante. Il a indiqué que cette mesure aurait un coût budgétaire de 0,3 million d'euros.

Puis il a abordé le projet de budget pour la mer.

Il a indiqué que les crédits inscrits au budget de la mer pour 2002 s'élevaient à 940,1 millions d'euros, en diminution de 8 % par rapport au budget voté de 2001. Cette baisse n'est qu'apparente, a-t-il précisé : elle résulte en fait du transfert de la totalité des crédits de rémunération des personnels sur la section « services communs » du budget de l'équipement, des transports et du logement. Hors personnel, le budget de la mer augmente de 1% par rapport au budget voté de l'année dernière.

Il a tout d'abord observé que la sécurité maritime demeurait, comme l'an dernier, la priorité de ce budget, et s'est félicité de ce qu'au total, les crédits de paiement consacrés à la sécurité maritime augmentent de 20 % en 2002.

Ainsi, a-t-il poursuivi, les centres de sécurité des navires qui sont chargés de contrôler les navires français ainsi que les navires étrangers en escale dans les ports, voient leurs effectifs substantiellement renforcés puisqu'il est créé 34 postes d'inspecteurs de la sécurité, ce qui porte à 104 le nombre total d'inspecteurs de la sécurité.

Il a estimé l'effort louable, bien qu'insuffisant pour atteindre l'objectif fixé par le mémorandum de Paris, soit 25 % de navires contrôlés. M. Marc Massion a indiqué que lors du naufrage de l'Erika, la France était très en deçà de ce pourcentage puisqu'elle contrôlait à peine 14 % des navires, faute de moyens humains, les inspecteurs n'étaient que 54 en l'an 2000. Il a également fait remarquer que nos voisins Anglais ou Espagnols, employaient 200 inspecteurs de la sécurité ou leur équivalent, estimant que cela laissait à la France une marge de progression confortable.

Evoquant les CROSS (centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage en mer), il a rappelé qu'ils étaient débordés, à la fois par l'extension de leurs missions et par la multiplication de leurs interventions. Il indiqué qu'en moyenne, 7000 opérations de recherche et de sauvetage étaient menées par an. Il s'est félicité de ce que cette année, la dotation dévolue aux CROSS continue d'augmenter de 40% en crédits de paiement, indiquant que cela qui permettrait de renouveler les radars et aussi d'améliorer la couverture radio actuelle.

Concernant la signalisation maritime, il a indiqué que sa dotation progressait également fortement en crédits de paiement, + 50 %, ce qui permet la poursuite du plan de modernisation des phares et balises. Il a rappelé que ce plan avait permis la construction de trois baliseurs et qu'après le baliseur côtier du Havre en 2001, l'année 2002 serait celle de la livraison du grand baliseur océanique de Brest, le baliseur océanique de Dunkerque sera livré en 2003.

Par ailleurs, afin de développer le dispositif de contrôle et de surveillance des affaires maritimes, qui assure des missions de surveillance et de police ainsi que de contrôle technique de certaines catégories de navires, il a relevé l'acquisition d'un second patrouilleur de haute mer en 2002.

En ce qui concerne la sécurité portuaire, il a indiqué qu'elle figurait, comme l'an dernier, en bonne place dans le budget de la mer. Rappelant qu'en matière portuaire, la sécurité consistait à assurer le bon accès des navires et constituait une condition préalable au développement des activités portuaires, il a déclaré que l'effort financier consenti l'année dernière en direction de l'entretien des infrastructures portuaires et également des moyens consacrés aux dragages d'entretien des accès maritimes était reconduit cette année. Il a précisé que le programme de réhabilitation des infrastructures portuaires de base, tel qu'il résulte des nouveaux contrats de plan portuaires entre l'Etat et les régions, serait poursuivi en 2002 avec, par exemple, la réhabilitation de la digue de calibrage du chenal d'accès au port de Rouen, la réhabilitation d'écluses à Dunkerque et à Saint-Malo, la poursuite de la restauration de la digue du large à Cherbourg.

Par ailleurs, il a noté que 7 emplois de surveillants de port étaient créés (officiers de port et officiers de port adjoints), ce qui représente une augmentation de 14 % des effectifs pour l'ensemble des ports.

Puis il a déclaré que la deuxième priorité du budget concernait la protection et la mise en valeur du littoral et que les moyens consacrés au littoral augmentaient de 40 % en moyens d'engagement et de 42 % en crédits de paiement.

Après les efforts consentis pour la remise à niveau des matériels Polmar de lutte contre la pollution du littoral suite à la catastrophe de l'Erika, il s'est félicité de ce que les moyens d'investissement, qui avaient fortement augmenté l'année dernière, soient reconduits au même niveau, afin de poursuivre la modernisation des matériels et d'assurer le renouvellement des matériels obsolètes.

Par ailleurs, rappelant que la catastrophe avait mis en lumière l'insuffisante fréquence des exercices de simulation du plan « Polmar-terre », il a indiqué qu'une instruction du 2 avril 2001 a prévu l'augmentation du rythme de ces exercices, dont le nombre devrait passer à un minimum de 10 par an à compter de 2002. Il a précisé que les crédits de fonctionnement étaient augmentés à cet effet.

Il a poursuivi en évoquant l'effort financier prévu en direction des zones littorales habitées et soumises à l'érosion marine. Il a indiqué que les crédits destinés à la protection des lieux habités contre l'érosion marine augmentaient fortement en autorisation de programme, traduisant les engagements pris par l'Etat dans le cadre des contrats de plans littoraux et des avenants consécutifs aux tempêtes de fin 1999.

Puis il a abordé un autre aspect du projet de budget qui concerne la protection sociale des marins, renforcée grâce à deux mesures. En premier lieu, il a évoqué la dotation destinée à financer la protection contre une exploitation « sous-normes » des marins, qui permettra d'apporter une aide aux associations et des avances sur salaire au bénéfice des marins abandonnés dans les ports français, en attendant la mise en place d'un système d'assurance internationale discuté dans le cadre de l'Organisation maritime internationale à l'initiative de la France.

Ensuite il est revenu sur l'article 73 rattaché concernant le régime de la sécurité sociale des marins. Il a précisé que cette année, la dotation de l'Etat à l'Etablissement national des invalides de la marine, qui finance le régime de retraite des marins, intégrait un nouveau mécanisme de cessation anticipée d'activité pour les marins ayant fortement été exposés à l'amiante. Il s'agit, a-t-il rappelé, d'étendre aux marins le droit à cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante prévu par la loi de financement sur la sécurité sociale pour 1999.

Quant à la dotation de l'Etat à l'ENIM (qui représente les trois-quart du budget de la mer), il a précisé qu'elle diminuait significativement cette année (- 3,5 %), mais que cette baisse était purement mécanique, résultant d'une hausse des transferts de compensation entre les régimes sociaux, et que les pensions seraient revalorisées en 2002 dans les mêmes conditions que les retraites du régime général.

Abordant le soutien de l'Etat français à la flotte de commerce française, il a rappelé que la flotte française n'avait cessé de décliner depuis 1970 et les deux chocs pétroliers. Il a indiqué qu'aujourd'hui la flotte française comptait à peine 200 navires, 206 au 31 décembre 2000, et que notre compétitivité était bien moindre que celles de nos concurrents. C'est pourquoi , a-t-il indiqué, depuis 1990, la flotte de commerce française a fait l'objet d'un plan pluriannuel de soutien. Aujourd'hui, il a précisé que ce système de soutien consistait, d'une part en des réductions de charges fiscales et sociales pesant sur les entreprises de transport maritime, et d'autre part, en une mesure d'allègement fiscal pour les GIE qui acquièrent un navire.

Concernant les charges fiscales pesant sur les entreprises de transport maritime, il a indiqué qu'un allègement de la part maritime de la taxe professionnelle avait été institué et que depuis 1991, les subventions de l'Etat couvraient 100% du montant de la taxe. Il a déclaré que le dernier Conseil interministériel de la mer (CIM) du 27 juin 2000 avait levé l'incertitude qui pesait sur le maintien de cette aide, celle-ci ayant été prorogée, sans limitation de durée, toujours à hauteur de 100 % de la taxe.

Concernant les charges sociales, il a indiqué qu'un dispositif de remboursement avait été créé, et que les charges sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail versées par les entreprises qui emploient des personnels navigants sur des navires de commerce battant pavillon français étaient remboursées depuis ce même CIM. De plus, a-t-il ajouté, il a aussi été décidé, non seulement de pérenniser cette aide, mais de l'étendre aux cotisations d'allocations familiales et d'assurance chômage, mesure qui a été votée dans la loi de finances pour 2001 mais dont l'effet ne se fera sentir qu'en 2002, ce qui explique la progression de 20 % des crédits destinés à la flotte de commerce, a-t-il indiqué.

Concernant l'allégement fiscal pour les groupements d'intérêt économique qui acquièrent un navire, il a dressé un état des lieux, indiquant que 26 dossiers avaient été acceptés au 1 er juillet 2001 représentant 33 navires, pour un montant total d'investissements de 1,3 millions d'euros (8 ,6 millions de francs).

Enfin, il a déclaré que le soutien à la flotte française prenait aussi la forme d'un soutien au cabotage maritime depuis que le dernier CIMER avait insisté sur le caractère sûr et non-polluant de ce mode de transport. Il a indiqué que le Gouvernement avait arrêté le principe d'un soutien financier public au démarrage de nouvelles lignes et en a informé la Commission européenne, la décision de celle-ci devant intervenir d'ici la fin de l'année 2001

En guise de conclusion sur ces mesures de soutien à la flotte de commerce française, M.Marc Massion, rapporteur spécial, a fait remarquer qu'à la suite de la demande formulée par le dernier CIM du 27 juin 2000, des études étaient actuellement conduites par les ministères de l'équipement, des transports et du logement et de l'économie, des finances et de l'industrie afin d'examiner les dispositifs de soutien à la flotte de commerce en cours à l'étranger. En effet, il a déclaré que plusieurs pays avaient récemment adopté divers dispositifs de taxation au tonnage, citant la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Tous, a-t-il noté, voient leur flotte augmenter depuis l'adoption de ce mode de taxation. Il a indiqué que l'adoption d'un tel système chez nous aurait un coût budgétaire de l'ordre de 100 millions de francs.

Puis il a abordé la question des ports maritimes.

Avec un trafic global de 346,3 millions de tonnes, il a déclaré que l'activité des ports français avait augmenté de 4 % par rapport à l'année dernière, après avoir connu une légère baisse en 1999. Il a précisé que le trafic des ports autonomes avait augmenté de 6,5 %, tandis que celui des ports d'intérêt national avait diminué de 4,5 %, en raison d'un recul des échanges à Calais, qui représente 45 % du trafic des ports d'intérêt national. Hors Calais, a-t-il précisé, le trafic des ports d'intérêt national s'est maintenu au cours de l'année 2000.

Il a déclaré que l'extension des infrastructures portuaires, l'amélioration des dessertes terrestres, une plus grande sécurité portuaire étaient absolument nécessaires pour permettre aux ports français de se placer convenablement à l'échelle mondiale dans un secteur où la croissance est forte, deux fois plus rapide que celle des autres moyens de transports, et permet donc d'envisager des gains de parts de marché.

Il a évoqué l'opération « Port 2000 », dotée à elle seule de 47 % des investissements prévus en 2002, et qui , a-t-il indiqué, demeure l'investissement d'extension des ouvrages portuaires le plus conséquent du projet de budget pour 2002, comme les années précédentes. Il a indiqué que les travaux avaient pris un an de retard mais qu'aujourd'hui, il semblait que l'on soit sur la bonne voie. Actuellement, a-t-il précisé, les opérations de déminage sont en train d'être achevées. Quelques travaux préparatoires ont démarré. Le gros des travaux, la construction d'une digue, d'un chenal d'accès et de quatre postes à quai, devrait démarrer d'ici la fin de l'année, a-t-il indiqué.

Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, l'avenir des ports français dépend des mesures prises au niveau européen et en particulier de l'avenir du projet de directive sur les services portuaires. Il a déclaré que cette directive était issue des réflexions qui ont suivi la publication en 1998 d'un « livre vert » sur les ports et les infrastructures maritimes, qui évoquait la réalisation éventuelle d'un cadre communautaire en matière de tarification et de financement.

Il a indiqué que le 13 février 2001, la Commission avait présenté ses propositions de cadre réglementaire dans un « paquet » portuaire comprenant, d'une part les résultats d'une enquête effectuée auprès des Etats-membres sur les financements dans les ports et, d'autre part, un projet de directive sur l'accès au marché des services portuaires.

Il a évoqué les deux enseignements principaux de l'enquête. D'une part, les ports de la façade « mer du Nord » bénéficient de financements publics plus importants quel que soit le type d'investissement que les ports des autres façades, notamment de la façade sud-ouest de l'Europe. D'autre part, la Commission reconnaît à la France une transparence supérieure à ma moyenne des Etats-membres, confirmant les dires de la Cour des comptes.

Quant au projet de directive, il a pour objectif de clarifier le régime des droits exclusifs ou des monopole de droit ou de fait, de nature publique ou privée, concernant l'accès au marché des services portuaires. M. Marc Massion, rapporteur spécial, a indiqué qu'à l'heure actuelle, aucun Etat-membre n'avait clairement indiqué de position officielle sur ce projet de directive, et que les interrogations du Gouvernement français au sujet de ce texte étaient donc importantes.



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