Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 6 : Anciens combattants
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BAUDOT (Jacques), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 6 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 178 Ko )Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DES ANCIENS COMBATTANTS
- II. ÉVOLUTION DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT DES ORGANISMES SOUS TUTELLE
-
III. ÉVOLUTION DIVERGENTE DES CRÉDITS
D'INTERVENTION
-
A. L'AGRÉGAT RÉPARATION DE
L'INVALIDITÉ ET RETRAITE DU COMBATTANT
- 1. Pensions d'invalidité, allocations et indemnités diverses : une diminution significative
- 2. Retraite du combattant : une augmentation sensible liée aux mesures nouvelles et aux effets démographiques
- 3. Soins médicaux gratuits et frais d'application de la loi du 31 mars 1919 et des lois subséquentes
- 4. Appareillage des mutilés
-
B. L'AGRÉGAT MÉMOIRE ET SOLIDARITÉ,
ONAC
- 1. Le Fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine : une diminution sensible
- 2. Subvention pour les dépenses sociales de l'ONAC : un geste du gouvernement à l'Assemblée nationale
- 3. Prestations remboursées par l'Etat au titre de la section comptable « invalides de guerre » du régime général de l'assurance maladie
- 4. Remboursement à diverses compagnies de transports
- 5. Subventions, indemnités et pécules : les crédits « anciens combattants » de la mémoire en diminution
- 6. Mutuelles et majorations des rentes des anciens combattants mutualistes
-
A. L'AGRÉGAT RÉPARATION DE
L'INVALIDITÉ ET RETRAITE DU COMBATTANT
- IV. MESURES NOUVELLES : DES AVANCÉES LOUABLES MAIS ENCORE LIMITÉES
- V. DES REVENDICATIONS LÉGITIMES ENCORE INSATISFAITES
- VI. UNE LISIBILITÉ BUDGÉTAIRE ENCORE PERFECTIBLE : L'EXEMPLE DE LA POLITIQUE DE LA MÉMOIRE
- VII. UNE MESURE INJUSTIFIÉE : L'ABAISSEMENT DU PLAFOND DE REMBOURSEMENT DES FRAIS D'HÉBERGEMENT ENGAGÉS À L'OCCASION DE CURES THERMALES
- EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
- MODIFICATIONS ADOPTÉES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 6
ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur spécial
: M. Jacques BAUDOT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. La
traduction de la solidarité nationale envers les anciens
combattants : une dépense globale de quelque 4 milliards
d'euros pour 4,6 millions de bénéficiaires.
Les crédits proposés pour 2002 pour le budget des Anciens
combattants, s'élèveront à 3,63 milliards d'euros soit
23,8 milliards de francs, dont 3,58 milliards d'euros (23,5 milliards
de francs) de crédits d'intervention, pour l'essentiel destinés
à financer la dette viagère.
A périmètre constant, la baisse des crédits ainsi
enregistrée est de 1,99 % par rapport à la loi de finances
pour 2001 mais si l'on tient compte des transferts entre sections, le budget
est quasi stable entre 2001 et 2002. Rapportée au nombre de
bénéficiaires potentiels, les dotations affectées au monde
combattant progresseront de 4,1 % en moyenne.
Le montant des crédits inscrits sur le seul budget des Anciens
combattants ne représente pas la totalité de l'effort de la
Nation en faveur des anciens combattants.
La fusion du secrétariat d'Etat au sein du ministère de la
Défense implique en effet que les moyens de fonctionnement de
l'administration centrale (impossible à chiffrer depuis la
réforme) ainsi que les subventions d'équipement (3,505 millions
d'euros (23 millions de francs) en titres V et VI) des deux organismes
sous tutelle -ONAC et INI- sont désormais inscrits au budget de la
Défense.
En outre, l'essentiel des crédits de la politique de la mémoire
sont inscrits au budget de la défense : en 2002 ils
s'élèveront, pour ce qui concerne le «bleu
défense », à 9,56 millions d'euros, soit 62,7 millions
de francs.
Enfin, le montant des dépenses fiscales (exonérations et
déductions spécifiques) se rapportant aux anciens combattants,
est évalué, pour 2002, à 427 millions d'euros, soit
2,8 milliards de francs,
par le
Rapport sur l'évaluation
des voies et moyens
annexé au projet de loi de finances pour 2002,
soit 198 millions d'euros (1,3 milliard de francs) au titre de la demi
part supplémentaire pour les contribuables (et leurs veuves) de plus de
75 ans, titulaires de la carte du combattant et 229 millions d'euros
(1,5 milliard de francs) au titre de l'exonération de la retraite
du combattant, des pensions militaires et d'invalidité et des retraites
mutuelles servies aux anciens combattants et aux victimes de guerre. La
déduction des versements effectués en vue de la retraite
mutualiste du combattant et l'exonération de certains travaux portant
sur des monuments aux morts et cimetières militaires effectuées
par les collectivités publiques et les organismes sans but lucratif
n'ont pas été chiffrées.
Au total, pour 2002, la dépense budgétaire globale en faveur du
monde des Anciens combattants sera de l'ordre de 4 milliards d'euros.
2. L'augmentation tendancielle du nombre des anciens combattants, et donc de la charge future des retraites
Le
nombre de bénéficiaires concernés (ressortissants de
l'ONAC) s'élève, au 1
er
janvier 1998, à
4.680.000 personnes, réparties pour moitié environ 2.473.400
entre « ayants-droits », et 2.205.500
« ayants-causes ».
La majorité des ayants-droits est désormais constituée par
les anciens combattants d'Afrique du Nord dont le nombre s'accroît avec
l'élargissement des conditions d'obtention de la carte depuis 1998,
(1.267.100 personnes). Sont en revanche en diminution forte les anciens
combattants de la seconde Guerre mondiale et des guerres de Corée et
d'Indochine (1.028.900) ainsi que les survivants de la première Guerre
mondiale (6.100).
Il convient d'y ajouter les anciens combattants de nouveaux conflits (42.100)
et 129.400 ayants-droits « hors guerre » (militaires
ou appelés du contingent atteints d'infirmités causées
directement par le service ou à l'occasion de celui-ci).
Les « ayants-causes » recouvrent 1.752.200 veuves,
438.100 orphelins et 15.200 ascendants.
L'essentiel des crédits inscrits au budget des Anciens combattants est
lié au versement de la dette viagère (pensions militaires
d'invalidité et retraite du combattant) et au financement de la
majoration spécifique des rentes mutualistes : 3,098 milliards
d'euros en 2002, soit 20,3 milliards de francs prévus, soit
85,3 % du total du budget.
Au sein de la dette viagère, la divergence d'évolution entre le
poste « pensions d'invalidité », qui a tendance
à diminuer, (2,45 milliards d'euros, 16 milliards de francs, en
2002, soit 67,5 % du total en diminution de 3,1 % par rapport
à 2001) et le poste « retraite du combattant » qui a
tendance à augmenter (534,8 millions d'euros, 3,5 milliards de
francs en 2002, soit 14,7 % du total, en augmentation de 14,8 % par
rapport à 2001) se confirme.
En effet, si le nombre de pensionnés est structurellement orienté
à la baisse en raison de la mortalité naturelle, les effectifs
d'anciens combattants enregistrent depuis 1997 une hausse sensible, liée
aux assouplissements successifs des conditions d'attribution de la carte du
combattant. Il faut noter que 100.591 cartes et titres ont
été délivrés au cours de l'année 2000. Pour
les pensions d'invalidité, il était dénombré en
paiement au 1
er
janvier 2000, toutes catégories confondues,
invalides et ayants causes, 500.505 pensions, au 1
er
janvier 2001,
484.473 pensions, soit une baisse de 3,2 %.
Cette tendance risque de réduire progressivement les
« économies » de constatation liées à
la disparition progressive des actuels bénéficiaires.
3. Mesures nouvelles : des avancées louables mais encore limitées
Le
présent projet de loi de finances comporte quatre mesures importantes
qui représentent une ouverture de crédits nouveaux de près
de 19,4 millions d'euros (soit 127 millions de francs), alors même
que l'an passé les mesures nouvelles décidées par le
gouvernement s'élevaient à 236 millions de francs (36 millions
d'euros).
Les quatre mesures principales de ce présent projet de budget font
chacune l'objet d'un article rattaché et seront examinées de
manière plus approfondie par votre rapporteur spécial dans la
suite de son rapport.
Ces quatre mesures consistent dans :
- une nouvelle progression
à 115 points de pension
militaire d'invalidité du plafond majorable servant au calcul des
majorations spécifiques sur les rentes mutualistes (
article 61
).
- l'augmentation de la majoration de pension des veuves de grands invalides
(
article 62
).
- l'attribution de la retraite du combattant, dès l'âge de 60 ans,
aux bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité
(
article 63
).
- le rétablissement de l'unicité de la valeur du point de la
pension militaire d'invalidité (
article 64
).
4. Des revendications légitimes encore insatisfaites
Si le
monde combattant reconnaît à bon droit les avancées
réalisées cette année et accueille favorablement les
quatre mesures nouvelles annoncées par le gouvernement, votre rapporteur
estime légitime d'insister, cette année encore, sur les quelques
points qui restent en suspens.
En outre, on peut observer que la diminution naturelle du nombre des
bénéficiaires des mesures financées par le présent
budget, notamment au titre des pensions d'invalidité et du Fonds de
solidarité pour l'Afrique du nord et l'Indochine, estimée
à 139,1 millions d'euros, soit 914 millions de francs, laisse
une certaine marge de manoeuvre au gouvernement pour satisfaire les
revendications du monde combattant.
Votre rapporteur se contentera ici de rappeler, de façon liminaire, les
sujets qui préoccupent vivement le monde des anciens combattants et qui
ne font pourtant, cette année encore, l'objet d'aucune mesure
particulière dans le projet de budget :
- la « décristallisation » : un espoir
déçu
Les ressortissants des pays autrefois placés sous la souveraineté
de la France ayant accédé à l'indépendance ont, en
principe, les mêmes droits à pension militaire d'invalidité
et à retraite du combattant que les nationaux français. Depuis
1958 cependant, un dispositif législatif dit de
« cristallisation », applicable aux pensions militaires
d'invalidité et aux retraites du combattant, a modifié
l'étendue des droits des ex-nationaux sur les montants versés
(blocage de la valeur du point de base) et l'ouverture de droits nouveaux.
Au 31 décembre 2000, le nombre de retraites du combattant
cristallisées était de 47.964. Si les dispositions contenues dans
la loi de finances pour 2001 semblaient constituer un premier pas vers la
décristallisation, votre rapporteur ne peut que constater que l'espoir
que ce premier pas a suscité a été déçu.
Votre rapporteur estime qu'il est du devoir du gouvernement aujourd'hui
d'avancer sur cette question qui préoccupe le monde combattant pour des
raisons d'équité et de justice depuis de nombreuses
années ;
- l'âge d'attribution de la retraite du combattant
S'agissant ensuite de l'anticipation de
l'âge de versement de la
retraite
du combattant
, votre rapporteur tient à rappeler
que la modicité de cette allocation fait que cette mesure n'aurait
véritablement de portée que pour les personnes disposant de
faibles ressources, et qu'une telle disposition constitue en
réalité une mesure de solidarité significative et
fondée ;
- la situation des veuves d'anciens combattants
Le gouvernement a annoncé une mesure bienvenue dans le présent
projet de loi en faveur des veuves des grands invalides, à savoir
l'augmentation de 120 points d'indice de leur majoration de pension (article
62).
Si votre rapporteur accueille favorablement cette mesure à destination
des veuves de grands invalides, il n'en conteste pas moins l'absence de mesure
en faveur de toutes les autres veuves ;
- l'indemnisation des orphelins de déportés
Votre rapporteur, estime, que dans un souci d'équité et
d'indifférenciation raciale ou religieuse, la mesure de
réparation instaurée en faveur des orphelins dont les parents ont
été victimes de persécutions antisémites
(décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000) devrait être
étendue à tous les orphelins de déportés non juifs,
fusillés ou massacrés.
- l'indemnisation des incorporés de force dans les formations
paramilitaires allemandes (RAD - KHD)
Les engagements pris concernant
l'indemnisation des incorporés de
force dans les formations paramilitaires allemandes
(RAD-KHD)
1(
*
)
, par alignement sur la situation des incorporés
de force dans l'armée allemande, n'ont toujours pas été
tenus. Le recensement a pourtant été effectué depuis plus
de deux ans (31 mars 1999), la quasi totalité des
10.000 demandes reçues, examinées, et la fondation
« Entente franco-allemande » est prête à
financer en grande partie cette indemnisation, sous réserve que le
Gouvernement français s'y engage lui aussi.
Votre rapporteur regrette que les crédits nécessaires au
règlement définitif de ce dossier ne soient toujours pas inscrits
dans le présent projet de budget et ne partage pas du tout l'opinion du
secrétaire d'Etat selon laquelle le gouvernement ne doit pas s'estimer
tenu par cet engagement.
5. Une lisibilité budgétaire encore perfectible : l'exemple de la politique de la mémoire
Depuis
novembre 1999, l'insertion des services chargés des anciens combattants
au sein du ministère de la défense a eu pour conséquence
une modification du périmètre du budget des anciens combattants
avec un transfert de crédits du budget des anciens combattants vers le
budget de la défense.
Ce souci de rationalisation administrative a toutefois entraîné un
manque de lisibilité budgétaire globale. Ainsi, il est difficile
de savoir, en ne consultant que le « bleu anciens
combattants », quel est le montant total des crédits
alloués par l'Etat au monde combattant. En outre, la consultation du
« bleu défense » ne permet pas non plus de
visualiser avec précision les crédits à destination finale
du monde combattant.
Les
crédits de la mémoire
constituent une bonne
illustration de ce manque de lisibilité budgétaire. Depuis la
réforme de novembre 1999, les crédits gérés par la
direction de la mémoire, du patrimoine et des archives ont
évolué vers une prise en charge plus importante du budget de la
défense, notamment concernant les actions en faveur du patrimoine, des
commémorations ou des manifestations culturelles, le budget des anciens
combattants poursuivant son soutien financier aux actions de mémoire
initiées par les collectivités territoriales et les associations.
Si l'on s'en tient à l'analyse des crédits inscrits au budget des
anciens combattants, seuls subsistent deux articles budgétaires au sein
de deux chapitres différents : l'article 10 du chapitre 46-03
(frais de voyage des familles pour se rendre sur les tombes des ressortissants
bénéficiant de la sépulture perpétuelle aux frais
de l'Etat) et l'article 20 du chapitre 46-04 (subventions en faveur des actions
de mémoire).
Pour l'année 2002, les crédits mémoire inscrits au budget
des anciens combattants sont ainsi en diminution de 0,6 million d'euros par
rapport à 2001 et passent de 2,8 millions d'euros (18,4 millions de
francs) en 2001 à 2,2 millions d'euros (14,4 millions de francs) en
2002, soit une baisse de 21,4 %. Tandis que, de manière globale, en
tenant compte des crédits mémoire inscrits au budget de la
défense, il apparaît en fait que l'agrégat mémoire
dans sa totalité voit ses crédits augmenter entre 2001 et
2002 pour passer de 9,93 millions d'euros (65 millions de francs)
à 11,73 millions d'euros (77 millions de francs), soit une hausse
de 18 %, entièrement due à l'augmentation de 34 % des
crédits mémoire inscrits au budget de la défense,
crédits qui concernent d'ailleurs essentiellement la remise en
état des sépultures de guerre et lieux de mémoire, et pas
l'information historique pédagogique ou les manifestations culturelles.
Alors même que le secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants se félicite de «
la
progression de 20 % du budget consacré à la mémoire. Ce
budget doit permettre de consolider et développer les divers vecteurs
d'une politique de mémoire volontariste et ambitieuse au service des
valeurs républicaines
».
En outre, il faut noter en 2002 le transfert de 12.806 euros, soit 84.000
francs, du budget de la défense vers le chapitre 46-04 du budget des
anciens combattants.
D'où, finalement, l'ambiguïté et la difficulté d'une
analyse budgétaire exhaustive de la politique de la mémoire
menée par le gouvernement.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DES ANCIENS COMBATTANTS
A. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT
Les
crédits du secrétariat d'Etat aux anciens combattants
prévus dans le projet de loi de finances pour 2002
s'élèvent à
3,63 milliards d'euros (soit un peu moins
de 23,8 milliards de francs)
,
ce qui correspond à une
augmentation infime de 0,02 % par rapport aux crédits votés pour
2001
.
A périmètre constant
cependant, c'est-à-dire en ne
tenant pas compte des transferts entre sections intervenant cette année,
il faut noter que
le budget pour 2002 est en diminution de 1,99 %
par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale pour
2001. En effet, la légère revalorisation du budget pour 2002 (+
0,02 %) inclut
12.806 euros
(soit 84.000 francs) de crédits de
réajustement de la dotation réservée aux subventions de
fonctionnement des associations,
transférés du budget de la
défense à celui des anciens combattants
(chapitre 46-04)
ainsi que
73,18 millions d'euros
(soit 480 millions de francs)
de crédits
concernant la majoration légale des rentes
mutualistes des anciens combattants,
imputés jusqu'alors au chapitre
46-93 du budget des charges communes et transférées, pour
l'année 2002, au budget des anciens combattants
(chapitre 47-22).
A structure constante, donc, la variation du budget des anciens combattants
entre 2001 et 2002 est négative : le budget pour 2002 ne
s'élève plus qu'à 3,55 milliards d'euros (soit 23,3
milliards de francs), ce qui constitue une diminution de près de 2 % par
rapport à la loi de finances pour 2001.
Il faut, toutefois, bien entendu tenir compte de la baisse des dotations en
fonction du nombre de bénéficiaires (- 4 %),
compensée par l'application du rapport constant, et de l'apport de
crédits prenant en compte l'arrivée massive des combattants
d'Afrique du Nord à l'âge de la retraite.
De fait,
rapportées au nombre de bénéficiaires
potentiels, les dotations affectées en 2002 au monde combattant
augmentent de 4,1 % en moyenne
.
Depuis
l'insertion de l'administration des Anciens combattants au
sein du ministère de la défense
,
les crédits
inscrits au budget des Anciens combattants sont, pour l'essentiel,
constitués de crédits d'intervention
:
3,58 milliards d'euros pour 2002 (soit 23,5 milliards de francs,
autant que pour 2001), dont 48,63 millions d'euros de mesures nouvelles,
soit près de 320 millions de francs, c'est-à-dire plus de
deux fois plus que pour 2001. Au total, les crédits d'intervention
représentent plus de 98 % du budget des anciens combattants pour
2002.
Dans le cadre des dispositions permanentes de seconde partie, le monde des
anciens combattants bénéficie de quatre mesures
spécifiques au sein du projet de loi de finances pour 2002 :
-
augmentation du plafond majorable de la rente mutualiste du
combattant à 115 points d'indice de pension militaire
d'invalidité (PMI)
(article 61) ;
-
augmentation de la majoration de pension des veuves des grands invalides
(article 62) ;
-
attribution de la retraite du combattant, dès l'âge de
60 ans, aux bénéficiaires d'une PMI
(article 63) ;
- rétablissement de l'unicité de la valeur du point de la PMI
(article 64).
Lors de la discussion du budget à l'Assemblée nationale,
l'article 64
bis
a été adopté, visant à
préciser que le gouvernement présentera au Parlement, au plus
tard le 1
er
septembre 2002, un
rapport sur les victimes des
psychotraumatismes de guerre
. Ce rapport devra fournir une
évaluation détaillée du coût de la mise en place des
centres de soins de proximité adaptés au traitement de ces
traumatismes et du coût de formation des personnels compétents
nécessaires pour les faire fonctionner.
B. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DE LA DÉFENSE
L'ensemble des
moyens correspondant aux effectifs de
l'administration centrale et aux directions départementales de
l'ancien
secrétariat d'Etat ainsi que les crédits
d'équipement des établissements sous tutelle sont
désormais inscrits, de façon fongible, au budget de la
Défense.
L'analyse de leur évolution n'est donc pas possible,
en l'état actuel des informations disponibles
2(
*
)
. Toutefois, les informations fournies à votre
rapporteur spécial par la direction des affaires financières du
SEDAC lui ont permis de constater que les crédits correspondants
inscrits au budget 2002 du ministère de la Défense devraient
s'élever à 142,4 millions d'euros (934,3 millions de
francs), soit une légère augmentation de 0,6 % par rapport
à 2001.
L'évolution précise des crédits désormais
gérés par le Ministère de la défense est
difficilement lisible dans la mesure où ces crédits se fondent
dans les agrégats du budget de la défense. Les informations
recueillies par votre rapporteur auprès de la directions des affaires
financières du SEDAC ont permis de mettre en évidence les grandes
masses suivantes :
- 124,93 millions d'euros (819,5 millions de francs) en 2002 consacrés
à la rémunération des personnels ;
- 14,41 millions d'euros (94,5 millions de francs) en 2002 consacrés au
fonctionnement courant du secrétariat d'Etat ;
- 3,09 millions d'euros (20,3 millions de francs) en 2002 consacrés aux
crédits d'investissement.
Au total, deux articles seulement peuvent être clairement
identifiés au sein du ministère de la défense comme se
rapportant explicitement au monde combattant :
- les crédits affectés à l'entretien et à la remise
en état des sépultures de guerre identifiés au chapitre
54-41 « Infrastructure », article 98 « Direction
de la mémoire, du patrimoine et des archives, sous-direction du
patrimoine, remise en état des sépultures de guerre »,
qui bénéficie en 2002, en autorisations de programme de 6,7
millions d'euros (44 millions de francs) contre 3,5 millions d'euros (23
millions de francs) en 2001, soit une augmentation de 91,4 %. En crédits
de paiement, le montant affecté à cet article en 2002
s'élève à 4,88 millions d'euros (32 millions de francs),
contre 3,35 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 45,7 % ;
- les crédits destinés au chapitre 67-10 « Subventions
aux organismes de tutelle », article 70 « Travaux de
sécurité dans les établissements publics sous
tutelle », dont le montant s'élève en 2002, en
autorisations de programme à 1,52 million d'euros (10 millions de
francs), soit une baisse de 53 % par rapport à 2001. En crédits
de paiement, les crédits inscrits à cet article
s'élèvent à 3,5 millions d'euros (23 millions de francs),
en hausse de 44,6 % par rapport à 2001.
C. LES DÉPENSES FISCALES À DESTINATION DU MONDE COMBATTANT
Le
montant des dépenses fiscales (exonérations et déductions
spécifiques) se rapportant aux anciens combattants, est
évalué, pour 2002, à 427 millions d'euros, soit
2,8 milliards de francs,
par le
Rapport sur l'évaluation
des voies et moyens
annexé au projet de loi de finances pour 2002,
soit 198 millions d'euros (1,3 milliard de francs) au titre de la demi
part supplémentaire pour les contribuables (et leurs veuves) de plus de
75 ans, titulaires de la carte du combattant et 229 millions d'euros
(1,5 milliard de francs) au titre de l'exonération de la retraite
du combattant, des pensions militaires et d'invalidité et des retraites
mutuelles servies aux anciens combattants et aux victimes de guerre. La
déduction des versements effectués en vue de la retraite
mutualiste du combattant et l'exonération de certains travaux portant
sur des monuments aux morts et cimetières militaires effectuées
par les collectivités publiques et les organismes sans but lucratif
n'ont pas été chiffrées.
Au total, pour 2002, la dépense budgétaire globale en faveur du
monde des Anciens combattants sera de l'ordre de 4 milliards d'euros.
Les
dotations budgétaires pour 2001 et 2002
Anciens combattants - section 04
Chapitres |
Loi de finances initiale pour 2001 |
Projet
de loi de finances
|
Taux
|
||
|
en M F |
en M € |
en M F |
en M € |
|
36-50
Subventions de fonctionnement aux établissements
publics :
Sous-total 36-50 |
245.3
|
37.4
|
253.9
|
38.7
|
3.51 %
|
46-03 Remboursements à diverses compagnies de transport |
42.4 |
6.5 |
45.0 |
6.9 |
6.06 % |
46-04
Subventions, indemnités et pécules
|
21.0
|
3.2
|
16.2
|
2.5
|
-22.75 %
|
46-04 Fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine |
999.0 |
152.3 |
600.0 |
91.5 |
- 39.94 % |
46-20 Pensions d'invalidité, allocations et indemnités diverses |
16.585.0 |
2.528.4 |
16.071.0 |
2.450.0 |
- 3.10 % |
46-21 Retraite du combattant |
3.054.5 |
465.7 |
3 508.0 |
534.8 |
14.85 % |
46-24 Prestations remboursées par l'Etat au titre du régime général de la sécurité sociale des invalides de guerre |
1 335.0 |
203.5 |
1 290.0 |
196.7 |
- 3.37 % |
46-27 Soins médicaux gratuits |
748.0 |
114.0 |
685.0 |
104.4 |
- 8.42 % |
46-28 Appareillage |
60.0 |
9.1 |
60.0 |
9.1 |
0.00 % |
46-51 Dépenses sociales ONAC |
74.8 |
11.4 |
69.8 |
10.6 |
- 6.69 % |
47-22 Majorations des rentes des anciens combattants et victimes de guerre |
583.0 |
88.9 |
1 158.0 |
176.5 |
98.63 % |
Total général |
23.792.8 |
3 627.2 |
23.797.8 |
3.628.0 |
0.02 % |
Evolution générale des crédits
|
Crédits votés pour 2001 |
Crédits demandés pour 2002 |
Evolution |
||
|
MF |
M € |
MF |
M € |
(%) |
Titre III |
|
|
|
|
|
I.
Subventions de fonctionnement
|
|
|
|
|
|
Titre IV |
|
|
|
|
|
II.
Interventions publiques
|
|
|
|
|
|
Total titre IV |
23.503,15 |
3.583 |
23.503 |
3.583,01 |
0 |
TOTAL CRÉDITS |
23.792,8 |
3.627,2 |
23.797,8 |
3.627,96 |
+ 0,02 |
II. ÉVOLUTION DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT DES ORGANISMES SOUS TUTELLE
Les
subventions de fonctionnement
allouées à l'Office national
des anciens combattants (ONAC) d'une part, et à l'Institution nationale
des invalides (INI) de l'autre, s'élèveront en 2002
respectivement à
38,7 millions d'euros
, soit près de 254
millions de francs,
et à 6,24 millions d'euros,
soit près
de 41 millions de francs.
Parallèlement, les deux établissements
bénéficieront de
1,524 millions d'euros, soit 10 millions
de francs
(en autorisations de programme)
de
subventions
d'investissement
,
inscrites au budget de la Défense
3(
*
)
, ce qui correspond à une diminution globale de
53 % par rapport à l'exercice 2001 : 1,07 million d'euros pour
l'ONAC - 7 millions de francs - et 460.000 euros pour l'INI - 3 millions de
francs. Les crédits de paiement connaissent une augmentation sensible de
+ 44,6 % et passe de 2,424 millions d'euros en 2001 (soit 15,9 millions de
francs) à 3.505 millions d'euros en 2002, soit 23 millions de
francs : une dotation d'investissement de 2,9 millions d'euros - 19
millions de francs - versée du budget de la défense à
l'ONAC est prévue (contre 1,6 millions d'euros en 2001) ainsi que 0,605
million d'euros versés à l'INI - 4 millions de francs - (contre
0,8 million d'euros en 2001).
A. LA SUBVENTION DE FONCTIONNEMENT DE L'ONAC : + 3,5 %
A 38,7 millions d'euros (soit 254 millions de francs), la subvention de fonctionnement versée à l'ONAC en 2002 progresse de 3,5 % (plus 1,31 million d'euros, soit 8,6 millions de francs).
Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
en millions d'euros
|
Indicateurs budgétaires |
1999 |
2000 |
2001 |
1
|
Ressources
|
34,9
|
37,1
|
37,4
|
|
Total |
84,2 |
87,7 |
103,4 |
1 - hors
ressources pour l'action sociale
2 - subvention de fonctionnement inscrite au budget des anciens combattants
3 - subvention d'investissement inscrite au budget du ministère de la
Défense
Etablissement public à caractère administratif placé sous
la tutelle administrative du Ministère de la défense, l'ONAC est
chargé de veiller en toutes circonstances sur les intérêts
matériels et moraux de ses ressortissants comme le résume sa
devise « Mémoire Solidarité ».
L'année 2001 a constitué un exercice de transition
reflétant à la fois le fonctionnement traditionnel de l'office et
les premiers éléments de la mise en oeuvre du « nouvel
élan pour l'ONAC », repris et précisé par un
projet de service dont les grandes lignes ont été
approuvées par le dernier conseil d'administration. L'effort principal
porte notamment sur :
- la consolidation des actions pédagogiques en faveur de la politique de
la mémoire avec l'appui d'assistants-mémoire recrutés dans
chaque département ;
- la refondation des services départementaux permettant un meilleur
accueil du monde combattant ;
- la remise aux normes des maisons de retraite et le renforcement des actions
de solidarité en faveur du monde combattant.
En outre, l'ONAC a pris en charge en 2000 le
paiement de l'indemnisation des
biens juifs spoliés et des mesures de réparation au profit des
orphelins juifs de la déportation.
S'agissant de l'indemnisation des
orphelins des victimes de l'antisémitisme, 203,1 millions d'euros (soit
1,33 milliard de francs) ont été versés en 2001. Pour
2002, une dotation de 33,5 millions d'euros (219,7 millions de francs) est
prévue.
Enfin, l'ONAC se prépare au transfert début 2002 de tâches
jusqu'ici dévolues aux services déconcentrés du
secrétariat d'Etat :
- la retraite du combattant ;
- la gestion de l'ensemble des statuts du monde combattant.
De fait, en 2002, compte tenu de l'évolution de ses ressources
propres
4(
*
)
, les moyens de fonctionnement nets de
l'ONAC devraient progresser de 1,09 million d'euros (soit 7,15 millions de
francs).
On soulignera ici que la présentation des « mesures
nouvelles » dans le bleu budgétaire, qui mélange les
mesures financées sur crédits budgétaires et celles qui le
sont sur « ressources propres » rend l'analyse peu claire,
voire ambiguë.
Evolution des moyens de fonctionnement (en euros)
. Révision des services votés |
- 520.512 |
sur ressources propres |
. Mesures d'ajustement |
+ 73.317
|
sur
ressources propres
|
. Moyens nouveaux |
+ 223.416
|
sur
ressources propres
|
1. Révision des services votés : poursuite de la mise aux normes de maisons de retraite
Au
total, les mesures de révision des services votés
entraînent une diminution de crédits de l'ordre de 520.512 euros
(3,4 millions de francs) financés sur ressources propres.
La
suppression de 18 emplois
pour cessation d'activité
dans les maisons de retraite
représente une diminution de 520.512
euros, soit plus de 3,4 millions de francs, pour les ressources propres de
l'établissement. Cette mesure est présentée dans le bleu
budgétaire comme une « économie sur les ressources
propres de l'établissement public ».
Les lois n° 97-60 du 24 janvier 1997 et n° 2001-647 du 20
juillet 2001 ont défini les conditions dans lesquelles les
établissements d'hébergement pourront continuer à
accueillir des personnes âgées dépendantes : seuls
seront habilités les établissements qui auront signé une
convention tripartite - établissement, conseil général,
assurance maladie - précisant les modalités de leur
fonctionnement tant au plan financier qu'à celui de la qualité de
la prise en charge des personnes âgées et des soins qui leur sont
prodigués.
L'ONAC se prépare à la signature de ces conventions avant le
31 décembre 2003 et se trouve confronté à l'ampleur
des investissements à réaliser pour passer de telles conventions,
leur signature étant liée au respect de nouvelles normes de
sécurité et d'habitabilité. De ce point de vue, la
situation des établissements de l'ONAC est très
contrastée
5(
*
)
comme l'a mis en
évidence le groupe de travail qui, à la demande du conseil
d'administration, a procédé à un examen au cas par cas de
ces établissements :
-
les maisons de retraite de Vence, de Beaurecueil et Boulogne
ne posent
pas de problème de fond dans la mesure où elles ont
été entièrement rénovées ou sont de
réalisation relativement récente ;
-
les maisons de retraite de Carignan et de Thiais
se trouvent
confrontées à de graves problèmes d'entretien : dans
le premier cas, l'établissement ne répond ni aux normes de
sécurité ni à celles d'habitabilité. Une
étude est en cours pour déterminer les conditions dans lesquelles
pourra se poursuivre l'exploitation de la maison de retraite de Carignan. Par
ailleurs,
l'état de vétusté de la maison de retraite de
Thiais, non médicalisée, aurait imposé sa reconstruction
pour un montant de 6,1 millions d'euros (40 millions de francs). Le
conseil d'administration de l'ONAC a donc décidé, le 14
décembre 2000, la fermeture de cet établissement ;
-
pour les maisons de retraite de Montmorency, Anse, Barbazan, Le
Theil-de-Bretagne, Saint Gobain
, l'importance des investissements à
réaliser (21,1 millions d'euros, soit 139 millions de francs
entre 2000 et 2004) a conduit l'ONAC à rechercher, auprès des
associations d'anciens combattants, des partenariats pour compléter
l'aide apportée par l'Etat dans le cadre du plan ONAC / SEDAC
(11,2 millions d'euros, soit 73,5 millions de francs) mis en place
depuis 1996, et par les collectivités locales, le cas
échéant.
2. Mesures d'ajustement en fonction des besoins de l'ONAC
Les
mesures d'ajustement affectant le fonctionnement de l'ONAC entraîne une
augmentation des crédits de 1 million d'euros, soit 6,5 millions de
francs, dont près de 930.000 euros (6,1 millions de francs)
financés sur crédits budgétaires.
- L'ONAC bénéficie, sur crédits budgétaires,
de 888.238 euros de mesures nouvelles, soit 5,8 millions de francs,
destinées à financer
« l'ajustement du montant de la
subvention de l'Etat aux besoins de l'établissement »
.
Cela correspond à trois millions de francs (457.000 euros) de plus que
l'année dernière, soit une augmentation de 107 % par rapport
à 2001 ;
- par ailleurs, il bénéficie également de
transformations d'emplois
, dans les services départementaux d'une
part (12 emplois) ce qui représente une économie de 18.567
euros (soit près de 122.000 francs) sur la subvention de fonctionnement
allouée par l'Etat (crédits budgétaires), dans le corps
des enseignants des écoles de rééducation professionnelle
d'autre part (6 emplois pour un coût de 57.198 euros, soit un peu
plus de 375.000 francs, entièrement financé sur les ressources
propres de l'établissement) ;
- autres mesures d'ajustement concernant l'ONAC :
l'amélioration
du pyramidage du corps des aides-soignants
d'une part (pour un coût
de 16.119 euros, soit près de 106.000 francs, financé en
totalité sur les ressources propres de l'établissement), du corps
des secrétaires généraux
d'autre part (pour un
montant total de 28.192 euros soit près de 185.000 francs,
financés sur crédits budgétaires) ;
- enfin, l'ONAC bénéficie également d'une
revalorisation des indemnités forfaitaires
pour travaux
supplémentaires du personnel des services départementaux, pour un
coût total de 31.543 euros, soit près de 207.000 francs,
financés sur crédits budgétaires.
3. Moyens nouveaux : des mesures de personnel
L'ONAC
bénéficie pour 2002 de 606.416 euros de moyens nouveaux, soit
près de 4 millions de francs, dont 383.000 euros financés sur
crédits budgétaires.
L'établissement bénéficie de plusieurs mesures,
financées à la fois sur crédits budgétaires
(383.000 euros soit 2,51 millions de francs) et sur ressources propres
(223.416 euros soit 1,46 million de francs) :
- revalorisation de diverses indemnités : indemnité de
sujétion spéciale des secrétaires généraux,
indemnité de sujétion des assistants du service social,
indemnités forfaitaires pour travaux supplémentaires du personnel
du service central. Cette mesure est financée à hauteur de 72.911
euros (un peu plus de 478.000 francs) sur crédits budgétaires
uniquement ;
- renforcement des outils de gestion de l'Office (réseau intranet)
et carte de veuve anciens combattants pour un coût total de
310.089 euros, soit plus de 2 millions de francs, financés sur
crédits budgétaires intégralement ;
- création de 7 emplois de professeurs d'écoles de
rééducation professionnelle (203.964 euros, soit 1,34 million de
francs, financés sur ressources propres par redéploiement des
crédits de vacation) ;
- transformation d'emplois liée au passage aux 35 heures dans les
maisons de retraite de l'ONAC (le coût de cette mesure est de
19.452 euros, soit 127.600 francs, et est financé en
totalité sur les ressources propres de l'établissement).
B. LA SUBVENTION DE FONCTIONNEMENT DE L'INI : - 8,6 %
Institution nationale des Invalides (millions d'euros)
notes |
Indicateurs budgétaires |
1999 |
2000 |
2001 |
|
Ressources
-
subventions du budget de tutelle
|
6,6
|
6,7
|
6,9
|
|
Total |
22,5 |
29,2 |
26,8 |
Etablissement public à caractère administratif,
l'INI
exerce des missions de nature hospitalière prévues par les textes
fondateurs, essentiellement : héberger dans son centre de
pensionnaires les plus grands invalides de guerre, et dispenser dans son centre
médico-chirurgical des soins en hospitalisation et en consultation aux
malades et blessés en vue de leur réadaptation fonctionnelle,
professionnelle et sociale.
L'établissement est désormais inséré dans le
service public hospitalier et perçoit depuis le 1
er
juin 2001
la
dotation globale hospitalière
: 86 % des patients
accueillis en 2000 relèvent d'autres régimes de protection
sociale que les soins médicaux gratuits. L'INI s'est
parallèlement engagée dans une démarche
d'amélioration de la qualité et de la sécurité des
soins délivrés aux patients et a demandé sa
présentation à l'accréditation prévue par
l'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 portant réforme
hospitalière, pour le deuxième semestre 2002.
Pour exercer ses missions d'accueil des plus grands invalides et de soins sur
le handicap, l'INI reçoit, outre la dotation globale, une subvention de
l'Etat et une participation des pensionnaires.
L'évolution des moyens de l'INI s'inscrit ainsi dans le cadre du
«
projet
d'établissement
», axé
autour de quatre grands objectifs :
- poursuivre et développer les trois missions fondatrices :
accueil des invalides bénéficiaires des dispositions du code des
PMI et des victimes de guerre, soins en hospitalisation et en consultation,
études et recherches sur l'appareillage des handicapés ;
- participer, en partenariat, au service public hospitalier et au
schéma sanitaire de prise en charge du handicap ;
- préparer l'accréditation hospitalière
programmée au deuxième semestre 2002 ;
- préparer la contractualisation interne avec les centres de
responsabilité.
S'ajoute désormais à ces quatre objectifs la
réorganisation liée à la mise en oeuvre de la
réduction du temps de travail.
Evolution des moyens de fonctionnement de l'INI en 2002 (en euros)
. Mesures d'ajustement |
+ 167.949 |
sur crédits budgétaires |
|
+ 9.768 |
sur ressources propres |
. Moyens nouveaux |
+ 3.502 |
sur crédits budgétaires |
|
+ 3.502 |
sur ressources propres |
. Révision des services votés |
-
762.000
|
sur crédits budgétaires |
En 2002, l'INI devrait voir son budget amputé de près de 580.000 euros (soit 3,8 millions de francs) de moyens de fonctionnement supplémentaires, pour s'établir à 6,24 millions d'euros. S'agissant des crédits strictement budgétaires cette baisse s'élève à près de 590.550 euros (soit 3,87 millions de francs), baisse partiellement compensée par une augmentation des moyens de fonctionnement financés sur les ressources propres de l'INI.
1. Mesures d'ajustement en fonction des besoins de l'INI
Pour
2002, les crédits dévolus au fonctionnement de l'INI font l'objet
de diverses mesures d'ajustement pour un coût total de 177.717 euros,
soit 1,6 million de francs, dont près de 168.000 euros financés
sur crédits budgétaires.
- Ajustement du montant de la subvention de l'Etat lié aux besoins
de l'établissement pour un coût total de 158.181 euros (soit 1,04
millions de francs) ;
- renforcement des moyens administratifs par des mesures de transformation
d'emplois et d'amélioration du pyramidage de certains corps pour un
coût total de 19.536 euros (128.000 francs), financés pour
moitié par crédits budgétaires, pour moitié par les
ressources propres de l'établissement public.
2. Moyens nouveaux : transformation d'emplois.
En 2002,
l'INI disposera de 7.004 euros de moyens nouveaux (près de 46.000
francs), dont 3.502 euros financés sur crédits budgétaires.
- Transformation de quatre emplois dans le cadre des « actions
d'amélioration exigées par l'accréditation de
l'établissement en 2002 - médicalisation des
soins » :
. suppression de quatre emplois d'agents des services hospitaliers de
deuxième catégorie
. création de quatre emplois d'aides-soignants de classe normale.
3. Révision des services votés au regard des prestations de soins accomplies
En 2002,
les mesures de révision des services votés entraînent une
diminution des crédits alloués au fonctionnement de l'INI de
762.000 euros (près de 5 millions de francs, sur crédits
budgétaires uniquement.
- Ajustement des financements respectifs de l'assurance maladie et de l'Etat
à l'Institution nationale des invalides au regard des prestations de
soins accomplies pour les assurés de droit commun.
III. ÉVOLUTION DIVERGENTE DES CRÉDITS D'INTERVENTION
Interventions publiques
|
Budget voté 2001 |
Moyens proposés 2002 |
Evolution |
||
MF |
M€ |
MF |
M€ |
% |
|
1. Assistance et solidarité |
|||||
|
|
|
|
|
|
. Pensions d'invalidité, allocations |
|||||
et indemnités diverses (46-20) |
16.585,00 |
2.528,36 |
16.071,01 |
2.450,01 |
- 3,10 |
. Retraite du combattant (46-21) |
3.054,50 |
465,65 |
3.508,00 |
534,80 |
+ 14,80 |
. Prestations remboursées par l'Etat (46-24) |
1.335,00 |
203,52 |
1.290,00 |
196,66 |
- 3,40 |
. Fonds de solidarité pour les anciens |
|||||
combattants d'Afrique du Nord et |
|||||
d'Indochine (46-10) |
999,00 |
152,30 |
600,00 |
91,47 |
- 40,00 |
. Soins médicaux gratuits (46-27) |
748,00 |
114,03 |
685,02 |
104,43 |
- 8,40 |
. Appareillage des mutilés (46-28) |
60,00 |
9,15 |
60,00 |
9,14 |
0,00 |
. ONAC - dépenses sociales (46-51) |
74,80 |
11,40 |
69,80 |
10,60 |
- 6,70 |
. Remboursements diverses compagnies |
|||||
de transports (46-03) |
42,40 |
6,47 |
45,00 |
6,86 |
+ 6,00 |
. Subventions, indemnités et pécules (46-04) |
21,00 |
3,20 |
16,22 |
2,47 |
- 23,00 |
2. Prévoyance |
|||||
. Mutuelles et majoration des rentes des |
|||||
anciens combattants mutualistes |
583,00 |
88,88 |
1.157,00 |
176,54 |
+ 98,60 |
TOTAL INTERVENTIONS |
23.497,70 |
3.582,96 |
23.502,00 |
3.582,98 |
0 |
Entre
2001 et 2002, les crédits d'intervention connaissent une infime
progression de 0,001 %, autant dire qu'ils restent quasiment stables avec une
augmentation de 49.167 euros, soit 322.500 francs. Il faut cependant noter,
à cet égard, que le titre IV du budget des anciens combattants
bénéficie de transferts :
- 73, 18 millions d'euros (480 millions de francs) de crédits relatifs
à la majoration légale des rentes mutualistes
transférés du budget des charges communes vers le budget des
anciens combattants ;
- 12.806 euros (84.000 francs) de crédits transférés du
ministère de la défense vers le budget des anciens combattants.
Si bien, qu'à structure constante, le titre IV du budget des anciens
combattants connaît une diminution de ses crédits de l'ordre de
2 %. Toutefois il faut rappeler le phénomène
mécanique de baisse des dotations en fonction de l'évolution du
nombre de pensionnés (- 4 %). De fait, rapportées au nombre
des bénéficiaires potentiels, les dotations affectées en
2002 au monde combattant augmentent de 4,1 % en moyenne.
La baisse du nombre des bénéficiaires résulte uniquement
de celle du nombre des pensions d'invalidité (ayants-droits et
ayants-causes), liée à la démographie naturelle, tandis
que
le nombre des bénéficiaires potentiels de la retraite du
combattant enregistre une hausse sensible et constante depuis 1997
,
en
raison de l'arrivée à 65 ans de la génération
des anciens combattants d'Afrique du Nord et de l'extension progressive, depuis
cette date, des conditions d'attribution de la carte du combattant.
L'évolution des dépenses d'intervention pour 2002 traduit
clairement l'effet contrasté, d'une part de la diminution naturelle du
nombre de bénéficiaires des pensions d'invalidité et de
l'aide médicale, et d'autre part, de l'élargissement des
conditions d'attribution de la retraite du combattant, auquel il faut ajouter
l'amélioration des majorations de rentes.
De fait, en 2002
,
la seule
diminution du nombre de
bénéficiaires potentiels
se traduit par
une
« économie » de l'ordre de 169,3 millions
d'euros, soit plus de 1 milliard de francs (101 millions d'euros, soit plus de
660 millions de francs, pour les pensions d'invalidité ;
60,8 millions d'euros, soit près de 400 millions de francs,
pour le fonds de solidarité ; 7,3 millions d'euros, soit 48
millions de francs, pour les soins médicaux gratuits)
.
S'agissant des crédits d'intervention du budget des anciens combattants,
il est possible de dégager deux grands agrégats, l'un relatif
à la réparation de l'invalidité et à la retraite du
combattant d'une part, l'autre relatif à la mémoire et à
la solidarité d'autre part.
A. L'AGRÉGAT RÉPARATION DE L'INVALIDITÉ ET RETRAITE DU COMBATTANT
Réparation de l'invalidité, retraite du
combattant
Répartition des coûts
Indicateur de coûts : Dépenses budgétaires (Millions
d'euros)
Notes |
Composantes de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 (P) |
2002 (PLF) |
|
Pensions militaires d'invalidité |
2.688 |
2.595 |
2.528 |
2.450 |
|
Soins
médicaux gratuits et appareillage
|
130
|
117
|
112
|
113
|
|
Retraite de combattant |
374 |
410 |
466 |
535 |
|
Total |
3.192 |
3.122 |
3.106 |
3.098 |
|
Dont rattachement de fonds de concours |
3 |
3 |
2,8 |
0,4 |
Au
total, l'agrégat « réparation de l'invalidité et
retraite du combattant » recouvre des crédits de 3,098
milliards d'euros (20,3 milliards de francs).
Avec 2,98 milliards d'euros (19,6 milliards de francs) inscrits pour 2002,
le financement de la dette viagère (pensions d'invalidité et
retraite du combattant), reste le poste essentiel du budget des anciens
combattants (82,3 % du total).
Au sein de ce poste, la divergence d'évolution entre les postes pensions
d'invalidité et retraite du combattant se confirme, avec d'un
côté une baisse sensible des crédits nécessaires au
financement des pensions d'invalidité (- 3,1 %, soit moins
78,3 millions d'euros, ou près de 514 millions de francs),
liée à la diminution du nombre de bénéficiaires, et
de l'autre, la forte progression des charges de la retraite des anciens
combattants (+ 14,8 %, soit 69 millions d'euros ou
453,5 millions de francs), liée à l'incidence de
l'assouplissement des conditions d'attribution de la carte du combattant.
1. Pensions d'invalidité, allocations et indemnités diverses : une diminution significative
Les
pensions d'invalidité, allocations et indemnités diverses
recouvrent 2,45 milliards d'euros (16 milliards de francs). Ces crédits
sont en diminution de 3,1 % par rapport à 2001.
Les pensions militaires d'invalidité sont attribuées aux
ayants-droit (invalides) et à leurs ayants-cause (veuves, orphelins et
ascendants). Le nombre des pensionnés est structurellement
orienté à la baisse en raison de la mortalité naturelle
qui affecte cette population. Les pensionnés étaient au nombre de
484.473 au 31 décembre 2000, contre 500.505 au 31 décembre 1999,
soit une baisse de 3,2 %.
Pour le budget 2002, la charge des pensions s'élève à 2,45
milliards d'euros, soit un peu plus de 16 milliards de francs, en
diminution de 3,1 % par rapport à 2002, soit une
« économie » de 78,3 millions d'euros (près
de 514 millions de francs).
Cette diminution s'explique pour l'essentiel par celle du nombre des
bénéficiaires potentiels (- 101,1 millions d'euros, soit 663,4
millions de francs), à laquelle il convient d'ajouter l'effet d'un
ajustement de crédits pour tenir compte de l'évolution des
dépenses (- 9,9 millions d'euros, soit près de
65 millions de francs).
Parallèlement, une provision de 16,47 millions d'euros, soit
108 millions de francs, destinée au
financement des mesures de
revalorisation des pensions d'invalidité et allocations
rattachées
prévues en 2002, et relative à
l'application du rapport constant, fait partie des mesures d'ajustement du
budget 2002.
Enfin, le
rétablissement de l'unicité de la valeur du point de
la pension pour les grands invalides
, prévu par l'article 64 du
présent projet de loi, nécessite une mesure nouvelle de
2,59 millions d'euros soit 17 millions de francs.
2. Retraite du combattant : une augmentation sensible liée aux mesures nouvelles et aux effets démographiques
Les
crédits dévolus à la retraite du combattant pour 2002
s'élèvent à 534,8 millions d'euros, soit 3,5 milliards de
francs, en augmentation sensible de 14,8 % par rapport à 2001.
La retraite du combattant, versée aux titulaires de la carte du
combattant à 65 ans, ou à 60 ans dans certains cas - notamment
aux bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité
à partir de 2002 - manifeste la reconnaissance de la Nation.
Les crédits affectés pour 2002 au financement de la retraite du
combattant
6(
*
)
enregistrent une forte progression
par rapport à l'année 2001 (+ 14,8 %, soit plus 69
millions d'euros, ou 453,5 millions de francs) en raison en partie d'une mesure
nouvelle proposée par l'article 63 du projet de loi de
finances : l'attribution de la retraite du combattant à 60 ans aux
anciens combattants titulaires d'une pension militaire d'invalidité au
titre de faits de guerre. Cette disposition représentera une
dépense nouvelle de 12,2 millions d'euros, soit 80 millions de
francs pour le budget 2002.
L'accroissement du nombre des parties prenantes, lié notamment à
l'assouplissement progressif des conditions d'attribution de la carte, depuis
1997, se traduit, pour sa part, par un besoin de financement
supplémentaire de 41,1 millions d'euros, soit près de
270 millions de francs, auxquels il convient d'ajouter 8,7 millions
d'euros (57 millions de francs) pour « tenir compte de
l'évolution des dépenses » ainsi que 3,6 millions
d'euros (23,6 millions de francs) pour tenir compte de l'évolution
des rémunérations en 2001 relative à l'application du
rapport constant.
Enfin, la provision destinée au financement des mesures de
revalorisation de la retraite du combattant prévue en 2002 et
nécessaire pour tenir compte de l'application du rapport constant est
estimée à 3,5 millions d'euros, soit près de 23
millions de francs.
Le montant annuel de la retraite du combattant est égal à 33
points d'indice de pension militaire d'invalidité, soit 412 euros ou
2.700 francs (valeur au 1
er
janvier 2001).
3. Soins médicaux gratuits et frais d'application de la loi du 31 mars 1919 et des lois subséquentes
Ce poste
de dépenses s'élève à 104,4 millions d'euros (685
millions de francs) en 2002, en diminution de 8,4 % par rapport à 2001.
La qualité de pensionné, quel que soit le taux
d'invalidité à partir de 10 %, permet à son titulaire de
bénéficier de la gratuité des soins engagés pour
traiter ses affections pensionnées. En 2000, le nombre de
pensionnés qui se sont fait soigner au moins une fois dans
l'année en métropole était de 113.986 pour un montant
moyen de 930 euros (6.100 francs).
La diminution du nombre des bénéficiaires potentiels explique en
grande partie la décroissance (- 8,4 %, soit - 9,6 millions d'euros,
ou près de 63 millions de francs) des moyens affectés à ce
poste pour 2002. L'an dernier, la diminution avait atteint 2,4 % seulement.
Pour 2002, il faut aussi tenir compte de la révision des services
votés pour un montant de 2,29 millions d'euros (15 millions de
francs) qui correspond à
l'abaissement du plafond de remboursement
des frais d'hébergement engagés à l'occasion de cures
thermales
. Votre rapporteur reviendra dans ses observations finales sur
cette mesure qui lui semble particulièrement contestable.
4. Appareillage des mutilés
Les
crédits inscirts à ce chapitre représentent pour 2002 9,14
millions d'euros, soit 60 millions de francs.
Ce chapitre enregistre une légère diminution (6.941 euros, soit
45.500 francs) justifiée par un ajustement de crédits pour
tenir compte des dépenses constatées.
B. L'AGRÉGAT MÉMOIRE ET SOLIDARITÉ, ONAC
Répartition des coûts
Indicateur de coûts : Dépenses budgétaires (Millions
d'euros)
Notes |
Composantes de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 (P) |
2002 (PLF) |
|
Actions de solidarité |
487 |
438 |
464 |
482 |
|
Dont prise en charge de droits propres |
280 |
278 |
299 |
380 |
|
Dont fonds de solidarité |
191 |
139 |
152 |
91 |
|
Dont action sociale ONAC |
16 |
21 |
13 |
11 |
|
Dont prestations diverses |
0,3 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
|
ONAC |
34,9 |
37,1 |
37,4 |
38,7 |
|
Mémoire |
0,3 |
0,4 |
2,8 |
2,2 |
|
Total |
522 |
476 |
504 |
523 |
1 |
Dont rattachement de fonds de concours |
8 |
3 |
1,5 |
|
Note : 1 - Participation du Fonds social européen versé à l'ONAC pour la rééducation professionnelle
1. Le Fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine : une diminution sensible
En
diminution très importante de 40 % (- 60,8 millions d'euros,
soit près de 400 millions de francs) pour 2002, les crédits
du chapitre 46-10, fixés à 91,47 millions d'euros (600 millions
de francs), traduisent l'incidence de plus en plus marquée de la
décroissance du nombre de bénéficiaires actuels
7(
*
)
.
En 2001, l'extension du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN) aux anciens
d'Algérie au-delà du 2 juillet 1962 et aux anciens
d'Indochine au-delà du 11 août 1954 avait permis de limiter
cet ajustement de crédits.
2. Subvention pour les dépenses sociales de l'ONAC : un geste du gouvernement à l'Assemblée nationale
Dans le
projet de budget initialement présenté par le gouvernement, le
chapitre 46-51 « ONAC, dépenses sociales » faisait
apparaître une diminution des crédits inscrits de 762.000 euros,
soit 5 millions de francs, recouvrant la non-reconduction d'une mesure de
2,29 millions d'euros (15 millions de francs) inscrite à titre non
renouvelable dans le budget 2001 et une majoration de 1,525 million d'euros (10
millions de francs) de crédits destinés au développement
des actions de solidarité en faveur des anciens combattants et de leurs
veuves, mise en oeuvre, au niveau départemental, au profit des
ressortissants les plus démunis (secours, prêts) : 29.127
ressortissants ont bénéficié de l'action sociale,
individuelle ou collective, en 2000. Au total, donc, avant la discussion du
budget à l'Assemblée nationale, le montant des crédits
inscrits au chapitre 46-51 s'élevait à 10,635 millions d'euros
(près de 70 millions de fracns) en diminution de 6,7 % par rapport
à 2001.
Lors de la discussion du budget des anciens combattants à
l'Assemblée nationale, le gouvernement a fait adopter un amendement
visant à majorer les crédits du chapitre 46-51 de 1,52 million
d'euros en faveur d'actions prioritaires de solidarité pour les
ressortissants de l'ONAC éprouvant des difficultés dans leur vie
quotidienne, 0,76 million d'euros étant réservés à
des actions spécifiques en faveur des veuves d'anciens combattants.
3. Prestations remboursées par l'Etat au titre de la section comptable « invalides de guerre » du régime général de l'assurance maladie
Les
crédits inscrits à ce chapitre s'élèvent pour 2002
à 196,6 millions d'euros, soit 1,29 milliard de francs.
En 2002, les crédits du chapitre 46-24 connaissent une diminution de
6,86 millions d'euros (45 millions de francs), soit une baisse de près
de 3,4 %, en raison d'un « ajustement aux besoins compte tenu des
dépenses constatées ».
4. Remboursement à diverses compagnies de transports
Les
crédits inscrits à ce chapitre pour 2002 s'élèvent
à 6,86 millions d'euros, soit 45 millions de francs.
La dotation de ce chapitre, qui permet notamment de financer les avantages
tarifaires sur le réseau SNCF pour les pensionnés et la
gratuité du voyage pour les pèlerinages sur les
sépultures, enregistre une légère augmentation de 6 % ( +
391.748 euros, soit 2,6 millions de francs) en 2002.
5. Subventions, indemnités et pécules : les crédits « anciens combattants » de la mémoire en diminution
Dans le
projet de budget pour 2002 initialement présenté par le
gouvernement, le chapitre 46-04 « Subventions, indemnités et
pécules », qui finance notamment les subventions aux
associations
8(
*
)
, enregistrait une baisse
importante de ses crédits de près de 23 % (- 728.429 euros, soit
4,8 millions de francs).
Cette baisse résultait de la non-reconduction de la dotation inscrite au
budget de 2001 à titre non renouvelable. Cette non-reconduction
concernait non seulement :
- une diminution du montant des subventions versées aux associations et
oeuvres diverses (- 115.861 euros, soit 760.000 francs) ;
- mais aussi une sensible diminution des subventions en faveur des actions de
mémoire de l'ordre de 22,3 % (- 625.374 euros, soit 4,1 millions de
francs) soit un total de 2,175 millions d'euros s'agissant des subventions pour
2002.
En outre, cette diminution n'était que très partiellement
compensée par un transfert de crédits 12.806 euros, soit 84.000
francs, du budget de la défense vers celui des anciens combattants,
transfert destiné au réajustement de la dotation
réservée aux subventions de fonctionnement des associations.
Il faut toutefois noter que depuis la réforme de novembre 1999, les
crédits gérés par la Direction de la mémoire, du
patrimoine et des archives ont évolué vers une prise en charge
plus importante par le budget de la défense, notamment s'agissant des
actions en faveur du patrimoine, de commémorations ou des manifestations
culturelles, le budget des anciens combattants poursuivant son soutien
financier aux actions de mémoire initiées par les
collectivités territoriales et les associations.
Au total, compte tenu des dotations figurant également au budget de la
défense, et avant modifications apportées à
l'Assemblée nationale, près de 11,74 millions d'euros (77
millions de francs) devaient être consacrés en 2002 aux actions de
mémoire, auxquels il fallait aussi ajouter les annuités de
contrat de plan Etat / régions qui se traduisent, sur leur
période, par un engagement financier de 6,86 millions d'euros (45
millions de francs) ainsi que 9,15 millions d'euros (60 millions de
francs) pour les fondations de mémoire.
Lors de la discussion du budget des anciens combattants à
l'Assemblée nationale, le gouvernement a fait adopté un
amendement visant à majorer les crédits du chapitre 46-04 de
47.100 euros qui se répartissent sur l'article 10
« Associations et oeuvres diverses » à hauteur de
35.000 euros et sur l'article 20 « Subventions en faveur des actions
de mémoire » à hauteur de 12.100 euros.
Quoiqu'il en soit, les crédits de la mémoire consacrés au
monde combattant pâtissent d'un réel manque de lisibilité
budgétaire.
Répartition des crédits « Mémoire »
(en €)
|
Prévisions 2001 |
Prévisions 2002 |
||||
|
Section 70 |
Section 04 |
TOTAL |
Section 70 |
Section 04 |
TOTAL |
Cérémonies et commémorations |
564.062 |
|
564.062 |
678.398 |
|
678.398 |
Information historique pédagogique |
1.082.388 |
2.571.814 |
3.654.202 |
1.798.898 |
1.981.837 |
3.780.735 |
Manifestations et actions culturelles |
884.204 |
228.674 |
1.112.878 |
939.086 |
193.277 |
1.132.363 |
Valorisation touristiques des lieux de mémoire
|
3.353.878 |
|
3.353.878 |
4.878.369 |
|
4.878.369 |
Entretien des sépultures de guerre |
1.250.082 |
|
1.250.082 |
1.265.327 |
|
1.265.327 |
TOTAL |
7.134.614 |
2.800.488 |
9.935.102 |
9.560.078 |
2.175.114 |
11.735.192 |
Section 70 : budget de la défense
Section 04 : budget des anciens combattants
Evolution du chapitre 46-04
Non reconduction de la dotation inscrite au budget 2001 à titre non renouvelable : 741.235 euros :
- 115.861 euros |
pour les associations et oeuvres diverses |
- 625.374 euros |
pour les subventions en faveur des actions de mémoire. |
Transfert de crédits en provenance de la Défense : + 12.806 euros
+ 12.806 euros |
Réajustement de la dotation réservé aux subventions de fonctionnement des associations |
6. Mutuelles et majorations des rentes des anciens combattants mutualistes
Ce
chapitre bénéficie d'une très importante majoration de
crédits : + 98,6 %, soit plus 87,6 millions d'euros, ou
575 millions de francs et s'élève pour 2002 à 176,54
millions d'euros, soit 1,16 milliard de francs.
Cette majoration correspond à :
- l'ajustement nécessaire des crédits compte tenu de
l'augmentation du nombre de bénéficiaires (+ 11,7 millions
d'euros, soit près de 77 millions de francs) ainsi que de la
revalorisation du plafond majorable (indexation sur le point de pension
militaire d'invalidité : + 457.238 euros, soit 3 millions de
francs) ;
- une mesure nouvelle attendue proposée par l'article 61 du projet
de loi de finances : le relèvement de 110 à 115 points
d'indice de pension militaire d'invalidité du plafond majorable de la
rente mutualiste du combattant (mesure évaluée à
2,29 millions d'euros, soit 15 millions de francs) ;
- enfin, le transfert, du budget des charges communes vers celui des anciens
combattants, des crédits concernant la majoration légale des
rentes mutualistes des anciens combattants : + 73,18 millions
d'euros, ou 480 millions de francs.
IV. MESURES NOUVELLES : DES AVANCÉES LOUABLES MAIS ENCORE LIMITÉES
Le
présent projet de loi de finances comporte quatre mesures importantes
qui représentent une ouverture de crédits nouveaux de près
de 19,4 millions d'euros (soit 127 millions de francs), alors même
que l'an passé les mesures nouvelles décidées par le
gouvernement s'élevaient à 236 millions de francs (36 millions
d'euros).
La première mesure correspond à une nouvelle progression
à 115 points de pension militaire d'invalidité du
plafond majorable servant au calcul des majorations spécifiques sur les
rentes mutualistes (
article 61
).
Cette mesure représente un coût supplémentaire
évalué à 2,29 millions d'euros, soit 15 millions de
francs. On soulignera que le Gouvernement n'a pas suivi les recommandations de
la Cour des comptes visant à assujettir cette rente, au moins
partiellement, à l'impôt sur le revenu et aux
prélèvements sociaux.
De façon générale, le monde des anciens combattants estime
souhaitable le relèvement progressif à l'indice 130 du
montant du plafond majorable de la rente mutualiste, soit un plafond de l'ordre
de 1.525 euros, au 1
er
janvier 2003.
La deuxième mesure consiste dans l'augmentation de la majoration de
pension des veuves de grands invalides (
article 62
).
En application de l'article L. 52-2 du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de guerre, les veuves de grands invalides
bénéficient en effet d'une majoration de leur pension
calculée selon les deux indices dépendant de la nature de
l'allocation aux grands invalides « 5
bis
» dont le
mari était titulaire. La mesure proposée consiste à
augmenter de 120 points la majoration de ces veuves pour un coût
estimé à 2,29 millions d'euros (15 millions de francs) en
2002.
Il s'agit d'une mesure correspond aux attentes du monde combattant.
La troisième mesure correspond à l'attribution de la retraite du
combattant, dès l'âge de 60 ans, aux bénéficiaires
d'une pension militaire d'invalidité (
article 63
).
Il s'agit donc d'anticiper le versement à 60 ans, au lieu de 65 ans, de
la retraite du combattant, pour les anciens combattants ayant subi des
préjudices physiques ou psychologiques du fait des opérations
militaires ou de maintien de l'ordre hors métropole.
Le coût de cette mesure est estimé à 12,2 millions
d'euros (soit 80 millions de francs) pour la seule année 2002 et
concernera 29.500 bénéficiaires.
Il s'agit d'une avancée importante même si la question de la
généralisation de la retraite du combattant à 60 ans
reste posée. Le coût d'un abaissement de l'âge d'attribution
à 60 ans est certes prohibitif (près de 230 millions
d'euros, soit 1,5 milliard de francs) mais les conditions d'un abaissement
progressif de l'âge d'attribution doivent être envisagées.
La quatrième mesure prévoit le rétablissement de
l'unicité de la valeur du point de la pension militaire
d'invalidité (
article 64
).
Sont inscrits à ce titre au budget 2002, 2,59 millions d'euros, soit
17 millions de francs, après une première mesure
-insuffisante- de 15 millions de francs intervenue en 2000 et une
poursuite du rattrapage en 2001 pour 21 millions de francs. Or, le
coût total de la complète remise à niveau de la valeur du
point de PMI est estimé à 70 millions de francs. Il semble
donc que les 2,59 millions d'euros inscrits au budget 2002 (soit
17 millions de francs) ne seront pas suffisants pour financer le
rétablissement complet de l'unicité de la valeur du point de
PMI : le double de ces crédits aurait été
nécessaire.
V. DES REVENDICATIONS LÉGITIMES ENCORE INSATISFAITES
Si le
monde combattant reconnaît à bon droit les avancées
réalisées cette année et accueille favorablement les
quatre mesures nouvelles annoncées par le gouvernement, votre rapporteur
estime légitime d'insister, cette année encore, sur les quelques
points qui restent en suspens.
En outre, on peut observer que la diminution naturelle du nombre des
bénéficiaires des mesures financées par le présent
budget, notamment au titre des pensions d'invalidité et du Fonds de
solidarité pour l'Afrique du nord et l'Indochine, estimée
à 139,1 millions d'euros, soit 914 millions de francs, laisse
une certaine marge de manoeuvre au gouvernement pour satisfaire les
revendications du monde combattant.
A. LA « DÉCRISTALLISATION » : UN ESPOIR DÉÇU
Les
ressortissants des pays autrefois placés sous la souveraineté de
la France ayant accédé à l'indépendance ont, en
principe, les mêmes droits à pension militaire d'invalidité
et à retraite du combattant que les nationaux français. Depuis
1958 cependant, un dispositif législatif dit de
« cristallisation », applicable aux pensions militaires
d'invalidité et aux retraites du combattant, a modifié
l'étendue des droits des ex-nationaux sur les montants versés
(blocage de la valeur du point de base) et l'ouverture de droits nouveaux.
La « cristallisation », dispositif aux règles
diverses et inégalitaires, entraîne une grande dispersion des
valeurs du point de pension militaire d'invalidité utilisées,
entre 0,48 euro (3,14 francs) et 6,87 euros (45,05 francs). Son impact
réel doit cependant être apprécié au regard du
pouvoir d'achat que les pensions cristallisées procurent à leurs
bénéficiaires.
En outre, la question de la cristallisation doit être examinée
à la fois du point de vue du tarif des pensions (valeurs du point
d'indice) et du point de vue de l'ouverture de droits nouveaux.
Dès la discussion du projet de loi de finances pour 1999, le
secrétaire d'Etat avait proposé d'engager la réflexion sur
cette question en termes de pouvoir d'achat, en comparant, pour un même
taux d'invalidité, le pouvoir d'achat d'une pension attribuée
à un ancien combattant ressortissant français et celui de la
pension aujourd'hui versée à un ancien combattant d'un pays
devenu indépendant. Les résultats avaient souligné un
retard particulièrement significatif pour le Maroc et la Tunisie :
« le pouvoir d'achat de la pension versée au Maroc et en
Tunisie ne permet pas aux intéressés de subvenir à leurs
besoins ».
La cristallisation se traduit ainsi par une très grande dispersion du
point en vigueur selon la nationalité des pensionnés : 6,87
euros (45,05 francs) à Djibouti, 4,26 euros (27,97 F) au
Sénégal, mais 1,96 euro (12,88 F) en Guinée, 1,18 euro
(7,77 F) au Maroc et en Tunisie et 0,48 euro (3,14 F) au Vietnam (pour
mémoire, la valeur non cristallisée du point de PMI est de 12,48
eruos au 1
er
décembre 2000).
Dans les Etats du Maghreb, où le niveau de vie a progressé depuis
la mise en place du dispositif de cristallisation et où les valeurs du
point actuelles procurent un pouvoir d'achat très inférieur au
niveau de vie, une revalorisation du point de PMI se justifie pleinement.
Il est difficile de comprendre comment, dans les conditions budgétaires
actuelles, il n'a pas été possible de prendre une décision
« équitable » concernant les seules retraites des
combattants originaires du Maghreb, pour un coût de l'ordre de 18,3
millions d'euros (120 millions de francs), soit 13 % du montant des
économies dégagées.
Certes, le Secrétaire d'Etat s'est engagé à oeuvrer
« en faveur de la traduction au plan administratif de
décisions de justice ». Une récente décision du
Conseil d'Etat (avis rendu sur question préjudicielle du Tribunal
administratif de Dijon - JO du 1
er
janvier 2000) a en effet
précisé que la cristallisation ne devait s'appliquer qu'aux
tarifs des prestations versées au titre du code des questions militaires
d'invalidité et des victimes de guerre, et non à l'ouverture de
droits nouveaux.
C'est dans ce contexte qu'ont été adoptés les articles 109
et 100 de la loi de finances pour 2001, n° 2000-1352 du 30 décembre
2000.
L'article 109 de la loi précitée prévoit que
«
l'article 71 de la loi n° 59-1454 du 26
décembre 1959 et l'article 26 de la loi n° 81-734 du 3 août
1981 sont complétés par un alinéa ainsi
rédigé : La retraite du combattant pourra être
accordée, au tarif tel qu'il est défini ci-dessus, aux anciens
combattants qui remplissent les conditions requises postérieurement
à la date d'effet de cet article ».
En application de ces
dispositions, les retraites du combattant ont été
concédées à un taux
« cristallisé » à compter du 1
er
janvier 2001. Il s'agissait donc de lever la forclusion sur l'attribution de
droits nouveaux s'agissant des retraites du combattant des anciens combattants
d'outre-mer.
L'article 110 de la loi précitée institue une commission
d'étude de la revalorisation des pensions chargée de proposer des
mesures d'ordre législatif et réglementaire permettant la
revalorisation des rentes, des retraites et des pensions des anciens
combattants de l'outre-mer. Cette commission, composée de
représentants des associations d'anciens combattants et des
administrations concernées, de deux députés et de deux
sénateurs, a pour mission d'émettre des propositions sous la
forme d'un rapport au Premier ministre, dans un délai de six mois
suivant son installation.
Votre rapporteur tient cependant à souligner que la première
réunion de cette réunion n'est intervenue que le 23 octobre 2001
et que l'arrêté fixant nominativement ses membres n'était
toujours pas paru à l'heure de la rédaction de la présente
note.
Au 31 décembre 2000, le nombre de retraites du combattant
cristallisées était de 47.964. Si les dispositions contenues dans
la loi de finances pour 2001 semblaient constituer un premier pas vers la
décristallisation, votre rapporteur ne peut que constater que l'espoir
que ce premier pas a suscité a été déçu.
Votre rapporteur estime qu'il est du devoir du gouvernement aujourd'hui
d'avancer sur cette question qui préoccupe le monde combattant pour des
raisons d'équité et de justice depuis de nombreuses années.
Votre rapporteur spécial accueille favorablement l'amendement
adopté à l'Assemblée nationale visant à majorer les
crédits du chapitre 46-20 « Pensions d'invalidité,
allocations et indemnités diverses » de 1,52 million d'euros
afin de financer l'ouverture des droits à pension relatifs au code des
pensions militaires d'invalidité pour les ayants cause des anciens
combattants des anciennes colonies, dans la continuité des mesures
décidées en loi de finances pour 2001 (articles 109 et 110).
B. L'ÂGE D'ATTRIBUTION DE LA RETRAITE DU COMBATTANT
S'agissant ensuite de l'anticipation de
l'âge de
versement
de la
retraite
du combattant
, votre rapporteur tient à
rappeler que la modicité de cette allocation fait que cette mesure
n'aurait véritablement de portée que pour les personnes disposant
de faibles ressources, et qu'une telle disposition constitue en
réalité une mesure de solidarité significative et
fondée.
Votre rapporteur a toujours considéré que cet abaissement pouvait
se faire par étapes, parallèlement à l'extinction
programmée du fonds de solidarité. Toutefois, il tient à
souligner que cette solution risque bientôt de perdre de son
intérêt dans la mesure où près de la moitié
des anciens combattants potentiellement concernés a d'ores et
déjà atteint l'âge de 65 ans.
Le présent projet de loi prévoit, dans son article 63,
l'attribution à 60 ans de la retraite du combattant aux
bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité au
titre du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de
guerre. Cette mesure est évaluée à 12,2 millions
d'euros, soit 80 millions de francs, et concernent 29.500 anciens combattants
d'AFN pensionnés.
Votre rapporteur considère cette mesure comme un progrès
indéniable mais estime souhaitable d'étudier plus avant les
possibilités d'une généralisation de l'attribution de la
retraite du combattant à 60 ans.
Outre, l'abaissement progressif de l'âge de versement de la retraite du
combattant, votre rapporteur est favorable à une augmentation de
l'indice de pension. L'article L. 256 du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre dispose en effet que le
montant de la retraite est déterminé par application de l'indice
de pension 33 tel qu'il est défini à l'article L. 8
bis
du
même code. Dès lors, une solution alternative à
l'abaissement de l'âge de versement de la retraite pourrait être un
passage de l'indice de pension de 33 à l'indice 48 pour le calcul du
taux de la retraite versée. Cette augmentation de l'indice pourrait
également se faire par étapes : plus 5 points par an en
trois ans. Le coût total estimé de cette augmentation est de
l'ordre de 1,5 milliard de francs. Alors que le coût cumulé
(2002-2006) d'une mesure de généralisation du versement de la
retraite du combattant à 60 ans serait, selon les données du
ministère de la défense, de l'ordre de 2,8 milliards de
francs.
En tout état de cause, votre rapporteur estime que l'argumentation du
Gouvernement, qui craint que, ce faisant, on se rapproche des
caractéristiques d'une pension de vieillesse (et donc, partant, d'un
risque d'assujettissement fiscal) n'est pas fondée. La retraite des
anciens combattants reste, et restera toujours, l'expression d'une
reconnaissance de la Nation et n'a rien à voir avec la retraite
versée au terme d'une vie professionnelle.
C. LA SITUATION DES VEUVES D'ANCIENS COMBATTANTS
Le
gouvernement a annoncé une mesure bienvenue dans le présent
projet de loi en faveur des veuves des grands invalides, à savoir
l'augmentation de 120 points d'indice de leur majoration de pension (article
62).
Si votre rapporteur accueille favorablement cette mesure à destination
des veuves de grands invalides, il n'en conteste pas moins l'absence de mesure
en faveur de toutes les autres veuves.
Sur 1.750.000 veuves ressortissantes de l'ONAC au
1
er
janvier 1998, quelque 160.000 seulement
bénéficient de la réversion de la pension
d'invalidité de leur conjoint décédé, étant
entendu que la pension de veuve au taux normal est inférieur au minimum
vieillesse.
En 2000, les services départementaux de l'ONAC ont dispensé une
aide financière à 8.068 veuves pour un montant global de
2,945 millions d'euros (soit 19,3 millions de francs), soit une
augmentation de 6,3 % du nombre de bénéficiaires et de
15 % du montant des dépenses par rapport à l'exercice 1999.
Ainsi 1,8 million d'euro (près de 12 millions de francs) ont
été consacrés à 4.956 veuves exposées
à des difficultés financières ponctuelles liées
à l'acquittement de frais médicaux, de factures d'énergie,
de frais résultant de la charge d'enfants ou de frais d'obsèques.
Au regard du nombre total de veuves d'anciens combattants, votre rapporteur
estime que cet effort de solidarité n'est pas suffisant.
La commission des Affaires sociales du Sénat a pourtant formulé
plusieurs pistes de solution, d'incidence budgétaire inégale :
réversion de la retraite, assouplissement des conditions de
réversion des pensions d'invalidité, revalorisation des pensions
de veuves.
En outre, le recyclage des ressources du fonds de solidarité afin de
financer une aide spécifique pour les veuves d'anciens combattants sous
la forme d'une allocation différentielle sous condition de ressources
constitue une des revendications du monde combattant et a été, un
temps, envisagé par le secrétaire d'Etat lui-même. Votre
rapporteur s'interroge donc sur les intentions du gouvernement à cet
égard.
D. L'INDEMNISATION DES ORPHELINS DE DÉPORTÉS
Votre rapporteur s'interroge sur le bien-fondé de la mesure d'indemnisation prise par le décret n° 200-657 du 13 juillet 2000 instituant une mesure de réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de persécutions antisémites.
Le dispositif juridique et la procédure d'indemnisation
D'après les dispositions de ce décret, toute
personne
dont le père ou la mère a été déporté
à partir de la France dans le cadre de persécutions
antisémites durant l'occupation et a trouvé la mort en
déportation, a droit à une mesure de réparation si elle
était mineure de vingt et un ans au moment où la
déportation est intervenue.
Sont exclues du bénéfice de cette mesure les personnes qui
reçoivent une indemnité viagère versée par la
République fédérale d'Allemagne ou la République
d'Autriche à raison des mêmes faits.
L'indemnisation revêt deux formes selon la demande de
l'intéressé : un capital forfaitaire et unique de 180.000 francs
(27.440 euros) ou une rente viagère mensuelle de 3.000 francs
(457,35 euros) servie jusqu'au décès du
bénéficiaire.
Le paiement des rentes viagères et des indemnités de capital est
assuré par l'ONAC qui reçoit à cet effet des
crédits du budget des services généraux du Premier
ministre (la gestion des sommes versées à l'ONAC au titre de ce
dispositif est assurée dans le cadre de la réglementation des
ressources affectées).
Le nombre et le montant des indemnisations
A la
date du 3 septembre 2001, 15.253 demandes d'indemnisation avaient
été reçues, réparties en :
- 11.4000 décisions définitives d'accord ;
- 3.403 décisions en instance ;
- 450 décisions de refus (parents non déportés, orphelins
de plus de 21 ans ...).
Au 12 septembre 2001, la dépense enregistrée par l'ONAC
était de :
- 886,7 millions de francs (135,2 millions d'euros) pour l'attribution du
capital ;
- 113,2 millions de francs (17,3 millions d'euros) pour les rentes
viagères initiales ;
- 74,6 millions de francs (11,37 millions d'euros) au titre des
mensualités servies.
Au total, l'indemnisation versée au titre du décret du 13 juillet
2000 entre le 30 octobre 2000 et le 12 septembre 2001
s'élève à 1.074,5 millions de francs (163,8 millions
d'euros), sur crédits inscrits au budget des SGPM.
Votre rapporteur, estime, que dans un souci d'équité et
d'indifférenciation raciale ou religieuse, cette mesure de
réparation devrait être étendue à tous les orphelins
de déportés non juifs, fusillés ou massacrés.
E. L'INDEMNISATION DES INCORPORÉS DE FORCE DANS LES FORMATIONS PARAMILITAIRES ALLEMANDES (RAD - KHD)
Les
engagements pris concernant
l'indemnisation des incorporés de force
dans les formations paramilitaires allemandes
(RAD-KHD)
9(
*
)
, par alignement sur la situation des incorporés
de force dans l'armée allemande, n'ont toujours pas été
tenus. Le recensement a pourtant été effectué depuis plus
de deux ans (31 mars 1999), la quasi totalité des
10.000 demandes reçues, examinées, et la fondation
« Entente franco-allemande » est prête à
financer en grande partie cette indemnisation, sous réserve que le
Gouvernement français s'y engage lui aussi.
Dans la réponse à la question portant spécifiquement sur
les incorporés dans les organisations RAD ou KHD, posée par
votre rapporteur au secrétaire d'Etat dans le cadre de son traditionnel
questionnaire budgétaire, il est indiqué que :
«
Le gouvernement, après avoir examiné attentivement
ce dossier, a approuvé la décision prise le 25 juin 1998 par le
comité directeur de la fondation Entente franco-allemande
d'élargir à cette dernière catégorie
d'incorporés de force le droit à l'allocation unique qu'elle est
chargée de distribuer. C'est en effet dans le cadre de l'accord
franco-allemand du 31 mars 1981 et des fonds qui ont été
réservés pour l'application de cet accord que la solution doit
être trouvée. Le conseil d'administration de l'Entente a
conditionné, jusqu'à présent, le versement lui incombant
à la participation de l'Etat.
Le gouvernement ne s'estime pas tenu
par cet engagement, l'accord du 31 mai 1981 n'ayant pas prévu une
contribution de la France à une indemnisation qui relève de la
responsabilité allemande
».
Votre rapporteur regrette que les crédits nécessaires au
règlement définitif de ce dossier ne soient toujours pas inscrits
dans le présent projet de budget et ne partage pas du tout l'opinion du
secrétaire d'Etat selon laquelle le gouvernement ne doit pas s'estimer
tenu par cet engagement.
VI. UNE LISIBILITÉ BUDGÉTAIRE ENCORE PERFECTIBLE : L'EXEMPLE DE LA POLITIQUE DE LA MÉMOIRE
Depuis
novembre 1999, l'insertion des services chargés des anciens combattants
au sein du ministère de la défense a eu pour conséquence
une modification du périmètre du budget des anciens combattants
avec un transfert de crédits du budget des anciens combattants vers le
budget de la défense. Désormais le budget des anciens combattants
comporte donc :
- un titre III (moyens des services) relatif aux subventions de fonctionnement
des établissements publics sous tutelle (INI et ONAC) ;
- un titre IV (interventions publiques) relatif aux interventions et
prestations de l'Etat en matière de réparation,
solidarité, protection sociale à destination du monde combattant,
ainsi qu'aux subventions en faveur de la mémoire.
Tous les autres crédits (administration centrale ou services
déconcentrés de l'ancien secrétariat d'Etat) ont
été transférés sur le budget de la
défense : rémunérations et charges sociales,
fonctionnement courant, entretien des nécropoles nationales,
cérémonies, information historique, informatique,
réparations civiles, investissements (notamment rénovation des
sépultures de guerre et investissements dans les établissements
publics).
Ce souci de rationalisation administrative a toutefois entraîné un
manque de lisibilité budgétaire globale. Ainsi, il est difficile
de savoir, en ne consultant que le « bleu anciens
combattants », quel est le montant total des crédits
alloués par l'Etat au monde combattant. En outre, la consultation du
« bleu défense » ne permet pas non plus de
visualiser avec précision les crédits à destination finale
du monde combattant.
Les
crédits de la mémoire
constituent une bonne
illustration de ce manque de lisibilité budgétaire. Depuis la
réforme de novembre 1999, les crédits gérés par la
direction de la mémoire, du patrimoine et des archives ont
évolué vers une prise en charge plus importante du budget de la
défense, notamment concernant les actions en faveur du patrimoine, des
commémorations ou des manifestations culturelles, le budget des anciens
combattants poursuivant son soutien financier aux actions de mémoire
initiées par les collectivités territoriales et les associations.
Si l'on s'en tient à l'analyse des crédits inscrits au budget des
anciens combattants, seuls subsistent deux articles budgétaires au sein
de deux chapitres différents : l'article 10 du chapitre 46-03
(frais de voyage des familles pour se rendre sur les tombes des ressortissants
bénéficiant de la sépulture perpétuelle aux frais
de l'Etat) et l'article 20 du chapitre 46-04 (subventions en faveur des actions
de mémoire). Pour l'année 2002, les crédits mémoire
inscrits au budget des anciens combattants sont ainsi en diminution de 0,6
million d'euros par rapport à 2001 et passent de 2,8 millions d'euros
(18,4 millions de francs) en 2001 à 2,2 millions d'euros (14,4 millions
de francs) en 2002, soit une baisse de 21,4 %. Tandis que, de manière
globale, en tenant compte des crédits mémoire inscrits au budget
de la défense, il apparaît en fait que l'agrégat
mémoire dans sa totalité voit ses crédits augmenter entre
2001 et 2002 pour passer de 9,93 millions d'euros (65 millions de francs)
à 11,73 millions d'euros (77 millions de francs), soit une hausse
de 18 %, entièrement due à l'augmentation de 34 % des
crédits mémoire inscrits au budget de la défense,
crédits qui concernent d'ailleurs essentiellement la remise en
état des sépultures de guerre et lieux de mémoire, et pas
l'information historique pédagogique ou les manifestations culturelles.
Alors même que le secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants se félicite de «
la
progression de 20 % du budget consacré à la mémoire. Ce
budget doit permettre de consolider et développer les divers vecteurs
d'une politique de mémoire volontariste et ambitieuse au service des
valeurs républicaines
».
En outre, il faut noter en 2002 le transfert de 12.806 euros, soit 84.000
francs, du budget de la défense vers le chapitre 46-04 du budget des
anciens combattants.
D'où, finalement, l'ambiguïté et la difficulté d'une
analyse budgétaire exhaustive de la politique de la mémoire
menée par le gouvernement.
Répartition des crédits « Mémoire »
(en €)
|
Prévisions 2001 |
Prévisions 2002 |
||||
|
Section 70 |
Section 04 |
TOTAL |
Section 70 |
Section 04 |
TOTAL |
Cérémonies et commémorations |
564.062 |
|
564.062 |
678.398 |
|
678.398 |
Information historique pédagogique |
1.082.388 |
2.571.814 |
3.654.202 |
1.798.898 |
1.981.837 |
3.780.735 |
Manifestations et actions culturelles |
884.204 |
228.674 |
1.112.878 |
939.086 |
193.277 |
1.132.363 |
Valorisation touristiques des lieux de mémoire
|
3.353.878 |
|
3.353.878 |
4.878.369 |
|
4.878.369 |
Entretien des sépultures de guerre |
1.250.082 |
|
1.250.082 |
1.265.327 |
|
1.265.327 |
TOTAL |
7.134.614 |
2.800.488 |
9.935.102 |
9.560.078 |
2.175.114 |
11.735.192 |
Source : Ministère de la défense
En outre, le rapport du contrôle financier sur la gestion 2000 du budget des anciens combattants souligne que les crédits inscrits au chapitre 46-04, article 20 (subventions en faveur des actions de mémoire) n'ont été consommés qu'à hauteur de 19,34 % en 2000.
VII. UNE MESURE INJUSTIFIÉE : L'ABAISSEMENT DU PLAFOND DE REMBOURSEMENT DES FRAIS D'HÉBERGEMENT ENGAGÉS À L'OCCASION DE CURES THERMALES
L'article 20 du chapitre 46-27 (soins médicaux gratuits
-
thermalisme) fait l'objet dans le présent projet de loi d'une mesure de
révision des services votés pour un montant de 2,29 millions
d'euros, soit 15 millions de francs. Cette révision des services
votés résulte de l'abaissement du plafond de remboursement des
frais d'hébergement engagés à l'occasion de cures
thermales.
D'après les dispositions de l'article D. 62
bis
du code des
pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, les
pensionnés effectuant une cure thermale ont droit au versement d'une
indemnité forfaitaire d'hébergement et au remboursement des frais
de voyage, sauf s'ils sont domiciliés dans la station thermale. Le
montant de l'indemnité d'hébergement est fixé par
arrêté.
L'arrêté du 25 juillet 2001 fixe le montant de l'indemnité
forfaitaire d'hébergement prévue à l'article D. 62
bis
précité à trois fois le plafond de la participation
forfaitaire des caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) aux frais de
séjour des assurés sociaux et de leurs ayants droit dans les
stations de cure thermale tel qu'il est déterminé par
arrêté du ministre chargé de la sécurité
sociale.
Le montant de l'indemnité forfaitaire d'hébergement était
auparavant fixé à cinq fois le plafond de la participation
forfaitaire des CPAM aux frais de séjour dans les cures thermales.
Votre rapporteur considère que cet abaissement du plafond de
remboursement des frais d'hébergement engagés à l'occasion
de cures thermales ne se justifie en aucune manière et constitue une
remise en cause inacceptable du droit à réparation des anciens
combattants. En effet, l'article L. 115 du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre dispose que l'Etat doit
gratuitement aux titulaires d'une pension d'invalidité les prestations
médicales, paramédicales, chirurgicales et pharmaceutiques
nécessitées par les infirmités qui donnent lieu à
pension, en ce qui concerne exclusivement les accidents et complications
résultant de la blessure ou de la maladie qui ouvre droit à
pension.
Votre rapporteur souhaite que le gouvernement revienne sur cet abaissement du
plafond de remboursement des frais d'hébergement en cures thermales lors
de la discussion budgétaire.
EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
ARTICLE 61 : AUGMENTATION DU PLAFOND MAJORABLE DE LA
RENTE MUTUALISTE DU COMBATTANT
Créée par la loi du 4 août 1923, la retraite mutualiste des
anciens combattants, majorée par l'Etat, est une rente viagère
accordée à une catégorie particulière de rentiers,
les mutualistes anciens combattants. Il s'agit d'une forme de placement de
l'épargne individuelle que l'Etat encourage par le versement d'une
majoration spécifique.
En effet, d'après les dispositions de l'article L. 222-2 du code de la
mutualité, les membres des sociétés mutualistes ayant la
qualité d'anciens combattants désireux de se constituer une rente
mutualiste, bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat égale, en règle générale,
à 25 % du montant de la rente résultant des versements
personnels de l'intéressé. Une majoration supplémentaire
est accordée par l'Etat en fonction de l'âge du demandeur.
Le total formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat
est limité à un plafond fixé en valeur absolue, dit
« plafond majorable ».
Le nombre de bénéficiaires était de 360.699 au 31
décembre 1999 et de 360.020 au 31 décembre 2000. Le montant moyen
d'une rente est de 869 euros (5.700 francs).
Certaines associations d'anciens combattants, et les caisses de retraite
mutualiste qu'elles gèrent, réclamaient avec force l'indexation
du plafond majorable de la rente mutualiste du combattant sur la valeur du
point d'indice des pensions militaires d'invalidité tout en souhaitant
que le montant de ce plafond soit fixé à l'équivalent de
130 de ces points d'indice.
Depuis la
loi de finances initiale pour 1998
, le plafond (rente plus
majoration spécifique), est exprimé par un indice défini
en points de pension militaire d'invalidité, indexé sur
l'évolution des traitements bruts de la fonction publique. Ce nouveau
mode d'indexation permet de faire évoluer le montant du plafond
majorable en application du rapport constant.
Fixé initialement à 95 par la loi de finances initiale pour 1998,
ce plafond a été porté à l'indice 105 au
1
er
janvier 2000, puis à l'indice 110 au
1
er
janvier 2001, soit 1.374 euros (9.013 francs).
Le présent article propose de le majorer à nouveau en portant
l'indice de référence de 110 à 115, ce qui
représente une
dépense budgétaire supplémentaire
pour la seule majoration spécifique évaluée à 2,29
millions d'euros, soit 15 millions de francs, pour 2002
.
On rappellera que l'augmentation de 100 à 105 intervenue dans le cadre
de la loi de finances pour 2000 représentait une
dépense
budgétaire
évaluée à 10 millions de
francs (1,52 million d'euros)
tandis que l'augmentation de 105
à 110 intervenue dans le cadre de la loi de finances initiale pour 2001
représentait une
dépense budgétaire
évaluée à 13 millions de francs (près de 2
millions d'euros)
.
De façon générale, le monde des anciens combattants estime
souhaitable le relèvement progressif à l'indice 130 du
montant du plafond majorable de la rente mutualiste, soit un plafond de l'ordre
de 1.525 euros, au 1
er
janvier 2003.
Evolution du plafond majorable depuis 1987
Année |
Plafond majorable en F |
Plafond majorable en € |
1987 |
5 000 F |
|
1988 |
5 600 F |
|
1989 |
5 600 F |
|
1990 |
5 900 F |
|
1991 |
5 900 F |
|
1992 |
6 200 F |
|
1993 |
6 400 F |
|
1994 |
6 600 F |
|
1995 |
6 750 F |
|
1996 |
7 000 F |
|
1997 |
7 091 F |
|
1998 |
7 496 F |
1 142,76 € |
1999 |
7 993 F |
1 218,52 € |
2000 |
8 554 F |
1 304,05 € |
2001 |
9 011 F |
1 373,72 € |
2002 |
*9 535 F |
*1 453,60 € |
*
valeur du point PMI estimé au 1er janvier 2002 à 12,64 €
(82,94 F)
ARTICLE 62 : AUGMENTATION DE LA MAJORATION DE PENSION DES VEUVES DE
GRANDS INVALIDES
L'article 62 du présent projet de loi de finances vise à
augmenter la majoration de pension dont bénéficient les veuves de
grands invalides.
D'après les dispositions de l'article L. 52-2 du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de guerre, une majoration
spéciale est attribuée, pour les soins données par elles
à leur mari, aux veuves des grands invalides et
bénéficiaires de l'allocation spéciale n° 5
bis/b lorsqu'elles sont titulaires d'une pension si elles sont
âgées de plus de soixante ans et si elles justifient d'une
durée de mariage et de soins donnés d'une manière
constante pendant au moins quinze années. Le taux de cette majoration
est fixée à l'indice de pension 230. Pour les veuves
bénéficiaires de l'allocation n° 5 bis/a, ce taux
de majoration est fixée par le même code à l'indice de
pension 140.
Le présent article vise à augmenter le taux de cette majoration
spéciale, pour les veuves bénéficiaires des allocations
spéciales mentionnées précédemment (n° 5
bis/b et 5 bis/a), respectivement à 350 et 260 points d'indice
de pension, soit une augmentation de 120 points quel que soit le type
d'allocation.
Le gouvernement présente cette mesure comme devant permettre de prendre
en compte la perte de revenus liée à la disparition du
pensionné auquel ces veuves ont consacré une assistance
permanente pendant au moins quinze ans.
Le coût de cette mesure est évalué à
2,29 millions d'euros, soit 15 millions de francs, pour 2002.
Il s'agit d'une mesure revendiquée depuis longtemps par la plupart de
associations représentant le monde combattant. Votre rapporteur
spécial ne peut donc qu'approuver une telle mesure.
ARTICLE 63 :ATTRIBUTION DE LA RETRAITE DU COMBATTANT, DÈS
L'AGE DE 60 ANS, AUX BÉNÉFICIAIRES D'UNE PENSION MILITAIRE
D'INVALIDITÉ
L'article 63 du présent projet de loi de finances vise à
anticiper le versement à soixante ans, au lieu de soixante cinq ans, de
la retraite du combattant, pour les anciens combattants ayant subi des
préjudices physiques ou psychologiques du fait des opérations
miliaires ou du maintien de l'ordre hors métropole.
Le code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre
dispose, dans son article L. 255, qu'il est institué pour tout
titulaire de la carte du combattant une retraite cumulable, sans aucune
restriction, avec la retraite qu'il aura pu s'assurer par ses propres
versements personnels, en application notamment de la loi du 4 août 1923
sur les mutuelles de retraite et avec la ou les pensions qu'il pourrait toucher
à un titre quelconque. Cette retraite annuelle, qui n'est pas
réversible, est accordée en témoignage de la
reconnaissance nationale.
L'article L. 256 du même code précise que cette retraite est
attribuée à partir de 60 ans à tout titulaire de la carte
du combattant bénéficiaire du livre IX du code de la
sécurité sociale. Les titulaires de la carte du combattant au
titre des dispositions du paragraphe A de l'article R. 224 du code des pensions
militaire d'invalidité et des victimes de guerre, âgés de
65 ans, bénéficient de la retraite au taux
déterminé par application de l'indice de pension 33. Enfin, les
titulaires de la carte, âgés de 65 ans, autres que ceux
mentionnés précédemment, bénéficient de la
retraite au taux déterminé par application de l'indice de pension
33.
Ainsi, de manière générale, la retraite du combattant est
attribuée à 65 ans. Toutefois quelques exceptions existent
pour les titulaires de l'allocation supplémentaire du fonds de
solidarité, les titulaires d'une pension militaire d'invalidité
au taux de 50 % au moins et bénéficiant d'une allocation sociale
en raison de la modicité de leurs ressources, et les résidents
dans les départements et territoires d'outre-mer pour lesquels le droit
est ouvert dès 60 ans.
Effectif des bénéficiaires de la retraite du combattant
|
Effectifs au 1 er janvier de l'année |
Attributions au cours de l'année |
Extinctions
|
Effectifs au 31 décembre de l'année |
Solde |
1996 |
934 571 |
33 296 |
66 610 |
901 257 |
- 33 314 |
1997 |
901 257 |
72 374 |
85 289 |
888 142 |
- 12 915 |
1998 |
888 142 |
80 693 |
50 744 |
918 291 |
+ 29 949 |
1999 |
918 291 |
115 404 |
69 673 |
964 022 |
+ 45 731 |
2000 |
964 022 |
143 027 |
75 665 |
1 031 384 |
+ 67 362 |
2001 (estimations) |
1 031 384 |
151 849 |
70 000 |
1 113 233 |
+ 81 849 |
2002 (estimations) |
1 113 233 |
151 922 |
70 000 |
1 195 155 |
+ 81 912 |
L'article 63 du présent projet de loi précise
désormais que les bénéficiaires d'une pension militaire
d'invalidité, indemnisant une ou plusieurs infirmités imputables
à des services accomplis au cours d'opérations
déclarées campagne de guerre ou d'opérations de maintien
de l'ordre hors métropole et titulaires de la carte du combattant, ont
droit à la retraite du combattant à l'âge de 60 ans.
Le coût de cette mesure est estimé par le gouvernement à
12,2 millions d'euros pour 2002, soit 80 millions de francs. Le nombre de
bénéficiaires de cette mesure a été chiffré
par le gouvernement à 29.500.
La génération des combattants d'Afrique du nord sera
essentiellement bénéficiaire de cette mesure.
L'effectif des
anciens combattants d'AFN âgés de 60 à 64 ans en 2002 est
estimé à 439.549. Parmi eux, le nombre de titulaires d'une
pension militaires d'invalidité est évalué à partir
des effectifs des pensionnés « hors guerre » et de
l'effectif des militaires ayant servi en AFN soit environ 35.000
pensionnés, auxquels il faut retrancher les anciens combattants qui
bénéficient déjà à divers titres de la
retraite du combattant à 60 ans (5.500). L'effectif total des
bénéficiaires de la mesure sera donc de 29.500.
Il s'agit d'une mesure bienvenue même si elle reste circonscrite à
une catégorie spécifique d'anciens combattants, les
bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité.
Depuis de nombreuses années les associations d'anciens combattants
demandent que l'âge à partir duquel est ouvert le droit à
la retraite du combattant soit fixé à 60 ans pour tous les
titulaires de la carte du combattant. Le gouvernement ne s'estime pas en mesure
de satisfaire cette revendication en raison du coût de la mesure. A
terme, il reste cependant nécessaire d'étudier plus avant les
conditions d'un versement anticipé de la retraite du combattant de
manière générale.
Coût d'une mesure de généralisation du
versement
de la retraite du combattant à 60 ans
ANNÉE |
COÛT |
|
|
FRANCS |
EUROS |
2002 |
1 183,30 MF |
180,39 M€ |
2003 |
812,36 MF |
123,84 M€ |
2004 |
485,52 MF |
74,02 M€ |
2005 |
205,83 MF |
31,38 M€ |
2006 |
102,07 MF |
15,56 M€ |
TOTAL |
2 787,08 MF |
425,19 M€ |
Pour les
trois premières années, le coût cumulé est
estimé à 378,25 M€ (2 481,18 MF)
ARTICLE 64 : RÉTABLISSEMENT DE L'UNICITÉ DU POINT DE
LA PENSION MILIAITRE D'INVALIDITÉ
L'article 64 du présent projet de loi de finances vise à abroger
l'article L. 114 bis du code des pensions militaires d'invalidité et des
victimes de guerre à compter du 1
er
janvier 2002.
L'article L. 114 bis précité dispose que, lorsque la pension
d'invalidité dépasse un indice correspondant à la somme
annuelle de 360.000 francs, aucune revalorisation de la valeur du point
d'indice de pension ne lui est plus applicable sauf dispositions contraires
prévues par la loi. Toutefois, les revalorisations du point d'indice de
pension effectuées au titre des périodes postérieures
à 1995 sont applicables à la pension d'invalidité.
En outre, au 1
er
janvier 2000, les pensions d'invalidité ont
été revalorisées de 1,5 %, dans la limite des
émoluments qui résultent de l'application de la valeur du point
de l'ensemble des autres pensions militaires d'invalidité (article 123
de la loi de finances pour 2000). Leur revalorisation, dans les mêmes
conditions, au 1
er
janvier 2001, a été de 3 % (article
106 de la loi de finances pour 2001).
En effet, le blocage des pensions d'invalidité supérieures
à 360.000 francs par an (grands invalides), entre 1991 et 1995,
s'était traduit par un décalage important entre la valeur du
point de pension militaire d'invalidité des grands invalides et celle
des autres pensions militaires.
La loi de finances pour 1995
ayant autorisé les personnes
titulaires de pensions supérieures à 360.000 francs,
à condition qu'elle aient été concédées
avant 1995, à bénéficier à nouveau des pourcentages
de revalorisation accordés à partir du
1
er
janvier 1995, appliqués à la valeur fictive
du point de pension bloquée, sans rattrapage, cette mesure s'est
traduite par des différences d'indemnisation entre pensionnés
atteints d'une invalidité globale à taux identique, selon que le
dépassement du plafond soit intervenu avant 1994, entre 1991 et 1995, ou
après 1995.
Par amendement introduit en cours de première lecture à
l'Assemblée nationale,
la loi de finances initiale pour 2000
a
effectué une première étape vers le comblement progressif
de ce décalage. Une première mesure de 15 millions de francs
a ainsi été inscrite au budget 2000. Lors de la discussion au
Sénat
10(
*
)
, le ministre avait
indiqué :
« J'aurais préféré
moi-même aller plus loin, mais l'important était d'initier le
règlement de ce contentieux dans le projet de budget pour 2000. La suite
viendra très naturellement dans le prochain, voire les deux prochains
projets de budget ; l'objectif est d'avancer le plus vite
possible ».
De fait, le coût de la remise à niveau complète
était évalué à 70 millions de francs.
La loi de finances pour 2001 prévoyait à ce titre une mesure
nouvelle de 21 millions de francs, laissant ainsi un
« solde » de 35 millions de francs à financer.
Le présent projet de loi prévoit le rétablissement
complet de l'unicité du point de la pension militaire
d'invalidité pour un coût attendu de 2,59 millions d'euros (soit
15 millions de francs) pour 2002.
ARTICLE 64 BIS NOUVEAU : PRÉSENTATION PAR LE GOUVERNEMENT D'UN
RAPPORT SUR LES VICTIMES DES PSYCHOTRAUMATISMES DE GUERRE
L'Assemblée nationale a adopté l'article 64
bis
visant
à préciser que le gouvernement présentera au Parlement, au
plus tard le 1
er
septembre 2002, un rapport sur les victimes des
psychotraumatismes de guerre. Ce rapport devra fournir une évaluation
détaillée du coût de la mise en place des centres de soins
de proximité adaptés au traitement de ces traumatismes et du
coût de formation des personnels compétents nécessaires
pour les faire fonctionner.
Votre rapporteur spécial estime que cette nouvelle disposition devrait
permettre de mieux appréhender les psychotraumatismes de guerre et
d'explorer de manière concrète les modalités pratiques
d'une meilleurs prise en charge de cette forme de traumatisme. Toutefois, il
constate à regret que cette disposition ne consiste que dans la promesse
d'un énième rapport et qu'il n'appartient d'ailleurs pas
forcément à la loi de demander la présentation d'un
rapport par le gouvernement au parlement.
MODIFICATIONS ADOPTÉES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I. MODIFICATION DES CRÉDITS
Au
total, les crédits du titre IV ont été majorés de
3.087.100 euros.
En première délibération, les crédits du titre IV
ont été majorés de 3.040.000 euros, dont 1.520.000 euros
sur le chapitre 46-51 (Office national des anciens combattants et victimes de
guerre, dépenses sociale) et 1.520.000 euros sur le chapitre 46-20
(Pensions d'invalidité, allocations et indemnités diverses).
En seconde délibération, les crédits du titre IV ont
été majorés de 47.100 euros.
Le chapitre 46-04 « Subvention, indemnités et
pécules » a été abondé de 47.100 euros,
qui se répartissent sur l'article 10 « Associations et oeuvres
diverses » à hauteur de 35.000 euros et sur l'article 20
« Subventions en faveur des actions de mémoire »
à hauteur de 12.100 euros.
II. ADOPTION D'UN ARTICLE ADDITIONNEL : ARTICLE 64 BIS
L'Assemblée nationale a adopté l'article 64 bis visant à préciser que le gouvernement présentera au Parlement, au plus tard le 1 er septembre 2002, un rapport sur les victimes des psychotraumatismes de guerre. Ce rapport devra fournir une évaluation détaillée du coût de la mise en place des centres de soins de proximité adaptés au traitement de ces traumatismes et du coût de formation des personnels compétents nécessaires pour les faire fonctionner.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 24 octobre 2001 sous la présidence de
M.
Claude Belot, vice-président, la commission a procédé
à
l'examen des crédits inscrits au budget des anciens
combattants pour 2002
, sur le rapport de
M. Jacques Baudot, rapporteur
spécial.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a d'abord rappelé que
les crédits du secrétariat d'Etat aux anciens combattants
prévus dans le projet de loi de finances pour 2002
s'élèvent à 3,63 milliards d'euros (soit un peu moins de
23,8 milliards de francs).
A périmètre constant, c'est-à-dire en ne tenant pas compte
des transferts entre sections intervenant cette année, il a noté
que le budget pour 2002 était en diminution de 1,99 % par rapport
aux crédits votés en loi de finances initiale pour 2001.
Il a cependant indiqué qu'il fallait tenir compte de la baisse
mécanique des dotations en fonction du nombre de
bénéficiaires (- 4 %) et que, de fait, rapportées au
nombre de bénéficiaires potentiels, les dotations
affectées en 2002 au monde combattant augmentaient de 4,1 % en
moyenne.
En outre, il fait observer que les crédits inscrits au budget des
anciens combattants et de la défense ne représentaient pas la
totalité de la dépense collective en faveur du monde combattant.
Au total, il a estimé que l'effort global de la Nation en faveur des
anciens combattants en 2002 était de l'ordre de 4 milliards d'euros,
soit un peu plus de 26 milliards de francs, ce qui inclut les
crédits inscrits au budget de la défense, ainsi que la
« dépense fiscale » constituée par les
exonérations et déductions diverses dont
bénéficient les anciens combattants.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a ensuite
précisé que le budget des anciens combattants était, pour
l'essentiel, un budget de prestations et que la dette viagère, qui
comprend les pensions d'invalidité et la retraite du combattant,
pèserait 3,1 milliards d'euros, soit 20,3 milliards de francs,
en 2002.
Il a souligné que la masse des dépenses d'intervention, qui
atteindrait 3,6 milliards d'euros - 23,5 milliards de francs - en
2002 (plus de 98 % du budget total), enregistrait des évolutions
divergentes et caractéristiques de la politique menée en faveur
du monde combattant.
Il a d'abord insisté sur la forte progression (+ 14,8 %) des
charges de retraite, liées aux conséquences immédiates de
la politique d'élargissement des conditions d'attribution menées
depuis 1997.
Parallèlement, il a souligné la diminution de la charge des
pensions (- 3,1 %) en raison de la disparition naturelle des
bénéficiaires.
Dès lors, il s'est étonné de ce qu'une partie seulement
des « économies » potentielles réalisables
sur ce budget, en raison de la disparition naturelle des
bénéficiaires, évaluées à près de 170
millions d'euros, soit plus d'1 milliard de francs, fût
« recyclée » par le secrétariat d'Etat
pour financer des mesures supplémentaires en faveur du monde ancien
combattant.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a par la suite
présenté le contenu des quatre articles rattachés
au budget des anciens combattants dans le projet de loi de finances pour
2002. Il a rappelé que deux de ces mesures s'inscrivaient dans le droit
fil des mesures prises les années précédentes en faveur
des anciens combattants tandis que les deux autres présentaient un
caractère plus innovant.
Il a d'abord présenté l'article 61 correspondant à une
nouvelle progression
à 115 points de pension militaire
d'invalidité du plafond majorable servant au calcul des majorations
spécifiques sur les rentes mutualistes, pour un coût de 2,29
millions d'euros (15 millions de francs) en 2002.
Il a détaillé les dispositions de l'article 62 consistant
dans l'augmentation de la majoration de pension des veuves de grands invalides,
pour un coût en 2002 de 2,29 millions d'euros (15 millions de francs).
Il a ensuite abordé le contenu de l'article 63 correspondant
à l'attribution de la retraite du combattant, dès l'âge de
60 ans, aux bénéficiaires d'une pension militaire
d'invalidité, pour un coût estimé à
12,2 millions d'euros (soit 80 millions de francs) pour la seule
année 2002 et 29.500 bénéficiaires attendus.
Enfin, il a présenté les dispositions de l'article
64 prévoyant le rétablissement de l'unicité de la
valeur du point de la pension militaire d'invalidité, pour un coût
de 2,59 millions d'euros, soit 17 millions de francs.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a ensuite reconnu
l'intérêt des avancées réalisées cette
année mais il a estimé légitime d'insister, cette
année encore, sur les quelques points restant en suspens.
Il a d'abord évoqué la question de la
« décristallisation » des prestations versées
aux Anciens combattants de nos anciennes colonies comme un point majeur de
« responsabilité morale et collective ».
Il a rappelé que les études menées avaient montré
que, à niveau de droits équivalent, le pouvoir d'achat des
pensions servies aux Anciens combattants des pays du Maghreb était
inférieur d'un tiers à celui des métropolitains et a
souhaité que le Gouvernement prenne une décision
« équitable » concernant les retraites des
combattants originaires du Maghreb.
En outre,
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a
évoqué les autres points suivants :
- l'anticipation de l'âge de versement de la retraite du
combattant
: il a rappelé que, certes le présent
projet de loi prévoyait l'attribution à 60 ans de la retraite du
combattant aux bénéficiaires d'une pension militaire
d'invalidité, mais a déploré que les conditions d'une
généralisation de cette attribution à 60 ns ne
fussent toujours pas évoquées par le secrétaire
d'Etat ;
- la situation des veuves d'anciens combattants : il a souligné que
le projet de loi de finances pour 2002 contenait une mesure en faveur des
veuves de grands invalides, mais a estimé que, plus
généralement, il eût été souhaitable
d'oeuvrer en faveur de toutes les autres veuves. Parmi les mesures
envisageables il a évoqué la réversion de la retraite du
combattant, l'assouplissement des conditions de réversion de la pension
d'invalidité ou encore la revalorisation des pensions de veuves ;
- l'indemnisation des orphelins de déportés : il a
estimé que, dans un souci d'équité et
d'indifférenciation raciale ou religieuse, la mesure de
réparation pour les orphelins dont les parents ont été
déportés et victimes de persécutions antisémites,
devait être étendue à tous les orphelins de
déportés non juifs, fusillés ou massacrés ;
- l'indemnisation des incorporés de force dans les formations
paramilitaires allemandes :
il a déploré que les
engagements pris, par alignement sur la situation des incorporés de
force dans l'armée allemande, n'eussent toujours pas été
tenus.
Enfin, il a considéré que l'abaissement du plafond de
remboursement des frais d'hébergement engagés à l'occasion
de cures thermales était une mesure injustifiée et constituait
une remise en cause du droit à réparation des anciens combattants.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a ensuite proposé
à la commission de réserver le vote sur le budget des anciens
combattants ainsi que celui sur les articles rattachés jusqu'à
l'audition du ministre de la défense, tout en préconisant un
rejet du budget et un avis favorable sur les articles 61 à
64 attachés.
Au cours de la discussion qui s'est engagée après l'intervention
de M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
M. François
Trucy
a souhaité interroger le rapporteur spécial sur le
nombre des anciens combattants dits des nouveaux conflits, à savoir des
conflits récents et notamment des opérations de maintien de la
paix exercées dans le cadre de l'Organisation des Nations unies (ONU) ou
de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).
M. Jacques Baudot
a rappelé que le budget des anciens combattants
s'adressait aussi à cette catégorie d'anciens combattants dits
des « nouveaux conflits » mais aussi aux victimes
d'attentat par exemple. Il a rappelé qu'en 1994 le nombre d'anciens
combattants des nouveaux conflits était de 24.600, de 43.200 en 1998 et
qu'il serait de 57.500 en 2003. S'agissant des ressortissants du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants classés
« hors guerre », leur nombre s'élevait à
183.700 en 1989, 140.300 en 1994, 156.800 1998 et serait de 133.300 en
2003.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a souhaité interroger le rapporteur
spécial sur plusieurs points : sur l'application de certaines
mesures votées dans les dernières lois de finances, notamment le
dispositif de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) dont peuvent
bénéficier les salariés titulaires de la carte du
combattant au titre des conflits d'Afrique du Nord ; sur la politique de
« décristallisation » du Gouvernement ; sur la
prise en charge des psychotraumatismes de guerre subis par les anciens
combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine, enfin sur la politique de la
mémoire menée par le Gouvernement, et notamment l'entretien des
nécropoles et carrés militaires.
S'agissant de la politique de la mémoire et de l'entretien des
nécropoles et de tous les lieux de mémoire militaires,
M.
Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a souligné les
réels efforts engagés depuis quelques années par le
secrétariat d'Etat aux anciens combattants et a estimé que ces
lieux étaient aujourd'hui de très bonne qualité.
S'agissant de la décristallisation, il a simplement souligné
qu'une avancée avait été réalisée dans le
projet de loi de finances pour 2001 avec la levée de la forclusion sur
l'attribution de droits nouveaux s'agissant des retraites des anciens
combattants d'outre-mer ainsi que la mise en place d'une commission
d'étude de la revalorisation des pensions. Il a toutefois
déploré la profonde injustice que constituait de la
« cristallisation », notamment à l'égard des
populations du Maghreb.
La commission a alors décidé de
réserver sa position
jusqu'à l'audition, l'après-midi même, du ministre de la
défense.
A la suite de l'audition du ministre, la commission, suivant l'avis de
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial des crédits des
anciens combattants
a décidé de
proposer au Sénat
le rejet de ces crédits, et l'adoption sans modification des articles 61
à 64 rattachés
.
Réunie le jeudi 22 novembre 2001, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président
, la commission a
décidé de
proposer au Sénat l'adoption sans
modification de l'article 64
bis
rattaché et a pris acte des
modifications de crédits adoptées à l'Assemblée
nationale.
1
Reichsarbeitsdienst -
Kriegshilfädienst
2
Dans son
Rapport particulier
de juin 2000, la Cour des
comptes avait estimé nécessaire de « resserrer
rapidement le dispositif et les moyens humains des services
déconcentrés », et de « rationaliser les
implantations des services centraux ». Elle avait également
critiqué le caractère excessif des disparités du
régime indemnitaire.
3
Chapitre 67-10 article 70 : Subventions aux organismes sous
tutelle - Travaux de sécurité dans les établissements
publics sous tutelle.
4
Les ressources propres de l'ONAC sont constituées par des
dons et legs, les recettes de l'oeuvre nationale du Bleuet de France, les
recettes des écoles de rééducation professionnelle et des
maisons de retraite et le rattachement par fonds de concours d'une importante
contribution du Fonds social européen, au titre de l'insertion des
handicapés (20 MF au titre du fonctionnement en 1999).
En 1999, le montant des ressources propres était à peu
près équivalent à celui de la subvention de fonctionnement
versée par l'Etat (respectivement 299 millions de francs et
295 millions de francs).
5
Rappel : Dans son
Rapport spécial
de
juin 2000, la Cour porte un jugement sévère sur les maisons
de retraite gérées par l'ONAC : « leur
répartition géographique ne procède pas d'une étude
d'ensemble des besoins. Leur mise aux normes de sécurité impose
des investissements lourds. Leur gestion est largement déficitaire, en
raison à la fois d'un taux d'occupation souvent médiocre et de
prix de journée fixés trop bas ».
6
Aujourd'hui perçue par 1,1 millions de
bénéficiaires.
7
Qui sortent du dispositif dès qu'ils atteignent 65 ans
ou sont en mesure de faire valoir leur droit à pension à taux
plein.
8
On rappellera ici que la Cour des comptes, dans un
Rapport
particulier
de juin 2000, s'est montrée particulièrement
critique à l'égard du monde associatif des anciens combattants,
et a notamment recommandé de « réexaminer les
critères d'attribution des subventions ministérielles en fonction
de l'importance des sites et des opérations en cause ».
9
Reichsarbeitsdienst - Kriegshilfädienst
10
J.O. Sénat - séance du 11 décembre 1999
- p. 7411 et 7418.