II. LA VOLONTÉ D'UN NOUVEAU DÉPART PAR UNE DÉMARCHE PLUS PRAGMATIQUE

Le Conseil européen des 22 et 23 mars 2005 a estimé que les difficultés rencontrées dans la stratégie de Lisbonne ne remettaient pas en cause la nécessité d'une offensive en faveur de la croissance et de l'emploi eu égard aux défis du XXIème siècle. Il a aussi décidé que le «nouveau départ» de la stratégie se ferait sur des bases plus pragmatiques.

A. LE BESOIN ACCRU DE CROISSANCE PAR L'INNOVATION POUR RELEVER LES DEFIS DU XXIÈME SIECLE

a) L'Europe a besoin de croissance pour faire face au choc du vieillissement

Le vieillissement démographique devrait, à lui seul, entraîner une baisse du taux de croissance potentielle de l'Union des 2-2,25 % actuels à environ 1,25 % en 2040. Dès 2015, ce taux de croissance économique potentielle devrait tomber à 1,5 % environ si la main d'oeuvre continuait d'être utilisée comme aujourd'hui et ce phénomène devrait avoir une incidence perceptible sur les finances publiques dès 2010 16 ( * ) .

Pour compenser cette évolution, l'Europe doit impérativement retrouver des marges de croissance en empruntant les deux voies tracées à Lisbonne : mieux utiliser ses ressources humaines et augmenter la compétitivité de ses produits et services.

b) L'Europe a besoin d'innovation pour maintenir sa compétitivité

La concurrence internationale s'intensifie et l'Europe doit disposer d'une assise économique adaptée. Elle doit se spécialiser dans les domaines où elle peut exceller face à ces concurrents américains et asiatiques. Tandis que les premiers investissent massivement dans le maintien de leur avance technologique 17 ( * ) , les seconds se préparent à gagner des parts de marché sur les productions à haute valeur ajoutée. A titre d'exemple, il convient de rappeler que le nombre de chercheurs chinois a ainsi fortement augmenté, passant de 531.000 à 890.000 entre 1999 et 2003, contre 980.000 dans l'Union européenne 18 ( * ) . L'ardente obligation de renforcer la capacité d'innovation dans l'économie européenne est donc plus que jamais d'actualité cinq ans après le Conseil de Lisbonne.

Ce constat de la nécessité d'une stratégie européenne forte a conduit à ne pas abandonner la stratégie de Lisbonne mais à la réviser afin de la rendre plus opérationnelle.

B. LE RECENTRAGE DE LA STRATEGIE DE LISBONNE

Le recentrage des contenus

Sur la base du rapport rendu par M. Wim Kok en novembre 2004, la Commission européenne a proposé au Conseil européen des 22 et 23 mars 2005 un recentrage de la stratégie, désormais appelé «partenariat pour la croissance et l'emploi» qui met l'accent sur dix politiques prioritaires regroupées en trois grandes lignes d'action :

- rendre l'Europe plus attrayante pour les investisseurs et les travailleurs ;

- favoriser la connaissance et l'innovation, facteurs de croissance ;

- créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité 19 ( * ) .

Le recentrage de la méthode

Afin d'éviter la dilution des responsabilités entre les différents acteurs, la Commission a présenté pour la première fois un tableau réalisant la distinction, les mesures relevant de la compétence de l'Union et les actions recommandées aux Etats membres 20 ( * ) , en invitant ces derniers à désigner au sein de leur gouvernement un «Monsieur ou Madame Lisbonne».

C'est dans le contexte de ces nouvelles orientations que la Commission européenne propose aujourd'hui un programme-cadre pour l'innovation et la compétitivité (PIC).

* 16 Commission européenne, The impact of ageing on public finances, EPC/ECFIN/407/04 2003.

* 17 L'investissement américain en recherche et développement excède 3% du PIB contre à peine 2% pour l'Europe.

* 18 Chiffre en équivalents temps plein. Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (mission économique et financière de Pékin) et Commission européenne.

* 19 Ce recentrage s'est par ailleurs accompagné de l'identification de nouvelles priorités comme la prise en compte des aspects de politique industrielle au sein du volet «connaissance et innovation» et le développement des réseaux européens d'énergie.

* 20 Document SEC (2005)192 annexé à la communication «Un nouvel élan pour la stratégie de Lisbonne» présentée par la Commission européenne du 2 février 2005.

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