C. UNE CROISSANCE DE L'ORDRE DE - 3 % EN 2009 ?
1. Le « creux » de la crise semble proche
a) En 2009, une croissance de l'ordre de - 1,5 % selon le gouvernement et - 2 % selon le consensus
Les prévisions pour 2009 se sont dégradées de façon constante depuis l'automne 2008.
Evolution des prévisions de croissance pour 2009
(en %)
(1) Y compris les déclarations publiques de membres du gouvernement.
Sources : Consensus Foreacasts, ministère de l'économie, des finances et de l'emploi
Ainsi, la prévision de croissance moyenne pour 2009 est désormais de - 2 %, contre - 1,5 % selon le gouvernement. En janvier 2009, le FMI et la Commission européenne prévoyaient une croissance de respectivement - 1,9 % et - 1,8 %.
Le consensus est très dispersé, comme l'indique le tableau ci-après.
Les prévisions de croissance pour 2009
(en %)
Consensus |
Prévision la moins favorable |
Prévision la plus favorable |
|
Japon |
-5,8 |
-7,7 |
-3,8 |
Allemagne |
-3,2 |
-4,5 |
-1,5 |
Royaume-Uni |
-3 |
-3,7 |
-1,8 |
Etats-Unis |
-2,8 |
-3,7 |
-1,7 |
Zone euro |
-2,6 |
-3,4 |
-2,4 |
France |
-2 |
-2,7 |
-1,0 |
Source : Consensus Forecasts, mars 2009
b) Lors des précédentes récessions la croissance n'a jamais été durablement négative
A l'appui de ces scénarios, on peut avancer le fait que depuis la Seconde Guerre Mondiale la croissance n'a jamais été durablement négative.
A titre d'exemple, le graphique ci-après compare la crise actuelle avec le profil de croissance de celles des débuts des années 1980 et 1990 2 ( * ) .
L'évolution du PIB après les trimestres de croissance fortement négative : les exemples des années 1980-1982 et 1993-1994
(en %)
Nombre de trimestres avant ou après le « creux »
Source : Insee
Sur longue période, la croissance est en effet égale à son potentiel, qui dépend de la démographie et de l'évolution de la productivité par travailleur. La croissance reprend habituellement rapidement, du fait de divers mécanismes de soutien qui se mettent en place : reconstitution des stocks, dépréciation du taux de change, amélioration du pouvoir d'achat grâce à la moindre inflation, politiques monétaire et budgétaire expansionnistes, etc.
Certains de ces facteurs de soutien jouent actuellement. Les Etats ont mis en oeuvre des plans de relance d'un montant considérable. L'inflation est faible, avec en particulier un recul du prix des produits de base et des produits pétroliers 3 ( * ) . Contrairement à ce qui est le cas dans d'autres pays, le taux d'épargne des ménages n'augmente pas, et a même diminué en 2008, comme l'indique le graphique ci-après.
Taux d'épargne brut des ménages dans les principaux pays de la zone euro
(en %)
Source : Banque de France
Les taux d'intérêt ont fortement diminué, comme l'indique l'encadré ci-après.
La forte baisse des taux d'intérêt Le 5 mars 2009, la Banque centrale européenne a réduit ses taux d'intérêt directeurs de 50 points de base, ramenant en particulier le taux d'intérêt appliqué aux opérations principales de refinancement à 1,50 %. Cette décision porte à 275 points de base la baisse totale des taux d'intérêt directeurs de la BCE depuis le 8 octobre 2008. Le taux des obligations à 2 ans, très sensible aux évolutions du taux directeur, ont fortement diminué à partir de septembre 2008 et s'établit aujourd'hui à 1,50 %, contre 4,75 % le 30 juin 2008, comme l'indique le graphique ci-après. Taux des obligations d'Etat - 2 et 10 ans (en %)
Source : Banque de France L'injection massive de liquidité depuis octobre 2008 et la baisse des taux directeur ont permis une diminution de l'ensemble des taux interbancaires. L'EURIBOR 3 mois, qui avait atteint un pic à 5,39 % le 9 octobre, s'établit au 13 mars à 1,65 %. L'EURIBOR 3 mois et les spreads BOR/OIS (en %)
Source : Banque de France |
Malgré l'ampleur du déstockage au dernier trimestre de 2008 4 ( * ) , le déstockage se poursuit actuellement 5 ( * ) . Ainsi, selon le consensus 6 ( * ) , la contribution des variations de stocks à la croissance serait de - 0,7 point en 2009 (avant de redevenir positive en 2010, à 0,2 point).
* 2 L'Insee n'indique la croissance trimestrielle qu'à partir de 1978.
* 3 Le prix du baril de Brent était de 50,26 dollars le 20 avril 2009. Depuis la mi-juillet 2008, la cotation de l'essence à Rotterdam a baissé de 32 €/litre et le prix à la pompe de 35 €/litre ; la cotation du gazole à Rotterdam de 43 €/litre et le prix à la pompe de 49 €/litre.
* 4 Avec une contribution à la croissance de - 0,9 point, en particulier du fait d'un fort déstockage dans l'automobile.
* 5 Avec une contribution à la croissance estimée par l'Insee à - 0,6 point au premier trimestre de 2009.
* 6 Groupe technique de la Commission économique de la Nation, mars 2009.